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Etude biblique sur le baptême de Jésus
9 janvier, 2013http://www.croixsens.net/jesus/bapteme2.php
Etude biblique sur le baptême de Jésus
À prime abord, il peut surpendre que Jésus ait été vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser. Jean-Baptiste lui-même en a été étonné et au départ, ne voulait pas baptiser Jésus, qu’il savait être le Messie promis par les prophètes.
1° POURQUOI JEAN-BAPTISTE NE VOULAIT-IL PAS BAPTISER JÉSUS ?
On lit cela dans l’évangile de Matthieu qui parle aussi du baptême de Jésus, mais plus en détail (Mt.3:13-15).
Mt.3:13 Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. 14 Mais Jean s’y opposait, en disant: C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi! 15 Jésus lui répondit: Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. Et Jean ne lui résista plus.
Jean-Baptiste baptisait les gens qui se repentaient pour qu’ils reçoivent le pardon de leurs péchés. Jean savait que Jésus n’avait jamais péché, il en avait donc conclu justement que Jésus n’avait donc pas besoin de son baptême de repentance. Jean avait réalisé que, à cause de ses propres péchés, c’était plutôt lui qui avait besoin d’être baptisé par Jésus. Il avait déjà reconnu en Jésus le Christ, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Il ne s’était jamais imaginé qu’un jour il baptiserait le Messie. Aucun passage dans l’Ancien Testament ni aucun écrit rabbinique ne mentionnaient que le Messie se ferait baptiser. Jean n’avait donc pas saisi cependant toute la portée que Dieu donnait à son baptême, comme Jésus le lui fera remarquer.
2° POURQUOI JÉSUS S’EST-IL FAIT BAPTISER ? Jésus s’est fait baptiser par Jean-Baptiste, non pas parce que Jésus avait péché, comme on vient de le mentionner, mais parce que c’était la chose juste à faire, comme Jésus l’a dit à Jean-Baptiste (Mt.3:15); parce que c’est ce que Dieu voulait. Jésus faisait toujours ce que Dieu voulait.
Jean 8:29 Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
En se faisant baptiser par Jean, certains érudits comprennent que Jésus a voulu ainsi se montrer solidaire de son peuple, comme le serviteur de l’Éternel annoncé par Ésaïe. Il est devenu leur représentant. Le baptême de Jésus est l’acte formel par lequel il se vide de lui-même (Ph.2:7) en devant pauvre pour nous, 2Co.8:9.
Selon Edersheim, le baptême de Jean n’était pas tout d’abord une baptême de repentance, mais plutôt de consécration, une initiation prépratoire pour la nouvelle alliance du royaume. Quand ce baptême était appliqué à des pécheurs, il était vraiment un «baptême de repentance», mais pas quand il était appliqué à Jésus qui était sans péché. Si le baptême de Jean avait été premièrement et tout le temps un baptême de repentance, Jésus n’aurait pas pu s’y soumettre.
Bien au contraire, Jésus s’y soumet en soulignant à Jean que c’est ainsi qu’ils accompliront tout ce qui est juste aux yeux de Dieu. Jean l’a finalement compris aussi et n’a plus de résistance à le baptiser pour le consacrer comme Messie. Et ce fut toute une consécration pour Jésus – le Saint-Esprit qui descend comme une colombe et la voix de Dieu le Père qui se fait entendre du ciel. Rappelons-nous que «Messie» en hébreu signifie «Christ» en grec et que Christ en français donne «oint». L’eau du baptême de Jean sur Jésus représentait l’onction du Saint-Esprit venant sur lui, le Messie, l’Oint.
Ce baptême est une prémisse du nôtre qui illustre le moment où le Saint-Esprit descend sur nous pour faire de nous des enfants de Dieu et nous fait appeler Dieu «Abba, Père».
Romains 8:15 Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père!
Galates 4:6 Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père!
En décidant de nous faire baptiser au nom de Jésus, nous suivons réellement les traces de Jésus. C’est un acte de consécration où nous renonçons publiquement à nous-mêmes et décidons de nous offrir au Seigneur pour le servir. Le baptême ne se fait qu’une fois, mais l’acte de consécration devra se répéter au besoin.
Ro.12:1 Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. 2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3° Qu’est-ce que Jésus a fait en sortant de l’eau ?
Il priait. Dans l’évangile de Luc, Lu.3:21, on lit que Jésus priait. Le texte ne dit pas le contenu de la prière de Jésus, mais laisse entrevoir que ce qui se passa ensuite était la réponse à cette prière :
Lu.3:21 Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, 22 et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j’ai mis toute mon affection.
Jésus savait ce qui s’en venait, il avait exhorté Jean de coopérer à faire ce qui était juste, et maintenant, en sortant de l’eau, il priait probablement le Père de faire descendre le Saint-Esprit sur Lui pour qu’il puisse commencer son ministère public, en prêchant avec autorité, en chassant les démons et en guérissant les malades par la puissance du Saint-Esprit. Jésus pouvait ainsi accomplir la prophétie d’Esaïe 61 qu’il a lu dans la Synagogue:
Lu.4:18 L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, 19 pour publier une année de grâce du Seigneur.
Mt.12:28 Mais, si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous.
Gloire à Dieu et à Jésus, c’est le même Saint-Esprit que le Père et le Fils font habiter en nous par la foi !
Romains 8:11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Jean 14:12 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; 13 et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. 14 Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. 15 Si vous m’aimez, gardez mes commandements. 16 Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, 17 l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.
4° QUELLE FORME AVAIT PRIS LE SAINT-ESPRIT QUAND IL EST DESCENDU SUR JÉSUS ?
UNE COLOMBE
Mc.1:9 En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
10 Au moment où il sortait de l’eau, il vit les cieux s’ouvrir, et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
11 Et une voix fit entendre des cieux ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection.
5° Pourquoi une colombe, pourquoi pas une langue de feu comme à la Pentecôte ?
Les langues de feu annonçaient la prédication de l’évangile avec hardiesse dans toutes les langues. Jésus n’avait été envoyé qu’aux brebis perdus d’Israël, cf. Mt.15:24.
6° QUELLE VERTU OU QUALITÉ REPRÉSENTE LA COLOMBE ?
- La perfection, Ca.5:2, la simplicité (littéralement en grec «sans mélange»), Mt.10:16, donc la pureté, la sainteté de Dieu (Pensez au SAINT-Esprit)
Ca.5:2 C’est la voix de mon bien-aimé, qui frappe: – « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite! »
Mt.10:16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.
7° Dans quelle autre histoire biblique voit-on une colombe se déplacer au-dessus des eaux ?
Dans l’histoire de Noé.
8° Cette colombe avait-elle trouvé un endroit où se poser ?
Genèse 8:8 Il lâcha aussi la colombe, pour voir si les eaux avaient diminué à la surface de la terre. 9 Mais la colombe ne trouva aucun lieu pour poser la plante de son pied, et elle revint à lui dans l’arche, car il y avait des eaux à la surface de toute la terre. Il avança la main, la prit, et la fit rentrer auprès de lui dans l’arche.
- Dans la Genèse on lit aussi que le Saint-Esprit se déplace sur les eaux mais il ne trouve pas de place où se poser.
Ge.1:1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. 2 La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Ici, au baptême de Jésus, le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe vient au-dessus de l’eau se poser directement sur Jésus. Seul Jésus était digne d’avoir la colombe se poser sur lui parce qu’il était pur et saint, sans aucun péché. Les autres qui avaient péché recevaient de Jean-Baptiste un baptême de repentance et aucune colombe ne venait se poser sur eux. Ils allaient devoir attendre la Pentecôte pour que le Saint-Esprit descende sur ceux qui avaient été purifiés par la foi en Jésus. Dans son association avec Jésus, le croyant est maintenant digne d’avoir le Saint-Esprit venir se poser sur lui et venir habiter en lui.
9° ET LÀ ON ENTENDIT UNE VOIX VENANT DU CIEL … QUE DISAIT LA VOIX ?
Mc.1:11 Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection.
Dieu a fait entendre cette voix une nouvelle fois lors de la transfiguration
Luc 9:35 Et de la nuée sortit une voix, qui dit: Celui-ci est mon Fils élu: écoutez-le!
Cela rappelle ce que le prophète Ésaïe avait annoncé 800 ans auparavant:
Es.42:1 Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon Esprit sur lui; Il annoncera la justice aux nations.
- Celui qui croit en Jésus est aussi un Fils de Dieu,
Galates 3:26 Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ;
Donc les paroles que Dieu a adressé à Jésus s’appliquent aussi à nous ;
Dieu nous dit aussi : «Tu es mon fils bien-aimé, tu fais toute ma joie»
Maintenant, on va faire comme Jésus à son baptême et on va prier …
LE PÈRE MICHEL-MARIE, UNE SOUTANE DANS LE MARSEILLE PROFOND – par Sandro Magister
9 janvier, 2013http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350378?fr=y
LE PÈRE MICHEL-MARIE, UNE SOUTANE DANS LE MARSEILLE PROFOND
La vie, l’œuvre et les miracles d’un curé dans une ville de France. Qui a fait refleurir la foi là où elle s’était desséchée
par Sandro Magister
ROME, le 4 décembre 2012 – Le titre de cet article est celui-là même que le journal « Avvenire » a donné à un reportage qui a été réalisé à Marseille par son envoyée spéciale Marina Corradi, sur les traces du curé d’un quartier situé derrière le Vieux Port.
Un curé dont les messes sont célébrées dans une église pleine à craquer de fidèles. Qui confesse tous les jours jusqu’à une heure avancée de la soirée. Qui a baptisé un très grand nombre de convertis. Qui porte constamment la soutane de manière à ce que tout le monde puisse le reconnaître comme prêtre, même de loin.
Michel-Marie Zanotti-Sorkine est né en 1959 à Nice, dans une famille en partie russe, en partie corse. Dans sa jeunesse, il chante dans les cabarets de Paris, mais ensuite, les années passant, la vocation sacerdotale, qu’il avait ressentie dès l’enfance, renaît en lui avec vigueur. Il a pour guides le père Joseph-Marie Perrin, qui fut le directeur spirituel de Simone Weil, et le père Marie-Dominique Philippe, fondateur de la Communauté Saint-Jean. Il fait ses études à l’Angelicum, la faculté de théologie des dominicains, à Rome. Il est ordonné prêtre en 2004 par le cardinal Bernard Panafieu, alors archevêque de Marseille. Il écrit des livres, dont le dernier est intitulé « Au diable la tiédeur » et dédié aux prêtres. Il est curé de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Et dans cette paroisse située en haut de la Canebière, une rue qui monte du Vieux-Port entre des immeubles et des magasins négligés, où l’on rencontre de nombreux clochards, immigrés, roms, et où les touristes ne s’aventurent pas, dans un Marseille et dans une France où la pratique religieuse est presque partout réduite au minimum, le père Michel-Marie a fait refleurir la foi catholique.
Comment ? Marina Corradi l’a rencontré. Et elle raconte.
Ce reportage a été publié le 29 novembre dans « Avvenire », le quotidien de la conférence des évêques d’Italie. C’est le premier d’une série ayant pour objectif de présenter des témoins de la foi, connus ou non, capables de faire naître l’étonnement évangélique chez ceux qui les rencontrent.
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« LE PAPE A RAISON : TOUT DOIT RECOMMENCER À PARTIR DU CHRIST »
par Marina Corradi
Cette soutane noire qui voltige sur la Canebière, au milieu d’une foule plus maghrébine que française, fait se retourner les gens. Tiens, un prêtre, et habillé comme autrefois, dans les rues de Marseille. Un homme brun, souriant, mais qui a pourtant quelque chose de réservé, de monacal. Et quelle histoire que la sienne ! Il a chanté dans des cabarets à Paris, cela ne fait que huit ans qu’il a été ordonné prêtre et depuis lors il est curé ici, à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Mais, en réalité, son histoire est encore plus compliquée que cela : Michel-Marie Zanotti-Sorkine, 53 ans, descend d’un grand-père juif russe, immigré en France, qui fit baptiser ses filles avant la guerre. Elles échappèrent à l’Holocauste et l’une d’elles a mis au monde le père Michel-Marie. En revanche, du côté paternel, celui-ci est à moitié corse et à moitié italien. (On pense : quel mélange bizarre et l’on regarde son visage avec étonnement, en essayant de comprendre ce que peut être un homme qui a en lui un tel nœud de racines). Mais si, un dimanche, on entre dans son église pleine à craquer de fidèles et si l’on écoute parler du Christ avec des mots simples de tous les jours ; si l’on observe la religieuse lenteur avec laquelle il élève l’hostie, dans un silence absolu, on se demande qui est ce prêtre et ce qui, en lui, fascine et fait revenir à la foi des gens qui s’en étaient éloignés.
Enfin il est là, en face de vous, dans son presbytère blanc, claustral. Il a l’air plus jeune que son âge ; il n’a pas ces rides d’amertume qui, avec le temps, marquent le visage d’un homme. Il se dégage de lui une paix, une joie qui étonne. On voudrait lui demander tout de suite : mais qui êtes-vous ?
Devant un repas frugal, il évoque sa vie toute entière en quelques indications. Deux parents merveilleux. La mère, baptisée mais catholique seulement de manière formelle, accepte que son fils aille à l’église. La foi lui est transmise « par un vieux prêtre, un salésien en soutane noire, un homme d’une foi généreuse, démesurée ». Le désir, à huit ans, d’être prêtre. À treize ans, il perd sa mère : « La douleur m’a ravagé. Et pourtant je n’ai jamais douté de Dieu ». L’adolescence, la musique, et cette belle voix. Les pianos-bars de Paris pourraient sembler peu adaptés au discernement d’une vocation religieuse. Et pourtant, tandis que la décision mûrit lentement, les pères spirituels de Michel-Marie lui disent de rester dans le monde des nuits parisiennes : parce que là aussi, il faut qu’il y ait un signe. Mais la vocation finit par se faire pressante. Et en 1999, alors qu’il a 40 ans, son désir d’enfant se réalise : il devient prêtre, et en soutane, comme le vieux salésien.
Pourquoi la soutane ? « Pour moi – répond-il en souriant – c’est une tenue de travail. Elle est destinée à constituer un signe pour ceux qui me rencontrent et avant tout pour ceux qui ne sont pas croyants. Habillé de cette façon, je suis reconnaissable comme prêtre, tout le temps. Ainsi, dans la rue, je mets à profit toutes les occasions de créer de nouvelles amitiés. Mon père, me dit un homme, où est le bureau de poste ? Je lui réponds : Venez, je vous accompagne. Tout en marchant, nous bavardons et je découvre que les enfants de cet homme ne sont pas baptisés. Je finis par lui dire de me les amener et bien souvent, par la suite, je baptise ces enfants. Je fais tout ce que je peux pour que mon visage montre une humanité bonne. L’autre jour – raconte-t-il en riant – dans un bar, un vieil homme m’a demandé sur quels chevaux parier et je lui en ai conseillé. J’ai demandé pardon à la Sainte Vierge, à qui j’ai dit en moi-même : tu sais, c’est pour devenir l’ami de cet homme. Comme le disait un prêtre qui a été mon maître quand on lui demandait comment convertir les marxistes : ‘Il faut devenir leur ami’ ».
Ensuite, à l’église, sa messe est austère et belle. Le prêtre affable de la Canebière est un prêtre rigoureux. Pourquoi donne-t-il tant de soin à la liturgie ? « Je veux que tout soit magnifique autour de l’eucharistie. Je veux que, au moment de l’élévation, les gens comprennent qu’Il est là, vraiment. Ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas de la pompe superflue : c’est habiter le Mystère. Le cœur a besoin, lui aussi, de ressentir ».
Il insiste beaucoup sur la responsabilité du prêtre et dans l’un de ses livres – il en a écrit plusieurs et écrit encore, parfois, des chansons – il affirme qu’un prêtre dont l’église est vide doit s’interroger et dire : « C’est à nous que le feu fait défaut ». Et d’expliquer : « Le prêtre est un ‘alter Christus’, il est appelé à refléter en lui le Christ. Cela ne signifie pas nous demander à nous-mêmes la perfection, mais être conscients de nos péchés, de notre misère, afin d’être en mesure de comprendre tous ceux qui se présentent au confessional et de leur pardonner ».
Le père Michel-Marie est tous les soirs dans son confessional, avec une parfaite ponctualité, à cinq heures, toujours. (Les gens, dit-il, doivent savoir que le prêtre est là, en tout cas). Puis il reste à la sacristie jusqu’à onze heures, afin d’accueillir quiconque désirerait s’y rendre : « Je veux donner le signe d’une disponibilité illimitée ». À en juger par le défilé ininterrompu de fidèles, le soir, on dirait que cela fonctionne. Comme une demande profonde qui émerge de cette ville apparemment lointaine. Que veulent-ils ? « La première chose, c’est de s’entendre dire : tu es aimé. La seconde : Dieu a un projet sur toi. Il faut qu’ils se sentent non pas jugés, mais accueillis. Il s’agit de leur faire comprendre que le seul qui puisse changer leur vie, c’est le Christ. Et Marie. Selon moi, il y a deux choses qui permettent un retour à la foi : l’amour de Marie et l’apologétique passionnée, qui touche le cœur ».
« Ceux qui viennent me trouver – poursuit-il – me demandent avant tout une aide humaine et je m’efforce de leur apporter toute l’aide possible. En n’oubliant pas que le mendiant a besoin de manger mais qu’il a également une âme. À la femme offensée je dis : envoie-moi ton mari, je vais lui parler. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui viennent me dire qu’ils sont tristes, qu’ils vivent mal… Alors je leur demande : depuis combien de temps ne vous êtes-vous pas confessé ? Parce que je sais que le péché pèse et que la tristesse du péché tourmente. Je suis arrivé à la conviction que ce qui fait souffrir beaucoup de gens, c’est le manque de sacrements. Le sacrement, c’est le divin à la portée de l’homme : et sans cette nourriture, on ne peut pas vivre. Je vois la grâce opérer et les personnes changer ».
Des journées données totalement, dans la rue ou au confessional, jusqu’à la nuit. Où trouve-t-il les forces nécessaires ? Lui – presque pudiquement, comme on parle d’un amour – évoque un rapport profond avec Marie, la confiance absolue qu’il a en elle : « Marie, c’est l’acte de foi total, dans l’abandon sous la Croix. Marie, c’est la compassion absolue. C’est la pure beauté offerte à l’homme ». Et il aime le chapelet, l’humilité du chapelet, ce prêtre de la Canebière : « Souvent, pendant je confesse, je récite le chapelet, ce qui ne m’empêche pas d’écouter ; lorsque je donne la communion, je prie ». On est intimidé en l’écoutant. Mais alors, tous les prêtres devraient faire preuve d’un dévouement absolu, presque comme des saints ? « Je ne suis pas un saint et je ne crois pas que tous les prêtres doivent être saints. Mais ils peuvent être des hommes bons. Les gens seront attirés par la bonté présente sur leur visage ».
A-t-il des problèmes, dans ces rues caractérisées par une très forte présence de musulmans immigrés ? Non, dit-il simplement : « Ils ont du respect pour moi et pour cette soutane ». À l’église, il accueille tout le monde avec joie : « Y compris les prostituées. Je leur donne la communion. Qu’est-ce que je devrais leur dire ? Devenez d’honnêtes femmes avant d’entrer ici ? Le Christ est venu pour les pécheurs et j’ai la crainte, si je refuse un sacrement, qu’un jour il puisse me demander d’en rendre compte. Mais est-ce que nous connaissons encore la puissance des sacrements ? Je me demande si nous n’avons pas trop bureaucratisé l’admission au baptême. Je pense au baptême de ma mère juive qui, pour ce qui est de la demande de mon grand-père, fut un acte purement formel : et pourtant, de ce baptême est venu un prêtre ».
Et la nouvelle évangélisation ? « Voyez-vous – dit-il en prenant congé, dans son presbytère – plus je vieillis et plus je comprends ce que dit Benoît XVI : tout recommence vraiment à partir du Christ. Nous ne pouvons que remonter à la source ».
Plus tard, on l’entrevoit au loin, dans la rue, avec sa soutane noire que son pas rapide met en mouvement. « Je la porte – a-t-il dit – afin d’être reconnu par quelqu’un que, sans cela, je ne rencontrerais peut-être jamais. Par cet inconnu, qui m’est extrêmement cher ».
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Le journal qui a publié le reportage :
> Avvenire