Archive pour le 15 octobre, 2012

Sainte Thérèse d’Avila

15 octobre, 2012

Sainte Thérèse d'Avila dans images sacrée

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15 octobre : Sainte Thérèse d’Avila,

15 octobre, 2012

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15 octobre : Sainte Thérèse d’Avila,

docteur de l’Eglise

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Le monde est en feu …
Ce n’est pas l’heure de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance …

L’Eau Vive

Au chapitre XXI du Chemin de la Perfection
de sainte Thérèse d’Avila
 Il y a longtemps que j’ai écrit ce qui précède, sans avoir jamais eu le loisir de le continuer. Si je voulais savoir ce que j’ai dit, je devrais me relire ; mais pour ne pas perdre de temps, je continuerai comme je pourrai, sans me préoccuper de mettre une liaison avec ce qui précède.
Les deux voies

La méditation
Les personnes qui ont un jugement rassis, qui sont déjà exercées à la méditation et peuvent se recueillir, ont à leur disposition une foule de livres excellents, composés par des auteurs de mérite. Celles d’entre vous qui sont dans ce cas se tromperaient donc si elles faisaient quelque cas de ce que je vais dire sur l’oraison. Elles ont en effet sous la main des livres qui leur retracent pour chaque jour de la semaine les mystères de la vie et de la Passion de Notre-Seigneur, des méditations sur le jugement, sur l’enfer, sur notre néant renferment une doctrine et une méthode excellentes en ce qui concerne le fondement et le but de l’oraison. Je n’ai rien à dire à celle qui suivent ce genre d’oraison, ou qui y sont déjà habituées. Par un chemin aussi sûr, le Seigneur les conduira au port de la lumière, et des commencements aussi bons les amèneront à une fin excellente. Quiconque suivra cette voie trouvera repos et sécurité : quand la pensée a une assiette stable, on connaît une paix entière.

L’eau vive
Mais il est un point dont je voudrais parler afin de donner quelques conseils, si Dieu m’en accorde la grâce. S’il ne me l’accorde pas, je voudrais du moins vous faire comprendre que beaucoup d’âmes souffrent du tourment dont je vais parler, afin que vous ne vous attristiez point dans le cas où vous seriez de ce nombre.
Il y a des âmes dont l’esprit est très instable ; elles ressemblent à des chevaux qui ne sentent plus le frein et qu’on ne saurait arrêter. Elles vont ici ou là, et son toujours dans l’agitation, soit que cela provienne de leur nature, soit que Dieu le permette ainsi. J’en suis touchée de la plus vive compassion. On dirait des personnes desséchées par une soif brûlante qui aperçoivent au loin une source d’eau vive et qui, quand elles veulent en approcher, trouvent des ennemis qui leur barrent l’accès au commencement, au milieu et au bout du chemin qui y conduit. Il arrive qu’à force de lutter, et lutter ferme, elles triomphent des premiers ennemis ; mais elles se laissent vaincre par les seconds, et elles aiment mieux mourir de soif que de lutter encore pour boire un eau qui doit leur coûter si cher. Elles cessent tout effort, elles perdent courage. D’autres âmes qui ont assez de valeur pour vaincre les seconds ennemis, n’en n’ont plus aucune devant les troisièmes, et peut-être n’étaient-elles plus qu’à deux pas de la source d’eau vive dont Notre-Seigneur a dit à la Samaritaine : Celui qui en boira n’aura plus jamais soif.
Oh ! qu’elle est juste, qu’elle est vraie, cette parole prononcée par Celui qui est la Vérité même ! L’âme qui boit de cette eau n’a plus soif des choses de cette vie ; elle sent en elle une autre soif qui va croissant pour les choses de l’autre vie et dont la soif naturelle ne saurait nous donner la moindre idée. Mais qui dira combien l’âme est altérée de cette soif ! Car elle en comprend tout le prix, et bien que cette soif soit un supplice terrible, elle apporte avec elle une suavité qui est son propre apaisement. Elle ne tue point ; elle éteint seulement le désir des choses de la terre, et rassasie l’âme des eau, une des plus grandes grâces qu’il puisse accorder à l’âme, c’est de la laisser encore tout altérée. Chaque fois qu’elle boit de cette eau, elle désire toujours plus ardemment en boire encore.

Les effets de l’eau vive

L’eau vive rafraîchit
Parmi les nombreuses propriétés que doit avoir l’eau, il y en a trois qui se présentent maintenant à mon esprit et qui conviennent à mon sujet. L’une, c’est de rafraîchir. Quelle que soit la chaleur que nous ayons, elle disparaît dès que nous nous mettons à l’eau. Un grand feu même ne résiste pas à son action – si ce n’est celui qui, étant produit par le goudron, n’en devient que plus actif. O grand Dieu ! quelle merveille qu’un feu qui s’enflamme davantage par l’eau quand il est fort, puissant et au-dessus des éléments, car l’eau qui lui est opposée, loin de l’éteindre, l’active encore plus ! Ce me serait un grand secours de pouvoir m’entretenir ici avec quelqu’un qui sût la philosophie et qui me rendît compte de la propriété des choses. Je pourrais alors m’expliquer su ce sujet qui m’émerveille. Mais je ne sais comment l’exposer, et peut-être même que je ne l’ai pas bien compris.
Lorsque Dieu vous appelle, mes sœurs, à boire de cette eau, en compagnie de celles d’entre vous qui jouissent déjà d’une pareille faveur, vous goûterez ce que je dis. Vous comprendrez comment le véritable amour de Dieu, s’il est fort, s’il est libre des choses de la terre et plane au-dessus d’elle, est incontestablement le maître des éléments et du monde. Quant à l’eau qui tire son origine d’ici-bas, soyez sans crainte, elle n’éteindra pas ce feu de l’amour de Dieu. Ce n’est point là son affaire, bien qu’elle lui soit opposée ; car ce feu est déjà maître absolu et il ne lui est soumis en rien. Ne vous étonnez donc point, mes sœurs, si j’ai tant insisté dans ce livre pour vous stimuler à acquérir une telle liberté.
N’est-ce pas une chose merveilleuse qu’une pauvre sœur de Saint-Joseph puisse arriver à exercer un empire sur la terre et les éléments ? Quoi d’étonnant que les saints en aient disposé à leur gré, avec la grâce de Dieu ? Saint Martin voyait le feu et les eaux lui obéir. Saint François commandait même aux oiseaux et aux poissons. Beaucoup d’autres saint ont eu le même pouvoir. On comprenait clairement qu’ils n’avaient tant d’empire sur toutes les choses de la terre, que parce qu’ils s’étaient appliqués à les mépriser et s’étaient soumis eux-mêmes de tout leur cœur et de toutes leurs forces au souverain Maître du monde. Ainsi donc, je le répète, l’eau qui jaillit d’ici-bas n’a aucun pouvoir contre ce feu de l’amour divin. Les flammes de ce dernier sont trop hautes ; il ne prend pas son origine dans une chose si basse.
Il y a d’autres feux qui proviennent d’un faible amour de Dieu. Le premier accident les éteint. Mais il n’en est pas de même de celui dont je parle. La mer tout entière des tentations viendrait-elle à se précipiter sur lui, qu’il continuerait du ciel, elle saurait encore moins l’éteindre, car cette eau et de ce feu ne sont point opposés. Ils sont du même pays. Ne craignez pas qu’ils se fassent aucun mal ; chacun de ces deux éléments contribuera, au contraire, à l’effet de l’autre. Car les larmes qui coulent à l’heure de la véritable oraison sont une eau qui, envoyée par le roi du ciel, active ce feu et le fait durer. A son tour, ce feu aide l’eau à rafraîchir. O grand Dieu, quel spectacle ! quelle merveille ! Un feu qui rafraîchit ! Eh oui, il en est ainsi. Il glace même toutes les affections du monde, quand il est arrosé par les eaux vives du ciel, je veux dire, par cette source d’où découlent les larmes dont je viens de parler, larmes qui sont un pur don, et non le fruit de notre industrie.
Il est donc bien clair que cette eau nous enlève toute fièvre et toute affection pour les choses du monde. Elle nous empêche, en outre, de nous y arrêter, à moins que ce ne soit pour chercher à embraser les autres de ce feu ; car ce feu ne se contente pas de sa nature d’agir dans une sphère étroite ; il voudrait, si c’était possible, consumer le monde entier.

L’eau vive purifie
La seconde propriété de l’eau est de laver ce qui est sale. Sans eau pour nettoyer, dans quel état serait le monde ! Or, sachez-le, il y a autant de vertu dans cette eau vive, cette eau céleste, cette eau claire, quand elle est très limpide et sans aucune fange, et qu’elle tombe du ciel ; il suffit d’en boire une seule fois, et je regarde comme certain qu’elle rend l’âme nette et pure de toutes ses fautes. Car, ainsi que je l’ai dit, cette eau, je veux dire l’oraison d’union, est une faveur entièrement surnaturelle, qui ne dépend point de notre volonté. Dieu ne la donne à l’âme que pour la purifier, la rendre nette, et la délivrer de toute la fange ainsi que de toutes les misères où ses fautes l’avaient plongée.
Les douceurs dont nous jouissons par l’entremise de l’entendement dans la méditation ordinaire seront, malgré tout, comme une eau qui coule sur la terre. On ne la boit pas à sa source même ; elle rencontre forcément des impuretés sur sa route, auxquelles nous nous arrêtons ; elle rencontre forcément des impuretés sur sa route, auxquelles nous nous arrêtons ; elle n’est plus aussi pure ni aussi limpide. Le nom d’eau vive ne convient donc pas, d’après moi, à cette oraison que l’on fait lorsque l’on discourt à l’aide de l’entendement ; car l’âme a beau faire des efforts, elle s’attache toujours, malgré elle, à quelque chose de terrestre, entraînée qu’elle est par son corps et la bassesse de sa nature.
Je veux expliquer davantage ma pensée. Nous méditons sur le monde ou la fragilité de ses biens pour les mépriser ; et, sans nous en douter, nous nous occupons de plusieurs choses qui nous plaisent en lui. Nous souhaitons les fuir, mais nous nous arrêtons au moins quelque peu à la pensée de ce qui a été, ou sera, de ce que nous avons fait ou de ce que nous ferons ; il en résulte alors qu’en songeant à nous délivrer du danger, nous nous y exposons parfois de nouveau. Ce n’est pas à dire qu’il faille renoncer à ces considérations ; mais il faut nous tenir dans la crainte et ne pas cesser d’être sur nos gardes.
Ici, dans l’oraison surnaturelle, le Seigneur se charge de ce soin, parce qu’il ne veut pas de fier à nous sur ce point. Telle est l’estime qu’il a de notre âme que, dans le temps où il lui réserve quelque faveur, il ne la laisse pas se mêler de choses capables de nuire à son progrès. Dans l’espace d’un instant, il la met à ses côtés, et lui révèle plus de vérités, lui communique sur toutes les choses du monde des connaissances plus claires qu’elle n’aurait pu en acquérir après bien des années, parce que notre vue n’est pas dégagée et que nous sommes aveuglés par la poussière de la marche. Mais dans l’oraison surnaturelle, le Seigneur nous transporte au but de notre course, sans que nous sachions comment.

L’eau vive désaltère
L’autre propriété de l’eau consiste à nous désaltérer et à étancher notre soif. La soif, en effet, exprime, ce me semble, le désir d’une chose dont le besoin est tellement pressant que nous mourons si nous en sommes privés. Chose étrange, si l’eau nous manque, c’est la mort ; et d’un autre côté, si nous en buvons avec excès, c’est encore la mort : car c’est ainsi que meurent beaucoup de noyés.
O mon Seigneur ! Que ne m’est-il donné d’être engloutie dans cette eau vive pour y perdre la vie ! Mais, comment ? cela est-il possible ? Oui. Notre amour pour Dieu, notre désir de Dieu peuvent grandir au point que notre nature y succombe ; aussi y a-t-il des personnes qui en sont mortes. Pour moi, j’en connais une qui eût été dans ce cas si Dieu ne s’était empressé de la secourir en lui donnant de cette eau vive avec tant d’abondance qu’il la tira pour ainsi dire hors d’elle-même pour la faire entrer dans le ravissement. Je dis qu’il la tira, pour ainsi dire, hors d’elle-même, car elle trouve alors le repos qu’elle désire. Il lui semble étouffer, tant elle éprouve d’aversion pour le monde, et elle ressuscite en Dieu ; Sa Majesté la rend alors capable de jouir d’un bien qu’elle n’aurait pu posséder sans mourir, si elle n’eût été n’y a rien en notre souverain Bien qui ne soit parfait, il ne nous donne rien qui ne soit pour notre avantage. Il peut donner l’eau en très grande abondance, car il n’y a jamais d’excès dans ce qui vient de sa main. S’il en donne beaucoup, il rend l’âme apte, comme je l’ai dit, à en boire beaucoup, semblable au verrier qui donne au vase la capacité nécessaire pour contenir ce qu’il veut y mettre.
Quant au désir, comme il vient de nous, il n’est jamais sans quelque imperfection, s’il contient quelque chose de bon il le doit à l’assistance du Seigneur ; et comme nous manquons de discernement, la peine où nous sommes étant suave et pleine de délices, nous croyons ne pouvoir jamais nous rassasier de cette peine. Nous prenons cette nourriture sans mesure ; nous excitons encore ce désir autant que nous le pouvons ; et quelquefois on en meurt. Heureuse mort, certes ! mais si l’on avait continué à vivre, on eût peut-être aidé d’autres personnes à mourir du désir de cette mort. Selon moi, nous devons redouter les ruses du démon. Il voit les dommages que cette sorte de personnes de lui occasionnent en restant sur la terre. Il les tente, les pousse à des mortifications inopportunes pour ruiner leur santé, c’est là un grand point pour lui.
L’âme arrivée à cette soif ardente de Dieu doit donc se tenir avec soin sur ses gardes, parce qu’elle aura cette tentation ; si elle ne meurt pas de cette soif, elle ruinera sa santé. Elle laissera malgré elle transpirer au dehors les sentiments qui l’animent et qu’elle devrait à tout prix tenir secrets. Parfois ses efforts seront inutiles, et elle ne pourra les tenir aussi cachés qu’elle le voudrait. Néanmoins, elle doit prendre garde à ne pas exciter ces ardents désirs pour ne pas les augmenter, et y couper court doucement par quelque autre considération. Peut-être notre nature elle-même se montrera-t-elle parfois aussi active que l’amour de Dieu, car il y a des personnes qui se portent avec une extrême ardeur vers tout ce qu’elles désirent, alors même que ce serait quelque chose de mauvais ; celles-là, à mon avis, ne sont pas très conformes à la mortification, qui pourtant nous est utile en tout. Mais ne semble-t-il pas déraisonnable de mettre un frein à une chose de mauvais ; celles-là, à mon avis, ne sont pas très conformes à la mortification, qui pourtant nous est utile en tout. Mais me semble-t-il pas déraisonnable de mettre un frein à une chose si excellente ? Non, car je ne dis pas qu’il faille étouffer ce désir, mais que nous devons le modérer par une autre qui nous aidera peut-être à gagner autant de mérite.
Je veux vous donner une explication qui fera mieux comprendre ma pensée. Il nous vient un vif désir, comme à S. Paul, d’être délivrés de cette prison du corps et de nous voir avec Dieu. Pour modérer une peine qui part d’un motif si élevé et bien grande mortification ; et encore on n’y réussit pas complètement. Parfois cette angoisse sera telle qu’elle enlèvera presque le jugement. C’est ce que j’ai constaté, il n’y a pas si longtemps, chez une personne impétueuse par nature et cependant habituée à briser sa volonté, et qui me semble avoir perdu tout bon sens, comme on a pu le voir dans certaines circonstances. Je l’ai vue un instant comme hors d’elle-même, tant sa peine était profonde et tant elle faisait d’efforts pour la dissimuler. Quand ces souffrances étreignent l’âme, il faut, alors même qu’elles viendraient de Dieu, pratiquer l’humilité et craindre. Nous ne devons pas nous imaginer que notre charité est assez vive pour nous jeter dans de telles angoisses. De plus, il ne serait pas mal, à mon avis, que l’âme, si elle le peut, et elle ne le pourra pas toujours, change l’objet de son désir.
 Qu’elle se persuade que si elle continuait à vivre sur cette terre, elle servirait Dieu davantage et éclairerait quelque âme qui sans cela était perdue ; si elle travaillait à servir Dieu ainsi, elle acquerrait de nouveaux mérites et pourrait un jour posséder Dieu plus pleinement ; enfin elle doit être remplie de crainte à la pensée qu’elle l’a encore bien peu servi. Ce sont là de bons motifs de consolation pour l’aider à supporter une telle épreuve et calmer son chagrin. Elle gagnera, en outre, de nombreux mérites, puisqu’elle veut demeurer sur la terre avec sa peine afin de glorifier Dieu davantage. Je la compare à une personne qui se trouverait sous le coup d’une terrible épreuve ou d’un chagrin profond, et que je consolerais par ces paroles : Prenez patience, et remettez-vous entre les mains de Dieu ; que sa volonté s’accomplisse en vous, car le plus sûr est de nous abandonner en tout à sa Providence.
Mais le démon ne favorise-t-il pas de quelque manière un tel désir de voir Dieu ? C’est là une chose possible. Cassien, si je ne me trompe, rapporte en effet qu’un ermite de vie très austère se laissa persuader qu’il devait se jeter dans un puits afin d’aller voir Dieu au plus tôt. A mon avis, cet ermite ne devait pas avoir servi le Seigneur avec perfection et humilité. Le Seigneur, en effet, est fidèle, et il n’aurait pas permis que cet homme fût assez aveuglé pour ne pas comprendre une chose aussi évidente. Il est clair que, lorsque le désir vient de Dieu, loin de pousser au mal il apporte avec lui la lumière, le discernement, la mesure ; cela est évident ; mais le démon, notre mortel ennemi, ne néglige rien pour chercher à nous nuire ; et dès lors qu’il déploie tant d’activités, ne cessons jamais d’être en garde contre lui. C’est là un point très important pour beaucoup de choses ; il l’est en particulier pour abréger le temps de l’oraison, si douce qu’elle soit, lorsque les forces du corps nous trahissent ou que la tête n’y trouve que fatigue ; la modération est très nécessaire en tout.
Pourquoi, mes filles ai-je voulu vous montrer le but à atteindre et vous exposer la récompense avant le combat lui-même, en vous parlant du bonheur que goûte l’âme quand elle boit à cette fontaine céleste, et s’abreuve à ces eaux vives ? C’est afin que vous ne vous affligiez pas des travaux ni des obstacles de la route, que vous marchiez avec courage et que vous ne succombiez pas à la fatigue ; car, ainsi que je l’ai dit, il peut se faire qu’étant déjà arrivés jusqu’au bord de la fontaine, vous n’ayez plus qu’à vous pencher pour y boire, mais que vous abandonniez tout et perdiez un bien si précieux, en vous imaginant que vous n’avez pas la force d’y parvenir et que vous n’y êtes point appelées.
Veuillez considérer que le Seigneur appelle tout le monde. Or, il est la Vérité même ; on ne saurait douter de sa parole. Si son banquet n’était pas pour tous, il ne nous appellerait pas tous, ou alors même qu’il nous appellerait, il ne dirait pas :
Je vous donnerai à boire. Il aurait pu dire : Venez tous, car enfin vous n’y perdrez rien, et je donnerai à boire à ceux qu’il me plaira. Mais, je le répète, il ne met pas de restriction ; oui, il nous appelle tous. Je regarde donc comme certain que tous ceux qui ne resteront pas en chemin boiront de cette eau vive. Plaise au Seigneur, qui nous le promet, de nous donner la grâce de le chercher comme il faut ! Je le lui demande par sa bonté infinie.

La vocation ou le mystère de Dieu qui appelle

15 octobre, 2012

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La vocation ou le mystère de Dieu qui appelle

Notre vie chrétienne se place dans le mystère de Dieu qui nous appelle, nous sommes appelés par Dieu à la sainteté, à le suivre. Et c’est librement que Dieu appelle qui il veut, cela fait partie du mystère insondable de la volonté divine, l’Esprit souffle où il veut. Dans l’épître aux Romains (8, 28-30), saint Paul écrit : « Nous savons que Dieu fait ou concourir au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qu’il a appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a distingués d’avance, il les a prédestinés à être conforme à l’image de son Fils, pour qu’il soit un premier-né parmi un grand nombre de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés, ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés, ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » La vocation de tout chrétien est suspendue au mystère de la prédestination, il est donc vain de vouloir en donner la raison. Il est inutile de se poser la question : « pourquoi moi ? ». On ne peut y répondre que : « Dieu le veut ». C’est tout. Certes, il est plus aisé de recevoir l’appel de Dieu dans une famille catholique, mais les conversions et les vocations issues du grand large nous rappellent que le choix de Dieu est souverain. Dans cet extrait de l’épître aux Romains, saint Paul met bien en évidence la gradation dans l’appel de Dieu : la prédestination, l’appel, la justification et la gloire. L’appel de Dieu a une fin : la gloire, nous sommes appelés par Dieu à participer à sa gloire, à entrer dans la joie de notre maître (Mt 25, 21), à recevoir en héritage le royaume préparé depuis la fondation du monde (Mt 25, 34).
A côté de cet appel à la gloire dont parle saint Paul se trouve l’appel de Jésus à ses disciples : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4, 19) Cet appel n’a pas pour fin la gloire de la personne appelée mais une mission : être pêcheur d’homme.  Le Jeudi Saint, Jésus dit à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez, vous, et portiez du fruit et que votre fruit demeure, pour que, tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous le donne. » (Jn 15, 16) Jésus a donc appelé les apôtres pour un ministère particulier d’intercession, il les a fait prêtre pour intercéder en son Nom auprès du Père, ils ont reçu le pouvoir d’offrir le sacrifice pour les vivants et les morts. Enfin, saint Paul mentionne souvent cet appel particulier de Dieu au début de ses épîtres : « Paul, apôtre, non de par les hommes ni par l’entremise d’un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père qui l’a ressuscité des morts. » (Gal 1, 1) Dans l’épître aux Romains, il précise « réservé pour l’annonce de l’Evangile » (Rom 1, 1). On voit donc qu’il y a une différence entre ces deux vocations : l’une qui se situe dans la ligne du sacrement de baptême, l’autre qui s’achève dans le sacrement de l’ordre.

La vocation chrétienne a pour objet Jésus-Christ connu et aimé, saint Paul a de multiples expressions pour la définir. Aux Corinthiens (1 Cor 1, 2), il s’adresse « à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus-Christ, notre Seigneur. » Cette sainteté est « connaître combien grande est la gloire de ce mystère parmi les gentils : à savoir le Christ en vous, espérance de gloire » (Col 1, 27), ou encore « d’avoir la force de comprendre avec tous les saints ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, pour que vous soyez remplis de la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 18-19) Par contre, la vocation sacerdotale est une réalité d’un autre ordre, c’est un ministère, les apôtres ont été appelés pour prêcher, pour prier au nom de Jésus-Christ, pour annoncer l’évangile. Dans l’épître aux Hébreux (5, 1-4), l’Apôtre décrit magnifiquement la vocation sacerdotale: « Tout grand prêtre, en effet, pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il peut se montrer indulgent envers les ignorants et les égarés, puisqu’il est lui-même enveloppé de faiblesse, et qu’il doit, à cause d’elle, offrir des sacrifices pour les péchés, autant pour lui que pour le peuple. Et nul ne s’arroge cet honneur, mais on est appelé par Dieu comme Aaron. » Le prêtre est donc d’abord un pontife, un médiateur entre Dieu et le hommes, il fait monter la prière des hommes vers Dieu, il offre les sacrifices –le prêtre est l’homme de la messe – il sait compatir aux faiblesses des autres, il est le ministre de la miséricorde. Sa médiation est donc dans les deux sens : la prière qui monte, les bienfaits divins qui descendent : les sacrements, la prédication à ceux qui sont dans l’ignorance. Enfin, nul ne s’arroge cet honneur d’être pontife s’il n’a pas été appelé par Dieu. Dans l’ancienne alliance, il fallait pour être prêtre se donner la peine de naître et rien de plus, il fallait appartenir à la tribu de Lévi, dans la nouvelle alliance, Jésus fait entendre cet appel au plus intime de l’âme et le signifie par la voix de l’évêque le jour de l’ordination.
Cet appel est différent de la vocation à la foi du baptême puisque c’est un appel à être apôtre, médiateur entre Dieu et les hommes. Les baptisés sont appelés à être unis au Christ saint, glorifié alors que le prêtre est appelé à être uni au Christ sanctifiant, glorifiant. Le prêtre reçoit un ministère de Dieu et de l’Eglise : celui de sanctifier les âmes, d’offrir le sacrifice. Sans doute, il y a aussi dans la vocation sacerdotale un appel intérieur. Il faut vouloir et pouvoir. Mais ce n’est pas cela qui la spécifie, c’est l’appel de l’évêque le jour de l’ordination qui fait la vocation, qui lui donne sa mission hiérarchique : « Va et prêche ». La vocation sacerdotale pourrait se résumer ainsi : vouloir, pouvoir et être appelé par l’évêque.

M. l’Abbé Roch Perrel

UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE (L’évangélisation selon le card. Dziwisz)

15 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32207?l=french

UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE

L’évangélisation selon le card. Dziwisz

Anita Bourdin
ROME, lundi 15 octobre 2012 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Dziwisz, l’évangélisation par du dialogue de l’homme avec le cœur miséricordieux de Dieu, c’est un coeur à cœur.
Le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie, est en effet intervenu au synode, le mercredi 10 octobre, dans l’après-midi, lors de la 5econgrégation générale.
L’archevêque polonais a offert comem une variation sur le thème de la devise du bienheureux cardinal John Henry Newman, si chère à Benoît XVI, et qui indique à elle seule la méthode l’évangélisation du IIIe millénaire, en cœur à cœur : cœur à cœur avec Dieu, cœur à cœur avec l’autre : « Cor ad cor loquitur. Le coeur de Dieu miséricordieux parle au coeur de l’homme ».
L’ancien secrétaire de Jean-Paul II a repris cette expression du  Document de travail présentant la situation de l’homme contemporain comme celle d’un “prisonnier d’un monde qui a pratiquement supprimé la question de Dieu de son horizon”.
Le même document estime que « la nouvelle évangélisation devrait oser rétablir cette question sur Dieu et aider l’homme à sortir du “désert intérieur” » (cf. § 86).?
Pour le cardinal polonais, « la question est de savoir comment faire sortir l’homme de ce désert ».
Il répond : « Une chose est certaine. La science ne suffit pas. Les documents ne suffisent pas. Nos structures ecclésiastiques ne suffisent pas. En tant que telles, elles n’atteignent pas encore le coeur de l’homme ».?
La miséricorde divine
Il propose une autre voie, celle de la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II, et le sanctuaire de Lagiewniki se trouve sur le diocèse de Cracovie, aux portes de la ville : « Un signe caractéristique de notre époque est que l’Église parle aujourd’hui d’une manière plus efficace lorsqu’elle s’exprime à travers le message de la Divine Miséricorde ».
Au terme du deuxième congrès mondial de la Miséricorde divine, en octobre 2011, à Lagiewniki, les évêques présents avaient en effet adressé à Benoît XVI une lettre demandant que la Miséricorde soit indiqué par le synode comme une voie privilégié de l’annonce de l’Evangile aujourd’hui : le cardinal Dziwisz reprend cette requête en quelque sorte.
Il constate : « Il semble que ce discours touche davantage le coeur de l’homme renfermé sur lui-même, empêtré dans le péché et dans une apparente autosuffisance, mais en revanche à la recherche du sens de la vie et de motifs d’espérance ».?
« L’Église de Cracovie, rappelle-t-il, est le lieu et le centre privilégié où, au siècle passé – marqué par la domination de systèmes totalitaires athées et en tant que tels inhumains – se fit entendre l’invocation de la miséricorde. Dieu s’est servi d’une humble religieuse, Sainte Faustine Kowalska, tout comme d’un sage et saint pasteur, le Cardinal Karol Wojtila – Jean Paul II, afin que la vérité éternelle sur Dieu “riche en miséricorde” (Ep 2, 4) résonne de manière plus importante dans le monde agité d’aujourd’hui. “L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde”, qui est Jésus (Soeur Faustine, Journal, n°699) ».
Une méthode de formation
« Il semble que l’homme d’aujourd’hui soit parvenu à sauver en lui-même la sensibilité envers une miséricorde désintéressée. C’est justement elle – la miséricorde de Dieu qui se penche sur son sort – qui est en mesure de se faire sentir et de toucher les cordes les plus profondes du coeur humain », ajoute l’archevêque.?
Il souligne l’efficacité de cette voie aussi pour la formation des nouveaux évangélisateurs : « La dévotion à la Divine Miséricorde est devenue une méthode de formation de chrétiens zélés et responsables.?J’en parle et en rend témoignage pour indiquer l’une des voies attestées à notre époque à travers laquelle nous pouvons entreprendre la nouvelle évangélisation ».