LES RELIGIEUX DU NORD DE L’AFRIQUE, SIGNES DE L’AMOUR DU CHRIST
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LES RELIGIEUX DU NORD DE L’AFRIQUE, SIGNES DE L’AMOUR DU CHRIST
Réunion de la Conférence des évêques (CERNA)
ROME, jeudi 22 novembre 2012 (Zenit.org) – “Les communautés de religieux et religieuses qui servent et prient avec persévérance (…) sont souvent le seul signe de l’amour du Christ pour les populations parmi lesquelles elles vivent”, écrit Mgr Landel dans ce communiqué publié au terme de l’assemblée de la CERNA, en Sicile.
Communiqué final de l’assemblée de la CERNA :
La Conférence des Evêques de la Région Nord de l’Afrique (CERNA) s’est réunie du 18 au 21 novembre 2012. Y ont pris part tous les évêques et leurs collaborateurs ainsi que l’administrateur apostolique de Laayoune, à l’exception de Mgr Giovanni Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli, convalescent. Le Père Jean-Louis Barrain, vicaire général de Nouakchott, et Mgr Domenico Mogavero, notre hôte, ont participé à nos travaux. Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat et président de la CERNA, a conduit cette réunion.
Cette conférence s’est tenue à Mazara del Vallo (Sicile), à l’invitation de Mgr Domenico Mogavero, évêque de ce diocèse. La Sicile est traditionnellement un carrefour de migrations, avec une présence notable de musulmans, et le diocèse de Mazara del Vallo, jumelé avec celui de Tunis, est très actif tant dans le dialogue avec l’islam que dans l’accueil des migrants : un séminaire sur le dialogue « Les religions et la Méditerranée » suivra d’ailleurs la rencontre de la CERNA.
Regardant avec foi et espérance l’évolution des pays du Maghreb depuis un an, la CERNA constate que les 3 défis (religieux, politique et socio-économique) qu’elle a relevés en novembre 2011 sont toujours actuels, mais les transitions se révèlent plus complexes et douloureuses qu’on ne pouvait le prévoir. La situation chez notre voisin du sud, le Mali, la difficile reconstruction de la Libye, l’incertitude du lendemain dans le processus de transition en Tunisie en sont des signes évidents.
Nous nous réjouissons de la fidélité des communautés de religieux et religieuses qui servent et prient avec persévérance : nous rendons grâce pour la vitalité et la stabilité qu’elles procurent à nos Eglises. Elles sont souvent le seul signe de l’amour du Christ pour les populations parmi lesquelles elles vivent. Nos Eglises sont modestes et fragiles, le départ de certaines communautés religieuses implantées depuis longtemps au Maghreb et la mobilité toujours plus rapide des membres de nos paroisses nous conduisent à compter toujours plus sur la solidarité des autres Eglises, et nous rendons grâce pour la générosité des diocèses qui nous proposent des prêtres Fidei Donum, et des congrégations – en particulier africaines – qui choisissent de s’implanter dans notre région.
Nous nous réjouissons aussi de la présence fervente de nombreux étudiants, de migrants issus de toute l’Afrique, de fidèles implantés depuis longtemps, de familles de passage, de travailleurs expatriés, de volontaires : ils contribuent aussi à la vitalité de nos Eglises. Dans ce contexte géopolitique mouvant, mais aussi dans la dynamique du synode sur la nouvelle évangélisation, nous désirons repréciser le sens du témoignagede nos communautés chrétiennes au Maghreb ; humanisation, rencontre, dialogue, service, prière, contemplation, confiance, espérance… sont des termes qui reviennent souvent dans les points de repère de nos Eglises.
Nous nous réjouissons encore de l’esprit de responsabilité dont font preuve laïcs, prêtres, congrégations religieuses, évêques pour que nos Eglises exercent leur témoignage : cette coresponsabilité est une réalité dont certaines communautés prennent plus conscience, comme, par exemple, l’Eglise de Tunisie dans l’attente d’un nouvel archevêque, l’Eglise au Maroc qui se réjouit d’un renforcement sensible de la présence de frères franciscains, l’Eglise en Algérie où un certain nombre de communautés ont pu se renouveler cette année, l’Eglise en Libye qui bénéficie de l’arrivée de nombreux professionnels de la santé et de l’éducation philippins et indiens – très souvent chrétiens.
Nous faisons volontiers nôtre l’espérance confiante exprimée par le synode qui s’est tenu à Rome en octobre dernier : un « courage serein inspire également notre regard sur le monde contemporain. Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf. Il n’y a pas de place pour le pessimisme dans les esprits et dans les cœurs de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit œuvre avec puissance dans l’histoire. Avec humilité, mais aussi avec détermination – celle qui vient de la certitude que la vérité vaincra à la fin – nous rejoignons ce monde et voulons y voir une invitation de Dieu à être témoins de son Nom. Notre Église est vivante et affronte, avec le courage de la foi et le témoignage de tant de ses fils, les défis que l’histoire nous lance » (Message au peuple de Dieu § 6).
La tenue de cette CERNA en Sicile, au cœur de la Méditerranée, souligne l’urgence du dialogue des cultures, des civilisations et des religions, entre les trois rives de cette mer. Beaucoup d’aspirations, mais aussi d’interrogations saisissent les peuples du pourtour méditerranéen, et la guerre en Syrie, la situation au Nord-Mali, l’extrémisme de certains groupes religieux intensifient les migrations forcées et renforcent ces craintes. Mais nous faisons quotidiennement l’expérience de la fécondité de la connaissance mutuelle, du dialogue de vie, dans le respect, l’écoute, l’accueil et le partage : nous croyons et expérimentons que « l’amour parfait chasse la crainte » (1 Jn 4,18).
Nous nous réjouissons aussi de ce que le dernier synode conforte notre expérience quotidienne : le dialogue de vie est la modalité fondamentale du témoignage que nous rendons à la Bonne Nouvelle. « L’Eglise invite en particulier les chrétiens à persévérer et à intensifier leurs relations avec les musulmans selon l’enseignement de la Déclaration Nostra Aetate. Malgré les difficultés, ce dialogue doit se poursuivre. Il dépend toujours de la formation adéquate des partenaires, de leur fondement ecclésial authentique comme chrétiens et d’une attitude de respect de la conscience des personnes et de la liberté religieuse pour tous. Fidèle à l’enseignement de Vatican II, l’Eglise respecte les autres religions et leurs adeptes et elle est heureuse de collaborer avec eux dans la défense et la promotion de la dignité inviolable de chaque personne » (proposition 53).
Mgr Domenico Mogavero, membre de la commission pour les migrations de la Conférence Episcopale Italienne, nous a présenté la situation des migrants en Italie, la politique du pays en ce domaine, et les efforts de l’Eglise pour rendre plus humains non seulement l’accueil des migrants mais aussi les lois les concernant. Cet accent prophétique de l’Eglise d’Italie nous stimule dans notre ministère auprès des migrants : selon les propos de Mgr Mogavero, « le phénomène des migrations ne peut plus être considéré comme un phénomène d’urgence, mais comme un phénomène culturel inhérent à l’homme, qui de tout temps a été mobile. La terre appartient à tous, et il ne saurait y avoir de territoire excluant telle ou telle catégorie de personnes ».
En réponse à la demande du Saint-Siège, comme chaque conférence épiscopale, nous avons travaillé à l’élaboration d’orientationspastorales pour nous aider en cas d’abus sexuels. Une commission a été désignée pour finaliser ce travail.
Nous avons approuvé la traduction liturgique de la Bible élaborée par la CEFTL (Commission Episcopale Francophone pour les Traductions Liturgiques).
Notre travail a été magnifiquement soutenu par l’accueil chaleureux et la prière fervente des communautés chrétiennes du diocèse de Mazara del Vallo avec lesquelles nous avons quotidiennement célébré l’eucharistie. Nous avons pris dans notre prière les migrants, les personnes qui souffrent de la violence en Terre Sainte, en Syrie et au Mali, les réfugiés accueillis par les pays voisins, mais aussi tant d’artisans de paix entre les peuples et de solidarité avec les plus démunis. Mgr Lahham, administrateur apostolique de Tunis, nous a partagé ce que vit la Jordanie où il exerce désormais son ministère épiscopal : nous avons ainsi été en communion avec le peuple jordanien et son Eglise.
La CERNA a procédé au renouvellement de son bureau. Elle a de nouveau confié la présidence à Mgr Vincent Landel archevêque de Rabat ; elle a élu vice-président Mgr Claude Rault évêque de Laghouat-Ghardaïa et membre du Bureau Mgr Ghaleb Bader archevêque d’Alger. Le père Daniel Nourissat a été confirmé comme Secrétaire Général. Elle a reconduit Mgr Vincent Landel comme délégué à la CEFTL et Mgr Paul Desfarges comme délégué au SCEAM (Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar).
La prochaine réunion de la CERNA aura lieu à Rome en 2013.
+ Vincent LANDEL
Archevêque de Rabat, président de la CERNA
Mazara del Vallo, le 21 novembre 2012
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