Archive pour décembre, 2012

NOEL: CHEZ HERODE

18 décembre, 2012

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NOEL: CHEZ HERODE

A partir des récits de la nativité qui nous sont rapportés dans le Nouveau Testament, nous allons aujourd’hui nous introduire sans qu’on nous voie dans le palais du roi Hérode à Jérusalem. Nous nous cachons dans une encoignure, et de là nous ouvrons l’œil et nous prêtons l’oreille. La journée tire à sa fin et Hérode que je me représente « gros, gras et replet » (saviez-vous que cette expression qui fait sourire est dans la Bible ? en Deut 17 :15) , Hérode donc se retire dans ses appartements privés après une journée bien remplie : il a bien mangé, bien bu, ses joueurs de harpe l’ont accompagné dans sa sieste ; il rendu une visite de courtoisie à son épouse légitime, il s’est entretenu un peu plus longuement avec les autres… moins légitimes ; il a donné des ordres d’une voix autoritaire, ordres qui ont été exécutés à la lettre et sur le champ. Il a fait du bon travail et sa conscience en paix, il peut maintenant se livrer à la méditation en toute tranquillité. Il sait qu’il est âgé et qu’il devra bientôt déposer la tente de cette vie mais, comme la plupart des hommes, il n’a fait aucun préparatifs sérieux pour le grand départ de l’éternité. Oh ! bien sûr, il a la meilleure religion du monde de cette époque, celle révélée par Dieu à Moïse ; il assistait occasionnellement à quelques cérémonies, il marmonnait chaque soir avant de s’endormir une petite prière apprise par cœur et c’était tout. Par contre il méditait nombres de préparatifs pour cette terre qu’il allait pourtant devoir quitter. Il avait un fils qui devait lui succéder dans les affaires et il tenait à assurer sa dynastie. Il échafaudait des plans pour qu’il règne sur de nombreux sujets. Hérode est brusquement tiré de ses méditations par un serviteur qui lui apporte les dernières nouvelles. Des gens venus d’orient sont entrés dans la ville, ils voyagent depuis longtemps, ils sont couverts de la poussière de la route car, disent-ils, une étoile mystérieuse apparue en Orient leur a révélé qu’en Israël le roi des Juifs venait de naître et ils viennent lui rendre hommage. De toutes ces paroles Hérode n’a retenu celles-ci : « Le Roi des Juifs qui vient de naître ». Un roi qui ne serait pas son fils, pas de sa lignée à lui ! ! C’est un coup de tonnerre dans son ciel bleu. Au soir de sa vie, Hérode est sidéré par l’ampleur du désastre qui l’atteint et le touche au cœur même de ses ambitions. Mais il se ressaisi rapidement , il accorde sur l’heure une audience aux voyageurs venus de l’Est. Sous des dehors accueillants et intéressés, le vieux renard qu’il est se déguise en poule afin de mieux piller le poulailler. Et pourtant, quelques jours avant, hier peut-être, il était encore dans le temple de l’Eternel avec la foule, il s’inclinait en public devant Dieu, il donnait l’impression d’écouter attentivement la lecture de la Loi. Tant que sa religion formaliste et traditionnelle ne lui demandait que des cérémonies extérieures, des génuflexions, des actes de présence aux grandes occasions. tout allait bien. Mais le jour où, en la personne de Jésus, l’Evangile croise son chemin, dérange ses plans, lui demande de détrôner son orgueil et d’introniser l’envoyé de Dieu, alors cet orgueil se rebiffe et éclate au grand jour, le masque tombe, il est déterminé à tout briser sur son passage, même Dieu s’il le pouvait. Il y a des millions d’Hérodes aujourd’hui dans le monde ; tant que leur religion leur permet des compromis de conscience : une crèche à Noël avec un petit Jésus en sucre, un cierge qu’on allume à l’Eglise de temps à autre, le portefeuille qui s’ouvre à l’occasion pour une bonne cause caritative ou paroissiale à grand spectacle, on peut compter sur eux. Mais le jour où le vrai Jésus, le Fils de Dieu croise leur route, bouleverse leurs plans, leur demande de dire comme Jean-Baptiste à propos du Christ « Il faut qu’il croisse et que moi je diminue », alors, là, rien ne va plus ! Lorsqu’il faut remplacer les cérémonies extérieures par une piété véritable, la religion d’un jour par celle de tous les jours, , de quitter une majorité insouciante pour se mettre dans une minorité méprisée, autrement dit aller à contre-courant, c’est alors qu’on entend le Holà ! d’Hérode : Jusque là mais pas plus loin ! Hérode fait appel à ses théologiens qui, honnêtement, rendons-leur cette justice, lui donnent la confirmation de ce qu’il craint : « Oui, de toi Bethléem sortira un chef qui paîtra Israël mon peuple » (Matt.2 :6). Hérode se fait mielleux avec les mages et, avec ruse, il s’entretient du divin enfant mais pour le faire périr. Les mages, eux, divinement avertis des plans meurtriers du roi, ne revinrent pas vers lui comme prévu mais s’en retournèrent en Orient par un autre chemin. Alors Hérode se mit dans une grande colère et il se rendit coupable d’une horrible tuerie que l’Histoire a flétri du nom de « Massacre des Innocents ». Dans tout son territoire il envoya tuer tous les petits enfants de moins de deux ans. Mais cette folie meurtrière ne put empêcher le plan de Dieu de s’accomplir. Il n’arriva qu’à se retrancher de toute possibilité de salut et peu de temps après il mourut. Son âme quitta son corps et descendit dans le séjour des mort où elle est encore au moment où je vous parle, et elle y restera jusqu’au jour où il sera traîné au grand jugement de Dieu auquel nul n’échappe. Et là, assis sur le grand Trône de l’Univers Qui verra-t-il ? Non plus le faible nourrisson de l’étable de Bethléem, mais Celui entre les mains duquel le Père a remis tout jugement selon la vision que nous en donne l’Apocalypse (1 :13-16) : « Je vis Quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, vêtu d’une longue robe et ayant une ceinture d’or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux sont blancs comme de la neige, ses yeux sont comme une flamme de feu, ses pieds sont ardents comme du métal embrasé dans une fournaise, sa voix comme le bruit des grandes eaux, de sa bouche sort une épée aiguë a double tranchant et son visage est comme le soleil quand il brille dans sa force… ». Et avant que la sentence leur soit signifiée, tous les Hérodes du monde entendront ce jour-là, non pas les vagissements du nouveau-né de la crèche mais le Nom de Jésus proclamé à la face de tout l’Univers. Et, dit la Bible dans l’épître aux Philippiens, à l’énoncé de ce nom, « tout genoux fléchira de tout ce qui est dans les cieux, sur la terre et sous la terre et toute langue confessera que Jésus-Christ est Seigneur à la Gloire de Dieu le Père ». (Phil. 2 :10,11). C’est par avance ce qu’ont fait les mages et nous sommes invités à leur ressembler en cette veille de Noël, et à Lui ouvrir le plus grand trésor du monde, c’est-à-dire notre cœur

Livre du Prophète Ésaïe – Chapitres 7 à 9 (v.7)

18 décembre, 2012

http://www.bibleenligne.com/Commentaire_biblique/Commentaire_intermediaire/AT/Esaie/Es7.htm

Livre du Prophète Ésaïe

Troisième série — Chapitres 7 à 9 (v.7)

Le chapitre 6 venait à point pour compléter le chapitre 5, mais il appartient tout autant à une Troisième partie qu’il introduit, et dont la date n’est plus la mort d’Ozias, mais saute par-dessus le règne de Jotham pour arriver aux jours du méchant Achaz.

Chapitre 7
Le ch. 7 donne, en Achaz, un exemple de l’endurcissement qui doit atteindre le peuple comme jugement de Dieu (6:9, 10).
v. 1-9. La prophétie précédente se terminait sur la promesse d’une semence sainte, le vrai Résidu (basé sur le tronc d’Isaï), qui sera «le tronc» du peuple du Messie; un événement prêt à se produire devient le motif d’une nouvelle prophétie. «Un résidu reviendra» (Shear Jashub), ce grand fait est comme enfanté par le prophète et l’accompagne partout. Il est à la base de tout ce qui va arriver. La Syrie et Israël veulent détruire la semence de David. Achaz ne mérite que cela, mais Dieu a en vue le Messie, Emmanuel, et annonce la destruction de ces deux ennemis de Juda au bout de 65 ans (v. 8).
v. 10-17. Dieu veut en donner confirmation à Achaz par le signe que celui-ci demandera. Mais Achaz a mis sa confiance en l’Assyrie, et il refuse sous prétexte de ne pas tenter l’Éternel, comme si l’Éternel, quand il fait une promesse, pouvait en revenir ou la voir annuler. Cette incrédulité lasse enfin la patience de Dieu, mais ne l’empêche nullement, Lui, de donner un signe dans la personne d’Emmanuel, le fils de la Vierge, donné comme un petit enfant dont Lui suit la croissance parmi les autres, nourri comme eux, jusqu’à l’âge de «savoir rejeter le mal et choisir le bien». À lui se rattache le retour du Résidu (Shear Jashub) dans un temps futur 1. Mais Ésaïe va avoir un nouveau fils dont le nom signifie hâte du butin, promptitude du pillage. Avant que celui-là sache rejeter le mal et choisir le bien, Israël et la Syrie, Samarie et Damas, seront détruits. Mais celui auquel Achaz s’est confié pour amener ce résultat, et qui l’amènera en effet, selon les voies de Dieu, l’Assyrien, sera contre Juda la verge de la colère de Dieu.
1 Il sera alors délivré non plus de Damas et Samarie, mais de l’Assyrien des derniers jours. Emmanuel est de tout temps l’espérance de ce Résidu, la base de l’accomplissement des promesses en sa faveur. C’est en vue de cet accomplissement que se déroulent tous les événements prophétiques, à commencer, peu après cette prophétie d’Ésaïe, par la défaite de Syrie et d’Israël, avant qu’un enfant en bas âge fût élevé. Cf. Lettre de JND, Messager Évangélique, 1891, p 69, 70, qui rapporte le v. 16 à Shear Jashub lui-même, le premier fils prophétique, alors que l’auteur y voit le second, celui de 8:1-4. Il est clair que le sens général reste le même (Éditeur).
Ainsi, nous avons jusqu’ici: l’assurance prophétique du retour d’un Résidu, la promesse de la venue du Messie, Dieu avec nous, mais une tribulation sans précédent tombant sur Juda. Cette tribulation trouve son expression dans l’Assyrien de la fin.
v. 18-25. Ici nous est dépeint ce temps de désolation amené par le conflit entre l’Égypte et l’Assyrie, le roi du Midi et le roi du Nord. Ce conflit ne laissera rien subsister de Juda, tout le pays ne sera que ronces et épines. Par l’Assyrien Juda sera réduit à l’état du petit enfant qui vient de naître (22), mais c’est dans cette condition qu’il pourra rencontrer Emmanuel.

une fleur et une prière pour les enfants – et les adultes tués à Newtown

17 décembre, 2012

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Sermon du bienheureux Guerric D’Igny, abbé

17 décembre, 2012

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/avent.htm

Sermon du bienheureux Guerric D’Igny, abbé

« Préparez le chemin du Seigneur. » Le chemin du Seigneur, frères, qu’il nous est demandé de préparer se prépare en marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà. Voilà comment, à chaque pas que vous faites, le Seigneur à qui vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : « Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours. » On donne à ce chemin le nom de vie éternelle, peut-être parce que bien que la providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu’où il puisse aller, cependant la bonté de celui vers lequel vous vous avancez n’a pas de terme. C’est pourquoi le voyageur sage et décidé pensera commencer lorsqu’il arrivera. Il oubliera alors ce qui est derrière lui pour se dire chaque jour : « Maintenant, je commence. »
Mais nous qui parlons d’avancée dans ce chemin, plût au ciel que nous nous soyons mis en route ! A mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie : il faut toutefois qu’il ait vraiment commencé, qu’il ait trouvé le chemin de la ville habitée, comme dit le psaume. qu’ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent, dit la Vérité. Qu’ils sont nombreux ceux qui errent dans les solitudes…
Et toi Seigneur, tu nous as préparé un chemin, si seulement nous consentons à nous y engager. Tu nous as enseigné le chemin de tes volontés en disant : Voici le chemin, suivez-le sans vous égarer à droite ou à gauche. C’est le chemin que le Prophète avait promis : « Il y aura une route droite et les insensés ne s’y égareront pas. » J’ai été jeune, maintenant je suis vieux et, si j’ai bonne mémoire, je n’ai jamais vu d’insensés sur ton chemin, Seigneur, c’est tout juste si j’ai vu quelques sages qui aient pu le suivre tout au long. Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux et qui vous dites prudents, votre sagesse vous a éloignés du chemin du salut et ne vous a pas permis de suivre la folie du Sauveur.
Si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route ; tu offenserais le Seigneur qui lui-même t’a conduit. Alors il te laisserait errer dans les voies de ton coeur. Si ce chemin te paraît dur, regarde le terme auquel il te conduit. Si tu vois ainsi le bout de toute perfection, tu diras : « Comme ils sont larges tes ordres. » Si ton regard ne va pas jusque-là, crois au moins Isaïe le Voyant qui est l’oeil de ton corps. Il voyait bien ce terme lorsqu’il disait : « Ils marcheront par ce chemin, ceux qui ont été libérés et rachetés par le Seigneur, et ils viendront dans Sion avec des cris de joie. Un bonheur éternel transfigurera leur visage, allégresse et joie les accompagneront, douleur et plainte auront pris fin. » Celui qui pense à ce terme, non seulement trouve le chemin court, mais encore a des ailes, de sorte qu’il ne marche plus, il vole vers le but. Que par là vous conduise et vous accompagne celui qui est le chemin de ceux qui courent et la récompense de ceux qui arrivent au but : Jésus-Christ. »

Sermon V pour l’Avent, in Lectionnaire pour les dimanches et fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, 1994, pp. 36-38).

17 Décembre: Saint Grégoire de Tours (mf)

17 décembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/17.php

17 Décembre: Saint Grégoire de Tours (mf)

Par son aïeule paternelle, Léocradie, Grégoire descendait de Vettius Epagathus qui fut un des martyrs de Lyon2, et, par sa mère, Armentaire, il était un arrière-petit-fils de saint Grégoire3 qui fut évêque de Langres. Fils du sénateur Florent, il naquit à Clermont le 30 novembre 539.
A cinq ans, il fut confié à son oncle paternel, saint Gal, évêque de Clermont4, et, dès ce temps-là, il paraissait si saint que son cousin Nizier, saint évêque de Lyon, le regardait comme un saint et un prédestiné ; en effet, dans son enfance, instruit en songe par un ange, il guérit deux fois son père des maux dont il était tourmenté : une fois, en mettant sous le chevet du lit paternel une tablette où était écrit le nom de Jésus, et une autre fois, à l’exemple de l’ange Raphaël, dans le livre de Tobie, par l’odeur du foie d’un poisson qu’il fit rôtir.
Etant lui-même tombé malade, il se fit porter au tombeau de saint Alyre qui fut évêque de Clermont5 ; n’ayant obtenu aucun résultat la première fois, il promit à la seconde d’entrer dans l’Eglise et recouvra la santé.  En 569, il reçut le diaconat des mains de Cautin, successeur de saint Gall.
Comme un bourgeois de Clermont qui avait apporté de Tours un morceau de bois détaché du tombeau de saint Martin, ne le gardait pas dans sa maison avec la révérence convenable, tous ses domestiques tombèrent malades. Lorsqu’il eut recours à Dieu pour savoir la cause du mal, un visage indigné lui apparut en songe pour lui dire que le peu de respect porté à la relique était la cause de ses maladies qui cesseraient quand il remettrait le précieux dépôt entre les mains du diacre Grégoire. Il le fit et il vit l’accomplissement de la promesse. Grégoire visitait alors souvent des religieux pénitents dont la conversation le dégoûta entièrement du monde ; il s’adonna à la prière continuelle et de grandes austérités qui altérèrent tant sa santé que l’on désespéra de le guérir ; il se fit transporter au tombeau de saint Martin où il reçut une parfaite guérison, miracle qui se reproduisit si souvent qu’on eût dit qu’il ne tenait la vie que de ce grand saint.
Ses fréquents pèlerinages à Tours l’y rendirent si familier qu’après la mort d’Euphrone (4 août 573), malgré sa résistance, selon les vœux du roi Sigebert6 et de la reine Brunehaut, on l’élit évêque de Tours où, après les guerres qui avaient désolé le pays, les églises étaient ruinées, les mœurs corrompues et la discipline altérée. Avec un zèle merveilleux, il fit remédier à tous ces désordres, surmontant les obstacles qu’il trouva d’abord à ses desseins. Il fit restaurer sa cathédrale et fit bâtir d’autres églises. Il corrigea dans le peuple un grand nombre d’abus et réforma son clergé. Il avait le don du discernement des esprits dont il se servait utilement pour délivrer ses ouailles de leurs maladies spirituelles ; ainsi,  ayant découvert à deux religieux, Sénoch et Liobard, dont chacun vantait la sainteté, leurs plus secrètes pensées, il les guérit d’une vanité dangereuse qu’ils entretenaient dans leur cœur sans la bien connaître. Il secourait  les pauvres plutôt selon la grandeur de sa charité, qui était sans bornes, que selon la force de son bien et du revenu de son évêché. Il soutenait avec un courage intrépide les immunités ecclésiastiques et le droit d’asile des temples sacrés contre les plus grands seigneurs et contre les rois eux-mêmes ; ainsi ne voulut-il jamais livrer au roi Chilpéric7 son fils Mérovée qui s’était réfugié au pied de l’autel de Saint-Martin ; quand le duc Bladaste et le comte Badachaire eurent recours au même asile, il s’en fut trouver le roi Gontran8 qui, refusant de pardonner, s’entendit dire : Puisque vous ne voulez pas, Sire, m’accorder ce que je vous demande, que souhaitez-vous que je réponde à mon Seigneur qui m’a envoyé vers vous ? Le roi Gontran demanda : Et qui est ce seigneur ? Grégoire répondit en souriant : C’est le glorieux saint Martin, il a pris ces deux princes sous sa protection, et lui-même vous demande leur grâce. Ces paroles touchèrent tellement Gontran qu’il pardonna et fit rendre les biens qu’il avait confisqués.
Cet excellent prélat ne montra pas moins de constance dans un synode tenu à Paris contre saint Prétextat, évêque de Rouen, qui avait pour partie adverse le roi Chilpéric et la reine Frédégonde (577) ; les autres évêques n’osant pas parler en faveur de l’accusé, de peur de déplaire à la cour, Grégoire eut le courage d’exhorter ceux qui étaient les mieux venus auprès du roi à le persuader de se départir de cette affaire qui ne ferait que lui attirer le blâme des hommes, aussi bien que la colère et les justes vengeances de Dieu ; et comme Chilpéric le fit appeler devant lui pour se plaindre de ce qu’il soutenait un évêque qui lui était désagréable, il lui fit cette excellente réponse : Si quelqu’un de vos sujets s’écarte de son devoir et commet quelque injustice, vous êtes au-dessus de lui pour le châtier ; mais si vous-même vous vous éloignez du droit sentier de la justice, il n’y a personne qui ait le droit de vous punir. Nous donc, à qui Dieu a commis le soin des âmes, nous prenons alors la liberté de vous en faire de très humbles remontrances, et vous nous écoutez si vous voulez ; que, si vous ne nous écoutez pas, vous aurez à répondre à un souverain juge qui, étant le maître absolu des rois, vous traitera selon vos mérites.
Ce discours n’empêcha certes pas la condamnation de Prétextat, mais comme Frédégonde connut par là la vigueur épiscopale de Grégoire, elle fit ce qu’elle put par des promesses et des menaces pour l’attirer dans ses intérêts. Il fut insensible aux uns et aux autres, et, dans l’état déplorable où était alors le pays, troublé par les démêlés de quatre rois, et presque ruiné par les cruautés de deux reines ambitieuses, il sut se maintenir inviolablement dans la défense de la vérité et de la justice. Il éprouva néanmoins combien il était dangereux de déplaire à Frédégonde quand, trois ans après l’affaire de saint Prétextat, elle le fit citer devant un synode que l’on tenait à Brenni, près de Compiègne, sous prétexte qu’il avait mal parlé d’elle ; mais, n’ayant aucune preuve contre lui et son serment le purgeant entièrement, elle fut obligée de le laisser renvoyer absous, contrairement à celui qui l’avait accusé qui fut excommunié comme calomniateur.
En 594 il partit en pèlerinage à Rome pour vénérer les tombeaux des saints Apôtres. Saint Grégoire le Grand, qui était nouvellement élu pape, le reçut avec beaucoup d’honneurs ; cependant, le voyant de très petite taille, il admirait que Dieu eût enfermé une si belle âme et tant de grâces dans un si petit corps. L’évêque connut par révélation cette pensée, et lui dit : Le Seigneur nous a faits, et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes, mais il est le même dans les petits que dans les grands. Le Pape fut étonné de voir qu’il eût pénétré le secret de son cœur, et depuis il l’honora comme un saint, lui donna une chaîne d’or, pour mettre dans son église de Tours, et accorda en sa faveur de beaux privilèges à la même église.
Saint Grégoire de Tours a fait durant sa vie un très grand nombre de miracles et de guérisons surnaturelles ; mais, comme il était extrêmement humble, pour cacher la grâce des guérisons dont Dieu l’avait favorisé, il appliquait toujours sur les malades qu’il voulait guérir les reliques qu’il portait sur lui. Il a aussi reçu de la bonté de Dieu des faveurs et des assistances tout à fait extraordinaires. Des voleurs étant venus pour le maltraiter, ils furent contraints de s’enfuir par une terreur panique dont ils furent saisis. Un orage, accompagné d’éclairs et de tonnerres, s’étant élevé en l’air tandis qu’il était en voyage, il ne fit que lui opposer son reliquaire, et il se dissipa en un moment. Dans la même occasion, ce miracle lui ayant donné quelque vaine joie et quelque sorte de complaisance, il tomba aussitôt de cheval et apprit par là à étouffer dans son cœur les plus petits sentiments d’orgueil. Etant un jour de Noël, le matin, dans un grand assoupissement pour avoir veillé toute la nuit, une personne lui apparut en songe et le réveilla par trois fois, lui disant à la troisième fois, par allusion à son nom de Grégoire, qui signifie vigilant : Dormirez-vous toujours, vous qui devez éveiller les autres ? Enfin, sa vie a été remplie de tant de merveilles, qu’il faudrait un volume entier pour les rapporter.
Depuis son retour de Rome, il s’appliqua plus que jamais à la visite de son diocèse, à la correction et à la sanctification des âmes qui lui étaient commises, à la prédication de la parole de Dieu et à toutes les autres fonctions d’un bon évêque. Ce fut dans ces exercices qu’il acheva le cours de sa vie, étant seulement âgé de cinquante-six ans, le 17 novembre de l’an 595, qui était la vingt et unième de son épiscopat. L’humilité qu’il avait pratiquée pendant sa vie parut encore après son décès, par le choix qu’il fit de sa sépulture.
Saint Grégoire de Tours a beaucoup écrit mais son principal ouvrage est son Historia Francorum sans laquelle l’histoire et les mœurs de la seconde moitié du VI° siècle nous seraient presque inconnues. On peut le considérer comme le père de l’histoire de France.
2 Les martyrs de Lyon, dont la fête est célébrée le 2 juin, souffrirent leur passion en 177 ; les plus connus sont : saint Pothin, évêque de Lyon, Vettius Epagathus, le médecin phrygien Alexandre, Attale de Pergame, Alicibiade, Ponticus, Biblis, Sanctus, Maurus et Blandine. On connaît leur martyre par une lettre aux Eglises d’Asie et de Phrygie : « Vettius Epagathus se trouvait avec nos frères. Il débordait de charité envers Dieu et le prochain ; sa vie austère lui méritait, malgré sa jeunesse, l’éloge donné au vieillard Zacharie : oui, il marchait sans reproche dans tous les commandements et observances du Seigneur (S. Luc I 6). Il était diligent pour rendre service, très zélé pour Dieu, tout bouillant de l’Esprit. Un pareil homme ne put tolérer la procédure extravagante instituée contre nous. Dans un sursaut d’indignation, il réclama la parole, lui aussi, pour défendre ses frères et montrer qu’il n’y avait rien d’irréligieux ni d’impie parmi nous. Mais ceux qui étaient autour du tribunal crièrent haro sur lui, car c’était un homme connu, et le gouverneur n’admit point cette requête pourtant juste. Il se contenta de lui demander s’il était chrétien, lui aussi. Epagathus le reconnut d’une voix vibrante et fut admis au nombre des martyrs. »
3 Grégoire, seizième évêque de Langres, membre d’une des grandes familles sénatoriales de la Gaule romaine, naquit vers 450 et fut très jeune comte d’Autun, charge qu’il exerça pendant une quarantaine d’années avec beaucoup de conscience et une fermeté que certains jugèrent quelque peu excessive. Veuf, il fut élu évêque de Langres en 506. Son épiscopat dura près de 33 ans. Langres ayant été dévastée, il fixa sa résidence au castrum de Dijon. Evêque très zélé, il menait une vie fort mortifiée et consacrait de longues heures à la prière. Il avait l’habitude de passer une partie de la nuit dans le baptistère de Saint-Vincent, où étaient exposées de nombreuses reliques. Ayant redécouvert (à la suite d’une vision) les reliques de saint Bénigne, il fit construire sur la tombe du martyr une église (consacrée en 535) et il fonda pour la desservir l’abbaye de Saint-Bénigne, qu’il dota de terres prises sur son patrimoine. Il assista aux conciles d’Epaonne de 517, de Lyon vers 519 et de Clermont en 535 ; il se fit représenter par un de ses prêtres à celui d’Orléans (538). Lorsque l’abbé Jean, fondateur du monastère de Réomé, voulut se retirer à Lérins, il le rappela par une lettre sévère. Pris de fièvre en se rendant de Dijon à Langres pour y célébrer la fête de l’Epiphanie, il mourut le 4 janvier 539. Conformément à son désir, on ramena son corps à Dijon, où il fut inhumé dans le baptistère. Venance Fortunat composa son épitaphe. Des miracles ne tardèrent pas à se produire par son intercession. Il avait eu trois enfants, dont l’un, Tetricus, lui succéda comme évêque de Langres et fit construire un tombeau répondant mieux au culte dont son père était l’objet (I’anniversaire de cette translation se célébrait le 6 novembre); un autre fut le père de saint Euphrone, évêque de Tours ; et un troisième fut le grand-père de Grégoire de Tours qui a évoqué à diverses reprises avec de nombreux détails la figure de son aïeul.
4 Gal, issu d’une illustre famille clermontoise, fut d’abord moine à Cournon, à une dizaine de kilomètres de Clermont, puis diacre de Quintianus, évêque de sa ville natale. Thierry I°, fils de Clovis, se l’attacha ensuite et l’emmena dans quelques-uns de ses déplacements ; Gal séjourna notamment à Cologne. Enfin, il succéda à Quintianus au siège de Clermont. Il serait mort dans sa soixante-cinquième année, huit ans après une épidémie qui ravagea l’Europe et qu’on situe en 543 : sa mort daterait donc de 551 et sa naissance de 487. Son épiscopat ayant duré vingt-sept ans, couvrirait les années 524-51, période durant laquelle se tinrent les conciles de Clermont (535) et Orléans (541, 549) auxquels il participa, et ceux d’Orléans (533 et 538) où il se fit représenter. Malgré son séjour à la cour de Thierry I° et la faveur du roi et de la reine, Gal ne semble pas avoir joué un rôle majeur dans la vie politique de son temps, sinon Grégoire l’eut mis en valeur dans son Historia Francorum.  Sa désignation au siège de Clermont avait fait des jaloux et il eut des rivaux que Grégoire ne manque pas de discréditer. Sa nomination toutefois ne provoqua sans doute pas de sérieuses difficultés, car le neveu ne s’attarde pas longuement à légitimer le pouvoir de l’oncle comme il le fait pour d’autres évêques. Notons cependant que le second canon du concile de Clermont de 535 rappelle précisément que la dignité épiscopale doit être accordée en fonction des mérites et non à la suite d’intrigues. Sur le plan ecclésiastique, rien de connu ou presque n’est à porter au compte de Gal : Grégoire lui prête l’institution d’un pèlerinage annuel à Saint-Julien de Brioude au temps du Carême, pèlerinage qui se faisait encore au moins sous son successeur Cautinus ; il serait osé d’attribuer à Gal un rôle particulier dans les lois qui furent édictées dans les conciles auxquels il participa. Pour éclairer la personnalité de l’évêque, on rappellera l’attachement de sa famille à la religion et à l’Église, sa fuite au monastère et son refus du mariage, sa voix qu’il avait belle, don remarqué à une époque où l’art de lire et de chanter était à la fois peu commun et important (cet art séduisit d’ailleurs Quintianus d’abord, le roi Thierry I° ensuite), l’esclandre qu’il provoqua dans un temple païen à Cologne et qui faillit lui coûter la vie, sa mort pieuse à la suite d’une maladie qui lui fit perdre barbe et cheveux. On sait aussi qu’il aimait montrer une cicatrice qu’il avait au pied, souvenir d’une blessure dont il attribuait la guérison à saint Julien et qu’il exprimait souvent le regret de n’avoir pas été massacré par les païens au temple de Cologne. Il eut des miracles sur son tombeau qui fut transféré à Saint-Laurent de Clermont puis à Notre-Dame-du-Port.
5 Saint Alyre, quatrième évêque de Clermont (370-384), succéda à saint Leogontius. Sa reputation de sainteté s’étendit dans les cités voisines et parvint jusqu’au palais impérial de Trèves, où la fille de l’Empereur, possédée du démon, était regardée comme incurable. L’Empereur dont il s’agit ne peut être que l’usurpateur Maxime (383-388). L’Empereur manda l’évêque des Arvernes à Trèves. Alyre se mit en prières ; on lui amena la possédée et il lui suffit de poser ses doigts sur sa bouche pour la guérir. Alyre refusa les grosses sommes d’argent offertes par l’Empereur, se contentant d’obtenir de que le tribut sur le blé et le vin de Clermont, payés jusque-là en nature, serait transformé en contribution en numéraire. Alyre mourut sur le trajet du retour à Clermont (384). De nombreux miracles, eurent lieu sur son tombeau, placé dans la crypte de l’église Sainte-Marie-entre-les-Saints qui lui fut consacrée.
6 Sigebert I°, fils de Clotaire I°, fut roi d’Austrasie de 561 à 575 ; il épousa Brunehaut, fille du roi des Wisigoths, Athanagilde.
7 Chilpéric I°, fils de Clotaire I°, fut roi de Neustrie de 561 à 584 ; il épousa Galswinthe (sœur de Brunehaut), fille du roi des Wisigoths, Athanagilde.
8 Gontran, fils de Clotaire I°, fut roi de Bourgogne et d’Orléans de 561 à 563.

Lc 2 : les anges de Noël

17 décembre, 2012

http://www.bible-service.net/site/532.html

Lc 2 : les anges de Noël

Luc 2, 1 Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. 2 Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.
3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville; 4 Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Béthléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David, 5 pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.
6 Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva; 7 elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes.
8 Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. 9 Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte. 10 L’ange leur dit :  »Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : 11 Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur; 12 et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
13 Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : 14  »Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés ».
15 Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux:  »Allons donc jusqu’à Béthléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître ». 16 Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.
17 Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18 Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. 19 Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens. 20 Puis les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.

3e dimanche de l’Avent, invitation à la joie

14 décembre, 2012

3e dimanche de l’Avent, invitation à la joie dans images sacrée III_DOMENICA_55_CEI-1
http://www.pgivrea.it/iii-domenica-di-avvento-2011-il-sussidio/

dimanche 16 décembre, commentaires de Marie Noëlle Thabut : Sophonie 3, 14 – 18

14 décembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

dimanche 16 décembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Sophonie 3, 14 – 18

14 Pousse des cris de joie, fille de Sion !
 Eclate en ovations, Israël !
 Réjouis-toi, tressaille d’allégresse,
 fille de Jérusalem !
15 Le SEIGNEUR a écarté tes accusateurs,
 il a fait rebrousser chemin à ton ennemi.
 Le roi d’Israël, le SEIGNEUR, est en toi. 
Tu n’as plus à craindre le malheur.
16 Ce jour-là, on dira à Jérusalem :
 « Ne crains pas, Sion !
 Ne laisse pas tes mains défaillir !
17 Le SEIGNEUR ton Dieu est en toi,
 c’est lui, le héros qui apporte le salut.
 Il aura en toi sa joie et son allégresse,
 il te renouvellera par son amour ;
 il dansera pour toi avec des cris de joie,
18 comme aux jours de fête. »

« Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête » (v. 17-18). Cette phrase-là, à elle toute seule, nous prouve que, dès l’Ancien Testament, les prophètes ont bien annoncé que Dieu est amour. Ce qui veut dire, au passage, que nous commettons un contresens quand nous disons que seul le Nouveau Testament parle d’un Dieu d’amour ! Le Dieu qui nous est présenté dans ce texte de Sophonie est tellement proche de son peuple qu’il danse avec lui !
 La « danse » de Dieu…! Il faut quand même l’audace d’un prophète pour écrire noir sur blanc « Dieu dansera pour toi (entendez son peuple) avec des cris de joie » ! Nous ne sommes pas tellement habitués à de telles expressions ; mais puisque par les prophètes, c’est Dieu qui parle, il faut prendre cette phrase très au sérieux ! Or avec qui préfère-t-on danser ? Avec celle qu’on aime évidemment ! Voilà l’extraordinaire Bonne Nouvelle de ce dimanche : Jérusalem et avec elle toute l’humanité est la bien-aimée de Dieu !
 Ces propos de Sophonie sont bien audacieux et il a fallu des siècles de Révélation biblique (c’est-à-dire de pédagogie de Dieu) pour en arriver là. La Révélation de Dieu comme Epoux, n’a pu se faire qu’après des siècles d’histoire biblique ; au début de l’Alliance entre Dieu et son peuple, cette notion aurait été trop ambiguë. Les autres peuples ne concevaient que trop facilement leurs dieux à l’image des hommes et de leurs histoires de famille ; dans une première étape de la Révélation, il fallait donc déjà découvrir le Dieu tout-Autre que l’homme et entrer dans son Alliance.
 C’est le prophète Osée (au huitième siècle) qui, le premier, a parlé de l’Alliance entre Dieu et son peuple, non plus seulement comme d’un contrat, fait d’engagement et de fidélité mutuelle, comme tout contrat, mais comme d’un véritable lien d’amour, celui des fiançailles. Tous les prophètes ultérieurs, le premier Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, le deuxième et le troisième Isaïe ont développé ce thème des noces entre Dieu et son peuple ; et on retrouve chez eux tout le vocabulaire des fiançailles et des noces : les noms tendres, la robe nuptiale, la couronne de mariée, la fidélité… Le troisième Isaïe (au sixième siècle) poussera l’audace jusqu’à employer le mot « désir » (au sens de désir amoureux) pour traduire les sentiments de Dieu à l’égard de son peuple.
 Quant au Cantique des Cantiques, long dialogue amoureux, composé de sept poèmes, nulle part il n’identifie les deux amoureux qui s’y expriment ; mais les Juifs le considèrent comme le dialogue entre Dieu et son peuple ; la preuve, c’est qu’ils le lisent tout spécialement au cours de la semaine de la célébration de la Pâque, la grande fête de l’Alliance de Dieu avec son peuple.
 Mais, si elles nous remplissent d’émerveillement, ces audaces des prophètes sont empreintes également de gravité et d’exigence. Car, si le peuple d’Israël peut être comparé à une épouse, toute infidélité à l’Alliance n’est plus seulement un manquement à un contrat, cela devient un véritable adultère ! On lit donc chez eux également tout le vocabulaire de la jalousie, l’ingratitude, la tromperie, les retrouvailles. Ce qu’ils appellent les infidélités du peuple, ce sont ses retombées dans l’idolâtrie.
 Revenons à Sophonie : c’est un prophète du septième siècle av.JC., à Jérusalem, sous le règne du roi Josias (monté sur le trône en 640). Son livre est très court, il ne couvre que cinq pages dans la Bible, notes comprises…! Mais il est très dense et certaines de ses pages sont devenues célèbres ; Sophonie appelle le roi et le peuple à la conversion : « Recherchez le SEIGNEUR, vous tous, les humbles de la terre, qui mettez en pratique le droit qu’il a établi ; recherchez la justice, recherchez l’humilité, peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du SEIGNEUR. » (So 2, 3). De conversion, il y en a grand besoin : sous les règnes précédents (des deux rois Manassé, 687-642, et Amon, 642-640), tous les commandements de Dieu ont été bafoués comme à plaisir ! (idolâtries, violences, fraudes, mensonges, injustices sociales, orgueil des puissants, écrasement des pauvres)… On pourrait résumer en disant : « tout ce qui déplaît à Dieu, on le fait ».
 Et Sophonie ne se prive pas de dénoncer : par exemple : « ceux qui se prosternent devant le SEIGNEUR tout en jurant par leur dieu Mélek » (1, 5) ; (ce qui revient à les accuser d’idolâtrie doublée d’hypocrisie!). Ou encore « ceux qui remplissent la maison de leur Seigneur du produit de la violence et de la fourberie. » (1, 9). Et au début du chapitre 3 : « Au milieu de Jérusalem, ses ministres sont des lions rugissants ; ses juges, des loups au crépuscule, qui n’ont plus rien à ronger au matin (parce que leur voracité est telle qu’ils engloutissent rapidement leurs proies !). Ses prophètes sont des vantards, des tricheurs ; ses prêtres ont profané ce qui est sacré, ils ont violé la loi. » (3, 3 – 4).
 Sophonie va donc user des deux langages habituels des prophètes : la menace contre ceux qui font du mal ; les encouragements pour ceux qui essaient de rester fidèles. Et autant il sera violent dans ses menaces, autant il sera encourageant et optimiste pour les fidèles, ceux qu’il appelle les humbles.
 Premier langage : la violence dans les menaces, vous la connaissez, et malheureusement, on n’a souvent retenu que cela : c’est d’un texte de Sophonie qu’est tiré le fameux chant « Dies Irae, dies Illa… » (Jour de colère que celui-là), un chant que tous les auteurs de Requiem ont mis en musique ! Jour de colère… le risque, en chantant ce texte, c’est de croire qu’il faut avoir peur de la fin du monde …! Ce qui serait encore un contresens : car la colère de Dieu est toujours seulement contre le mal, contre ce qui fait le malheur de l’homme… puisque le seul but de Dieu, c’est le bonheur de l’humanité.
 Deuxième langage, les encouragements : le texte d’aujourd’hui est de ceux-là. Et à qui s’adresse-t-il ? Au peuple d’Israël, et particulièrement à Jérusalem (Sion est le nom de la colline de Jérusalem sur laquelle Salomon a bâti le Temple qui devait être le symbole de la Présence de Dieu) : « Pousse des cris de joie, fille de Sion » : « Fille de Sion » veut dire Sion tout simplement c’est-à-dire Jérusalem et à travers elle le peuple élu. (C’est l’une des particularités de l’hébreu : nous avons rencontré récemment ce genre d’expression en hébreu avec le texte de Daniel qui parlait d’un fils d’homme, ce qui voulait dire « homme »).
 « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi, en vaillant Sauveur » ; ce chant habite nombre de nos fêtes, mais savons-nous qu’il est inspiré du prophète Sophonie ? Plus étonnant, cette annonce apparemment triomphante est prononcée à une époque où ni la ville sainte, ni le peuple ne se montrent dignes de telles déclarations. Mais notre indignité ne saurait éteindre l’amour de Dieu !
 Le discours de Sophonie à l’adresse de Jérusalem est donc un encouragement à la conversion. Il faut se remettre en mémoire les versets qui précèdent juste la lecture d’aujourd’hui : « En ce jour-là, tu n’auras plus à rougir de toutes tes mauvaises actions, de ta révolte contre moi ; car à ce moment, j’aurai enlevé du milieu de toi tes vantards orgueilleux, et tu cesseras de faire l’arrogante sur ma montagne sainte. Je maintiendrai au milieu de toi un reste de gens humbles et pauvres ; ils chercheront refuge dans le Nom du SEIGNEUR. Le reste d’Israël ne commettra plus d’iniquité ; ils ne diront plus de mensonges, on ne surprendra plus dans leur bouche de langage trompeur : mais ils paîtront et se reposeront sans personne pour les faire trembler. » (So 3, 11-13). Alors de ce reste d’Israël converti naîtra la nouvelle Jérusalem : elle accomplira enfin sa vocation d’être la ville de la Présence de Dieu, et n’aura plus rien à craindre de personne. Ce que Sophonie traduit par l’expression : « Le SEIGNEUR ton Dieu est en toi ! » Ce qui, si l’on y réfléchit bien, est une reprise pure et simple des promesses de Dieu au Sinaï. C’est le sens même du Nom de Dieu (YHVH que nous traduisons par SEIGNEUR) révélé à Moïse.
 On retrouve là une grande parenté avec d’autres prophètes de la même époque ; Joël par exemple : « Mon peuple ne connaîtra plus la honte, jamais. Vous saurez que je suis au milieu d’Israël, moi, et que je suis le SEIGNEUR, votre Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre. » (Jl 2, 26 – 27). Des siècles plus tard, dans une autre période de morosité, le livre de Zacharie reprendra textuellement la phrase de Sophonie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !… » (Za 9, 9). Parce que Dieu n’a éternellement qu’une seule chose à dire à son peuple : « Ne crains pas, le Seigneur ton Dieu est en toi. »
 Encore quelques siècles, et le messager de Dieu viendra dire à une fille d’Israël : « Réjouis-toi, Marie… Le Seigneur est avec toi ». Et grâce à elle nous verrons Dieu parmi les hommes. Saint Jean pourra dire : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jn 1, 14).

Homélie 3e dimanche de l’Avent, C

14 décembre, 2012

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Homélie 3e dimanche de l’Avent, C

So 3, 14-18 ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18

Ces trois textes bibliques m’ont fait penser à un vieux « tube » de Charles Trenet : « Y’a d’la joie, partout y’a d’la joie… ». Ce qui n’est généralement pas le cas. Il suffit de lire les quelques autres pages du petit livre de Sophonie. Il y est surtout question de jours de détresses et d’angoisses, d’orgueil et de manques de justice.
Quant à saint Paul, il semble vivre en dehors du temps et des préoccupations quotidiennes. Il balaye les inquiétudes, nous invite à garder la sérénité et la joie, comme s’il pratiquait la méthode Coué. Il ose même ajouter : « Ne soyez inquiets de rien ». Il a beau dire… Cela ne va pas de soi. Mais à l’époque où il écrit cette lettre, Paul est en prison, toutefois il sait qu’il va être libéré.
Cerise sur le gâteau, ce troisième dimanche de l’Avent, est même appelé le dimanche « en rose », puisque la liturgie permet ce jour-là, de remplacer le violet du temps de pénitence par le rose qui se rapproche du blanc de la fête.
Dans l’Evangile, Jean Baptiste nous annonce LA Bonne Nouvelle, mais elle n’est pas sans conditions. Heureusement, il précise ce que l’on doit faire, notamment pour découvrir le sens profond de la joie et ses racines.
Or, la joie évoquée ici n’est pas suscitée par une guérison, ni une promotion, ni une diminution des impôts. La joie naît de la rencontre avec quelqu’un. Une heureuse présence, qui ne supprime pas pour autant les difficultés. Mais il y a quelqu’un pour les porter avec nous, mieux les juger à leur juste valeur, chercher avec nous des remèdes ou des solutions. Ce qui est considérable.
La lettre de Paul, est aussi une véritable épître de la joie. Non pas la joie d’une réussite quelconque, mais celle d’appartenir au Christ. Nous dirions aujourd’hui : Heureux et fiers d’être chrétiens, et de pouvoir épouser le comportement du Christ dans ses relations avec Dieu et avec nos sœurs et nos frères humains.
Ce Verbe de Dieu, « Il est proche », proclame Sophonie. Tellement proche qu’ « il est en toi ». Cette proximité du Seigneur, précise Paul, relativise les inquiétudes, nourrit la joie, contribue à la sérénité, et donne la paix de Dieu. C’est vraiment une Bonne Nouvelle.
Mais, explique à sa manière Jean Baptiste, si le don de la sérénité et de la joie vient de Dieu et est gratuit, il ne peut se développer et porter du fruit sans une participation active de notre part. La terre de notre cœur doit être labourée par la conversion. De même, notre agir doit être inspiré et orienté par le Christ « conçu au fond de nous-même », comme l’a écrit saint Augustin. Nous pouvons ainsi le mettre au monde en le manifestant dans nos comportements.
Ce « faire », Jean Baptiste le propose encore aujourd’hui avec des mots simples et directs, que chacun peut transformer dans l’ordinaire quotidien, non pas en vœux pieux, mais en actions concrètes de justice, d’amour et de solidarité. Tous les secteurs de la vie sont concernés et aucune catégorie de personnes n’est exemptée.
Pour suivre Jésus, pour préparer sa manifestation à Noël, il ne suffit donc pas de bâtir une crèche, ni d’organiser d’émouvantes célébrations.
Le Jean Baptiste d’hier se retrouve, par exemple, dans les animateurs et animatrices des Campagnes de l’Avent « Action Vivre Ensemble ». Ils nous rappellent aujourd’hui que si les personnes, les familles, les communautés et les nations qui ont deux vêtements et de quoi manger jusqu’à posséder des surplus, les partagent avec ceux et celles qui n’en ont pas… alors, la paix et la joie seront de la partie. Pensons-y spécialement ce dimanche au moment de l’offrande matérielle, qui est un « geste solidaire en Eglise ».
Plus largement, Jean nous demande aussi de ne jamais exiger l’impossible, d’éviter la violence en tout et partout. Dont celle des mots qui blessent et qui tuent. Et donc, de mettre notre point d’honneur à ne faire de tort à personne.
C’est par ces exhortations que Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. Il l’annonce encore aujourd’hui. Les paroles de l’Ecriture sont toujours neuves. Elles restent d’actualité. Elles sont proclamées dans un monde où l’argent est toujours roi, où le profit immédiat est la règle, où les écarts entre les riches et les pauvres se creusent toujours davantage.
Le Christ attend des chrétiens qu’ils soient des prophètes du comportement… Et les prophètes ne sont pas ceux qui prédisent l’avenir, mais ceux qui s’efforcent de comprendre comment la Parole de Dieu s’applique dans les situations et les problèmes d’aujourd’hui.
Préparer Noël, c’est préparer son cœur pour que le Christ vienne vraiment s’incarner dans notre vie. C’est accepter de mettre ses interpellations sur notre table. Pour accueillir vraiment Jésus, il faut être baptisés dans l’Esprit Saint et dans le feu. Car il y a, sur nos terres intérieures, du bon grain à récolter, mais également, ne l’oublions pas, de la paille à brûler.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1951 – 2008

St Jean de la Croix

13 décembre, 2012

St Jean de la Croix dans images sacrée stjuanmain1
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