Archive pour le 28 décembre, 2012
La Sainte Famille (30 Décembre 2012) – biblique
28 décembre, 2012http://www.bible-service.net/site/432.html
La Sainte Famille (30 Décembre 2012)
La Maison du Seigneur, le Temple, est au cœur des lectures de ce jour. Le Seigneur a exaucé la prière d’Anne en mettant fin à sa stérilité. Devenue mère du petit Samuel, Anne vient le présenter au temple du Seigneur (première lecture). Le psaume quant à lui, chante la joie de ceux qui fréquentent le Temple : “ mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ! ” Dans l’évangile enfin, Marie, Joseph et Jésus adolescent vont également dans le temple. À l’insu de ses parents, Jésus y reste auprès de son Père. Il est le Fils, venu nous annoncer la grandeur de l’amour du Père pour nous.
• 1 Samuel 1,20-22.24-28
C’était avant l’existence du Temple de Jérusalem. Elcana, un homme d’Arimathie (le village où naîtra plus tard Joseph, celui qui ensevelira le corps de Jésus) monte avec ses deux femmes au temple de Silo. La première, Peninna, a des fils et des filles. La seconde, bien que préférée par son mari, est stérile. Anne prie le Seigneur en présence du prêtre Éli. Elle fait un vœu : si le Seigneur l’exauce et lui donne un fils, elle offrira ce fils au Seigneur. Le Seigneur écoute Anne qui met au monde un fils.
Dans l’extrait de ce jour, Anne monte au sanctuaire, non pour le pèlerinage annuel, mais pour offrir son fils au Seigneur. Le Seigneur lui a donné ce fils, elle le lui rend, conformément à son vœu. L’enfant grandira auprès du prêtre Éli jusqu’au jour où le Seigneur l’appellera pour une mission prophétique. C’est lui qui choisira et qui consacrera Saül, puis David, les premiers rois d’Israël.
• Psaume 83
Ce psaume de pèlerinage a sans doute était prié par la Sainte Famille lors de son arrivée sur les parvis du Temple. Avec beaucoup de force, le croyant exprime le désir irrésistible qui le pousse vers la maison du Dieu vivant. Il envie les oiseaux qui nichent sur les corniches du Temple ! Si seulement il pouvait rester jour et nuit auprès de son Seigneur et de son Dieu, comme ces oiseaux et comme les prêtres et les lévites qui sont dans le sanctuaire.
Le psalmiste élargit sa prière en pensant au bonheur de tous ceux qui font confiance à Dieu et qui marchent à sa suite. Le Dieu du Temple est à la fois celui qui a fait alliance avec un peuple. Il est le Dieu de Jacob. Mais il est également le Dieu de l’univers, le Dieu de tous les hommes.
Le psaume s’achève par une prière pour le roi. Celui-ci est le protecteur de son peuple, son bouclier. Dieu l’a choisi. Il est le Messie de Dieu.
• Luc 2,41-52
Les deux premiers chapitres de l’Évangile de Luc utilisent un langage à la fois symbolique et théologique. Il n’a aucune prétention à nous informer sur l’enfance de Jésus, dont il ne sait probablement rien lui-même. Il nous annonce plutôt les grands thèmes de son évangile qui commence avec le baptême de Jésus dans le Jourdain par Jean-Baptiste.
Dans les deux chapitres d’introduction à son œuvre littéraire (son Évangile et les Actes des Apôtres), Luc fait venir Jésus deux fois au Temple de Jérusalem avec ses parents. Chaque fois Jésus retourne ensuite à Nazareth où il continue de croître en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes. De sa vie à Nazareth, Luc ne rapporte rien, sinon qu’il était soumis à ses parents.
Ces deux montées au Temple de Jérusalem préparent déjà la grande montée définitive vers Jérusalem à la fin de la vie de Jésus (Luc 19,45ss). En regardant de près, on repère de nombreux éléments communs à ces trois montées. Chaque fois, on vient au Temple par respect pour une prescription de la Loi. La première fois, pour la présentation du premier-né, et les deux autres fois pour la célébration annuelle de la Pâque. Chaque fois il y a des paroles qui provoquent l’étonnement. Lors de la présentation, “ le père et la mère de l’enfant étaient étonnés de ce que [Siméon] disait de lui ”. Lors de la deuxième montée, tous ceux qui entendent le jeune Jésus discuter avec les docteurs de la loi sont dans l’étonnement et ses parents ne comprennent pas sa réponse lorsqu’il leur dit qu’il doit être aux choses de son Père. Enfin, lors de la dernière prédication de Jésus au Temple, personne ne le comprend lorsqu’il annonce la destruction de ce Temple. Les trois jours pendant lesquels Marie et Joseph cherchent Jésus annoncent déjà symboliquement les trois jours au tombeau. Marie ne comprend pas, tout comme elle ne comprendra pas au pied de la croix, mais elle garde tout dans son cœur, y compris l’annonce faite par Syméon lors de la première montée au Temple.
Homélie fête de la Sainte Famille, C
28 décembre, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie fête de la Sainte Famille, C
1 S 1, 20-22, 24-28 ; 1 Jn 3, 1-2, 21-24 ; Lc 2, 41-52
Il y a la « Sainte Famille » selon l’Evangile et celle selon l’imagerie de Saint-Sulpice. Deux mondes qui n’ont pas grand-chose de commun. La première est entourée de simplicité et de discrétion, présentée aussi avec un tel réalisme que notre goût du merveilleux en est étonné sinon blessé. Les images, elles, sont tout miel et couleurs pastels, têtes penchées et regards langoureux, fruits d’une piété par trop sentimentale qui nous éloigne considérablement des textes fondateurs. L’évangile de l’enfance, en effet, n’est pas un recueil d’histoires destiné à nous émouvoir, mais relation d’événements du salut à travers lesquels se révèlent la personne et la personnalité de Jésus.
La première description des évangélistes n’est certainement pas idéalisée, mais au contraire, très réaliste et à première vue surprenante. Jésus quitte ses parents sans permission ni explication. Joseph et Marie le cherchent et se rongent pendant trois jours. Au moment des retrouvailles, on assiste à un échange de reproches mutuels : Tu nous a fait souffrir… Pourquoi me cherchiez-vous ? Je dois aussi être chez mon Père, vous devriez le savoir ! Un dialogue de sourds qui se termine par un nouveau découragement : Marie et Joseph ne comprirent pas ce que leur fils leur disait.
La famille que l’Evangile nous propose comme sainte et comme modèle a connu les inévitables crises de croissance, le conflit des générations et les tensions qui naissent de la divergence des points de vue.
La famille évangélique d’hier ou d’aujourd’hui n’est donc pas celle qui ignore les problèmes ni celle qui rêve d’y échapper. Elle ne dépend pas non plus essentiellement des structures. Ce n’est pas la famille juive et rurale d’il y a deux mille ans qui nous est proposée comme modèle pour tous les temps, toutes les cultures, toutes les civilisations.
L’Evangile nous ramène sans cesse à l’essentiel… Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, donc sociables puisque Dieu se définit comme échange, relation, dialogue d’amour. Il est Trinité. Unité dans la diversité. Egalité dans la différence.
Ces lois de la dynamique divine, il nous faut les créer, les vivre et les développer au cœur même de toutes nos relations humaines : famille selon la chair ou famille selon l’esprit. Le foyer et l’Eglise. La famille a plusieurs dimensions qui se complètent et s’enrichissent. Un cœur extensible qui repousse sans cesse les frontières de la chair et du sang. Tout amour, et donc toute famille ou toute communauté, réussit dans la mesure même où ils sont expérience de la vie de Dieu -Trinité.
Ce qui veut dire que les relations au sein de la famille, qu’elles soient conjugales, parentales ou filiales, ne peuvent se transformer ni en prison ni en couveuse. Dans les deux cas, il s’agirait d’un amour – possession qui est en réalité une possession sans amour, une sorte de gourmandise qui réduit l’autre en un objet à usage personnel.
L’amour est éducateur, il fait grandir, s’épanouir. Il est don et accueil. Il vit d’influences réciproques. Il crée la liberté, la reconnaît et la respecte.
Aimer, c’est éduquer. Eduquer c’est créer, c’est faire l’autre, c’est-à-dire l’initier à la conduite de sa propre vie, à la réussite de son existence. Et c’est en même temps renoncer à faire de lui une image fidèle de nous-même. Il faut apprendre à l’autre et même l’aider à percevoir les appels venus de Dieu ou des appels venus du monde, pour qu’il soit capable d’y répondre… Devenu adolescent, Jésus se fait éducateur de la foi de ses parents.
De la « fugue » de Jésus et de sa présence « au milieu des docteurs de la Loi », des recherches entreprises par ses parents blessés de souffrance et leur stupéfaction de le trouver au Temple, nous pouvons trouver lumière et chemin pour aujourd’hui. Et il en est de même pour ce manque de foi que Jésus reproche à Marie et Joseph qui, malgré les explications qu’il leur donne, « ne comprirent pas ce qu’il leur disait ».
« Apprenez donc, disait Origène, où l’ont découvert ceux qui le cherchaient, afin que vous aussi en le cherchant, avec Marie et Joseph, vous puissiez le découvrir.(…) C’est à force de le chercher qu’ils l’ont trouvé, et pas n’importe où. (…) Vous aussi, cherchez Jésus dans le Temple de Dieu, cherchez-le dans l’Eglise, cherchez-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple. (…) Si vous cherchez ainsi, vous le trouverez. » Mais le chercher, le trouver, l’écouter et le suivre dans son cheminement d’homme, pour que nous puissions être adultes dans notre foi.
C’est dans cette même perspective que le pape Paul VI, en pèlerinage à Nazareth, priait en ces termes : « Enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret »…
C’est tout un programme pour toutes les familles. Un programme aussi pour la communauté chrétienne. Des vœux et des projets pour l’année nouvelle.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008