Archive pour octobre, 2012

La vocation ou le mystère de Dieu qui appelle

15 octobre, 2012

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La vocation ou le mystère de Dieu qui appelle

Notre vie chrétienne se place dans le mystère de Dieu qui nous appelle, nous sommes appelés par Dieu à la sainteté, à le suivre. Et c’est librement que Dieu appelle qui il veut, cela fait partie du mystère insondable de la volonté divine, l’Esprit souffle où il veut. Dans l’épître aux Romains (8, 28-30), saint Paul écrit : « Nous savons que Dieu fait ou concourir au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qu’il a appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a distingués d’avance, il les a prédestinés à être conforme à l’image de son Fils, pour qu’il soit un premier-né parmi un grand nombre de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés, ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés, ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » La vocation de tout chrétien est suspendue au mystère de la prédestination, il est donc vain de vouloir en donner la raison. Il est inutile de se poser la question : « pourquoi moi ? ». On ne peut y répondre que : « Dieu le veut ». C’est tout. Certes, il est plus aisé de recevoir l’appel de Dieu dans une famille catholique, mais les conversions et les vocations issues du grand large nous rappellent que le choix de Dieu est souverain. Dans cet extrait de l’épître aux Romains, saint Paul met bien en évidence la gradation dans l’appel de Dieu : la prédestination, l’appel, la justification et la gloire. L’appel de Dieu a une fin : la gloire, nous sommes appelés par Dieu à participer à sa gloire, à entrer dans la joie de notre maître (Mt 25, 21), à recevoir en héritage le royaume préparé depuis la fondation du monde (Mt 25, 34).
A côté de cet appel à la gloire dont parle saint Paul se trouve l’appel de Jésus à ses disciples : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4, 19) Cet appel n’a pas pour fin la gloire de la personne appelée mais une mission : être pêcheur d’homme.  Le Jeudi Saint, Jésus dit à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez, vous, et portiez du fruit et que votre fruit demeure, pour que, tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous le donne. » (Jn 15, 16) Jésus a donc appelé les apôtres pour un ministère particulier d’intercession, il les a fait prêtre pour intercéder en son Nom auprès du Père, ils ont reçu le pouvoir d’offrir le sacrifice pour les vivants et les morts. Enfin, saint Paul mentionne souvent cet appel particulier de Dieu au début de ses épîtres : « Paul, apôtre, non de par les hommes ni par l’entremise d’un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père qui l’a ressuscité des morts. » (Gal 1, 1) Dans l’épître aux Romains, il précise « réservé pour l’annonce de l’Evangile » (Rom 1, 1). On voit donc qu’il y a une différence entre ces deux vocations : l’une qui se situe dans la ligne du sacrement de baptême, l’autre qui s’achève dans le sacrement de l’ordre.

La vocation chrétienne a pour objet Jésus-Christ connu et aimé, saint Paul a de multiples expressions pour la définir. Aux Corinthiens (1 Cor 1, 2), il s’adresse « à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus-Christ, notre Seigneur. » Cette sainteté est « connaître combien grande est la gloire de ce mystère parmi les gentils : à savoir le Christ en vous, espérance de gloire » (Col 1, 27), ou encore « d’avoir la force de comprendre avec tous les saints ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, pour que vous soyez remplis de la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 18-19) Par contre, la vocation sacerdotale est une réalité d’un autre ordre, c’est un ministère, les apôtres ont été appelés pour prêcher, pour prier au nom de Jésus-Christ, pour annoncer l’évangile. Dans l’épître aux Hébreux (5, 1-4), l’Apôtre décrit magnifiquement la vocation sacerdotale: « Tout grand prêtre, en effet, pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il peut se montrer indulgent envers les ignorants et les égarés, puisqu’il est lui-même enveloppé de faiblesse, et qu’il doit, à cause d’elle, offrir des sacrifices pour les péchés, autant pour lui que pour le peuple. Et nul ne s’arroge cet honneur, mais on est appelé par Dieu comme Aaron. » Le prêtre est donc d’abord un pontife, un médiateur entre Dieu et le hommes, il fait monter la prière des hommes vers Dieu, il offre les sacrifices –le prêtre est l’homme de la messe – il sait compatir aux faiblesses des autres, il est le ministre de la miséricorde. Sa médiation est donc dans les deux sens : la prière qui monte, les bienfaits divins qui descendent : les sacrements, la prédication à ceux qui sont dans l’ignorance. Enfin, nul ne s’arroge cet honneur d’être pontife s’il n’a pas été appelé par Dieu. Dans l’ancienne alliance, il fallait pour être prêtre se donner la peine de naître et rien de plus, il fallait appartenir à la tribu de Lévi, dans la nouvelle alliance, Jésus fait entendre cet appel au plus intime de l’âme et le signifie par la voix de l’évêque le jour de l’ordination.
Cet appel est différent de la vocation à la foi du baptême puisque c’est un appel à être apôtre, médiateur entre Dieu et les hommes. Les baptisés sont appelés à être unis au Christ saint, glorifié alors que le prêtre est appelé à être uni au Christ sanctifiant, glorifiant. Le prêtre reçoit un ministère de Dieu et de l’Eglise : celui de sanctifier les âmes, d’offrir le sacrifice. Sans doute, il y a aussi dans la vocation sacerdotale un appel intérieur. Il faut vouloir et pouvoir. Mais ce n’est pas cela qui la spécifie, c’est l’appel de l’évêque le jour de l’ordination qui fait la vocation, qui lui donne sa mission hiérarchique : « Va et prêche ». La vocation sacerdotale pourrait se résumer ainsi : vouloir, pouvoir et être appelé par l’évêque.

M. l’Abbé Roch Perrel

UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE (L’évangélisation selon le card. Dziwisz)

15 octobre, 2012

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UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE

L’évangélisation selon le card. Dziwisz

Anita Bourdin
ROME, lundi 15 octobre 2012 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Dziwisz, l’évangélisation par du dialogue de l’homme avec le cœur miséricordieux de Dieu, c’est un coeur à cœur.
Le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie, est en effet intervenu au synode, le mercredi 10 octobre, dans l’après-midi, lors de la 5econgrégation générale.
L’archevêque polonais a offert comem une variation sur le thème de la devise du bienheureux cardinal John Henry Newman, si chère à Benoît XVI, et qui indique à elle seule la méthode l’évangélisation du IIIe millénaire, en cœur à cœur : cœur à cœur avec Dieu, cœur à cœur avec l’autre : « Cor ad cor loquitur. Le coeur de Dieu miséricordieux parle au coeur de l’homme ».
L’ancien secrétaire de Jean-Paul II a repris cette expression du  Document de travail présentant la situation de l’homme contemporain comme celle d’un “prisonnier d’un monde qui a pratiquement supprimé la question de Dieu de son horizon”.
Le même document estime que « la nouvelle évangélisation devrait oser rétablir cette question sur Dieu et aider l’homme à sortir du “désert intérieur” » (cf. § 86).?
Pour le cardinal polonais, « la question est de savoir comment faire sortir l’homme de ce désert ».
Il répond : « Une chose est certaine. La science ne suffit pas. Les documents ne suffisent pas. Nos structures ecclésiastiques ne suffisent pas. En tant que telles, elles n’atteignent pas encore le coeur de l’homme ».?
La miséricorde divine
Il propose une autre voie, celle de la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II, et le sanctuaire de Lagiewniki se trouve sur le diocèse de Cracovie, aux portes de la ville : « Un signe caractéristique de notre époque est que l’Église parle aujourd’hui d’une manière plus efficace lorsqu’elle s’exprime à travers le message de la Divine Miséricorde ».
Au terme du deuxième congrès mondial de la Miséricorde divine, en octobre 2011, à Lagiewniki, les évêques présents avaient en effet adressé à Benoît XVI une lettre demandant que la Miséricorde soit indiqué par le synode comme une voie privilégié de l’annonce de l’Evangile aujourd’hui : le cardinal Dziwisz reprend cette requête en quelque sorte.
Il constate : « Il semble que ce discours touche davantage le coeur de l’homme renfermé sur lui-même, empêtré dans le péché et dans une apparente autosuffisance, mais en revanche à la recherche du sens de la vie et de motifs d’espérance ».?
« L’Église de Cracovie, rappelle-t-il, est le lieu et le centre privilégié où, au siècle passé – marqué par la domination de systèmes totalitaires athées et en tant que tels inhumains – se fit entendre l’invocation de la miséricorde. Dieu s’est servi d’une humble religieuse, Sainte Faustine Kowalska, tout comme d’un sage et saint pasteur, le Cardinal Karol Wojtila – Jean Paul II, afin que la vérité éternelle sur Dieu “riche en miséricorde” (Ep 2, 4) résonne de manière plus importante dans le monde agité d’aujourd’hui. “L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde”, qui est Jésus (Soeur Faustine, Journal, n°699) ».
Une méthode de formation
« Il semble que l’homme d’aujourd’hui soit parvenu à sauver en lui-même la sensibilité envers une miséricorde désintéressée. C’est justement elle – la miséricorde de Dieu qui se penche sur son sort – qui est en mesure de se faire sentir et de toucher les cordes les plus profondes du coeur humain », ajoute l’archevêque.?
Il souligne l’efficacité de cette voie aussi pour la formation des nouveaux évangélisateurs : « La dévotion à la Divine Miséricorde est devenue une méthode de formation de chrétiens zélés et responsables.?J’en parle et en rend témoignage pour indiquer l’une des voies attestées à notre époque à travers laquelle nous pouvons entreprendre la nouvelle évangélisation ».

Jean XXIII et le discours à la lune ( You Tube, Je ne peux pas insérer)

12 octobre, 2012

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Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

12 octobre, 2012

http://viaromana.wordpress.com/2012/10/06/jean-xxiii-et-le-discours-a-la-lune-le-coeur-dun-pape/

Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

6 octobre 2012

Le 11 octobre 1962, à la fin de la journée d’ouverture du Concile, était organisée une procession aux flambeaux entre le château Saint-Ange et la place Saint-Pierre. Le pape Jean XXIII, attiré par la prière de la foule, était apparu à sa fenêtre, improvisant une allocution connue aujourd’hui comme le discours à la lune.
Le monde entier est rassemblé ici. Il semble que la lune elle-même s’est hâtée ce soir de regarder ce spectacle que même la basilique, Saint-Pierre qui a quatre siècles d’histoire, n’a jamais pu contempler, a dit le pape au soir de l’ouverture de Vatican II, sous les applaudissements de la foule.
Il a ajouté: Ma personne ne compte pas : c’est un frère qui vous parle, devenu père par la volonté de notre Seigneur. Mais ensemble, paternité et fraternité sont une grâce de Dieu. Faisons honneur à l’impression de ce soir. Que nos sentiments soient toujours comme nous les exprimons ce soir, devant le ciel et devant la terre: foi, espérance, charité, amour de Dieu, amour des frères. Et puis, tous ensemble, aidons-nous ainsi, dans la sainte paix de Dieu, à faire le bien.
Le passage qui a fait éclater les applaudissements est celui de la larme d’un enfant:  En rentrant chez vous, vous trouverez vos enfants. Donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur: c’est la caresse du pape. Vous trouverez peut-être quelque larme à essuyer. Ayez une bonne parole pour celui qui souffre: Le pape est avec nous, spécialement aux heures de tristesse et d’amertume.

Pour écouter le discours de Jean XXIII: http://www.youtube.com/watch?v=tmhPl5b30v0&feature=related

Vive le « bon pape Jean »! Vive le Concile! Soyons-en les dignes héritiers…
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Pour les amateurs, voici le texte (complet) en italien  :

“Cari figlioli, sento le vostre voci. La mia è una sola, ma riassume tutte le voci del mondo; e qui di fatto il mondo è rappresentato. Si direbbe che persino la luna si è affrettata stasera… Osservatela in alto, a guardare questo spettacolo… Noi chiudiamo una grande giornata di pace… Sì, di pace: ‘Gloria a Dio, e pace agli uomini di buona volontà’.
Se domandassi, se potessi chiedere ora a ciascuno: voi da che parte venite? I figli di Roma, che sono qui specialmente rappresentati, risponderebbero: ah, noi siamo i figli più vicini, e voi siete il nostro vescovo. Ebbene, figlioli di Roma, voi sentite veramente di rappresentare la ‘Roma caput mundi’, la capitale del mondo, così come per disegno della Provvidenza è stata chiamata ad essere attraverso i secoli.
La mia persona conta niente: è un fratello che parla a voi, un fratello divenuto padre per volontà di Nostro Signore… Continuiamo dunque a volerci bene, a volerci bene così; guardandoci così nell’incontro: cogliere quello che ci unisce, lasciar da parte, se c’è, qualche cosa che ci può tenere un po’ in difficoltà… Tornando a casa, troverete i bambini. Date loro una carezza e dite: “Questa è la carezza del Papa”. Troverete forse qualche lacrima da asciugare. Abbiate per chi soffre una parola di conforto. Sappiano gli afflitti che il Papa è con i suoi figli specie nelle ore della mestizia e dell’amarezza… E poi tutti insieme ci animiamo: cantando, sospirando, piangendo, ma sempre pieni di fiducia nel Cristo che ci aiuta e che ci ascolta, continuiamo a riprendere il nostro cammino. Addio, figlioli. Alla benedizione aggiungo l’augurio della buona notte”.

LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE – Par l’archevêque anglican Rowan Williams

12 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32154?l=french

LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE

Par l’archevêque anglican Rowan Williams

Anne Kurian

ROME, vendredi 12 octobre 2012 (ZENIT.org) – La contemplation est un élément-clé de l’évangélisation, car c’est là que le croyant découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », c’est-à-dire dans « la vraie justice et le véritable amour » déclare le primat anglican.
L’archevêque de Canterbury, Rowan Douglas Williams, primat de toute l’Angleterre et de la Communion anglicane, est en effet intervenu le 10 octobre 2012, dans le cadre de la cinquième congrégation générale du synode des évêques. Il était accompagné par M. Nigel Marcus Baker, ambassadeur de Grande-Bretagne près le Saint-Siège, par le chanoine David Richardson, directeur du Centre anglican de Rome, et par Mme Margaret Richardson, son épouse.
Une humanité contemplative
« Proclamer l’Évangile, c’est proclamer qu’il est enfin possible d’être complètement humain », déclare l’archevêque.
En l’occurrence, « le fait d’être pleinement humain signifie être recréé à l’image de l’humanité du Christ », et c’est donc « une humanité contemplative » car l’enjeu est pour les hommes d’être « ouverts à toute la plénitude que le Père veut insuffler à leurs cœurs ».
Concrètement, le primat anglican précise quelques conditions pour « commencer à grandir » dans cette contemplation : rendre son esprit « silencieux et prêt à recevoir », réduire au silence ses « fantaisies auto-générées sur Dieu et sur soi-même ».
La contemplation est de ce fait « un élément intrinsèque » du processus de transformation commencé au baptême, car « apprendre à regarder Dieu sans considérer sa satisfaction personnelle immédiate, apprendre à examiner et à relativiser les désirs et les rêves qui grandissent en soi, c’est permettre à Dieu d’être Dieu et, par conséquent, à la prière de Jésus, la relation de Dieu avec Dieu, de vivre en soi ».
Pour l’archevêque, la contemplation est la « clé de la prière, de la liturgie, de l’art et de l’éthique, la clé de l’essence d’une humanité renouvelée », elle est « l’unique et dernière réponse au monde irréel et insensé que nos systèmes financiers et notre culture de la publicité, que nos émotions chaotiques et non réfléchies nous encouragent à habiter ».
Montrer le visage de cette humanité
Par la contemplation, estime l’archevêque, le croyant « devient plus libre – “d’aimer les êtres humains de façon humaine” », c’est-à-dire de les aimer « non pas pour ce qu’ils pourraient lui promettre, de les aimer non pas comme s’ils étaient là pour lui fournir une sécurité et un confort durable, mais en tant que créatures fragiles qui, comme lui, sont soutenues par l’amour de Dieu ».
En un mot, il découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », et non par rapport « à lui ». Mgr Rowan Douglas Williams voit dans cette attitude les « racines de « la vraie justice, tout comme du véritable amour ».
Le visage humain que les chrétiens sont appelés à montrer au monde est donc « un visage marqué par cette justice et cet amour, un visage forgé par la contemplation, par les disciplines du silence et le détachement de soi des objets qui l’assujettissent et des instincts non contrôlés qui peuvent le tromper ».
Selon l’archevêque, les autres hommes verront dans leur témoignage la « possibilité de vivre de manière plus humaine », c’est-à-dire « avec moins de frénésie de posséder, vivre des moments de calme, vivre dans l’attente d’apprendre et, vivre en ayant conscience qu’il y a une joie solide et durable à découvrir dans les disciplines de l’oubli de soi », vivre « authentiquement, honnêtement, et dans l’amour ».
De même, ajoute-t-il, la contemplation fera avancer l’œcuménisme, dans le sens où elle « démasque une supériorité inconsidérée envers d’autres croyants baptisés et la supposition que je n’ai rien à apprendre d’eux ». Au contraire, la contemplation aide à « approcher toute expérience comme un don ».
La foi est un humanisme
Evoquant le Concile Vatican II, « qui tant a fait pour la santé de l’Église », il souligne l’un des aspects les plus importants de la théologie de Vatican II, selon lui : le renouveau de l’anthropologie chrétienne.
Pour l’archevêque en effet, le Concile est revenu aux sources de la théologie « les plus riches et les plus anciennes », en parlant « d’humanité faite à l’image de Dieu » et de « grâce qui perfectionne et transfigure cette image si longtemps enduite de notre ‘inhumanité’ habituelle ».
Dans cette perspective, la foi catholique et chrétienne est donc un « vrai humanisme », affirme-t-il, citant Jacques Maritain.
Cependant, l’archevêque met en garde : il ne s’agit pas de remplacer la « tâche évangélisatrice » par une « campagne d’“humanisation” ». En réalité, fait-il observer, « c’est la foi même qui détermine l’œuvre d’humanisation », et sans elle « l’entreprise humanisante sera creuse ».
Il estime donc que dans l’évangélisation, « ce qu’il faut chercher à partager avec le monde, c’est l’humanisation comme le fruit de l’œuvre rédemptrice du Christ ».

Dimanche 14 octobre, commentaires de Marie Noëlle Thabut : Sagesse 7, 7-11

12 octobre, 2012

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Dimanche 14 octobre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTUSagesse 7, 7-117 J’ai prié, 

et l’intelligence m’a été donnée.
 J’ai supplié, 
 et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
8 Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; 
 à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;
9 je ne l’ai pas mise en comparaison 
 avec les pierres précieuses ; 
 tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, 
 et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
10 Je l’ai aimée plus que la santé et que la beauté ; 
 je l’ai choisie de préférence à la lumière, 
 parce que sa clarté ne s’éteint pas.
11 Tous les biens me sont venus avec elle,
 et par ses mains une richesse incalculable.

Toute une partie de ce texte que nous venons d’entendre pourrait être signée par un philosophe grec non croyant. « J’ai préféré la Sagesse aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle (toujours la Sagesse) j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »
 Bien sûr, il n’y a pas besoin d’avoir la foi pour dire des choses pareilles. L’humanité n’a pas attendu la Bible et la religion du Dieu d’Israël pour découvrir que les richesses de l’intelligence et surtout du coeur valent mieux que tout l’or et les bijoux du monde.
 Mais l’intérêt de ce texte est ailleurs. Ce n’est pas une leçon de savoir-vivre qui nous est donnée ici, même si il n’est pas interdit de nous la répéter. Car il y a tout un message à lire entre les lignes : je m’explique : le livre de la Sagesse met en scène le roi Salomon et c’est lui qui est censé nous parler ici. Pour comprendre ce que Salomon va nous dire, il faut se rappeler un épisode très célèbre de sa vie (1 R 3) : nous sommes au tout début de son règne ; après d’effroyables intrigues de cour et autres règlements de comptes, Salomon est enfin installé sur le trône, tous ses ennemis politiques éliminés. Bientôt il construira le Temple de Jérusalem, mais pour l’instant, c’est à Gabaon à douze kilomètres au Nord de Jérusalem qu’il organise la première grande cérémonie de son règne. Salomon a prévu de faire offrir en sacrifice à Gabaon mille animaux, ce qui prendra évidemment un certain temps ; et il faut croire qu’il a dormi sur place, puisque c’est pendant la nuit qu’il a fait un rêve qui est resté célèbre : Dieu lui apparaissait et lui disait « demande-moi tout ce que tu voudras ». Salomon avait répondu : « Je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef… Je suis au milieu du peuple que tu as choisi, un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut pas le compter… Donne-moi, je t’en prie, un coeur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Car, qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? »
 Le récit biblique continue : « Cette demande plut au Seigneur. Dieu lui dit : Puisque tu as demandé cela et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie, que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis, mais que tu as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, voici, j’agis selon tes paroles : je te donne un coeur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant toi et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois. » (1 R 3, 4-13 ; 2 Ch 1, 7-13)
 Si le livre de la Sagesse, donc (dans notre lecture d’aujourd’hui), neuf cents ans plus tard, rappelle cette histoire, ce n’est pas pour donner un cours d’histoire sur Salomon, c’est qu’il a quelque chose de très important à dire à ses contemporains ; il y consacre plusieurs chapitres ; quand il cite Salomon disant « J’ai supplié, et l’esprit de la sagesse est venu en moi », il y a certainement là une pointe contre les grands de ce monde : tous les politiques de tous les temps ont toujours un peu tendance à croire qu’ils ont la sagesse innée… et même qu’ils en ont le monopole ! Ce texte vient leur dire : dites-vous bien que même chez les rois, la sagesse n’est pas congénitale… Il faut la demander humblement dans la prière. Même le grand roi Salomon, réputé pour sa sagesse, savait bien qu’il la tenait de Dieu et il avait eu cette humilité de la demander.
 On peut aller plus loin : plus qu’une pointe contre l’orgueil des politiques, il y a une véritable révélation ; ici, une fois de plus, on voit à quel point la Bible à la fois ressemble aux littératures voisines et en même temps s’en démarque absolument : et c’est dans cet écart que réside la Révélation ; dans les autres peuples, et en Egypte en particulier, selon une croyance bien établie, le roi était un être d’exception, doté par sa naissance d’une sagesse divine. (Evidemment, tous les rituels de cour faisaient tout pour étayer cette croyance !)
 La Bible, au contraire, met en scène ici un roi fort célèbre, dont personne ne conteste la grandeur, les succès, la richesse et qui, de lui-même, reconnaît qu’il n’est qu’un homme tout simplement ; dans le chapitre suivant de ce même livre de la Sagesse, Salomon s’explique : « J’étais certes, un enfant bien né… mais pourtant, je savais que je n’obtiendrais pas la sagesse autrement que par un don de Dieu » (Sg 8, 21). Et ce même roi Salomon précise : « Je suis moi aussi un homme mortel, égal à tous, descendant du premier qui fut modelé de la terre. Dans le ventre d’une mère j’ai été sculpté en chair… Moi aussi, dès ma naissance, j’ai aspiré l’air qui nous est commun, et je suis tombé sur la terre où l’on souffre pareillement : comme pour tous, mon premier cri fut des pleurs. J’ai été élevé dans les langes, au milieu des soucis. Aucun roi n’a débuté autrement dans l’existence. Pour tous, il n’y a qu’une façon d’entrer dans la vie comme d’en sortir. » (7, 1-6). Et il continue « C’est pourquoi j’ai prié et l’intelligence m’a été donnée… » et la suite constitue notre texte d’aujourd’hui.
 Donc première leçon de ce texte, les rois sont de simples mortels, ils ne diffèrent en rien des autres hommes. Dieu seul est Dieu, le roi n’est ni dieu, ni demi-dieu. Et deuxième leçon : toute Sagesse vient de Dieu, elle est un don de Dieu. Personne, sur la terre, ne peut prétendre posséder la sagesse par lui-même. Le livre de la Sagesse va encore plus loin, et c’est déjà contenu implicitement dans ce que nous avons lu aujourd’hui : dans les versets qui suivent, il affirme que ce trésor de la Sagesse, accessible aux rois qui ne sont que des hommes comme les autres, peut tout aussi bien être donné à tous les simples mortels ; il suffit de le demander dans la prière. Comme dit encore la fin de ce même chapitre : « Au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes. » (Sg 7, 27).
 Ce qui revient à dire que l’humanité tout entière a vocation à partager la sagesse de Salomon.

Homélie du 28e dimanche ordinaire B

12 octobre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 28e dimanche ordinaire B

Sg 7, 7-11 ; He 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30

Cet épisode de la vie de Jésus est très bien connu sous le titre « Le jeune homme riche ». Un véritable cliché. Ce qui ne cadre pas exactement avec le texte évangélique qui parle d’un homme qui a observé les commandements depuis sa jeunesse. Il n’est donc plus tout jeune, d’autant plus qu’il avait de grands biens. Ou, comme le traduit André Chouraqui, « de nombreuses possessions ». Ou encore, dans la Bible du chanoine Osty : « beaucoup de propriétés ». Matthieu est le seul à introduire le terme « jeune » en fin de récit. Luc, lui, parle d’un « notable très riche ».
Mais pourquoi parle-t-on toujours d’un « jeune homme riche » ? Peut-être parce qu’on réduit l’épisode de l’homme riche à la seule catégorie des appels à la vocation sacerdotale ou religieuse. Les commandements de Dieu, dirons-nous, sont destinés à tous, et les conseils évangéliques à quelques-uns. Les chrétiens auraient donc le choix entre un chemin ordinaire pour les « simples chrétiens », et un chemin plus noble, celui de la vie consacrée. Alors, on transforme l’homme riche d’hier en jeune homme riche d’aujourd’hui, croyant sincère, pratiquant fidèle, fils de riche, qui aurait pu devenir prêtre ou entrer au couvent. Mais il a trouvé cette vocation au-dessus de ses forces. Il n’a pas eu le courage d’invoquer le Seigneur pour qui tout est possible, et il s’en est retourné, profiter honnêtement de ses biens.
Une interprétation singulièrement étriquée et dangereusement réductrice. De son vivant, Jésus n’a jamais appelé pour le sacerdoce ni pour la vie religieuse. Il a appelé des disciples et ces disciples ont tous les âges, il y a des hommes et des femmes, des mariés et des célibataires.
Quand Marc évoque cet épisode dans sa prédication et sa catéchèse, il s’adresse à toute la communauté chrétienne et non pas à quelques-uns. C’est à la communauté qu’il propose l’exemple de l’homme riche comme thème d’examen de conscience et de mise en garde. Une invitation à réfléchir sur l’attitude qu’elle doit avoir envers la propriété, les richesses et la pauvreté.
Tout disciple du Christ, quel que soit son âge, son métier ou sa vocation, est appelé à s’attacher au Christ, jusqu’à le préférer à tout et à le suivre jusqu’à être capable de « vendre ses biens », soit au sens littéral, soit au sens symbolique. Symbolique, c’est-à-dire se libérer de tout esclavage, être libre de ses mouvements, détacher les amarres qui freinent ou qui paralysent. On ne peut marcher dans deux directions à la fois, on ne peut pas servir Dieu et Mammon, ni dans le monde, ni au couvent.
« Chaque fois qu’un être humain accepte de perdre quelque chose, de subir un détriment pour que d’autres puissent vivre ou mieux vivre, il « suit le Christ ». » Ou encore « accepter de tout perdre plutôt que de gagner quoi que ce soit par violence, par fraude, par chantage, par orgueil ou égoïsme, c’est aussi suivre le Christ ». (M. Domergue, s.j.).
Pour ce qui est des richesses au sens matériel du terme, tous les chrétiens, même les plus convaincus, les plus engagés, doivent comprendre et sans cesse se rappeler que la richesse constitue à la fois un avantage et un danger, une chance et un piège, une puissance et un obstacle.
Jésus ne condamne pas pour autant les richesses et ne canonise pas la pauvreté. Il n’a jamais considéré ses compatriotes fortunés comme des pestiférés. Il a répondu à leurs invitations et partagé leurs repas. « Jésus, précise Luc, était suivi par les Douze et par des femmes qui les aidaient de leurs biens ».
Ce qui n’a pas empêché Jésus d’adresser aux possédants un appel aussi clair qu’exigeant. Selon la conception biblique, seul le détachement parfait permet l’Amour, l’union dans l’Unique, source de lumière et de beauté.
Ce qui est en jeu ici, ce n’est donc pas la pauvreté matérielle, mais la charité, car on peut être pauvre, même volontairement, sans que ce détachement fasse grandir la charité et s’exprime dans un amour réel pour les pauvres.
Mais l’expérience tout comme l’actualité quotidienne rejoignent celles de la Bible pour constater que l’argent est souvent la cause d’illusion ou d’autosuffisance qui détournent de Dieu et de l’amour des autres. « Qui a de l’argent, dit un proverbe russe, met dans sa poche ceux qui n’en ont pas ».
L’écrivain Bernard Chouraqui, dans un de ses livres évoquant le danger de l’argent, explique que son invention a permis de dépouiller les malheureux sans prendre le risque de les affronter au couteau. C’est lui aussi qui permet, sans rien perdre de sa respectabilité, d’écraser tous les autres. Avec impunité garantie.
L’histoire de l’homme riche nous est bien destinée. A tous, sans exception. C’est bien un appel à la vocation chrétienne. Mais rappelons-nous que seul le maître de l’impossible peut nous libérer des liens et entraves qui freinent notre marche à sa suite.
Chrétiens, nous sommes appelés à le suivre et nous sommes envoyés en mission, comme nous le rappelle le mois d’octobre consacré à la mission universelle.

Bonne route avec lui ! C’est un souhait et un programme.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

icon of the Virgin Mary with Jesus child from the Monastery of St. Catherine at Mount Sinai;

11 octobre, 2012

icon of the Virgin Mary with Jesus child from the Monastery of St. Catherine at Mount Sinai;  dans images sacrée theotokos-icon-cc-phool-4-XC

http://web.clas.ufl.edu/users/fcurta/Byz7.html

Si…Père Michel Quoist

11 octobre, 2012

http://users.skynet.be/prier/textes/PR0341.HTM

Si…

Auteur : Père Michel Quoist

Si la note disait:
Ce n’est pas une note qui fait une musique…
il n’y aurait pas de symphonie.

Si le mot disait:
Ce n’est pas un mot qui peut faire une page…
il n’y aurait pas de livre.

Si la pierre disait:
Ce n’est pas une pierre qui peut monter un mur…
il n’y aurait pas de maison.

Si la goutte d’eau disait:
Ce n’est pas une goutte d’eau qui peut faire une rivière…
il n’y aurait pas d’océan.

Si le grain de blé disait:
Ce n’est pas un grain de blé qui commence un champs…
il n’y aurait pas de moisson.

Si l’homme disait:
Ce n’est pas un geste d’amour qui peut sauver l’humanité…
il n’y aurais pas de bonheur.

Comme la symphonie a besoin de chaque note,
Comme le livre a besoin de chaque mot,
Comme la maison a besoin de chaque pierre,
Comme l’océan a besoin de chaque goutte d’eau,
Comme la moisson a besoin de chaque grain de blé,
L’humanité toute entière a besoin de toi,
Là où tu es, là comme tu es,
Avec ta joie, ton espérance, ta souffrance, ta misère,
L’humanité toute entière a besoin de toi
car tu es unique et irremplacable.

OUVERTURE DE L’ANNÉE DE LA FOI : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

11 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32137?l=french

OUVERTURE DE L’ANNÉE DE LA FOI : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

Un « pèlerinage dans les déserts du monde contemporain »

ROME, jeudi 11 octobre 2012 (ZENIT.org) – « Voici la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant » : c’est ainsi que le pape Benoît XVI conclut son homélie de la messe d’inauguration solennelle de l’Année de la foi, place Saint-Pierre, ce 11 octobre.
Une messe ponctuée de gestes et de signes rappelant le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile, dont le trône de l’évangéliaire, représentant le Christ vivant.
Homélie de Benoît XVI :
Vénérés frères?
Chers frères et sœurs,
A 50 ans de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, c’est avec une joie profonde que nous inaugurons aujourd’hui l’Année de la foi. Je suis heureux de saluer toutes les personnes présentes, en particulier Sa Sainteté Bartholomée I, Patriarche de Constantinople, ainsi que Sa Grâce Rowan Williams, Archevêque de Canterbury. J’ai une pensée spéciale pour les Patriarches et les Archevêques majeurs des Églises orientales catholiques et pour les Présidents des Conférences épiscopales. Pour faire mémoire du Concile, que certains d’entre nous ici présents – et que je salue affectueusement – ont eu la grâce de vivre personnellement, cette célébration est encore enrichie par quelques signes spécifiques : la procession initiale qui rappelle la procession inoubliable des Pères conciliaires lorsqu’ils firent leur entrée solennelle dans cette Basilique ; l’intronisation de l’Evangéliaire, copie de celui-là même qui a été utilisé durant le Concile ; les sept Messages finaux du Concile ainsi que le Catéchisme de l’Église catholique que je remettrai à la fin de la Messe, avant la Bénédiction. Non seulement ces signes ne nous font pas seulement souvenir, mais ils nous offrent aussi l’opportunité de dépasser cette perspective pour aller au-delà. Ils nous invitent à entrer plus avant dans le mouvement spirituel qui a caractérisé Vatican II, pour se l’approprier et lui donner tout son sens. Ce sens fut et demeure la foi en Christ, la foi apostolique, animée par l’élan intérieur qui pousse à annoncer le Christ à chaque homme et à tous les hommes pendant le pèlerinage de l’Église sur les chemins de l’histoire.
La cohérence entre l’Année de la foi que nous ouvrons aujourd’hui et le chemin que l’Église a parcouru depuis les 50 dernières années est évidente : à commencer par le Concile, puis à travers le Magistère du Serviteur de Dieu Paul VI qui, déjà en 1967, avait proclamé une « Année de la foi », jusqu’au Grand Jubilée de l’an 2000 par lequel le Bienheureux Jean-Paul II a proposé à nouveau à toute l’humanité Jésus-Christ comme unique Sauveur, hier, aujourd’hui et pour toujours. Entre ces deux pontifes, Paul VI et Jean-Paul II, existe une convergence totale et profonde précisément au sujet du Christ, centre du cosmos et de l’histoire, ainsi qu’au regard du zèle apostolique qui les a portés à l’annoncer au monde. Jésus est le centre de la foi chrétienne. Le chrétien croit en Dieu par Jésus qui nous en a révélé le visage. Il est l’accomplissement des Écritures et leur interprète définitif. Jésus-Christ n’est pas seulement objet de la foi mais, comme le dit la Lettre aux Hébreux, il est « celui qui donne origine à la foi et la porte à sa plénitude » (He 12,2).
L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus, consacré par le Père dans l’Esprit-Saint, est le sujet véritable et pérenne de l’évangélisation. « L’Esprit du Seigneur est sur moi pour cela il m’a consacré par l’onction et m’a envoyé annoncer aux pauvres une bonne nouvelle » (Lc 4,18). Cette mission du Christ, ce mouvement, se poursuit dans l’espace et dans le temps, il traverse les siècles et les continents. C’est un mouvement qui part du Père et, avec la force de l’Esprit, porte la bonne nouvelle aux pauvres de tous les temps, au sens matériel et spirituel. L’Église est l’instrument premier et nécessaire de cette œuvre du Christ parce qu’elle est unie à Lui comme le corps l’est à la tête. « Comme le Père m’a envoyé, moi-aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est ce qu’a dit le Ressuscité aux disciples et, soufflant sur eux, il ajouta : « Recevez l’Esprit Saint » (v. 22). C’est Dieu le sujet principal de l’évangélisation du monde, à travers Jésus- Christ ; mais le Christ lui-même a voulu transmettre à l’Église sa propre mission, il l’a fait et continue de le faire jusqu’à la fin des temps en répandant l’Esprit-Saint sur les disciples, ce même Esprit qui se posa sur Lui et demeura en Lui durant toute sa vie terrestre, Lui donnant la force de « proclamer aux prisonniers la libération et aux aveugles la vue », de « remettre en liberté les opprimés » et de « proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).
Le Concile Vatican II n’a pas voulu consacrer un document spécifique au thème de la foi. Pourtant, il a été entièrement animé par la conscience et le désir de devoir, pour ainsi dire, s’immerger à nouveau dans le mystère chrétien, afin d’être en mesure de le proposer à nouveau efficacement à l’homme contemporain. A cet égard, le Serviteur de Dieu Paul VI déclarait deux ans après la clôture de l’Assise conciliaire : « Si le Concile ne traite pas expressément de la foi, il en parle à chaque page, il en reconnaît le caractère vital et surnaturel, il la répute entière et forte et établit sur elle toutes ses affirmations doctrinales. Il suffirait de rappeler quelques affirmations conciliaires [...] pour se rendre compte de l’importance essentielle que le Concile, en cohérence avec la tradition doctrinale de l’Église, attribue à la foi, à la vraie foi, celle qui a pour source le Christ et pour canal le magistère de l’Eglise (Catéchèse de l’Audience générale du 8 mars 1967). Ainsi s’exprimait Paul VI.
Mais nous devons maintenant remonter à celui qui a convoqué le Concile Vatican II et qui l’ouvrit : le Bienheureux Jean XXIII. Dans son discours inaugural, celui-ci présenta le but principal du Concile en ces termes : « Voici ce qui intéresse le Concile Œcuménique : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit défendu et enseigné de façon plus efficace. (…) Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de tel ou tel thème de doctrine … pour cela il n’est pas besoin d’un Concile … Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée de façon à répondre aux exigences de notre temps » (AAS 54 [1962], 790.791-792)
A la lumière de ces paroles, on comprend ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter: durant le Concile il y avait une tension émouvante face au devoir commun de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps, sans pour autant sacrifier aux exigences du moment présent ni la confiner au passé : dans la foi résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps et qui pourtant ne peut être accueillie par nous que dans notre aujourd’hui qui est unique. C’est pourquoi je considère que la chose la plus importante, surtout pour un anniversaire aussi significatif que celui-ci, est de raviver dans toute l’Église cette tension positive, ce désir d’annoncer à nouveau le Christ à l’homme contemporain. Mais afin que cet élan intérieur pour la nouvelle évangélisation ne reste pas seulement virtuel ou ne soit entaché de confusion, il faut qu’il s’appuie sur un fondement concret et précis, et ce fondement est constitué par les documents du Concile Vatican II dans lesquels il a trouvé son expression. Pour cette raison, j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir aussi l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile Vatican II réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique et ou de courses en avant et permets d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation.
Si nous acceptons la direction authentique que le Bienheureux Jean XXIII a voulu imprimer à Vatican II, nous pourrons la rendre actuelle durant toute cette Année de la foi, dans l’unique voie de l’Église qui veut continuellement approfondir le dépôt de la foi que le Christ lui a confié. Les Pères conciliaires entendaient présenter la foi de façon efficace. Et s’ils se sont ouverts dans la confiance au dialogue avec le monde moderne c’est justement parce qu’ils étaient sûrs de leur foi, de la solidité du roc sur lequel ils s’appuyaient. En revanche, dans les années qui ont suivi, beaucoup ont accueilli sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion les fondements même du depositum fidei qu’ils ne ressentaient malheureusement plus comme leurs dans toute leur vérité.
Si aujourd’hui l’Église propose une nouvelle Année de la foi ainsi que la nouvelle évangélisation, ce n’est pas pour célébrer un anniversaire, mais parce qu’on en a besoin, plus encore qu’il y a 50 ans ! Et la réponse à donner à cette nécessité est celle voulue par les Papes et par les Pères du Concile, contenue dans ses documents. L’initiative même de créer un Conseil pontifical destiné à promouvoir la nouvelle évangélisation, que je remercie pour les efforts déployés pour l’Année de la foi, entre dans cette perspective. Les dernières décennies une « désertification » spirituelle a progressé. Ce que pouvait signifier une vie, un monde sans Dieu, au temps du Concile, on pouvait déjà le percevoir à travers certaines pages tragiques de l’histoire, mais aujourd’hui nous le voyons malheureusement tous les jours autour de nous. C’est le vide qui s’est propagé. Mais c’est justement à partir de l’expérience de ce désert, de ce vide, que nous pouvons découvrir de nouveau la joie de croire, son importance vitale pour nous, les hommes et les femmes. Dans le désert on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ; ainsi dans le monde contemporain les signes de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie, sont innombrables bien que souvent exprimés de façon implicite ou négative. Et dans le désert il faut surtout des personnes de foi qui, par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi tiennent en éveil l’espérance. La foi vécue ouvre le cœur à la Grâce de Dieu qui libère du pessimisme. Aujourd’hui plus que jamais évangéliser signifie témoigner d’une vie nouvelle, transformée par Dieu, et ainsi indiquer le chemin.
La première Lecture nous a parlé de la Sagesse du voyageur (cf. Sir 34,9-13) : le voyage est une métaphore de la vie et le voyageur sage est celui qui a appris l’art de vivre et est capable de partager avec ses frères – comme c’est le cas pour les pèlerins sur le Chemin de Saint-Jacques ou sur les autres voies qui ont connu récemment, non par hasard, un regain de fréquentation. Comment se fait-il que tant de personnes ressentent le besoin de parcourir ces chemins ? Ne serait-ce pas parce qu’il trouvent là, ou au moins y perçoivent quelque chose du sens de notre être au monde ? Voici alors la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission (cf. Lc 9,3) – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant.
Vénérés et chers Frères, le 11 octobre 1962 on célébrait la fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu. C’est à elle que nous confions l’Année de la foi, comme je l’ai fait il y a une semaine lorsque je suis allé en pèlerinage à Lorette. Que la Vierge Marie brille toujours comme l’étoile sur le chemin de la nouvelle évangélisation. Qu’elle nous aide à mettre en pratique l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez- vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse… Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,16-17). Amen.

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