Archive pour le 14 septembre, 2012

Alexander Master, Peter confessing Jesus to be the Christ, Koninklijke Bibliotheek, The Hague

14 septembre, 2012

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Dimanche 16 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut – Deuxieme Lecture

14 septembre, 2012

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Dimanche 16 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

DEUXIEME LECTURE – Lettre de Saint Jacques 2, 14 – 18

14 Mes frères,
Si quelqu’un prétend avoir la foi,
alors qu’il n’agit pas,
à quoi cela sert-il ?
Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ?
15 Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos soeurs
n’aient pas de quoi s’habiller,
ni de quoi manger tous les jours ;
16 si l’un de vous leur dit :
« Rentrez tranquillement chez vous !
Mettez-vous au chaud,
et mangez à votre faim ! »
et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps,
à quoi cela sert-il ?
17 Ainsi donc, celui qui n’agit pas,
sa foi est bel et bien morte,
18 et on peut lui dire :
« Tu prétends avoir la foi,
moi, je la mets en pratique.
Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ;
moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi. »

On connaît bien la phrase de Jésus : « Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » On connaît moins celle de Saint Jacques, mais c’est bien la même chose : « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? » Si la phrase de Jacques nous paraît un peu polémique, c’est parce que le problème était à l’ordre du jour. « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas » ; la formule « Si quelqu’un » invite à penser qu’il y a effectivement des gens qui prétendent avoir la foi alors qu’ils ne bougent pas le petit doigt pour leurs frères.
Mais au fait, tous les prédicateurs de tous les temps ont eu à le rappeler : Loi et prophètes, en Israël, s’y sont employés. Où l’on voit, d’ailleurs, une fois de plus, que Jacques était très marqué par l’Ancien Testament. Le service des autres était un thème privilégié des prophètes ; par exemple Isaïe : « Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras ; devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas. » (Is 58, 6-7). C’est ce que Jacques appelle « mettre sa foi en pratique ». Alors que, pour nous, un « pratiquant », c’est plutôt quelqu’un qui va à la messe !
Il semble bien que ce soit la leçon à retenir de ce texte : il y a pratique et pratique, justement… et les auteurs du Nouveau Testament emploient ce mot dans des sens différents. Il y a la pratique du culte et la pratique du précepte de la charité ; et tous sont d’accord pour dire que l’un ne remplace pas l’autre. Quand Jésus cite (par deux fois) la fameuse phrase du prophète Osée : « C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, et non les holocaustes. » (Os 6, 6; cité par Mt 9 et 12), il veut justement rappeler que toutes les belles pratiques du culte (les sacrifices) ne dispensent pas des gestes de charité.
C’est ce que Jacques dit ici à l’aide de sa petite parabole : « Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos soeurs n’aient pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Rentrez tranquillement chez vous ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps, à quoi cela sert-il ? » Traduisez : toutes les belles paroles du monde n’ont jamais servi à rien.
Cela, on le savait, me direz-vous ! Mais le problème, apparemment, c’est que si les belles paroles ne servent à rien pour les autres, Jacques semble dire qu’elles ne nous font pas du bien à nous non plus ! A l’en croire, notre foi meurt de n’être pas mise en pratique, c’est-à-dire au service des autres. Un peu plus bas, il dira : « Comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n’agit pas est morte » (2, 26). Ce qui veut dire que les actes sont la respiration de la foi.
Une fois de plus, Saint Jean nous semble très proche : vous connaissez cette phrase de sa première lettre : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité. » (1 Jn 3, 17-18). Ou encore « Quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu puisque Dieu est amour. » (1 Jn 4, 7-8).
Le mérite de cette dernière phrase est de nous faire comprendre que la foi n’est pas un bagage, mais un chemin, celui sur lequel, grâce à l’attention portée à nos frères, nous découvrons Dieu lui-même. Jésus, lui, prend une autre comparaison : il ne compare pas la foi à un chemin, mais à une construction : « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc… Et tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut être comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. » (Mt 7, 24… 26).
Saint Paul n’est pas en reste : « Quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13, 2)… Paul et Jacques sont donc bien d’accord. Oui, mais alors, que deviennent toutes les affirmations de Paul sur la gratuité du salut ? Il insiste beaucoup pour dire que Dieu nous sauve gratuitement sans mérite de notre part : ce ne sont pas ce que l’on appelle nos « oeuvres » qui nous sauvent. (Par oeuvres il entend bien les oeuvres de charité, mais surtout la circoncision et les règles alimentaires juives).
En réalité, il n’y pas opposition sur le fond entre Paul et Jacques ; seulement, ce sont deux prédicateurs qui s’adressent à deux auditoires différents ; donc ils n’insistent pas sur les mêmes choses.
Les chrétiens de Paul n’en finissent pas de discuter pour savoir s’il faut ou non respecter toutes les pratiques juives (à commencer par la circoncision) en plus du baptême chrétien. A ceux-là, Paul affirme : Dieu nous sauve gratuitement, (c’est ce qu’il appelle « par la foi »); il nous suffit de croire en Lui et d’accueillir ce salut offert. Les oeuvres de charité suivront forcément si notre foi est réelle !
Oui, mais du coup, dans l’auditoire de Jacques, il y a des petits malins qui profitent des affirmations de Paul pour dire que puisqu’il suffit d’avoir la foi, et que nos oeuvres (nos gestes de charité) ne comptent pas, il n’y a pas besoin de s’occuper des autres !
A ceux-là, Jacques rappelle tout simplement la phrase de Jésus : « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35).

*****
Complément
Jésus a répercuté cette prédication de multiples manières : par exemple, la parabole du Jugement dernier chez Saint Matthieu semble bien privilégier les gestes : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait. » (Mt 25, 31-46).

Homélie du 24e dimanche ordinaire B

14 septembre, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 24e dimanche ordinaire B

Is 50, 5-9a ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35

Nous ne possédons qu’une seule lettre de l’apôtre Jacques. En réalité, il s’agit plutôt d’une collection de sentences mises bout à bout et parfois sans lien logique, mais qui toutes concernent la vie et la manière de la régler conformément aux exigences bibliques et évangéliques.
Vous aurez remarqué combien Jacques était direct et extrêmement concret. Il appelle un chat un chat, et une foi sans actes une foi morte. Un cadavre !
En plusieurs tableaux successifs, l’apôtre nous a rappelé que la foi ne peut pas se contenter de paroles. La foi a besoin de s’exprimer en signes et en rites, mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, il nous dit que la foi doit s’incarner, se prouver dans l’action concrète et ne pas rester au niveau des déclarations de principes et de bonnes intentions. « Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas : moi c’est par mes actes que je te montrerai ma foi… ». Un peu plus loin, il ajoute : « Veux-tu savoir, tête creuse, que la foi sans les œuvres est stérile ? » et il reprend quelques exemples du premier Testament pour conclure : « Bref, comme le corps sans souffle est un corps mort, ainsi la foi sans les œuvres est une foi morte ».
La foi, en effet, n’est pas seulement une adhésion intellectuelle à des principes, à des idées, à une liste de vérités soigneusement classées. Elle n’est pas non plus la soumission à un programme proposé. La foi relève du domaine de la relation avec quelqu’un, puisque la foi est un autre nom de l’amour et, comme tout amour, elle va s’exprimer en paroles, en signes, en gestes, en comportements concrets. Pour être authentique, la foi doit s’incarner en disponibilité et en service.
D’ailleurs, le Christ s’est toujours présenté comme serviteur de Dieu et des personnes. Et c’est ici que nous trouvons le malentendu fondamental qui a divisé les Juifs et qui nous divise encore aujourd’hui.
D’instinct, nous croyons qu’un chef, un libérateur, un sauveur, est nécessairement puissant aux yeux du monde, qu’il a le pouvoir, une forte influence, qu’il est entouré d’admiration et comblé d’honneurs.
Pour la majorité des contemporains de Jésus, le messie devait être un grand politicien, un libérateur militaire, un chef de guérilla de grand format, un prophète unanimement écouté, coqueluche des foules et futur roi d’un royaume où il saurait récompenser et « placer » ses amis. Des portefeuilles et des promotions en perspective !… Jésus ne correspondait guère à ces portraits-robots. « Pour les gens, qui suis-je ? », dit Jésus. Et les gens ne trouvent pas la bonne réponse. « Et pour vous, qui suis-je ? », ajoute Jésus. « Le messie », dit Pierre. D’accord, mais quel genre de messie ? Alors, Jésus donne la bonne réponse… Un messie rejeté par les anciens, les chefs des prêtres, les théologiens, un messie qui sera condamné et tué… ». Jésus renvoie au portrait esquissé par Isaïe, celui du serviteur souffrant. Un portrait que l’on avait bien soin de garder enfoui dans la bibliothèque biblique.
Et quelle est la réaction de Pierre ? Le malaise, l’incrédulité, le scandale et les reproches. Etre disciple et intime d’un homme puissant, d’une vedette, cela peut aller. Mais disciple d’un serviteur, d’un incompris, d’un non conformiste qui risque des coups, des injures, la prison et la mort, c’est évidemment tout autre chose. Tout, mais pas cela ! C’est la réaction de Pierre. D’instinct, c’est la nôtre. Mais ce sont précisément des pensées mondaines. Ce ne sont pas des pensées de Dieu.
Avoir foi au Christ, se réclamer de lui, ce n’est pas seulement croire au Christ crucifié, c’est porter notre propre croix et prendre le risque de le suivre là où il est passé : et cela ne plaît à personne.
Les premiers chrétiens de Rome croyaient aussi que la foi devait être socialement payante, que leurs vertus seraient reconnues et récompensées… et les voici soumis brutalement à la persécution. Ils sont surpris et scandalisés.
C’est à leur intention que l’apôtre Marc rappelle l’épisode de cet évangile, leur disant aussi : Quelle idée avez-vous donc du Fils de Dieu ? C’est une question qui nous est posée aujourd’hui : Qui est donc MON Christ ? Qui est donc votre Christ ?

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925- 2008