Grégoire de Nazianze : quelques éléments sur ses Oeuvres poétiques

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Grégoire de Nazianze : quelques éléments sur ses Oeuvres poétiques

Grégoire de Nazianze (v.330 – v.390), appelé aussi « le théologien », pour le distinguer de son père, est le fils d’un autre Grégoire (appelé généralement « l’Ancien »), qui était quant à lui évêque de Nazianze. Ce prénom de « Grégoire » était, comme on le voit, très fréquent à cette époque et il était volontiers donné à des chrétiens (il signifie « Veillez », en relation avec la phrase du Christ rapportée en Mt 26, 41 : « Veillez et priez »).
Grégoire, issu donc d’une famille très chrétienne, a été ordonné prêtre par son père ; il est un théologien fondamentalement bibliste : il cite la Bible par coeur et constamment. Nourri de l’Ecriture depuis sa plus tendre enfance, il raconte comment sa mère, très pieuse, lui avait fait commencer la lecture de la Bible alors qu’il avait à peu près 6 ans.
Ami de Basile de Césarée (le Grand Basile) qui lui-même est le frère de Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze forme avec eux ce groupe de Pères qu’on appelle les « Cappadociens »
L’oeuvre poétique de Grégoire est très importante : à la fois par le nombre de vers (environ 17 000) que par sa place (lien entre l’antiquité classique et le monde byzantin, entre la culture grecque traditionnelle et la mentalité chrétienne.
Quelques extraits ici serviront d’introduction à l’oeuvre et à la pensée de Grégoire de Nazianze : dans ses poèmes, très personnels, c’est de lui et de sa vie qu’il est souvent question : il nous livre ainsi beaucoup de sa vie spirituelle, de sa relation intime avec Dieu.

« Vers du même. Sur la route » :

« C’est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu,
quand nous restons chez nous : à toi nous attachons notre loisir.
Assis, nous sommes à toi ; à toi en nous levant et en nous arrêtant ;
à toi encore quand nous partons ; et maintenant, c’est sur tes indications
que nous marchons droit devant nous. Mais puisses-tu m’envoyer
l’un de tes anges pour me guider, un accompagnateur favorable
qui me conduirait au moyen d’une colonne de feu et de nuée,
qui d’un mot fendrait la mer et arrêterait les cours d’eau,
qui dispenserait avec largesse une nourriture venue d’en haut comme d’en bas.
La croix, tracée par mes mains, réfrénerait l’audace
des ennemis. Au milieu du jour, la canicule
ne me brûlerait pas, et la nuit ne m’apporterait pas la peur.
Le sentier ardu et escarpé,
tu le rendrais lisse et praticable pour moi qui suis ton serviteur,
commme souvent déjà auparavant, en m’abritant sous ta main
tu m’as sauvé des dangers de terre et de mer,
de terribles maladies et de situations pénibles.
Après avoir ainsi tout accompli heureusement et comme nous l’espérions,
après avoir trouvé une issue favorable à notre voyage,
vers nos amis et nos parents retournons
joyeux pour les retrouver en joie
quand nous paraîtrons chez nous au terme de nos peines.
Devant toi nous nous prosternons, en te demandant
de nous accorder un dernier voyage aisé et plein de facilité. »
(« Les Belles Lettres », 2004, p. 46)

« Hymne du soir »

« Nous te bénissons maintenant, mon Christ, Verbe de Dieu, lumière de la lumière sans principe et dispensateur de l’Esprit, troisième lumière unie en une seule et même gloire !
Tu as dissipé les ténèbres, tu as produit la lumière, afin de tout créer dans la lumière et de rendre stable l’instable matière, en lui donnant forme dans le monde et sa belle harmonie d’aujourd’hui.
Tu as illuminé la pensée de l’homme par la raison et la sagesse, en plaçant ici-bas l’image de la splendeur d’en haut, afin que par la lumière il voie la lumière et devienne tout entier lumière.
C’est toi qui as fait briller le ciel de mille feux, toi qui as fait céder doucement la nuit au jour et le jour à la nuit selon ton ordre, rendant honneur à la loi de la fraternité et de l’amour.
Grâce à la nuit, tu mets fin à la fatigue de la chair qui peine tant ; grâce au jour, tu l’éveilles pour son ouvrage et pour les oeuvres que tu aimes, afin qu’en fuyant les ténèbres, nous devancions le jour, ce jour que la triste nuit ne fera pas sombrer.
Que la pensée, loin du corps, converse avec toi, Dieu, qui es Père, Fils et Saint-Esprit, à qui soit l’honneur, la gloire, la puissance dans les siècles. Amen. »
(Grégoire de Nazianze : « Hymne du soir », Poèmes, 1, 1, 32, Traduit par G. Bady et paru dans Magnificat n° 200, juillet 2009, reproduit ici avec l’autorisation de l’auteur).

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