Archive pour le 12 octobre, 2012

Jean XXIII et le discours à la lune ( You Tube, Je ne peux pas insérer)

12 octobre, 2012

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Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

12 octobre, 2012

http://viaromana.wordpress.com/2012/10/06/jean-xxiii-et-le-discours-a-la-lune-le-coeur-dun-pape/

Jean XXIII et le discours à la lune… le coeur d’un Pape!

6 octobre 2012

Le 11 octobre 1962, à la fin de la journée d’ouverture du Concile, était organisée une procession aux flambeaux entre le château Saint-Ange et la place Saint-Pierre. Le pape Jean XXIII, attiré par la prière de la foule, était apparu à sa fenêtre, improvisant une allocution connue aujourd’hui comme le discours à la lune.
Le monde entier est rassemblé ici. Il semble que la lune elle-même s’est hâtée ce soir de regarder ce spectacle que même la basilique, Saint-Pierre qui a quatre siècles d’histoire, n’a jamais pu contempler, a dit le pape au soir de l’ouverture de Vatican II, sous les applaudissements de la foule.
Il a ajouté: Ma personne ne compte pas : c’est un frère qui vous parle, devenu père par la volonté de notre Seigneur. Mais ensemble, paternité et fraternité sont une grâce de Dieu. Faisons honneur à l’impression de ce soir. Que nos sentiments soient toujours comme nous les exprimons ce soir, devant le ciel et devant la terre: foi, espérance, charité, amour de Dieu, amour des frères. Et puis, tous ensemble, aidons-nous ainsi, dans la sainte paix de Dieu, à faire le bien.
Le passage qui a fait éclater les applaudissements est celui de la larme d’un enfant:  En rentrant chez vous, vous trouverez vos enfants. Donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur: c’est la caresse du pape. Vous trouverez peut-être quelque larme à essuyer. Ayez une bonne parole pour celui qui souffre: Le pape est avec nous, spécialement aux heures de tristesse et d’amertume.

Pour écouter le discours de Jean XXIII: http://www.youtube.com/watch?v=tmhPl5b30v0&feature=related

Vive le « bon pape Jean »! Vive le Concile! Soyons-en les dignes héritiers…
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Pour les amateurs, voici le texte (complet) en italien  :

“Cari figlioli, sento le vostre voci. La mia è una sola, ma riassume tutte le voci del mondo; e qui di fatto il mondo è rappresentato. Si direbbe che persino la luna si è affrettata stasera… Osservatela in alto, a guardare questo spettacolo… Noi chiudiamo una grande giornata di pace… Sì, di pace: ‘Gloria a Dio, e pace agli uomini di buona volontà’.
Se domandassi, se potessi chiedere ora a ciascuno: voi da che parte venite? I figli di Roma, che sono qui specialmente rappresentati, risponderebbero: ah, noi siamo i figli più vicini, e voi siete il nostro vescovo. Ebbene, figlioli di Roma, voi sentite veramente di rappresentare la ‘Roma caput mundi’, la capitale del mondo, così come per disegno della Provvidenza è stata chiamata ad essere attraverso i secoli.
La mia persona conta niente: è un fratello che parla a voi, un fratello divenuto padre per volontà di Nostro Signore… Continuiamo dunque a volerci bene, a volerci bene così; guardandoci così nell’incontro: cogliere quello che ci unisce, lasciar da parte, se c’è, qualche cosa che ci può tenere un po’ in difficoltà… Tornando a casa, troverete i bambini. Date loro una carezza e dite: “Questa è la carezza del Papa”. Troverete forse qualche lacrima da asciugare. Abbiate per chi soffre una parola di conforto. Sappiano gli afflitti che il Papa è con i suoi figli specie nelle ore della mestizia e dell’amarezza… E poi tutti insieme ci animiamo: cantando, sospirando, piangendo, ma sempre pieni di fiducia nel Cristo che ci aiuta e che ci ascolta, continuiamo a riprendere il nostro cammino. Addio, figlioli. Alla benedizione aggiungo l’augurio della buona notte”.

LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE – Par l’archevêque anglican Rowan Williams

12 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32154?l=french

LA CONTEMPLATION, CLÉ DE L’ANNONCE DE L’EVANGILE

Par l’archevêque anglican Rowan Williams

Anne Kurian

ROME, vendredi 12 octobre 2012 (ZENIT.org) – La contemplation est un élément-clé de l’évangélisation, car c’est là que le croyant découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », c’est-à-dire dans « la vraie justice et le véritable amour » déclare le primat anglican.
L’archevêque de Canterbury, Rowan Douglas Williams, primat de toute l’Angleterre et de la Communion anglicane, est en effet intervenu le 10 octobre 2012, dans le cadre de la cinquième congrégation générale du synode des évêques. Il était accompagné par M. Nigel Marcus Baker, ambassadeur de Grande-Bretagne près le Saint-Siège, par le chanoine David Richardson, directeur du Centre anglican de Rome, et par Mme Margaret Richardson, son épouse.
Une humanité contemplative
« Proclamer l’Évangile, c’est proclamer qu’il est enfin possible d’être complètement humain », déclare l’archevêque.
En l’occurrence, « le fait d’être pleinement humain signifie être recréé à l’image de l’humanité du Christ », et c’est donc « une humanité contemplative » car l’enjeu est pour les hommes d’être « ouverts à toute la plénitude que le Père veut insuffler à leurs cœurs ».
Concrètement, le primat anglican précise quelques conditions pour « commencer à grandir » dans cette contemplation : rendre son esprit « silencieux et prêt à recevoir », réduire au silence ses « fantaisies auto-générées sur Dieu et sur soi-même ».
La contemplation est de ce fait « un élément intrinsèque » du processus de transformation commencé au baptême, car « apprendre à regarder Dieu sans considérer sa satisfaction personnelle immédiate, apprendre à examiner et à relativiser les désirs et les rêves qui grandissent en soi, c’est permettre à Dieu d’être Dieu et, par conséquent, à la prière de Jésus, la relation de Dieu avec Dieu, de vivre en soi ».
Pour l’archevêque, la contemplation est la « clé de la prière, de la liturgie, de l’art et de l’éthique, la clé de l’essence d’une humanité renouvelée », elle est « l’unique et dernière réponse au monde irréel et insensé que nos systèmes financiers et notre culture de la publicité, que nos émotions chaotiques et non réfléchies nous encouragent à habiter ».
Montrer le visage de cette humanité
Par la contemplation, estime l’archevêque, le croyant « devient plus libre – “d’aimer les êtres humains de façon humaine” », c’est-à-dire de les aimer « non pas pour ce qu’ils pourraient lui promettre, de les aimer non pas comme s’ils étaient là pour lui fournir une sécurité et un confort durable, mais en tant que créatures fragiles qui, comme lui, sont soutenues par l’amour de Dieu ».
En un mot, il découvre « comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu », et non par rapport « à lui ». Mgr Rowan Douglas Williams voit dans cette attitude les « racines de « la vraie justice, tout comme du véritable amour ».
Le visage humain que les chrétiens sont appelés à montrer au monde est donc « un visage marqué par cette justice et cet amour, un visage forgé par la contemplation, par les disciplines du silence et le détachement de soi des objets qui l’assujettissent et des instincts non contrôlés qui peuvent le tromper ».
Selon l’archevêque, les autres hommes verront dans leur témoignage la « possibilité de vivre de manière plus humaine », c’est-à-dire « avec moins de frénésie de posséder, vivre des moments de calme, vivre dans l’attente d’apprendre et, vivre en ayant conscience qu’il y a une joie solide et durable à découvrir dans les disciplines de l’oubli de soi », vivre « authentiquement, honnêtement, et dans l’amour ».
De même, ajoute-t-il, la contemplation fera avancer l’œcuménisme, dans le sens où elle « démasque une supériorité inconsidérée envers d’autres croyants baptisés et la supposition que je n’ai rien à apprendre d’eux ». Au contraire, la contemplation aide à « approcher toute expérience comme un don ».
La foi est un humanisme
Evoquant le Concile Vatican II, « qui tant a fait pour la santé de l’Église », il souligne l’un des aspects les plus importants de la théologie de Vatican II, selon lui : le renouveau de l’anthropologie chrétienne.
Pour l’archevêque en effet, le Concile est revenu aux sources de la théologie « les plus riches et les plus anciennes », en parlant « d’humanité faite à l’image de Dieu » et de « grâce qui perfectionne et transfigure cette image si longtemps enduite de notre ‘inhumanité’ habituelle ».
Dans cette perspective, la foi catholique et chrétienne est donc un « vrai humanisme », affirme-t-il, citant Jacques Maritain.
Cependant, l’archevêque met en garde : il ne s’agit pas de remplacer la « tâche évangélisatrice » par une « campagne d’“humanisation” ». En réalité, fait-il observer, « c’est la foi même qui détermine l’œuvre d’humanisation », et sans elle « l’entreprise humanisante sera creuse ».
Il estime donc que dans l’évangélisation, « ce qu’il faut chercher à partager avec le monde, c’est l’humanisation comme le fruit de l’œuvre rédemptrice du Christ ».

Dimanche 14 octobre, commentaires de Marie Noëlle Thabut : Sagesse 7, 7-11

12 octobre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/accueil.html#

Dimanche 14 octobre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTUSagesse 7, 7-117 J’ai prié, 

et l’intelligence m’a été donnée.
 J’ai supplié, 
 et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
8 Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; 
 à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;
9 je ne l’ai pas mise en comparaison 
 avec les pierres précieuses ; 
 tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, 
 et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
10 Je l’ai aimée plus que la santé et que la beauté ; 
 je l’ai choisie de préférence à la lumière, 
 parce que sa clarté ne s’éteint pas.
11 Tous les biens me sont venus avec elle,
 et par ses mains une richesse incalculable.

Toute une partie de ce texte que nous venons d’entendre pourrait être signée par un philosophe grec non croyant. « J’ai préféré la Sagesse aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle (toujours la Sagesse) j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »
 Bien sûr, il n’y a pas besoin d’avoir la foi pour dire des choses pareilles. L’humanité n’a pas attendu la Bible et la religion du Dieu d’Israël pour découvrir que les richesses de l’intelligence et surtout du coeur valent mieux que tout l’or et les bijoux du monde.
 Mais l’intérêt de ce texte est ailleurs. Ce n’est pas une leçon de savoir-vivre qui nous est donnée ici, même si il n’est pas interdit de nous la répéter. Car il y a tout un message à lire entre les lignes : je m’explique : le livre de la Sagesse met en scène le roi Salomon et c’est lui qui est censé nous parler ici. Pour comprendre ce que Salomon va nous dire, il faut se rappeler un épisode très célèbre de sa vie (1 R 3) : nous sommes au tout début de son règne ; après d’effroyables intrigues de cour et autres règlements de comptes, Salomon est enfin installé sur le trône, tous ses ennemis politiques éliminés. Bientôt il construira le Temple de Jérusalem, mais pour l’instant, c’est à Gabaon à douze kilomètres au Nord de Jérusalem qu’il organise la première grande cérémonie de son règne. Salomon a prévu de faire offrir en sacrifice à Gabaon mille animaux, ce qui prendra évidemment un certain temps ; et il faut croire qu’il a dormi sur place, puisque c’est pendant la nuit qu’il a fait un rêve qui est resté célèbre : Dieu lui apparaissait et lui disait « demande-moi tout ce que tu voudras ». Salomon avait répondu : « Je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef… Je suis au milieu du peuple que tu as choisi, un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut pas le compter… Donne-moi, je t’en prie, un coeur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Car, qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? »
 Le récit biblique continue : « Cette demande plut au Seigneur. Dieu lui dit : Puisque tu as demandé cela et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie, que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis, mais que tu as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, voici, j’agis selon tes paroles : je te donne un coeur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant toi et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois. » (1 R 3, 4-13 ; 2 Ch 1, 7-13)
 Si le livre de la Sagesse, donc (dans notre lecture d’aujourd’hui), neuf cents ans plus tard, rappelle cette histoire, ce n’est pas pour donner un cours d’histoire sur Salomon, c’est qu’il a quelque chose de très important à dire à ses contemporains ; il y consacre plusieurs chapitres ; quand il cite Salomon disant « J’ai supplié, et l’esprit de la sagesse est venu en moi », il y a certainement là une pointe contre les grands de ce monde : tous les politiques de tous les temps ont toujours un peu tendance à croire qu’ils ont la sagesse innée… et même qu’ils en ont le monopole ! Ce texte vient leur dire : dites-vous bien que même chez les rois, la sagesse n’est pas congénitale… Il faut la demander humblement dans la prière. Même le grand roi Salomon, réputé pour sa sagesse, savait bien qu’il la tenait de Dieu et il avait eu cette humilité de la demander.
 On peut aller plus loin : plus qu’une pointe contre l’orgueil des politiques, il y a une véritable révélation ; ici, une fois de plus, on voit à quel point la Bible à la fois ressemble aux littératures voisines et en même temps s’en démarque absolument : et c’est dans cet écart que réside la Révélation ; dans les autres peuples, et en Egypte en particulier, selon une croyance bien établie, le roi était un être d’exception, doté par sa naissance d’une sagesse divine. (Evidemment, tous les rituels de cour faisaient tout pour étayer cette croyance !)
 La Bible, au contraire, met en scène ici un roi fort célèbre, dont personne ne conteste la grandeur, les succès, la richesse et qui, de lui-même, reconnaît qu’il n’est qu’un homme tout simplement ; dans le chapitre suivant de ce même livre de la Sagesse, Salomon s’explique : « J’étais certes, un enfant bien né… mais pourtant, je savais que je n’obtiendrais pas la sagesse autrement que par un don de Dieu » (Sg 8, 21). Et ce même roi Salomon précise : « Je suis moi aussi un homme mortel, égal à tous, descendant du premier qui fut modelé de la terre. Dans le ventre d’une mère j’ai été sculpté en chair… Moi aussi, dès ma naissance, j’ai aspiré l’air qui nous est commun, et je suis tombé sur la terre où l’on souffre pareillement : comme pour tous, mon premier cri fut des pleurs. J’ai été élevé dans les langes, au milieu des soucis. Aucun roi n’a débuté autrement dans l’existence. Pour tous, il n’y a qu’une façon d’entrer dans la vie comme d’en sortir. » (7, 1-6). Et il continue « C’est pourquoi j’ai prié et l’intelligence m’a été donnée… » et la suite constitue notre texte d’aujourd’hui.
 Donc première leçon de ce texte, les rois sont de simples mortels, ils ne diffèrent en rien des autres hommes. Dieu seul est Dieu, le roi n’est ni dieu, ni demi-dieu. Et deuxième leçon : toute Sagesse vient de Dieu, elle est un don de Dieu. Personne, sur la terre, ne peut prétendre posséder la sagesse par lui-même. Le livre de la Sagesse va encore plus loin, et c’est déjà contenu implicitement dans ce que nous avons lu aujourd’hui : dans les versets qui suivent, il affirme que ce trésor de la Sagesse, accessible aux rois qui ne sont que des hommes comme les autres, peut tout aussi bien être donné à tous les simples mortels ; il suffit de le demander dans la prière. Comme dit encore la fin de ce même chapitre : « Au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes. » (Sg 7, 27).
 Ce qui revient à dire que l’humanité tout entière a vocation à partager la sagesse de Salomon.

Homélie du 28e dimanche ordinaire B

12 octobre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 28e dimanche ordinaire B

Sg 7, 7-11 ; He 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30

Cet épisode de la vie de Jésus est très bien connu sous le titre « Le jeune homme riche ». Un véritable cliché. Ce qui ne cadre pas exactement avec le texte évangélique qui parle d’un homme qui a observé les commandements depuis sa jeunesse. Il n’est donc plus tout jeune, d’autant plus qu’il avait de grands biens. Ou, comme le traduit André Chouraqui, « de nombreuses possessions ». Ou encore, dans la Bible du chanoine Osty : « beaucoup de propriétés ». Matthieu est le seul à introduire le terme « jeune » en fin de récit. Luc, lui, parle d’un « notable très riche ».
Mais pourquoi parle-t-on toujours d’un « jeune homme riche » ? Peut-être parce qu’on réduit l’épisode de l’homme riche à la seule catégorie des appels à la vocation sacerdotale ou religieuse. Les commandements de Dieu, dirons-nous, sont destinés à tous, et les conseils évangéliques à quelques-uns. Les chrétiens auraient donc le choix entre un chemin ordinaire pour les « simples chrétiens », et un chemin plus noble, celui de la vie consacrée. Alors, on transforme l’homme riche d’hier en jeune homme riche d’aujourd’hui, croyant sincère, pratiquant fidèle, fils de riche, qui aurait pu devenir prêtre ou entrer au couvent. Mais il a trouvé cette vocation au-dessus de ses forces. Il n’a pas eu le courage d’invoquer le Seigneur pour qui tout est possible, et il s’en est retourné, profiter honnêtement de ses biens.
Une interprétation singulièrement étriquée et dangereusement réductrice. De son vivant, Jésus n’a jamais appelé pour le sacerdoce ni pour la vie religieuse. Il a appelé des disciples et ces disciples ont tous les âges, il y a des hommes et des femmes, des mariés et des célibataires.
Quand Marc évoque cet épisode dans sa prédication et sa catéchèse, il s’adresse à toute la communauté chrétienne et non pas à quelques-uns. C’est à la communauté qu’il propose l’exemple de l’homme riche comme thème d’examen de conscience et de mise en garde. Une invitation à réfléchir sur l’attitude qu’elle doit avoir envers la propriété, les richesses et la pauvreté.
Tout disciple du Christ, quel que soit son âge, son métier ou sa vocation, est appelé à s’attacher au Christ, jusqu’à le préférer à tout et à le suivre jusqu’à être capable de « vendre ses biens », soit au sens littéral, soit au sens symbolique. Symbolique, c’est-à-dire se libérer de tout esclavage, être libre de ses mouvements, détacher les amarres qui freinent ou qui paralysent. On ne peut marcher dans deux directions à la fois, on ne peut pas servir Dieu et Mammon, ni dans le monde, ni au couvent.
« Chaque fois qu’un être humain accepte de perdre quelque chose, de subir un détriment pour que d’autres puissent vivre ou mieux vivre, il « suit le Christ ». » Ou encore « accepter de tout perdre plutôt que de gagner quoi que ce soit par violence, par fraude, par chantage, par orgueil ou égoïsme, c’est aussi suivre le Christ ». (M. Domergue, s.j.).
Pour ce qui est des richesses au sens matériel du terme, tous les chrétiens, même les plus convaincus, les plus engagés, doivent comprendre et sans cesse se rappeler que la richesse constitue à la fois un avantage et un danger, une chance et un piège, une puissance et un obstacle.
Jésus ne condamne pas pour autant les richesses et ne canonise pas la pauvreté. Il n’a jamais considéré ses compatriotes fortunés comme des pestiférés. Il a répondu à leurs invitations et partagé leurs repas. « Jésus, précise Luc, était suivi par les Douze et par des femmes qui les aidaient de leurs biens ».
Ce qui n’a pas empêché Jésus d’adresser aux possédants un appel aussi clair qu’exigeant. Selon la conception biblique, seul le détachement parfait permet l’Amour, l’union dans l’Unique, source de lumière et de beauté.
Ce qui est en jeu ici, ce n’est donc pas la pauvreté matérielle, mais la charité, car on peut être pauvre, même volontairement, sans que ce détachement fasse grandir la charité et s’exprime dans un amour réel pour les pauvres.
Mais l’expérience tout comme l’actualité quotidienne rejoignent celles de la Bible pour constater que l’argent est souvent la cause d’illusion ou d’autosuffisance qui détournent de Dieu et de l’amour des autres. « Qui a de l’argent, dit un proverbe russe, met dans sa poche ceux qui n’en ont pas ».
L’écrivain Bernard Chouraqui, dans un de ses livres évoquant le danger de l’argent, explique que son invention a permis de dépouiller les malheureux sans prendre le risque de les affronter au couteau. C’est lui aussi qui permet, sans rien perdre de sa respectabilité, d’écraser tous les autres. Avec impunité garantie.
L’histoire de l’homme riche nous est bien destinée. A tous, sans exception. C’est bien un appel à la vocation chrétienne. Mais rappelons-nous que seul le maître de l’impossible peut nous libérer des liens et entraves qui freinent notre marche à sa suite.
Chrétiens, nous sommes appelés à le suivre et nous sommes envoyés en mission, comme nous le rappelle le mois d’octobre consacré à la mission universelle.

Bonne route avec lui ! C’est un souhait et un programme.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008