Archive pour septembre, 2012

CÉLÉBRATION DE DÉPART: DEVENIR UNE PRÉSENCE À LA PRÉSENCE

12 septembre, 2012

http://geraldchaput.homily-service.net/2004(2)_causerie_8.html

CÉLÉBRATION DE DÉPART: DEVENIR UNE PRÉSENCE À LA PRÉSENCE

Je termine ces jours saints en vous confiant une mission : soyez une présence à la Présence. Si nous pouvions soupçonner tout l’impact qu’une présence à l’Autre peut avoir sur les autres. La véritable présence suscite la vie et conduit vers plus de profondeur. La seule action vraiment humaine, irremplaçable que personne ne peut faire à notre place, c’est bien d’être une présence toute recueillie, abandonnée en sa Présence. Être une présence qui éveille chez vos visiteurs, le sentiment qu’ici quelque chose d’inexprimable se vit. Qu’ici une Présence imprimée dans vos cœurs, vous fait vivre. C’est le programme que nous confiait Jean-Paul 11 dans sa lettre inaugurant le nouveau millénaire. Tout repartir du Christ. Lui être présent pour le rendre présent. C’est la priorité des priorités. L’âme de la mission. Le plus important n’est pas le chemin toujours incertain de la qualité de notre présence à Dieu mais cette certitude de la qualité de Sa présence qui ne cesse de s’accroître malgré la pauvreté de la nôtre.
Vous n’avez pas à prêcher. Vous n’avez pas à parler de Dieu. Moins nous en parlons, mieux ça vaut. Aucune parole ne dire Dieu. Vous n’avez pas à amener les gens à penser comme vous autres. D’Ailleurs, je l’ai assez dit, vous n’avez rien à penser. Vous ne pensez à rien. (Prier, ai-je dit c’est l’heure du rien) Vous êtes seulement présence à une Présence qui ne fait pas de bruit et qui se laisse voir dans la brise légère (1Roi19.1) . Être une présence à une Présence qui est au cœur du silence et que seul le silence peut transmettre. Cette intériorité là est le plus puissant langage de Dieu aujourd’hui. Quand je vous vois être là, présence à sa Présence, vous vous donnez simplement du « temps d’apaisement d’où nous sortons, non pas épuisé et lassé par un travail extraordinaire, mais reposé et rafraîchi par un doux repos aux pieds de Jésus  » (Charles de Foucauld, méditations sur l’Évangile ) Et cela personne ne peut vous l’enlever.
Être présence à une Présence, ce n’est pas seulement être là, mais c’est rester là. La présence durable à sa présence est un puissant signe de sa Présence réelle. Soyez Évangile de Dieu par votre vie. Rester en sa Présence. Rester là. Il faut éviter d’agir en touriste qui vont partout mais sans laisser de trace. Il faut rester là en sa présence, il faut rester ici malgré l’impression de perdre son tempsm malgré les crises intérieures, les questionnements, les nuits très lourdes, les incompréhensions . Cela vaut plus que d’ offrir aux hommes et femmes plus les techniques les plus parfaites soient-elles.
Rester là pour révéler par votre vie de présence à notre monde, à la manière de Charles de Foucault, que Jésus est en vous. Soyez simplement près de nous pour nous dire que nous sommes aimés de Dieu. Lancer l’invitation à suivre Jésus ne passera jamais par des paquets d’arguments. Il suffit simplement de regarder avec profondeur, avec beaucoup d’attention les autres pour leur démontrer qu’à vos yeux, ils ont de la valeur et du prix. Le plus bel acte d’amour est un acte de contemplation qui révèle à l’autre toute sa profondeur et sa beauté (Anthony De Mello) C’est en projetant « un regard qui sauve » (Simone Weil) que vous éveillerez et conduirez à Sa Présence. Qu’ils saisiront d’expérience Sa présence en nous.
Vous n’êtes pas d’abord ici pour accomplir des rites, beaucoup de rites mais parce que pour vous, être une présence à sa Présence vous transforme  » en forme de vie », » en plénitude de vie ». L’étonnante nouvelle, l’étonnante merveille, c’est que vous pouvez engendrer Dieu dans les cœurs sans qu’il soit question de Le nommer. Sans qu’il soit même question de Lui. Nous sommes dans la culture du visuel, du voir.
Votre vocation est d’être sacrement d’une Présence qui naît du sacrement du silence, « du grand silence du dedans  » (Élisabeth de la Trinité). Du silence qui vous fait prédicateur de Dieu. Inutile de nommer Dieu quand il se fait voir à nu dans ses disciples. « Allez soyez mes témoins ». Être une présence vraie à une Présence mystérieuse et vraie, nous évite de défigurer par nos pauvres mots, d’abîmer par nos vies porte-à-faux et de rendre ainsi non-croyable sa Présence. Cela nous fait Évangile vivant. Nous fait devenir ce 5 ième évangile de l’Histoire.
Si vous restez là à être présence à sa Présence, vous maximaliserez votre présence à notre monde. C’est votre chemin pour entrer en relation avec le monde. C’est votre chemin pour devenir de parfaits évangélisateurs. Si vous êtes les amis de Dieu, les intimes de Dieu, vous deviendrez capable d’amitié vraie, d’intimité vraie avec le monde sans violer ni forcer la leur. Être présent à une Présence conduit à la racine de votre être, de ce que vous êtes et vous plonge aussi au cœur du cœur des autres. Voilà le sens profond de l’appel que vous avez entendu, écouté et accepté de suivre.
Mon dernier mot, « saints hommes de Dieu », savourez longuement, passionnément, intensément, jovialement votre appel et votre mission d’être une présence à une Présence. Demeurez au quotidien fasciné, ravi par Dieu qui vous a totalement engagé, réservé à devenir translucide, transparent de sa Présence. Voilà ce que je veux pour vous. Voilà ce que je cherche avec vous.

En vous disant MERCI pour ces jours, je signe

Jésus-Christ.

DOSSIER : « Le couple dans l’Ancien Testament » : Création et fécondité (Gn 1–2)

12 septembre, 2012

http://www.bible-service.net/site/1385.html

DOSSIER : « Le couple dans l’Ancien Testament »
par Bertrand Pinçon

Création et fécondité (Gn 1–2)

« Au commencement… » Les premières pages du livre de la Genèse évoquent un temps mythique, le temps d’avant l’histoire. Pourtant, rien de comparable avec ce qui se dit et s’écrit en Mésopotamie ou en Égypte. Le Dieu Un organise, sans violence autre que la force de sa parole, un espace où il place l’être humain. La relation homme/femme se détache sur cet horizon ; elle est au centre de l’ordre du monde. Au début du livre de la Genèse, deux récits « de création », celui des sept jours (Gn 1,1 – 2,4a) et celui du jardin (Gn 2,4b-25), décrivent, chacun selon son projet théologique, une relation de couple voulue par le Créateur et destinée à être féconde.
Contrairement aux récits mythologiques, le premier récit (Gn 1) fait coïncider l’histoire universelle avec le commencement du monde. On le dit de tradition sacerdotale, inspiré par l’exil à Babylone (VIe s. av. J.-C.), s’opposant résolument aux récits concernant Enki, Mardouk et autres dieux. Il n’y a pas d’histoire de la divinité avant l’histoire de l’humanité. « Au commencement », il n’y a que Élohim (Dieu) et la terre informe, « tohu-bohu ». Le monde des humains n’est pas le fruit d’un accouplement divin mais le résultat d’une création par séparation des éléments du cosmos. Il existe en vertu de la parole performative du Créateur : « Il dit… et [cela] fut ».
Le Dieu créateur de la Genèse est aussi le Dieu libérateur de l’Exode. Celui qui se fera connaître comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est celui qui se révélera à Moïse comme Yhwh (le Seigneur), c’est-à-dire le Dieu d’Israël, dans une relation d’alliance. Le deuxième récit (Gn 2), qui est peut-être plus ancien que le premier et en tout cas proche d’un milieu sapiential, le suggère en « rétroprojetant » le tétragramme Yhwh (nom propre du Dieu d’Israël) accolé au nom commun d’Élohim : Yhwh-Élohim (le Seigneur-Dieu).
Sixième jour : l’être humain sexué (1,26-28)
Dans le premier récit, au cours des cinq premiers jours de la création, une régularité s’instaure au moyen d’une formule introductive (« Dieu dit : “Que…” ») et d’une conclusion (« Dieu vit que cela était bon » et « Il y eut un soir, il y eut un matin : jour premier,… deuxième jour, […] …cinquième jour »).
En revanche, le sixième jour n’entre pas dans la somme des jours précédents. En effet, la formule introductive est au pluriel (« Dieu dit : “Faisons…” », v. 26), et le refrain conclusif est plus développé (« Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà : c’était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour », v. 31).
Par ailleurs, entre le projet divin et son exécution, trois différences se font clairement entendre :
– D’un pluriel « faisons » (v. 26), nous passons à un singulier « Dieu créa » (v. 27).
– De l’expression « image et ressemblance » (v. 26) ne sera retenue que l’» image » seule (v. 27).
– À cela s’ajoute l’instauration d’une différence sexuelle (v. 28) qui, on l’apprendra plus tard, met l’humain à égalité avec les animaux (voir Gn 6,19). Pour autant, cette différence sexuelle est au service d’une fécondité objet d’une vocation (v. 28), laquelle sera renouvelée après le déluge (Gn 9,1-7).
Finalement, tout se passe comme si l’humain était placé dans une situation médiane entre divinité et animalité : de Dieu, il partage l’« image », mais avec les animaux il a en commun la sexualité. C’est ce que suggère le changement de pronom en Gn 1,27 : « Dieu créa l’humain à son image / à l’image de Dieu il le créa / mâle et femelle, il les créa. » À l’image de Dieu, l’humain, masculin et féminin, est un (« il le créa »), mais pour être fécond, il doit être pluriel (« il les créa »). Par conséquent, l’adam est tout autant singulier que pluriel. Là réside le défi de sa fécondité créatrice, celle qu’il aura vocation à humaniser.
À peine l’humanité est-elle créée que Dieu bénit adam et la première parole qu’il lui adresse révèle sa vocation : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre » (Gn 1,28).
Être fécond, multiplier, emplir la terre. Cette invitation adressée à l’homme et à la femme est semblable à celle donnée, le cinquième jour, aux animaux qui nagent dans les eaux ou volent dans le ciel (v. 22). La fécondité et la prolifération font partie de l’identité de tout être vivant. Cela est donné par Dieu en bénédiction.
Soumettre la terre, dominer les animaux. La précision est d’importance : la fécondité humaine – et elle seule – va de pair avec un pouvoir confié, lequel s’exerce au besoin par la force, selon un vocabulaire typiquement guerrier. En effet, la racine hébraïque kabash signifie : « réduire en esclavage », « soumettre », « exploiter » (Jr 34,11-16 ; Ne 5,5 ; au passif, voir Nb 32,22.29 ; Jos 18,1). Or, cette suprématie est aussitôt corrigée par le don d’une nourriture végétale (v. 29). Ce type d’alimentation implique une appréhension paisible des choses de la terre, une limitation de la violence et donc un frein dans la domination sur les autres vivants. Maîtriser son pouvoir en le limitant, telle est la mission confiée par Dieu au partenaire humain de la création.

Le couple créé pour l’unité (2,18-25)
Le second récit, celui du jardin, commence par faire état d’un double manque : un manque d’eau pour la terre, un manque d’humain pour la cultiver (Gn 2,4b-7).
Le Seigneur-Dieu y remédie en modelant l’humain (adam) avec la poussière du sol et en plaçant un fleuve pour arroser le jardin. Cependant, la création de l’humain n’est pas encore entièrement achevée. À partir du v. 18, un troisième manque apparaît ; il concerne non plus la terre mais adam : la solitude. Ce manque est constaté par le personnage divin, ce qui lui confère une certaine gravité : « Le Seigneur-Dieu dit : “Il n’est pas bon que l’adam soit seul…”. » Dans une lecture canonique qui prend en compte l’articulation des deux récits de création, il est à noter que ce manque vise non pas l’« homme » en particulier, mais l’être humain en général, l’adam créé sexué (1,27). La différence sexuelle, porteuse de tant de promesses, peut également être source d’une profonde solitude. L’être humain sexué est donc appelé à avoir des relations justes, mais avec qui ? Deux cas de figures sont présentés par le récit :
• Une altérité inadéquate (v. 18-20). Elle vient du monde extérieur à l’adam. Le modelage qui se réalise s’apparente à celui de l’adam mais sans lui être tout à fait identique puisqu’il se fait à partir de adamah (« le sol ») et non de ‘aphar adamah (« la poussière du sol »). En outre, il n’est pas assorti, comme pour l’humain, d’une « haleine de vie » (v. 7). Les animaux sont proches de l’humain sans pour autant être animés par un principe vital et relationnel susceptible de combler sa solitude.
• Une altérité réussie (v. 21-24). Elle résulte d’une nouvelle action divine provenant de l’intérieur de l’adam. C’est de l’adam (et non de l’adamah) que sort celle qui sera son égal, en face de lui. La réalisation est décrite sous les traits d’une opération chirurgicale : « Le Seigneur-Dieu fit tomber une torpeur sur l’adam et il s’endormit. Il prit un de ses côtés et il referma la chair à sa place » (v. 21). C’est dire que l’action divine échappe entièrement à la connaissance humaine. Le conjoint, devant soi, sera toujours un mystère. Bien que partenaire du plus intime de sa vie, on ne parviendra jamais à le saisir entièrement. Un nouveau mot de vocabulaire illustre le rapport de face à face : « Le Seigneur-Dieu bâtit le côté qu’il avait pris de l’adam en une femme (’ishshah) et il l’amena vers l’adam » (v. 22). Ainsi, le féminin apparaît-il à côté du masculin. Pour combler le manque initial (la solitude), le Seigneur-Dieu ajoute un autre manque : la perte d’une part de soi, de son intégrité corporelle. Mais, de cette humanité soustraite, naît un couple dans lequel l’autre est reçu comme un don.
Alors l’humain devient un sujet de parole : « Et l’adam dit : “Celle-ci, cette fois, os de mes os, chair de ma chair ; celle-ci sera appelée femme (’ishshah) car d’un homme (’îsh) elle a été prise, celle-ci !” » (v. 23). Pour la première fois, l’adam s’exprime : il sort de lui-même pour reconnaître sa partenaire. Cette reconnaissance le fait littéralement « ex-ister ». Mais, dans son cri, l’adam estompe la relation de vis-à-vis ; il insiste plus sur les ressemblances que sur les différences : « os/os ; chair/chair » (cf. Laban et Jacob en Gn 29,14 ; Joseph et ses frères en 37,27). L’adam ne nomme pas formellement la femme comme il l’a fait pour les animaux. Le rapport est autre. Il la reçoit comme un don qui lui permet de briser l’isolement et vivre une rencontre. L’appellation joue sur les mots : ’îsh/’ishshah (à la fois ressemblance et dissemblance). En nommant sa partenaire ’ishshah, l’adam se désigne lui-même d’un nom nouveau : ’îsh, et, par conséquent, trouve comment désigner la juste relation qu’il entretient avec la femme.
À cela s’ajoute une parole de type prophétique : « C’est pourquoi l’homme (’îsh) quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme (’ishshah) et ils deviennent une chair une » (v. 24). Cette parole ne peut évidemment concerner le premier couple de la Bible (qui n’a pas de parents) mais tous les humains à venir.
Pour devenir ’îsh, l’adam doit se séparer de son père et de sa mère, comme ’ishshah a été séparée de l’adam. Toute relation nouvelle exige, au préalable, une prise de distance qui porte l’homme et la femme l’un vers l’autre en vue de devenir « chair une (ehad) » (et non pas « une seule chair » selon la traduction habituelle). Dans la tradition d’Israël, la chair désigne l’être humain tout entier. Et le ehad renvoie à l’acte créateur du « jour premier » ou « jour un » (yôm ehad, Gn 1,5). Par ailleurs, il renvoie au Dieu Un de la prière du Shema Israël (Dt 6,4) : le Seigneur est Un en lui-même, non parce qu’unique mais unifié. Pour être « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26-27), la relation de couple est appelée à s’unifier : non à s’aliéner l’un par l’autre au point de fusionner dans un tout mais à exister l’un pour l’autre. C’est la raison pour laquelle la nudité n’est pas encore vécue comme une situation de honte (v. 25). Elle va rapidement le devenir.

Bertrand Pinçon, Cahier Évangile n° 158 (décembre 2011) p. 10-14.

Saint Nom de Marie, Septembre 12, option mémoire

11 septembre, 2012

 Saint Nom de Marie, Septembre 12, option mémoire dans images sacrée

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Jésus pour les athées

11 septembre, 2012

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=3073

Milan Machovec

Jésus pour les athées

Charles Chauvin

Traduction de François Vial. Nouvelle édition augmentée de la relecture de Pierre Juquin. – Paris, Mame-Desclée, coll. « Jésus et Jésus Christ », n° 5, 2010. – (15×22,5), 320 p.

Esprit & Vie n°237 – juillet 2011, p. 54-55.

Cet ouvrage dont la réédition vient de s’effectuer quarante ans plus tard ne semble pas avoir pris une ride. Un historien marxiste, tchèque, fier de ses ancêtres, notamment de Jean Hus, nous offre une optique nouvelle sur Jésus. Sa documentation, bien que discrète, en dit long sur sa compétence, puisqu’il s’inspire d’auteurs aux noms prestigieux, comme Barth, Rahner, Schweizer et qu’il connaît l’histoire de l’exégèse depuis Reimarus et Lessing jusqu’à nos jours. Il sait faire l’économie de citations pesantes et évite même toute note de bas de page.
L’objet de son étude comprend autant la personne de Jésus que son discours. D’une part, M. Machovec réinterroge les titres de Fils de l’homme, fils de David, Messie, et de l’autre, il expose les lignes de force de son message. Ce faisant, il offre à ses lecteurs une présentation originale de l’éthique de sa pensée en soulignant la portée de sa vision eschatologique et du Royaume de Dieu, de sa doctrine de la non-violence, de la pauvreté et de la richesse, en montrant avec précision quel sens, à ses yeux, revêt, par exemple, l’enseignement du sermon sur la montagne, qu’il rapproche de façon allusive du discours d’adieu de Jésus selon Jean.
En termes fort succincts, mais très lumineux, l’auteur montre que le pardon n’a pas sa source ni dans le mépris ni dans l’orgueil, et que la réconciliation n’est pas complice de l’inimitié. L’amour du prochain n’a rien à voir avec la sentimentalité : il opère une mutation de sens, une conversion radicale : « Changer, le Règne de Dieu vient, vivez le présent. » Reprenant à frais nouveaux, l’affirmation sur la Loi juive (Mt 5,17) réinterprétée par Jésus – sans forcément assouplir la Loi mosaïque ni la vouloir plus sévère -, il la situe au-delà de la tradition légale. S’il s’en prend aux pharisiens, c’est moins au groupe historique de ses contemporains qu’à tout pharisaïsme universel qui se traduit par l’étalage de la vertu, le formalisme, le besoin d’être honoré. Il suffit à l’auteur de reprendre quelques enseignements fondamentaux de Jésus pour en montrer la pérennité et la pertinence dans l’actualité. Vivre l’instant présent et acquérir une attitude de franchise et de droiture.
Dans un de ses derniers chapitres, Machovec approfondit de façon émouvante la mission du Messie souffrant dont les futures souffrances ont une valeur morale, et dont la mort est offerte pour le Royaume, débouchant sur un bouleversement cosmique. Loin de s’en prendre aux chrétiens, l’auteur leur rappelle qu’au cours des siècles, leur fidélité à Jésus a connu bien des déviances et que le message de Jésus, ainsi relu, revu, réinterrogé, s’adresse avec insistance, autant à eux qu’aux marxistes en recherche.
Le directeur de collection, Joseph Doré, a pris l’initiative de confier à Pierre Juquin de prolonger la lecture de cet ouvrage. En quelques pages, ce pourfendeur du capitalisme se réapproprie le message de Jésus actualisé par Machovec et il en montre tout le bénéficie « spirituel » qu’il peut en tirer pour la poursuite de son combat.
Jésus pour les athées est un des dix titres de la collection « Jésus et Jésus Christ » qui a retenu le plus l’attention sur les cent ouvrages ; et le n° 101 est annoncé où sera évoquée « la cohérence d’ensemble du parcours accompli ». Nul ne peut contester que c’est une des plus importantes contributions de la recherche christologique de la dernière partie du xxe siècle.

ISRAËL : 50 RABBINS ET INTELLECTUELS SOLIDAIRES DES TRAPPISTES

11 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31785?l=french

ISRAËL : 50 RABBINS ET INTELLECTUELS SOLIDAIRES DES TRAPPISTES

Les moines impressionnés par les témoignages d’amitié

A. Bourdin
ROME, lundi 10 septembre 2012 (ZENIT.org) – Cinquante rabbins et personnalités juives affirment leur solidarité avec les Trappistes de l’abbaye de Latroun, en Israël, victimes d’actes de vandalisme (cf. Zenit du 4 septembre 2012). Les moines se disent impressionnés de l’amitié qui leur est manifestée.
L’institut interreligieux Elijah
Le rabbin Alon Goshen-Gottstein, directeur de l’Institut interreligieux Elijah, a en effet adressé, le 7 septembre, une lettre de solidarité à l’abbé René de Latroun. Elle a été signée par une cinquantaine de personnalités juives, dont le grand rabbin de France Gilles Bernheim, et l’ancien grand rabbin, René Samuel Sirat, mais aussi, l’ancien grand rabbin d’Israël, Eliyahu Bakshi Doron, et le rabbin qui a participé au Vatican au synode sur la Parole de Dieu, Shear Yashuv Cohen, au nom du grand rabbinat d’Israël, étant donné qu’il y est responsable de la Commission pour le dialogue interreligieux.
Après ces actes de vandalisme et de profanation qui ont été commis à l’abbaye trappistine, mardi dernier, 4 septembre, « par des extrémistes Juifs », le rabbin Dr Alon Goshen Gottstein, directeur de l’Institut interreligieux Elijah, a en effet rédigé un message auquel une cinquantaine de rabbins ou universitaires ont adhéré.
Le Dr Goshen Gottstein a fait une lecture solennelle de ce message à la fin de la messe dominicale du 9 septembre à l’abbaye. Le père abbé a ensuite lu une réponse émue.
« En tant que membres de l’Institut interreligieux Elijah, ou de personnalités le soutenant, nous, rabbins, enseignants et universitaires d’études juives, résidents de Jérusalem ou hors d’Israël, désirons vous exprimer notre profonde consternation pour les actes de vandalisme qui ont été commis contre votre Monastère, à la suite d’attaques similaires contre des églises et des mosquées de Terre Sainte. Nous sommes profondément désolés que vous ayez été traités avec un tel manque de respect par des membres de notre communauté de foi », dit ce message.
Condamnation du fanatisme
Il condamne le fanatisme en évoquant l’enseignement de la Bible sur la création : « Selon notre propre entendement, la création de l’homme à l’image de Dieu est un thème fondamental de la Torah. Nous croyons que la Torah réclame le respect total de la valeur infinie de la vie humaine, et que nous sommes tous crées à l’image de Dieu, égaux et uniques. En conséquence, il n’y a aucune place pour la haine ou pour le fanatisme à l’encontre d’un système religieux différent du nôtre ».
Il dit sa préoccupation pour l’éducation des jeunes générations, en écho à une réflexion du Patriarcat latin de Jérusalem : « Des ecclésiastiques ont légitimement posé la question du type d’éducation et de valeurs qui sont transmises aux enfants Juifs. Nous partageons ces préoccupations et nous travaillons ensemble pour apporter la lumière d’un enseignement religieux juif avec une vue du monde cohérente, où l’amour de son propre groupe ne peut en aucun cas s’associer avec la haine des autres. La vocation d’Israël s’harmonise avec le bien de toute l’humanité. Les chemins de la Torah sont des chemins de douceur, et toutes ses voies sont des voies de paix. Ceci et d’autres grands principes sont les lignes directrices à partir desquelles nous interprétons et enseignons notre tradition ».
C’est d’ailleurs une des raisons d’être de l’Institut interreligieux Elijah, et le rabbin dit fermement leur engagement : « Dans le cadre d’un projet de théologie des religions, nous rassemblons les sources qui traitent de la « théologie juive de l’autre », comme ressources pour fournir un modèle du Judaïsme qui soit compatible avec cet idéal. Nous, professeurs, étudiants et simples citoyens, nous engageons à combattre pour éduquer les Juifs des générations qui nous suivent à imiter notre Créateur, et à se souvenir que « le Seigneur est bon envers tous, Sa tendresse s’étend à toutes ses créatures » (Ps 145, 9) ».
Le message de l’abbé de Latroun
« Nous espérons, conclut le message, que vous accepterez nos sincères regrets pour cette profanation, ainsi que cette déclaration où nous exprimons vouloir nous dédier à œuvrer pour la compréhension entre les religions en Terre Sainte.
A vous fraternellement ».
En écho, l’abbé René de Latroun a analysé cette « peur de l’autre » qui est source de violence: « Nous avons été agressés par des individus qui ont peur de la différence, de tout ce qui est autre. Tous ceux qui partagent notre foi se sont sentis concernés par ce manque de respect pour un lieu saint ».
En écho au message du rabbin, il a également fait référence au récit biblique de la création : « Pourtant, a-t-il dit, « Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance » nous dit le livre de la Genèse, ce qui suppose le respect de l’autre, quelle que soit sa foi. Selon la Bible, chaque homme est mon frère en humanité, et a le droit à mon respect, dans tous les domaines ».
Il lance cet appel à l’éducation: « Nous souhaitons que soit mis en œuvre à travers tous le pays tout ce qui peut favoriser l’ouverture à l’autre, l’ouverture à la différence, surtout du côté de la jeunesse : là aussi la Bible nous y invite ».
Solidarité et amitié
La vocation de Latroun est une image de cet appel à la découverte de l’autre : « Depuis plus de cent ans, Latroun essaye de vivre sa vocation e prière, de travail et de paix en ce lieu ouvert à tous, quelle que soit leur religion, en dehors de toute politique ».
La communauté, dit-il, a été impressionnée par la solidarité qui s’est exprimée: « Nous sommes étonnés et impressionnés par la chaîne de solidarité et d’amitié qui s’est créée autour de nous à la suite de cet acte. Des gens de toutes religions et de tous les milieux nous ont manifesté leur proximité et leur désapprobation pour cet acte. Nous ne pouvons que bénir Dieu pour tous ces amis qui nous entourent et qui se sont révélés à cette occasion ».
Il affirme que Latroun poursuivra sa vocation de lieu de la « rencontre »: « Nous essaierons de faire en sorte que Latroun demeure un lieu de rencontre où la différence est reconnue et respectée et où chaque homme est accueilli comme un Frère, ce qu’il est vraiment ».

Feast of the Nativity of the Blessed Virgin Mary

7 septembre, 2012

Feast of the Nativity of the Blessed Virgin Mary dans images sacrée master-of-the-life-of-virgin-the-birth-of-mary

http://fireofthylove.com/2011/09/08/feast-of-the-nativity-of-the-blessed-virgin-mary/

NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE – MÉDITATION SUR LA FÊTE AVEC LE PÈRE LEV GILLET

7 septembre, 2012

http://www.pagesorthodoxes.net/fetes/md-nativite1.htm

NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE

MÉDITATION SUR LA FÊTE AVEC LE PÈRE LEV GILLET

« UN MOINE DE L’ÉGLISE D’ORIENT »

Nativité de la Vierge Marie

L’année liturgique comporte, outre le cycle des dimanches et le cycle des fêtes commémorant directement Notre Seigneur, un cycle des fêtes des saints. La première grande fête de ce cycle des saints que nous rencontrons après le début de l’année liturgique est la fête de la nativité de la bienheureuse Vierge Marie, célébrée le 8 septembre [42]. Il convenait que, dès les premiers jours de la nouvelle année religieuse, nous fussions mis en présence de la plus haute sainteté humaine reconnue et vénérée par l’Église, celle de la mère de Jésus-Christ. Les textes lus et les prières chantées à l’occasion de cette fête nous éclaireront beaucoup sur le sens du culte que l’Église rend à Marie.
Au cours des vêpres célébrées le soir de la veille du 8 septembre, nous lisons plusieurs leçons tirées de l’Ancien Testament. C’est tout d’abord le récit de la nuit passée par Jacob à Luz (Gn 28, 10-17). Tandis que Jacob dormait, la tête appuyée sur une pierre, il eut un songe : il vit une échelle dressée entre le ciel et la terre, et les anges montant et descendant le long de cette échelle ; et Dieu lui-même apparut et promit à la descendance de Jacob sa bénédiction et son soutien. Jacob, à son réveil, consacra avec de l’huile la pierre sur laquelle il avait dormi et appela ce lieu Beth-el, c’est-à-dire  » maison de Dieu « . Marie, dont la maternité a été la condition humaine de l’Incarnation, est, elle aussi, une échelle entre le ciel et la terre. Mère adoptive des frères adoptifs de son Fils, elle nous dit ce que Dieu dit à Jacob (pour autant qu’une créature peut faire siennes les paroles du Créateur) :  » Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras… « . Elle, qui a porté son Dieu dans son sein, elle est vraiment ce lieu de Beth-el dont Jacob peut dire :  » Ce n’est rien de moins qu’une maison de Dieu et la porte du ciel « . La deuxième leçon (Ez 43, 27-44, 4) se rapporte au temple futur qui est montré au prophète Ézéchiel ; une phrase de ce passage peut s’appliquer très justement à la virginité et à la maternité de Marie :  » Ce porche sera fermé. On ne l’ouvrira pas, on n’y passera pas, car Yahvé le Dieu d’Israël y est passé. Aussi sera-t-il fermé  » [43]. La troisième leçon (Pr 9, 1-11) met en scène la Sagesse divine personnifiée :  » La Sagesse a bâti sa maison, elle a dressé ses sept colonnes… Elle a dépêché ses servantes et proclamé sur les hauteurs de la cité… « . L’Église byzantine et l’Église latine ont toutes deux établi un rapprochement entre la divine Sagesse et Marie [44]. Celle-ci est la maison bâtie par la Sagesse ; elle est, au suprême degré, l’une des vierges messagères que la Sagesse envoie aux hommes ; elle est, après le Christ lui-même, la plus haute manifestation de la Sagesse en ce monde.
L’Évangile lu aux matines du 8 septembre (Lc 1 : 39-49, 56) décrit la visite faite par Marie à Élisabeth. Deux phrases de cet évangile expriment bien l’attitude de l’Église envers Marie et indiquent pourquoi celle-ci a été en quelque sorte mise à part et au-dessus de tous les autres saints. Il y a d’abord cette phrase de Marie elle-même :  » Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses  » [45]. Et il y a cette phrase dite par Élisabeth à Marie :  » Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni « . Quiconque nous reprocherait de reconnaître et d’honorer le fait que Marie soit  » bénie entre les femmes  » se mettrait en contradiction avec l’Écriture elle-même. Nous continuerons donc, comme  » toutes les générations « , à appeler Marie  » bienheureuse « . Nous ne la séparerons d’ailleurs jamais de son Fils, et nous ne lui dirons jamais  » tu es bénie  » sans ajouter ou du moins sans penser :  » Le fruit de tes entrailles est béni « . Et s’il nous est donné de sentir parfois l’approche gracieuse de Marie, ce sera Marie portant Jésus dans son sein, Marie en tant que mère de Jésus, et nous lui dirons avec Élisabeth :  » Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? « 
À la liturgie du même jour, nous lisons, ajoutés l’un à l’autre (Lc 10, 38-42 – 11, 27-28), deux passages de l’évangile que l’Église répétera à toutes les fêtes de Marie et auxquels cette répétition même donne la valeur d’une déclaration particulièrement importante. Jésus loue Marie de Béthanie, assise à ses pieds et écoutant ses paroles, d’avoir choisi  » la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée « , car  » une seule chose est utile « . Ce n’est pas que le Seigneur ait blâmé Marthe, si préoccupée de le servir, mais  » s’inquiète et s’agite pour beaucoup de choses « . L’Église applique à la vie contemplative, en tant que distincte de (nous ne disons pas : opposée à) la vie active, cette approbation donnée à Marie de Béthanie par Jésus. L’Église applique aussi cette approbation à Marie, mère du Seigneur, considérée comme le modèle de toute vie contemplative, car nous lisons dans d’autres endroits de l’évangile selon Luc :  » Marie … conservait avec soin, tous ces souvenirs et les méditait en son cœur… Et sa mère gardait fidèlement tous ces souvenirs en son cœur  » (Lc 2, 19, 51). N’oublions pas d’ailleurs que la Vierge Marie s’était auparavant consacrée, comme Marthe, et plus que Marthe, au service pratique de Jésus, puisqu’elle avait nourri et élevé le Sauveur. Dans la deuxième partie de l’évangile de ce jour, nous lisons qu’une femme  » éleva la voix  » et dit à Jésus :  » Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les mamelles que tu as allaitées « . Jésus répondit :  » Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent « . Cette phrase ne doit pas être interprétée comme une répudiation de la louange de Marie par la femme ou comme une sous-estimation de la sainteté de Marie. Mais elle met exactement les choses au point ; elle montre en quoi consiste le mérite de Marie. Que Marie ait été la mère du Christ, c’est là un don gratuit, c’est un privilège qu’elle a accepté, mais à l’origine duquel sa volonté personnelle n’a pas eu de part. Au contraire, c’est par son propre effort qu’elle a entendu et gardé la parole de Dieu. En cela consiste la vraie grandeur de Marie. Oui, bienheureuse est Marie, mais non principalement parce qu’elle a porté et allaité Jésus ; elle est surtout bienheureuse parce qu’elle a été, à un degré unique, obéissante et fidèle. Marie est la mère du Seigneur ; elle est la protectrice des hommes : mais, d’abord et avant tout cela, elle est celle qui a écouté et gardé la Parole. Ici est le fondement  » évangélique  » de notre piété envers Marie. Un court verset, chanté après l’épître, exprime bien ces choses :  » Alléluia ! Écoute, ô ma fille et vois, et incline ton oreille  » (Ps 45, 10).
L’épître de ce jour (Ph 2, 4-11) ne mentionne pas Marie. Paul y parle de l’Incarnation : Jésus qui,  » de condition divine… s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes… « . Mais il est évident que ce texte a les rapports les plus étroits avec Marie et a été aujourd’hui choisi à cause d’elle. Car c’est par Marie qu’est devenue possible cette descente du Christ en notre chair. Nous revenons donc en quelque sorte à l’exclamation de la femme :  » Heureuses les entrailles qui t’ont porté… « . Et par suite l’évangile que nous avons lu est comme une réponse et un complément à l’épître :  » Heureux… ceux qui écoutent la parole… « .
Un des tropaires de ce jour établit un lien entre la conception du Christ-lumière, si chère à la piété byzantine, et la bienheureuse Vierge Marie :  » Ta naissance, ô vierge mère de Dieu, a annoncé la joie au monde entier, car de toi est sorti, rayonnant, le soleil de justice, Christ, notre Dieu « .
La fête de la nativité de Marie est en quelque sorte prolongée le lendemain (9 septembre) par la fête de Saint Joachim et Sainte Anne dont une tradition incertaine a fait les parents de la Vierge [46].

NOTES
[42] Nous ignorons absolument la date historique de la naissance de Marie. La fête du 8 septembre semble avoir pris naissance au VIe siècle en Syrie ou en Palestine. Rome l’adopta au VIIe siècle. Elle s’était déjà introduite à Constantinople ; nous avons au sujet de la Nativité une hymne de Romanos le mélode et plusieurs sermons de Saint André de Crète. Les Coptes d’Égypte et d’Abyssinie célèbrent la Nativité de Marie le 1er mai.
[43] On sait que l’Église orthodoxes, comme l’Église romaine, rejette l’hypothèse selon laquelle Marie, après la naissance de Jésus, aurait eu de Joseph plusieurs enfants. Cette théorie, soutenue au IVe siècle par Helvidius, fut combattue par Saint Ambroise, Saint Jérôme et Saint Augustin.
[44] Ce rapprochement est tout à fait indépendant des doctrines  » sophiologiques  » qu’ont soutenues certains philosophes et théologiens russes (Soloviev, Boulgakov, etc,).
[45] Nous n’ignorons pas que certains critiques modernes attribuent le Magnificat à Élisabeth, non à Marie. Cette attribution ne nous semble aucunement prouvée. Que les paroles du Magnificat aient été littéralement prononcées par Marie est une autre question : il suffit que ce cantique exprime d’une manière fidèle les sentiments de Marie.
[46] Les évangélistes canoniques ne disent rien du père et de la mère de Marie. Les légendes relatives à Joachim et Anne ont leur origine dans les évangiles apocryphes, notamment l’évangile dit de Jacques, que l’Église a rejetés et qui sont à bon droit suspects. Il n’est pas cependant exclu que certains détails authentiques, non mentionnés par les évangiles canoniques, aient trouvé place dans les apocryphes. La légende selon laquelle Anne aurait enfanté Marie à un âge avancé semble avoir été influencée par le récit biblique sur Anne, mère de Samuel. Rien n’indique qu’il faille identifier la mère de Marie avec Anne qui prophétisa dans le Temple au sujet de Jésus (Lc 2, 36-38), Mais il est certain que la mémoire des parents de Marie, sous le nom de Joachim et d’Anne, était honorée à Jérusalem dès le IVe siècle. Quoiqu’il en soit historiquement de ces noms et des détails biographiques, l’honneur rendu au père et à la mère de la très sainte Vierge est assurément légitime.

Extrait du livre L’An de grâce du Seigneur,
signé « Un moine de l’Église d’Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.

PREMIERE LECTURE – Isaïe 35, 4-7a – commentaires de Marie Noëlle Thabut

7 septembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 9 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Isaïe 35, 4-7a

4 Dites aux gens qui s’affolent :
« Prenez courage, ne craignez pas.
Voici votre Dieu :
c’est la vengeance qui vient,
la revanche de Dieu.
Il vient lui-même
et va vous sauver. »
5 Alors s’ouvriront les yeux des aveugles
et les oreilles des sourds.
6 Alors le boiteux bondira comme un cerf
et la bouche du muet criera de joie.
L’eau jaillira dans le désert,
des torrents dans les terres arides.
7 Le pays torride se changera en lac ;
la terre de la soif, en eaux jaillissantes.
A l’écoute de ce texte, deux mots nous ont surpris, peut-être, ou même choqués : la vengeance de Dieu et la revanche de Dieu : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ». Disons-le tout de suite, ils n’ont pas du tout le même sens ici que dans notre langage courant du vingt-et-unième siècle !
Pour les comprendre , il faut les replacer dans leur contexte : je vous lis la phrase en entier : « Prenez courage, ne craignez pas : Voici votre Dieu, c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver » ; ce qui veut dire que la revanche de Dieu, c’est de nous sauver. Pour bien faire, il faudrait écrire : « Voici la revanche de Dieu : (« deux points ») il vient lui-même et va vous sauver », on devrait même dire « voici la revanche de Dieu : (« deux points ») il vient lui-même pour vous sauver ».
Et tout le reste du texte, ce sont des promesses : promesses de guérison, de rétablissement pour les aveugles, les sourds, les muets, les boiteux… « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. »
Promesses, surtout, de retour au pays pour les exilés : les versets suivants que nous ne lisons pas ce dimanche viennent éclairer le contexte : « Ils reviendront, les captifs rachetés (c’est-à-dire « libérés ») par le SEIGNEUR, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront. » Effectivement, quand Isaïe prononce ces paroles, le peuple d’Israël est en exil à Babylone, après avoir vécu les atrocités du siège de Jérusalem par les armées de Nabuchodonosor.
Cinquante années d’exil, de quoi perdre courage. Ce n’est pas par hasard qu’Isaïe leur dit « Dites aux gens qui s’affolent : Prenez courage, ne craignez pas ».
Cinquante ans pendant lesquels on a rêvé de ce retour, sans oser y croire. Et voilà que le prophète dit « c’est pour bientôt » ; pour rentrer au pays, le chemin le plus direct entre Babylone et Jérusalem traverse le désert d’Arabie ; mais cette traversée du désert, Isaïe la décrit comme une véritable marche triomphale… mieux, une procession grandiose : le désert se réjouira, le pays aride exultera et criera de joie, il « jubilera » dit même le texte hébreu dans les versets qui précèdent le passage que nous lisons aujourd’hui ; ici, il insiste : « L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif, en eaux jaillissantes. » Il faut entendre la résonance de telles paroles dans un pays de sécheresse et de soif !
Et c’est cela la vengeance de Dieu ! Les assoiffés seront désaltérés ; mieux encore, les humiliés pourront relever la tête ! « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. »
C’est donc un sens extrêmement positif du mot « vengeance » ; pour l’homme de la Bible, il est bien clair que Dieu ne se venge pas de nous, il ne prend pas sa revanche contre nous, mais contre le mal qui nous atteint, qui nous abîme ; sa revanche c’est de nous rendre notre dignité. C’est cela la gloire de Dieu.
Mais il faut bien dire qu’on n’a pas toujours pensé comme cela ! Le texte d’Isaïe est assez tardif dans l’histoire biblique ; il a fallu tout un long chemin de révélation pour en arriver là. Au début de son histoire, le peuple de la Bible était comme tous les autres : il imaginait un Dieu à l’image de l’homme, un Dieu qui se venge comme les humains. Puis, au fur et à mesure de la Révélation, grâce à la prédication des prophètes, on a commencé à découvrir Dieu tel qu’il est, et non pas tel qu’on l’imaginait ; alors le mot « vengeance » est resté mais son sens a complètement changé ; nous avons déjà vu plusieurs fois dans la Bible ce phénomène de retournement complet du sens d’un mot : c’est le cas pour le sacrifice, par exemple, et aussi pour la crainte de Dieu.
Il a fallu bien des étapes et bien des siècles pour qu’on découvre le vrai visage de Dieu, un Dieu tout autre que nous et tout autre que ce que nous imaginons spontanément : « Ses pensées ne sont pas nos pensées et nos chemins ne sont pas ses chemins » (comme dit Isaïe : Is 55, 8)… un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde pour tous les hommes sans exception, même les méchants, un Dieu qui « ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18, 23). On a peu à peu découvert que l’expression « voici la revanche de Dieu : il vient lui-même et va vous sauver » signifie « Dieu vous aime plus que tout être au monde, et, quelle que soit l’humiliation physique ou morale que vous ayez subie, il vient pour vous libérer, pour vous relever.
Isaïe parlait de la libération des captifs de Babylone et de leur retour à Jérusalem ; mais l’humanité attend encore sa libération définitive de toute humiliation, de tout aveuglement, de toute surdité : ce sera l’oeuvre du Messie, les contemporains de Jésus le savaient bien. C’est pour cela que pour se présenter à la synagogue de Nazareth (Luc 4), Jésus a cité un autre passage tout à fait semblable d’Isaïe « Le SEIGNEUR m’a envoyé porter un joyeux message aux humiliés, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, annoncer les bienfaits du SEIGNEUR et le jour de la vengeance de notre Dieu. » (Is 61, 1-2). Et quand les disciples de Jean lui ont demandé « Es-tu celui qui doit venir ? » Jésus a simplement répondu : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7, 22)… La bonne nouvelle, c’est que Dieu nous relève et vous sauve.

Homélie du 23e dimanche ordinaire B

7 septembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 23e dimanche ordinaire B

Is 35, 4-7 ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37

Mais où est donc ce Royaume nouveau annoncé par Isaïe et inauguré par Jésus Christ, où l’on ne trouve ni aveugles, ni sourds, ni boiteux ? Ce n’est pas encore demain la veille !
Cependant, Isaïe ne se trompe pas, et Marc ne nous fait pas prendre des vessies pour des lanternes. Mieux encore, ce qu’ils annoncent et ce qu’ils affirment est toujours d’actualité. Et c’est à l’actualité qu’il faut recourir pour mieux comprendre l’expérience et le langage bibliques, qui ne séparent pas, comme nous le faisons trop souvent, l’histoire profane et l’histoire sainte, les évènements quotidiens et la Parole de Dieu. Dans les faits que nous qualifions spontanément de « réels », les auteurs bibliques savent discerner, infiniment plus que nous, des « signes » qui révèlent la face cachée des évènements et nous font découvrir la place occupée par Dieu dans l’histoire des êtres humains.
Les évènements auxquels fait allusion Isaïe présentent beaucoup de similitudes avec les évènements du monde actuel : libération de peuples opprimés, liberté retrouvée mais difficile à gérer, rêve d’un monde nouveau où règnera l’abondance. Et quand Isaïe met son espoir dans le païen Cyrus et qu’il prédit aux exilés et aux opprimés le retour à leur patrie, il a vu juste. Mais quand il décrit ce nouveau paradis terrestre, il joue en même temps sur le registre symbolique, où la libération, les guérisons et l’abondance transcendent les réalités politiques et le bien-être physique et matériel.
Sa lecture des évènements et ses analyses ne sont pas celles d’un historien ni d’un politologue ou d’un observateur matérialiste, il lit avec le cœur et l’esprit d’un poète et d’un croyant. Et il découvre une face cachée où Dieu est présent et agissant.
Premier message d’incarnation : Quand le peuple de Dieu multiplie les initiatives de paix et cherche à triompher de la guerre, de la haine, de la vengeance… quand il lutte contre la famine, les injustices et les oppressions, les esclavages et les servitudes de tous genres, les ravages de la maladie, il pose des jalons sur la route qui conduit l’humanité à la réalisation d’un monde selon le cœur de Dieu. Il fait progresser le Royaume de Dieu.
Deuxième message : Quand les auteurs bibliques du premier ou du second Testament précisent même que le Royaume de Dieu sera arrivé quand les aveugles, les sourds, les boiteux et les muets seront guéris, il s’agit aussi d’une réalité symbolique qui ne nie pas, mais dépasse largement la réalité physique.
Décrivant le bon vieux temps d’une époque de paix et de prospérité, l’auteur du livre de l’Exode affirme qu’ « il n’y avait pas de sourds, puisque tous entendaient la Parole du Seigneur ; pas de muets non plus, puisque tout le peuple répondait à Moïse »… Tout comme Isaïe explique par ailleurs : « Les péchés ont fait en sorte que les Israëlites sont devenus aveugles envers la Loi. Dès lors, ils sont sourds, puisqu’ils n’apprennent pas la Torah, et leurs yeux sont fermés, puisqu’ils ne voient pas la Présence. Mais qu’adviendra-t-il quand viendra le Messie ? Il leur ouvrira les yeux et les oreilles. Alors, ils entendront la Parole du Seigneur. »
C’est dans ce même sens que les apôtres et les disciples ont plus d’une fois mérité les reproches de Jésus et que nous les méritons encore aujourd’hui : « Vous avez des yeux, ne voyez-vous pas ? Vous avez des oreilles, n’entendez-vous pas ? »
Aujourd’hui encore, nous sommes vraiment sourds quand notre cœur est fermé à la Parole ou que nous l’entendons sans l’accueillir et la mettre en pratique. C’est la même surdité réelle qui nous atteint quand nous restons insensibles aux appels des déshérités, des affamés, des sans abris…
Et muets, nous le sommes, quand nous refusons de prononcer des paroles de paix et de pardon, de bienveillance et d’encouragement. Muets encore, quand nous craignons ou négligeons de faire écho à la Parole ou de rendre grâce à Dieu pour tant de merveilles qu’il accomplit. Nous avons donc tous besoin d’être guéris pour pouvoir voir, entendre, parler et marcher correctement, d’une manière évangélique.
Pour faire progresser l’humanité vers le Royaume de Dieu, nous avons aussi, selon nos compétences, les circonstances, à venir en aide aux aveugles, aux sourds et aux muets, aux boiteux et aux affamés, aux handicapés et aux opprimés… Comme nous le rappelle souvent l’actualité de nos journaux écrits, parlés ou télévisés, ou la Une du journal tout à fait profane de « Médecins sans frontières », aussi Parole de Dieu qui résonne dans nos cœurs : « Sommes-nous devenus sourds ? Le murmure des enfants, qui par milliers agonisent dans les pays d’Afrique à la dérive, ne parvient plus à nos oreilles… Silence… On meurt… Jusqu’où ira notre aveuglement ? De grands chocs Nord-Sud s’annoncent… Et nous ne voulons pas les voir. Des hommes et des femmes hurlent leur misère sur le pas de nos portes… Nous refusons de les entendre… » (1991).Que dire ? Sinon prier le Seigneur : « Seigneur, guéris-nous, mets tes doigts dans nos oreilles et touche notre langue ». … Laissons-nous soigner, laissons-nous guérir.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Marie Vierge

6 septembre, 2012

Marie Vierge dans images sacrée sergine_vierge_enfant

https://sites.google.com/site/leboncombat/marie

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