Archive pour le 17 septembre, 2012

Le pape Benoît au Liban

17 septembre, 2012

Le pape Benoît au Liban dans images acc9b43f5b4be160b23e2ad3b8eb1eb0

http://www.ilsecoloxix.it/p/mondo/2012/09/15/AP8s1vRD-violenza_papa_fermare.shtml

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ (

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31858?l=french

ALLOCUTION DU PATRIARCHE MARONITE BÉCHARA BOUTROS RAÏ

Appel à la résolution du conflit israélo-palestinien

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Le patriarche Béchara Boutros Raï appelle à la résolution du conflit israélo- palestinien, en vue d’une paix « juste » dans tout le Moyen Orient. Il estime que la visite de Benoît XVI constitue « une soupape de sécurité » dans une région en ébullition.
Le patriarche d’Antioche des Maronites, et responsable de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques, a en effet accueilli Benoît XVI au seuil de la célébration dominicale, à Beyrouth, au City Waterfront.
Pour le patriarche, « la paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties ».
Il estime que le voyage du pape constitue « une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis ».
Allocution du patriarche Béchara Boutros Raï (traduction officielle) :
Très Saint-Père,
1. Votre Sainteté est au cœur de Beyrouth. Mère nourricière des lois de l’Antiquité, Cité Perle des Arabes et Couronne de la Méditerranée orientale. Métropole de la modernité au Machreq, et ville témoin du vivre ensemble entre Musulmans et Chrétiens au monde arabe, dans l’égalité et la participation équilibrée en matière de gouvernance et d’administration, au sein d’un Etat civil qui sépare la religion de l’Etat, qui rend hommage à Dieu, qui respecte toutes les religions et reconnaît la liberté de conscience et de culte. Au nom de l’Assemblée des Patriarches et Évêques Catholiques au Liban, du Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient, et de toutes les églises au Liban, plutôt au nom de tous les Libanais, il m’est un honneur de souhaiter à Votre Sainteté la meilleure des bienvenues.
2. Votre Voyage apostolique en notre région se déroule sous le signe de la paix, une paix à laquelle aspire notre monde en général et le Moyen-Orient en particulier. La paix est la mission des Chrétiens. Ils la considèrent comme un don de Dieu qu’il importe de préserver. Et ils se sentent appelés à en faire une culture à défendre, sur la base de laquelle ils auront à éduquer leurs générations, tout comme une civilisation vécue là où ils sont présents, localement, régionalement et universellement. En pareille mission, ils se rendent compte qu’ils sont les dépositaires de l’Évangile de la paix, suivant la parole du Christ : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Matthieu 5, 9).
3. Le voyage de Votre Sainteté au Moyen-Orient, au moment même où il vit des transformations radicales menaçant sa sécurité et sa quiétude, est certes porteur d’indications d’ordre spirituel, ecclésial et humain. Il poursuit votre annonce prophétique, faite en en 2009, de la tenue d’une Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, portant sur la présence des Chrétiens, leur témoignage et leur mission, en cette région. Ce Synode nous a placés, nous les Chrétiens de cette région, en face de nous-mêmes, de l’Eglise et de Dieu. Il nous a appelés à un réexamen de vie et à un examen de conscience, au sujet de notre vocation et notre mission dans notre monde arabe et oriental. À travers sa préparation et lors de sa tenue, il nous a introduits au cœur d’un « printemps spirituel chrétien », que nous considérons voulu par la Providence divine comme anticipatoire et préparatoire du « printemps arabe » désiré. Avec votre Sainteté, nous prions pour que les événements sanglants, les manifestations en cours et les sacrifices se transforment en un enfantement qui donnerait naissance à ce « printemps ». Il ne fait aucun doute que l’Exhortation Apostolique que Vous avez signée avant- hier, et que Vous remettrez officiellement lors de cette célébration eucharistique, tracera, à nos églises, une feuille de route pour ce printemps.
4. Nous ne Vous dissimulons point, Très Saint-Père, les sentiments de crainte et de peur de l’avenir inconnu, que nous éprouvons en tant que Chrétiens en cette région. Ce sont des sentiments légitimes des individus et des communautés en temps de grands bouleversements. Toutefois, et en dépit d’eux, nous nous trouvons invités à faire don des réponses de « l’espérance qui est en nous » (1 Pierre 3, 15). D’autant plus que nous persévérons à miser sur la prise de conscience de nos frères Musulmans de l’importance de la diversité dans nos pays arabes, et de la communion inéluctable entre eux et les Chrétiens, leurs partenaires en citoyenneté, sur la base de la civilisation de l’amour, des droits de l’homme et des libertés publiques, en particulier la liberté de religion et de conscience, la pratique démocratique et le dialogue constructif.
5. La paix juste et globale au Moyen-Orient est également liée, de manière étroite, à la solution du conflit israélo – palestinien et israélo – arabe, sur la base des résolutions pertinentes de la légalité internationale et du respect des intérêts de toutes les parties.
En tant que Chrétiens, nous sommes appelés à répandre l’Evangile de la paix dans cette région et à diffuser ses valeurs, de manière à assurer la sécurité pour tous les groupes ethniques et religieux, à mettre l’accent sur leurs droits légitimes, et contribuer à faire en sorte que tous leurs fils puissent bénéficier de leurs ressources naturelles de toutes espèces.
Très Saint-Père,
6. Au nom de tous, nous Vous remercions pour Votre voyage historique que nous apprécions considérablement. Il n’est pas un déplacement de passage au Liban, Porte de l’Orient. Mais il affermit formellement une présence permanente du Siège de Pierre dans cette région du monde, qui consacrerait une présence chrétienne, vieille de deux mille ans. Votre voyage est une soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis. Un peuple qui croit fermement que le Christ, le Sauveur et le Rédempteur, est le Maître de l’Histoire. En cela, Votre voyage fait écho à celui du Serviteur de Dieu le Pape Paul VI en pèlerinage à Jérusalem et en Terre Sainte dans les années soixante du siècle dernier, et également à celui du Bienheureux Pape Jean-Paul II dans les années 90, venu nous remettre Son Exhortation apostolique : « Une Espérance nouvelle pour le Liban ».
Très Saint-Père, aujourd’hui, à partir du Liban, Vous portez au Moyen-Orient, l’Espérance du Christ et l’appel de la paix. Puisse le Tout-Puissant exaucer vos saintes et nobles intentions que vous élèverez en cette célébration eucharistique. Amen.

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

17 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31856?l=french

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À BEYROUTH, 16 SEPTEMBRE 2012

Une Année de la foi pour une foi « plus consciente »

ROME, dimanche 16 septembre 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI lance en quelque sorte l’Année de la foi au Liban, en en rappelant l’esprit de « service » mutuel dans la communauté des croyants.
Le pape a en effet présidé la messe dominicale à Beyrouth, en plein air, au « City Center Waterfront », à 10 h (9h heure de Rome) alors que la météo indiquait 28 ° C, et en présence de quelque 300 évêques catholiques et de pèlerins de la région, du président de la République et de nombreuses personnalités. Le pape a remis son « exhortation apostolique post-synodale » aux pasteurs de la région.
A son arrivée à Beyrouth, le maire avait remis au pape les clefs de la ville.
Le pape a été accueilli au début de la célébration par le patriarche d’Antioche des Maronites, Béchara Boutros Raï, O.M.M., président de l’Assemblée des patriarches catholiques du Moyen-Orient (A.P.E.C.L.).
Après la lecture de l’Evangile, le pape a prononcé son homélie en français. « En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, a dit le pape, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Le pape a donné le ton en rappelant l’attitude de service mutuel : « Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne ».
Homélie de Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
?« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! » (Ep 1, 3).
Béni soit-il en ce jour où j’ai la joie d’être ici avec vous, au Liban, pour remettre aux Évêques de la région l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente ! Je remercie cordialement Sa Béatitude Béchara Boutros Raï pour ses aimables paroles de bienvenue. Je salue les autres Patriarches et les Évêques des Églises orientales, les Évêques latins des régions avoisinantes ainsi que les Cardinaux et les Évêques venus d’autres pays. Je vous salue tous avec grande affection, chers frères et sœurs du Liban et aussi des pays de toute cette région bien-aimée du Moyen-Orient, venus célébrer, avec le successeur de Pierre, Jésus-Christ crucifié, mort et ressuscité. J’adresse aussi mon salut déférent au Président de la République et aux Autorités Libanaises, aux Responsables et aux membres des autres traditions religieuses qui ont voulu être présents ce matin.
En ce dimanche où l’Évangile nous interroge sur la véritable identité de Jésus, nous voici transportés avec les disciples, sur la route qui conduit vers les villages de la région de Césarée de Philippe. « Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » (Mc 8, 29) leur demande Jésus ? Le moment choisi pour leur poser cette question n’est pas sans signification. Jésus se trouve à un tournant déterminant de son existence. Il monte vers Jérusalem, vers le lieu où va s’accomplir, par la croix et la résurrection, l’événement central de notre salut. C’est aussi à Jérusalem, qu’à l’issue de tous ces événements, l’Église va naître. Et lorsque, à ce moment décisif, Jésus demande d’abord à ses disciples « Pour les gens, qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les réponses qu’ils lui rapportent sont bien diverses : Jean-Baptiste, Élie, un prophète ! Aujourd’hui encore, comme au long des siècles, ceux qui, de multiples manières, ont trouvé Jésus sur leur route apportent leurs réponses. Ce sont des approches qui peuvent permettre de trouver le chemin de la vérité. Mais, sans être nécessairement fausses, elles restent insuffisantes, car elles n’accèdent pas au cœur de l’identité de Jésus. Seul celui qui accepte de le suivre sur son chemin, de vivre en communion avec lui dans la communauté des disciples, peut en avoir une véritable connaissance. C’est alors que Pierre qui, depuis un certain temps, a vécu avec Jésus, va donner sa réponse : « Tu es le Messie » (Mc 8, 29). Réponse juste sans aucun doute, mais pourtant insuffisante, puisque Jésus ressent le besoin de la préciser. Il entrevoit que les gens pourraient se servir de cette réponse pour des desseins qui ne sont pas les siens, pour susciter de faux espoirs temporels sur lui. Il ne se laisse pas enfermer dans les seuls attributs du libérateur humain que beaucoup attendent.
En annonçant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libérateur politique tout-puissant. Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’encontre de ce que beaucoup attendaient de lui. Son affirmation choque et dérange. Et on entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur.
Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile.
Frères et sœurs, le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son humanité, il se montre le plus faible, particulièrement lors de l’Incarnation et sur la croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, en se faisant serviteur, en se donnant à nous. N’est-ce pas un mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’Apôtre Pierre lui-même ne le comprendra que plus tard.
Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous a rappelé combien cette suite de Jésus, pour être authentique exige des actes concrets. « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jc 2, 18). C’est une exigence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément fondateur de l’identité des disciples du Christ (cf. Jn 13, 15-17). La vocation de l’Église et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction. Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion ! Chers frères et sœurs, je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C’est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve.
Le service doit encore être au cœur de la vie de la communauté chrétienne elle-même. Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne.
Chers frères et sœurs qui souffrez dans votre corps ou dans votre cœur, votre souffrance n’est pas vaine ! Le Christ Serviteur se fait proche de tous ceux qui souffrent. Il est présent auprès de vous. Puissiez-vous trouver sur votre route des frères et des sœurs qui manifestent concrètement sa présence aimante qui ne saurait vous abandonner ! Soyez remplis d’espérance à cause du Christ !
Et vous tous, frères et sœurs, qui êtes venus participer à cette célébration, cherchez à devenir toujours plus conformes au Seigneur Jésus, lui qui s’est fait le Serviteur de tous pour la vie du monde. Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix. Amen.