Archive pour le 13 novembre, 2012
Sur les traces des mages d’Orient
13 novembre, 2012http://bible.archeologie.free.fr/roismages.html
Sur les traces des mages d’Orient
« Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à son lever et nous sommes venus lui rendre hommage » (Mt. 2. 1-2).
Les mages qui avaient suivi l’étoile prophétique rendirent visite au roi de Judée Hérode le Grand. Ils le consultèrent au sujet du nouveau roi, et les prêtres leur indiquèrent la ville de Bethléem. Les mages se rendirent donc à Bethléem, où ils trouvèrent un enfant couché dans une crêche à qui ils offrirent des présents. A leur retour ils ne s’arrêtèrent pas chez Hérode, ce qui déplut fortement au roi. L’impitoyable monarque ordonna en représailles un infanticide général, destiné à éliminer le nouveau-né, mais celui-ci fut mis à l’abri en Egypte par ses parents et y demeura jusqu’à la mort d’Hérode (Mt. 2).
Le gravissime forfait commis par le roi de Judée dans sa crainte maladive de perdre le pouvoir est conforme au caractère du personnage tel qu’il apparaît dans l’Histoire. Quant aux mages, quelles motivations avaient poussé ces voyageurs de haut rang à se déplacer depuis un pays lointain pour s’incliner devant un enfant de Bethléem ? D’où venaient-ils ? Quel astre avaient-ils vu ? Aujourd’hui, leur identité et leur histoire se révèlent peu à peu.
L’évangile de Matthieu n’est pas le seul document d’époque à relater la visite de ces mages en Judée. Un témoignage moins connu nous vient de l’historien Flavius Josèphe (37-100), un prêtre juif qui tenta de promouvoir un rapprochement diplomatique entre les peuples juif et romain. Son oeuvre politique fut un échec, mais son travail d’historien constitue une source d’informations de première importance sur son époque. Elle est d’autant plus précieuse qu’il fait plusieurs fois référence au personnage de Jésus de Nazareth, et qu’il est le premier à le citer. Ainsi, dans son ouvrage « La guerre des Juifs », il parle des mages rendant visite à un enfant-roi dont la naissance est annoncé par une étoile, dans une version très proche de celle de Matthieu :
« Des sages venus de Perse visitent Hérode. « Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l’astronomie qui est notre science et notre art… » L’étoile leur est apparue et signifie la naissance d’un roi qui dominera sur l’Univers. L’étoile les conduit à Jérusalem mais disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne désignée par l’étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait massacrer 63 000 enfants de moins de trois ans. »
Si Josèphe semble confirmer la terrible réalité du massacre des enfants, avançant même un nombre possible de victimes, il précise également que le pays d’origine des mages était la Perse.
L’empire perse est le berceau d’une autre religion monothéiste, le zoroastrisme, qui avait été prêchée cinq cents ans plus tôt par son fondateur Zarathoustra. Cette croyance demeura la religion officielle de la Perse jusqu’à l’arrivée de l’islam au VIIème siècle. Elle partageait quelques points communs avec le christianisme. Son dieu appelé Ahura Mazda aurait créé l’Univers, et adopté le feu comme symbole. Le zoroastrisme était fondé sur un combat entre le bien et le mal, et annonçait la venue prochaine d’une sorte de messie, le « Saoshyant », qui devait naître d’une vierge et rétablir la justice en régénérant le monde. La démarche des mages de la crèche s’inscrit de manière cohérente dans la pensée zoroastrienne.
D’autres sources documentaires liées à l’Orient semblent se faire l’écho de la mémoire de ces personnages. Au Moyen-âge, le marchand vénitien Marco Polo (1254-1323) se rendit en Chine par la route de la soie. En chemin il dit s’être arrêté dans une ville de Perse appelée Saba (ou Saveh), où étaient vénérées les tombes traditionnelles des trois mages.
Le carnet de voyages de Marco Polo, connu sous le titre de « Livre des merveilles du monde », précise que l’un des trois mages aurait été roi de Saveh, le second de Diaveh et le troisième de Chiz. Saveh aurait été leur point de départ pour la Terre sainte, mais aussi leur lieu de leur sépulture. Marco Polo affirme y avoir visité leurs tombeaux en explorant le pays :
« En Perse est la ville de Saba (Saveh), de laquelle les trois rois mages sont partis [...] et dans cette ville ils sont enterrés, dans trois grands et beaux monuments. Et parmi ceux-là existe un bâtiment carré, magnifiquement conservé. Les corps sont toujours entiers, avec leurs cheveux et leurs barbes ».
Saveh est aujourd’hui une ville moderne, implantée à 130 km au sud-ouest de Téhéran. Ce fut danss l’Antiquité un centre urbain important à partir de l’empire mède (env. VIIIème siècle av. J.-C.). Les fouilles les plus récentes de ses ruines furent effectuées en 2009, à l’initiative d’une équipe du centre iranien de recherches archéologiques dirigée par Pouriya Khadish. Entre autres vestiges, on dégagea les ruines de longs aqueducs et de plusieurs forteresses et relais caravaniers datant des dynasties parthe et sassanide (IIIe siècle av. J.-C. – VIIIe s. ap. J.-C.). Saveh posséda en outre l’une des plus importantes bibliothèques de Perse, qui fut détruite par les Mongols au XIIIème siècle. A ce jour, personne n’a retrouvé la trace des sépultures décrites par Marco Polo. Mais nous savons par l’étude du terrain que la cité était prospère au tournant de l’ère chrétienne.
Le voyageur vénitien recueillit sur place une curieuse légende, qui circulait dans le pays et qui évoque inévitablement l’évangile de la Nativité. Trois rois partirent un jour de Saveh pour voir un prophète nouveau-né en Palestine, à qui ils offrirent des présents. Celui-ci leur donna en échange une boîte à ne pas ouvrir. Sur le chemin du retour cependant, les mages ouvrirent le coffre malgré l’interdiction, et trouvèrent à l’intérieur une simple pierre. Déçus, ils la jetèrent dans un puits, mais voilà qu’il en surgit miraculeusement une grande flamme. Ils en prélevèrent une partie qu’ils rapportèrent à Saveh pour la placer dans un sanctuaire appelé le « château des adorateurs du feu », et dès lors les habitants de Saba vénérèrent ce feu qui ne devait jamais s’éteindre.
Ce récit fabuleux qui existe en plusieurs variantes, semble étrangement illustrer certaines données de terrain. A 400 km au nord-ouest de Téhéran, un site étonnant pourrait correspondre à la forteresse que Marco Polo appelle le « château des adorateurs du feu » : le Takht e Suleiman. Au milieu d’une grande plaine fertile, une colline de faible hauteur est entourée par une enceinte fortifiée ayant un vaste lac en son centre. Ce lieu particulier et riche en vestiges fut fouillé dans les années 1970 par Rudolf Naumann et Dietrich Huff, de l’Institut allemand d’archéologie. Les chercheurs dégagèrent un vaste complexe architectural, comprenant plusieurs temples antiques, dont l’un était visiblement dédié à l’eau et l’autre au feu. Une « salle du feu » bâtie en forme de croix présente en son centre un foyer de forme carrée. Tout autour se trouvent d’autres constructions, dont une salle carrée avec un dôme et des salles à colonnes.
Le Takht e Suleiman fut l’un des lieux les plus sacrés de l’ancienne Perse, car il passe pour avoir été le lieu de naissance de Zarathoustra. Il fut occupé dès le Ier millénaire av. J.-C. et jusqu’à sa destruction en 624 par l’empereur byzantin Héraclius. De vieux documents arabes ont permis d’établir que ce site n’était autre que l’ancienne ville de Chiz à laquelle Marco Polo fait référence. Par la suite son histoire s’est enrichie de diverses légendes, mettant en scène des personnages fameux comme Crésus et Salomon, avec des histoires de monstres lacustres et de trésors engloutis.
Si l’on se dirige davantage vers le nord-ouest de l’Iran, on atteint le lac d’Urmia près duquel est implanté un autre lieu associé aux rois mages. Au sein de la ville d’Urmia, l’église byzantine Sainte Marie (Mart Maryam) passe pour être très ancienne, et bâtie sur la tombe de l’un d’eux. Elle date du IVème siècle et serait la seconde plus ancienne église du monde après celle de Bethléem. Certaines sources disent même qu’elle fut érigée « juste après l’Ascension du Christ ». Ce petit bâtiment carré fait de pierres et de briques, détruit et reconstruit plusieurs fois de suite, abrite plusieurs galeries et tombes souterraines. La possibilité qu’elle cache celle de l’un des mages de la crêche n’est pas inconcevable, à moins qu’elle ne commémore plus vraisemblablement qu’une simple étape de leur voyage.
En 1987, le jeune historien britannique William Dalrymple fit un voyage en Asie sur les traces de Marco Polo, excursion qu’il compléta à son retour par une recherche documentaire sur le pays des mages. Dans son livre intitulé « In Xanadu », il relève quelques traits caractéristiques de la Perse que l’on retrouve de manière frappante dans l’évangile de la Nativité. Ainsi, les mages constituaient une classe de prêtres zoroastriens pratiquant l’astronomie et l’interprétation des rêves. Le terme de mage (magos) est d’origine perse, et il apparaît non traduit dans l’évangile en grec de Matthieu. Les trois présents offerts à l’enfant Jésus (or, myrrhe, encens) étaient des matières fréquemment apportées en offrandes dans les rites perses. Quant au site de Saveh, il fut l’un des plus importants observatoires astronomiques de l’Asie.
Les éléments précédents nous éclairent de manière significative sur la civilisation persane d’où les rois mages seraient issus. Cependant, le mystère de leur sépulture dans leur pays d’origine demeure. Pourtant cette absence peut partiellement s’expliquer par l’existence d’une autre piste, digne du plus grand intérêt.
La filière en question nous ramène en Occident, au cœur de la vieille Europe et plus précisément dans la cathédrale de Cologne, où les reliques supposées des trois mages sont conservées. Trois squelettes quasiment complets reposent en effet dans la cathédrale allemande et sont considérés le plus sérieusement du monde comme étant ceux des visiteurs orientaux de la crêche de Bethléem.
Comment ces corps seraient-ils parvenus jusque-là ? Dans son « Histoire des rois mages », le religieux Jean de Hildesheim (env. 1315-1375) a écrit que les corps des trois mages avaient été exhumés en Orient vers l’an 330 par l’impératrice sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin.
« La reine Hélène (…) commença à penser aux corps de ces trois rois. Elle s’équipa elle-même et, accompagnée de quelques gardes, partit pour le pays d’Ind(…). Après avoir trouvé les corps de Melchior, Balthasar et Gaspar, la reine Hélène les plaça dans un coffre, qu’elle décora richement et qu’elle transporta à Constantinople (…), où elle le déposa dans une église appelée Sainte Sophie ».
Les archives historiques occidentales permettent de suivre à la trace le parcours de ces reliques depuis le IVème siècle. Au XIIème siècle, les précieux ossements furent déplacés de Constantinople à Milan, offerts à la ville par le souverain byzantin Manuel Ier Comnène. En 1162 l’empereur germanique Frédéric Barberousse assiégea et prit Milan, où il trouva les reliques des rois mages et les offrit à la ville de Cologne. Dans cette ville d’Allemagne fut alors construite pour les abriter une somptueuse cathédrale gothique, où elles se trouvent encore aujourd’hui.
Une châsse d’or exposée dans le choeur de la cathédrale contient les ossements de trois hommes, enveloppés dans une pièce de tissu. Le reliquaire fut ouvert une première fois en 1863 et révéla un ensemble d’ossements mélangés, qui permirent de reconstituer trois squelettes masculins. L’observation des sutures osseuses de leurs crânes conduisit à distinguer trois âges différents, conformément aux représentations traditionnelles des mages.
Des examens plus approfondis furent menés au siècle suivant, en 1981, lorsque l’évéché de Cologne s’adressa à un spécialiste des tissus antiques, le professeur Daniel de Jonghe, du musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, pour qu’il soit procédé à un examen détaillé de la toile entourant les reliques. Les conclusions des analyses qui furent effectuées s’avérèrent fort instructives.
L’étoffe est composée de fils de soie de Chine croisés avec des fils d’or. Elle est teinte avec de la pourpre, un colorant hautement précieux extrait de coquillages, et en l’occurence cette pourpre provient de la région de Tyr. Par analogie avec un autre tissu rigoureusement identique trouvé à Palmyre dans un édifice occupé entre 103 et 272, on a pu conclure qu’elle fut confectionnée entre le Ier et le IIIème siècles de notre ère.
Des lambeaux de vêtements trouvés sur les ossements furent également analysés. Ce sont des étoffes précieuses qui relèvent de trois fabrications différentes : deux sont en tissu damassé et un en taffetas. Toutes viennent du Proche-Orient et datent aussi de l’Antiquité tardive. Ces résultats sont cohérents avec ce que l’on sait de l’histoire de ces objets, s’il est exact qu’ils remontent à l’époque romaine.
L’histoire des rois mages occupe une grande place dans la tradition chrétienne occidentale. On peut retracer l’évolution des croyances qui leur sont attachées dès les premiers siècles de notre ère, à travers les écrits de plusieurs érudits. L’écrivain carthaginois Tertullien (160-225) leur a donné pour la première fois le titre de rois. Le théologien Origène d’Alexandrie (185-253) estima leur nombre à trois, pour qu’il corresponde aux trois présents offerts à l’Enfant Jésus (Mt. 2, 11). A partir du VIème siècle, apparaissent les noms propres qui leur furent attribués : Gaspar, Balthazar, Melchior.
La manière dont les premiers chrétiens se représentaient physiquement les rois mages se traduit également dans l’iconographie. L’une de leurs plus anciennes représentations se trouve sur la célèbre mosaïque de l’église Saint-Apollinaire de Ravenne (VIème siècle), où l’on peut voir trois hommes avançant à grands pas en apportant des plats à la Vierge et à l’Enfant. Détail révélateur, les vêtements qu’ils portent sont typiques des habits perses de l’époque antique : pantalon, tunique courte avec ceinture et bonnet phrygien caractéristique des prêtres du dieu Mithra.
D’autres images de ce type sont même antérieures à la mosaïque de Ravenne et lui ressemblent beaucoup. La plus ancienne, préservée depuis le IIIème siècle dans la catacombe Sainte Priscille de Rome, est une peinture murale ébauchée en hauteur sur l’arcade d’une voûte. Elle figure trois silhouettes humaines, toujours dans la même position et dans des tons différents. Ces images, sans doute des oeuvres clandestines réalisées au temps des persécutions contre les chrétiens, nous montrent comment la mémoire des rois mages se transmettait deux cents ans seulement après leur venue à Bethléem.
DISCOURS DE BENOÎT XVI DANS UNE MAISON DE RETRAITE À ROME
13 novembre, 2012http://www.zenit.org/article-32531?l=french
DISCOURS DE BENOÎT XVI DANS UNE MAISON DE RETRAITE À ROME
Les personnes âgées, une richesse pour la société
ROME, lundi 12 novembre 2012 (ZENIT.org) – « Ne vous découragez jamais: vous êtes une richesse pour la société, même dans la souffrance et la maladie » : c’est l’encouragement de Benoît XVI pour les personnes âgées, prononcé lors d’une visite dans une maison de retraite.
Benoît XVI a visité ce matin, 12 novembre 2012, la maison-famille « Vive les personnes âgées », créée par la communauté de Sant’ Egidio sur la colline du Janicule à Rome. La communauté Sant’ Egidio a en effet ouvert des maisons d’accueil pour personnes âgées qui ne peuvent plus vivre chez elles, dans diverses villes d’Italie et de Belgique. Ces établissements ont la particularité d’être à taille familiale.
Le pape a d’abord brièvement visité la résidence, puis il s’est rendu dans le jardin de la Maison, où il a adressé un discours aux personnes âgées, aux volontaires et aux membres de la communauté présents.
Discours de Benoît XVI
Chers frères et sœur,
Je suis vraiment heureux d’être avec vous dans cette maison-famille de la communauté de Sant’Egidio dédiée aux personnes âgées. Je remercie votre président, Marco Impagliazzo, pour les paroles chaleureuses qu’il m’a adressées. Avec lui, je salue le Prof. Andrea Riccardi, Fondateur de la communauté. Je remercie de leur présence l’évêque auxiliaire du Centre historique, Mgr Matteo Zuppi, le président du Conseil pontifical pour la famille Mgr Vincenzo Paglia, et tous les amis de la communauté de Sant’Egidio.
Je viens parmi vous comme évêque de Rome, mais aussi comme personne âgée en visite à ses contemporains. Je connais bien les difficultés, les problèmes et les limites de cet âge, et je sais que ces difficultés, pour beaucoup, sont aggravées par la crise économique. Parfois, à un certain âge, il arrive que l’on se tourne vers le passé, regrettant les années où l’on était jeune, où l’on jouissait d’une énergie fraîche, on l’on faisait des projets pour l’avenir. Ainsi le regard, parfois, se voile de tristesse, considérant cette phase de la vie comme le temps du déclin. Ce matin, en me tournant en pensée vers toutes les personnes âgées, dans la conscience des difficultés que notre âge comporte, je voudrais vous dire avec une conviction profonde: il est beau d’être âgé ! A chaque âge il faut savoir découvrir la présence et la bénédiction du Seigneur et les richesses qu’il contient. Il ne faut jamais se laisser emprisonner par la tristesse ! Nous avons reçu le don d’une longue vie. Vivre est beau aussi à notre âge, en dépit de quelques « petits ennuis de santé » et de quelques limitations. Que sur notre visage il y a toujours la joie de se sentir aimé de Dieu, jamais la tristesse.
Dans la bible, la longévité est considérée une bénédiction de Dieu; aujourd’hui cette bénédiction s’est répandue et doit être vue comme un don à apprécier et valoriser. Et pourtant souvent la société, dominée par la logique de l’efficacité et du profit, ne l’accueille pas comme tel; au contraire, souvent elle le repousse, considérant les personnes âgées comme non productives, inutiles. Tant de fois on sent la souffrance de celui qui est marginalisé, qui vit loin de chez lui et dans la solitude. Je pense qu’on l’on devrait agir avec un plus grand engagement, en commençant par les familles et les institutions publiques, de façon à ce que les personnes âgées puissent rester dans leurs maisons. La sagesse de vie de laquelle ils sont porteurs est une grande richesse. La qualité d’une société, je dirais d’une civilisation, se juge aussi à la façon dont les personnes âgées sont traitées et à la place qui leur est réservée dans la vie commune. Qui fait de la place aux personnes âgées fait de la place à la vie ! Qui accueille les personnes âgées accueille la vie !
La communauté de Sant’Egidio, depuis ses débuts, a soutenu le chemin de tant de personnes âgées, les aidant à rester dans leur milieu de vie, ouvrant diverses maison-famille à Rome et dans le monde. Au moyen de la solidarité entre jeunes et personnes âgées, elle a aidé à faire comprendre que l’Eglise est effectivement une famille de toutes les générations, où chacun doit se sentir « chez soi » et où ne règne pas la logique du profit et de l’avoir, mais celle de la gratuité et de l’amour. Lorsque la vie devient fragile, dans les années de la vieillesse, elle ne perd jamais sa valeur et sa dignité: chacun de nous, quelle que soit l’étape de l’existence, est voulu, aimé par Dieu, chacun est important et nécessaire (cf. Homélie pour le commencement du ministère pétrinien, 24 avril 2005).
La visite d’aujourd’hui a lieu dans l’année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre générations. Dans ce contexte je désire confirmer que les personnes âgées sont une valeur pour la société, surtout pour les jeunes. Il ne peut pas y avoir de vraie croissance humaine et éducation sans un contact fécond avec les personnes âgées, parce que leur existence même est comme un livre ouvert dans lequel les jeunes générations peuvent trouver des indications précieuses pour le chemin de la vie.
Chers amis, à notre âge nous faisons souvent l’expérience du besoin de l’aide des autres; et cela arrive aussi pour le pape. Dans l’Evangile nous lisons que Jésus dit à l’apôtre Pierre : «quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jn 21, 18). Le Seigneur se référait à la façon dont l’Apôtre témoignerait de sa foi jusqu’au martyre, mais cette phrase nous fait aussi réfléchir sur le fait que le besoin d’aide est une condition de la personne âgée. Je voudrais vous inviter à voir aussi en ceci un don du Seigneur, car c’est une grâce d’être soutenu et accompagné, de sentir l’affection des autres ! Ceci est important dans toutes les phases de la vie : personne ne peut vivre seul et sans aide; l’être humain est relationnel. Et dans cette maison je vois, avec plaisir, que ceux qui aident et ceux qui sont aidés forment une unique famille, qui a comme sève vitale l’amour.
Chers frères et sœurs âgés, parfois les journées semblent longues et vides, avec des difficultés, peu d’engagements et de rencontres; ne vous découragez jamais: vous êtes une richesse pour la société, même dans la souffrance et la maladie. Et cette phase de la vie est un don aussi pour approfondir le rapport avec Dieu. L’exemple du bienheureux Jean-Paul II a été et est encore éclairant pour tous. N’oubliez pas que parmi les ressources précieuses que vous avez, il y a la ressource essentielle de la prière: devenez intercesseurs auprès de Dieu, priant avec foi et avec constance. Priez pour l’Eglise, pour moi aussi, pour les besoins du monde, pour les pauvres, pour qu’il n’y ait plus de violence dans le monde. La prière des personnes âgées peut protéger le monde, en l’aidant peut-être de manière plus incisive que l’agitation de beaucoup. Je voudrais confier aujourd’hui à vos prières le bien de l’Eglise et la paix du monde. Le pape vous aime et compte sur vous! Sentez-vous aimés de Dieu et sachez porter dans notre société, souvent si individualiste et portée sur l’efficacité, un rayon de l’amour de Dieu. Et Dieu sera toujours avec vous et avec ceux qui vous soutiennent par leur affection et leur aide.
Je vous confie tous à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, qui accompagne toujours notre chemin avec son amour maternel, et je donne volontiers à chacun ma Bénédiction. Merci à tous!
© Libreria Editrice Vaticana
Traduction de Zenit, Anne Kurian