Archive pour décembre, 2012

Pape Benoît: Jean, le Voyant de Patmos

27 décembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060823_fr.html

(trois catéchèse en 2006:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/index_it.htm)

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 août 2006

Jean, le Voyant de Patmos

Chers frères et soeurs,

Dans la dernière catéchèse, nous étions arrivés à la méditation sur la figure de l’Apôtre Jean. Nous avions tout d’abord cherché à voir ce que l’on peut savoir de sa vie. Puis, dans une deuxième catéchèse, nous avions médité le contenu central de son Evangile, de ses Lettres: la charité, l’amour. Et aujourd’hui, nous revenons encore une fois sur la figure de l’Apôtre Jean, en prenant cette fois en considération le Voyant de l’Apocalypse. Et nous faisons immédiatement une observation: alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l’Apôtre ne portent jamais son nom, l’Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l’Auteur, d’une part, n’avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l’autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l’identifier avec précision. Nous savons par ailleurs que, déjà au III siècle, les chercheurs discutaient sur la véritable identité anagraphique du Jean de l’Apocalypse. Quoi qu’il en soit, nous pourrions également l’appeler « le Voyant de Patmos », car sa figure est liée au nom de cette île de la Mer Egée, où, selon son propre témoignage autobiographique, il se trouvait en déportation « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage pour Jésus » (Ap 1, 9). C’est précisément à Patmos, « le jour du Seigneur… inspiré par l’Esprit » (Ap 1, 10), que Jean eut des visions grandioses et entendit des messages extraordinaires, qui influencèrent profondément l’histoire de l’Eglise et la culture occidentale tout entière. C’est par exemple à partir du titre de son livre – Apocalypse, Révélation – que furent introduites dans notre langage les paroles « apocalypse, apocalyptique », qui évoquent, bien que de manière inappropriée, l’idée d’une catastrophe imminente.
Le livre doit être compris dans le cadre de l’expérience dramatique des sept Eglises d’Asie (Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée), qui vers la fin du I siècle durent affronter des difficultés importantes – des persécutions et également des tensions internes – dans leur témoignage au Christ. Jean s’adresse à elles en faisant preuve d’une vive sensibilité pastorale à l’égard des chrétiens persécutés, qu’il exhorte à rester solides dans la foi et à ne pas s’identifier au monde païen si fort. Son objet est constitué en définitive par la révélation, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, du sens de l’histoire humaine. La première vision fondamentale de Jean, en effet, concerne la figure de l’Agneau, qui est égorgé et pourtant se tient debout (cf. Ap 5, 6), placé au milieu du trône où Dieu lui-même est déjà assis. A travers cela, Jean veut tout d’abord nous dire deux choses: la première est que Jésus, bien que tué par un acte de violence, au lieu de s’effondrer au sol, se tient paradoxalement bien fermement sur ses pieds, car à travers la résurrection, il a définitivement vaincu la mort; l’autre est que Jésus, précisément en tant que mort et ressuscité, participe désormais pleinement au pouvoir royal et salvifique du Père. Telle est la vision fondamentale. Jésus, le Fils de Dieu, est sur cette terre un agneau sans défense, blessé, mort. Toutefois, il se tient droit, il est debout, il se tient devant le trône de Dieu et participe du pouvoir divin. Il a entre ses mains l’histoire du monde. Et ainsi, le Voyant veut nous dire: Ayez confiance en Jésus, n’ayez pas peur des pouvoirs opposés, de la persécution! L’Agneau blessé et mort vainc! Suivez l’Agneau Jésus, confiez-vous à Jésus, prenez sa route! Même si dans ce monde, ce n’est qu’un Agneau qui apparaît faible, c’est Lui le vainqueur!
L’une des principales visions de l’Apocalypse a pour objet cet Agneau en train d’ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n’était en mesure de rompre. Jean est même présenté alors qu’il pleure, car l’on ne trouvait personne digne d’ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4). L’histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l’histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C’est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l’Eglise aujourd’hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l’Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l’homme, lorsqu’il s’abandonne à l’influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. Eh bien, seul l’Agneau immolé est en mesure d’ouvrir le livre scellé et d’en révéler le contenu, de donner un sens à cette histoire apparemment si souvent absurde. Lui seul peut en tirer les indications et les enseignements pour la vie des chrétiens, auxquels sa victoire sur la mort apporte l’annonce et la garantie de la victoire qu’ils obtiendront eux aussi sans aucun doute. Tout le langage fortement imagé que Jean utilise vise à offrir ce réconfort.

Au centre des visions que l’Apocalypse présente, se trouvent également celles très significatives de la Femme qui accouche d’un Fils, et la vision complémentaire du Dragon désormais tombé des cieux, mais encore très puissant. Cette Femme représente Marie, la Mère du Rédempteur, mais elle représente dans le même temps toute l’Eglise, le Peuple de Dieu de tous les temps, l’Eglise qui, à toutes les époques, avec une grande douleur, donne toujours à nouveau le jour au Christ. Et elle est toujours menacée par le pouvoir du Dragon. Elle apparaît sans défense, faible. Mais alors qu’elle est menacée, persécutée par le Dragon, elle est également protégée par le réconfort de Dieu. Et à la fin, cette Femme l’emporte. Ce n’est pas le Dragon qui gagne. Voilà la grande prophétie de ce livre qui nous donne confiance. La Femme qui souffre dans l’histoire, l’Eglise qui est persécutée, apparaît à la fin comme une Epouse splendide, figure de la nouvelle Jérusalem, où il n’y a plus de larmes, ni de pleurs, image du monde transformé, du nouveau monde, dont la lumière est Dieu lui-même, dont la lampe est l’Agneau.
C’est pour cette raison que l’Apocalypse de Jean, bien qu’imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs – la face obscure de l’histoire -, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l’histoire. C’est ainsi, par exemple, que l’on lit la description d’une foule immense, qui chante presque en criant: « Alléluia! le Seigneur notre Dieu a pris possession de sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l’Agneau. Son épouse a revêtu ses parures » (Ap 19, 6-7). Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n’est jamais perçue comme le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur, étant déjà même mystérieusement imprégnée par la joie qui naît de l’espérance. C’est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d’une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur: « Viens, Seigneur Jésus! » (Ap 22, 20). C’est l’une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par saint Paul dans la langue araméenne: « Marana tha ». Et cette prière, « Notre Seigneur, viens! » (1 Co 16, 22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d’abord l’attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique: « Viens Jésus, maintenant! ». Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment: « Viens maintenant, et viens de manière définitive! ». Cette prière possède également une troisième signification: « Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C’est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive! ». Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous aussi: « Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde! Viens dès aujourd’hui et que la paix l’emporte! ». Amen!

« Et verbum caro factum est » (Jean, 1-14) – Le Christ dans la Théologie de l’Incarnation :

27 décembre, 2012

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Huan/theologi.html

Le Christ dans la Théologie de l’Incarnation

« Et verbum caro factum est » (Jean, 1-14).

Nous avons étudié le mystère du Christ d’après les données de la tradition, puis d’après les formules du dogme ; nous voudrions maintenant l’étudier d’après la doctrine des théologiens et rechercher notamment comment les théologiens ont interprété à la lumière du dogme les données traditionnelles. Dans cette étude, évidemment sommaire, nous retiendrons surtout les solutions présentées par les deux grandes écoles de théologie qui se partagent encore aujourd’hui la pensée catholique, l’école de Saint Thomas d’Aquin et l’école du Bienheureux Duns Scot (1). Il est d’ailleurs entendu que les opinions des théologiens ne sont pas articles de foi, mais matière à discussion, qu’elles n’engagent en aucune façon la croyance et demeurent toujours libres dans les limites, toutefois, du cadre imposé par la formule dogmatique.
I
La formule dogmatique a presque toujours pour objet de définir contre l’hérésie le véritable sens du donné révélé. Nous avons déjà signalé que, sous des formes diverses, l’hérésie tendait principalement à « diviser Jésus », à séparer en lui l’homme et le Dieu pour ne reconnaître que l’homme ou que le Dieu. Mais gnostiques et docètes avaient été pareillement condamnés par la Grande Église. La question se posait alors de savoir comment la nature humaine et la nature divine sont unies dans la personne du Christ. Les uns, avec Nestorius, enseignèrent qu’il y avait en lui deux personnes, la divine et l’humaine ; le Concile d’Éphèse en 431, prenant à son compte les douze anathématismes de Saint Cyrille, proclama l’unité de personne dans le Christ. Les autres, avec Eutychès, nièrent la dualité des natures pour n’admettre qu’une seule nature, composée de l’humanité et de la divinité ; le Concile de Chalcédoine en 451 maintint énergiquement la dualité des natures dans le Christ. Il restait à montrer comment la dualité des natures est compatible avec l’unité de la personne. Ce sera proprement l’oeuvre de la théologie.
Un premier point est unanimement acquis : puisqu’il y a dans le Christ une seule personne et deux natures, l’union en lui de l’humanité et de la divinité ne peut se faire dans la nature, mais seulement dans la personne, c’est-à-dire que l’unique personne du Verbe, qui, de toute éternité, possède la nature divine, a assumé à un certain moment de la durée une nature humaine, et cette assomption s’est opérée de telle sorte que les deux natures n’ont pas cessé dans leur union de demeurer extrinsèques l’une à l’autre. Il fallait bien qu’il en fut ainsi, puisque, si la nature divine avait été modifiée dans son essence par son union avec la nature humaine, ce qui est immuable par définition. aurait subi quelque changement.
Mais, pour que la nature humaine du Christ pût être unie à la nature divine dans la personne du Verbe, il fallait aussi que cette nature humaine à son tour, pour concrète et individuelle qu’elle fût, ne subsistât pas déjà dans une personne ; elle devait être « quelque chose », puisque ce n’est pas à une nature abstraite des individus particuliers que le Verbe s’est uni dans son incarnation ; mais elle ne pouvait être « quelqu’un », puisque, si une personne humaine avait déjà subsisté dans la nature que le Verbe a assumée, il y aurait eu, après l’union, deux personnes dans le Verbe incarné. En ce sens, il n’est pas exact de dire que le Christ est « un homme », mais simplement qu’il est « homme ». Mais, d’autre part, une nature humaine ne peut pas subsister sans une personne, puisque c’est la personne précisément qui la fait subsister. C’est donc qu’au moment même de son incarnation le Verbe fait subsister lui-même la nature humaine qu’il assume en l’unissant à son être personnel et en lui communiquant sa propre subsistance. Dans le Verbe incarné il n’y a pas unité de nature, mais il y a unité de personne. L’union des deux natures dans l’unique personne du Verbe est une union « hypostatique ».
II
Une seconde conséquence découle des données de la tradition. Parce qu’il a assumé une nature humaine individuelle et concrète, le Verbe n’a pas seulement assume un corps humain, mais à la fois et en même temps un corps humain et une âme humaine, donc un tout humain complet ; c’est-à-dire que, contrairement à l’enseignement des Anciens, la personne du Verbe ne tient pas la place de l’âme dans la nature humaine du Christ. Le Verbe incarné possède une âme humaine et un corps humain ; il est véritablement homme, homme tout entier. Si les deux natures, humaine et divine, ne sont pas conjointes dans une même forme après l’incarnation, puisque chacune de ces deux natures reste extrinsèque à l’autre, il faut dire que les deux substances, corps et âme, qui composent la nature humaine, restent conjointes l’un à l’autre dans la forme que le Verbe unit à sa personne pour lui conférer la subsistance.
Dira-t-on que la notion d’une nature humaine sans personnification, c’est-à-dire dépouillée de sa propre subsistance, est inconcevable ? Mais il ne pourrait s’agir ici d’une nature humaine « dépouillée » de sa propre subsistance que si le Verbe avait assumé un homme déjà existant, comme le voulaient les gnostiques, puisque la personne humaine aurait du dans ce cas être anéantie pour faire place à la personne divine. Toute nature humaine, en tant qu’elle est une réalité concrète, est apte de soi à être personnifiée par la subsistance et elle tend d’elle-même à sa propre personnalité. Or, dans l’union hypostatique, la nature humaine du Christ a reçu, par une intervention spéciale de la toute-puissance divine, une hypostase supérieure, la personne même du Verbe ; elle n’a donc pas été dépouillée, mais bien plutôt enrichie. Comment dès lors pourrait-elle tendre désormais à sa propre hypostase ? Il faudrait, pour qu’elle fût mise en possession de sa personnalité humaine, que le Verbe cessât de l’hypostasier et c’est cela qui est inconcevable, puisque la nature humaine du Christ n’a été créée que pour être assumée par la personne du Verbe et qu’elle puise dans cette assomption sa seule raison d’être et toute sa perfection. La nature humaine du Christ n’a pas d’existence propre ; elle n’existe que de l’existence personnelle du Verbe.
III
Indéfectible et permanente, l’union de la nature humaine et de la nature divine dans la personne du Verbe n’est pas une union par accident, mais substantielle. L’accident ne peut jamais que « qualifier » la substance. Si l’union de la nature humaine à la nature divine ou de la nature divine à la nature, humaine dans la personne du Verbe n’était qu’une union accidentelle, on pourrait dire, avec certains, hérétiques, que le Christ est ou bien un Dieu humanisé ou bien un homme divinisé ; mais il ne serait pas permis de dire qu’il est a la fois Dieu et homme, parfaitement Dieu et parfaitement homme ! Pour qu’il en soit ainsi, il faut que l’union hypostatique se fasse, non pas de la substance à l’accident, humain ou divin, mais d’une substance à l’autre, de l’homme à Dieu. De ce fait se trouve écartée la théorie gnostique des avatars qui ne veut voir dans le Christ qu’une des nombreuses et successives incarnations, la dernière en date d’ailleurs, de la Divinité parmi les hommes. Parce que l’union hypostatique est substantielle et indéfectible, elle n’a pu se produire qu’une fois pour toutes : avant le Christ il n’y a pas eu d’incarnation du Verbe et il n’y en aura plus après lui, puisque le Christ, désormais, demeure éternellement.

On demandera peut-être pourquoi la nature humaine a été assumée par le Verbe, de préférence à toute autre nature, à la nature angélique, par exemple, supérieure pourtant en essence et en dignité. Ce choix me parait établir, contre les partisans de Duns Scot, que l’un des buts principaux de l’incarnation a bien été la rédemption du genre humain. Seule la nature humaine avait besoin d’être sauvée, puisque le péché des anges fut irrémissible ; et elle ne pouvait l’être qu’à la condition d’être assumée par la personne même du Rédempteur. Si, d’autre part, la personne du Verbe seule a été le terme de cette assomption et non pas la personne du Père ou celle du Saint-Esprit, c’est qu’il y a entre le Verbe et la nature humaine une sorte d’affinité élective, d’accommodation qui a sa raison profonde dans le fait que Dieu a créé toutes choses dans son Verbe et que le Verbe est ainsi l’exemplaire de toute créature. Toute créature porte donc en soi un vestige de son créateur ; mais, seule, la nature humaine offre ce trait particulier d’être marquée de l’image même du Verbe.
Il est un troisième point que nous voudrions noter avant de conclure, à savoir que la nature humaine du Christ, même après son union à la nature divine dans la personne du Verbe, ne cesse pas d’être une nature simplement humaine. Les contemporains de Jésus avaient peine à découvrir en lui le Dieu ; nous qui ne l’avons pas connu dans la chair, c’est bien plutôt l’humanité que nous avons tendance à nier en lui, pour n’apercevoir que le Dieu. Mais des considérations que nous avons développées il résulte clairement que, si le Verbe communique à la nature humaine du Christ son être personnel pour lui assurer la subsistance, il ne saurait lui communiquer son être de nature, c’est-à-dire sa nature divine ; celle-ci, dans tous les cas, demeure extrinsèque à la nature humaine du Christ. Il ne pourrait, en effet, y avoir entre le Verbe et cette nature humaine unité d’être sous le rapport de la nature, sans que la nature divine du Verbe en fût affectée dans son essence propre. Or, c’est un des caractères de la nature divine d’être immuable.
Sans doute faut-il dire qu’à partir de l’incarnation, le Verbe, qui jusque-là n’existait et ne subsistait que dans sa nature divine, existe et subsiste désormais aussi dans et par une nature humaine. Mais dans cette relation nouvelle de la personne du Verbe à la nature humaine du Christ, celle-ci est seule à subir l’action divine qui a pour effet de l’élever à l’existence personnelle du Verbe et, en l’unissant à la nature divine, de lui conférer une sainteté, qui en fait assurément la plus parfaite des créatures, mais une créature tout de même. Parce que toute création exprime une relation, non pas de Dieu à la créature, mais bien de la créature, à Dieu, la nature humaine du Christ, qui est une créature, ne peut pas se transcender elle-même et s’intégrer à la nature divine. De là cette attitude d’adoration du Christ envers son Père, que nous pouvons noter à chaque page de l’Évangile.
De ce point de vue nous sera-t-il permis de hasarder une opinion sur le mode d’existence dans l’éternité du Christ Glorieux ? Le Verbe n’avait pas cessé, durant son incarnation surla terre, de demeurer dans le sein du Père avec sa nature divine, puisque celle-ci est par définition en dehors du temps et soustraite à tout changement. Mais la nature humaine que le Verbe avait unie à sa nature divine n’avait pas participé à cette prérogative qui n’appartient qu’à la Divinité ; elle avait été maintenue dans son ordre qui est celui du créé, bien que ce fût au point le plus élevé de cet ordre qu’une créature puisse atteindre. Doit-on supposer qu’après l’Ascension cet état de la nature humaine du Christ ait été modifié et que, par une grâce exceptionnelle, le Christ tout entier, homme et Dieu, ait été admis dans le sein du Père ? Le Fils de l’homme demeure dans le ciel ce qu’il était sur la terre. Cela signifie que le Christ, dans sa nature humaine qui est Jésus, reste toujours, même au ciel, ce qu’il était sur la terre, inférieur au Père, « qui est plus grand que Lui .» (Jean, XIV, 28) et que, par conséquent, il appartient à un ordre de réalité qui n’est pas celui de l’ineffable Trinité.
Savons-nous quelque chose sur cet ordre de réalité ? « Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient avec moi » (Jean, XVII, 26). Où donc est-il ? Nous l’apprenons par la promesse faite au bon larron sur la Croix : « en vérité, je te le dis, tu seras aujourd’hui avec moi dans le Paradis ». (Luc, XXIII, 43). Le Paradis ? La cité des élus, le lieu de gloire, de lumière et de paix que le Voyant de l’Apocalypse désigne du nom de « Jérusalem Céleste ». Le Christ en sa nature humaine est le roi de cette Jérusalem Céleste, car « toute puissance lui a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matth., XVIII, 18) ; il y règne en chef suprême de l’humanité, qu’il a rachetée par la vertu de son sang. Assurément l’union hypostatique réalisée pendant l’incarnation du Verbe sur la terre n’a pas été dissoute après l’Ascension ; la nature humaine du Christ ne cesse donc pas d’être unie à la nature divine dans la personne du Verbe, puisque le Christ subsiste éternellement, mais elle ne cesse pas non plus d’appartenir à son ordre qui est celui du créé, Le ciel n’appartient pas moins que la terre à l’ordre du créé et le Christ humain est au ciel comme sur la terre le premier-né de toute créature ; n’est-ce pas précisément parce que le Christ-total, homme et Dieu, réunit en lui les deux ordres du créé et de l’incréé, qu’il est l’universel Médiateur ? C’est Lui notre « témoin fidèle au ciel » (Ps.88) et nous ne pouvons espérer posséder la béatitude de la vie éternelle que par Lui, avec Lui et en Lui.

Gabriel HUAN
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(1) Sur la doctrine de Duns Scot, cf. la belle synthèse du P. Deodat de Basly, Scotus Docens, Paris, 1934.

La lapidation de saint Etienne.

26 décembre, 2012

La lapidation de saint Etienne. dans images sacrée la_lap11

http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2007/12/26/26-decembre-saint-etienne-ier-diacre-et-ier-martyr-35.html

Pape Benoît: Etienne, le Protomartyr

26 décembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070110_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 janvier 2007

Etienne, le Protomartyr

Chers frères et soeurs,

Après la période des fêtes, nous revenons à nos catéchèses. J’avais médité avec vous sur les figures des douze Apôtres et de saint Paul. Puis nous avons commencé à réfléchir sur les autres figures de l’Eglise naissante et ainsi, nous voulons aujourd’hui nous arrêter sur la figure de saint Etienne, fêté par l’Eglise le lendemain de Noël. Saint Etienne est le plus représentatif d’un groupe de sept compagnons. La tradition voit dans ce groupe la semence du futur ministère des « diacres », même s’il faut souligner que cette dénomination est absente dans le Livre des Actes. L’importance d’Etienne découle dans tous les cas du fait que Luc, dans son livre important, lui consacre deux chapitres entiers.
Le récit de Luc part de la constatation d’une sous-division établie au sein de  l’Eglise  primitive  de  Jérusalem:  celle-ci était certes entièrement composée de chrétiens d’origine juive, mais certains d’entre eux étaient originaires de la terre d’Israël et étaient appelés « Hébreux », tandis que d’autres de foi juive vétérotestamentaire provenaient de la diaspora de langue grecque et étaient appelés « Hellénistes ». Voici le problème qui se présentait:  les plus démunis parmi les hellénistes, en particulier les veuves dépourvues de tout soutien social, couraient le risque d’être négligés dans l’assistance au service quotidien. Pour remédier à cette difficulté, les Apôtres, se réservant la prière et le ministère de la Parole comme devoir central propre, décidèrent de charger « sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de sagesse » afin d’accomplir le devoir de l’assistance (Ac 6, 2-4), c’est-à-dire du service social caritatif. Dans ce but, comme l’écrit Luc, sur l’invitation des Apôtres, les disciples élirent sept hommes. Nous connaissons également leurs noms. Il s’agit de:  « Etienne, homme rempli de foi et de l’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas prosélyte d’Antioche. On les présenta aux Apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (Ac 6, 5-6).

Le geste de l’imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l’Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Mb 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l’Eglise d’Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Ac 13, 3). C’est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux Epîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1 Tm 4, 14; 2 Tm 1, 6). Le fait qu’il s’agisse d’une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit de ce que l’on lit dans la Première Epître à Timothée:  « Ne te hâte pas d’imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d’autrui » (5, 22). Nous voyons donc que le geste d’imposition des mains se développe dans la lignée d’un signe sacramentel. Dans le cas d’Etienne et de ses compagnons, il s’agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d’une charge et, dans le même temps, d’une façon d’implorer la grâce de Dieu pour qu’ils l’exercent.
La chose la plus importante à souligner est que, outre les services caritatifs, Etienne accomplit également une tâche d’évangélisation à l’égard de ses compatriotes, de ceux qu’on appelle « hellénistes », Luc insiste en effet sur le fait que celui-ci, « plein de grâce et de puissance » (Ac 6, 8), présente au nom de Jésus une nouvelle interprétation de Moïse et de la Loi même de Dieu, il relit l’Ancien Testament à la lumière de l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette relecture de l’Ancien Testament, une relecture christologique, provoque les réactions des Juifs qui perçoivent ses paroles comme un blasphème (cf. Ac 6, 11-14). C’est pour cette raison qu’il est condamné à la lapidation. Et saint Luc nous transmet le dernier discours du saint, une synthèse de sa prédication. Comme Jésus avait montré aux disciples d’Emmaüs que tout l’Ancien Testament parle de lui, de sa croix et de sa résurrection, de même saint Etienne, suivant l’enseignement de Jésus, lit tout l’Ancien Testament d’un point de vue christologique. Il démontre que le mystère de la Croix se trouve au centre de l’histoire du salut raconté dans l’Ancien Testament, il montre que réellement Jésus, le crucifié et le ressuscité, est le point d’arrivée de toute cette histoire. Et il démontre donc également que le culte du temple est fini et que Jésus, le ressuscité, est le nouveau et véritable « temple ». C’est précisément ce « non » au temple et à son culte qui provoque la condamnation de saint Etienne, qui, à ce moment-là – nous dit saint Luc -, fixant les yeux vers le ciel vit la gloire de Dieu et Jésus  qui  se trouvait à sa droite. Et voyant le ciel, Dieu et Jésus, saint Etienne dit:  « Voici que je contemple les cieux ouverts:  le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 56). Suit alors son martyre, qui, de fait, est modelé  sur  la  passion de Jésus lui-même, dans la mesure où il remet au « Seigneur Jésus » son esprit et qu’il prie pour que les péchés de ses meurtriers ne leur soient pas imputés (cf. Ac 7, 59-60).
Le lieu du martyre de saint Etienne à Jérusalem est traditionnellement situé un peu à l’extérieur de la Porte de Damas, au nord, où s’élève à présent précisément l’église Saint-Etienne, à côté de la célèbre Ecole Biblique des Dominicains. La mort d’Etienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Ac 8, 1), la première qui ait eu lieu dans l’histoire de l’Eglise. Celle-ci constitua l’occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d’origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants:  « Ceux qui s’étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole » (Ac 8, 4). La persécution et la dispersion qui s’ensuit deviennent mission. L’Evangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu’à la grande ville d’Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Ac 11, 19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11, 26).
Luc note en particulier que les lapidateurs d’Etienne « avaient mis leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l’Evangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d’Etienne, et qu’il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, « s’exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents » (Ac 7, 54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saul, adversaire acharné de la vision d’Etienne, après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l’Ancien Testament effectuée par le Protomartyre, il l’approfondit et la complète, et devient ainsi l’ »Apôtre des  Nations ».  La  Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi en Christ, la communion avec l’amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d’Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus Christ, en tant que fils d’Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s’accomplit la vision d’Etienne.
L’histoire d’Etienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, elle nous enseigne qu’il ne faut jamais dissocier l’engagement social de la charité de l’annonce courageuse de la foi. Il était l’un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n’était pas possible de  dissocier  la charité et l’annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu’au point d’accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Etienne:  charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l’histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l’Eglise et également dans notre vie personnelle. Dans l’histoire de l’Eglise ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c’est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles:  « Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous:  le sang des chrétiens est une semence » (Apologetico 50, 13:  Plures efficimur quoties metimur a vobis:  semen est sanguis christianorum). Mais dans notre vie aussi la croix, qui ne manquera jamais, devient bénédiction. Et en acceptant la croix, en sachant qu’elle devient et qu’elle est une bénédiction, nous apprenons la joie du chrétien également dans les moments de difficulté. La valeur du témoignage est irremplaçable, car c’est à lui que conduit l’Evangile et c’est de lui que se nourrit l’Eglise. Que saint Etienne nous enseigne à tirer profit de ces leçons, qu’il nous enseigne à aimer la Croix, car elle est le chemin sur lequel le Christ arrive toujours à nouveau parmi nous.

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI: SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – MESSE DE MINUIT

26 décembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20121224_christmas_fr.html

MESSE DE MINUIT

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

24 décembre 2012

Chers frères et sœurs,

La beauté de cet évangile touche toujours à nouveau notre cœur – une beauté qui est splendeur de la vérité. Le fait que Dieu se fasse petit enfant, afin que nous puissions l’aimer, afin que nous osions l’aimer, et que, comme un petit enfant, il se mette avec confiance entre nos mains, nous émeut toujours de nouveau. Il dit presque : je sais que ma splendeur t’effraie, que devant ma grandeur tu cherches à t’affirmer toi-même. Eh bien, je viens donc à toi comme un petit enfant, pour que tu puisses m’accueillir et m’aimer.
La parole de l’évangéliste, dite presqu’en passant, affirmant que pour eux il n’y avait pas de place dans la salle commune, me touche aussi toujours de nouveau. Inévitablement surgit la question de savoir comment se passeraient les choses, si Marie et Joseph frappaient à ma porte ? Y-aurait-il de la place pour eux ? Et ensuite, nous vient à l’esprit que cette nouvelle, apparemment fortuite, du manque de place dans la salle commune qui pousse la Sainte Famille dans l’étable, l’évangéliste Jean l’a approfondie et l’a ramenée à l’essentiel quand il écrit : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11). Ainsi, la grande question morale de savoir comment chez nous se passent les choses concernant les personnes déplacées, les refugiés et les immigrés, devient encore plus fondamentale : avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ? Avons-nous du temps et de l’espace pour lui ? N’est-ce pas peut-être Dieu lui-même que nous refoulons ? Cela commence par le fait que nous n’avons pas du temps pour Dieu. Plus nous pouvons nous déplacer rapidement, plus les moyens qui nous font gagner du temps deviennent efficaces, moins nous avons du temps à disposition. Et Dieu ? La question le concernant ne semble jamais urgente. Notre temps est déjà totalement rempli. Mais les choses vont encore plus en profondeur. Dieu a-t-il vraiment une place dans notre pensée ? Les méthodes de notre pensée sont organisées de manière qu’au fond, il ne doit pas exister. Même s’il semble frapper à la porte de notre pensée, il doit être éloigné par quelque raisonnement. La pensée, pour être considérée comme sérieuse, doit être construite de façon à rendre superflue l’“hypothèse Dieu”. Il n’y a pas de place pour lui. Même dans notre sentiment et dans notre vouloir, il n’y a pas de place pour lui. Nous nous voulons nous-mêmes. Nous voulons les choses tangibles, le bonheur expérimentable, la réussite de nos projets personnels et de nos intentions. Nous sommes totalement « remplis » de nous-mêmes, si bien qu’il ne reste aucun espace pour Dieu. Et c’est pourquoi, il n’y a pas d’espace non plus pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, pour les étrangers. En partant de la simple parole sur le manque de place dans la salle commune, nous pouvons nous rendre compte combien nous est nécessaire l’exhortation de Saint Paul : « Transformez-vous en renouvelant votre façon de penser » (Rm 12, 2). Paul parle du renouvellement, de l’ouverture de notre intellect (nous) ; il parle en général de la façon dont nous voyons le monde et nous-mêmes. La conversion dont nous avons besoin doit atteindre vraiment jusqu’aux profondeurs de notre rapport avec la réalité. Prions le Seigneur afin que nous devenions vigilants envers sa présence, afin que nous entendions comment il frappe de manière discrète mais insistante à la porte de notre être et de notre vouloir. Prions-le afin qu’il se crée au fond de nous-mêmes un espace pour lui et afin qu’ainsi nous puissions aussi le reconnaître en ceux par qui il s’adresse à nous : dans les enfants, dans les personnes qui souffrent et dans celles qui sont abandonnées, dans les personnes marginalisées et dans les pauvres de ce monde.
Il y a encore une deuxième parole dans le récit de Noël sur laquelle je voudrais réfléchir avec vous : l’hymne de louange que les anges entonnent après le message concernant le Sauveur nouveau-né : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes objets de sa bienveillance ». Dieu est glorieux. Dieu est pure lumière, splendeur de la vérité et de l’amour. Il est bon. Il est le véritable bien, le bien par excellence. Les anges qui l’entourent transmettent simplement d’abord la joie pour la perception de la gloire de Dieu. Leur chant est une irradiation de la joie dont ils sont remplis. Dans leurs paroles, nous entendons, pour ainsi dire, quelque chose des sons mélodieux du ciel. Là aucune question sur l’objectif n’est sous-entendue, il y a simplement le fait d’être comblés du bonheur venant de la perception de la pure splendeur de la vérité et de l’amour de Dieu. Nous voulons nous laisser toucher par cette joie : la vérité existe. La pure bonté existe. La pure lumière existe. Dieu est bon et il est la puissance suprême, au-dessus de toutes les puissances. De cela nous devrions nous réjouir simplement en cette nuit, avec les anges et les bergers.
La paix sur la terre entre les hommes est en relation avec la gloire de Dieu au plus haut des cieux. Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix. Aujourd’hui, pourtant, des courants de pensée répandus soutiennent le contraire : les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde ; il conviendrait avant tout de libérer l’humanité des religions, afin qu’il se crée ensuite la paix ; le monothéisme, la foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité. Il est vrai que, dans l’histoire, le monothéisme a servi de prétexte à l’intolérance et à la violence. Il est vrai qu’une religion peut devenir malade et arriver ainsi à s’opposer à sa nature la plus profonde, quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée. Nous devons être vigilants face à ces travestissements du sacré. Si dans l’histoire un certain usage inapproprié de la religion est incontestable, il n’est pourtant pas vrai que le « non » à Dieu rétablirait la paix. Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre. Alors, nous ne sommes plus tous frères et sœurs, enfants de l’unique Père qui, à partir du Père, sont en relation mutuelle. Quels types de violence arrogante apparaissent alors et comment l’homme déprécie et écrase l’homme, nous l’avons vu dans sa toute cruauté au cours du siècle dernier. Seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable. Dans la Sainte Nuit, Dieu lui-même s’est fait homme, comme le prophète Isaïe avait annoncé : l’enfant né ici est “Emmanuel”, Dieu avec nous (cf. Is 7, 14). Et au cours de tous ces siècles, vraiment, il n’y a pas eu seulement des cas d’usage inapproprié de la religion, mais des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la foi en ce Dieu qui s’est fait homme. Dans l’obscurité du péché et de la violence, cette foi a introduit un rayon lumineux de paix et de bonté qui continue à briller.
Ainsi, le Christ est notre paix et il a annoncé la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches (cf. Ep 2, 14.17). Comment ne devrions-nous pas le prier en cette heure : Oui, Seigneur, annonce-nous aussi aujourd’hui la paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches. Fais qu’aujourd’hui encore les épées soient transformées en socs (cf. Is 2, 4), qu’à la place des armements pour la guerre succède de l’aide pour ceux qui souffrent. Éclaire les personnes qui croient devoir exercer la violence en ton nom, afin qu’elles apprennent à comprendre l’absurdité de la violence et à reconnaître ton vrai visage. Aide-nous à devenir des hommes « objets de ta bienveillance » – des hommes à ton image et ainsi des hommes de paix.
À peine les anges se furent-ils éloignés que les bergers se disaient entre eux : Allons jusque là-bas, à Bethléem et voyons cette parole qui s’est réalisée pour nous (cf. Lc 2, 15). Les bergers partirent donc en hâte vers Bethléem, nous dit l’évangéliste (cf. 2, 16). Une sainte curiosité les poussait à voir dans une mangeoire ce petit enfant, dont l’ange avait dit qu’il était le Sauveur, le Christ, le Seigneur. La grande joie, dont l’ange avait parlé, avait touché leur cœur et leur donnait des ailes.
Allons là-bas, à Bethléem, nous dit aujourd’hui la liturgie de l’Église. Trans-eamus traduit la Bible latine : “traverser”, aller là-bas, oser le pas qui va au-delà, la “traversée”, par laquelle nous sortons de nos habitudes de pensée et de vie et dépassons le monde purement matériel pour arriver à l’essentiel, au-delà, vers ce Dieu qui, pour sa part, est venu ici, vers nous. Nous voulons prier le Seigneur, afin qu’il nous donne la capacité de dépasser nos limites, notre monde; afin qu’il nous aide à le rencontrer, particulièrement au moment où lui-même, dans la Sainte Eucharistie, se pose dans nos mains et dans notre cœur.
Allons là-bas, à Bethléem : avec ces paroles que, en union avec les bergers, nous nous disons les uns aux autres, nous ne devons pas penser seulement à la grande traversée vers le Dieu vivant, mais aussi à la ville concrète de Bethléem, à tous les lieux où le Seigneur a vécu, agi et souffert. Prions en ce moment pour les personnes qui aujourd’hui y vivent et y souffrent. Prions pour qu’il y ait la paix. Prions afin qu’Israéliens et Palestiniens puissent mener leur vie dans la paix du Dieu unique et dans la liberté. Prions aussi pour les pays environnants, pour le Liban, pour la Syrie, pour l’Iraq et ainsi de suite : afin que la paix s’y renforce. Que les chrétiens dans ces pays où notre foi a trouvé son origine, puissent maintenir leur demeure; que les chrétiens et les musulmans construisent ensemble leurs pays dans la paix de Dieu.
Les bergers sont partis en hâte. Une sainte curiosité et une sainte joie les poussaient. Parmi nous, il arrive peut-être très rarement que nous nous hâtions pour les choses de Dieu. Aujourd’hui, Dieu ne fait pas partie des réalités urgentes. Les choses de Dieu, ainsi pensons-nous et disons-nous, peuvent attendre. Pourtant, il est la réalité la plus importante, l’Unique qui, en dernière analyse, est vraiment important. Pourquoi ne devrions-nous pas être pris, nous aussi, par la curiosité de voir de plus près et de connaître ce que Dieu nous a dit ? Prions-le afin que la sainte curiosité et la sainte joie des bergers nous touchent nous aussi en ce moment, et allons donc avec joie là-bas, à Bethléem – vers le Seigneur qui, aujourd’hui aussi, vient de nouveau vers nous. Amen.

The Nativity of the Christ

24 décembre, 2012

The Nativity of the Christ dans images sacrée

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Noël 2012

24 décembre, 2012

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Noël 2012

Tous les ans, on se rassemble pour fêter Noël : tout est prévu, le réveillon, les cadeaux, le sapin, les décorations. Nous chrétiens, nous savons que cette fête c’est celle de la naissance et de la venue de Jésus dans notre vie et notre monde. Mais plus le temps passe, moins on semble se rappeler  du véritable sens de cette fête. Les familles et les amis se rassemblent pour s’amuser. De grands banquets sont organisés. Mais on oublie Celui qui devrait en être le principal invité. Toutes les portes se referment devant lui. C’est un peu comme un enfant qui invite ses amis à son anniversaire : si personne ne s’occupe de lui, nous  pouvons imaginer sa déception.
En venant ici dans cette église, nous voulons précisément nous rassembler autour de Celui qui nous invite à SA fête. Noël ce n’est pas seulement l’anniversaire d’un événement d’autrefois. C’est Jésus qui continue à vouloir naître dans notre vie et notre monde. C’est là le grand cadeau que Dieu nous fait : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. » A côté de ce cadeau extraordinaire, tout le reste c’est de la pacotille ; c’est comme des boites entourées de papier brillant qu’on met sur le sapin de Noël, mais à l’intérieur, elles sont vides.
Noël, c’est une bonne nouvelle pour « peuple qui marchait dans les ténèbres » (Isaïe). Nous aussi, nous sommes ce peuple envahi par les ténèbres : ténèbres de la guerre, de la violence, de l’égoïsme, ténèbres de l’ignorance religieuse et de l’indifférence, ténèbres de l’exclusion… Les pauvres y deviennent de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux. Les actes de violence font chaque jour la une des médias. Mais au milieu de ces ténèbres, une lumière a resplendi : des associations s’organisent pour aider les plus pauvres à sortir de leur misère. A travers ces gestes de solidarité, c’est un peu plus de lumière qui vient éclairer notre monde.
Mais en cette fête de Noël, la bonne nouvelle c’est d’abord celle que les anges ont annoncée aux bergers. « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur… Il est le Messie, le Seigneur. » Cette bonne nouvelle aurait pu être annoncée en priorité aux prêtres, aux lévites, aux docteurs de la loi. C’étaient tous des gens très pieux et très cultivés, capables de lire la Bible et de l’expliquer, de chanter les psaumes et de respecter la loi. Ce ne sont pas ces notables qui sont choisis pour entendre la bonne nouvelle mais des pauvres bergers, des individus frustes qui vivent en pleine campagne. Ils sont considérés comme des marginaux par la société bien pensante. On ne les voit que très peu à la synagogue.
Mais ils ont une prédisposition que les autres n’ont pas. Alors que tout le monde dort, eux ils veillent dans la nuit de Bethléem. Ils veillent sur leurs bêtes, oui, bien sûr, mais aussi, peut-être dans leur cœur. Eux qui sont considérés comme des moins-que-rien dans le monde des hommes, ils devaient rêver de quelqu’un qui pourrait les respecter, les estimer ou tout simplement leur parler. Or voilà que c’est à eux que cette bonne nouvelle est proclamée. C’est déjà une manière d’annoncer que le Sauveur est venu pour les petits, les pauvres, les exclus. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Bien sûr, les autres ne sont pas rejetés : Dieu aime tous les hommes, juifs et païens, riches et pauvres.
Mais ce n’est pas à la porte des grands que Dieu vient frapper. Ces derniers ont d’autres préoccupations. Ce n’est pas dans le bruit nous dans l’agitation qu’il se révèle. Rappelons-nous ce qui s’est passé avec le prophète Elie : c’est dans le silence qu’il a entendu Dieu. Et c’est dans le silence de la nuit, loin de tout, que le Fils de Dieu devient l’un de nous. C’est un tout petit bébé comme chacun de nous à sa naissance. Ce silence continuera à Nazareth. Enfant comme les autres, on l’appellera « le fils du charpentier ».
La naissance de Jésus est l’annonce de ce que sera sa vie. Il naît come un sans abri. Plus tard il dira qu’il n’a pas « d’endroit où reposer sa tête ». Né sur les planches d’une mangeoire, il mourra sur le bois de la croix. Par ailleurs, une mangeoire sert à nourrir le bétail. Or Jésus se présentera précisément comme le bon berger qui prend soin de chacune de ses brebis. Il faut aussi savoir que le nom de Bethléem signifie « la maison du pain ». La naissance de Jésus dans ce village et dans une mangeoire nous annonce la nourriture qu’il donnera au monde : « Moi je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ».
Nous n’aurons jamais fini de découvrir la grandeur de ce cadeau extraordinaire que Dieu nous fait. Il dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. C’est ce cadeau que nous sommes invités à redécouvrir en cette année de la foi pour le révéler au monde. Avec la venue de Jésus, c’est Dieu qui nous rejoint. Dans les circonstances les plus humbles et les plus douloureuses, il est Emmanuel, Dieu avec nous. Il se fait petit enfant pour partager notre existence et nous accompagner sur le chemin qu’il est venu nous montrer. En ce temps de Noël, nous le supplions : « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen

Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye), Dossiers personnels

Le mardi 25 décembre 2012 : Noël. Messe du Jour

24 décembre, 2012

http://vallee-aisne60.cef.fr/Noel-Messe-du-Jour.html

Le mardi 25 décembre 2012

Noël 0 : Noël. Messe du Jour

« La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ; elle venait dans le monde. Elle était dans le monde, et le monde est venu à l’existence par elle, mais le monde ne l’a jamais connue. »

La Parole de Dieu a retenti, à la crèche les bergers voient Jésus avec Marie et Joseph. Le Secret de Jésus se propage maintenant dans l’Église : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu ; Par lui tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans Lui. » Et nous pouvons descendre des hauteurs pour le trouver : « Le Verbe s’est fait chair. Il a habité parmi nous. » Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Nous sommes dans la contemplation d’un si grand mystère : Dieu se révèle : Amour. Il nous a parlé par ce Fils, héritier de toutes choses, Lui qui a créé les mondes, Reflet resplendissant de son être ! A partir du tout petit enfant de Marie qui transpire la joie et la paix de Dieu nous trouvons le bonheur. Le voilà annoncé par toute la terre, le ciel est en fête, Dieu n’est pas loin de nous.
« Tout est venu à l’existence par elle, et rien n’est venu à l’existence sans elle. Ce qui est venu à l’existence en elle était vie, et la vie était la lumière des humains. » Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la bonne nouvelle, les messagers de paix ! Après avoir contemplé Jésus sur la terre, nous devenons ses messagers. « Il y eut un homme envoyé par Dieu, son nom était Jean, il était venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la lumière. » Comme dans ce texte de Jean, le messager de Dieu et Dieu fait homme sont entrelacés. Mystère de la parole de Dieu qui est tellement humaine, de ce prodigieux mystère où humanité et divinité sont maintenant indissolublement unies : Qu’ils sont beaux ceux qui parlent de Dieu avec le langage même de Dieu, ceux qui sont entrés dans son Amour. A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu.
« Nous, en effet, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus–Christ. » Les messagers annoncent la Bonne Nouvelle du Seigneur venu chez les siens, les pauvres. Quelle que soit notre race, notre appartenance sociale nous pouvons rejoindre l’enfant Dieu de Noël. Dieu met son plaisir avec les enfants des hommes, il trouve là son bonheur, il est notre Dieu. Il est au plus intime de notre vie, de notre être et nous le rejoignions pour vivre par lui. Il vient chez nous à Noël pour nous élever jusqu’à lui. De la Crèche au Crucifiement, Il est déjà offert en Sacrifice d’amour. Celui qui naît dans une mangeoire, devient le Pain de la Vie. Nous partageons le Pain et nous buvons à la Coupe du salut pour devenir son visage, ses témoins. « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui portent la bonne nouvelle ! » C’est notre vocation, elle est si belle.
Nous demandons à Marie la grâce de cheminer avec nous, de nous rappeler sans cesse que Jésus est le seul bonheur de l’humanité.

The incarnation of Jesus demonstrates that God meets us where we are at as humans.

22 décembre, 2012

The incarnation of Jesus demonstrates that God meets us where we are at as humans. dans images sacrée 002scene
http://ficinocafe.wordpress.com/2009/12/

La Vierge Marie, modèle de notre Oui

22 décembre, 2012

http://www.mavocation.org/vocation/saints/117-vierge-marie.html

La Vierge Marie, modèle de notre Oui

par Mgr Georges Soubrier, Évêque émérite de Nantes

Une vocation exceptionnelle. Pourtant, tout le mystère d’une vocation est vécu dans le mystère de l’Annonciation. « Le Pèlerinage de foi » de Marie, c’est aussi le nôtre, comme l’a redit avec force le Pape Jean-Paul II dans sa lettre encyclique « La Mère du Rédempteur ».

« Il ne s’agit pas ici seulement de l’histoire de la Vierge Marie, de l’itinéraire personnel de sa foi et de la meilleure part qu’elle a dans le mystère du salut, mais aussi de l’histoire de tout le Peuple de Dieu, de tous ceux qui participent au même pèlerinage de la foi. »
Dans l’annonce faite à Marie, tout est infini respect. Chaque nom s’inscrit dans l’attention d’amour que Dieu porte au monde. « L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu, dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David ; cette jeune fille s’appelait Marie » (Luc 1, 26-27).
Chaque personne, chaque lieu entre ainsi dans la trame d’une histoire où le plus décisif se joue dans l’acceptation ou le refus de l’Amour qui vient de Dieu.
Un nom nouveau : « Comblée de Grâce »    
C’est de Dieu que Marie reçoit cette bénédiction unique parmi toutes les bénédictions qui nous sont données dans le Christ. Elle est choisie entre toutes les femmes pour que s’ouvrent les temps nouveaux. Reconnaître notre vocation, c’est laisser Dieu nous révéler que nous avons du prix à ses yeux. Son appel nous fait devenir pleinement ce que nous sommes.         
« Dans le christianisme, le point de départ, c’est l’incarnation du Verbe. Ici ce n’est pas seulement l’homme qui cherche Dieu, mais c’est Dieu qui vient en personne parler de lui-même à l’homme… Celui-ci est une épiphanie de la Gloire de Dieu, il est appelé à vivre de la plénitude de la vie en Dieu » (Lettre apostolique pour le jubilé de l’an 2000, n° 6).
La rencontre des deux libertés
L’initiative de Dieu n’est pas à mesure humaine. Marie « fut très troublée et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation ». Elle cherche à saisir le sens profond de cette révélation inattendue : « Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et tu enfanteras un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut » (Luc 1, 30-32).
La foi de Marie requiert toute sa liberté. « Comment cela sera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? »
A la différence de Zacharie qui doute et voudrait un signe (Luc 1, 18), Marie exprime dans sa question son désir de recevoir le signe de Dieu, de toute son intelligence, de tout son cœur. « C’est ainsi que, toujours dans la vocation, brillent ensemble l’amour gratuit de Dieu et l’exaltation la plus haute possible de la liberté humaine, celle de l’adhésion à l’appel de Dieu et de la confiance en lui » (Jean-Paul II : Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur).
L’Amour seul est digne de foi
La vocation de Marie prend sa source dans l’Amour qui fait toutes choses nouvelles. L’esprit viendra sur elle. Il est création et vie. Marie épouse à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine du salut. Ce qui exige le plus la foi, ce ne sont pas les sacrifices que Dieu demande, c’est la promesse inespérée qu’il fait. Comme Abraham « espérant contre toute espérance », Marie croit en la Parole de Dieu. L’Esprit fait de toute vocation un acte et un signe d’espérance… « Et l’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5).
« Rien n’est impossible à Dieu. » Élisabeth, la stérile, attend un enfant. Celui qui désespère de lui-même, parce qu’il est enfermé dans ses propres richesses est renvoyé par le Maître à la puissance de Dieu : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible » (Mt 19, 26).
Marie est la mère de Jésus selon la chair et d’abord selon la foi, comme dit saint Augustin : « Marie est bienheureuse parce qu’elle a entendu la Parole de Dieu et l’a gardée : son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair. »
Accueillir la vocation, c’est accueillir la grâce d’en faire un choix d’amour.
« Qu’il m’advienne selon la Parole. » Une réponse qui appelle d’autres « me voici »…
Marie s’en remet à Dieu sans réserve. Elle se livre tout entière à la personne et à l’œuvre de son fils. C’est jusqu’à la Croix qu’elle avance dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son fils.
Notre contemplation de son fiat devient invocation :
« Pour qu’enfin l’amour nous engage
Et nous livre à lui davantage,
Gravez en nous ce visage
Que vous avez chéri. »
Avec Marie nous découvrons que la vocation constitue l’être profond de l’Église avant même son action. Elle est « assemblée des appelés ».
Confions à l’intercession de Marie la tâche de toute l’Église :
Marie contemplée et invoquée comme modèle de la foi vécue.
Marie contemplée et imitée comme la femme fidèle à la Voix de l’Esprit, la femme du silence et de l’écoute, la femme de l’espérance.
Marie exemple parfait de l’amour envers Dieu et envers le prochain.
Marie est son nom et toute sa vie le proclame : « Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son nom ».

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