Archive pour le 16 novembre, 2012

Icon of the Last Judgment (17th Century)

16 novembre, 2012

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Le prophète du temps des Gentils, Daniel : Chapitre 12 — Un temps de détresse

16 novembre, 2012

http://www.bibliquest.org/Auteurs_divers/BurtonAH-at27-Daniel_ME1904_1905.htm

NOTES SUR LE LIVRE DE DANIEL

Le prophète du temps des Gentils

Chapitre 12 — Un temps de détresse

Trois rois sont en présence dans ces derniers jours que nous venons de considérer : « le roi » régnant à Jérusalem, l’Antichrist (chap. 11:36-39), dont la terrible fin se trouve ailleurs. Il sera détruit par l’apparition de la venue de Christ (2 Thessaloniciens 2 ; Apocalypse 19:20-21). Puis les rois du Nord et du Midi, dont les versets 40-45, donnent l’histoire. Celui qui vient à sa fin sans personne pour le secourir est le dernier roi du Nord, renversé par le Seigneur lui-même sur les montagnes de Judée (Ésaïe 14:25 ; 30:31 ; 31:8-9 ; Michée 5:5-6).
Nous arrivons ici au temps de la fin, « la consommation du siècle » (Matthieu 24:3), qui n’a aucun rapport avec la période chrétienne, parenthèse elle-même dans les conseils de Dieu quant à la terre. Pour Israël, le peuple terrestre, deux siècles ou dispensations sont indiqués : « ce siècle » et « celui qui est à venir » (Matthieu 12:32).
« La fin », ou « la consommation du siècle » (Matthieu 13 ; 24), ne se rapporte en aucune façon à la fin du monde comme système matériel, mais à celle de ce « siècle » de la loi sous lequel se trouvaient les Juifs, en contraste avec « le siècle à venir », où le Messie lui-même se trouvera au milieu d’eux. « Le siècle de la loi » poursuivra son cours après l’enlèvement de l’Église jusqu’à l’apparition de Christ en gloire.
L’Esprit de Dieu révèle quelle sera la condition du peuple de Daniel et quelles circonstances il traversera à la fin : « En ce temps-là », le temps que nous venons d’étudier, « se lèvera Micaël, le grand chef, qui tient pour les fils de ton peuple » (chap. 12:1). Ce sera un ministère angélique en faveur des Juifs, et point encore la présentation personnelle du Messie sur la montagne de Sion, mais Micaël, un des chefs qui tient pour le peuple, sera spécialement envoyé pour veiller à leurs intérêts, bien qu’invisible à leurs yeux comme à ceux de leurs ennemis (comp. Daniel 10:13-21 ; Apocalypse 12:7, etc). Car il y a des principautés et des autorités aussi bien invisibles que visibles (Colossiens 1:16).
Ce temps sera « un temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il existe une nation ». La grande tribulation dont il est parlé ailleurs, « le temps de la détresse pour Jacob » (Jérémie 30:7). Mais ce serait une grande erreur de supposer qu’elle concerne les chrétiens, ou que l’Église la traversera, l’Église qui a reçu cette promesse : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apocalypse 3:10). En d’autres termes, l’Église ne sera plus sur la terre à ce moment. La terre tout entière en sentira les effets, mais l’épée du jugement atteindra particulièrement les Juifs, comme châtiment du rejet et de la crucifixion de leur Messie.
Le Seigneur y fait allusion en Matthieu 24 : « Il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais », la mettant lui-même en rapport avec le chapitre de Daniel que nous avons sous nos yeux : « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint », etc.
Telle est la perspective de détresse sans précédent qui attend les Juifs à leur retour en Palestine, perspective telle que « si ces jours n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés ». Dieu a toujours les yeux sur son peuple, et au milieu du jugement se souvient de la miséricorde.
Suivant immédiatement cette période de tribulation, des signes et des miracles se verront dans les cieux (Ésaïe 13:10 ; Amos 5:20 ; Actes 2:20), « et alors paraîtra le signe du Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire ». « Le jour du Seigneur », si fréquemment mentionné par les prophètes, est aussi le jour de la délivrance pour le résidu fidèle à Jérusalem, en même temps que de la destruction de leurs ennemis rangés en bataille pour faire la guerre à l’Agneau.
Une question se pose ici. Qu’est-il advenu des dix tribus perdues ? Sont-elles entièrement tombées dans l’oubli ? La réponse nous vient au verset 2 : « Et plusieurs qui dorment dans la poussière, de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, pour être un objet d’horreur éternelle ». La résurrection du corps n’est point en vue ici, seulement celle d’Israël comme nation, selon l’expression des prophètes (Ésaïe 26:12-24 ; Ézéchiel 37:1-14). L’épreuve des dix tribus les atteindra avant leur retour au pays des pères : « Je suis vivant, dit le Seigneur,… si je ne vous introduis dans le désert des peuples et là n’entre en jugement avec vous face à face !… Et je séparerai d’entre vous les rebelles et ceux qui se sont révoltés contre moi ; je les ferai sortir du pays dans lequel ils séjournent, mais ils n’entreront point dans la terre d’Israël » (Ézéchiel 20:33-44).
Nous apprenons ensuite qu’une récompense spéciale sera décernée, non seulement à ceux qui resteront fidèles au milieu de ce temps d’épreuve, mais encore à ceux qui auront usé de leur influence pour instruire leurs compagnons dans une ligne de conduite agréable à Dieu : « Les sages brilleront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude, comme les étoiles à toujours et à perpétuité » (v. 3).
Mais le temps de la fin n’est point encore, et Daniel reçoit cet ordre : « Cache les paroles et scelle le livre, jusqu’au temps de la fin. Plusieurs courront çà et là ; et la connaissance sera augmentée ». Contraste frappant entre cette injonction et ce qui est dit à Jean, dans l’Apocalypse, de ne point sceller les paroles de la prophétie de ce livre, parce que le temps est proche (Apocalypse 22:10).
Pour l’Église, la venue du Seigneur est une espérance journalière, tandis que pour les Juifs, certaines prophéties doivent s’accomplir avant l’arrivée de leur Messie en puissance pour régner sur eux.
Daniel voit maintenant deux autres personnages se tenant sur le bord du fleuve, outre l’homme vêtu de lin (chap. 10:4-6). « Jusques à quand la fin de ces merveilles ? » demande l’un d’eux, en d’autres termes, combien longtemps durera cette grande tribulation ? « Un temps… des temps… et une moitié de temps »… lui est-il répondu, c’est-à-dire trois ans et demi, ou la dernière moitié de la dernière des soixante-dix semaines.
Aucun doute ne nous est donc laissé quant au moment où elle se place, ni à sa signification relative aux Juifs (et point aux chrétiens), tombés si bas qu’ils accepteront le culte idolâtre de l’Antichrist, dans leur temple.
« Mon seigneur, quelle sera l’issue de ces choses ? » demande encore Daniel, mais le moment n’était pas venu pour de plus amples révélations. Nouveau contraste entre les saints de cette dispensation, quelque pieux qu’ils soient, comme un Daniel, et l’Église. Nous avons « l’onction de la part du Saint, et nous connaissons toutes choses » (1 Jean 2:20), dit l’apôtre même aux petits enfants en Christ. Les hommes pieux de l’Ancien Testament ne possédaient pas ce qui distingue les saints de notre dispensation, le Saint-Esprit habitant en eux.
Mais dans le temps à venir, « les sages comprendront ». Ces sages occupent donc une place importante. « Aucun des méchants ne comprendra », quel qu’ait été le degré d’intelligence naturelle, celle dont il est ici question étant morale et non pas simplement intellectuelle.
L’homme vêtu de lin avait annoncé que la tribulation durerait trois ans et demi, soit 1260 jours. Mais plus loin, nous trouvons la mention de deux autres nombres, 1290 et 1335 jours. À quoi ces nombres se rapportent-ils ? Avant tout, il s’agit de comprendre que ces calculs se rapportent au temps qui suivra l’enlèvement de l’Église, autrement la porte est ouverte à toutes les spéculations mensongères ayant pour but de fixer une date au retour du Seigneur pour ses saints.
Le verset 11 indique clairement quel est le point de départ de ce calcul : « Depuis le temps où le sacrifice continuel sera ôté et où l’abomination qui désole sera placée ». Quand sera-ce ? Cela n’a aucun rapport avec les Turcs, ou avec le fléau de l’Islamisme ; il s’agit du sujet traité au chapitre 9:27, la rupture de l’alliance future entre le chef de l’empire Romain et les Juifs, et l’idolâtrie de l’Antichrist établie dans le temple de Jérusalem. La tribulation, châtiment terrible de cette idolâtrie, envoyée de Dieu sur les Juifs, doit durer trois ans et demi ou mille deux cent soixante jours, mais la bénédiction finale d’Israël ne suit pas immédiatement. L’Antichrist sans doute sera détruit, mais il laissera sur la scène d’autres puissances impies, le roi du Nord, Gog et Magog, (Ézéchiel 38 ; 39) et d’autres encore de moindre importance, dont le jugement doit encore s’accomplir. Cela exigera un certain temps, sans doute de peu de durée, car l’Écriture nous indique clairement la fin du roi du Nord comme suivant la destruction de l’Antichrist, qui se produit à l’apparition du Seigneur, tandis que l’Assyrien revient d’Égypte après l’apparition de Christ en Sion. Le châtiment de Gog et Magog est même postérieur à cet événement. Nous ne voulons pas dire que les 1290 et les 1335 jours se rapportent en particulier à ces deux puissances, mais nous en avons dit assez pour suggérer la raison de cette prolongation de jours. La bénédiction complète vient après les 1335 jours.
On a souvent observé que Daniel ne s’étend pas sur la période millénaire, sa prophétie se bornant « au temps des nations ». Il reçoit néanmoins l’assurance qu’il se tiendra dans son lot à la fin des jours. Il ne sera pas absent du déploiement de cette scène glorieuse.
De meilleures choses sont en réserve pour nous, mais ne doivent point diminuer notre appréciation des promesses faites aux pères qui, les ayant vues de loin seulement, se sont néanmoins mis en route avec joie pour atteindre une meilleure patrie et cette cité qui a des fondements dont Dieu est l’architecte et le fondateur.
Avec de plus grands privilèges et des bénédictions d’un ordre plus élevé, ne témoignons-nous pas souvent d’un cœur plus froid et d’un esprit moins zélé que le leur ?
Seigneur, remplis-nous du saint désir dont fut animé jadis ton peuple, qui goûtait ton amour et dont le cœur brûlait pour toi, en attendant patiemment de voir ta face !

Homélie du 33e dimanche ordinaire B

16 novembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 33e dimanche ordinaire B

Dn 12, 1-3 ; He 10, 11-14. 18 ; Mc 13, 24-32

Sur tous les tons et dans toutes les langues, des experts de plus en plus nombreux nous prédisent des bouleversements planétaires. Il est vrai que des signes inquiétants se multiplient : fonte des glaciers, inondations spectaculaires, incendies ravageurs, les « canicules tueuses » (1)… sans oublier des épidémies qui provoquent de véritables hécatombes. Ce n’est pas pour autant une très prochaine fin du monde. D’autant plus que d’autres signes scientifiques, notamment, permettent d’espérer pour notre planète un long avenir de plus en plus surprenant. Par contre, il faut nous rappeler que chaque décès est déjà, pour la personne concernée, la fin de ce monde. Or, cette mort peut toujours nous surprendre. Qui que nous soyons. A n’importe quel âge. Et que dire alors de la mort du Christ et de sa résurrection, qui marquent aussi la fin d’un monde et l’inauguration d’un nouveau ? Les textes liturgiques de ce dimanche, nous invitent à méditer les différentes facettes de ce mystère.
L’extrait d’évangile a été appelé « l’Apocalypse de Marc ». En bref, c’est un mot d’origine grecque, qui signifie « révélation ». Il est surtout utilisé à propos de « révélations divines ». Nous sommes dans le domaine de la littérature, le genre apocalyptique. Des textes inspirés, ou prétendus tels, qui visent, notamment à prédire la date de la fin des temps et la venue d’un  » messie « . Le livre de Daniel est l’un des premiers exemples du genre. A l’époque où se développe une littérature de divination : c’est-à-dire l’astrologie, la magie, le spiritisme, les prédictions. C’est là que l’on retrouve les mêmes questions que celles d’aujourd’hui, dans toutes les cultures et dans toutes les religions. Quand le monde ou les mondes vont-ils disparaître ? Qui sortira vainqueur ? le bien ou le mal ? D’où, un vocabulaire, un style particulier et des images semblables : éclipses de soleil ou de lune, apparitions d’anges ou de démons, bouleversements cosmiques, tremblements de terre et inondations, qui viennent illustrer le message.
L’apocalypse de Jean, elle, c’est autre chose. Le langage et les images sont identiques, mais il s’agit-là d’un texte mystique d’inspiration spécifiquement chrétienne.
Quand Marc a mis au point son récit, il a, évidemment, fait écho à la situation et aux problèmes de son temps. Une période très agitée, où l’angoisse est généralisée. Jésus, par exemple, avait déjà fait allusion à la prochaine ruine du Temple. A l’époque de Marc, les chrétiens de Rome subissent une violente persécution. Aujourd’hui, Marc aurait évoqué les terribles ravages du Sida, les génocides, le cataclysme des inondations et des famines, les tsunami, les bombes vivantes. Il aurait cité les témoignages des rescapés des attentats aveugles. En ce temps-là, comme aujourd’hui et en d’autres temps, il y avait aussi de faux prophètes, des intégristes et des révolutionnaires fondamentalistes, prêts à tout.
Mais la clé de cet évangile, c’est la comparaison du figuier. En plein hiver, les premières pousses annoncent le printemps, qui sera suivi de l’été. Nous sommes donc invités à discerner dans les situations les plus tragiques quelques signes de l’été qui approche. Ainsi, jadis, on vénérait le soleil, la lune, les étoiles, comme les dieux. Avec la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le vieux monde de l’idolâtrie païenne doit disparaître pour faire place à un monde nouveau. Ce qui n’a rien à voir avec une fin catastrophique. Jésus invite simplement à la vigilance. C’est-à-dire rester en tenue de service, garder l’œil ouvert, ne pas se démobiliser, ne pas s’endormir. Inutile donc d’entretenir l’obsession de « la fin du monde ». Le monde ancien s’en va, écrivait Gérard Bessière, et le monde nouveau naît à tout moment, chaque fois qu’il y a plus d’amour, de solidarité et de justice. C’est à nous d’humaniser la terre pour humaniser la vie. A nous d’être des pierres vivantes pour un monde nouveau. A chaque instant, nous pouvons y contribuer.
Alors, n’attendons pas demain, arrêtons de gémir, mettons-nous à l’œuvre, qui que nous soyons et tels que nous sommes. Jusqu’à présent, je n’ai rien fait, disait un jour François d’Assise. Aujourd’hui, je commence.

(1) « Il était une fois la canicule », roman, Michelle d’Astier de la Vigerie, Sarment/Jubilé 2005, 14 €.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008