Archive pour le 4 décembre, 2012

St. John Damascene, pray for us!

4 décembre, 2012

St. John Damascene, pray for us! dans images sacrée ag-Ioannis-Dam-Peristeri-2010

http://thesaurostesekklesias.blogspot.it/2011/12/iconic-icons-trojerucica.html

Saint Jean Damascène – Prière a Marie

4 décembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/04.php

4 décembre

Saint Jean Damascène
Prêtre et docteur de l’Eglise

Prière

O fille du roi David et Mère de Dieu, roi universel.
O divin et vivant objet dont la beauté a charmé le Dieu créateur,
vous dont l’âme est toute sous l’action divine
et attentive à Dieu seul ;
tous vos désirs sont tendus vers Celui-là seul
qui mérite qu’on le cherche et qui est digne d’amour ;
vous n’avez de colère que pour le péché et son auteur.
Vous aurez une vie supérieure à la nature
mais vous ne l’aurez pas pour vous,
vous qui n’avez pas été créée pour vous.
Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu
qui vous a introduite dans le monde
afin de servir au salut du genre humain,
afin d’accomplir le dessein de Dieu,
l’Incarnation de son Fils et la déification du genre humain.
Votre coeur se nourrira des paroles de Dieu :
elles vous féconderont,
comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu,
comme l’arbre planté au bord des eaux vives de l’Esprit,
comme l’arbre de vie qui a donné son fruit au temps fixé :
le Dieu incarné, la vie de toutes choses.
Vos pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme,
et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile,
vous la rejetterez avant même d’en avoir senti le goût.
Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur,
vers la lumière éternelle et inaccessible ;
vos oreilles attentives aux paroles divines
et au son de la harpe de l’Esprit
par qui le Verbe est venu assumer notre chair. (…)
O Vous qui êtes à la fois fille et souveraine de Joachim et d’Anne,
Accueillez la prière de votre pauvre serviteur :
il n’est qu’un pécheur,
et, pourtant, de tout son coeur, il vous aime et vous honore.
C’est en vous
qu’il veut trouver la seule espérance de son bonheur,
le guide de sa vie,
la réconciliation auprès de votre Fils
et le gage assuré de son salut.
Délivrez-moi du poids de mes fautes,
dispersez l’obscurité accumulée autour de mon esprit,
débarrassez-moi de mon épaisse boue,
arrêtez mes tentations,
gouvernez ma vie avec bonheur
et conduisez-moi au bonheur du ciel.
Accordez la paix au monde.
Donnez à tous les chrétiens de cette ville
la joie parfaite et le salut éternel.

Nous vous en supplions,
obtenez-nous d’être sauvés,
d’être délivrés des passions de nos âmes,
d’être guéris des maladies de nos corps,
d’être délivrés de nos difficultés ;
obtenez-nous une vie tranquille dans la lumière de l’Esprit.
Enflammez-nous d’amour pour votre Fils.
Que notre vie lui soit agréable,
pour que,
établis dans la béatitude du ciel,
nous puissions vous voir un jour
resplendir dans la gloire de votre Fils,
pour que nous puissions chanter, dans une joie sans fin,
des hymnes saintes d’une manière digne de l’Esprit,
au milieu de l’assemblée des élus,
en l’honneur de Celui qui, par vous, nous a sauvés,
le Christ, Fils de Dieu et notre Dieu.
A lui soient la puissance et la gloire,
avec le Père et l’Esprit,
maintenant et toujours,
dans les siècles des siècles.
Amen.

Pape Benoît: Saint Jean Damascène – mf 4 Décembre

4 décembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20090506_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 6 mai 2009

Saint Jean Damascène – mf 4 Décembre

Chers frères et sœurs,

Je voudrais parler aujourd’hui de Jean Damascène, un personnage de premier plan dans l’histoire de la théologie byzantine, un grand docteur dans l’histoire de l’Eglise universelle. Il représente surtout un témoin oculaire du passage de la culture chrétienne grecque et syriaque, commune à la partie orientale de l’Empire byzantin, à la culture de l’islam, qui s’est imposée grâce à ses conquêtes militaires sur le territoire reconnu habituellement comme le Moyen ou le Proche Orient. Jean, né dans une riche famille chrétienne, assuma encore jeune la charge – remplie déjà sans doute par son père – de responsable économique du califat. Mais très vite, insatisfait de la vie de la cour, il choisit la vie monastique, en entrant dans le monastère de Saint-Saba, près de Jérusalem. C’était aux environs de l’an 700. Ne s’éloignant jamais du monastère, il consacra toutes ses forces à l’ascèse et à l’activité littéraire, ne dédaignant pas une certaine activité pastorale, dont témoignent avant tout ses nombreuses Homélies. Sa mémoire liturgique est célébrée le 4 décembre. Le Pape Léon XIII le proclama docteur de l’Eglise universelle en 1890.
En Orient, on se souvient surtout de ses trois Discours pour légitimer la vénération des images sacrées, qui furent condamnés, après sa mort, par le Concile iconoclaste de Hiéria (754). Mais ces discours furent également le motif fondamental de sa réhabilitation et de sa canonisation de la part des Pères orthodoxes convoqués par le second Concile de Nicée (787), septième Concile œcuménique. Dans ces textes, il est possible de retrouver les premières tentatives théologiques importantes de légitimer la vénération des images sacrées, en les reliant au mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie.
Jean Damascène fut, en outre, parmi les premiers à distinguer, dans le culte public et privé des chrétiens, l’adoration (latreia) de la vénération (proskynesis):  la première ne peut être adressée qu’à Dieu, suprêmement spirituel, la deuxième au contraire peut utiliser une image pour s’adresser à celui qui est représenté dans l’image même. Bien sûr, le saint ne peut en aucun cas être identifié avec la matière qui compose l’icône. Cette distinction se révéla immédiatement très importante pour répondre de façon chrétienne à ceux qui prétendaient universel et éternel l’observance de l’interdit sévère de l’Ancien Testament d’utiliser des images dans le culte. Tel était le grand débat également dans le monde islamique, qui accepte cette tradition juive de l’exclusion totale d’images dans le culte. Les chrétiens, en revanche, dans ce contexte, ont débattu du problème et trouvé la justification pour la vénération des images. Damascène écrit:  « En d’autres temps, Dieu n’avait jamais été représenté en image, étant sans corps et sans visage. Mais à présent que Dieu a été vu dans sa chair et a vécu parmi les hommes, je représente ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la matière, mais le créateur de la matière, qui s’est fait matière pour moi et a daigné habiter dans la matière et opérer mon salut à travers la matière. Je ne cesserai donc pas de vénérer la matière à travers laquelle m’a été assuré le salut. Mais je ne la vénère absolument pas comme Dieu! Comment pourrait être Dieu ce qui a reçu l’existence à partir du non-être?… Mais je vénère et respecte également tout le reste de la matière qui m’a procuré le salut, car pleine d’énergie et de grâces saintes. Le bois de la croix trois fois bénie n’est-il pas matière? L’encre et le très saint livre des Evangiles ne sont-ils pas matière? L’autel salvifique qui nous donne le pain de vie n’est-il pas matière?…. Et, avant tout autre chose, la chair et le sang de mon Seigneur ne sont-ils pas matière? Ou bien tu dois supprimer le caractère sacré de toutes ces choses, ou bien tu dois accorder à la tradition de l’Eglise la vénération des images de Dieu et celle des amis de Dieu qui sont sanctifiés par le nom qu’ils portent, et qui, pour cette raison, sont habités par la grâce de l’Esprit Saint. N’offense donc pas la matière:  celle-ci n’est pas méprisable; car rien de ce que Dieu a fait n’est méprisable » (Contra imaginum calumniatores, I, 16, ed; Kotter, pp. 89-90). Nous voyons que, à cause de l’incarnation, la matière apparaît comme divinisée, elle est vue comme la demeure de Dieu. Il s’agit d’une nouvelle vision du monde et des réalités matérielles. Dieu s’est fait chair et la chair est devenue réellement demeure de Dieu, dont la gloire resplendit sur le visage humain du Christ. C’est pourquoi, les sollicitations du Docteur oriental sont aujourd’hui encore d’une très grande actualité, étant donnée la très grande dignité que la matière a reçue dans l’Incarnation, pouvant devenir, dans la foi, le signe et le sacrement efficace de la rencontre de l’homme avec Dieu. Jean Damascène reste donc un témoin privilégié du culte des icônes, qui deviendra l’un des aspects les plus caractéristiques de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit toutefois d’une forme de culte qui appartient simplement à la foi chrétienne, à la foi dans ce Dieu qui s’est fait chair et s’est rendu visible. L’enseignement de saint Jean Damascène s’inscrit ainsi dans la tradition de l’Eglise universelle, dont la doctrine sacramentelle prévoit que les éléments matériels issus de la nature peuvent devenir un instrument de grâce en vertu de l’invocation (epiclesis) de l’Esprit Saint, accompagnée par la confession de la foi véritable.
Jean Damascène met également en relation avec ces idées de fond la vénération des reliques des saints, sur la base de la conviction que les saints chrétiens, ayant participé de la résurrection du Christ, ne peuvent pas être considérés simplement comme des « morts ». En énumérant, par exemple, ceux dont les reliques ou les images sont dignes de vénération, Jean précise dans son troisième discours en défense des images:  « Tout d’abord (nous vénérons) ceux parmi lesquels Dieu s’est reposé, lui le seul saint qui se repose parmi les saints (cf. Is 57, 15), comme la sainte Mère de Dieu et tous les saints. Ce sont eux qui, autant que cela est possible, se sont rendus semblables à Dieu par leur volonté et, par l’inhabitation et l’aide de Dieu, sont dits réellement dieux (cf. Ps 82, 6), non par nature, mais par contingence, de même que le fer incandescent est appelé feu, non par nature mais par contingence et par participation du feu. Il dit en effet:  Vous serez saint parce que je suis saint (Lv 19, 2) » (III, 33, col. 1352 A). Après une série de références de ce type, Jean Damascène pouvait donc déduire avec sérénité:  « Dieu, qui est bon et supérieur à toute bonté, ne se contenta pas de la contemplation de lui-même, mais il voulut qu’il y ait des êtres destinataires de ses bienfaits, qui puissent participer de sa bonté:  c’est pourquoi il créa du néant toutes les choses, visibles et invisibles, y compris l’homme, réalité visible et invisible. Et il le créa en pensant et en le réalisant comme un être capable de pensée (ennoema ergon) enrichi par la parole (logo[i] sympleroumenon) et orienté vers l’esprit (pneumati teleioumenon) » (II, 2, PG, col. 865A). Et pour éclaircir ultérieurement sa pensée, il ajoute:  « Il faut se laisser remplir d’étonnement (thaumazein) par toutes les œuvres de la providence (tes pronoias erga), les louer toutes et les accepter toutes, en surmontant la tentation de trouver en celles-ci des aspects qui, a beaucoup de personnes, semblent injustes ou iniques (adika), et en admettant en revanche que le projet de Dieu (pronoia) va au-delà des capacités cognitives et de compréhension (agnoston kai akatalepton) de l’homme, alors qu’au contraire lui seul connaît nos pensées, nos actions et même notre avenir » (II, 29, PG, col. 964C). Du reste, Platon disait déjà que toute la philosophie commence avec l’émerveillement:  notre foi aussi commence avec l’émerveillement de la création, de la beauté de Dieu qui se fait visible.
L’optimisme de la contemplation naturelle (physikè theoria), de cette manière de voir dans la création visible ce qui est bon, beau et vrai, cet optimisme chrétien n’est pas un optimisme naïf:  il tient compte de la blessure infligée à la nature humaine par une liberté de choix voulue par Dieu et utilisée de manière impropre par l’homme, avec toutes les conséquences d’un manque d’harmonie diffus qui en ont dérivées. D’où l’exigence, clairement perçue par le théologien de Damas, que la nature dans laquelle se reflète la bonté et la beauté de Dieu, blessées par notre faute, « soit renforcée et renouvelée » par la descente du Fils de Dieu dans la chair, après que de nombreuses manières et en diverses occasions Dieu lui-même ait cherché à démontrer qu’il avait créé l’homme pour qu’il soit non seulement dans l’ »être », mais dans le « bien-être » (cf. La foi orthodoxe, II, 1, PG 94, col. 981°). Avec un enthousiasme passionné, Jean explique:  « Il était nécessaire que la nature soit renforcée et renouvelée et que soit indiquée et enseignée concrètement la voie de la vertu (didachthenai aretes hodòn), qui éloigne de la corruption et conduit à la vie éternelle… C’est ainsi qu’apparut à l’horizon de l’histoire la grande mer de l’amour de Dieu pour l’homme (philanthropias pelagos)… ». C’est une belle expression. Nous voyons, d’une part, la beauté de la création et, de l’autre, la destruction accomplie par la faute humaine. Mais nous voyons dans le Fils de Dieu, qui descend pour renouveler la nature, la mer de l’amour de Dieu pour l’homme. Jean Damascène poursuit:   » Lui-même, le Créateur et le Seigneur, lutta pour sa créature en lui transmettant à travers l’exemple son enseignement… Et ainsi, le Fils de Dieu, bien que subsistant dans la forme de Dieu, abaissa les cieux et descendit… auprès de ses serviteurs… en accomplissant la chose la plus nouvelle de toutes, l’unique chose vraiment nouvelle sous le soleil, à travers laquelle se manifesta de fait la puissance infinie de Dieu » (III, 1. PG 94, coll. 981C-984B).
Nous pouvons imaginer le réconfort et la joie que diffusaient dans le cœur des fidèles ces paroles riches d’images si fascinantes. Nous les écoutons nous aussi, aujourd’hui, en partageant les mêmes sentiments que les chrétiens de l’époque:  Dieu veut reposer en nous, il veut renouveler la nature également par l’intermédiaire de notre conversion, il veut nous faire participer de sa divinité. Que le Seigneur nous aide à faire de ces mots la substance de notre vie.

Le tombeau inconnu: Commentaire de Dt 34

4 décembre, 2012

http://www.bible-service.net/site/567.html

Commentaire de Dt 34

Le tombeau inconnu

Le livre du Deutéronome s’achève. Avec lui, s’achève aussi la Torah d’Israël. Alors s’éteint Moïse, lui qui, selon le livre même en a été rédacteur (voir par exemple Ex 24, 4 où il écrit tout ce que le Seigneur lui a dit). Son tombeau restera inconnu : le corps disparu du plus grand des prophètes a moins d’importance que les mots de la Loi, de l’Alliance et de la bénédiction qu’il laisse derrière lui.
On ne peut isoler le récit de la mort de Moïse (Dt 34) de la bénédiction des douze tribus d’Israël (Dt 33). Cela rapproche Moïse du patriarche Jacob (Gn 49). Le prophète et l’ancêtre meurent en laissant comme testament des vœux de bonheur. Au moment où ils disparaissent de la scène de l’histoire humaine, l’horizon, loin de se rétrécir, s’ouvre sur ceux qui ont été engendrés (bénédictions de Jacob) ou qui sont nés de nouveau dans l’eau de l’exode (bénédictions de Moïse). En relisant ces bénédictions, les tribus – ou ce qu’elles deviendront – plongent dans la mémoire de leurs origines : avant d’habiter « le pays de blé et de vin nouveau » (Dt 33, 28), le peuple de Dieu fut esclave en Égypte. Le prophète Osée, avec astuce, a vu ce lien entre le patriarche qui descendit en Égypte et Moïse qui en remonta (voir 0s 12, 13-14).

Moïse et la Terre promise.

La mort de Moïse s’est insinuée dans le récit dès les premières pages du livre du Deutéronome. Dans la plaine de Moab, à la frontière, le législateur relit la libération, le séjour au désert, le rapport à la Loi. Lui-même n’entrera pas dans le « bon pays » dit-il au détour d’un développement consacré à l’idolâtrie (Dt 4, 21-22). Pourquoi ? L’explication avancée (il aurait commis une faute, un manque de confiance) compte moins que le réseau des significations qui s’imprime en nos consciences : Moïse, né en Égypte, réfugié en Madian, guide dans le désert, est l’homme de l’errance sous la parole divine, pas celui de la conquête et des récoltes. Il appartient aux temps fondateurs, non au rythme habituel des mois et des saisons. L’installation dans la terre où coulent le lait, l’huile d’olive et le miel sera occasion de dangers, d’oubli et de reniement du Dieu vivant. Moïse en est exclu. Et c’est tant mieux.
Vers la fin du récit, ayant rappelé une dernière fois la Loi et l’Alliance, ce qu’elles engagent, ce qu’elles exigent, Moïse conclut sur son incapacité à « tenir sa place » à la tête du peuple (Dt 31, 2). Josué lui succède. Bientôt, il fera traverser le Jourdain, reprise modeste et enthousiaste du passage de la mer des Roseaux (Jos 3). Il emmène avec lui l’arche et le livre de la Loi qui y est déposé en témoignage.
L’espace géographique où le peuple va désormais s’ébrouer, Moïse le voit du haut d’une montagne – ou, plus exactement, le Seigneur lui fait voir (Dt 34, 1) après lui avoir raconté ce qui va se passer sur cette fameuse terre vers laquelle tous ont marché péniblement pendant quarante ans. Amer récit d’avenir : le paysage, qui devrait être lumineux, comprend infidélité et idolâtrie. Le peuple d’Israël, relisant plus tard ces paroles divines sur cette même terre (ou hors d’elle, peut-être, si ce passage fut composé en exil), y entend par avance le diagnostic de son échec : « après ma mort, vous allez vous corrompre totalement et vous écarter du chemin prescrit » (Dt 31, 29). Si l’en est bien ainsi, comment ne pas désespérer ?

D’un chant à l’autre.

Comment ? Par le chant ! De la part du Seigneur, Moïse compose un premier chant, cantique au «Rocher» d’Israël (Dt 32). Qu’elles qu’en soient les sources, ce chant où Dieu est magnifié comme jamais et où Israël se voit attribuer ce qu’on pense être un surnom de tendresse («Yeshouroun»), porte en son milieu le catalogue des fautes à venir mais aussi l’annonce inouïe que, malgré tout, le Seigneur fera grâce. Espoir.
Alors, sur ce fond de lucidité et de miséricorde, Moïse entonne un deuxième chant et déploie la bénédiction, le «dire» du bien. Jacob l’avait fait au moment de mourir en Égypte. Moïse le fait au moment de mourir loin de l’Égypte et tout près du pays du bonheur et du malheur. Le Seigneur y est exalté comme un soleil, un guerrier sur les nuées du ciel ; Israël/Yeshouroun y reçoit une béatitude (v. 29), invitation lancée à vivre le temps historique sur la terre donnée dans la confiance en ce Dieu unique, étrange, mystérieux, qui n’a pas d’égal. Moïse est désormais prêt. Il meurt, avec, sous les yeux, le pays et son histoire. Il meurt en pleine possession de ses moyens : pour l’éternité, il demeurera un vieillard sublime, aimé des peintres et des sculpteurs. On le pleure. Puis le deuil cesse. Josué prend la relève, direction le Jourdain prochain épisode, prochain livre.

Gérard BILLON. Article paru dans Le Monde la Bible n° 156  »Moïse, l’histoire et la légende » (Bayard-Presse, janv.-fév. 2004), p. 71