Archive pour novembre, 2012

Les traces géologiques du Déluge

7 novembre, 2012

http://bible.archeologie.free.fr/delugegeologie.html

Les traces géologiques du Déluge 

Le Déluge mésopotamien

        Lorsqu’en 1929 l’archéologue britannique Sir Leonard Woolley fouilla les ruines de l’ancienne cité d’Ur en Mésopotamie, il fit une découverte sensationnelle. Creusant une tranchée profonde pour reconnaître les plus anciens niveaux d’occupation, il trouva au fond du puits de sondage une couche d’argile stérile. La transition dans la nature du sous-sol était nette, le niveau d’occupation archéologique étant soudain remplacée par de l’argile pure exempte de toute trace de vie humaine. Cela signifiait à première vue que l’on avait atteint le sol vierge et qu’il n’y avait plus rien à trouver. Mais Woolley intrigué décida de faire continuer à creuser. Plutôt sceptique, son ouvrier s’exécuta non sans une certaine mauvaise humeur.
Ayant dégagé de l’argile pure sur plus de trois mètres de profondeur supplémentaires, il vit à sa grande surprise l’argile s’interrompre brusquement pour laisser apparaître un deuxième niveau archéologique contenant d’autres traces d’occupation humaine. Cette couche inférieure correspondait aux vestiges d’une seconde cité plus ancienne. Les tessons de céramique présents dans cette strate montraient que les poteries avaient été façonnées à la main, alors que celles de la ville située au niveau supérieur avaient été confectionnées avec la technique du tour de potier.
        Comment expliquer la présence d’une épaisse couche de sédiment intercalée entre deux terrains riches en vestiges d’habitations ? Pour Woolley, il n’y avait qu’une seule explication possible : cette couche d’argile ne pouvait être que le reste d’un ancien dépôt boueux qui s’était déposé lors d’une importante inondation. Son sang ne fit qu’un tour : c’était le déluge de Noé.
        La stratigraphie impliquait à l’évidence que deux cités différentes avaient été bâties au même endroit à deux époques différentes. Pour vérifier son hypothèse, Woolley fit faire d’autres sondages dans le secteur de Ur. La moitié des forages qui furent réalisés (quatorze en tout) montrait le même type de dépôts, quoique d’épaisseurs différentes selon l’altimétrie. Les plus grandes épaisseurs (jusqu’à 3,70 m) correspondaient aux dépôts les moins élevés en altitude. A l’aide des céramiques, il put estimer l’âge de la couche d’argile à environ 3500 av. J.-C.. Seule une inondation de très grande ampleur pouvait rendre compte de l’épaisseur extraordinaire de cette strate. Aux yeux de Woolley, l’affaire était claire : il annonça la découverte des traces du Déluge biblique.
        La large plaine du Tigre et de l’Euphrate constitue une immense zone inondable. Encadrée par la chaîne montagneuse du Zagros au nord-est, les monts Ararat au nord et les pentes désertiques de l’Arabie au sud-ouest, elle draine les eaux de ravinement d’un immense territoire ; en cas de pluies exceptionnelles dans ces régions, la vallée du Tigre et de l’Euphrate est rapidement en crue. Woolley et ses collaborateurs imaginèrent que le Déluge de la Bible ait pu correspondre à une inondation de ce genre, d’ampleur extraordinaire, affectant toute ou une grande partie de la Mésopotamie. Pour estimer son étendue, il fallait entreprendre de nouveaux sondages dans d’autres cités chaldéennes voisines. Ce fut le travail de nouvelles missions archéologiques qui s’y attelèrent durant les années 1930.
A Kish, située au nord de Ur, une équipe anglo-américaine dirigée par Stephen Langdon fouilla les ruines entre 1923 et 1932. Elle trouva là aussi des couches alluviales intercalées entre plusieurs niveaux archéologiques. Elles étaient cependant moins épaisses qu’à Ur, et réparties sur trois ou quatre niveaux différents et furent datées dans une tranche d’âges plus récente, entre 3200 et 3000 av. J.-C..
A Shuruppak (l’actuelle Tell Fara), le docteur Eric Schmidt de l’Université de Pennsylvanie trouva en 1931, entre plusieurs strates historiques, un lit d’argile d’une épaisseur de soixante centimètres, datant d’à peu près 2900 avant notre ère. Ce dépôt était constitué de treize couches de sable et d’argile alternées.
A Uruk, des fouilles entreprises par l’archéologue Julius Jordan, de la German Oriental Society, mirent en évidence en 1929 un dépôt sédimentaire épais d’un mètre cinquante, remontant à 2800 ans environ av. J.-C…
A Ninive, qui fut fouillée en 1931 et 1932 par l’archéologue britannique Max Mallowan, un ou plusieurs niveaux d’argile apparurent sur une hauteur de deux mètres, difficiles à dater, peut-être entre 5500 et 3100 avant notre ère..
A Lagash, l’archéologue français André Parrot signala un dépôt d’argile qui semblait dater d’autour de 2800 av. J.-C..
Ces résultats sont cependant à nuancer, car d’autres cités mésopotamiennes également fouillées n’ont pas révélé de telles couches alluviales. C’est le cas d’Eridu, proche de Ur de douze kilomètres seulement et qui n’a livré aucune trace d’inondation de ce type. D’autre part, on on voit bien que les dates attribuées aux dépôts alluviaux ne coïncident pas exactement. Si l’on tient compte de ces écarts, les inondations apparaissent comme très locales, et dès lors l’hypothèse d’un déluge unique affectant toute la Mésopotamie devient plus improbable. En considérant néanmoins l’ensemble des âges attribués à ces dépôts, on remarque qu’ils tournent autour de 3000-2900.
Cette très relative convergence de dates est plus ou moins cohérente avec les informations données par les tablettes cunéiformes. En effet, la liste royale sumérienne précise que la capitale changea de Shuruppak à Kish juste après le Déluge. Un tel changement de capitale et de dynastie semble effectivement avoir eu lieu historiquement vers 2900 av. J.-C.. Par ailleurs, dans les trois versions du Déluge tirées des tablettes cunéiformes, le héros est un habitant de Shuruppak, ville dont les ruines ont livré un dépôt d’argile de 60 cm datant d’environ 2900. C’est donc autour de 2900 que semble se dessiner la meilleure convergence de données. En définitive, la conclusion de l’enquête semble revenir à l’assyriologue Samuel Noah Kramer, de l’Université de Pennsylvanie, qui en 1967 écrivait :
            « (…) L’histoire du déluge mésopotamien, et la version de l’Ancien Testament qui en provient, fut inspirée par un désastre réellement catastrophique, mais aucunement universel, qui eut lieu non pas immédiatement après la période d’Ubaid (c’est-à-dire vers 3500 av. J.-C.) comme Woolley l’a déclaré, mais plutôt autour de 3000, et qui laissa des traces à Kish, Shuruppak et probablement en de nombreux autres sites restant à découvrir ».

Le Déluge et la mer Noire
        Une théorie alternative tentant de relier le Déluge biblique à des indices géologiques, a été proposée beaucoup plus récemment par deux géologues américains de l’Université de Columbia. En 1998, William Ryan et Walter Pitman formulèrent l’hypothèse qu’une inondation exceptionnelle aurait eu lieu non pas en Irak mais en mer Noire. Ils s’appuyaient sur les résultats des missions scientifiques marines comme les expéditions de l’International Ocean Drilling Program, qui ont mis en évidence au fond de la mer Noire de curieux indices, suggérant que dans la haute Antiquité cette mer n’existait pas, et qu’il y avait à sa place un ancien lac. Des plages de galets englouties, des coquillages d’eau douce et  des traces d’aménagements humains dorment au fond de la mer.
Pour expliquer la présence de ces éléments immergés, les océanographes ont émis l’idée que la mer Noire a pu se remplir très brusquement il y a plusieurs milliers d’années. Ce serait là une conséquence indirecte de la fin de la dernière glaciation d’il y a 10 000 ans. En effet, à chaque réchauffement climatique, la fonte des glaces continentales provoque une lente remontée générale du niveau des mers du Globe.
Au niveau du détroit du Bosphore, l’eau de la Méditerranée aurait soudainement rompu le barrage naturel que devait alors constituer l’actuel détroit. Des millions de tonnes d’eau se seraient déversés dans la dépression, engloutissant des populations qui y vivaient. Les deux chercheurs font le lien entre cet évènement supposé et le Déluge de la Bible.
Ce rapprochement présente plusieurs points faibles. Les caractéristiques de cette catastrophe diffèrent du récit biblique par plusieurs points. D’abord il s’agit ici d’une mise en eaux conséquente à l’ouverture d’un immense barrage, et non pas de pluies torrentielles comme le dit la Bible. D’autre part, la Mésopotamie n’ayant probablement pas été concernée, l’évènement décrit peut difficilement être relié aux témoignages chaldéens inscrits sur les tablettes cunéiformes. En outre, l’évènement qui donna naissance à la mer Noire étant antérieur à l’invention de l’écriture il y a 5300 ans, il peut paraître trop ancien pour avoir été enregistré dans la mémoire humaine. Il n’est donc pas certain que la naissance de la mer Noire et le Déluge rapporté dans la Bible constituent le même évènement.

The Church of the Nativity, painting

6 novembre, 2012

The Church of the Nativity, painting dans images sacrée xch-nativity

http://www.jordanjubilee.com/history/droberts.htm

La Genèse, Chapitre 18 : 1 L’Eternel lui apparut dans la chênaie de Mamré…

6 novembre, 2012

http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Genese-18.htm

La Bible annotée

La Genèse

Chapitre 18

1 L’Eternel lui apparut dans la chênaie de Mamré. Comme il était assis à l’entrée de la tente pendant la chaleur du jour,
2 il leva les yeux et aperçut trois hommes se tenant devant lui ; et dès qu’il les vit, il courut à eux de l’entrée de la tente, et il se prosterna en terre
3 et dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas devant ton serviteur.
4 Permets qu’on aille chercher un peu d’eau, et vous laverez vos pieds. Asseyez-vous sous l’arbre ;
5 j’apporterai un morceau de pain, vous prendrez des forces, puis vous continuerez votre chemin ; car c’est pour cela que vous avez passé devant votre serviteur. Ils répondirent : Fais comme tu l’as dit.
6 Et Abraham s’empressa d’entrer dans la tente vers Sara, et il lui dit : Prends vite trois mesures de fleur de farine, pétris et fais des gâteaux.
7 Puis Abraham courut au bétail et prit une bête tendre et bonne et la donna au valet, qui se hâta de l’apprêter.
8 Et il prit du beurre et du lait et la bête qu’il avait apprêtée, et il les mit devant eux ; et lui se tenait debout auprès d’eux sous l’arbre, et ils mangèrent.
9 Puis ils lui dirent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Elle est là dans la tente.
10 Et il dit : Certainement je reviendrai chez toi l’an prochain, et voici Sara ta femme aura un fils. Et Sara entendait cela à l’entrée de la tente, derrière lui.
11 Or Abraham et Sara étaient des vieillards, fort avancés dans la vie ; Sara était hors d’âge.
12 Et Sara rit en elle-même en se disant : Vieille comme je suis, aurais-je encore du plaisir ? Et mon seigneur est vieux.
13 Et l’Éternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri en se disant : Est-ce que vraiment j’enfanterai, vieille comme je suis ?
14 Y a-t-il rien qui soit trop merveilleux pour l’Éternel ? A cette saison je reviendrai vers toi l’an prochain, et Sara aura un fils.
15 Et Sara nia disant : Je n’ai pas ri ; car elle eut peur. Mais il lui dit : Non, car tu as ri.
16 Et ces hommes se levèrent de là et se tournèrent du côté de Sodome. Abraham allait avec eux pour les accompagner.
17 Or l’Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?
18 Abraham doit devenir une nation grande et forte, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui.
19 Car je l’ai choisi afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, en faisant ce qui est juste et droit, pour que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il lui a promis.
20 Et l’Éternel dit : Le cri qui s’élève de Sodome et Gomorrhe est bien fort et leur iniquité bien énorme.
21 Je veux descendre et voir si, comme le bruit en est venu jusqu’à moi, leur crime est arrivé au comble ; ou si cela n’est pas, je veux le savoir.
22 Et ces hommes partirent et s’en allèrent à Sodome ; et Abraham se tenait encore devant l’Éternel.
23 Et Abraham s’approcha et dit : Est-ce que vraiment tu ferais périr le juste avec le coupable ?
24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ; les ferais-tu donc périr et ne pardonnerais-tu pas à ce lieu à cause de ces cinquante justes qui s’y trouveraient ?
25 Loin de toi d’agir de la sorte, de faire mourir le juste avec le coupable ! Ainsi il en serait du juste comme du coupable ! Loin de toi ! Celui qui juge toute la terre ne rendrait-il pas justice ?
26 Et l’Éternel dit : Si je trouve à Sodome cinquante justes, au milieu de la ville, je pardonnerai à tout le lieu pour l’amour d’eux.
27 Et Abraham reprit : Voilà que j’en suis venu à parler au Seigneur, moi qui suis poudre et cendre.
28 Peut-être que des cinquante justes il en manquera cinq. Détruiras-tu pour cinq hommes toute la ville ? Et il dit : Je ne la détruirai pas si j’en trouve quarante-cinq.
29 Et Abraham continua encore à lui parler ; il lui dit : Peut-être s’en trouvera-t-il là quarante. Et il dit : Je ne le ferai pas pour l’amour des quarante.
30 Et Abraham dit : Que le Seigneur veuille ne pas s’irriter si je parle ! Peut-être s’en trouvera-t-il trente. Et il dit : Je ne le ferai pas si j’y en trouve trente.
31 Et Abraham dit : Voilà que j’en suis venu à parler au Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il vingt. Et il dit : Je ne la détruirai pas pour l’amour des vingt.
32 Et Abraham dit : Que le Seigneur veuille ne pas s’irriter, et je parlerai encore cette seule fois : Peut-être s’en trouvera-t-il dix. Et il dit : Je ne la détruirai pas pour l’amour des dix.
33 Et l’Éternel s’en alla quand il eut achevé de parler à Abraham, et Abraham retourna chez lui.

Notes
18 et 19
Les anges chez Abraham et à Sodome.
Destruction des villes de la Plaine
Ce récit d’une fraîcheur et d’une beauté littéraire remarquables appartient au document jéhoviste. Nous y admirons l’intimité dans laquelle Abraham vit avec l’Éternel. Il intercède hardiment auprès de lui en faveur des villes du pays menacées de ruine ; et l’Éternel le renseigne sur le jugement qu’il va accomplir. Ce sont ces rapports familiers avec l’Éternel qui ont valu à Abraham le titre d’ami de Dieu (Esaïe 46.8 ; Jacques 2.23).

Verset 1,1-8
Trois êtres célestes acceptent l’hospitalité d’Abraham. Cette visite de l’Éternel a eu lieu dans le même temps que la révélation du chapitre 17, c’est-à-dire un an avant la naissance d’Isaac. Comparez 17.21 et 17.10. Après treize ans de silence (entre les chapitres 16 et 17), les communications divines se multiplient, car l’accomplissement est proche.
La première partie du verset 1 est le sommaire de tout le récit. De là vient que l’auteur nomme déjà l’Éternel, tandis que dans le récit même il ne le désigne comme tel que dès le moment où Abraham le reconnaît.
Dans la chênaie de Mamré : près d’Hébron ; c’était son domicile habituel depuis son retour d’Egypte (13.18 ; 14.13).

Verset 2
Se tenant devant lui. S’arrêter à quelque distance de l’entrée de la tente est encore aujourd’hui chez les Arabes une manière de demander l’hospitalité.
Se prosterna en terre. Forme ordinaire de la salutation orientale.

Verset 3
Abraham reconnaît immédiatement la prééminence de l’un des trois hommes sur ses deux compagnons, et c’est à lui qu’il s’adresse.
Seigneur. Les copistes du texte hébreu, estimant qu’Abraham a dès l’abord reconnu l’Éternel, ont écrit ce mot avec l’orthographe spéciale qui convient au nom d’Adonaï, le Seigneur. Mais Abraham n’a point encore reconnu son hôte ; car il continue à le traiter comme un simple homme.

Verset 4
Ici Abraham s’adresse à tous les trois : ils ont tous besoin de repos et de nourriture.
Vous laverez vos pieds. Comme on ne, portait que des sandales, laver les pieds des voyageurs était le premier devoir de l’hospitalité.

Verset 5
Un morceau de pain. Manière délicate d’offrir un repas complet.
C’est pour cela… : C’est Dieu qui a dirigé ainsi votre marche, afin que j’eusse le privilège de vous héberger.

Verset 6
L’offre acceptée, Abraham se hâte. Le pain, la viande, le beurre et le lait sont encore aujourd’hui les aliments habituels des bédouins du désert. Abraham veille à l’excellence et à l’abondance des mets.
Trois mesures : en hébreu, séim. Le séa valait un tiers d’épha. C’est à dessein qu’Araham ne dit pas un épha, mais trois séas : un pour chaque voyageur. D’après les indications des rabbins, l’épha était à peu près l’équivalent de vingt de nos litres.
Des gâteaux : de petits gâteaux ronds, cuits sur des pierres plates chauffées, comme on les fabrique encore aujourd’hui chez les Arabes.

Verset 7
Au bétail. Le terme employé désigne le gros bétail.

Verset 8
Lui se tenait debout. Encore à cette heure, quand le scheik arabe reçoit un hôte de distinction, il se tient debout près de lui pour le servir.

Verset 9
9-15
Renouvellement de la promesse relative à la naissance d’un fils de Sara.

Verset 10
Il dit. L’Eternel seul parle ; il s’agit d’une promesse que lui seul peut faire. Il réitère, mais cette fois en présence de Sara, la promesse faite précédemment à Abraham seul (chapitre 17).                                                                                                            

Verset 11
Notice introduite pour expliquer le rire de Sara.

Verset 13
L’Eternel. Dès le verset 10, Abraham devait avoir pressenti la nature supérieure de son hôte. Mais maintenant la toute science dont il fait preuve ne peut plus lui laisser aucun doute. Sara en effet se tenait derrière l’Éternel (verset 10), et c’était en elle-même seulement qu’elle avait ri (verset 12). L’Eternel sait cependant qu’elle a ri.                          
L’Eternel dit à Abraham : non à Sara, car, selon la coutume de l’Orient, Sara était restée dans la tente. Le rire de Sara est blâmé parce que c’est un symptôme d’incrédulité.

Verset 14
Le commencement de ce verset est comme la paraphrase du nom de El-Schaddaï. Dieu répète la promesse avec une précision qui exclut toute objection.

Verset 15
Sara n’avait ri qu’intérieurement ; de là sa dénégation. L’Eternel coupe court à toute discussion par une parole brève et énergique, propre à la faire rentrer en elle-même.

Verset 16
16-21
L’Eternel instruit Abraham de son intention à l’égard des villes de la Plaine.
Pour les accompagner. Le scheik arabe accompagne encore aujourd’hui les hôtes auxquels il vient de donner l’hospitalité. Tous quatre partent d’Hébron, se dirigeant à l’Est vers les plateaux du haut desquels on contemple toute la plaine où se trouvaient Sodome et Gomorrhe.

Verset 17
17-19
Ces trois versets interrompent le fil du récit ; ils expriment la réflexion qui a déterminé l’Éternel à faire à Abraham la communication contenue dans les versets qui suivront (20 et 21).

Cacherai-je à Abraham… ? Amos dit (Amos 3.7) : Le Seigneur ne fait rien qu’il n’ait révélé son conseil à ses serviteurs les prophètes. Abraham est traité ici en prophète ; et dans les versets suivants nous le voyons agir comme tel.

Verset 18
Comparez 12.2-3. L’idée principale est renfermée dans le verset suivant : Si je m’ouvre ainsi à lui sur l’œuvre que je vais faire, c’est qu’il aura la mission d’instruire la postérité promise dont il doit être le père.

Verset 19
Je l’ai choisi, littéralement connu : Je suis entré dans une relation intime avec lui, afin que ses descendants, instruits par lui à marcher dans la bonne voie, puissent me servir d’instruments pour accomplir mon plan de reconquérir le monde rebelle.
Pour réaliser ce plan, il faut que le peuple élu soit fidèle, et pour qu’il le soit, il lui faut l’intelligence des jugements divins qu’Abraham ne manquera pas de lui transmettre. Voilà pourquoi Dieu trouve bon de lui faire connaître la sentence de condamnation qu’il vient de prononcer, afin qu’il discerne, dans le bouleversement des éléments qui va se produire, autre chose qu’un simple phénomène naturel, qu’il y reconnaisse la main du juge de toute la terre.
La destruction de Sodome et de Gomorrhe est restée pour Israël le type des jugements de Dieu. Comparez Deutéronome 29.23 ; Esaïe 1.9 ; Osée 11.8 ; Amos 4.11, etc.

Verset 20
Le cri. Tout crime commis sur la terre crie vers le ciel jusqu’à ce qu’il soit vengé. Comparez 4.10.

Verset 21
Je veux descendre. Ce mot ne doit pas se prendre ici dans le même sens que 11.5, 7 (descendre du ciel). Il s’agit de descendre de la montagne dans la plaine où sont les villes criminelles.
Arrivé au comble. L’Eternel punit quand la mesure déborde, c’est-à-dire quand il n’y a plus d’espoir d’amélioration. Comparez 15.46.
Ou si cela n’est pas… Dieu veut éviter toute apparence de partialité ou de précipitation ; se soumettant aux règles de la procédure humaine, il consent à faire une enquête pour constater le crime. Cette enquête aura lieu par le fait même de l’entrée de ses deux envoyés dans Sodome et de la conduite des habitants de la ville à leur égard.

Verset 22
22-33
L’intercession d’Abraham.
L’Eternel descend à Sodome, mais seulement en la personne de ses envoyés. Lui-même reste avec Abraham, qui profite de ce moment pour lui adresser sa requête.

Verset 23
Abraham, sachant que les villes de la Plaine vont être détruites, pense à Lot, déjà délivré une fois (chapitre 14), et aux justes qui pourraient se trouver avec lui dans ces villes.
Il existe entre les membres d’un même peuple une solidarité en vertu de laquelle ou bien les justes doivent périr à cause des méchants, ou bien les méchants être préservés à cause des justes.

Verset 25
Celui qui juge toute la terre… Le juge suprême et sans appel doit être aussi le juge le plus équitable.

Verset 26
Tant qu’il y a encore un certain nombre de justes dans une ville, fussent-ils une infime minorité, ils détournent les jugements de Dieu, car l’Éternel, pour l’amour d’eux, épargne les pécheurs au milieu desquels ils vivent.

Verset 27
27-32
,. Chaque exaucement enhardit Abraham à présenter une nouvelle requête. On se demande pourquoi il s’arrête à dix. Peut-être parce que moins de dix personnes ne peuvent plus être envisagés comme une fraction de la nation ; elles ne forment plus qu’une famille qui, si elle existe, pourra être sauvée seule, sans que la nation en bénéficie. Il faut remarquer dans cette intercession, à côté d’une sainte hardiesse, un sentiment d’humilité qui devient de plus en plus profond à chaque acte nouveau de la condescendance divine.
Ce récit présente un intérêt tout particulier en ce qu’il nous montre Abraham agissant comme protecteur de ce pays qui lui avait été promis. Ce qu’il avait fait en remportant la victoire sur les rois ennemis lors de l’invasion de Kédorlaomer, il essaie de le faire de nouveau en intercédant auprès de Dieu.

CERTAINES RÈGLES DE COMPORTEMENT DÉPASSENT LES DÉSIRS INDIVIDUELS (Homélie du card. Vingt-Trois)

6 novembre, 2012

http://www.zenit.org/article-32447?l=french

CERTAINES RÈGLES DE COMPORTEMENT DÉPASSENT LES DÉSIRS INDIVIDUELS

Homélie du card. Vingt-Trois, assemblée des évêques de France 2012

ROME, dimanche 4 novembre 2012 (ZENIT.org) – « Comment vivre en société sans reconnaître qu’il y a certaines règles de comportement qui dépassent les désirs individuels et qui s’imposent à tous, non par moralisme ou aveuglement, mais simplement par un exercice de notre jugement à la lumière de la sagesse humaine et de notre conscience ? », interroge le cardinal Vingt-Trois.
Le président de la Conférence des évêques de France, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a prononcé cette homélie lors de la messe qu’il a présidée, dans le cadre de l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes (3-8 novembre 2012), en la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, ce dimanche 4 novembre.
« La grandeur de la liberté humaine nous appelle, dit-il, à maîtriser nos comportements en ne cédant pas à tous les désirs. Notre foi chrétienne ne fonde pas notre ambition sur nos capacités, mais sur l’amour absolu de Dieu qui nous a été révélé dans le Christ. Cette certitude nourrit notre conviction que les êtres humains sont capables de choisir ce qui est le meilleur, non pour satisfaire les souhaits de chacun, mais pour le bien de tous. Nous ne prenons pas notre parti de voir un conformisme social abolir les progrès de tant de siècles pour le respect des plus faibles ».
Homélie du Cardinal André Vingt-Trois :
Vivre de la foi
Le Seigneur Jésus Christ est entré à Jérusalem pour la dernière étape de son ministère public. Il enseignait dans le Temple et des scribes, et des pharisiens, venaient lui poser des questions. Certains souhaitaient le mettre à l’épreuve, d’autres cherchaient à approfondir ce qu’ils savaient de son enseignement. L’Évangile de Marc ne nous dit pas dans laquelle de ces catégories se situait le scribe qui l’interrogeait, mais la manière dont il répond à Jésus et la conclusion du dialogue, indiquent que sa remarque était judicieuse et qu’il n’était « pas loin du Royaume ».
Le scribe cherche ce qui est l’essentiel de la foi : le premier commandement. Certains courants du judaïsme contemporains de Jésus, pour être sûrs de leur justice, multipliaient les commandements à l’infini et finissaient par transformer la loi, donnée par Dieu, comme signe de libération en un carcan insupportable, même pour leur propre conduite. Nous avons facilement tendance à condamner cet excès de légalisme. Même si nous oublions trop souvent que ce risque nous guette, nous aussi. La recherche continuelle de ce qui est imposé ou interdit, l’appel à des règles minutieuses, peuvent devenir le symptôme de notre crainte ou de notre incapacité à affronter le risque de la liberté. Un code de la route, même si on ne le respecte pas toujours, est moins exigeant pour notre liberté que la vertu de prudence qui nous incombe.
En cette Année de la foi, nous sommes invités à revenir à l’essentiel de notre foi en Dieu : notre foi en un Dieu Père, révélé par le Christ, son Fils unique, et habitant le cœur des croyants par le don de l’Esprit. Bien souvent on nous pose une question analogue à celle du scribe : qu’est-ce que c’est d’être chrétien ? Or, comme le scribe, nos questionneurs ont déjà des éléments de réponse : être chrétien, c’est croire en Dieu et servir notre prochain. Nos difficultés commencent quand nous essayons d’exprimer les conséquences de ce double commandement que nous pressentons si exigeant.
Le christianisme apparaît à certains comme un carcan trop lourd à porter, surtout dans une civilisation dominée par la satisfaction des désirs individuels. De quel droit Dieu viendrait-il se mêler de notre vie particulière ? Bien entendu, cette objection exprime en elle-même sa contradiction. Si Dieu est Dieu comment pourrait-on lui contester le droit de s’occuper de nous ? Mais notre difficulté principale ne vient pas de cette contradiction. Elle vient de notre répugnance à accepter qu’il y ait des règles de vie et que ces règles soient ordonnées au bien de l’homme. Nous adhérons avec une certaine satisfaction à une religion de l’amour, mais nous acceptons difficilement les conséquences d’un amour total, « jusqu’à l’extrême », pour reprendre l’expression de Jésus.
Notre tentation de nous satisfaire de bons sentiments sans en supporter le poids, n’est pas seulement un travers des chrétiens. Elle se retrouve chez tous les croyants et même chez les incroyants. Comment vivre en société sans reconnaître qu’il y a certaines règles de comportement qui dépassent les désirs individuels et qui s’imposent à tous, non par moralisme ou aveuglement, mais simplement par un exercice de notre jugement à la lumière de la sagesse humaine et de notre conscience ? Comment ériger en règle générale, voire absolue, ce que chacun désire ou expérimente et ce qu’il veut faire reconnaître comme une règle commune par tous ?
Quand l’Église fait appel à la conscience humaine, elle ne cherche pas à imposer une conception particulière de l’existence. Elle renvoie à ce que notre civilisation a déchiffré du sens de la vie humaine et des impératifs du respect de la dignité personnelle de chacun. Les dix Commandements comme les évangiles ont été des éléments décisifs de ce long travail. Notre foi et notre sagesse chrétiennes ont joué un rôle important dans cette prise de conscience commune, mais elles n’ont pas été les seules. Les sages d’autres religions y ont aussi contribué, comme les humanistes de toutes les époques. Au nom de quelle sagesse, subitement surgie des désirs particuliers à notre pays et à notre temps, devrait-on rejeter ces acquis de l’humanité ? Faut-il comprendre que l’humanité ne peut progresser qu’en rejetant ses acquis et son histoire ? Quand ces impératifs de la conscience humaine sont contestés et rejetés jusque dans des lois qui définissent les conditions du vivre ensemble, nous ne pouvons pas nous taire.
Quand nous défendons le droit des enfants à se construire en référence à celui et à celle qui leur ont donné la vie, nous ne défendons pas une position particulière. Nous reconnaissons ce qu’expriment les pratiques et les sagesses de tous les peuples depuis la nuit des temps et ce que confirment bien des spécialistes modernes. Quand nous rejetons l’idée que quelqu’un soit habilité légalement à disposer de la vie de son semblable, quels que soit son âge et son état de santé, nous ne défendons pas une position particulière. Nous rappelons simplement que la vie en société suppose que l’interdit du meurtre soit un des fondements de la confiance mutuelle.
La grandeur de la liberté humaine nous appelle à maîtriser nos comportements en ne cédant pas à tous les désirs. Notre foi chrétienne ne fonde pas notre ambition sur nos capacités, mais sur l’amour absolu de Dieu qui nous a été révélé dans le Christ. Cette certitude nourrit notre conviction que les êtres humains sont capables de choisir ce qui est le meilleur, non pour satisfaire les souhaits de chacun, mais pour le bien de tous. Nous ne prenons pas notre parti de voir un conformisme social abolir les progrès de tant de siècles pour le respect des plus faibles.
En cette année de la foi, c’est ainsi que nous pouvons aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force et notre prochain comme nous-mêmes. Que Dieu nous donne la force d’être fidèles à ces deux commandements dans tous les domaines de notre vie personnelle et de notre vie sociale.

Shema’ Israel

2 novembre, 2012

Shema' Israel dans images sacrée 20061031-shema

http://www.parrocchiaspiritosanto.org/?itemid=217

 

Dimanche 4 novembre – commentaires de Marie Noëlle Thabut – premiere lecture: Deutéronome 6, 2 – 6

2 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 4 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE : Deutéronome 6, 2 – 6

Moïse disait au peuple d’Israël :
2 « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu.
 Tous les jours de ta vie,
 toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils,
 tu observeras tous ces commandements et ces ordres,
 que je te prescris aujourd’hui,
 et tu auras longue vie.
3 Israël, tu écouteras,
 tu veilleras à mettre en pratique
 ce qui t’apportera bonheur et fécondité,
 dans un pays où ruissellent le lait et le miel,
 comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères.
4 Ecoute, Israël :
 le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique.
5 Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur,
 de toute ton âme et de toute ta force.
6 Ces commandements que je te donne aujourd’hui
 resteront dans ton coeur. »

Voici l’un des grands textes de l’Ancien Testament ! Il joue un rôle très important actuellement dans la religion et la prière d’Israël. Le livre du Deutéronome lui-même figure parmi les premiers livres de nos Bibles actuelles, mais en réalité, c’est un livre tardif ; il est le résultat de toute la réflexion de plusieurs siècles après la sortie d’Egypte. Pour entrer vraiment dans ce texte, il faut connaître, (autant que faire se peut) l’histoire du livre du Deutéronome : avec Moïse et la sortie d’Egypte, nous sommes vers 1250 av.J.C. L’installation sur la terre Promise se situe vers 1200 ; les douze tribus se répartissent les lieux et vont conquérir leur territoire, chacune pour soi ; mais elles gardent le lien de leur foi commune dans le Dieu qui les a libérées d’Egypte. Moïse n’a rien mis par écrit de son vivant : on possède seulement les deux tables de la Loi en pierre ; mais on se répète ses enseignements, on se les transmet de père en fils, pendant des générations.
 Les siècles passant, on éprouvera le besoin de mettre les éléments les plus importants par écrit. Selon les lieux, ces documents qui prennent peu à peu naissance ont chacun leurs caractéristiques propres. Ce qui est écrit à la cour du roi Salomon au dixième siècle a d’autres accents que ce qui prend naissance, deux cents ans plus tard, au huitième siècle dans le royaume du Nord, là où retentissent des voix aussi exigeantes que celles des prophètes Amos ou Osée. C’est dans leur entourage qu’est né très probablement le noyau de ce qui est aujourd’hui le livre du Deutéronome. Au moment de la dévastation du royaume du Nord par les Assyriens, des lévites du Nord se réfugient à Jérusalem, emportant avec eux ce qu’ils ont de plus précieux, les rouleaux qui contiennent les enseignements de Moïse tels que les prophètes les leur ont transmis. Ils y ajouteront bientôt les leçons qu’ils ont tirées de la tragédie qui s’est abattue sur le Nord : si seulement leurs frères du Sud pouvaient écouter, eux, les enseignements de Moïse et des prophètes, ils ne feraient pas leur propre malheur, comme les autres.
 Plus tard, ces documents connaîtront encore bien des aventures : cachés dans le Temple de Jérusalem, sous le règne d’un roi sacrilège, ils seront retrouvés presque par hasard, en 622, sous le règne de Josias, le pieux. Lequel s’appuiera sur les enseignements de ce document pour lancer une grande réforme religieuse. Et puis, quand la catastrophe se sera abattue sur le royaume du Sud (Jérusalem est prise par Nabuchodonosor en 587), il sera temps d’en tirer aussi des leçons pour le retour de l’Exil : la Terre promise par Dieu se mérite. D’où l’insistance sur le mot « écouter » dans ce livre, dont les accents sont ceux d’une prédication, voire d’une sonnette d’alarme. Ainsi est né, probablement, au fil des siècles et de l’histoire mouvementée du peuple élu, ce livre du Deutéronome que nous avons sous les yeux ; (dont le nom, en grec, veut dire « Deuxième loi », puisque c’est, en quelque sorte une deuxième expression des enseignements de Moïse).
 Mais nous en savons assez maintenant pour comprendre le texte d’aujourd’hui. Il s’agit donc d’une relecture de l’Exode et des enseignements de Moïse, bien après la mort de celui-ci, au moment où il faut rappeler de toute urgence au royaume du Sud les exigences de l’Alliance et la conversion en profondeur qui s’impose : « lsraël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité… comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères. Ecoute lsraël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. »
 Tout le destin d’Israël est là, peut-être, dans la juxtaposition de ces deux mots (« Ecoute » et « Israël ») : Israël, le peuple élu, mais qui tient son nom d’un combat mémorable, si vous vous souvenez ! Car c’est après la nuit de son combat avec l’ange (au gué du Yabbok, un affluent du Jourdain en Jordanie actuelle) que Jacob a reçu de son adversaire ce nouveau nom « Israël », qui signifie précisément « celui qui a bagarré contre Dieu » ! « On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté ». (Gn 32, 29). C’est à ce peuple, toujours tenté de se dresser contre Dieu, de bagarrer avec Dieu (« peuple à la nuque raide », disait Moïse) que l’auteur du livre du Deutéronome rappelle qu’il faut au contraire « écouter » Dieu… C’est lui, justement, qui est sans cesse remis devant cette nécessité de se soumettre et d’écouter, s’il veut conquérir son bonheur et sa liberté.
 Cette phrase « Ecoute Israël, le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique » est devenue la prière quotidienne des Juifs. C’est le fameux « SHEMA ISRAEL » [1] qu’on récite matin et soir, dès l’âge de trois ou quatre ans. La suite du texte insiste pour qu’on n’oublie jamais cette profession de foi : voici les quelques versets qui suivent, et qui sont tellement beaux : « Les paroles que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton coeur : tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route… Quand tu seras couché et quand tu seras debout… Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux… Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Belle manière de dire que c’est à tout instant, au coeur de chacune de ses occupations que le croyant doit resté attaché de tout son être à ces commandements qui lui ont été donnés pour son bonheur.
 Ce signe à la main et sur le front et sur les portes des maisons et des villes, vous savez qu’il est respecté à la lettre ; vous connaissez ce qu’on appelle les « phylactères » (en hébreu, tefilines) : ces petits cubes de cuir noir, que le fidèle attache avec des lanières, sur le front et sur le bras (à la hauteur du cœur), pour la prière quotidienne ; dans ces petits cubes, justement, sont renfermés des rouleaux de papier où est inscrit, entre autres, le texte du « Shema Israël »[2]. (« Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux »). De la même façon, le Deutéronome dit : « Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Alors on accroche au chambranle de la porte d’entrée de la maison un petit étui (mezouza) qui contient justement le Shema Israël ; même chose, il y a une mezouza accrochée à la porte de la ville (sur le mur d’enceinte de la vieille ville de Jérusalem par exemple). Ainsi, aujourd’hui encore, la fidélité du peuple élu s’inscrit dans sa pratique quotidienne. Israël n’a jamais oublié l’appel du Deutéronome.
 Au passage, on aura repéré l’importance de la transmission familiale de la foi : « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu, tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils… » L’expression « le Dieu de tes pères » que l’on rencontre ici, comme dans de nombreux textes de l’Ancien Testament, évoque aussi cette transmission depuis des siècles. Il y a là certainement l’un des secrets de la survie de la foi juive à travers l’histoire.

 ***
Note

 [1] – Cette prière est devenue aussi importante pour les Juifs que le Notre Père l’est pour les Chrétiens. Si importante que le premier mot « Ecoute » et le dernier « Unique » sont en majuscules dans nos Bibles.

 [2] – Voici les références des textes reproduits dans les phylactères : Ex 13, 1-10 ; Ex 13, 11-16 ; Dt 6, 4-9 ; Dt 11, 13-21.

Homélie du 31e dimanche ordinaire B

2 novembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 31e dimanche ordinaire B

Dt 6, 2-6 ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34

Pascal Obispo, musicien, parolier et chanteur,… Elie Chouraqui, réalisateur populaire et metteur en scène, ensemble, ont mis sur pied une comédie musicale sur « Les dix commandements », ou la Bible en danses et chansons. Et la chanson phare est faite pour donner au public, comme son titre l’indique, « l’envie d’aimer ». Mais, en même temps, de redécouvrir le Décalogue. Et son actualité. Car le Décalogue est vraiment un texte pour aujourd’hui. Il rejoint d’ailleurs l’actualité liturgique qui, par Moïse et Jésus, vient de nous rappeler que les deux amours, de Dieu et du prochain, ne font qu’un. Cet inséparable duo résume toutes les lois et tous les commandements, qu’ils soient 10 ou 613. Nous avons cependant besoin qu’on nous le rappelle constamment.
Nous avons beau dire et répéter, écrire et chanter qu’il est « si simple d’aimer », que l’ »essentiel est d’aimer », ou qu’il « suffit d’aimer », la perpétuelle difficulté c’est qu’en définitive nous ne savons pas réellement ce que peut signifier ce mot magique. D’autant plus que les êtres humains projettent sur lui toutes leurs attentes démesurées, leurs espoirs les plus fous et leurs fantasmes. Et bien souvent sans s’en rendre compte, en ne cherchant rien d’autre qu’eux-mêmes.
D’où la question : Quand donc arriverons-nous à nous débarrasser tout à fait de nos illusions d’amour pour en découvrir le vrai secret ? Un secret révélé il y a plus de trois mille ans. Mais qui a dû être régulièrement répété, commenté et réactualisé, tout au long d’une histoire parsemée de désobéissances, d’égoïsmes et de refus d’écouter. Même depuis la venue du Christ, nos 2000 ans de christianisme, et leur moisson abondante de fruits spirituels, sociaux et culturels, ont été abîmés par des injustices, des haines et des guerres à tous les niveaux. Et cela continue.
C’est pourquoi, depuis Moïse et régulièrement, surtout en période de drame et de tragédie, d’intolérance, de haine et de guerre, des prophètes rappellent à temps et à contretemps, et même au péril de leur vie, qu’il faut retourner aux sources et au secret de la vie relationnelle et de la vie harmonieuse, non seulement dans le couple et la famille, mais aussi dans la société et toute l’humanité. Il s’agit donc de réfléchir à nouveau sans se lasser et d’en tirer les conséquences.
C’est d’ailleurs ainsi qu’est né le livre du Deutéronome, qui signifie « la deuxième loi », c’est-à-dire une deuxième expression des enseignements que la tradition attribuait déjà à Moïse. Des enseignements trop souvent oubliés, entraînant des conséquences dramatiques. Il n’y a pas d’autre remède que d’en revenir aux exigences de l’alliance et s’imposer une conversion en profondeur.
C’est ainsi que le premier et le deuxième commandement, indissolublement unis, constituent la priorité absolue qui s’impose en toutes circonstances. Plus et mieux qu’un commandement ou qu’un ordre, c’est un principe « incontournable ». Une Parole de vie.
C’est ce même processus et c’est ce même esprit que l’on retrouve dans la comédie musicale des « Dix commandements ». Bien sûr, et fatalement, elle paie son tribut au romanesque, à l’imaginaire et au légendaire. Mais son message est profondément incarné aujourd’hui. Ainsi, Pascal Obispo décrit ces dix commandements comme un chant d’amour, qui est à la base de toute notre culture, et même à l’origine de nos lois dites laïques. Ce chant rappelle que nous avons tous les mêmes racines et que, finalement, nous aspirons tous aux mêmes choses. Avec Chouraqui, il a voulu en faire une histoire forte, porteuse d’un message de paix et de fraternité, multiculturel et multireligieux, dans le plaisir même d’un spectacle très vivant. Ce qui se concrétise déjà dans la sélection des quatre hommes et des cinq femmes choisis, non seulement pour la qualité de leur voix, mais parce qu’ils sont juifs, musulmans, chrétiens et bouddhistes. Un signe et une leçon.
De plus, un prolongement écrit l’accompagne. Un livre, où un grand rabbin, un évêque catholique, un grand mufti et un porte-parole de la laïcité, dialoguent paisiblement et relisent ensemble d’une façon originale les Tables de la Loi de Moïse, les dix Paroles. L’objectif ? Tous ont conscience de se trouver confrontés au danger actuel des intégrismes et de l’intolérance, des égoïsmes et des divisions. Et cela dans une société marquée par la quête fébrile du profit et de l’argent. C’est le retour du Veau d’or. D’où, le souci des intervenants de proposer un nouvel examen des sources de l’éthique et répondre au besoin vital d’un dialogue interreligieux et interphilosophique, de manière, notamment, à ce que des croyants de diverses fois et religions, ainsi que des non-croyants, puissent penser ensemble l’avenir des valeurs humaines, et donc de l’humanité.
Cet échange de vues a paru comparable à celui du scribe et de Jésus. Hors de tout esprit de clocher. Le débat répercuté par l’ouvrage débouche dans un Appel public pour « vivre ensemble » plus humainement.
Aimer Dieu se réalise dans le geste quotidien de ceux et celles qui accueillent et respectent leur prochain. La compassion, la solidarité, sont des forces extraordinaires, qui font que chacun de nous devient le relais, le transmetteur de l’amour de Dieu. Il n’y a pas d’amour de Dieu possible sans amour du prochain. Et en commençant par ce dernier.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Descente aux enfers Seigneur, Commémoration des fidèles défunts

1 novembre, 2012

Descente aux enfers Seigneur, Commémoration des fidèles défunts dans images sacrée discesa

http://www.simonospetras.org/2012/04/sabato-santo-la-discesa-agli-inferi-del-signore/

COMMÉMORATION DES FIDÈLE DÉFUNT

1 novembre, 2012

http://frederic.simon1.free.fr/jour_des_morts.html

COMMÉMORATION DES FIDÈLE DÉFUNT

Pour l’ Eglise catholique , le 2 Novembre est le jour de la commémoration des fidèles défunts. La liturgie prévoit un office particulier et des prières sont dites pour leurs âmes. Le 2 Novembre s’appelle aussi le jour des morts ou la fête des morts.
Depuis les premiers temps du christianisme, les liturgies occidentales et orientales consacrent une partie de la messe à la commémoration des défunts. Au moment du « mémento » on récitait les noms des défunts qui étaient inscrits sur des dyptiques, des tablettes généralement en ivoire. De nos jours, cet usage est remplacé par la lecture de la deuxième prière eucharistique de la liturgie Vatican II qui commence par : « Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie ».
En même temps que cette célébration quotidienne, s’est installée la coutume de commémorer les défunts suivant certains rythmes.
Tertullien ( mort vers 230-240 ) témoigne de l’existence de cette pratique à son époque : « Nous faisons annuellement des oblations pour les défunts et pour les nativités des martyrs ». ( De la couronne du soldat chapitre III ). On remarque que dans ce témoignage Tertullien établit déjà une relation entre la commémoration des morts et la Toussaint.
Après l’inhumation, des prières sont dites près de la tombe du défunt pendant les trois premiers jours de deuil.
Au IV ème siècle Saint Augustin recommande un deuil de sept jours au lieu du deuil de neuf jours que pratiquaient les latins et qu’ils appelaient les novandiales. « Le nombre septénaire marque principalement le repos à cause de la religion du Sabbat; c’est donc avec raison qu’on l’observe pour les morts, parce qu’ils sont comme entrés dans leur repos ». ( Questions sur la Genèse. Chapitre CLXXII ). 
Au VI ème siècle le pape Saint Grégoire le Grand institua la pratique du « trentain » c’est à dire la célébration de trente messes trente jours de suite pour qu’une âme soit libérée du purgatoire. Un jour, ayant pitié d’un frère défunt , il avait dit au prévôt du monastère : « Va donc, et à partir de ce jour, durant trente jours continus, aie soin d’offrir pour lui le sacrifice, et ne laisse passer absolument aucun jour où ne soit pas immolée l’hostie salutaire pour sa libération ». ( Dialogues Livre IV chapitre 55 ).
On pouvait ainsi célébrer un office pour les défunts le jour de l’inhumation puis trois , sept et trente jours après leur décès et à chaque anniversaire mais cette commémoration se situait dans le cadre d’un office ordinaire.
Un office spécifique pour les morts n’a été créé que plus tardivement, les premiers textes qui en parlent datent du IX ème siècle. Amalaire, diacre puis abbé de Metz, le signale dans son ouvrage « De ecclesiasticis officiis » écrit vers 820.
En 998 Odilon de Cluny institue une journée consacrée à la commémoration de tous les fidèles trépassés et la fixe le 2 Novembre. Son biographe raconte : « le saint père abbé proposa à tous les monastères que, le lendemain de la fête de tous les saints, on célèbre partout la mémoire de tous les fidèles pour assurer le repos de leur âme, que des messes soient célébrées, que les aumônes soient distribuées sans compter pour les pauvres ». Un texte des années 1070-1080 laisse entendre que le pape Léon IX ( 1049-1054 ) approuva cette décision peu après le décès d’Odilon. La fête des morts se répand dans tout l’occident chrétien dès la seconde moitié du XI ème siècle. Elle passe en Angleterre au début du XIII ème siècle. Le concile d’Oxford de 1222 déclare cette commémoration fête de seconde classe.
La commémoration des fidèles défunts entre dans la liturgie romaine et devient universelle au XIII ème siècle.

DIMENSION COMMUNAUTAIRE DE LA FOI, CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

1 novembre, 2012

http://www.zenit.org/article-32439?l=french

DIMENSION COMMUNAUTAIRE DE LA FOI, CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

Audience du mercredi 31 octobre 2012

ROME, mercredi 31 octobre 2012 (ZENIT.org) – La Tradition « nous donne la garantie que ce en quoi nous croyons est le message original du Christ, prêché par les Apôtres », explique Benoît XVI.
Le pape a en effet consacré sa catéchèse du mercredi, ce 31 octobre, place Saint-Pierre, devant quelque 20.000 Personnes, à la dimension « communautaire » de la foi.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :
Chers frères et sœurs,
Nous poursuivons notre chemin de méditation sur la foi catholique. La semaine dernière, j’ai montré comment la foi est un don, parce que c’est Dieu qui prend l’initiative et qui vient à notre rencontre ; et ainsi la foi est une réponse par laquelle nous l’accueillons comme le fondement stable de notre vie. C’est un don qui transforme l’existence, parce qu’il nous fait entrer dans la vision de Jésus, qui agit en nous et nous ouvre à l’amour de Dieu pour les autres.
Aujourd’hui, je voudrais faire un pas de plus dans notre réflexion, en partant encore une fois de certaines questions : la foi a-t-elle un caractère seulement personnel, individuel ? Est-ce que je vis ma foi tout seul ? Certes, l’acte de foi est un acte éminemment personnel qui advient au plus profond du cœur et qui marque un changement de direction, une conversion personnelle : c’est mon existence qui reçoit un tour, une orientation nouvelle. Dans la liturgie du baptême, au moment des promesses, le célébrant demande de manifester la foi catholique et formule trois questions : Croyez-vous en Dieu le Père tout–puissant ? Croyez-vous en Jésus-Christ son Fils unique ? Croyez-vous en l’Esprit Saint ? Autrefois, ces questions étaient adressées personnellement à celui qui devait recevoir le baptême, avant qu’il ne se plonge par trois fois dans l’eau. Et aujourd’hui encore la réponse est au singulier : « Credo ».
Mais ma foi n’est pas le résultat de ma réflexion solitaire, ce n’est pas le projet de ma pensée, mais c’est le fruit d’une relation, d’un dialogue, dans lequel il y a une écoute, une réception et une réponse ; c’est la communication avec Jésus qui me fait sortir de mon « moi » enfermé sur lui-même pour m’ouvrir à l’amour de Dieu le Père.
C’est comme une renaissance dans laquelle je me découvre uni non seulement à Jésus, mais aussi à tous ceux qui ont marché et qui marchent sur la même route ; et c’est cette nouvelle naissance, qui commence avec le baptême, continue tout au long de l’existence. Je ne peux pas construire ma foi personnelle dans un dialogue privé avec Jésus, parce que la foi m’est donnée par Dieu à travers une communauté croyante qui est l’Eglise et je m’insère ainsi dans la multitude des croyants dans une communion qui n’est pas seulement sociologique mais enracinée dans l’éternel amour de Dieu, qui en lui-même est communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est Amour trinitaire. Notre foi n’est vraiment personnelle que si elle est aussi communautaire : elle ne peut être ma foi que si elle vit et se meut dans le « nous » de l’Eglise, seulement si c’est notre foi, la foi commune de l’unique Eglise.
Le dimanche, à la messe, en récitant le « Credo », nous nous exprimons à la première personne, mais nous confessons communautairement l’unique foi de l’Eglise. Ce « Credo » prononcé de façon individuelle nous unit à celui d’un choeur immense dans le temps et dans l’espace, dans lequel chacun contribue, pour ainsi dire, à une concorde polyphonique de la foi. Le Catéchisme de l’Eglise catholique l’exprime de façon claire en ces termes: «  » Croire  » est un acte ecclésial. La foi de l’Église précède, engendre, porte et nourrit notre foi. L’Église est la mère de tous les croyants.  » Nul ne peut avoir Dieu pour Père qui n’a pas l’Église pour mère  » (S. Cyprien, unit. eccl. : PL 4, 503A) » (n. 181). La foi naît donc dans l’Eglise, conduit à elle, et vit en elle. C’est important de le rappeler.
Au commencement de l’aventure chrétienne, lorsque l’Esprit Saint descend avec puissance sur les disciples, au premier jour de la Pentecôte, comme le rapportent els Actes des Apôtres (cf. 2,1-13), l’Eglise naissante reçoit la force d’accomplir la mission qui lui a été confiée par le Seigneur ressuscité : répandre l’Evangile aux quatre coins du monde, la bonne nouvelle du Règne de Dieu, et ainsi conduire l’homme à la rencontre avec lui, à la foi qui sauve. Les Apôtres surmonte toute peur de proclamer ce qu’ils avaient entendu, vu, ce dont ils avaient fait l’expérience en personne avec Jésus. Par la puissance de l’Esprit-Saint, ils commencent à parer des langues nouvelles, en annonçant ouvertement le mystère dont ils ont été témoins. Dans les Actes des Apôtres, on rapporte ensuite le grand discours que Pierre prononce justement le jour de la Pentecôte. Il part d’un passage du prophète Joël (3,1-5), en rattachant à Jésus, et en proclamant le noyau central de la foi chrétienne : celui qui avait fait du bien à tous, qui avait été accrédité par Dieu, par des prodiges et de grands signes, a été cloué sur la croix et tué, mais Dieu l’a ressuscité des morts, le faisant Christ et Seigneur.
Avec lui, nous sommes entrés dans le salut définitif annoncé par les prophètes et qui invoquera son nom sera sauvé (cf. Ac 2,17-24). Beaucoup se sentent interpellés personnellement par ces paroles de Pierre, ils se repentent de leurs péchés et ils se font baptiser et reçoivent le don de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-41). C’est ainsi que commence le chemin de l’Eglise, communauté qui porte cette annonce dans le temps et dans l’espace, communauté que le Peuple de Dieu fondé sur la nouvelle alliance grâce au sang du Christ et dont les membres n’appartiennent pas à un groupe social ou ethnique particulier, mais sont des hommes et des femmes venus de toute nation et culture. C’est un peuple « catholique » qui parle des langues nouvelles, universellement ouvert pour accueillir chacun, au-delà des frontières, en abattant toutes les barrières. Saint Paul dit : « Il n’y a plus de grec n de Juif, ni circoncision ni incirconcision, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais le Christ qui est tout en tous » (Col 3,11).
Donc l’Eglise dès le début, est le lieu de la foi, le lieu de la transmission de la foi, et lieu où, par le baptême, on est plongé dans le Mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, qui nous libère de la prison du péché, nous donne la liberté des fils et qui nous introduit dans la communion du Dieu trinitaire. En même temps, nous sommes plongés dans la communion avec les autres frères et sœurs dans la foi, avec tout le Corps du Christ, tirés de notre isolement. Le Concile œcuménique Vatican II le rappelle : « Cependant le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (Const. dogm. Lumen gentium, 9).
En rappelant encore la liturgie du baptême, nous notons qu’en conclusion des promesses où nous exprimons le renoncement au mal et où nous répétons « credo », aux vérités de la foi, le célébrant déclare : « Voilà notre foi, voilà la foi de l’Eglise et nous nous glorifions de la professer dans le Christ Jésus notre Seigneur ». La foi est une vertu théologale, donnée par Dieu, mais transmise par l’Eglise au long de l’histoire. Saint Paul lui-même, écrivant aux Corinthiens, affirme leur avoir communiqué l’Evangile qu’il avait à son tour reçu lui aussi (cf. 1 Co 15, 3).
Il y a une chaîne ininterrompue de la vie de l’Eglise, de l’annonce de la Parole de Dieu, de la célébration des sacrements, qui arrive jusqu’à nous et que nous appelons la Tradition. Elle nous donne la garantie que ce en quoi nous croyons est le message original du Christ, prêché par les Apôtres. Le noyau de l’annonce primordiale est l’événement de la mort et de la résurrection du Seigneur, d’où jaillit tout le patrimoine de la foi. Le Concile dit : « La prédication apostolique, qui se trouve spécialement exprimée dans les livres inspirés, devait être conservée par une succession ininterrompue jusqu’à la consommation des temps » (Const. dogm. Dei Verbum, 8).
De cette façon, si l’Ecriture sainte contient la Parole de Dieu, la Tradition de l’Eglise la conserve et la transmet fidèlement, afin que les hommes de chaque époque puissent accéder à ses immenses ressources et s’enrichir de ses trésors de grâce. Ainsi, l’Eglise « perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit » (ibidem).
Enfin, je voudrais souligner que c’est dans la communauté ecclésiale que la foi personnelle croît et mûrit. Il est intéressant d’observer comment dans le Nouveau testament la parole « saints » désigne les chrétiens dans leur ensemble et tous n’avaient certainement pas les qualités pour être déclarés saints par l’Eglise. Qu’est-ce que l’on voulait donc indiquer par ce terme ? Le fait que ceux qui avaient la foi dans le Christ ressuscité et en vivaient, étaient appelés à devenir un point de référence pour tous les autres, en les mettant ainsi en contact avec la personne et avec le message de Jésus, qui révèle le visage du Dieu vivant. Et cela vaut aussi pour nous : un chrétien qui se laisse guider et modeler peu à peu par la foi de l’Eglise, en dépit de ses faiblesses, de ses limites, et de ses difficultés, devient comme une fenêtre ouverte à la lumière du Dieu vivant, qui reçoit cette lumière et la transmet au monde. Le bienheureux Jean-Paul II affirmait dans l’encyclique Redemptoris missio que « la mission renouvelle l’Eglise, fortifie la foi et l’identité chrétienne, donne un nouvel enthousiasme et des motivations nouvelles. La foi se fortifie si on la donne ! » (n. 2).
La tendance, aujourd’hui répandue, à reléguer la foi dans la sphère du privé contredit donc sa nature même. Nous avons besoin de l’Eglise pour avoir la confirmation de notre foi et pour faire l’expérience des dons de Dieu : sa Parole, les sacrements, le soutien de la grâce, et le témoignage de l’amour. Ainsi, dans le « nous » de l’Eglise, notre « je » pourra se percevoir à la fois comme le destinataire et le protagoniste d’un événement qui le dépasse : l’expérience de la communion avec Dieu, qui fonde la communion entre les hommes. Dans un monde où l’individualisme semble régler les rapports entre les personnes, en les rendant toujours plus fragiles, la foi nous appelle à être Peuple de Dieu, à être Eglise, porteurs de l’amour et de la communion de Dieu pour tout le genre humain (cf. Const. past. Gaudium et spes, 1). Merci de votre attention.

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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