Archive pour le 14 décembre, 2012

3e dimanche de l’Avent, invitation à la joie

14 décembre, 2012

3e dimanche de l’Avent, invitation à la joie dans images sacrée III_DOMENICA_55_CEI-1
http://www.pgivrea.it/iii-domenica-di-avvento-2011-il-sussidio/

dimanche 16 décembre, commentaires de Marie Noëlle Thabut : Sophonie 3, 14 – 18

14 décembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

dimanche 16 décembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Sophonie 3, 14 – 18

14 Pousse des cris de joie, fille de Sion !
 Eclate en ovations, Israël !
 Réjouis-toi, tressaille d’allégresse,
 fille de Jérusalem !
15 Le SEIGNEUR a écarté tes accusateurs,
 il a fait rebrousser chemin à ton ennemi.
 Le roi d’Israël, le SEIGNEUR, est en toi. 
Tu n’as plus à craindre le malheur.
16 Ce jour-là, on dira à Jérusalem :
 « Ne crains pas, Sion !
 Ne laisse pas tes mains défaillir !
17 Le SEIGNEUR ton Dieu est en toi,
 c’est lui, le héros qui apporte le salut.
 Il aura en toi sa joie et son allégresse,
 il te renouvellera par son amour ;
 il dansera pour toi avec des cris de joie,
18 comme aux jours de fête. »

« Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête » (v. 17-18). Cette phrase-là, à elle toute seule, nous prouve que, dès l’Ancien Testament, les prophètes ont bien annoncé que Dieu est amour. Ce qui veut dire, au passage, que nous commettons un contresens quand nous disons que seul le Nouveau Testament parle d’un Dieu d’amour ! Le Dieu qui nous est présenté dans ce texte de Sophonie est tellement proche de son peuple qu’il danse avec lui !
 La « danse » de Dieu…! Il faut quand même l’audace d’un prophète pour écrire noir sur blanc « Dieu dansera pour toi (entendez son peuple) avec des cris de joie » ! Nous ne sommes pas tellement habitués à de telles expressions ; mais puisque par les prophètes, c’est Dieu qui parle, il faut prendre cette phrase très au sérieux ! Or avec qui préfère-t-on danser ? Avec celle qu’on aime évidemment ! Voilà l’extraordinaire Bonne Nouvelle de ce dimanche : Jérusalem et avec elle toute l’humanité est la bien-aimée de Dieu !
 Ces propos de Sophonie sont bien audacieux et il a fallu des siècles de Révélation biblique (c’est-à-dire de pédagogie de Dieu) pour en arriver là. La Révélation de Dieu comme Epoux, n’a pu se faire qu’après des siècles d’histoire biblique ; au début de l’Alliance entre Dieu et son peuple, cette notion aurait été trop ambiguë. Les autres peuples ne concevaient que trop facilement leurs dieux à l’image des hommes et de leurs histoires de famille ; dans une première étape de la Révélation, il fallait donc déjà découvrir le Dieu tout-Autre que l’homme et entrer dans son Alliance.
 C’est le prophète Osée (au huitième siècle) qui, le premier, a parlé de l’Alliance entre Dieu et son peuple, non plus seulement comme d’un contrat, fait d’engagement et de fidélité mutuelle, comme tout contrat, mais comme d’un véritable lien d’amour, celui des fiançailles. Tous les prophètes ultérieurs, le premier Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, le deuxième et le troisième Isaïe ont développé ce thème des noces entre Dieu et son peuple ; et on retrouve chez eux tout le vocabulaire des fiançailles et des noces : les noms tendres, la robe nuptiale, la couronne de mariée, la fidélité… Le troisième Isaïe (au sixième siècle) poussera l’audace jusqu’à employer le mot « désir » (au sens de désir amoureux) pour traduire les sentiments de Dieu à l’égard de son peuple.
 Quant au Cantique des Cantiques, long dialogue amoureux, composé de sept poèmes, nulle part il n’identifie les deux amoureux qui s’y expriment ; mais les Juifs le considèrent comme le dialogue entre Dieu et son peuple ; la preuve, c’est qu’ils le lisent tout spécialement au cours de la semaine de la célébration de la Pâque, la grande fête de l’Alliance de Dieu avec son peuple.
 Mais, si elles nous remplissent d’émerveillement, ces audaces des prophètes sont empreintes également de gravité et d’exigence. Car, si le peuple d’Israël peut être comparé à une épouse, toute infidélité à l’Alliance n’est plus seulement un manquement à un contrat, cela devient un véritable adultère ! On lit donc chez eux également tout le vocabulaire de la jalousie, l’ingratitude, la tromperie, les retrouvailles. Ce qu’ils appellent les infidélités du peuple, ce sont ses retombées dans l’idolâtrie.
 Revenons à Sophonie : c’est un prophète du septième siècle av.JC., à Jérusalem, sous le règne du roi Josias (monté sur le trône en 640). Son livre est très court, il ne couvre que cinq pages dans la Bible, notes comprises…! Mais il est très dense et certaines de ses pages sont devenues célèbres ; Sophonie appelle le roi et le peuple à la conversion : « Recherchez le SEIGNEUR, vous tous, les humbles de la terre, qui mettez en pratique le droit qu’il a établi ; recherchez la justice, recherchez l’humilité, peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du SEIGNEUR. » (So 2, 3). De conversion, il y en a grand besoin : sous les règnes précédents (des deux rois Manassé, 687-642, et Amon, 642-640), tous les commandements de Dieu ont été bafoués comme à plaisir ! (idolâtries, violences, fraudes, mensonges, injustices sociales, orgueil des puissants, écrasement des pauvres)… On pourrait résumer en disant : « tout ce qui déplaît à Dieu, on le fait ».
 Et Sophonie ne se prive pas de dénoncer : par exemple : « ceux qui se prosternent devant le SEIGNEUR tout en jurant par leur dieu Mélek » (1, 5) ; (ce qui revient à les accuser d’idolâtrie doublée d’hypocrisie!). Ou encore « ceux qui remplissent la maison de leur Seigneur du produit de la violence et de la fourberie. » (1, 9). Et au début du chapitre 3 : « Au milieu de Jérusalem, ses ministres sont des lions rugissants ; ses juges, des loups au crépuscule, qui n’ont plus rien à ronger au matin (parce que leur voracité est telle qu’ils engloutissent rapidement leurs proies !). Ses prophètes sont des vantards, des tricheurs ; ses prêtres ont profané ce qui est sacré, ils ont violé la loi. » (3, 3 – 4).
 Sophonie va donc user des deux langages habituels des prophètes : la menace contre ceux qui font du mal ; les encouragements pour ceux qui essaient de rester fidèles. Et autant il sera violent dans ses menaces, autant il sera encourageant et optimiste pour les fidèles, ceux qu’il appelle les humbles.
 Premier langage : la violence dans les menaces, vous la connaissez, et malheureusement, on n’a souvent retenu que cela : c’est d’un texte de Sophonie qu’est tiré le fameux chant « Dies Irae, dies Illa… » (Jour de colère que celui-là), un chant que tous les auteurs de Requiem ont mis en musique ! Jour de colère… le risque, en chantant ce texte, c’est de croire qu’il faut avoir peur de la fin du monde …! Ce qui serait encore un contresens : car la colère de Dieu est toujours seulement contre le mal, contre ce qui fait le malheur de l’homme… puisque le seul but de Dieu, c’est le bonheur de l’humanité.
 Deuxième langage, les encouragements : le texte d’aujourd’hui est de ceux-là. Et à qui s’adresse-t-il ? Au peuple d’Israël, et particulièrement à Jérusalem (Sion est le nom de la colline de Jérusalem sur laquelle Salomon a bâti le Temple qui devait être le symbole de la Présence de Dieu) : « Pousse des cris de joie, fille de Sion » : « Fille de Sion » veut dire Sion tout simplement c’est-à-dire Jérusalem et à travers elle le peuple élu. (C’est l’une des particularités de l’hébreu : nous avons rencontré récemment ce genre d’expression en hébreu avec le texte de Daniel qui parlait d’un fils d’homme, ce qui voulait dire « homme »).
 « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi, en vaillant Sauveur » ; ce chant habite nombre de nos fêtes, mais savons-nous qu’il est inspiré du prophète Sophonie ? Plus étonnant, cette annonce apparemment triomphante est prononcée à une époque où ni la ville sainte, ni le peuple ne se montrent dignes de telles déclarations. Mais notre indignité ne saurait éteindre l’amour de Dieu !
 Le discours de Sophonie à l’adresse de Jérusalem est donc un encouragement à la conversion. Il faut se remettre en mémoire les versets qui précèdent juste la lecture d’aujourd’hui : « En ce jour-là, tu n’auras plus à rougir de toutes tes mauvaises actions, de ta révolte contre moi ; car à ce moment, j’aurai enlevé du milieu de toi tes vantards orgueilleux, et tu cesseras de faire l’arrogante sur ma montagne sainte. Je maintiendrai au milieu de toi un reste de gens humbles et pauvres ; ils chercheront refuge dans le Nom du SEIGNEUR. Le reste d’Israël ne commettra plus d’iniquité ; ils ne diront plus de mensonges, on ne surprendra plus dans leur bouche de langage trompeur : mais ils paîtront et se reposeront sans personne pour les faire trembler. » (So 3, 11-13). Alors de ce reste d’Israël converti naîtra la nouvelle Jérusalem : elle accomplira enfin sa vocation d’être la ville de la Présence de Dieu, et n’aura plus rien à craindre de personne. Ce que Sophonie traduit par l’expression : « Le SEIGNEUR ton Dieu est en toi ! » Ce qui, si l’on y réfléchit bien, est une reprise pure et simple des promesses de Dieu au Sinaï. C’est le sens même du Nom de Dieu (YHVH que nous traduisons par SEIGNEUR) révélé à Moïse.
 On retrouve là une grande parenté avec d’autres prophètes de la même époque ; Joël par exemple : « Mon peuple ne connaîtra plus la honte, jamais. Vous saurez que je suis au milieu d’Israël, moi, et que je suis le SEIGNEUR, votre Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre. » (Jl 2, 26 – 27). Des siècles plus tard, dans une autre période de morosité, le livre de Zacharie reprendra textuellement la phrase de Sophonie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !… » (Za 9, 9). Parce que Dieu n’a éternellement qu’une seule chose à dire à son peuple : « Ne crains pas, le Seigneur ton Dieu est en toi. »
 Encore quelques siècles, et le messager de Dieu viendra dire à une fille d’Israël : « Réjouis-toi, Marie… Le Seigneur est avec toi ». Et grâce à elle nous verrons Dieu parmi les hommes. Saint Jean pourra dire : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jn 1, 14).

Homélie 3e dimanche de l’Avent, C

14 décembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie 3e dimanche de l’Avent, C

So 3, 14-18 ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18

Ces trois textes bibliques m’ont fait penser à un vieux « tube » de Charles Trenet : « Y’a d’la joie, partout y’a d’la joie… ». Ce qui n’est généralement pas le cas. Il suffit de lire les quelques autres pages du petit livre de Sophonie. Il y est surtout question de jours de détresses et d’angoisses, d’orgueil et de manques de justice.
Quant à saint Paul, il semble vivre en dehors du temps et des préoccupations quotidiennes. Il balaye les inquiétudes, nous invite à garder la sérénité et la joie, comme s’il pratiquait la méthode Coué. Il ose même ajouter : « Ne soyez inquiets de rien ». Il a beau dire… Cela ne va pas de soi. Mais à l’époque où il écrit cette lettre, Paul est en prison, toutefois il sait qu’il va être libéré.
Cerise sur le gâteau, ce troisième dimanche de l’Avent, est même appelé le dimanche « en rose », puisque la liturgie permet ce jour-là, de remplacer le violet du temps de pénitence par le rose qui se rapproche du blanc de la fête.
Dans l’Evangile, Jean Baptiste nous annonce LA Bonne Nouvelle, mais elle n’est pas sans conditions. Heureusement, il précise ce que l’on doit faire, notamment pour découvrir le sens profond de la joie et ses racines.
Or, la joie évoquée ici n’est pas suscitée par une guérison, ni une promotion, ni une diminution des impôts. La joie naît de la rencontre avec quelqu’un. Une heureuse présence, qui ne supprime pas pour autant les difficultés. Mais il y a quelqu’un pour les porter avec nous, mieux les juger à leur juste valeur, chercher avec nous des remèdes ou des solutions. Ce qui est considérable.
La lettre de Paul, est aussi une véritable épître de la joie. Non pas la joie d’une réussite quelconque, mais celle d’appartenir au Christ. Nous dirions aujourd’hui : Heureux et fiers d’être chrétiens, et de pouvoir épouser le comportement du Christ dans ses relations avec Dieu et avec nos sœurs et nos frères humains.
Ce Verbe de Dieu, « Il est proche », proclame Sophonie. Tellement proche qu’ « il est en toi ». Cette proximité du Seigneur, précise Paul, relativise les inquiétudes, nourrit la joie, contribue à la sérénité, et donne la paix de Dieu. C’est vraiment une Bonne Nouvelle.
Mais, explique à sa manière Jean Baptiste, si le don de la sérénité et de la joie vient de Dieu et est gratuit, il ne peut se développer et porter du fruit sans une participation active de notre part. La terre de notre cœur doit être labourée par la conversion. De même, notre agir doit être inspiré et orienté par le Christ « conçu au fond de nous-même », comme l’a écrit saint Augustin. Nous pouvons ainsi le mettre au monde en le manifestant dans nos comportements.
Ce « faire », Jean Baptiste le propose encore aujourd’hui avec des mots simples et directs, que chacun peut transformer dans l’ordinaire quotidien, non pas en vœux pieux, mais en actions concrètes de justice, d’amour et de solidarité. Tous les secteurs de la vie sont concernés et aucune catégorie de personnes n’est exemptée.
Pour suivre Jésus, pour préparer sa manifestation à Noël, il ne suffit donc pas de bâtir une crèche, ni d’organiser d’émouvantes célébrations.
Le Jean Baptiste d’hier se retrouve, par exemple, dans les animateurs et animatrices des Campagnes de l’Avent « Action Vivre Ensemble ». Ils nous rappellent aujourd’hui que si les personnes, les familles, les communautés et les nations qui ont deux vêtements et de quoi manger jusqu’à posséder des surplus, les partagent avec ceux et celles qui n’en ont pas… alors, la paix et la joie seront de la partie. Pensons-y spécialement ce dimanche au moment de l’offrande matérielle, qui est un « geste solidaire en Eglise ».
Plus largement, Jean nous demande aussi de ne jamais exiger l’impossible, d’éviter la violence en tout et partout. Dont celle des mots qui blessent et qui tuent. Et donc, de mettre notre point d’honneur à ne faire de tort à personne.
C’est par ces exhortations que Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. Il l’annonce encore aujourd’hui. Les paroles de l’Ecriture sont toujours neuves. Elles restent d’actualité. Elles sont proclamées dans un monde où l’argent est toujours roi, où le profit immédiat est la règle, où les écarts entre les riches et les pauvres se creusent toujours davantage.
Le Christ attend des chrétiens qu’ils soient des prophètes du comportement… Et les prophètes ne sont pas ceux qui prédisent l’avenir, mais ceux qui s’efforcent de comprendre comment la Parole de Dieu s’applique dans les situations et les problèmes d’aujourd’hui.
Préparer Noël, c’est préparer son cœur pour que le Christ vienne vraiment s’incarner dans notre vie. C’est accepter de mettre ses interpellations sur notre table. Pour accueillir vraiment Jésus, il faut être baptisés dans l’Esprit Saint et dans le feu. Car il y a, sur nos terres intérieures, du bon grain à récolter, mais également, ne l’oublions pas, de la paille à brûler.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1951 – 2008