Archive pour novembre, 2012

Elijah and the poor widow

10 novembre, 2012

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http://www.artbible.net/1T/1Ki1708_Elijah_and_the_widow/index_2.htm

 

Dimanche 11 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

10 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 11 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17,10-16
10 Le prophète Elie partit pour Sarepta,
 et il parvint à l’entrée de la ville.
 Une veuve ramassait du bois;
 il l’appela et lui dit :
 « Veux-tu me puiser, avec ta cruche,
 un peu d’eau pour que je boive ? »
11 Elle alla en puiser.
 Il lui dit encore :
 « Apporte-moi aussi un morceau de pain. »
12 Elle répondit :
 « Je le jure par la vie du SEIGNEUR ton Dieu :
 je n’ai pas de pain.
 J’ai seulement, dans une jarre,
 une poignée de farine,
 et un peu d’huile dans un vase.
 Je ramasse deux morceaux de bois,
 je rentre préparer pour moi et pour mon fils
 ce qui nous reste.
 Nous mangerons, et puis nous mourrons. »
13 Elie lui dit alors :
 « N’aie pas peur, va, fais ce que tu dis.
 Mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi,
 ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils.
14 Car ainsi parle le SEIGNEUR, Dieu d’Israël :
 Jarre de farine point ne s’épuisera,
 vase d’huile point ne se videra,
 jusqu’au jour où le SEIGNEUR   
 donnera la pluie pour arroser la terre. »
15 La femme alla faire ce qu’Elie lui avait demandé,                                                     
et longtemps, le prophète, elle-même et son fils
 eurent à manger.
16 Et la jarre de farine ne s’épuisa pas,
 et le vase d’huile ne se vida pas,
 ainsi que le SEIGNEUR l’avait annoncé par la bouche d’Elie.

Pourquoi le prophète Elie est-il ici, loin de son pays ? Il est prophète du royaume du Nord, et cela se passe ailleurs, à Sarepta, une ville de la côte phénicienne, une région qui, à l’époque, fait partie du royaume de Sidon et pas du tout du royaume d’Israël. En clair, le grand prophète a quitté sa patrie qui est le lieu de sa mission pour se réfugier à l’étranger : il est en exil volontaire, pourrait-on dire. Que se passe-t-il donc dans sa patrie ?
 Nous sommes au neuvième siècle av.J.C., puisqu’il s’agit du grand prophète Elie, et, plus précisément sous le règne du roi Achab et de la reine Jézabel (vers 870). Or Jézabel n’est pas une fille d’Israël, elle est la fille du roi de Sidon ; en l’épousant, Achab a pratiqué une politique d’alliance (ce que les rois font souvent) mais il a pris un risque ; car le mariage avec une étrangère (donc païenne) est le premier pas vers l’apostasie, on le sait bien. Voici le palais, la ville, bientôt le peuple, ouverts à l’idolâtrie. Car la jeune reine païenne a apporté avec elle ses coutumes, ses prières, ses statues, ses prêtres ; désormais quatre cents prêtres de ce culte idolâtre paradent au palais et prétendent que Baal est le vrai dieu de la fertilité, de la pluie, de la foudre et du vent. Quant au roi Achab, trop faible, il laisse faire, pire, il trahit sa propre religion et il a poussé l’apostasie jusqu’à construire un temple de Baal dans sa capitale, Samarie.
 Pour le prophète Elie et les fidèles du Seigneur, c’est la honte ! Car le premier des commandements était : « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ! » C’était le B.A. BA en quelque sorte de l’Alliance avec le Dieu de Moïse : Dieu seul est Dieu, toutes les idoles ne servent à rien.
 Evidemment, si Elie jouait son rôle de prophète, il ne pouvait que s’opposer à la reine Jézabel, ce qui n’a pas manqué. Mais comment prouver que les idoles ne sont rien que des statues impuissantes ? C’est à ce moment-là qu’intervint en Israël une grande sécheresse ; Elie saisit l’occasion : vous prétendez que Baal est le dieu de la pluie ? Eh bien moi, Elie, je vais vous montrer que le Dieu d’Israël est l’Unique et que tout, pluie ou sécheresse, vient de lui et de personne d’autre. On va voir ce qu’on va voir.
 Notre texte d’aujourd’hui se situe à ce moment-là ; prévenu par Dieu, Elie a déclaré solennellement : « Par la vie du SEIGNEUR, le Dieu d’Israël au service duquel je suis, il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sinon à ma parole », traduisez Dieu est le seul maître des éléments, vos Baals n’y peuvent rien. Puis il est parti se mettre à l’abri car Dieu lui a dit : « Va-t-en d’ici, dirige-toi vers l’orient et cache-toi dans le ravin de Kerith, qui est à l’est du Jourdain. Ainsi tu pourras boire au torrent, et j’ai ordonné aux corbeaux de te ravitailler là-bas. » (1 R 17, 3-4). La sécheresse persistant, le torrent cesse de couler et Dieu envoie Elie un peu plus loin, à Sarepta, près de Sidon : « La parole du SEIGNEUR lui fut adressée : Lève-toi, va à Sarepta qui appartient à Sidon, tu y habiteras ; j’ai ordonné là-bas à une femme, à une veuve, de te ravitailler. » Bien sûr, Elie obéit et le voilà à Sarepta.
 Voici donc le grand prophète, mendiant, (téléguidé par Dieu, c’est vrai, mais mendiant quand même) et réduit à demander à une inconnue : « Apporte-moi un morceau de pain » ; la femme, elle aussi, est une pauvre, le texte le dit assez : « Je le jure par la vie du SEIGNEUR ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous mangerons, et puis nous mourrons. » (Sous-entendu ce sera notre dernier repas, puisque ce sont mes dernières provisions).
 Mais puisque Dieu a parlé, il faut oser la confiance ; c’est bien le rôle du prophète de le rappeler : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu dis. Mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi, ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils. Car ainsi parle le SEIGNEUR, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le SEIGNEUR donnera la pluie pour arroser la terre. » On sait la suite magnifique, sur le plan théologique autant que littéraire : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le SEIGNEUR l’avait annoncé par la bouche d’Elie. »
 Mais pour cela, il a fallu que la veuve de Sarepta qui est une païenne joue sa vie (puisqu’elle donne la totalité du peu qui lui reste) sur la parole du Dieu d’Israël. L’intention de l’auteur du texte est claire : le peuple bénéficiaire de toutes les sollicitudes de Dieu ferait bien de prendre exemple sur certains païens ! Alors que le peuple élu crève de faim et de malheur, sur sa terre retombée dans l’idolâtrie, des païens peuvent bénéficier des largesses de Dieu, simplement parce qu’ils ont la foi. Et la femme de Sarepta a même entendu Dieu lui parler (lui ordonnant de ravitailler son prophète) : ce qui revient à dire : la parole de Dieu, mes frères, résonne aussi en terre païenne, qu’on se le dise ! Plus tard, Jésus ne fera pas plaisir à ses compatriotes en leur rappelant cet épisode (Lc 4, 25-26). Dans les textes tardifs de l’Ancien Testament (et le premier livre des Rois en fait partie), des païens sont souvent donnés en exemple : on avait bien compris que le salut de Dieu est promis à l’humanité tout entière et pas seulement à Israël.
 La grande leçon de ce passage, enfin, c’est la sollicitude de Dieu pour ceux qui lui font confiance : le prophète qui fait assez confiance pour tenir tête à Achab et Jézabel… la veuve qui prend le risque de se dépouiller du peu qui lui reste… L’un et l’autre sont dans la main de Dieu. L’un et l’autre seront comblés au-delà de leur attente.

Saint Leo the Great Pope

9 novembre, 2012

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http://cantuar.blogspot.it/2011/11/communion-on-tongue-and-pope-st-leo.html

10 novembre: Saint Léon le Grand,

9 novembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/10.php

10 novembre: Saint Léon le Grand,

Pape et docteur de l’Eglise

Ferme témoin de l’ère patristique dans la décadence romaine où, pendant vingt-et-un ans, il affronte victorieusement les nouveaux maîtres, les Barbares1, le quarante-cinquième évêque de Rome, quarante-troisième saint pape, est le premier à porter le nom de Léon2 et le premier dont nous conservons les œuvres complètes3 qui lui valent d’êtrele premier pape à porter le titre de docteur de l’Eglise4 ; il est aussi le premier pape à être enseveli au Vatican : « L’ancienne Eglise, écrivait le savant Batiffol5, n’a pas connu de pape plus complet ni de plus grand. » Il pourfend les hérétiques, il prêche à temps et à contretemps, avec simplicité et profondeur, dignité et tendresse ; il déploie un courage authentique et modeste quand il affronte les Huns et les Vandales ;  faiseur de paix, appliqué à son métier de pape, ce conducteur d’hommes sacrifie sa vie privée à sa vie publique : « Nous devons courir la route qui n’est autre que Jésus en personne. »
Fils de Quintanius, certains le supposent toscan tandis que d’autres, s’appuyant sur une de ses lettres à Pulchérie (épître XXXI)  l’affirment romain. Nous ne savons rien de sûr de ses premières années, sinon la belle résultante d’une bonne éducation classique. On le rencontre en 418, déjà l’acolyte, utilisé comme vaguemestre du pape Zosime qui le distingue pour son humanisme solide (hormis la maîtrise du grec), sa connaissance approfondie des sciences ecclésiastiques et sa séduisante éloquence ordonnée. Ordonné diacre par le pape Célestin, il est nommé archidiacre de Rome (432) et bientôt chargé de mission à l’époque où Cassien lui dédie son traité contre les Nestoriens.6 »
C’est grâce à lui que le pape Sixte III déjoue les arguties de Julien d’Eclane (439) qui soutient les pélagiens7. En 440, il  est désigné comme médiateur dans le litige qui oppose, en Gaule, le général Ætius au seigneur Albinus. Lorsque meurt Sixte III (19 août 440), Léon est rappelé d’urgence à Rome où il est élu à la succession de Pierre (29 septembre 440).
Chef prudent et sage, homme de doctrine et de discipline, Léon I° s’entoure de conseillers avisés, choisis parmi les spécialistes des grandes questions comme le moine Prosper d’Aquitaine, polémiste vigoureux contre Cassien et Vincent de Lérins, et viscéralement anti-pélagien.
Dans ses homélies, en style elliptique, il commente l’année liturgique en formules lapidaires. On cite comme exemple de beau latin et de commentaire intériorisé, son fameux sermon sur Noël. « Aujourd’hui, frères bien-aimés, Notre-Seigneur est né. Réjouissons-nous ! Nulle tristesse n’est de mise, le jour où l’on célèbre : naissance de la vie, abolition de la peur causée par la mort, éternité promise… Le Verbe divin, Dieu lui-même, s’est fait homme pour délivrer l’homme de la mort éternelle. Pour ce faire, il s’est abaissé jusqu’à nous, mais sans rien perdre de sa majesté. Il est devenu ce qu’il n’était pas, tout en demeurant tout ce qu’il était. Il unit donc la forme de l’esclave à la forme dans laquelle il est égal à Dieu le Père. De la sorte, il a lié entre elles deux natures, de telle façon qu’il n’a pas détruit la nature inférieure par sa glorification et n’a pas amoindri la nature supérieure par l’addition de l’autre.8 » A travers même la traduction, les plus délicats détectent et apprécient les procédés rhétoriques : parallèles et antithèses, assonances et clausules… Il en est de même du célèbre sermon sur la Passion. « La glorieuse passion de Notre-Seigneur, apparaît spécialement admirable par son mystère d’humilité… En effet, la toute-puissance du Fils de Dieu, source de son égalité avec le Père dans l’unité d’essence, aurait pu soustraire le genre humain à l’esclavage du diable par le seul commandement de sa volonté. Mais il était pleinement conforme aux œuvres divines que l’hostilité et la malignité de l’ennemi fussent vaincues par cela même qu’elles avaient vaincu, que la liberté fût restaurée par la nature même qui nous avait tous jetés dans l’esclavage… Dans cette union entre la créature et son créateur, rien ne manqua à la nature divine, rien d’humain ne manque à celle qu’il assumait.9 »
Léon le Grand combat l’erreur manichéenne du perse Manès (mort 227), hérésie qui reconnaît deux principes – le Bon qui est Dieu et le Mauvais qui est le démon, en lutte perpétuelle. En 443-444, il recourt au bras séculier et les empereurs Théodose le Jeune et Valentinien III prononcent des peines sévères contre les sectateurs. Même conduite envers les pélagiens, solennellement stigmatisés au concile d’Ephèse (431). Seize ans après, les priscillianistes10 sont condamnés.
Sous son impulsion, la délicate question de l’élection des évêques est réglementée. Léon rappelle à l’ordre les épiscopes de Mauritanie césarienne, Rusticus, évêque gaulois de Narbonne, Hilaire évêque d’Arles. Au milieu du découpage de l’Eglise du V° siècle entre les juridictions patriarcales11 il sauvegarde la primauté romaine, au point de mériter (227 ans après sa mort) l’éloge d’un de ses successeurs, Serge I° qui lui attribue cette devise : « Je veille pour que le loup, toujours à l’affût, ne saccage pas mon troupeau. »
Après la condamnation de Nestorius, au concile d’Ephèse (431), un archimandrite de Constantinople, Eutychès, d’apparence austère, tombe dans l’erreur opposée à celle de Nestorius. Le premier proclame qu’il y a deux personnes distinctes, en Jésus-Christ : l’homme et le dieu ; le second soutient qu’il n’y a qu’une seule nature en Jésus-Christ : la divine. Entre Flavien, patriarche de Constantinople qui défend et diffuse la saine doctrine, et Eutychès qui la bafoue, il faut trancher.
Eutychès,  appuyant sa supplique par une lettre de l’empereur Théodose, en appelle au pape Léon. Un rescrit impérial convoque un concile à Ephèse, pour le 30 mars 449 où, à cause de son appel au pape qui est suspensif, Eutychès échappe à la condamnation prononcée par Flavien. Pire encore, lors du concile frauduleusement convoqué, les légats du Pape12 sont placés sous surveillance des mouchards impériaux et le patriarche Flavien est molesté ; Léon le Grand dénonce l’irrégularité flagrante : Ephenisum latrocinium, Le brigandage d’Ephèse. Le pape rédige son admirable Lettre dogmatique à Flavien : outre la condamnation d’Eutychès (Imprudent à l’excès, exégète ignorant et contempteur de la vérité) il fournit des précisions dogmatiques ciselées comme des rasoirs. « Jésus-Christ fait homme, unique médiateur entre Dieu et les hommes, a pu mourir dans sa nature humaine, tout en restant immortel dans sa nature divine. Le vrai Dieu par sa naissance a pris la nature parfaitement complète d’un homme authentique et il est : tout entier dans la sienne et tout entier dans la nôtre… C’est grâce à cette unité de personne dans une double nature que le Fils de l’homme est descendu du ciel et, d’autre part, que le Fils de Dieu a été crucifié et enseveli, alors qu’il a pu souffrir ces épreuves par suite de l’infirmité de notre nature, nullement de sa divinité elle-même… Si donc Eutychès accepte la foi chrétienne, il reconnaîtra quelle est la nature qui a été percée par les clous et attachée à la croix… L’Eglise catholique vit et perpétue cette croyance : dans le Christ Jésus, l’humanité n’est pas sans véritable divinité et la divinité sans véritable humanité ! » Placidie, mère de Valentinien III et Pulchérie, devenue épouse de Marcien, interviennent près de l’autorité impériale ; toutes les questions litigieuses seront précisées par une assemblée ecclésiale régulière, le concile de Chalcédoine (octobre-novembre 451), convoqué par l’empereur Marcien et approuvée par le pontife suprême où 550 évêques orientaux, 2 légats de pape et deux africains, destituent Dioscore, l’organisateur du brigandage d’Ephèse, et condamnent Eutychès et le monophysisme13. On définit en Jésus deux natures distinctes et parfaites : la divine et l’humaine. On publie le symbole de Chalcédoine, à propos duquel les Pères du concile s’écrient unanimement : « C’est la foi des apôtres, c’est la foi des premiers pasteurs, c’est ce que nous croyons… Pierre a parlé, par la bouche de Léon. Les propos du Pape sont clairs : Rome donne des solutions aux cas qu’on lui soumet. Ces solutions sont des sentences. Pour l’avenir, Rome prononce des sanctions. »
La victoire des champs catalauniques, gagnée, entre Châlons-sur-Marne et Troyes, par Aetius (romain), Mérovée (franc) et Théodoric I° (wisigoth) contre Attila, roi des Huns, le fléau de Dieu, renvoie les hordes sur le Danube d’où, au printemps 452, il s’avance jusqu’au nord de l’Italie ; comme Aetius se déclare incapable d’affronter victorieusement l’envahisseur qui menace Rome, le Sénat s’adresse au pape Léon pour négocier. Aux environs de Mantoue, une procession de gens d’Eglise – moines, prêtres et chasubles, évêques revêtus d’or – précède le Pape à la rencontre des Huns. Attila regarde, hésite et, subitement, enlève sa monture pour traverser au galop le Mincio (affluent du Pô). Après l’entrevue, Attila qui parle couramment latin, rejoint ses troupes pour leur donner l’ordre de retraite vers la Hongrie où il mourra l’année suivante.
Trois ans plus tard (juin 455), les vandales de Genséric, à partir de ses puissantes bases navales méditerranéennes, investit Rome et s’en empare. Là encore, Léon le Grand négocie  : mes soldats ne verseront pas le sang humain, aucun édifice ne sera brûlé déclare Genséric qui cesse son occupation, le 29 juin 455, fête des saints apôtres Pierre et Paul.  Léon exhorte les fidèles : « Peuple romain, n’oublie pas trop vite cette délivrance !14 »
Dans les dernières années du pontificat de Léon le Grand, l’Eglise souffre de l’agitation orientale. En Egypte, le moine Timothée, surnommé Elure (le chat), à cause de ses manières félines, pour devenir patriarche d’Alexandrie fait massacrer le titulaire, Porterius.
« Votre église alexandrine, écrit Léon le Grand, devient une caverne de voleurs (spelunca latronum).15 » Sa belle épître du 17 août 458, modèle de simplicité conjointe avec la fermeté doctrinale, développe un plan de redressement. En 460, Timothée-le-chat, enfin banni, est remplacé par un ancien solitaire du monastère de Canope, Solophaciole. « Après seize ans de chicanes, notre sainte Eglise connaît enfin la paix. » Un an après, le 10 novembre 461, Léon meurt et on l’inhume dans la basilique Saint-Pierre.
Au plan doctrinal, ce lutteur pour la foi, vainqueur du paganisme, se fait le champion de l’unité ecclésiale. Il reste le docteur de l’Incarnation. Au plan politique, la Rome pontificale succède, avec ce grand chef, à la Rome impériale. Avec Léon, le siège sacré de l’apôtre Pierre devient inspirateur et conducteur de l’univers. Solidement implanté sur ce roc, battu par l’ouragan des hérésies et les vagues des barbares, ce pape de la sauvegarde est un inlassable prophète de l’espérance.  « Le bienheureux Pierre persiste dans la solidité qu’il reçut. Il n’abandonnera jamais le gouvernement ecclésial. Je continue. »

1 Ce qualificatif de barbare fut d’abord attribué à tous les peuples autres que les Grecs et les Romains, avec le sens d’étranger.
2 En latin, le lion.
3 46 sermons et 174 lettres.
4 L’Eglise a donné le titre de docteur de l’Eglise à trente-deux écrivains ecclésiastiques remarquables par la sainteté de leur vie, la pureté de leur doctrine et la qualité de leur science. Saint Léon le Grand fut proclamé docteur de l’Eglise par Benoît XIV en 1754. Les autres docteurs de l’Eglise sont : Hilaire de Poitiers (mort en 367), Athanase d’Alexandrie (mort en 373), Ephrem (mort en 378), Basile le Grand (mort en 379), Cyrille de Jérusalem (mort en 386), Grégoire de Nazianze (mort en 390), Ambroise de Milan (mort en 397), Jean Chrysostome (mort en 407), Jérôme (mort en 419), Augustin d’Hippone (mort en 430), Cyrille d’Alexandrie (mort en 444), Pierre Chrysologue (mort en 450), Grégoire le Grand (mort en 604), Isidore de Séville (mort en 636), Bède le Vénérable (mort en 735), Jean Damascène (mort en 740), Pierre Damien (mort en 1072), Anselme de Cantorbéry (mort en 1109), Bernard de Clairvaux (mort en 1153), Antoine de Padoue (mort en 1231), Thomas d’Aquin, le Docteur angélique (mort en 1274), Bonaventure, le Docteur Séraphique (mort en 1274), Albert le Grand (mort en  1280), Catherine de Sienne (morte en 1380), Thérèse d’Avila (morte en 1582), Jean de la Croix (mort en 1591), Pierre Canisius (mort en 1597), Laurent de Brindisi (mort en 1619), Robert Bellarmin (mort en 1621), François de Sales (mort en 1622), Alphonse de Liguori (mort en 1784).
5 Mgr Pierre Batiffol (1861-1929).
6 Hérétiques qui distinguent deux personnes en Jésus-Christ.
7 Hérétiques minimalistes sur le rôle de la grâce divine.
8 Sermon XXI sur la Nativité.
9 Sermon XII sur la Passion.
10 Ascètes excessifs et prophètes inquiets et inquiétants, propagateurs des écritures apocryphes.
11 Constantinople, Alexandrie, Antioche, Rome et Jérusalem.
12 Jules de Pouzzole, le diacre Hilaire et le notaire Dulcitius.
13 Erreur qui attribue une seule nature – phusis- en Jésus-Christ.
14 Sermon LXXXIV.
15 Lettre CLVI.

Homélie de Saint Léon
Je me réjouis, mes bien-aimés, de votre affection filiale, et je rends grâces à Dieu parce que je reconnais en vous la charité qui constitue l’unité chrétienne. Comme l’atteste en effet votre affluence aujourd’hui, vous comprenez que le retour de cet anniversaire a le sens d’une joie commune, et que la fête annuelle du pasteur est à l’honneur de tout le troupeau.
Car toute l’Eglise de Dieu est organisée en degrés distincts, de sorte que l’intégralité de son corps sacré est formée de membres divers ; cependant, comme le dit l’Apôtre, dans le Christ Jésus nous sommes tous un16. Nos offices nous distinguent, mais tout membre, si humble soit-il, est en relation avec la tête. Dans l’unité de la foi et du baptême nous formons donc, mes bien-aimés, une société sans castes. La dignité est, chez nous, générale, et nous pouvons dire selon ces paroles du Bienheureux Apôtre Pierre : « Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, vous vous dressez en un édifice spirituel, en un sacerdoce saint, qui offre un sacrifice spirituel, agréable à Dieu par Jésus-Christ. » Et plus loin : « Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis.17 » Car de tous ceux qui sont régénérés dans le Christ, le signe de la croix fait des rois, et l’onction de l’Esprit-Saint fait des prêtres ; si bien qu’outre le service spécial qui constitue notre ministère, tous ceux qui sont chrétiens en esprit et en vérité savent qu’ils sont de sang royal et de rang sacerdotal. Quoi de plus royal, en effet, qu’une âme soumise à Dieu et maîtresse de son corps ? Quoi de plus sacerdotal que de vouer à Dieu une conscience pure et de lui présenter sur l’autel du cœur le sacrifice sans tache de la piété filiale ? Puisque ce sacrifice est, par la grâce de Dieu, notre sacrifice à tous, c’est un acte religieux et louable que de vous réjouir de cet anniversaire comme de votre propre honneur. Ainsi le sacrement un du pontificat sera célébré dans tout le corps de l’Eglise. Avec l’huile de la bénédiction il se répand sans doute plus abondamment sur les degrés supérieurs, mais ce n’est pas non plus avec parcimonie qu’il descend aux inférieurs.
Bien que nous ayons donc grand sujet de joie commune dans ce don que nous partageons, mes bien-aimés, nous aurons encore une raison plus vraie et plus excellente de nous réjouir si nous n’en restons pas à nous considérer nous-mêmes, humbles gens : il est beaucoup plus utile et plus digne d’élever les regards de notre âme pour contempler la gloire du bienheureux Apôtre Pierre, et de fêter cette journée en vénérant celui sur qui la source même de tous les dons a coulé si abondamment. Non seulement un grand nombre de dons ont été pour lui seul, mais aucun n’a passé à d’autres sans qu’il y ait part.
Car déjà le Verbe fait chair habitait parmi nous18 ; déjà le Christ se donnait entièrement à la restauration du genre humain. Rien n’était étranger à sa sagesse, rien n’était difficile pour sa puissance. Les éléments, les esprits, les anges, étaient à son service : le mystère qu’opérait le Dieu un et trine ne pouvait en aucune manière être inefficace. Et cependant, Pierre est choisi, seul du monde entier, pour être préposé à l’appel de toutes les nations, et aux Apôtres, aux Pères de l’Eglise; Bien qu’il y ait dans le peuple de Dieu beaucoup de prêtres, beaucoup de pasteurs, c’est proprement Pierre qui gouverne tous les fidèles, comme c’est en dernier ressort le Christ qui est leur Chef. Mes bien-aimés, Dieu a daigné donner à cet homme une grande et admirable part de sa puissance. S’il a voulu que certaines choses lui soient communes avec les autres princes de l’Eglise, il n’a jamais donné que par lui ce qu’il a donné aux autres.
Le Seigneur demande à tous les Apôtres ce que les hommes pensent de lui. Leur réponse est commune aussi longtemps qu’ils expriment l’incertitude de l’intelligence humaine. Mais quand il demande le sentiment des disciples, celui qui est premier dans la dignité apostolique est premier pour confesser le Seigneur. Il dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant. » Et Jésus lui répond : « Bienheureux es-tu, Simon fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux.19 » Ce qui veut dire : Tu es bienheureux parce que mon Père t’a enseigné. L’opinion terrestre ne t’a pas trompé, mais l’inspiration du ciel t’a instruit. Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont éclairé, mais Celui-là même dont je suis le Fils Unique.
« Et moi, dit-il, je te dis… » Ce qui signifie : de même que mon Père t’a manifesté ma divinité, ainsi moi je te fais connaître la primauté qui t’est donnée : tu es Pierre. Autrement dit : Je suis, moi, la pierre inviolable, la pierre angulaire qui réunit les deux côtés ; je suis le fondement, et nul ne peut en poser un autre20. Mais toi aussi tu es pierre, parce que tu es affermi par ma force ; et la puissance qui m’appartient en propre nous est commune, parce que je t’en fais part. Et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer n’en triompheront pas. Sur cette puissance, dit-il, je bâtirai mon temple éternel. La sublimité de mon Eglise, qui doit monter jusqu’au ciel, s’élèvera sur ce solide fondement de ta foi.
Cette confession de Pierre, les portes de l’enfer ne pourront l’empêcher de se diffuser dans le monde entier ; les liens de la mort ne l’empêcheront pas. Car cette parole est parole de vie ; elle porte au ciel ceux qui la confessent, et jette en enfer ceux qui la renient. A cause d’elle, le bienheureux Pierre s’entend dire : « Je te donnerai les clés du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur terre sera délié dans le ciel. » Ce pouvoir a passé même aux autres Apôtres, et l’institution en est devenue commune à tous les chefs de l’Eglise. Mais ce n’est pas pour rien que le Seigneur remet à un seul ce qui sera la charge de tous. Il confie ce pouvoir spécialement à Pierre, parce que Pierre est préposé à tous les princes de l’Eglise, comme leur forme. Le pouvoir de lier et de délier reste le privilège de Pierre, en tout lieu où le jugement est porté en vertu de la justice de Pierre. Ni la sévérité ni l’indulgence ne peuvent être excessives, là où rien n’est lié ni délié sinon ce que le bienheureux Pierre a délié ou lié.
A la veille de sa Passion, qui devait troubler la conscience des disciples, le Seigneur dit à Simon : « Simon, voici que Satan a demandé à vous passer au crible, comme du froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne soit pas en défaut. Et toi, quand tu seras revenu, confirme tes frères afin que vous n’entriez pas en tentation. » La tentation de craindre était un danger commun à tous les Apôtres, et tous y avaient également besoin du secours divin : le démon voulait tous les secouer, tous les briser. Et cependant le Seigneur prend un soin spécial de Pierre et prie particulièrement pour lui. On dirait qu’il sera plus sûr de la solidité des autres si l’esprit du Prince des Apôtres reste invaincu. En Pierre c’est la force de tous qui est confirmée ; et le secours de la grâce divine est ordonné de telle sorte que la fermeté donnée à Pierre par le Christ doive passer aux autres Apôtres par Pierre.
Voyant donc, mes bien-aimés, quelle puissante protection a été instituée divinement pour nous, il est juste et raisonnable que nous nous réjouissions des mérites et de la dignité du Chef de l’Eglise. Rendons grâces au Roi éternel, à notre Rédempteur le Seigneur Jésus-Christ, d’avoir donné une si grande puissance à celui qu’il a fait Prince de toute l’Eglise. Car s’il arrive en notre temps qu’une chose soit bien faite ou bien réglée par nous, il faut l’attribuer à l’œuvre et au gouvernement de celui à qui il fut dit : « Et toi, quand tu seras revenu, confirme tes frères » ; et encore, après la Résurrection, en réponse mystique à son triple aveu d’amour, le Seigneur dit à Pierre : « Pais mes brebis. » C’est bien ce qu’il fait encore. Le pasteur charitable accomplit le commandement du Seigneur, nous fortifiant par ses exhortations et ne cessant de prier pour nous afin que nous ne soyons vaincus par aucune tentation. Or, s’il étend ses soins paternels, comme nous devons en être convaincus, à tout le peuple de Dieu – partout – combien plus daignera-t-il se dépenser pour ceux qu’il élève chez lui, [ à Rome ], et au milieu desquels il repose, sur le lit de sa bienheureuse dormition, dans cette même chaire où il présida aux débuts de l’Eglise. Dédions-lui donc cette fête, anniversaire du jour où nous avons reçu notre charge. C’est son patronage qui nous a valu de monter sur son siège, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne avec Dieu le Père et l’Esprit Saint dans les siècles des siècles. Amen.
Saint Léon le Grand

Homélie du 32e dimanche ordinaire B

9 novembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 32e dimanche ordinaire B

1 R 17, 10-16 ; He 9, 24-28 ; Mc 12, 38-44

Dans le match qui oppose Jésus aux scribes, il ne faut pas nous considérer comme des spectateurs qui comptent les coups et qui se réjouissent de voir des vaniteux et des prétentieux recevoir une volée de bois vert… Jésus prend un exemple. Mais, au-delà de la catégorie des scribes, qui sont les scientifiques et interprètes officiels des Ecritures, il vise tous ceux qui, de près ou de loin, leur ressemblent… Et qui oserait dire honnêtement qu’il est toujours et totalement étranger à ce portrait et à ce comportement ?
Ici, Jésus menace d’une sévère condamnation, non pas des gangsters ou des assassins, mais des croyants, pratiquants très cultivés qui, tout en étant pieux, veulent partout se mettre en valeur. Par leurs toilettes et leurs vêtements luxueux, ils cherchent à éblouir les passants, ils mendient l’admiration du public, ils sont infiniment soucieux de leur image de marque et cultivent avec soin leur réputation mondaine. De plus, ils se battent pour les préséances, les honneurs, les premières places sur la liste des donateurs ou même dans les dîners… Leur vie quotidienne et leurs relations humaines sont bien souvent empoisonnées par des vanités et des susceptibilités très puériles.
Avec cela, ils sont avares, rapaces, impitoyables et sans cœur quand il s’agit de leurs sous… Et tant pis pour la justice… Ils sont même capables de s’enrichir au détriment des plus pauvres. L’argent n’a pas d’odeur.
Mais il n’y a pas que les scribes qui ont besoin de mise en garde et d’examen de conscience… Les croyants pratiquants les plus généreux de leurs biens temporels ne doivent pas se faire trop d’illusions sur la qualité de leur générosité… Voyez, dit Jésus, beaucoup de gens riches donnent de grosses sommes, des billets bleus, des billets verts… C’est très bien. Mais ils ont puisé dans leur superflu. Voyez cette pauvre veuve, et donc, à l’époque, sans traitement, sans pension, sans travail, sans indemnité. Elle est, au temps de Jésus, le symbole de la faiblesse, de la solitude, de l’insécurité. Une marginale ! Elle dépose deux leptes, les plus petites pièces de la monnaie alors en circulation. Quelques centimes. Mais elle les a pris sur sa misère, sur son minimum vital, sur son nécessaire… Et voilà, dit Jésus, la plus généreuse. Une grande dame !
Nous retrouvons le même avertissement, la même leçon, dans la première lecture. Ici, l’exemple est encore plus percutant, car la veuve fait partie d’une nation ennemie, et elle n’est même pas croyante… Non seulement elle est pauvre, mais c’est une période de famine et celui qui lui tend la main est un étranger et un ennemi de sa race.
Dans les deux cas, ce qui est souligné et loué, ce n’est pas la foi, c’est la qualité du cœur, totalement ouvert et capable de prendre des risques : toutes deux ont donné leur vie, comme Jésus la donnera lui-même. Un amour qui prend les risques du don total et qui ne calcule pas… La confiance l’emporte sur la peur.
L’Evangile ne nous donne pas de solutions toutes faites. Mais nous sommes, vous et moi, de ces gens qui fréquentent le Temple, qui participons aux offrandes et aux partages. Nous ne connaissons pas la famine, mais nous vivons en période de crise… Il y a ceux qui ont à peine le nécessaire, d’autres qui bénéficient de larges superflus..
Moi, je n’ai de leçon à faire à personne. Nous avons tous à méditer ces exemples et les durs avertissements qui les accompagnent. On nous donne même des païens en exemple. Il y a matière à réflexion, et pas seulement pour aujourd’hui.
Ne cherchons pas trente-six bonnes excuses pour éviter l’affrontement et nous réfugier dans la fuite !

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Basilique San Giovanni in Laterano

8 novembre, 2012

Basilique San Giovanni in Laterano  dans images sacrée san-giovanni

http://www.turismoroma.it/cosa-fare/basilica-di-san-giovanni-in-laterano

9 novembre: Dédicace de la Basilique du Latran

8 novembre, 2012

http://viechretienne.catholique.org/saints/245-dedicace-de-la-basilique-du-latran

9 novembre: Dédicace de la Basilique du Latran

En l’an 324
L’usage d’avoir des lieux spécialement destinés à la prière et au culte remonte à l’origine du monde. Toutefois, le premier temple consacré au vrai Dieu ne fut bâti que vers l’an 3000 après la création, à Jérusalem, par le roi Salomon. Ce prince en fit la dédicace l’an 3004 ; la cérémonie dura huit jours, et les Juifs en renouvelèrent chaque année la mémoire. Aux premiers siècles du christianisme, l’Église persécutée ne put bâtir de temples et dut célébrer les divins mystères dans des maisons particulières ou dans les catacombes, sur les tombeaux des martyrs.

Le Christ et Sa Croix rendirent Constantin victorieux de son rival Maxence. Ne marchandant pas sa reconnaissance, le grand empereur mit fin aux persécutions sanglantes, donna la liberté à l’Église et promulgua une loi par laquelle il permettait aux chrétiens de bâtir des églises dans tout son empire. Donnant lui-même l’exemple, Constantin fit construire un baptistère en 334, à l’endroit où le pape saint Sylvestre l’avait baptisé. Il fit aussi édifier les somptueuses basiliques de Ste-Croix-de-Jérusalem, réplique de celle du St-Sépulcre, et la basilique St-Pierre qu’il érigea sur le tombeau du prince des apôtres. Le pieux empereur fit également bâtir sur l’emplacement du palais des Laterani, pour servir d’église patriarcale et pontificale, la basilique du Saint-Sauveur, appelé aussi St-Jean de Latran. Le Pape saint Sylvestre fit, en 324, la dédicace de l’église de Saint-Sauveur, aujourd’hui Saint-Jean-de-Latran, à Rome.

En France, l’usage s’est généralisé de célébrer, l’anniversaire de la dédicace de toutes les églises. Cette fête mérite de notre part un respect tout spécial : après la fête de l’Église du Ciel et de l’Église du purgatoire, c’est, en quelque sorte, la fête de l’Église de la terre. L’office de ce jour nous montre dans nos temples, d’après la Sainte Écriture, la maison de la prière, la maison de Dieu, un lieu saint, une image de la céleste Jérusalem, la porte du Ciel.

N’oublions jamais la sainteté de nos églises.

9 novembre : Fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean du Latran

8 novembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/09.php

9 novembre : Fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean du Latran

Rappel historique
A. Corsini, Monument en l’honneur de Louis XV, chapelle Sainte Anne, sacristie, Saint-Jean-de-Latran, Rome, (stuc, marbre et lapis-lazuli). En 1729, Louis XV offrit au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. En remerciement, les chanoines décidèrent de lui élever un monument: l’œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d’une porte de la chapelle Sainte Anne.
Des documents retrouvés aux archives du chapitre du Latran permettent de retracer l’élaboration de ce monument resté jusqu’à présent totalement méconnu des historiens d’art. Le grand relief, qui s’inscrit dans la tradition des imposants monuments de la Rome baroque, fut sculpté par l’artiste bolonais Agostino Corsini de 1730 à 1733.
Si le monument fut connu à Versailles par l’envoi d’estampes gravées par Miguel Sorello, son érection semble avoir été ignorée à Rome. La correspondance de l’ambassadeur de France en Italie évoque à cette période divers problèmes diplomatiques soulevés à l’occasion de la construction de la façade orientale du Latran, et montre combien ce contexte historique très particulier était peu favorable à la célébration du monument en l’honneur de Louis XV.

Servant des servants de Dieu:
le Pape Innocent XIII officie au Latran
Extrait des Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803,
(Paris, Garnier Frères, s.d. – vers 1839),

Tome II, pp133-135:
Au moment où le pape Innocent XIII faisait son entrée dans la Basilique de Saint-Jean de Latran qui est l’église cathédrale de Rome, car celle de Saint-Pierre n’est, à proprement parler, qu’un grand oratoire et que la chapelle palatine du Vatican, ceci dans la hiérarchie sacerdotale, au moins, et suivant les traditions presbytérales de la ville sainte, je vous dirais que je m’y trouvais placée dans une tribune, à côté de la Duchesse d’Anticoli, belle-soeur du Pape, et qu’on y vit s’exécuter subitement, au milieu de la nef et du cortège, un temps d’arrêt, précédé par une sorte de mouvement tumultueux dont il était impossible de s’expliquer la cause. Nous vîmes ensuite que toute cette foule empourprée, solennelle et surdorée des Princes de l’Eglise et des Princes du Soglio, s’éloigna du Saint-Père en laissant un grand cercle vide autour de lui. Les douze caudataires du Pape avaient laissé tomber son immense robe de moire blanche qui couvrait, derrière lui, peut-être bien soixante palmes de ce beau pavé de Saint-Jean de Latran. (Je me rappelle que ces caudataires étaient revêtus de vastes simarres en étoffe d’or avec des bordures en velours cramoisi.) Cependant, le Pape était resté debout, tout seul au milieu de la nef, la tiare en tête et la crosse d’or à la main. — Chi sa? Chi non sa? Che sarà dunque? — C’était un transtevère, un villanelle, un soldat peut-être, et c’était dans tous les cas un homme du peuple avec un air sauvage et la figure d’un bandit, qui avait demandé à se confesser au Souverain Pontife, afin d’en obtenir l’absolution d’un caso particolar e pericoloso. Le Saint-Père n’avait pas voulu se refuser à cette demande, qu’il aurait pu trouver téméraire, en bonne conscience, et sans manquer à la charité pontificale ; il se fit spontanément, comme on a dit pour la première fois à l’assemblée nationale, un profond silence, et pendant cette confession, qui dura huit ou dix minutes, notre Saint Père eut constamment son oreille inclinée jusqu’à la bouche de ce villageois qui était agenouillé à ses pieds. Je remarquai que tout de suite après avoir entendu les premiers mots de cet aveu, la figure du Pape était devenue d’une pâleur extrême: il avait eu l’air d’éprouver un saisissement douloureux, un sentiment d’effroi compatissant et de consternation. Après avoir proféré quelques paroles à voix très basse, il imposa une de ses mains sur la tête du pénitent auquel il fit baiser l’anneau du Pêcheur, et Sa Sainteté (c’est un mot qui n’est pas ici de simple formule) éleva pour lors sa tête et ses yeux vers le ciel, avec un air de simplicité, de miséricorde et de majesté surhumaine! — Les Cardinaux chefs d’ordres, les Princes romains, les Patriarches latins et grecs, avec les autres Assistants du Soglio, reprirent leurs places auprès du Souverain Pontife: la magnifique procession se remit en marche, et cet homme alla se perdre dans la foule.

Sermon sur la dédicace de l’Eglise
La dédicace que nous commémorons aujourd’hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut (…) Il faut certes prier en tout lieu et il n’y a vraiment aucun lieu où l’on ne puisse prier. C’est une chose pourtant très convenable que d’avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole : « Si deux ou trois d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père.1 »
(…) La deuxième maison de Dieu, c’est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c’est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C’est la demeure sprituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s’est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l’a unifié et l’a consacré en adoptant toute les âmes qu’il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l’unité de la foi et de la charité, en cette Eglise une, fille de l’Eglise universelle, et qui ne fait d’ailleurs qu’un avec l’Eglise universelle. Considérée à part des autres Eglises particulières, elle n’est qu’une partie de l’Eglise, comme le sont toutes les autres Eglises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l’unique Eglise universelle, mère de toutes les Eglises. Si donc on la compare avec l’Eglise tout entière, cette Eglise-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l’Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu’elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d’autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu’il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l’aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
(…) La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l’Esprit Saint et la demeure de Dieu. (…) Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t’a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.

Lanspergius le Chartreux2
1 Evangile selon saint Matthieu, XVIII 19.
2 Johannes-Justus Grecht est dit Lanspergius, du nom de sa ville natale, Landsberg (Lanspergius, en latin), qui est située sur le Lech, en haute Bavière. Né vers 1490, il étudia la philosophie à la faculté des arts de Cologne. Bachelier ès arts, il entra à la chartreuse Sainte-Barbe de Cologne où il fit profession en 1509. Après des études théologie, il fut ordonné prêtre. Selon ce qu’il écrivit dans une lettre de direction, il estimait beaucoup le silence cartusien et la curiosité excessive lui pesait ; « en dix ans, il ne rompit jamais le silence consciemment et de son propre mouvement. » Son confrère Bruno Loher, auteur de sa Vita, loue son ascèse rigoureuse, sa piété et ses vertus ; il mentionne notamment le témoignage de parfaite obéissance aux supérieurs exprimé peu avant sa mort. De 1523 à 1530, il fut vicaire et maître des novices. De 1530 à 1535, il fut prieur de la chartreuse de Vogelsang ; il était en même temps prédicateur à la cour de Jean III, duc de Juliers, Clèves et Berg, et confesseur de la duchesse Marie. Entre temps, il fut aussi co-visiteur de la province rhénane de son ordre. Malade, il revint comme vicaire à la chartreuse de Cologne. Il mourut le 11 août 1539, « après avoir mené pendant trente ans une vie sainte et digne de louanges dans le saint ordre des chartreux. » La chartreuse de Cologne étant un centre spirituel très actif, Lanspergius eut une grande influence jusqu’au XVIII° siècle où saint Alphonse-Marie de Ligori le tient pour un grand maître spirituel.

Sermon CCCXXXVI
La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.3 C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. » Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : « Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière.4 » On disait alors : « un chant nouveau » ; le Seigneur a dit : « un commandement nouveau. » Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.
Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre coeur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, « qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien », c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.

Saint Augustin
(sermon pour une dédicace)

3 Evangile selon saint Jean, XIII 34.
4 Psaume XCVI (XCV) 1.
La liturgie

La liturgie de la dédicace vise essentiellement à préparer un lieu pour la célébration eucharistique, une demeure de Dieu parmi les hommes. « C’est, a écrit le R.P Louis Bouyer, la sacralisation du lieu où s’accomplit l’Eucharistie dans l’Eglise, mais on pourrait aussi bien dire du lieu où l’Eglise s’accomplit dans l’Eucharistie. »
La dédicace utilise largement le quadruple symbolisme de l’eau de l’huile, du feu et de la lumière. Certains de ses rites, de caractère apotropaïque remontent à la nuit des temps : toutes les religions, en effet, ont délimité des espaces sacrés en commen­çant par en détourner (c’est le sens du mot apotropaïque) les puissances maléfiques.
Il y a donc, dans la liturgie de la dédicace, une bénédiction de l’eau suivie d’une aspersion des fidèles et de l’autel : « O Dieu, cette eau, sanctifiez-la donc par votre bénédiction ; répandue sur nous, qu’elle devienne le signe de ce bain salutaire où, purifiés dans le Christ, nous sommes devenus le temple de votre Esprit. Nous vous en supplions, faites qu’elle soit délivrée de la maligne in­fluence des esprits impurs et que tous les maux s’en éloignent par la vertu de votre bienveillante protection. Quant à nous qui, avec tous nos frères, allons célébrer les divins mystères, accordez-nous de parvenir à la Jérusalem céleste. »
Déjà apparaît dans cette oraison de bénédiction ce qui est sous-jacent à toute la liturgie de la dédicace son aspect escha­tologique ; l’église de pierres est l’image et la préfiguration de l’Eglise du Ciel. Cette Eglise du Ciel, on n’y arrive que par le passage obligé de la Croix du Christ. Le mystère chrétien est mystère de mort et de résurrection ; cela est éclatant dans la liturgie baptismale. Le monde entier doit être reconquis par la Croix, cette Croix sur laquelle le Christ s’est offert à son Père dans le sacrifice par lequel il a racheté le monde. C’est pourquoi, dans le rite de la dédicace, douze croix sont tracées sur les murs de l’église et chacune d’elle est ointe de saint chrême par l’évêque après qu’il en ait largement répandu sur l’autel. En cette consécration de l’autel culmine d’ailleurs toute la liturgie de la dédicace.
Dans l’autel du sacrifice eucharistique on place solennellement des reliques de martyrs et de saints apportées en procession. Elles associent en quelque sorte, à l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes, les martyrs qui ont donné leur vie pour Lui et les autres saints qui ont vécu pour Lui, complétant, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la Passion du Christ.
Après ce rite qui se déroule au chant de psaumes et d’antiennes, l’évêque embrase l’encens qu’il a répandu sur l’autel : au rite et au symbole de l’eau, puis de l’huile, s’ajoute celui du feu qui se complétera par l’illumination des cierges lorsque l’autel aura été recouvert de nappes neuves et blanches, tout comme les nouveaux baptisés sont revêtus de vêtements blancs. Des psaumes, des répons et des antiennes accompagnent ces rites significatifs par eux-mêmes mais dont les textes bibliques chantés accentuent encore le sens profond.
La prière consécratoire chantée par l’évêque, et la Préface qui introduit le canon de la messe qui suit, font percevoir « comment dans l’Eglise de la terre nous participons déjà à l’Eucharistie perpétuelle, à l’action de grâce perpétuelle des chœurs angéliques, et au culte éternel du Père par son Fils incarné. » L’une et l’autre formulent de la manière la plus expressive l’assomption et la rénovation, dans l’unique consécration du sacrifice chrétien, de toutes les formes de consécration antérieures, soit naturelles, soit de l’Ancien Testament.
« Nous vous supplions instamment, Seigneur, de daigner répandre votre grâce sanctificatrice sur cette église et sur cet autel, afin que ce.lieu soit toujours saint et cette table toujours prête pour le sacrifice du Christ. Qu’en ce lieu, l’onde de la grâce divine engloutisse les péchés des hommes afin que, morts au péché, vos fils renaissent à la vie céleste. »
« Qu’en ce lieu retentisse un sacrifice de louange qui vous soit agréable ; que monte sans cesse vers vous la voix des hommes unie aux chœurs des anges et la supplication pour le salut du monde. »
« Père Saint, vous qui avez fait du monde entier le temple de votre Gloire, afin que votre nom fût glorifié en tous lieux, vous ne refusez pas cependant que vous soient dédiés des lieux propres à la célébration des divins mystères : dans l’allégresse nous consacrons donc à votre majesté cette maison de prière que nous avons construite. »
« En ce lieu est abrité le mystère du vrai Temple et l’image de la Jérusalem céleste y est figurée d’avance : en effet, du Corps de votre Fils, né de la Vierge Marie, vous avez fait un temple qui vous est consacré et en qui habite la plénitude de la divinité. Vous avez établi l’Eglise comme la cité sainte, fondée sur les Apôtres. Elle a pour pierre d’angle le Christ Jésus et doit être construite de pierres choisies, vivifiées par l’Esprit et cimentées par la charité; Cité où vous serez tout en tous, à travers les siècles et où brillera éternellement la lumière du Christ. »

The ark of Noah and the cosmic covenant

7 novembre, 2012

The ark of Noah and the cosmic covenant dans images sacrée 15%20NOAH%20S%20ARK
http://www.artbible.net/1T/Gen0601_Noah_flood/index_5.htm

Les plus belles pages sur Marie: Saint Anselme

7 novembre, 2012

http://www.spiritualite-chretienne.com/marie/Marie-c.html

Les plus belles pages sur Marie

Saint Anselme (1033-1109)

Prières et Contemplations

O vous, tendrement puissante, puissamment tendre, ô Marie, de qui est sortie la source des miséricordes, n’arrêtez pas, je vous en prie, cette miséricorde si vraie, là où vous reconnaissez une véritable misère. Car si moi de mon côté je suis confondu dans la turpitude de mes iniquités en face de votre sainteté éblouissante, vous, du moins, ô ma Dame, vous n’avez pas à rougir de vos sentiments miséricordieux, si naturels à l’égard d’un malheureux ! Si je confesse mon iniquité, me refuserez-vous votre bienveillance ? Si ma misère est plus grande qu’elle n’aurait dû être, votre miséricorde sera-t-elle plus faible qu’il ne vous convient ? O ma Dame, plus mes fautes paraissent impures à la face de Dieu et devant vous, plus aussi elles ont besoin d’être guéries, grâce à votre intervention. Guérissez donc, ô très clémente, ma faiblesse ; effacez cette laideur qui vous offense ; ôtez-moi, ô très bénigne, cette maladie, et vous ne sentirez plus cette infection qui vous répugne tant ; faites, ô très douce, qu’il n’y ait plus de remords, et rien ne subsistera plus qui puisse déplaire à votre pureté. Faites ainsi, ô ma Dame, exaucez-moi. Guérissez l’âme du pécheur, votre serviteur, par la vertu du fruit béni de votre sein, de Celui qui siège à la droite de son Père le Tout-Puissant,  » digne de louange et de gloire au-dessus de tout et pour les siècles  » (Dan., III, 53).

O Marie, Marie la grande, la plus grande des Bienheureuses Maries, plus grande que toutes les femmes. O grande Dame, si grande, mon cœur veut vous aimer, ma bouche souhaite vous louer, mon esprit désire vous vénérer, mon âme aspire à vous prier : tout mon être se recommande à votre protection. O cœur de mon âme, faites effort, et vous, profondeurs intimes de moi-même, autant que vous le pouvez, si vous le pouvez, efforcez-vous de louer ses mérites, d’aimer sa béatitude, d’admirer sa hauteur, d’implorer sa bienveillance, car vous avez besoin chaque jour de son patronage ; en ayant besoin vous le désirez ; votre désir supplie ; vos supplications obtiendront, sinon selon vos désirs, certainement au delà de nos mérites. O Reine des anges, Souveraine du monde, Mère de Celui qui purifie le monde, je confesse que mon cœur est trop souillé pour que je n’aie pas à rougir de me tourner vers vous, la Pureté même, et me tournant vers elle, que je puisse être digne de la toucher. O Vous donc, Mère de Celui qui sauva mon âme, tout mon cœur, autant qu’il le peut, vous supplie. Exaucez, ô ma Dame, soyez propice, aidez-moi de votre toute-puissance, afin que soient purifiées les souillures de mon âme, que mes ténèbres reçoivent la lumière, que ma tiédeur s’embrase, que je me réveille de ma torpeur, en attendant ce jour où votre bienheureuse sainteté (qui l’emporte sur toute autre à l’exception de votre Fils, dominateur de toute chose) sera exaltée, à cause de votre Fils tout-puissant et glorieux, par la bénédiction de vos fils de la terre. Au-dessus de tout (à l’exception de mon Maître et de mon Dieu, Dieu de toute chose, votre Fils), que mon cœur vous connaisse et vous admire, vous aime et vous implore, non avec l’ardeur d’un être imparfait qui n’a que des désirs, mais autant que le doit quelqu’un qui a été fait et sauvé, racheté et ressuscité par votre Fils .

… Vous êtes la cour de la propitiation universelle, la cause de la réconciliation générale, le vase et le temple de la vie et du salut pour l’univers ; mais je resserre trop vos mérites lorsque je restreins vos bienfaits à ce que vous avez accompli pour moi seul, homme vil, alors que le monde qui vous aime se réjouit de vos bienfaits, et dans sa joie proclame ce que vous fîtes pour lui. Car vous êtes, ô Dame, par votre fécondité en œuvres de salut, digne de vénération pour votre inappréciable sainteté ; vous avez montré au monde son Seigneur et son Dieu qu’il ne connaissait pas : vous avez montré au monde visible son Créateur qu’il n’avait pas encore vu ; vous avez enfanté pour le monde le restaurateur dont, perdu, il avait besoin, le réconciliateur que, coupable, il n’avait pas encore. Par votre fécondité, ô Dame, le monde pécheur a été justifié ; damné, a été sauvé ; exilé, fut rapatrié. Votre enfantement, ô Dame, a racheté le monde captif ; malade, il l’a guéri, et, mort, ressuscité.

Le ciel et les étoiles, la terre et les fleuves, le jour et la nuit, et toutes choses soumises à la puissance ou au projet des hommes, se félicitent d’avoir perdu la gloire, parce que, ô Dame, une nouvelle grâce ineffable, ressuscitée en quelque sorte par vous, leur a été conférée. En effet, toutes choses étaient comme mortes quand elles perdirent leur propriété naturelle de service à la domination et aux usages de ceux qui louent Dieu : car c’est pour cela qu’elles avaient été faites ; elles étaient accablées sous l’oppression et souillées par l’abus que faisaient d’elles les serviteurs des idoles, pour qui elles n’avaient pas été faites. Mais voici que, ressuscitées, elles félicitent leur Souveraine de ce qu’elles sont maintenant régies par la puissance de ceux qui confessent Dieu, et honorées par l’usage qu’ils en font. Une grâce nouvelle, inestimable, les a fait bondir de joie, en quelque manière, quand elles sentirent non seulement que Dieu lui-même, leur Créateur, régnait sur elles désormais invinciblement, mais encore qu’en se servant d’elles visiblement, il les sanctifiait au dedans. Ces biens si grands, c’est par le fruit béni de la bénie Marie qu’ils leur sont parvenus.

… O merveille, je contemple Marie : dans quelle hauteur sublime la vois-je ! Rien n’est égal à Marie, rien, si ce n’est Dieu, n’est plus grand qu’elle. Dieu a donné à Marie son Fils lui-même que, seul, égal à lui, il engendre de son cœur, comme s’aimant lui-même ; de Marie il s’est fait un fils, non un autre, mais le même ; de telle sorte que, par nature, il fût unique et le même, Fils commun de Dieu et de Marie. Toute la nature a été créée par Dieu, et Dieu est né de Marie. Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu. Dieu qui a fait toutes choses s’est fait lui-même de Marie ; et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Celui qui a pu faire toutes choses de rien n’a pas voulu refaire sans Marie ce qui avait été souillé. Dieu est donc le Père des choses créées, et Marie la Mère des choses  » recréées « . Dieu est le Père qui a construit toute chose, et Marie la Mère qui a tout reconstruit. Dieu a engendré Celui par qui tout a été fait ; et Marie a enfanté Celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré Celui sans qui rien n’existerait d’aucune façon, et Marie a enfanté Celui sans qui rien ne serait  » bien « . Vraiment, le Seigneur est avec vous, car il fait que toute créature vous devrait tant, et d’accord avec lui !

… O bonne Mère, je vous en supplie par cet amour dont vous chérissez votre Fils, de même que vraiment vous l’aimez et que vous voulez qu’il soit aimé, accordez que moi aussi vraiment je l’aime. Ainsi, je vous le demande : que s’accomplisse réellement ce qui est de votre volonté. Pourquoi donc ne se ferait pas, à cause de mes péchés, ce qui est cependant en votre pouvoir ? Ami des hommes, et qui avez pitié d’eux, vous avez pu aimer, et jusqu’à la mort, vos coupables, et vous pourriez, à qui vous le demande, refuser l’amour pour vous et pour votre Mère ? O Mère de Celui qui nous aime, qui avez mérité de le porter dans votre sein et de l’allaiter à vos mamelles, ne pourrez-vous pas, ou ne voudrez-vous point, accorder à qui vous le demande l’amour pour lui et pour vous ? Que mon esprit, comme vous en êtes digne, vous vénère ; que mon cœur, comme il est juste, vous aime ; que mon âme, comme il lui est avantageux, vous chérisse ; que ma chair, comme elle le doit, vous serve ; qu’à cela se consume ma vie, afin que tout mon être vous chante pendant l’éternité. Béni soit le Seigneur éternellement. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !

Méditations et prières, trad. Dom. Castel, Desclée de Brouwer.

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