Archive pour le 7 novembre, 2012
Les plus belles pages sur Marie: Saint Anselme
7 novembre, 2012http://www.spiritualite-chretienne.com/marie/Marie-c.html
Les plus belles pages sur Marie
Saint Anselme (1033-1109)
Prières et Contemplations
O vous, tendrement puissante, puissamment tendre, ô Marie, de qui est sortie la source des miséricordes, n’arrêtez pas, je vous en prie, cette miséricorde si vraie, là où vous reconnaissez une véritable misère. Car si moi de mon côté je suis confondu dans la turpitude de mes iniquités en face de votre sainteté éblouissante, vous, du moins, ô ma Dame, vous n’avez pas à rougir de vos sentiments miséricordieux, si naturels à l’égard d’un malheureux ! Si je confesse mon iniquité, me refuserez-vous votre bienveillance ? Si ma misère est plus grande qu’elle n’aurait dû être, votre miséricorde sera-t-elle plus faible qu’il ne vous convient ? O ma Dame, plus mes fautes paraissent impures à la face de Dieu et devant vous, plus aussi elles ont besoin d’être guéries, grâce à votre intervention. Guérissez donc, ô très clémente, ma faiblesse ; effacez cette laideur qui vous offense ; ôtez-moi, ô très bénigne, cette maladie, et vous ne sentirez plus cette infection qui vous répugne tant ; faites, ô très douce, qu’il n’y ait plus de remords, et rien ne subsistera plus qui puisse déplaire à votre pureté. Faites ainsi, ô ma Dame, exaucez-moi. Guérissez l’âme du pécheur, votre serviteur, par la vertu du fruit béni de votre sein, de Celui qui siège à la droite de son Père le Tout-Puissant, » digne de louange et de gloire au-dessus de tout et pour les siècles » (Dan., III, 53).
O Marie, Marie la grande, la plus grande des Bienheureuses Maries, plus grande que toutes les femmes. O grande Dame, si grande, mon cœur veut vous aimer, ma bouche souhaite vous louer, mon esprit désire vous vénérer, mon âme aspire à vous prier : tout mon être se recommande à votre protection. O cœur de mon âme, faites effort, et vous, profondeurs intimes de moi-même, autant que vous le pouvez, si vous le pouvez, efforcez-vous de louer ses mérites, d’aimer sa béatitude, d’admirer sa hauteur, d’implorer sa bienveillance, car vous avez besoin chaque jour de son patronage ; en ayant besoin vous le désirez ; votre désir supplie ; vos supplications obtiendront, sinon selon vos désirs, certainement au delà de nos mérites. O Reine des anges, Souveraine du monde, Mère de Celui qui purifie le monde, je confesse que mon cœur est trop souillé pour que je n’aie pas à rougir de me tourner vers vous, la Pureté même, et me tournant vers elle, que je puisse être digne de la toucher. O Vous donc, Mère de Celui qui sauva mon âme, tout mon cœur, autant qu’il le peut, vous supplie. Exaucez, ô ma Dame, soyez propice, aidez-moi de votre toute-puissance, afin que soient purifiées les souillures de mon âme, que mes ténèbres reçoivent la lumière, que ma tiédeur s’embrase, que je me réveille de ma torpeur, en attendant ce jour où votre bienheureuse sainteté (qui l’emporte sur toute autre à l’exception de votre Fils, dominateur de toute chose) sera exaltée, à cause de votre Fils tout-puissant et glorieux, par la bénédiction de vos fils de la terre. Au-dessus de tout (à l’exception de mon Maître et de mon Dieu, Dieu de toute chose, votre Fils), que mon cœur vous connaisse et vous admire, vous aime et vous implore, non avec l’ardeur d’un être imparfait qui n’a que des désirs, mais autant que le doit quelqu’un qui a été fait et sauvé, racheté et ressuscité par votre Fils .
… Vous êtes la cour de la propitiation universelle, la cause de la réconciliation générale, le vase et le temple de la vie et du salut pour l’univers ; mais je resserre trop vos mérites lorsque je restreins vos bienfaits à ce que vous avez accompli pour moi seul, homme vil, alors que le monde qui vous aime se réjouit de vos bienfaits, et dans sa joie proclame ce que vous fîtes pour lui. Car vous êtes, ô Dame, par votre fécondité en œuvres de salut, digne de vénération pour votre inappréciable sainteté ; vous avez montré au monde son Seigneur et son Dieu qu’il ne connaissait pas : vous avez montré au monde visible son Créateur qu’il n’avait pas encore vu ; vous avez enfanté pour le monde le restaurateur dont, perdu, il avait besoin, le réconciliateur que, coupable, il n’avait pas encore. Par votre fécondité, ô Dame, le monde pécheur a été justifié ; damné, a été sauvé ; exilé, fut rapatrié. Votre enfantement, ô Dame, a racheté le monde captif ; malade, il l’a guéri, et, mort, ressuscité.
Le ciel et les étoiles, la terre et les fleuves, le jour et la nuit, et toutes choses soumises à la puissance ou au projet des hommes, se félicitent d’avoir perdu la gloire, parce que, ô Dame, une nouvelle grâce ineffable, ressuscitée en quelque sorte par vous, leur a été conférée. En effet, toutes choses étaient comme mortes quand elles perdirent leur propriété naturelle de service à la domination et aux usages de ceux qui louent Dieu : car c’est pour cela qu’elles avaient été faites ; elles étaient accablées sous l’oppression et souillées par l’abus que faisaient d’elles les serviteurs des idoles, pour qui elles n’avaient pas été faites. Mais voici que, ressuscitées, elles félicitent leur Souveraine de ce qu’elles sont maintenant régies par la puissance de ceux qui confessent Dieu, et honorées par l’usage qu’ils en font. Une grâce nouvelle, inestimable, les a fait bondir de joie, en quelque manière, quand elles sentirent non seulement que Dieu lui-même, leur Créateur, régnait sur elles désormais invinciblement, mais encore qu’en se servant d’elles visiblement, il les sanctifiait au dedans. Ces biens si grands, c’est par le fruit béni de la bénie Marie qu’ils leur sont parvenus.
… O merveille, je contemple Marie : dans quelle hauteur sublime la vois-je ! Rien n’est égal à Marie, rien, si ce n’est Dieu, n’est plus grand qu’elle. Dieu a donné à Marie son Fils lui-même que, seul, égal à lui, il engendre de son cœur, comme s’aimant lui-même ; de Marie il s’est fait un fils, non un autre, mais le même ; de telle sorte que, par nature, il fût unique et le même, Fils commun de Dieu et de Marie. Toute la nature a été créée par Dieu, et Dieu est né de Marie. Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu. Dieu qui a fait toutes choses s’est fait lui-même de Marie ; et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Celui qui a pu faire toutes choses de rien n’a pas voulu refaire sans Marie ce qui avait été souillé. Dieu est donc le Père des choses créées, et Marie la Mère des choses » recréées « . Dieu est le Père qui a construit toute chose, et Marie la Mère qui a tout reconstruit. Dieu a engendré Celui par qui tout a été fait ; et Marie a enfanté Celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré Celui sans qui rien n’existerait d’aucune façon, et Marie a enfanté Celui sans qui rien ne serait » bien « . Vraiment, le Seigneur est avec vous, car il fait que toute créature vous devrait tant, et d’accord avec lui !
… O bonne Mère, je vous en supplie par cet amour dont vous chérissez votre Fils, de même que vraiment vous l’aimez et que vous voulez qu’il soit aimé, accordez que moi aussi vraiment je l’aime. Ainsi, je vous le demande : que s’accomplisse réellement ce qui est de votre volonté. Pourquoi donc ne se ferait pas, à cause de mes péchés, ce qui est cependant en votre pouvoir ? Ami des hommes, et qui avez pitié d’eux, vous avez pu aimer, et jusqu’à la mort, vos coupables, et vous pourriez, à qui vous le demande, refuser l’amour pour vous et pour votre Mère ? O Mère de Celui qui nous aime, qui avez mérité de le porter dans votre sein et de l’allaiter à vos mamelles, ne pourrez-vous pas, ou ne voudrez-vous point, accorder à qui vous le demande l’amour pour lui et pour vous ? Que mon esprit, comme vous en êtes digne, vous vénère ; que mon cœur, comme il est juste, vous aime ; que mon âme, comme il lui est avantageux, vous chérisse ; que ma chair, comme elle le doit, vous serve ; qu’à cela se consume ma vie, afin que tout mon être vous chante pendant l’éternité. Béni soit le Seigneur éternellement. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !
Méditations et prières, trad. Dom. Castel, Desclée de Brouwer.
Les traces géologiques du Déluge
7 novembre, 2012http://bible.archeologie.free.fr/delugegeologie.html
Les traces géologiques du Déluge
Le Déluge mésopotamien
Lorsqu’en 1929 l’archéologue britannique Sir Leonard Woolley fouilla les ruines de l’ancienne cité d’Ur en Mésopotamie, il fit une découverte sensationnelle. Creusant une tranchée profonde pour reconnaître les plus anciens niveaux d’occupation, il trouva au fond du puits de sondage une couche d’argile stérile. La transition dans la nature du sous-sol était nette, le niveau d’occupation archéologique étant soudain remplacée par de l’argile pure exempte de toute trace de vie humaine. Cela signifiait à première vue que l’on avait atteint le sol vierge et qu’il n’y avait plus rien à trouver. Mais Woolley intrigué décida de faire continuer à creuser. Plutôt sceptique, son ouvrier s’exécuta non sans une certaine mauvaise humeur.
Ayant dégagé de l’argile pure sur plus de trois mètres de profondeur supplémentaires, il vit à sa grande surprise l’argile s’interrompre brusquement pour laisser apparaître un deuxième niveau archéologique contenant d’autres traces d’occupation humaine. Cette couche inférieure correspondait aux vestiges d’une seconde cité plus ancienne. Les tessons de céramique présents dans cette strate montraient que les poteries avaient été façonnées à la main, alors que celles de la ville située au niveau supérieur avaient été confectionnées avec la technique du tour de potier.
Comment expliquer la présence d’une épaisse couche de sédiment intercalée entre deux terrains riches en vestiges d’habitations ? Pour Woolley, il n’y avait qu’une seule explication possible : cette couche d’argile ne pouvait être que le reste d’un ancien dépôt boueux qui s’était déposé lors d’une importante inondation. Son sang ne fit qu’un tour : c’était le déluge de Noé.
La stratigraphie impliquait à l’évidence que deux cités différentes avaient été bâties au même endroit à deux époques différentes. Pour vérifier son hypothèse, Woolley fit faire d’autres sondages dans le secteur de Ur. La moitié des forages qui furent réalisés (quatorze en tout) montrait le même type de dépôts, quoique d’épaisseurs différentes selon l’altimétrie. Les plus grandes épaisseurs (jusqu’à 3,70 m) correspondaient aux dépôts les moins élevés en altitude. A l’aide des céramiques, il put estimer l’âge de la couche d’argile à environ 3500 av. J.-C.. Seule une inondation de très grande ampleur pouvait rendre compte de l’épaisseur extraordinaire de cette strate. Aux yeux de Woolley, l’affaire était claire : il annonça la découverte des traces du Déluge biblique.
La large plaine du Tigre et de l’Euphrate constitue une immense zone inondable. Encadrée par la chaîne montagneuse du Zagros au nord-est, les monts Ararat au nord et les pentes désertiques de l’Arabie au sud-ouest, elle draine les eaux de ravinement d’un immense territoire ; en cas de pluies exceptionnelles dans ces régions, la vallée du Tigre et de l’Euphrate est rapidement en crue. Woolley et ses collaborateurs imaginèrent que le Déluge de la Bible ait pu correspondre à une inondation de ce genre, d’ampleur extraordinaire, affectant toute ou une grande partie de la Mésopotamie. Pour estimer son étendue, il fallait entreprendre de nouveaux sondages dans d’autres cités chaldéennes voisines. Ce fut le travail de nouvelles missions archéologiques qui s’y attelèrent durant les années 1930.
A Kish, située au nord de Ur, une équipe anglo-américaine dirigée par Stephen Langdon fouilla les ruines entre 1923 et 1932. Elle trouva là aussi des couches alluviales intercalées entre plusieurs niveaux archéologiques. Elles étaient cependant moins épaisses qu’à Ur, et réparties sur trois ou quatre niveaux différents et furent datées dans une tranche d’âges plus récente, entre 3200 et 3000 av. J.-C..
A Shuruppak (l’actuelle Tell Fara), le docteur Eric Schmidt de l’Université de Pennsylvanie trouva en 1931, entre plusieurs strates historiques, un lit d’argile d’une épaisseur de soixante centimètres, datant d’à peu près 2900 avant notre ère. Ce dépôt était constitué de treize couches de sable et d’argile alternées.
A Uruk, des fouilles entreprises par l’archéologue Julius Jordan, de la German Oriental Society, mirent en évidence en 1929 un dépôt sédimentaire épais d’un mètre cinquante, remontant à 2800 ans environ av. J.-C…
A Ninive, qui fut fouillée en 1931 et 1932 par l’archéologue britannique Max Mallowan, un ou plusieurs niveaux d’argile apparurent sur une hauteur de deux mètres, difficiles à dater, peut-être entre 5500 et 3100 avant notre ère..
A Lagash, l’archéologue français André Parrot signala un dépôt d’argile qui semblait dater d’autour de 2800 av. J.-C..
Ces résultats sont cependant à nuancer, car d’autres cités mésopotamiennes également fouillées n’ont pas révélé de telles couches alluviales. C’est le cas d’Eridu, proche de Ur de douze kilomètres seulement et qui n’a livré aucune trace d’inondation de ce type. D’autre part, on on voit bien que les dates attribuées aux dépôts alluviaux ne coïncident pas exactement. Si l’on tient compte de ces écarts, les inondations apparaissent comme très locales, et dès lors l’hypothèse d’un déluge unique affectant toute la Mésopotamie devient plus improbable. En considérant néanmoins l’ensemble des âges attribués à ces dépôts, on remarque qu’ils tournent autour de 3000-2900.
Cette très relative convergence de dates est plus ou moins cohérente avec les informations données par les tablettes cunéiformes. En effet, la liste royale sumérienne précise que la capitale changea de Shuruppak à Kish juste après le Déluge. Un tel changement de capitale et de dynastie semble effectivement avoir eu lieu historiquement vers 2900 av. J.-C.. Par ailleurs, dans les trois versions du Déluge tirées des tablettes cunéiformes, le héros est un habitant de Shuruppak, ville dont les ruines ont livré un dépôt d’argile de 60 cm datant d’environ 2900. C’est donc autour de 2900 que semble se dessiner la meilleure convergence de données. En définitive, la conclusion de l’enquête semble revenir à l’assyriologue Samuel Noah Kramer, de l’Université de Pennsylvanie, qui en 1967 écrivait :
« (…) L’histoire du déluge mésopotamien, et la version de l’Ancien Testament qui en provient, fut inspirée par un désastre réellement catastrophique, mais aucunement universel, qui eut lieu non pas immédiatement après la période d’Ubaid (c’est-à-dire vers 3500 av. J.-C.) comme Woolley l’a déclaré, mais plutôt autour de 3000, et qui laissa des traces à Kish, Shuruppak et probablement en de nombreux autres sites restant à découvrir ».
Le Déluge et la mer Noire
Une théorie alternative tentant de relier le Déluge biblique à des indices géologiques, a été proposée beaucoup plus récemment par deux géologues américains de l’Université de Columbia. En 1998, William Ryan et Walter Pitman formulèrent l’hypothèse qu’une inondation exceptionnelle aurait eu lieu non pas en Irak mais en mer Noire. Ils s’appuyaient sur les résultats des missions scientifiques marines comme les expéditions de l’International Ocean Drilling Program, qui ont mis en évidence au fond de la mer Noire de curieux indices, suggérant que dans la haute Antiquité cette mer n’existait pas, et qu’il y avait à sa place un ancien lac. Des plages de galets englouties, des coquillages d’eau douce et des traces d’aménagements humains dorment au fond de la mer.
Pour expliquer la présence de ces éléments immergés, les océanographes ont émis l’idée que la mer Noire a pu se remplir très brusquement il y a plusieurs milliers d’années. Ce serait là une conséquence indirecte de la fin de la dernière glaciation d’il y a 10 000 ans. En effet, à chaque réchauffement climatique, la fonte des glaces continentales provoque une lente remontée générale du niveau des mers du Globe.
Au niveau du détroit du Bosphore, l’eau de la Méditerranée aurait soudainement rompu le barrage naturel que devait alors constituer l’actuel détroit. Des millions de tonnes d’eau se seraient déversés dans la dépression, engloutissant des populations qui y vivaient. Les deux chercheurs font le lien entre cet évènement supposé et le Déluge de la Bible.
Ce rapprochement présente plusieurs points faibles. Les caractéristiques de cette catastrophe diffèrent du récit biblique par plusieurs points. D’abord il s’agit ici d’une mise en eaux conséquente à l’ouverture d’un immense barrage, et non pas de pluies torrentielles comme le dit la Bible. D’autre part, la Mésopotamie n’ayant probablement pas été concernée, l’évènement décrit peut difficilement être relié aux témoignages chaldéens inscrits sur les tablettes cunéiformes. En outre, l’évènement qui donna naissance à la mer Noire étant antérieur à l’invention de l’écriture il y a 5300 ans, il peut paraître trop ancien pour avoir été enregistré dans la mémoire humaine. Il n’est donc pas certain que la naissance de la mer Noire et le Déluge rapporté dans la Bible constituent le même évènement.