Archive pour le 2 novembre, 2012

Shema’ Israel

2 novembre, 2012

Shema' Israel dans images sacrée 20061031-shema

http://www.parrocchiaspiritosanto.org/?itemid=217

 

Dimanche 4 novembre – commentaires de Marie Noëlle Thabut – premiere lecture: Deutéronome 6, 2 – 6

2 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 4 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE : Deutéronome 6, 2 – 6

Moïse disait au peuple d’Israël :
2 « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu.
 Tous les jours de ta vie,
 toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils,
 tu observeras tous ces commandements et ces ordres,
 que je te prescris aujourd’hui,
 et tu auras longue vie.
3 Israël, tu écouteras,
 tu veilleras à mettre en pratique
 ce qui t’apportera bonheur et fécondité,
 dans un pays où ruissellent le lait et le miel,
 comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères.
4 Ecoute, Israël :
 le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique.
5 Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur,
 de toute ton âme et de toute ta force.
6 Ces commandements que je te donne aujourd’hui
 resteront dans ton coeur. »

Voici l’un des grands textes de l’Ancien Testament ! Il joue un rôle très important actuellement dans la religion et la prière d’Israël. Le livre du Deutéronome lui-même figure parmi les premiers livres de nos Bibles actuelles, mais en réalité, c’est un livre tardif ; il est le résultat de toute la réflexion de plusieurs siècles après la sortie d’Egypte. Pour entrer vraiment dans ce texte, il faut connaître, (autant que faire se peut) l’histoire du livre du Deutéronome : avec Moïse et la sortie d’Egypte, nous sommes vers 1250 av.J.C. L’installation sur la terre Promise se situe vers 1200 ; les douze tribus se répartissent les lieux et vont conquérir leur territoire, chacune pour soi ; mais elles gardent le lien de leur foi commune dans le Dieu qui les a libérées d’Egypte. Moïse n’a rien mis par écrit de son vivant : on possède seulement les deux tables de la Loi en pierre ; mais on se répète ses enseignements, on se les transmet de père en fils, pendant des générations.
 Les siècles passant, on éprouvera le besoin de mettre les éléments les plus importants par écrit. Selon les lieux, ces documents qui prennent peu à peu naissance ont chacun leurs caractéristiques propres. Ce qui est écrit à la cour du roi Salomon au dixième siècle a d’autres accents que ce qui prend naissance, deux cents ans plus tard, au huitième siècle dans le royaume du Nord, là où retentissent des voix aussi exigeantes que celles des prophètes Amos ou Osée. C’est dans leur entourage qu’est né très probablement le noyau de ce qui est aujourd’hui le livre du Deutéronome. Au moment de la dévastation du royaume du Nord par les Assyriens, des lévites du Nord se réfugient à Jérusalem, emportant avec eux ce qu’ils ont de plus précieux, les rouleaux qui contiennent les enseignements de Moïse tels que les prophètes les leur ont transmis. Ils y ajouteront bientôt les leçons qu’ils ont tirées de la tragédie qui s’est abattue sur le Nord : si seulement leurs frères du Sud pouvaient écouter, eux, les enseignements de Moïse et des prophètes, ils ne feraient pas leur propre malheur, comme les autres.
 Plus tard, ces documents connaîtront encore bien des aventures : cachés dans le Temple de Jérusalem, sous le règne d’un roi sacrilège, ils seront retrouvés presque par hasard, en 622, sous le règne de Josias, le pieux. Lequel s’appuiera sur les enseignements de ce document pour lancer une grande réforme religieuse. Et puis, quand la catastrophe se sera abattue sur le royaume du Sud (Jérusalem est prise par Nabuchodonosor en 587), il sera temps d’en tirer aussi des leçons pour le retour de l’Exil : la Terre promise par Dieu se mérite. D’où l’insistance sur le mot « écouter » dans ce livre, dont les accents sont ceux d’une prédication, voire d’une sonnette d’alarme. Ainsi est né, probablement, au fil des siècles et de l’histoire mouvementée du peuple élu, ce livre du Deutéronome que nous avons sous les yeux ; (dont le nom, en grec, veut dire « Deuxième loi », puisque c’est, en quelque sorte une deuxième expression des enseignements de Moïse).
 Mais nous en savons assez maintenant pour comprendre le texte d’aujourd’hui. Il s’agit donc d’une relecture de l’Exode et des enseignements de Moïse, bien après la mort de celui-ci, au moment où il faut rappeler de toute urgence au royaume du Sud les exigences de l’Alliance et la conversion en profondeur qui s’impose : « lsraël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité… comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères. Ecoute lsraël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. »
 Tout le destin d’Israël est là, peut-être, dans la juxtaposition de ces deux mots (« Ecoute » et « Israël ») : Israël, le peuple élu, mais qui tient son nom d’un combat mémorable, si vous vous souvenez ! Car c’est après la nuit de son combat avec l’ange (au gué du Yabbok, un affluent du Jourdain en Jordanie actuelle) que Jacob a reçu de son adversaire ce nouveau nom « Israël », qui signifie précisément « celui qui a bagarré contre Dieu » ! « On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté ». (Gn 32, 29). C’est à ce peuple, toujours tenté de se dresser contre Dieu, de bagarrer avec Dieu (« peuple à la nuque raide », disait Moïse) que l’auteur du livre du Deutéronome rappelle qu’il faut au contraire « écouter » Dieu… C’est lui, justement, qui est sans cesse remis devant cette nécessité de se soumettre et d’écouter, s’il veut conquérir son bonheur et sa liberté.
 Cette phrase « Ecoute Israël, le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique » est devenue la prière quotidienne des Juifs. C’est le fameux « SHEMA ISRAEL » [1] qu’on récite matin et soir, dès l’âge de trois ou quatre ans. La suite du texte insiste pour qu’on n’oublie jamais cette profession de foi : voici les quelques versets qui suivent, et qui sont tellement beaux : « Les paroles que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton coeur : tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route… Quand tu seras couché et quand tu seras debout… Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux… Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Belle manière de dire que c’est à tout instant, au coeur de chacune de ses occupations que le croyant doit resté attaché de tout son être à ces commandements qui lui ont été donnés pour son bonheur.
 Ce signe à la main et sur le front et sur les portes des maisons et des villes, vous savez qu’il est respecté à la lettre ; vous connaissez ce qu’on appelle les « phylactères » (en hébreu, tefilines) : ces petits cubes de cuir noir, que le fidèle attache avec des lanières, sur le front et sur le bras (à la hauteur du cœur), pour la prière quotidienne ; dans ces petits cubes, justement, sont renfermés des rouleaux de papier où est inscrit, entre autres, le texte du « Shema Israël »[2]. (« Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux »). De la même façon, le Deutéronome dit : « Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Alors on accroche au chambranle de la porte d’entrée de la maison un petit étui (mezouza) qui contient justement le Shema Israël ; même chose, il y a une mezouza accrochée à la porte de la ville (sur le mur d’enceinte de la vieille ville de Jérusalem par exemple). Ainsi, aujourd’hui encore, la fidélité du peuple élu s’inscrit dans sa pratique quotidienne. Israël n’a jamais oublié l’appel du Deutéronome.
 Au passage, on aura repéré l’importance de la transmission familiale de la foi : « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu, tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils… » L’expression « le Dieu de tes pères » que l’on rencontre ici, comme dans de nombreux textes de l’Ancien Testament, évoque aussi cette transmission depuis des siècles. Il y a là certainement l’un des secrets de la survie de la foi juive à travers l’histoire.

 ***
Note

 [1] – Cette prière est devenue aussi importante pour les Juifs que le Notre Père l’est pour les Chrétiens. Si importante que le premier mot « Ecoute » et le dernier « Unique » sont en majuscules dans nos Bibles.

 [2] – Voici les références des textes reproduits dans les phylactères : Ex 13, 1-10 ; Ex 13, 11-16 ; Dt 6, 4-9 ; Dt 11, 13-21.

Homélie du 31e dimanche ordinaire B

2 novembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 31e dimanche ordinaire B

Dt 6, 2-6 ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34

Pascal Obispo, musicien, parolier et chanteur,… Elie Chouraqui, réalisateur populaire et metteur en scène, ensemble, ont mis sur pied une comédie musicale sur « Les dix commandements », ou la Bible en danses et chansons. Et la chanson phare est faite pour donner au public, comme son titre l’indique, « l’envie d’aimer ». Mais, en même temps, de redécouvrir le Décalogue. Et son actualité. Car le Décalogue est vraiment un texte pour aujourd’hui. Il rejoint d’ailleurs l’actualité liturgique qui, par Moïse et Jésus, vient de nous rappeler que les deux amours, de Dieu et du prochain, ne font qu’un. Cet inséparable duo résume toutes les lois et tous les commandements, qu’ils soient 10 ou 613. Nous avons cependant besoin qu’on nous le rappelle constamment.
Nous avons beau dire et répéter, écrire et chanter qu’il est « si simple d’aimer », que l’ »essentiel est d’aimer », ou qu’il « suffit d’aimer », la perpétuelle difficulté c’est qu’en définitive nous ne savons pas réellement ce que peut signifier ce mot magique. D’autant plus que les êtres humains projettent sur lui toutes leurs attentes démesurées, leurs espoirs les plus fous et leurs fantasmes. Et bien souvent sans s’en rendre compte, en ne cherchant rien d’autre qu’eux-mêmes.
D’où la question : Quand donc arriverons-nous à nous débarrasser tout à fait de nos illusions d’amour pour en découvrir le vrai secret ? Un secret révélé il y a plus de trois mille ans. Mais qui a dû être régulièrement répété, commenté et réactualisé, tout au long d’une histoire parsemée de désobéissances, d’égoïsmes et de refus d’écouter. Même depuis la venue du Christ, nos 2000 ans de christianisme, et leur moisson abondante de fruits spirituels, sociaux et culturels, ont été abîmés par des injustices, des haines et des guerres à tous les niveaux. Et cela continue.
C’est pourquoi, depuis Moïse et régulièrement, surtout en période de drame et de tragédie, d’intolérance, de haine et de guerre, des prophètes rappellent à temps et à contretemps, et même au péril de leur vie, qu’il faut retourner aux sources et au secret de la vie relationnelle et de la vie harmonieuse, non seulement dans le couple et la famille, mais aussi dans la société et toute l’humanité. Il s’agit donc de réfléchir à nouveau sans se lasser et d’en tirer les conséquences.
C’est d’ailleurs ainsi qu’est né le livre du Deutéronome, qui signifie « la deuxième loi », c’est-à-dire une deuxième expression des enseignements que la tradition attribuait déjà à Moïse. Des enseignements trop souvent oubliés, entraînant des conséquences dramatiques. Il n’y a pas d’autre remède que d’en revenir aux exigences de l’alliance et s’imposer une conversion en profondeur.
C’est ainsi que le premier et le deuxième commandement, indissolublement unis, constituent la priorité absolue qui s’impose en toutes circonstances. Plus et mieux qu’un commandement ou qu’un ordre, c’est un principe « incontournable ». Une Parole de vie.
C’est ce même processus et c’est ce même esprit que l’on retrouve dans la comédie musicale des « Dix commandements ». Bien sûr, et fatalement, elle paie son tribut au romanesque, à l’imaginaire et au légendaire. Mais son message est profondément incarné aujourd’hui. Ainsi, Pascal Obispo décrit ces dix commandements comme un chant d’amour, qui est à la base de toute notre culture, et même à l’origine de nos lois dites laïques. Ce chant rappelle que nous avons tous les mêmes racines et que, finalement, nous aspirons tous aux mêmes choses. Avec Chouraqui, il a voulu en faire une histoire forte, porteuse d’un message de paix et de fraternité, multiculturel et multireligieux, dans le plaisir même d’un spectacle très vivant. Ce qui se concrétise déjà dans la sélection des quatre hommes et des cinq femmes choisis, non seulement pour la qualité de leur voix, mais parce qu’ils sont juifs, musulmans, chrétiens et bouddhistes. Un signe et une leçon.
De plus, un prolongement écrit l’accompagne. Un livre, où un grand rabbin, un évêque catholique, un grand mufti et un porte-parole de la laïcité, dialoguent paisiblement et relisent ensemble d’une façon originale les Tables de la Loi de Moïse, les dix Paroles. L’objectif ? Tous ont conscience de se trouver confrontés au danger actuel des intégrismes et de l’intolérance, des égoïsmes et des divisions. Et cela dans une société marquée par la quête fébrile du profit et de l’argent. C’est le retour du Veau d’or. D’où, le souci des intervenants de proposer un nouvel examen des sources de l’éthique et répondre au besoin vital d’un dialogue interreligieux et interphilosophique, de manière, notamment, à ce que des croyants de diverses fois et religions, ainsi que des non-croyants, puissent penser ensemble l’avenir des valeurs humaines, et donc de l’humanité.
Cet échange de vues a paru comparable à celui du scribe et de Jésus. Hors de tout esprit de clocher. Le débat répercuté par l’ouvrage débouche dans un Appel public pour « vivre ensemble » plus humainement.
Aimer Dieu se réalise dans le geste quotidien de ceux et celles qui accueillent et respectent leur prochain. La compassion, la solidarité, sont des forces extraordinaires, qui font que chacun de nous devient le relais, le transmetteur de l’amour de Dieu. Il n’y a pas d’amour de Dieu possible sans amour du prochain. Et en commençant par ce dernier.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008