Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans la christianisme antique
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Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans la christianisme antique
Raymond Winling
Genève, Labor et Fides, coll. « Christianismes antiques », 2009.
Esprit & Vie n°222 – avril 2010, p. 55-56.
La collection « Christianismes antiques » se propose de publier des ouvrages de synthèse, des monographies et des traductions commentées concernant des textes du christianisme des premiers siècles ; elle vise à faire connaître les écrits de ceux qui se sont compris comme chrétiens, sans privilégier de façon unilatéralement exclusive les écrits canoniques et orthodoxes par rapport aux écrits apocryphes. C’est au nom de ce principe directeur qu’Enrico Norelli, spécialiste bien connu des écrits apocryphes chrétiens, nous donne une étude de synthèse sur Marie, mère de Jésus, dans la littérature apocryphe chrétienne.
Dans la première grande partie consacrée à la naissance de Jésus, l’auteur commente des passages de l’Ascension d’Isaïe, des Actes de Pierre et de Simon, du Protévangile de Jacques, des Odes de Salomon, de l’Épître des apôtres, des Questions de Barthélemy, des Actes de Pilate, de l’Évangile du Pseudo-Matthieu, du Livre de la Nativité de Marie. Dans la deuxième grande partie, l’auteur livre les résultats d’une enquête approfondie sur la tradition manuscrite relative aux récits rapportant le transitus (Assomption) de Marie. À la suite d’autres spécialistes, il distingue des familles de documents et se livre à un commentaire développé sur différents essais de regroupements des manuscrits et des documents conservés.
L’un des centres d’intérêt de cette étude est la thèse de l’ancienneté de certaines traditions rapportées dans les apocryphes. À propos de la naissance de Jésus et du rôle de Marie, l’auteur estime que certains éléments sont antérieurs à ce que l’on trouve dans les Évangiles de l’enfance de Matthieu et de Luc. Un autre centre d’intérêt est constitué par les considérations sur la nécessité d’une interprétation qui prenne en compte les différences théologiques entre les divers écrits : la variété des représentations rend toute synthèse extrêmement délicate. Un centre d’intérêt non négligeable est celui de l’évolution significative de la mariologie dans l’Église primitive : si le statut de Marie n’est guère un statut de premier plan dans les écrits canoniques, il gagne progressivement en importance dans la théologie de l’ère patristique, notamment en ce qui concerne le thème de la naissance virginale de Jésus et celui de sa pleine humanité, du fait qu’il est vraiment homme en tant que né de la Vierge Marie : à titre d’exemple, on peut citer le Symbole de Nicée-Constantinople et les définitions des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine.
Sachons gré à Enrico Norelli de nous avoir livré le fruit de ses patientes recherches. Certes, il ne s’engage pas dans la discussion théologique, sa démarche étant celle de l’historien. Mais il nous fournit des éléments d’information stimulants pour la réflexion.
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