Archive pour le 29 septembre, 2012

Jésus et les apôtres

29 septembre, 2012

Jésus et les apôtres dans images sacrée jesus-nazareth-355

http://howmanyarethere.net/how-many-disciples-did-jesus-have/

Dimanche 30 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut – Premiere Lecture : – Nombres 11, 25-29

29 septembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 30 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Nombres 11, 25-29

25 Le SEIGNEUR descendit dans la nuée
pour s’entretenir avec Moïse.
Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci,
et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple.
Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser,
mais cela ne dura pas.
26 Or, deux hommes étaient restés dans le camp ;
l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad.
L’esprit reposa sur eux ;
bien que n’étant pas venus à la tente de la Rencontre,
ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis,
et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser.
27 Un jeune homme courut annoncer à Moïse :
« Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
28 Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse,
prit la parole :
« Moïse, mon maître, arrête-les ! »
29 Mais Moïse lui dit :
« Serais-tu jaloux pour moi ?
Ah ! Si le SEIGNEUR pouvait mettre son esprit sur eux,
pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »

Nous sommes au chapitre 11 du livre des Nombres ; les dix premiers chapitres ont raconté l’organisation du peuple durant sa vie dans le désert du Sinaï ; ce chapitre 11 raconte deux choses : d’abord une crise énorme qui a secoué le peuple et puis la vague de découragement qui a bien failli submerger Moïse. La crise vient des difficultés de la vie au désert : on ne meurt pas de faim, puisque la manne tombe du ciel chaque matin ; mais on a vite fait d’oublier que cette manne est un cadeau du ciel, justement, et on trouve qu’elle manque d’originalité à la longue : « Nous nous rappelons le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les pastèques, les poireaux, les oignons, l’ail. Tandis que, maintenant, notre vie s’étiole ; plus rien de tout cela ! Nous ne voyons plus que la manne. » (Nb 11, 5-6).
C’est de là que vient le découragement de Moïse ; en entendant le peuple faire la fine bouche, il est tenté de tout laisser tomber. Comment pourrait-il entraîner un peuple aussi récalcitrant sur la route pleine d’embûches de la Terre Promise ? Il a bien l’impression d’être le seul à y croire. « Moïse entendit le peuple qui pleurait, groupé par clans, chacun à l’entrée de sa tente. Le SEIGNEUR s’enflamma d’une vive colère et Moïse prit mal la chose… Pourquoi m’imposes-tu le fardeau de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Moi qui l’ai mis au monde ?… Tu veux que je porte ce peuple sur mon coeur, comme une nourrice porte un petit enfant ?… Où trouverais-je de la viande pour donner à tout ce peuple ? … Je ne peux plus, à moi seul, porter tout ce peuple ; il est trop lourd pour moi… Fais-moi plutôt mourir… Que je n’aie plus à subir mon triste sort. » (Nb 11, 10-15).
La réponse du Seigneur est double : premièrement, il dit à Moïse, si la tâche est trop lourde, il ne faut pas rester tout seul ; et il lui propose de lui donner des collaborateurs, c’est notre texte d’aujourd’hui ; deuxièmement, il lui promet de la viande pour tout le peuple. Mais Moïse était vraiment découragé, au point de douter que Dieu soit capable de nourrir autant de monde ! Ce à quoi Dieu répond « Crois-tu que j’aie le bras trop court ? Tu vas voir maintenant si ma parole se réalise ou non pour toi. » (Nb 11, 23). Le passage que nous lisons aujourd’hui est donc le moment où Dieu donne des collaborateurs à Moïse. Cela se passe en deux temps : c’est Moïse qui doit les choisir, puis Dieu leur donne son esprit pour les envoyer en mission. Dieu avait dit : « Rassemble-moi soixante-dix des anciens d’Israël, tu les amèneras à la tente de la rencontre, je prélèverai un peu de l’esprit qui est sur toi pour le mettre en eux… ». Ceux qu’on appelle les « anciens » du peuple, ce sont des hommes, des chefs de famille, parmi les plus âgés. Moïse fait donc une liste de soixante-dix anciens, et les convoque à la Tente de la Rencontre, c’est-à-dire la Tente qui abritait l’Arche d’Alliance. Désormais il sera donc entouré d’une sorte de sénat.
Sur les soixante-dix hommes choisis par Moïse, soixante-huit seulement répondent à l’appel et sortent du camp, pour aller à la Tente de la rencontre ; deux d’entre eux, Eldad et Medad restent dans le camp. Le texte ne dit pas si c’est par mauvaise volonté, et si cette désobéissance signifie une réticence par rapport à Moïse. Et Dieu fait comme il avait dit : il « prélève une part de l’esprit qui reposait sur Moïse, pour le donner aux soixante-dix anciens » : évidemment, cette expression nous surprend ; c’est simplement une manière imagée de dire que, désormais, les Anciens sont en mission autour de Moïse et donc que l’esprit de Dieu les accompagne. Au passage, n’oublions pas que c’est Moïse qui les a lui-même choisis ; Dieu respecte son choix, il le respecte même tellement que les deux réfractaires restés au camp reçoivent eux aussi l’esprit pour être à même de remplir leur mission.
Le nouveau comportement d’Eldad et Medad n’est pas du goût de tout le monde ; quelqu’un se précipite pour avertir Moïse : « Eldad et Medad sont en train de prophétiser dans le camp ! » Et là, on assiste à deux réactions diamétralement opposées : Josué, le fidèle serviteur de Moïse, veut défendre les prérogatives de son maître. Il trouve tout-à-fait anormal que ceux qui ont désobéi et fait preuve d’indépendance prétendent se conduire comme s’ils avaient reçu l’esprit. Il crie « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Il a un réflexe d’inquiétude : nous ne maîtrisons plus tout !
Moïse, au contraire, reste fidèle au choix qu’il avait fait : en choisissant de s’entourer de soixante-dix personnalités, il savait bien qu’il acceptait de ne plus tout maîtriser, il s’en réjouit au contraire, puisque l’esprit du Seigneur les accompagne. Sa réponse est extraordinaire : « Serais-tu jaloux pour moi ? Si seulement tout le peuple du SEIGNEUR devenait un peuple de prophètes sur qui le SEIGNEUR aurait mis son esprit ! » Quelques versets plus bas, le même livre des Nombres dira : « Moïse était un homme très humble, plus qu’aucun homme sur la terre. » (Nb 12, 3). Ici, nous en avons vraiment la preuve : puisqu’il se réjouit sincèrement de ne plus être seul à porter le poids de la charge du peuple, et de ne plus avoir le monopole de l’esprit.
Plus tard, relisant cette réponse de Moïse, on se dira qu’elle était prophétique : souhaiter que le peuple tout entier devienne prophète, c’est dire déjà le dernier mot du dessein de Dieu.1
Décidément, la Pentecôte se profilait déjà au Sinaï. ———————————————————————————————————————————-
Note
1 – Ce souhait de Moïse sera repris sous forme de prophétie par Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront… Même sur les serviteurs et sur les servantes, en ce temps-là je répandrai mon esprit » (Jl 3, 1).

Complément
A une époque où, apparemment, l’idée même de démocratie n’effleurait personne, Moïse en avait déjà formulé le souhait. Ce peuple se conduit jusqu’ici comme une bande d’enfants jamais contents ; eh bien, Moïse voudrait qu’ils acquièrent assez de sagesse et de discernement pour prendre résolument le chemin de leur libération avec les risques que cela comporte.

Homélie du 26e dimanche ordinaire B:

29 septembre, 2012

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Homélie du 26e dimanche ordinaire B

Nb 11, 25-29 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43, 45, 47-48

Pas facile ce Jean, l’un des « Douze » ! Une vraie soupe au lait ! Ce n’est certes pas sans raison que Jésus lui avait imposé, ainsi qu’à son frère Jacques, le nom de Boanergès, c’est-à-dire « fils du tonnerre » (Mc 3.17). Pas content du tout ce petit préféré de Jésus à son retour de mission. Vexé et mécontent, ne voilà-t-il pas qu’il pique une crise de jalousie ! Et pour cause ! Triés sur le volet, choisis comme disciples dûment mandatés et personnellement envoyés, ils avaient reçu « pouvoir sur les esprits impurs ». Un admirable service, mais un privilège enivrant.
Ces engagés d’élite, assurés et fiers de leur monopole, ont cependant rencontré de la concurrence. Ils étaient partis accomplir des miracles au nom de Jésus, et les voici témoins de miracles accomplis sans eux au nom de Jésus par un homme sans ordination ni mandat. Un parfait inconnu. Scandale ! Le sang des vrais apôtres n’a fait qu’un tour. « Nous avons voulu l’en empêcher, explique le fils du tonnerre, car il n’est pas de ceux qui nous suivent… « . Peut-être même, dirions-nous aujourd’hui, un non-pratiquant, un exclu, un marginal, un immigré… Si ces gens-là se mettent à libérer les premiers venus de leurs fardeaux, les aider et les guérir, où sont donc nos privilèges ? N’est-ce pas le monde à l’envers ?
Même chose au temps de Moïse, Eldad et Medad n’avaient pas non plus été choisis par Moïse, comme les 70 anciens, pour partager son pouvoir… Et voici que ces deux « laissés pour compte » se mettent à prophétiser sans consécration, ni ordre, ni autorisation de Moïse. L’Esprit de Dieu est passé au-dessus de la tête de son « délégué » pour confier son message à des « hors cadres ».
Moïse aurait pu lui aussi piquer une crise de jalousie, faire sentir et respecter son autorité. Mais c’est Josué, son très fidèle serviteur, qui fut jaloux à sa place en suppliant son maître de mettre fin à ces sortes de manifestations charismatiques, vues comme des menaces pour l’institution. Moïse, le grand Moïse tolérant et singulièrement ouvert, lui, avait perçu d’emblée la divine indépendance de l’Esprit qui « refuse de limiter son action à ceux et celles qu’il investit pourtant d’autorité ». Loin d’être vexé, jaloux, de cette apparente rivalité et de crier à l’usurpation de son pouvoir, Moïse, au contraire, discerne et reconnaît la présence de l’Esprit et s’en réjouit jusqu’à ébaucher un rêve. Pourvu que ça continue afin que le peuple des croyants devienne tout entier un vrai peuple de prophètes !
La réaction de Jésus est de la même veine. Elle confirme et amplifie le jugement de Moïse. Pas de panique, réplique-t-il à son disciple à la susceptibilité ombrageuse. « Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas aussitôt après mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous » D’ailleurs, la simple charité d’un verre d’eau ne restera pas sans récompense. Par contre, tout qui fait trébucher le moindre des croyants, tout qui empêche même un « petit » d’être fidèle à Dieu, celui-là n’échappera pas à la punition.
Jésus est plus grand que l’Eglise, son corps mystique. Et ceux et celles qui sont de fait avec lui, sont plus nombreux que ses disciples dûment reconnus et enregistrés. Où sont les citoyens du royaume nouveau ? Sinon partout où un véritable amour est à l’œuvre comme un écho de l’Evangile. Pour faire des miracles et chasser les esprits mauvais, il faut combattre le mal avec ardeur et patience, cesser d’exploiter les faibles, se laisser amputer de la main rapace d’Harpagon, de l’œil intolérant et jaloux, du pied qui écrase les pauvres et patauge dans « le plaisir et le luxe »… « pendant qu’on massacre les gens », comme l’écrit Jacques avec quelque virulence (2e lecture).
Le rassemblement eucharistique n’est pas non plus celui des bons et des purs, jaloux de leurs privilèges, de leurs pouvoirs à défendre bec et ongles contre ceux qui ne seraient pas de la même chapelle. Le rassemblement eucharistique du Christ est un appel à croître dans un amour et une justice aux frontières grandes ouvertes. Une invitation à éliminer ce qui constitue aux yeux de bien des gens la contradiction qui pourrait exister entre notre pratique religieuse et l’ensemble de notre vie sociale journalière.
En fait, personne n’a le monopole de l’amour authentique, ni de la prophétie, ni de la justice… Tout comme le Samaritain, dont Jésus, un jour, a fait l’éloge. Et qui, lui non plus, n’était pas des nôtres… Voilà bien matière à réflexion.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008