Homélie du 27e dimanche ordinaire B
http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 27e dimanche ordinaire B
Gn 2, 18-24 ; He 2, 9-11 ; Mc 10, 2-16
Est-il permis ?… Est-ce défendu ?… Est-ce obligatoire ou facultatif ?… En posant des questions de ce genre, nous nous situons sur un plan juridique et relativement étroit et, avec l’arrière-pensée peut-être même inconsciente de connaître les limites du devoir, pour ne pas en faire plus qu’il ne faut strictement, et surtout ne pas en faire trop.
Par contre, Jésus se situe toujours à un autre plan, celui de l’idéal, et d’un idéal de charité, c’est-à-dire l’amour dans le sens le plus parfait du mot. Et là, il n’est plus question de limites, ni de frontières, ni d’observances précises que l’on peut calculer et comptabiliser. Les interlocuteurs de Jésus discutent règlement et lui les renvoie aux principes fondateurs et au parfait idéal.
La perfection de l’amour entre un homme et une femme se situe au niveau de la communion, comme l’alliance de Dieu avec son peuple. Et les exigences de cette alliance ne dépendent pas du droit. Elles ne sont pas réalisées ni garanties par la simple observance d’un règlement précis. Et elles ne sont même pas menacées par un droit juridique à la rupture.
L’alliance idéale, qu’elle soit entre l’être humain et Dieu, entre l’homme et la femme, entre membres d’une communauté, est faite de dialogues et de marches communes, de partages de joies et de franchissements d’obstacles. Elle est dynamique, capable de recommencements et de développements.
L’indissolubilité n’est pas une sécurité juridique, ni une assurance tous risques. C’est une responsabilité à assumer pour maintenir et poursuivre ce dialogue et cette alliance d’amour. Ce n’est pas une loi difficile, c’est un programme donné. Nous ne devons pas nous cacher les difficultés ni les échecs. Mais il est nécessaire dans ce domaine comme en d’autres, de rappeler l’idéal et les moyens qui permettent vraiment d’y tendre. Il nous fait constamment apprendre et réapprendre à aimer. Et l’on ne peut pas aimer vraiment sans se nourrir à la source même de l’amour.
Il est vrai que les ambitions de Dieu sur ceux et celles qui sont « à son image et à sa ressemblance » sont éblouissantes, mais vertigineuses. Ne sommes-nous pas tous appelés à l’amour parfait, la fidélité indissoluble, le pardon sans frontières, la justice sans parenthèses, une fraternité et une solidarité qui frisent l’héroïsme ?
Malgré les faillites et les échecs, ou plutôt à cause d’eux, l’Eglise ne cesse de répéter à temps et à contretemps la doctrine de l’indissolubilité du mariage. Un principe d’autant plus logique et profondément humain que d’instinct l’amour se veut éternel et que la fidélité assure sa stabilité.
Aux hommes et aux femmes de l’ère atomique et de l’ordinateur, le Christ répète le message des origines. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »… Et nous voici renvoyés à l’ère du potier qui façonne la glaise informe pour créer des merveilles. Aujourd’hui encore, c’est l’émouvant mythe biblique de la création qui nous révèle par l’image le mystère même de Dieu et de l’humain, créé comme à sa ressemblance… Dans ce récit naïf d’un vieux prêtre hébreu du VIe siècle avant Jésus Christ, tout est dit sur la réalité profonde de ce qu’est l’humain, homme et femme, et de ce qu’est le couple.
Hélas ! les esprits forts et désespérément superficiels s’inspireront de la « côte d’Adam » pour nourrir leurs gaudrioles. Le démon de l’antiféminisme fera même mentir les textes jusqu’à piéger des esprits éclairés, comme il le fit jadis pour Augustin et Bossuet. Le premier estimant que « l’homme seul est pleinement image de Dieu (1). Et le second n’hésitant pas à inviter les femmes de son temps « à songer après tout qu’elles viennent d’un os surnuméraire » (1).
Il faut retourner au programme du commencement avec la pureté et la simplicité d’un cœur d’enfant pour découvrir avec émerveillement ce qu’est l’amour vrai qui fonde le couple… Et travailler tous les jours avec tendresse et respect, foi et courage, pour créer chaque jour le mariage et le rendre patiemment indissoluble.
Dieu est présent au milieu du combat pour que ne soit pas ternie son image.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
(1) « La vie quotidienne des femmes au grand siècle », Claude Dulong, Ed. Hachette, pp. 15-16.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.