Archive pour le 8 décembre, 2012

St Jean Baptiste

8 décembre, 2012

 St Jean Baptiste dans images sacrée 16%20GEERTGEN%20JOHN%20THE%20BAPTIST%20IN%20THE%20WILDERNES

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-03,01-John%20the%20baptist_Jean%20Baptiste/index.html

Dimanche 9 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut sur Baruc 5, 1 – 9

8 décembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 9 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Baruc 5, 1 – 9

1 Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère,
 et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours,
2 enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu,
 mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Eternel.
3 Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel,
4 car Dieu pour toujours te donnera ces noms :
 « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ».
5  Debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur,
 et regarde vers l’Orient :
 vois tes enfants rassemblés du Levant au Couchant
 par la parole du Dieu Saint ;
 ils se réjouissent parce que Dieu se souvient.
6 Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis,
 et Dieu te les ramène, portés en triomphe,
 comme sur un trône royal.
7 Car Dieu a décidé
 que les hautes montagnes
 et les collines éternelles seraient abaissées,
 et que les vallées seraient comblées :
 ainsi la terre sera aplanie,
 afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu.
8 Sur l’ordre de Dieu,
 les forêts et leurs arbres odoriférants
 donneront à Israël leur ombrage ;
9 car Dieu conduira Israël dans la joie,
 à la lumière de sa gloire,
 lui donnant comme escorte
 sa miséricorde et sa justice.

Il est magnifique, ce texte ! En même temps, nous avons une impression de déjà vu ! Pas étonnant, puisque, par endroits, il recopie des phrases entières du prophète Isaïe ; on ne sait pas qui était l’auteur du livre de Baruch : c’est certainement un prophète, vers le deuxième siècle av.J.C. ; on ne connaît pas son nom, mais il avait une admiration sans borne pour Jérémie et il a repris comme nom d’auteur celui du secrétaire de Jérémie, Baruch. Cela se faisait couramment à l’époque. Et prendre le nom de Baruch, c’était surtout une manière de s’inscrire dans la filiation spirituelle de Jérémie, le grand prophète de l’espérance.
 Car, à l’époque où notre prophète écrit, la tentation est grande de désespérer : toutes les belles promesses de Dieu, inlassablement répercutées par ses prophètes, s’accompliront-elles un jour ? Au contraire, le fameux « Jour de Dieu » dont parlait Jérémie, le temps de la Nouvelle Alliance, celui du règne de Dieu, c’est-à-dire de la justice et de la paix pour tous et pour toujours semble s’éloigner un peu plus chaque matin.
 Alors, pour regonfler les énergies de ses contemporains, l’auteur reprend à son tour les grands oracles d’espérance du livre d’Isaïe. Ce n’est pas du plagiat, c’est une profession de foi dans la validité des promesses. Nous avons rencontré exactement ce phénomène la semaine dernière avec un texte inséré dans le livre de Jérémie, des siècles après sa mort.
 Les textes que l’auteur du livre de Baruc a copiés du livre d’Isaïe datent tous de l’Exil à Babylone, et sont empruntés soit au deuxième, soit au troisième Isaïe. Certains concernent la gloire future de Jérusalem, d’autres annoncent le retour des exilés. Commençons par les promesses de retour au pays : pour annoncer que les juifs déportés à Babylone par Nabuchodonosor allaient être bientôt libérés, et prendre le chemin du retour, Isaïe avait raconté que le désert qui sépare Jérusalem de Babylone allait devenir une véritable autoroute : voici les mots d’Isaïe : « Une voix proclame : dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient abaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée ! Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. » (Is 40, 3-4). « De toutes les montagnes je me ferai un chemin, et les chaussées seront pour moi surélevées » (Is 49, 11). Et Baruc reprend en écho : « Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. »
 Autre image : dans le désert, par hypothèse, il n’y a pas de végétation ; pour annoncer le retour, comme un miracle de Dieu, Isaïe disait : « Je mettrai dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier (dit Dieu) ; j’introduirai le cyprès et le buis ensemble, afin que les gens voient et sachent, (afin) qu’ils s’appliquent et saisissent ensemble que la main du SEIGNEUR a fait cela, que le Saint d’Israël l’a créé. » (Is 41, 19). Baruc dit à son tour : « Sur l’ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice. » (Cette fois ce sont les talus de l’autoroute qui sont boisés d’arbres odoriférants !)
 Quant à la gloire future de Jérusalem, le deuxième Isaïe disait : « Surgis, surgis, revêts-toi de puissance, ô Sion, revêts tes habits de splendeur, Jérusalem, ville de la sainteté. » (Is 52, 1). Et nous entendons chaque année pour la fête de l’Epiphanie le fameux « Debout, Jérusalem, resplendis, elle est venue ta lumière et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi » (traduction liturgique) (du troisième Isaïe 60, 1). Ce que Baruc reprend pour ses contemporains : « Debout, Jérusalem ! … Quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours… Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel… »
 Il faut prendre le temps de s’arrêter sur ces phrases inouïes si on veut bien y réfléchir « Revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours » : il s’agit ni plus ni moins de devenir porteurs du rayonnement même de Dieu !
 Isaïe écrit encore : « Porte tes regards sur les alentours et vois : tous ils se rassemblent, ils viennent vers toi. Par ma vie, oracle du SEIGNEUR, oui, tu les revêtiras tous comme une parure, telle une promise, tu te feras d’eux une ceinture. » (Is 49, 18). Cela, c’est le deuxième livre d’Isaïe et le troisième : « Porte tes regards sur les alentours et vois : tous ils se rassemblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain et tes filles sont tenues solidement sur la hanche. » (Is 60, 4). Et là encore, on peut en lire l’écho chez Baruc : « Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’Orient : vois tes enfants rassemblés du Levant au Couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe comme sur un trône royal. »
 Evidemment, on peut se poser la question : si le livre de Baruc est beaucoup plus tardif que celui d’Isaïe, pourquoi la reprise de toutes ces promesses ? L’Exil à Babylone est fini depuis bien longtemps ! Ce n’est donc plus aux déportés du sixième siècle qu’il promet le retour. Pour qui donc alors reprend-il les thèmes et même les mots des prophètes du passé ? En fait, les « exilés » auxquels il s’adresse sont les Juifs de la Dispersion (ce qu’on appelle la « Diaspora »), toutes ces communautés juives répandues dans le monde gréco-romain, et qui se sentent comme exilées de Jérusalem. Le prophète sait bien que, malgré les vicissitudes de l’histoire, le projet de Dieu sur Jérusalem et sur l’humanité tout entière se réalisera.
 Baruc prêchait donc, tout comme Isaïe dans une période de découragement et de morosité : voilà une belle leçon de foi et d’espérance pour nous : tous les drames de notre temps, quels qu’ils soient, ne doivent pas entamer nos énergies… Au contraire, ils doivent les décupler.
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 Compléments
 - Racine racontait qu’il avait emmené La Fontaine à un office des Ténèbres où on avait lu un passage du livre de Baruc ; cela lui valut la réaction de La Fontaine : « Avez-vous lu Baruc ? C’était un beau génie ! » Il est vrai que pour quiconque est sensible à la poésie, Baruc est un livre superbe ; mais quant à savoir qui était Baruc, c’est une autre histoire ; il existe bien un certain Baruc, secrétaire de Jérémie, avant la prise de Jérusalem par les troupes de Nabuchodonosor, donc au début du sixième siècle av.J.C. ; et les premières lignes du livre prétendent être signées de lui. En réalité, l’auteur est un pseudonyme, plus jeune de plusieurs siècles ! (Il date du milieu du deuxième siècle, probablement). Aujourd’hui, les habitudes littéraires sont très différentes, mais à l’époque, cela se faisait couramment. On rendait hommage à un auteur célèbre du passé en empruntant sa signature.

 - Le chant « Jérusalem, Jérusalem, quitte ta robe de tristesse » est tout entier inspiré du livre de Baruc.

Homélie du 2e dimanche de l’Avent, C

8 décembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 2e dimanche de l’Avent, C

Ba 5, 1-9 ; Ph 1, 4-6, 8-11 ; Lc 3, 1-6

Chaque dimanche, nous confessons notre foi en proclamant le credo. Mais avez-vous déjà remarqué que, dans ces textes très vénérables, se niche en très sainte compagnie une authentique fripouille : Ponce Pilate, qui a représenté pendant dix ans le pouvoir occupant romain en Judée. Un gouverneur. Le pays était douloureusement régionalisé en quatre provinces, deux à majorité juive, deux à majorité païenne, administrées par des hommes de paille, l’un étant un indigène, un fils d’Hérode le Grand, assez détaché du judaïsme et qui favorisait même les cultes païens. Parmi les autorités religieuses autochtones, l’ancien grand prêtre Anne est très apprécié en cour de Rome. Il a de solides protections. Mais la Parole de Dieu ne sera pas adressée à la hiérarchie, mais à Jean, un très modeste personnage, un original. Fils d’un prêtre, il a refusé d’être prêtre à son tour, alors que le sacerdoce israëlite était héréditaire et surtout très honorifique. Mais Jean n’avait que faire des honneurs.
Ce jeune gaillard, très peu conformiste, va prendre des initiatives chères à la tradition prophétique. Ce qui va donner du fil à retordre, et aux autorités politiques, et aux autorités religieuses. Il le paiera de sa vie.
Cependant, c’est lui qui réveillera l’espérance du peuple et lui montrera comment préparer la venue du Messie, l’accueillir et le suivre. Non pas n’importe quel messie. Un Messie pleinement humain et donc pleinement spirituel. Et c’est Jésus qui décernera lui-même à Jean l’équivalent du prix Nobel de la prophétie. Un nouvel Elie (Mt 11, 12-14).
Ces précisions historiques ont leur poids d’importance pour mieux pénétrer le mystère de l’incarnation, ses conditions et ses conséquences : « En ce temps-là… », comme nous devons pouvoir le faire « en ce temps-ci… ». La tradition biblique nous enseigne en effet que Dieu « parle » et « agit » au cœur de l’histoire humaine. C’est là, et non pas en-dehors d’elle, dans les nuages, ou dans un spiritualisme désincarné, que se tisse l’histoire sainte. Toute la Bible nous montre que les initiatives de l’Esprit précèdent et épousent la mouvance et la variété des conditions sociales et culturelles, scientifiques, économiques, religieuses et politiques. Ce qui veut dire que dans ce monde où nous vivons déjà les balbutiements du règne de Dieu, tout événement est un signe à déchiffrer.
Or, en ce temps-là, qui était Ponce Pilate ? Selon les historiens de l’époque, il était inflexible et impitoyable. Il gouvernait sa province par la vénalité et la terreur. L’évangile raconte qu’il a massacré des Samaritains sur le lieu même de leur pèlerinage. L’histoire profane ajoute même qu’il y eut des milliers de victimes. Tout comme il a fait assassiner des Galiléens dans le Temple, raconte Luc, qui n’était pas un journaliste de Paris Match. Il précise même, comme les médias le feraient aujourd’hui, que « leur sang fut mêlé à celui de leurs sacrifices » (Lc 13, 1). Horrible ! Même sans images ! Un Pilate sans scrupules, qui puisait même dans les trésors sacrés du Temple pour réaliser ses projets d’urbanisme. Et j’en passe…
L’époque décrite par Baruch, des siècles plus tôt, n’était pas plus rassurante pour les Juifs, dispersés loin de leur patrie et dépourvus de tout pouvoir. Et c’est de prison que Paul fait parvenir ses encouragements aux chrétiens de Philippes. Autant de faits divers qui sont loin d’être sans importance, car c’est au cœur de ces temps de violence et de haine, de trafic et de corruption, d’humiliation et d’avenir bouché que Baruch, Paul et Jean le Baptiseur ont appelé à l’espérance, annoncé la croissance d’un monde nouveau et invité à préparer un chemin qui pouvait y conduire.                                               
Violence, corruption, fanatisme et drogue… quatre premiers péchés des temps modernes… Nous en avons des exemples tous les jours. Or, c’est bien dans ce monde-là et non pas dans un autre que l’évangile nous invite à voir des signes d’espérance, même si l’espèce humaine nous apparaît si décourageante. L’espérance est présente au milieu de l’horreur. Si vous regardez bien, y compris dans les journaux et sur les écrans de télévision, vous découvrirez pratiquement chaque jour des signes d’espérance, d’incroyables générosités, des initiatives étonnantes pour rétablir la justice et la paix, assurer plus de solidarité, oser des réconciliations.                                               
Le Royaume de justice et de paix se fait dans la mesure où nous accueillons le Seigneur. Encore faut-il l’écouter et le suivre vraiment.
A chacun de mettre, aujourd’hui encore, la main à la pâte. Une main capable de manier le bulldozer et la pelle mécanique, car il s’agit d’une vaste entreprise de terrassement pour creuser, aplanir, rectifier et combler. En termes spirituels, il s’agit d’un retournement, d’une œuvre de conversion. D’abord, comme le soulignait Paul, pour nous permettre de « discerner ce qui est plus important », pour pouvoir progresser en clairvoyance et en droiture. Notre cœur est toujours en chantier, le cœur du monde aussi. Mais il nous faut redresser les chemins tortueux de nos compromis et abaisser les montagnes de nos divisions.
Nous avons tous les jours des occasions de préparer les chemins du Seigneur, sans attendre des résultats. Il ne faut pas attendre les résultats et les décisions d’une commission quelconque, ni d’une réunion au sommet, qu’elle soit de l’ONU ou de l’Eglise. Nous sommes tous mobilisés pour nous laisser changer et changer le cours de l’histoire. Laissons-nous, comme Jean Baptiste, saisir, empoigner, secouer, par la Parole de Dieu. Alors, l’Avent sera l’heureux temps où chacun sera invité à redresser sa vie et à s’habiller d’espérance et de joie.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008