LE DÉSERT (1/2)

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2002/sym_021210.htm

LE DÉSERT (1/2)

S’abandonner entre les mains de Dieu

« Faire un désert », « prendre quelques jours de désert ». Voilà de bien curieuses expressions pour qui connaît les collines dénudées ou les endroits secs et abandonnés. Pourtant, le désert, dans notre imaginaire, occupe une place de choix et ce, en grande partie grâce à la Bible. Qu’est-ce que le désert dans les Écritures? Quelle place occupe-t-il dans la vie spirituelle d’Israël?
Apparenté à celui de la terre, le symbole du désert a, dans la tradition biblique, une double portée. Il représente d’une part un lieu de désolation, sans vie, sans eau, que Dieu n’a pas béni. D’autre part, il évoque une étape dans l’histoire du salut : le passage d’lsraël sur ce territoire aride, avant d’arriver en terre promise. Le symbolisme du désert s’est développé, dans la Bible, surtout autour de cette deuxième perspective.
     En quittant tant l’Égypte, Israël prend le chemin indiqué par son Dieu. L’itinéraire n’est pas le plus court, mais le Seigneur veut être le guide de son peuple (Exode 13, 21). Le passage d’un état de dominé à celui d’une nation maîtresse de sa destinée se fait par la traversée du désert. C’est en ce lieu qu’Israël commence à adorer son Dieu. C’est là aussi que la Loi est donnée et l’Alliance conclue. Des expériences aussi marquantes ont laissé des traces dans l’imaginaire collectif du peuple choisi.
     Le temps du désert est aussi un temps d’épreuve. Ayant quitte l’Égypte, ou au moins il mangeait à sa faim, Israël se retrouve démuni, à la merci totale de son Dieu. Se laisser, guider dans sa marche, attendre chaque jour sa nourriture, il y a de quoi sonder en profondeur la foi d’un peuple. Celui-ci n’échappe d’ailleurs pas aux regrets et aux infidélités (Exode 14, 11). La domination égyptienne n’empêchait pas le menu d’être meilleur! Dieu a-t-il raison de traiter ainsi son peuple?
     Mais dans sa grande fidélité, Dieu n’oublie pas son peuple et lui fait voir sa miséricorde. Malgré les murmures de mécontentement, il donne de quoi survivre au désert : l’eau jaillissant du rocher, les cailles, la manne… Par contre, il fait périr ceux qui refusent de sortir de leur endurcissement (Nombres 14, 29). Mais au bout de la route, pour ceux et celles qui ont tenu le coup, la terre promise apparaît. A partir de ce moment, l’image du désert est aussi bien celle d’une terre d’épreuve que le lieu de la révélation de la gloire et de la sainteté divine.
     Après avoir conquis le territoire palestinien et s’y être installé, Israël se laisse rapidement séduire par les divinité des peuples qui l’entourent. Le désert est alors devenu le symbole d’une relation privilégiée entre Dieu et son peuple. La tradition a retenu l’époque de sa traversée comme celle d’une épuration de sa foi. Cela prend la forme de formidables appels à la conversion. Même si le désert est un lieu sans vie, où règne la mort, le peuple l’a traversé sans périr. Pourquoi? Parce qu’il se laissait guider par Dieu. L’avenir d’Israël ne se trouve-t-il pas alors en lui? Cela vaut-il la peine de s’en détourner? Nous reviendrons sur ces questions la prochaine fois.
     Lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne lui fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu’elle fût plus proche, car Dieu s’était dit qu’à la vue des combats le peuple pourrait se repentir et retourner en Égypte. Dieu fit donc faire au peuple un détour par la route du désert de la mer des Roseaux (Exode 13, 17-18).

Jean Grou
Bibliste, Sainte-Foy

Pour lire la Bible sur le désert…

          • Adorer Dieu au désert : Exode 3, 16-20
          • Dieu guide le peuple : Exode 13, 17-22
          • Les murmures au désert : Nombres 14, 1-14

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