Archive pour septembre, 2012

Pape Benoît : Voyage apostolique au Liban

20 septembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120919_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 19 septembre 2012

Voyage apostolique au Liban

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais revenir brièvement par la pensée et le cœur aux journées extraordinaires du voyage apostolique que j’ai accompli au Liban. Un voyage que j’ai fortement désiré, en dépit des circonstances difficiles, considérant qu’un père doit toujours être aux côtés de ses fils lorsqu’ils rencontrent de graves problèmes. J’ai été animé par le vif désir d’annoncer la paix que le Seigneur ressuscité a laissée à ses disciples à travers les paroles : « Je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). Mon voyage avait pour but principal la signature et la remise de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente aux représentants des communautés catholiques du Moyen-Orient, ainsi qu’aux autres Eglises et communautés ecclésiales et aux chefs musulmans.
Ce fut un événement ecclésial émouvant et, dans le même temps, une occasion providentielle de dialogue vécue dans un pays complexe mais emblématique pour toute la région, en raison de sa tradition de coexistence et de collaboration active entre les diverses composantes religieuses et sociales. Face aux souffrances et aux drames qui persistent dans cette région du Moyen-Orient, j’ai exprimé ma proximité sincère aux aspirations légitimes de ces chères populations, en leur apportant un message d’encouragement et de paix. Je pense en particulier au terrible conflit qui bouleverse la Syrie, provoquant des milliers de morts mais aussi un flux de réfugiés qui se déversent dans la région à la recherche désespérée de sécurité et d’avenir; et je n’oublie pas la situation difficile de l’Irak. Au cours de ma visite, les habitants du Liban et du Moyen-Orient — catholiques, représentants des autres Églises et communautés ecclésiales et des diverses communautés musulmanes — ont vécu avec enthousiasme et dans un climat détendu et constructif, une expérience importante de respect réciproque, de compréhension et de fraternité, qui constitue un signe puissant d’espérance pour toute l’humanité. Mais c’est surtout la rencontre avec les fidèles catholiques du Liban et du Moyen-Orient, présents par milliers, qui a suscité dans mon âme un sentiment de profonde gratitude en raison de l’ardeur de leur foi et de leur témoignage.
Je remercie le Seigneur pour ce don précieux, qui donne espoir pour l’avenir de l’Église sur ces territoires: jeunes, adultes et familles animées par le ferme désir d’enraciner leur vie dans le Christ, de demeurer ancrés à l’Évangile, de marcher ensemble dans l’Église. Je renouvelle ma reconnaissance également à ceux qui ont travaillé inlassablement pour cette visite : les patriarches et les évêques du Liban avec leurs collaborateurs, le secrétariat général du synode des évêques, les personnes consacrées, les fidèles laïcs, qui sont une réalité précieuse et significative dans la société libanaise. J’ai pu constater directement que les communautés catholiques libanaises, à travers leur présence bimillénaire et leur engagement riche d’espérance, offrent une contribution significative et appréciée à la vie quotidienne de tous les habitants du pays. J’adresse une pensée reconnaissante et respectueuse aux autorités libanaises, aux institutions et associations, aux volontaires et à tous ceux qui ont offert le soutien de la prière. Je ne peux oublier l’accueil cordial que j’ai reçu de la part du président de la République, M. Michel Sleimane, ainsi que des diverses composantes du pays et des personnes: ce fut un accueil généreux, fidèle à la célèbre hospitalité libanaise. Les musulmans m’ont accueilli avec un grand respect et une considération sincère: leur présence constante et active m’a permis de lancer un message de dialogue et de collaboration entre le christianisme et l’islam : il me semble que le moment est venu d’apporter ensemble un témoignage sincère et résolu contre les divisions, contre la violence, contre les guerres. Les catholiques, venus également des pays voisins, ont manifesté avec ferveur leur affection profonde au Successeur de Pierre.
Après la belle cérémonie à mon arrivée à l’aéroport de Beyrouth, le premier rendez-vous était particulièrement solennel : la signature de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, dans la basilique grecque-melkite Saint-Paul à Harissa. En cette circonstance, j’ai invité les catholiques du Moyen-Orient à fixer leur regard sur le Christ crucifié pour trouver la force, même dans des contextes difficiles et douloureux, de célébrer la victoire de l’amour sur la haine, du pardon sur la vengeance et de l’unité sur la division. J’ai assuré à tous que l’Eglise universelle est plus que jamais proche, par l’affection et par la prière, des Eglises du Moyen-Orient: celles-ci, tout en étant un « petit troupeau », ne doivent pas avoir peur, dans la certitude que le Seigneur est toujours avec elles. Le Pape ne les oublie pas.
Le deuxième jour de mon voyage apostolique, j’ai rencontré les représentants des institutions de la République et du monde de la culture, le corps diplomatique et les chefs religieux. Je leur ai, entre autres, indiqué un chemin à parcourir pour favoriser un avenir de paix et de solidarité: il s’agit d’œuvrer afin que les différences culturelles, sociales et religieuses parviennent, dans le dialogue sincère, à une nouvelle fraternité, où ce qui unit est le sens partagé de la grandeur et de la dignité de toute personne, dont la vie doit toujours être défendue et protégée. Le même jour, j’ai rencontré les chefs des communautés religieuses musulmanes, une rencontre qui s’est déroulée dans un esprit de dialogue et de bienveillance réciproque. Je rends grâce à Dieu pour cette rencontre. Le monde d’aujourd’hui a besoin de signes clairs et forts de dialogue et de collaboration, et de ce point de vue, le Liban a été et doit continuer d’être un exemple pour les pays arabes et pour le reste du monde.
Dans l’après-midi, à la résidence du patriarcat maronite, j’ai été accueilli par l’enthousiasme irréfrénable de milliers de jeunes libanais et des pays voisins, qui ont animé un moment de fête et de prière, qui restera inoubliable dans le cœur de nombreuses personnes. J’ai souligné leur chance de vivre dans cette région du monde qui a vu Jésus, mort et ressuscité pour notre salut, et le développement du christianisme, en les exhortant à la fidélité et à l’amour pour leur terre, malgré les difficultés causées par le manque de stabilité et de sécurité. En outre, je les ai encouragés à être fermes dans la foi, confiants dans le Christ, source de notre joie et à approfondir leur rapport personnel avec Lui dans la prière, comme aussi à être ouverts aux grands idéaux de la vie, de la famille, de l’amitié et de la solidarité. En voyant les jeunes chrétiens et musulmans faire la fête dans une grande harmonie, je les ai encouragés à construire ensemble l’avenir du Liban et du Moyen-Orient et à s’opposer ensemble à la violence et à la guerre. La concorde et la réconciliation doivent être plus forts que les élans de mort.
Dans la matinée de dimanche, il y a eu le moment très intense, qui a connu une grande participation, de la Messe au City Center Waterfront de Beyrouth, accompagné par des chants suggestifs, qui ont caractérisé également les autres célébrations. En présence de nombreux évêques et d’une grande foule de fidèles, provenant de toutes les parties du Moyen-Orient, j’ai voulu exhorter chacun à vivre la foi et à en témoigner sans peur, dans la conscience que la vocation du chrétien et de l’Église est celle d’apporter l’Évangile à tous sans distinction, à l’exemple de Jésus. Dans un contexte marqué par d’âpres conflits, j’ai rappelé l’attention sur la nécessité de servir la paix et la justice, en devenant des instruments de réconciliation et des constructeurs de communion. Au terme de la concélébration eucharistique, j’ai eu la joie de remettre l’exhortation apostolique qui rassemble les conclusions de l’assemblée spéciale du synode des évêques consacrée au Moyen-Orient. À travers les patriarches et les évêques orientaux et latins, les prêtres, les personnes consacrées et les laïcs, ce document veut atteindre tous les fidèles de cette chère région, pour les soutenir dans la foi et dans la communion et les encourager sur la voie de la nouvelle évangélisation tant souhaitée. Dans l’après-midi, au siège du patriarcat syro-catholique, j’ai eu ensuite la joie de vivre une rencontre œcuménique fraternelle avec les patriarches orthodoxes et les orthodoxes orientaux et avec les représentants de ces Églises, ainsi que des communautés ecclésiales.
Chers amis, les jours passés au Liban ont été une merveilleuse manifestation de foi et d’intense religiosité et un signe prophétique de paix. La multitude des croyants, provenant de tout le Moyen-Orient, a eu l’opportunité de réfléchir, de dialoguer et surtout de prier ensemble, en renouvelant l’engagement d’enraciner sa propre vie en Christ. Je suis certain que le peuple libanais, dans sa composition religieuse et sociale multiforme mais bien amalgamée, saura témoigner avec un élan renouvelé de la paix véritable, qui naît de la confiance en Dieu. Je souhaite que les divers messages de paix et d’estime que j’ai voulu donner, puissent aider les gouvernants de la région à accomplir des pas décisifs vers la paix et vers une meilleure compréhension des relations entre chrétiens et musulmans. Pour ma part, je continue à accompagner ces populations bien-aimées par la prière, afin qu’elles demeurent fidèles aux engagements pris. Je confie à l’intercession maternelle de Marie, vénérée dans de nombreux et antiques sanctuaires libanais, les fruits de cette visite pastorale, ainsi que les intentions de bien et les justes aspirations du Moyen-Orient tout entier. Merci.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier l’Association catholique internationale de services pour la jeunesse féminine ! Je vous invite, tous, à vous unir à moi pour confier à la Vierge Marie les fruits de ma Visite pastorale au Liban et les justes aspirations de tous les habitants du Moyen-Orient. Merci pour vos prières et bon pèlerinage à tous !

Mother of God icon « The Unexpected Joy ». No details known to me

19 septembre, 2012

Mother of God icon

http://www.ocf.org/OrthodoxPage/icons/misc_in.html

Mère de Dieu et notre Mère – VI – Jean Galot

19 septembre, 2012

http://www.moscati.it/Francais2/Fr_Galot_Maria6.html

La Vierge Marie,

Mère de Dieu et notre Mère – VI

Notre Mère

Jean Galot s.j. – [Traduction par Françoise Matera]

Maternité spirituelle universelle
Le plus haut titre attribué à Marie est celui de « Mère de Dieu » : être mère du Fils de Dieu qui est Dieu est une dignité incomparable, qui suscite toujours notre admiration et nous fait comprendre l’audace de notre foi.
Il y a aussi une autre merveille dans la personne de Marie. Elle qui est Mère de Dieu Dieu est devenue notre mère spirituelle, mère de chacun d’entre nous dans l’ordre de la grâce. C’est la maternité qui a été établie et déclarée par le Christ peu avant sa mort sur la croix. L’évangéliste Jean nous a rapporté la parole qui a attribué à Marie cette maternité, plus précisément en relation avec son disciple bien-aimé: »Femme, voici ton fils « (Jean 19,26). Il dit au disciple: »Voici ta mère ». Il y a un effet immédiat: « A partir de ce moment-là, le disciple la prit chez lui »(19,27)
le disciple est confié à la maternité spirituelle de Marie ,Marie qui reçoit la mission de prendre soin de lui comme d’un fils.
En outre, le problème des moyens de subsistance de Marie et de son logement avait déjà été solutionné quand Jésus avait laissé Nazareth pour suivre sa mission publique et son activité de prédication : il avait dû s’occuper des conditions de vie de sa mère. La présence de la belle-sœur de Marie, la femme de Cléophée, auprès de la croix de Jésus, semble aussi indiquer que Marie, si elle en avait eu besoin, aurait trouvé de l’aide dans la famille.
En réalité, au moment où Jésus souffre sur la croix pour le salut de l’humanité, ce ne sont pas les soucis familiaux qui mobilisent le fond de sa pensée et ses forces. Il a renoncé à sa famille pour se consacrer à l’édification du règne de Dieu; il veut assurer le développement de ce règne. Il est conscient que ses disciples sont exposés à de nombreux dangers ; pour les détourner de leurs faiblesses, il les confie à la sollicitude d’une mère, la meilleure de toutes les mères. Celle qui a été choisie comme la coopératrice par excellence de l’œuvre de salut, pourra aider les disciples à rester fidèles et à accomplir leur mission.
Le choix du disciple bien-aimé pour l’institution de ce rapport filial avec Marie a une valeur symbolique. Il signifie que chaque disciple, en étant aimé spécifiquement par le Christ, reçoit Marie comme mère. Le don de Marie comme mère des disciples est le dernier don qu’a fait Jésus avant sa mort. Dans son sacrifice, le Sauveur avait tout donné pour le salut de tous les hommes. Il lui restait sa mère, près de lui, comme un trésor suprême. Et ce trésor, il le donne aussi à l’humanité.
Marie est le cadeau le plus précieux qui puisse être donné à l’humanité. Après les paroles adressées à Marie et au disciple bien-aimé, l’évangéliste souligne que le don de la croix est complet : Jésus savait « que désormais tout était achevé »(19,28). Toute la mission confiée par le Père au Fils avait été accomplie et l’amour qui voulait se révéler dans le drame de la rédemption s’était pleinement manifesté dans le don Marie comme mère.

Maternité singulière et universelle
Le don de Marie de la part de Jésus est complet : il ne reconnaît pas seulement sa mère pour ses qualités maternelles. Il l’appelle « femme » et l’institue mère avec une nouvelle maternité , qui prendra une grande importance dans le futur pour la vie de l’Eglise. Cette nouvelle maternité, dans sa formulation, avait une portée singulière parce qu’elle concernait un seul disciple. Mais à travers ce disciple, elle devait entraîner une relation avec chaque disciple et prendre ainsi une valeur universelle.
Dans sa première destination, la nouvelle maternité assumait une forme singulière, en vertu d’une intention particulière de Jésus. D’une part, le Sauveur crucifié s’immolait pour tous les hommes et désirait communiquer à tous le bénéfice du salut; c’est la raison pour laquelle il voulait étendre à toute l’humanité le don de sa mère. Mais d’autre part, il voulait que ce don parvienne à chaque disciple dans sa singularité. S’il avait proclamé d’une manière générale cette maternité, beaucoup auraient pu sous-estimer la valeur d’une affection maternelle offerte à tous. La forme trop globale de la maternité aurait nui à la qualité du don.
Jésus voulait pour chaque disciple une mère qui aurait été présente spirituellement dans la vie de chacun comme s’il avait été son seul fils, une mère qui se serait intéressée à toutes les particularités de son existence et aurait été prête à répondre à ses besoins et à ses désirs. Il avait apprécié, pendant son enfance et sa jeunesse à Nazareth, la présence de sa mère qui avait montré tant de bonté, de compréhension et de sollicitude. Il désirait pour tous les croyants une présence maternelle qui soit une aide pour la croissance dans la foi et dans l’amour.
C’est dans ce sens que la maternité de Marie conserve toujours sa valeur singulière. Mais elle prend une valeur universelle parce qu’elle s’étend à tous les chrétiens et aussi à tous les hommes: : tous sont appelés à partager la progéniture divine du Christ et à devenir les fils de Marie. Dans cette perspective générale, Marie est vénérée comme mère de l’Eglise et mère de toute l’humanité.
Mère de l’Eglise, Marie n’a pas seulement reçu une mission maternelle en faveur de chaque chrétien. Elle a été dotée d’une responsabilité maternelle dans le développement de toutes les manifestations de la grâce et dans la multiplication de tous les dons et charismes qui contribuent à la vitalité de l’Eglise. Comme une mère très désireuse de favoriser la bonne entente entre ses enfants, elle exerce une action constante pour faire triompher l’unité de l’Eglise sur toutes les tentatives de division entre chrétiens.
Parmi les tâches de l’activité maternelle de Marie, on trouve ses efforts pour faire progresser l’oecuménisme. Le rapprochement réciproque des diverses confessions chrétiennes doit surmonter beaucoup d’obstacles : invisiblement, Marie est toujours présente pour faciliter les bons rapports et les accords, même quand des différends naissent à propos de la doctrine mariale ou du culte marial. Avec une délicatesse maternelle, Marie assure la prédominance de l’harmonie et stimule tous les efforts de réconciliation.
Marie ne peut pas oublier qu’elle a été proclamée mère des disciples à un moment où la haine se déchaînait pour vaincre le Christ. C’était la haine qui s’exprimait dans les nombreuses insultes qui voulaient frapper celui qui répondait uniquement par un silence rempli de pardon. L’instauration de la nouvelle maternité de Marie faisait partie de la réponse. Marie est consciente que sa maternité est destinée à favoriser le pardon mutuel et tout ce qui, dans les relations entre les hommes contribue à développer l’amour mutuel.
Celle qui n’a jamais permis à son cœur la moindre déviation vers l’égoïsme, l’orgueil ou la vengeance, engage toute son affection maternelle pour aider ses fils à vivre dans un climat d’amour authentique.

Maternité en mission
Le Christ a confié la nouvelle maternité à Marie telle une mission. Maternité singulière, elle était destinée à renforcer l’influence de la nouvelle vie du Sauveur. Maternité universelle, elle était destinée à s’ étendre universellement à toute la communauté chrétienne.
Pour cette mission, Marie a reçu une grâce spéciale le jour de la Pentecôte. Nous savons qu’avant la Pentecôte, elle s’était unie à la prière de la première communauté.
Dans les actes des apôtres, il est dit qu’après l’Ascension, tous les apôtres, avec quelques femmes, persévéraient dans la prière en formant un seul coeur et une seule âme. Parmi ces femmes, une seule est citée : Marie (Actes 1,14). La mère de Jésus apparaît comme un modèle de prière assidue.
Plus précisément, la mère de Jésus s’unissait à la prière de la communauté en vue de la venue prochaine de l’Esprit Saint, annoncée par Jésus à ses disciples. Nous pourrions être étonnés que Marie ait besoin de se préparer par la prière à la venue de l’Esprit Saint. En effet, l’Esprit était déjà venue sur elle pour accomplir la merveille suprême de l’œuvre du salut, la conception miraculeuse de l’enfant Jésus. Il semblait que Marie ne pouvait plus recevoir d’autre don de l’Esprit.
Mais elle savait qu’elle avait besoin d’un nouveau don de l’Esprit Saint pour assumer la maternité spirituelle qui lui avait été attribuée. Pour devenir mère du Christ, elle avait reçu un don exceptionnel du Saint Esprit; maintenant, pour accomplir la mission de mère des disciples de Jésus, elle attendait un autre don, tout aussi exceptionnel. Elle priait donc pour obtenir ce don ; elle priait en même temps pour la venue de l’Esprit Saint dans toute l’Eglise, pour obtenir en surabondance une multitude de dons spirituels.
L’événement de la Pentecôtea répondu pleinement à la prière de Marie et aux supplications d’une communauté profondément unie. Comme les autres qui étaient présents, Marie fut remplie du souffle violent de l’Esprit et reçut une langue de feu pour répandre les merveilles de Dieu, ces merveilles dont elle était le témoin privilégié. Ceux qui pouvaient entendre le témoignage de Marie, pouvaient aussi comprendre, chacun dans sa langue, les paroles qui sortaient de sa bouche: Marie et les Apôtres accomplissaient les mêmes merveilles sous l’onction de l’Esprit Saint.
Après la Pentecôte, l’Esprit continua d’animer les Apôtres. Il animait plus particulièrement Marie qui avait été sa coopératrice par excellenceexcellence au moment de l’Annonciation. Il communiquait en abondance à Marie tous les dons spirituels spirituels utiles à l’exécution de sa mission. Il faisait porter beaucoup de fruits à sa maternité, donnant une portée supérieure à ses paroles, à ses actions, à son témoignage.

« Aimez-la comme je l’ai aimée »
Jésus ne se limitait pas à s’adresser à sa mère pour l’instituer mère de son disciple bien-aimé. Il s’adresse aussi au disciple en lui disant : « Voici ta mère », pour lui faire comprendre que ceux qui reçoivent une nouvelle mère doivent avoir un comportement filial. Ce comportement est tout simplement la conséquence de la proclamation de la maternité de Marie. La proclamation aurait pu suffire mais Jésus a voulu attirer l’attention expressément sur la réponse filiale qui sera la caractéristique du culte marial.
Ses paroles adressées à Jean ont eu un effet immédiat, un effet qui, en quelque sorte, nous surprend, mais qui montre que l’invitation à considérer Marie comme mère devait être faite: »A partir de là le disciple la prit chez lui »(Jean 19,27). Par ce comportement, le disciple montrait ses qualités intuitives que d’autres épisodes de l’évangile ont mis en lumière. Il a compris le désir ardent de Jésus ; au cours de la vie publique, il avait pris l’habitude de discerner à travers les liens d’amitié qui l’unissaient au Maître, les signes de ses aspirations et de sa volonté. Ainsi, il comprend l’intention de Jésus qui souhaite que sa mère, qu’il a donnée à l’humanité, soit accueillie de bon coeur et avec affection.
« Sainte Vierge du Sacré Coeur ». La vénération due à Marie répond à la volonté exprimée par Jésus lui-même, qu’il a donnée à chacun de nous au moment de sa Passion.
Dans cet accueil, nous pouvons découvrir la première manifestation du culte rendu à Marie. Depuis le début, déjà avant la naissance de l’Eglise, qui a eu lieu à laPentecôte, ce culte a été promu par Jésus lui-même. Le Maître aurait pu laisser à l’affection spontanée des cœurs chrétiens les premiers mouvements de développement du culte marial. Mais il voulait donner à ce culte une valeur supérieure, avec la garantie de son autorité divine, qui excluait tout doute ou hésitation.
En outre, en prononçant les paroles: « Voici ta mère » dans les souffrances de la croix, il donnait à ces paroles la force de la dernière volonté d’un mourant et la valeur d’une invitation qui devait être reçue comme particulièrement sacrée.
La vénération que l’on doit à Marie a donc répondu à une volonté du Christ, au point que cette vénération est toujours liée au culte rendu au Sauveur. Si Jésus n’avait pas exprimé clairement cette volonté, quelque doute aurait pu être émis sur l’importance du culte marial, au motif que Marie était absente pendant la vie publique, vu qu’elle vivait à Nazareth par volonté de son fils. Mais à l’heure de la croix, Marie était présente, intimement unie à son Fils et ce dernier soulignait la valeur de la proximité de sa mère en l’instituant mère des disciples, mère de l’Eglise.
Cette volonté du Christ était tout d’abord adressée à Marie , comme le montrent ces paroles : « Femme, voici ton Fils ». Jésus n’hésitait pas à demander à Marie d’accomplir son sacrifice maternel : la mère devait accepter de perdre son propre fils pour recevoir un autre fils. En l’appelant « femme », il la faisait renoncer au lien de la tendre affection qui l’unissait à lui pour s’ouvrir à une autre maternité.
Le mot « femme » pouvait sembler froid dans les relations d’un fils avec sa mère. Mais c’était le mot utilisé par Jésus dans les noces de Cana, quand il accepta le désir de miracle qui animait l’intervention de Marie. Il voulait attirer l’attention sur la distance qui, depuis le moment de son départ de Nazareth pour la vie publique, le séparait de sa mère. En tant que femme engagée dans l’œuvre de salut, Marie pouvait obtenir le miracle.
le Maître crucifié invite chaque disciple à accueillir Marie dans sa vie avec un cœur filial, pas comme s’ il s’agissait de sa propre mère, mais parce qu’elle est réellement sa mère, élevée à cette maternité spirituelle par le Sauveur lui-même.
Dans la dernière cène, Jésus avait laissé aux apôtres son commandement par excellence: »Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres »(Jean 13,34-35; cf. 15,12). ). Un précepte analogue ressort des paroles : « Voici ta mère ! » «  »Aimez votre mère comme je l’ai aimée, parce qu’elle est la mère de chacun d’entre vous ».
Aimer Marie comme le Christ signifie avant tout découvrir le vrai visage de Marie, comme il a été contemplé par celui qui, du regard, pénétrait le fond des âmes. Nombreux sont ceux qui sont tentés de se limiter à une connaissance superficielle de Marie. Il est vrai que les évangiles nous ont rapporté sur Marie des épisodes qui ont une signification profonde et méritent une réflexion très attentive. Mais souvent notre lecture du texte évangélique est trop rapide et nous retenons seulement ce qui semble évident, sans que nous ayons le temps de relire le texte pour en cueillir la richesse de la pensée cachée par l’Esprit Saint à travers les informations des évangélistes.
En effet, c’est l’Esprit qui doit être imploré pour nous révéler les merveilleux secrets de la vie intime de Marie et de sa coopération à l’œuvre qui a sauvé l’humanité. Il peut nous dévoiler pleinement le visage de Marie Marie comme visage maternel dans lequel s’est manifestée l’immensité de l’amour divin.
Le développement du culte marialet de la doctrine mariale montrent l’effort fourni par toute l’Eglise pour mieux connaître la mère de Jésus qui est notre mère. En la découvrant, il est possible de l’aimer avec plus de sincérité et de trouver dans sa présence et dans son visage une source de joie.
Aimer Marie a été la dernière invitation adressée par le Christ mourant pour l’humanité. . C’est une invitation à des efforts toujours nouveaux pour connaître et apprécier celle qui est la mère de Dieu et la mère de l’humanité rachetée. Les efforts n’ont pas de limite car aimer Marie comme le Christ lui-même l’a aimée, signifie s’engager dans un amour sans aucune frontière.

Pape Benoît: Les Apôtres, témoins et envoyés du Christ

19 septembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060322_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 22 mars 2006

Les Apôtres, témoins et envoyés du Christ

Chers frères et soeurs,

La Lettre aux Ephésiens nous présente l’Eglise comme une construction édifiée sur « la fondation des apôtres et des prophètes, dont la pierre angulaire est le Christ Jésus lui-même » (2, 29). Dans l’Apocalypse, le rôle des Apôtres, et plus spécifiquement des Douze, est mis en lumière dans la perspective eschatologique de la Jérusalem céleste, présentée comme une cité dont les murs reposent « sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l’Agneau » (21, 14). Les Evangiles s’accordent à dire que l’appel des Apôtres marqua les premiers pas du ministère de Jésus, après le baptême reçu du Baptiste dans les eaux du Jourdain.
Selon le récit de Marc (1, 16-20) et de Matthieu (4, 18-22), le cadre de l’appel des premiers Apôtres est le lac de Galilée. Jésus a depuis peu commencé sa prédication du Règne de Dieu, lorsque son regard se pose sur deux paires de frères: Simon et André, et Jacques et Jean. Ce sont des pêcheurs, occupés à leur travail quotidien. Ils jettent les filets, les préparent. Mais une autre pêche les attend. Jésus les appelle avec décision et ils le suivent aussitôt: désormais, ils seront « pêcheurs d’hommes » (cf. Mc 1, 17; Mt 4, 19). Luc, tout en suivant la même tradition, fait un récit plus élaboré (5, 1-11). Il montre le chemin de foi des premiers disciples, en précisant que l’invitation à se mettre à la suite de Jésus leur est faite après avoir écouté sa première prédication et fait l’expérience des premiers signes prodigieux accomplis par lui. En particulier, la pêche miraculeuse constitue le cadre immédiat et offre le symbole de la mission de pêcheurs d’hommes qui leur a été confiée. Le destin de ces « appelés » sera désormais intimement lié à celui de Jésus. L’apôtre est un envoyé, mais plus encore, un « expert » de Jésus.
C’est précisément cet aspect qui est mis en évidence par l’évangéliste Jean dès la première rencontre de Jésus avec les futurs apôtres. Ici, le cadre est différent. La rencontre se déroule sur les rives du Jourdain. La présence des futurs disciples, venus eux aussi, comme Jésus, de Galilée pour vivre l’expérience du baptême administré par Jean, apporte une lumière sur leur monde spirituel. C’étaient des hommes qui attendaient le Règne de Dieu, désireux de connaître le Messie, dont la venue était annoncée comme imminente. L’indication de Jean le Baptiste, qui montre en Jésus l’Agneau de Dieu (cf. Jn 1, 36) suffit pour que s’élève en eux le désir d’une rencontre personnelle avec le Maître. Les phrases du dialogue de Jésus avec les deux premiers futurs Apôtres sont très significatives. A la question: « Que cherchez-vous? », ils répondent par une autre question: « Rabbi (c’est-à-dire: Maître), où demeures-tu? ». La réponse de Jésus est une invitation: « Venez et vous verrez » (cf. Jn 1, 38-39). Venir pour pouvoir voir. L’aventure des Apôtres commence ainsi, comme une rencontre de personnes qui s’ouvrent l’une à l’autre. Une connaissance directe du Maître commence ainsi pour les disciples. Ils voient où il demeure et commencent à le connaître. En effet, ils ne devront pas être les annonciateurs d’une idée, mais les témoins d’une personne. Avant d’être envoyés évangéliser, ils devront « demeurer » avec Jésus (cf. Mc 3, 14), établissant avec lui une relation personnelle. Sur cette base, l’évangélisation ne sera autre qu’une annonce de ce qu’ils ont vécu et une invitation à entrer dans le mystère de la communion avec le Christ (cf. 1 Jn 13).
A qui les Apôtres seront-ils envoyés? Dans l’Evangile, Jésus semble limiter sa mission à Israël uniquement: « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël » (Mt 15, 24). De façon analogue, il semble circonscrire la mission confiée aux Douze: « Ces Douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes: « N’allez pas chez les païens et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël »" (Mt 10, 5s). Une certaine critique moderne d’inspiration rationaliste avait vu dans ces paroles le manque de conscience universaliste chez le Nazaréen. En réalité, celles-ci doivent être comprises à la lumière de sa relation spéciale avec Israël, communauté de l’Alliance, dans la continuité de l’histoire du salut. Selon l’attente messianique, les promesses divines, immédiatement adressées à Israël, devaient se réaliser lorsque Dieu lui-même, à travers son Elu, aurait réuni son peuple comme le fait un pasteur avec son troupeau: « Je vais venir sauver mes brebis pour qu’elles ne soient plus au pillage [...] Je susciterai pour le mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David: c’est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur. Moi, Yahvé, je serai pour eux un Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux » (Ez 34, 22-24). Jésus est le pasteur eschatologique, qui rassemble les brebis perdues de la maison d’Israël et va à leur recherche, car il les connaît et les aime (cf. Lc 15, 4-7 et Mt 18, 12-14; cf. également la figure du Bon Pasteur dans Jn 10, 11sq). A travers ce « rassemblement », le Règne de Dieu est annoncé à toutes les nations: « Je manifesterai ma gloire aux nations, et toutes les nations verront mon jugement quand je l’exécuterai, et ma main quand je l’abattrai sur elles » (Ez 39, 21). Et Jésus suit précisément ce fil prophétique. Le premier pas est le « rassemblement » du peuple d’Israël, afin que toutes les nations, appelées à se rassembler dans la communion avec le Seigneur, puissent voir et croire.
Ainsi, les Douze, engagés pour participer à la même mission de Jésus, coopèrent avec le Pasteur des derniers temps, allant avant tout eux aussi vers les brebis perdues de la maison d’Israël, c’est-à-dire s’adressant au peuple de la promesse, dont le rassemblement est le signe de salut pour tous les peuples, le début de l’universalisation de l’Alliance. Loin de contredire l’ouverture universaliste de l’action messianique du Nazaréen, la limitation initiale à Israël de sa mission et de celle des Douze, en devient ainsi le signe prophétique le plus efficace. Après la passion et la résurrection du Christ, ce signe sera éclairé: le caractère universel de la mission des Apôtres deviendra explicite. Le Christ enverra les Apôtres « dans le monde entier » (Mc 16, 15), à « toutes les nations » (Mt 28, 19; Lc 24, 47), « et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).
Et cette mission continue. Le mandat du Seigneur de réunir les peuples dans l’unité de son amour continue encore. Telle est notre espérance et tel est également notre mandat: contribuer à cette universalité, à cette véritable unité dans la richesse des cultures, en communion avec notre véritable Seigneur Jésus Christ.

La sagesse et l’espérance de Job, Job en détresse

18 septembre, 2012

 La sagesse et l'espérance de Job, Job en détresse dans images sacrée 17%20GOLDTZIUS%20JOB%20IN%20DISTRESS

http://www.artbible.net/1T/Job_d_wisdom_hope/pages/17%20GOLDTZIUS%20JOB%20IN%20DISTRESS.htm

Lorsque la peur s’empare des artistes – Pére Manns

18 septembre, 2012

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Lorsque la peur s’empare des artistes

SBF Dialogue

L’autocensure artistique est à la une des journaux. Les artistes redoutent les réactions du monde musulman, alors qu’auparavant ils ne se souciaient guère du monde chrétien et peu du public juif. En Allemagne l’autocensure d’Idoménée a ému récemment le monde du spectacle. Au nom de la sécurité du public la direction de l’Opéra allemand a décidé, fin septembre, de supprimer de son programme l’opéra de Mozart. En effet dans la scène finale Idoménée, le roi de Crète, brandit les têtes de Poséidon, Jésus, Bouddha et Mahomet. Pourtant aucune intimidation n’avait été adressée à l’Opéra. La police régionale avait seulement mis en garde l’Opéra contre d’éventuelles réactions de musulmans qui pourraient se sentir offusqués.
Les blocages mentaux dans le domaine de la liberté d’expression se multiplient. Le débat est sensible en Allemagne après la conférence de Benoit XVI à Regensbourg, comme il l’avait été au Danemark l’an passé. En février, lors du carnaval de Düsseldorf, les organisateurs ont demandé aux participants de ne pas exhiber de satires de l’islam. En 2004 un char du défilé représentait un ayatollah coincé dans un hamburger géant baptisé « Burger Mollah de chez MacBush ». La sécurité avant toutes choses, s’est justifié le président du comité. Ne réveillons pas les chiens qui dorment.
L’Espagne de Zapatero, qui n’est pas tendre pour l’Eglise catholique, a elle aussi été touchée par cette vague d’autocensure. Le folklore de nombreuses communes commémorait chaque année la reconquête du pays par des évocations de batailles opposant « maures » et « chrétiens ». Près de Valence, les festivités se concluent par la destruction d’une figure géante de Mahomet. Beaucoup d’autres municipalités avaient arrêté ces pratiques, à la demande de l’Eglise, après Vatican II. Sans respect des autres, il n’y a pas de dialogue.
En Italie, où dans certaines écoles catholiques on avait enlevé le crucifix pour ne pas blesser la sensibilité des jeunes musulmans, les menaces de Smith se sont répétées contre la peinture de l’Eglise S. Petronio de Bologne qui met Mahomet en enfer. Le pape qui a demandé pardon aux juifs devrait faire la même demande de pardon aux musulmans.
En Angleterre la galerie Whitechapel, dans l’exposition consacrée à l’artiste Hans Bellmer, a écarté dix dessins érotiques, étant donné que dans le quartier habitent des musulmans. La liste de ces autocensures sera certainement allongée prochainement. Personne n’en doute.
On est malgré tout autorisé à se poser quelques questions. La société dite démocratique et laïque aurait-elle peur de certains sujets et ne respecterait-elle que les musulmans? Il est vrai que le monde artistique a une sensibilité à fleur de peau et sait d’où vient la violence et le terrorisme. Il vaut mieux prévenir que guérir. L’auto-critique est certainement une valeur à sauver dans la formation des jeunes générations, mais est-elle absolue? N’a-t-elle pas aussi ses limites? En France on a communiqué à grands frais sur le Da Vinci Code sans qu’il ait été précisé une seule fois qu’il s’agissait d’une œuvre de fiction aux antipodes de la réalité historique et biblique. Pourquoi le monde artistique utilise-t-il deux poids et deux mesures? Ce n’est pas ainsi qu’il contribuera à rétablir un dialogue authentique. L’art serait-il donc un reflet de la société? Ne faudrait-il pas revenir aux livres de jadis intitulés: Du bon usage des critiques? Peut-on évoquer les divergences de vues entre le monde islamique et l’Occident sans tomber dans le piège de l’idéologie? Les questions sont nombreuses. Leur réponse se trouve, en partie, dans l’Histoire. En quelques années, les attentats islamistes, les revendications communautaires et la poussée intégriste ont suscité une crainte légitime envers une religion éloignée de la culture chrétienne. Le retour à l’histoire qui est maîtresse de vie s’impose si on veut contribuer au réveil de la sagesse.
Frédéric Manns

Le roi Salomon et la découverte de la vraie croix : par Sandro Magister

18 septembre, 2012

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350326?fr=y

Le roi Salomon et la découverte de la vraie croix

Au Liban, Benoît XVI a demandé pour tous le bénéfice de cette grammaire commune qu’est le droit naturel. Et il a indiqué aux chrétiens la croix comme signe de la victoire. Suivant l’exemple de Constantin, l’empereur qui assura la liberté de religion

par Sandro Magister

ROME, le 16 septembre 2012 – À peine son avion avait-il atterri à l’aéroport de Beyrouth que Benoît XVI a demandé aux citoyens du Liban de faire preuve de la sagesse du roi Salomon. Afin de conserver cet « équilibre » essentiel entre les chrétiens et leurs frères appartenant à d’autres religions qui peut servir de « modèle pour les habitants de toute la région et pour le monde entier ».
Dans un pays qui porte les marques d’une guerre civile et qui a été plusieurs fois envahi par des armées étrangères, le pari était audacieux. Mais le pape Joseph Ratzinger n’a pas hésité à le faire, au cours des trois jours de sa visite.
Dans le discours qu’il a adressé, au palais présidentiel de Baadba, le samedi 15 septembre, aux représentants de la république libanaise, aux membres du gouvernement, aux dirigeants religieux et aux représentants du monde de la culture, il a demandé à tous de se retrouver unis autour de ces « valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’enracinées dans la nature de l’être humain ».
Parmi ces valeurs, il a mis au premier plan la liberté religieuse.
À partir d’une référence inattendue à Constantin, qui concéda, en 313 après J.-C., la liberté aux chrétiens dans l’empire, Benoît XVI a demandé à ce que, non seulement au Liban – seul pays de la région dans lequel la conversion des musulmans au christianisme soit socialement tolérée – mais dans tout le Moyen-Orient, on ait pleine liberté de pratiquer publiquement toute foi religieuse, « sans mettre sa vie en danger ».
En plus de cela, parmi les « bases » de cette « grammaire qu’est la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme », le pape a particulièrement mis en valeur « le caractère sacré de la vie donnée par le Créateur ».
La défense de la vie, a-t-il dit, est la voie qui conduit à la véritable paix :
« Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix ! Là est l’engagement qui nous est demandé ! Là est l’orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l’échelle planétaire ! ».*
Mais, ayant dit cela à tous les citoyens du Liban sans distinction, Benoît XVI s’est aussi adressé directement aux chrétiens.
Il leur a simplement demandé de « se mettre à la suite de Jésus ». Et voici ce qu’il a expliqué, dans son homélie de la messe du dimanche 16 septembre :
« Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus-Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Deux jours plus tôt, le soir du vendredi 14 septembre, Benoît XVI avait également placé la croix de Jésus-Christ au centre du discours par lequel il a promulgué l’exhortation apostolique qui est le couronnement du synode pour le Moyen-Orient :
« Il est providentiel que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix Glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la dédicace de la basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre-Seigneur par l’empereur Constantin le Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois on célébrera le 1700e anniversaire de l’apparition qui lui fit voir, dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait : Par ce signe, tu vaincras ! » [...]
« L’exhortation apostolique ‘Ecclesia in Medio Oriente’ permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la ‘sequela Christi’, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. [...] Tel est le langage de la Croix glorieuse ! Telle est la folie de la Croix : celle de savoir convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu et de miséricorde envers le prochain ; celle de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or (cf. 2 Co 4, 7-18). Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (cf. Ac 2, 41-47) ; des actes similaires à ceux de l’empereur Constantin qui a su témoigner et sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi dans le Christ crucifié, mort et ressuscité pour le salut de tous ».
En s’exprimant ainsi, Benoît XVI a déçu, une fois de plus, ceux qui attendent de lui des gestes politiques spectaculaires ou des solutions de stratégie internationale.
Mais justement, en agissant de cette façon, il a été à l’essentiel de ce que demande sa mission.
À tous, il a rappelé la grammaire du droit naturel. Aux chrétiens, il a rappelé le signe de la croix.
__________

Le programme et le texte intégral, en plusieurs langues, des discours prononcés par Benoît XVI au Liban, y compris l’exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Medio Oriente » :

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/travels/2012/index_libano_fr.htm

Le pape Benoît au Liban

17 septembre, 2012

Le pape Benoît au Liban dans images acc9b43f5b4be160b23e2ad3b8eb1eb0

http://www.ilsecoloxix.it/p/mondo/2012/09/15/AP8s1vRD-violenza_papa_fermare.shtml

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ (

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31858?l=french

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ

Appel à la résolution du conflit israélo-palestinien

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Le patriarche Béchara Boutros Raï appelle à la résolution du conflit israélo- palestinien, en vue d’une paix « juste » dans tout le Moyen Orient. Il estime que la visite de Benoît XVI constitue « une soupape de sécurité » dans une région en ébullition.
Le patriarche d’Antioche des Maronites, et responsable de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques, a en effet accueilli Benoît XVI au seuil de la célébration dominicale, à Beyrouth, au City Waterfront.
Pour le patriarche, « la paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties ».
Il estime que le voyage du pape constitue « une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis ».
Allocution du patriarche Béchara Boutros Raï (traduction officielle) :
Très Saint-Père,
1. Votre Sainteté est au cœur de Beyrouth. Mère nourricière des lois de l’Antiquité, Cité Perle des Arabes et Couronne de la Méditerranée orientale. Métropole de la modernité au Machreq, et ville témoin du vivre ensemble entre Musulmans et Chrétiens au monde arabe, dans l’égalité et la participation équilibrée en matière de gouvernance et d’administration, au sein d’un Etat civil qui sépare la religion de l’Etat, qui rend hommage à Dieu, qui respecte toutes les religions et reconnaît la liberté de conscience et de culte. Au nom de l’Assemblée des Patriarches et Évêques Catholiques au Liban, du Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient, et de toutes les églises au Liban, plutôt au nom de tous les Libanais, il m’est un honneur de souhaiter à Votre Sainteté la meilleure des bienvenues.
2. Votre Voyage apostolique en notre région se déroule sous le signe de la paix, une paix à laquelle aspire notre monde en général et le Moyen-Orient en particulier. La paix est la mission des Chrétiens. Ils la considèrent comme un don de Dieu qu’il importe de préserver. Et ils se sentent appelés à en faire une culture à défendre, sur la base de laquelle ils auront à éduquer leurs générations, tout comme une civilisation vécue là où ils sont présents, localement, régionalement et universellement. En pareille mission, ils se rendent compte qu’ils sont les dépositaires de l’Évangile de la paix, suivant la parole du Christ : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Matthieu 5, 9).
3. Le voyage de Votre Sainteté au Moyen-Orient, au moment même où il vit des transformations radicales menaçant sa sécurité et sa quiétude, est certes porteur d’indications d’ordre spirituel, ecclésial et humain. Il poursuit votre annonce prophétique, faite en en 2009, de la tenue d’une Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, portant sur la présence des Chrétiens, leur témoignage et leur mission, en cette région. Ce Synode nous a placés, nous les Chrétiens de cette région, en face de nous-mêmes, de l’Eglise et de Dieu. Il nous a appelés à un réexamen de vie et à un examen de conscience, au sujet de notre vocation et notre mission dans notre monde arabe et oriental. À travers sa préparation et lors de sa tenue, il nous a introduits au cœur d’un « printemps spirituel chrétien », que nous considérons voulu par la Providence divine comme anticipatoire et préparatoire du « printemps arabe » désiré. Avec votre Sainteté, nous prions pour que les événements sanglants, les manifestations en cours et les sacrifices se transforment en un enfantement qui donnerait naissance à ce « printemps ». Il ne fait aucun doute que l’Exhortation Apostolique que Vous avez signée avant- hier, et que Vous remettrez officiellement lors de cette célébration eucharistique, tracera, à nos églises, une feuille de route pour ce printemps.
4. Nous ne Vous dissimulons point, Très Saint-Père, les sentiments de crainte et de peur de l’avenir inconnu, que nous éprouvons en tant que Chrétiens en cette région. Ce sont des sentiments légitimes des individus et des communautés en temps de grands bouleversements. Toutefois, et en dépit d’eux, nous nous trouvons invités à faire don des réponses de « l’espérance qui est en nous » (1 Pierre 3, 15). D’autant plus que nous persévérons à miser sur la prise de conscience de nos frères Musulmans de l’importance de la diversité dans nos pays arabes, et de la communion inéluctable entre eux et les Chrétiens, leurs partenaires en citoyenneté, sur la base de la civilisation de l’amour, des droits de l’homme et des libertés publiques, en particulier la liberté de religion et de conscience, la pratique démocratique et le dialogue constructif.
5. La paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties.
En tant que Chrétiens, nous sommes appelés à répandre l’Evangile de la paix dans cette région et à diffuser ses valeurs, de manière à assurer la sécurité pour tous les groupes ethniques et religieux, à mettre l’accent sur leurs droits légitimes, et contribuer à faire en sorte que tous leurs fils puissent bénéficier de leurs ressources naturelles de toutes espèces.
Très Saint-Père,
6. Au nom de tous, nous Vous remercions pour Votre voyage historique que nous apprécions considérablement. Il n’est pas un déplacement de passage au Liban, Porte de l’Orient. Mais il affermit formellement une présence permanente du Siège de Pierre dans cette région du monde, qui consacrerait une présence chrétienne, vieille de deux mille ans. Votre voyage est une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis. Un peuple qui croit fermement que le Christ, le Sauveur et le Rédempteur, est le Maître de l’Histoire. En cela, Votre voyage fait écho à celui du Serviteur de Dieu le Pape Paul VI en pèlerinage à Jérusalem et en Terre Sainte dans les années soixante du siècle dernier, et également à celui du Bienheureux Pape Jean-Paul II dans les années 90, venu nous remettre Son Exhortation apostolique : « Une Espérance nouvelle pour le Liban ».
Très Saint-Père, aujourd’hui, à partir du Liban, Vous portez au Moyen-Orient, l’Espérance du Christ et l’appel de la paix. Puisse le Tout-Puissant exaucer vos saintes et nobles intentions que vous élèverez en cette célébration eucharistique. Amen.

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31856?l=french

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

Une Année de la foi pour une foi « plus consciente »

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI lance en quelque sorte l’Année de la foi au Liban, en en rappelant l’esprit de « service » mutuel dans la communauté des croyants.
Le pape a en effet présidé la messe dominicale à Beyrouth, en plein air, au « City Center Waterfront », à 10 h (9h heure de Rome) alors que la météo indiquait 28 ° C, et en présence de quelque 300 évêques catholiques et de pèlerins de la région, du président de la République et de nombreuses personnalités. Le pape a remis son « exhortation apostolique post-synodale » aux pasteurs de la région.
A son arrivée à Beyrouth, le maire avait remis au pape les clefs de la ville.
Le pape a été accueilli au début de la célébration par le patriarche d’Antioche des Maronites, Béchara Boutros Raï, O.M.M., président de l’Assemblée des patriarches catholiques du Moyen-Orient (A.P.E.C.L.).
Après la lecture de l’Evangile, le pape a prononcé son homélie en français. « En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, a dit le pape, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Le pape a donné le ton en rappelant l’attitude de service mutuel : « Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne ».
Homélie de Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
?« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! » (Ep 1, 3).
Béni soit-il en ce jour où j’ai la joie d’être ici avec vous, au Liban, pour remettre aux Évêques de la région l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente ! Je remercie cordialement Sa Béatitude Béchara Boutros Raï pour ses aimables paroles de bienvenue. Je salue les autres Patriarches et les Évêques des Églises orientales, les Évêques latins des régions avoisinantes ainsi que les Cardinaux et les Évêques venus d’autres pays. Je vous salue tous avec grande affection, chers frères et sœurs du Liban et aussi des pays de toute cette région bien-aimée du Moyen-Orient, venus célébrer, avec le successeur de Pierre, Jésus-Christ crucifié, mort et ressuscité. J’adresse aussi mon salut déférent au Président de la République et aux Autorités Libanaises, aux Responsables et aux membres des autres traditions religieuses qui ont voulu être présents ce matin.
En ce dimanche où l’Évangile nous interroge sur la véritable identité de Jésus, nous voici transportés avec les disciples, sur la route qui conduit vers les villages de la région de Césarée de Philippe. « Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » (Mc 8, 29) leur demande Jésus ? Le moment choisi pour leur poser cette question n’est pas sans signification. Jésus se trouve à un tournant déterminant de son existence. Il monte vers Jérusalem, vers le lieu où va s’accomplir, par la croix et la résurrection, l’événement central de notre salut. C’est aussi à Jérusalem, qu’à l’issue de tous ces événements, l’Église va naître. Et lorsque, à ce moment décisif, Jésus demande d’abord à ses disciples « Pour les gens, qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les réponses qu’ils lui rapportent sont bien diverses : Jean-Baptiste, Élie, un prophète ! Aujourd’hui encore, comme au long des siècles, ceux qui, de multiples manières, ont trouvé Jésus sur leur route apportent leurs réponses. Ce sont des approches qui peuvent permettre de trouver le chemin de la vérité. Mais, sans être nécessairement fausses, elles restent insuffisantes, car elles n’accèdent pas au cœur de l’identité de Jésus. Seul celui qui accepte de le suivre sur son chemin, de vivre en communion avec lui dans la communauté des disciples, peut en avoir une véritable connaissance. C’est alors que Pierre qui, depuis un certain temps, a vécu avec Jésus, va donner sa réponse : « Tu es le Messie » (Mc 8, 29). Réponse juste sans aucun doute, mais pourtant insuffisante, puisque Jésus ressent le besoin de la préciser. Il entrevoit que les gens pourraient se servir de cette réponse pour des desseins qui ne sont pas les siens, pour susciter de faux espoirs temporels sur lui. Il ne se laisse pas enfermer dans les seuls attributs du libérateur humain que beaucoup attendent.
En annonçant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libérateur politique tout-puissant. Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’encontre de ce que beaucoup attendaient de lui. Son affirmation choque et dérange. Et on entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur.
Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile.
Frères et sœurs, le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son humanité, il se montre le plus faible, particulièrement lors de l’Incarnation et sur la croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, en se faisant serviteur, en se donnant à nous. N’est-ce pas un mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’Apôtre Pierre lui-même ne le comprendra que plus tard.
Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous a rappelé combien cette suite de Jésus, pour être authentique exige des actes concrets. « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jc 2, 18). C’est une exigence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément fondateur de l’identité des disciples du Christ (cf. Jn 13, 15-17). La vocation de l’Église et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction. Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion ! Chers frères et sœurs, je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C’est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve.
Le service doit encore être au cœur de la vie de la communauté chrétienne elle-même. Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne.
Chers frères et sœurs qui souffrez dans votre corps ou dans votre cœur, votre souffrance n’est pas vaine ! Le Christ Serviteur se fait proche de tous ceux qui souffrent. Il est présent auprès de vous. Puissiez-vous trouver sur votre route des frères et des sœurs qui manifestent concrètement sa présence aimante qui ne saurait vous abandonner ! Soyez remplis d’espérance à cause du Christ !
Et vous tous, frères et sœurs, qui êtes venus participer à cette célébration, cherchez à devenir toujours plus conformes au Seigneur Jésus, lui qui s’est fait le Serviteur de tous pour la vie du monde. Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix. Amen.

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