LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE – Par l’archevêque anglican Rowan Williams
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LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE
Par l’archevêque anglican Rowan Williams
Anne Kurian
ROME, vendredi 12 octobre 2012 (ZENIT.org) – La contemplation est un élément-clé de l’évangélisation, car c’est là que le croyant découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », c’est-à-dire dans « la vraie justice et le véritable amour » déclare le primat anglican.
L’archevêque de Canterbury, Rowan Douglas Williams, primat de toute l’Angleterre et de la Communion anglicane, est en effet intervenu le 10 octobre 2012, dans le cadre de la cinquième congrégation générale du synode des évêques. Il était accompagné par M. Nigel Marcus Baker, ambassadeur de Grande-Bretagne près le Saint-Siège, par le chanoine David Richardson, directeur du Centre anglican de Rome, et par Mme Margaret Richardson, son épouse.
Une humanité contemplative
« Proclamer l’Évangile, c’est proclamer qu’il est enfin possible d’être complètement humain », déclare l’archevêque.
En l’occurrence, « le fait d’être pleinement humain signifie être recréé à l’image de l’humanité du Christ », et c’est donc « une humanité contemplative » car l’enjeu est pour les hommes d’être « ouverts à toute la plénitude que le Père veut insuffler à leurs cœurs ».
Concrètement, le primat anglican précise quelques conditions pour « commencer à grandir » dans cette contemplation : rendre son esprit « silencieux et prêt à recevoir », réduire au silence ses « fantaisies auto-générées sur Dieu et sur soi-même ».
La contemplation est de ce fait « un élément intrinsèque » du processus de transformation commencé au baptême, car « apprendre à regarder Dieu sans considérer sa satisfaction personnelle immédiate, apprendre à examiner et à relativiser les désirs et les rêves qui grandissent en soi, c’est permettre à Dieu d’être Dieu et, par conséquent, à la prière de Jésus, la relation de Dieu avec Dieu, de vivre en soi ».
Pour l’archevêque, la contemplation est la « clé de la prière, de la liturgie, de l’art et de l’éthique, la clé de l’essence d’une humanité renouvelée », elle est « l’unique et dernière réponse au monde irréel et insensé que nos systèmes financiers et notre culture de la publicité, que nos émotions chaotiques et non réfléchies nous encouragent à habiter ».
Montrer le visage de cette humanité
Par la contemplation, estime l’archevêque, le croyant « devient plus libre – “d’aimer les êtres humains de façon humaine” », c’est-à-dire de les aimer « non pas pour ce qu’ils pourraient lui promettre, de les aimer non pas comme s’ils étaient là pour lui fournir une sécurité et un confort durable, mais en tant que créatures fragiles qui, comme lui, sont soutenues par l’amour de Dieu ».
En un mot, il découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », et non par rapport « à lui ». Mgr Rowan Douglas Williams voit dans cette attitude les « racines de « la vraie justice, tout comme du véritable amour ».
Le visage humain que les chrétiens sont appelés à montrer au monde est donc « un visage marqué par cette justice et cet amour, un visage forgé par la contemplation, par les disciplines du silence et le détachement de soi des objets qui l’assujettissent et des instincts non contrôlés qui peuvent le tromper ».
Selon l’archevêque, les autres hommes verront dans leur témoignage la « possibilité de vivre de manière plus humaine », c’est-à-dire « avec moins de frénésie de posséder, vivre des moments de calme, vivre dans l’attente d’apprendre et, vivre en ayant conscience qu’il y a une joie solide et durable à découvrir dans les disciplines de l’oubli de soi », vivre « authentiquement, honnêtement, et dans l’amour ».
De même, ajoute-t-il, la contemplation fera avancer l’œcuménisme, dans le sens où elle « démasque une supériorité inconsidérée envers d’autres croyants baptisés et la supposition que je n’ai rien à apprendre d’eux ». Au contraire, la contemplation aide à « approcher toute expérience comme un don ».
La foi est un humanisme
Evoquant le Concile Vatican II, « qui tant a fait pour la santé de l’Église », il souligne l’un des aspects les plus importants de la théologie de Vatican II, selon lui : le renouveau de l’anthropologie chrétienne.
Pour l’archevêque en effet, le Concile est revenu aux sources de la théologie « les plus riches et les plus anciennes », en parlant « d’humanité faite à l’image de Dieu » et de « grâce qui perfectionne et transfigure cette image si longtemps enduite de notre ‘inhumanité’ habituelle ».
Dans cette perspective, la foi catholique et chrétienne est donc un « vrai humanisme », affirme-t-il, citant Jacques Maritain.
Cependant, l’archevêque met en garde : il ne s’agit pas de remplacer la « tâche évangélisatrice » par une « campagne d’“humanisation” ». En réalité, fait-il observer, « c’est la foi même qui détermine l’œuvre d’humanisation », et sans elle « l’entreprise humanisante sera creuse ».
Il estime donc que dans l’évangélisation, « ce qu’il faut chercher à partager avec le monde, c’est l’humanisation comme le fruit de l’œuvre rédemptrice du Christ ».
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