Jérusalem dans la Bible

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Annexe IV : Jérusalem dans la Bible

Ancien Testament :

Vocation : La tradition biblique voit en Jérusalem la ville de Melchisédech et l’identifie avec le Mont Moriah où Abraham a offert son sacrifice (2 Ch 3, 1). David conquit la ville (2 S 5, 6) et elle devient ‘la cité de David’ et la capitale politique de son royaume. Il y apporte l’arche de l’Alliance et Dieu approuve, par le prophète Nathan, ce lieu comme lieu de résidence. Salomon construit le Temple et le consacre solennellement à Dieu. Comme capitale religieuse, Jérusalem est le centre spirituel d’Israël, parce que le Seigneur réside sur le Mont Sion qu’il a choisi pour sa demeure. Tous les juifs vont adorer régulièrement Dieu dans ce lieu au cours de leurs pèlerinages annuels.
Drame : Jérusalem attire tantôt la colère de Dieu, tantôt sa bénédiction. Suite au schisme dans le royaume, Jérusalem reste attaché à Juda et garde son temple. Jéroboam installe d’autres sanctuaires en Samarie qui font concurrence à Jérusalem. Une première réforme est effectuée par Ezéchias et la ville fait l’expérience d’une délivrance extraordinaire au temps de l’invasion de Sennachérib. Le roi Josias tente à son tour de centraliser tout le culte autour de Jérusalem et de sauver l’œuvre de David. « Pourtant, le Seigneur ne revint pas de l’ardeur de sa grande colère, qui s’était enflammée contre Juda pour les déplaisirs que Manassé lui avait causés. Il décida : « Je rejetterai cette ville que j’avais élue, Jérusalem, et le Temple dont j’avais dit : Là sera mon Nom. » » (2 R 23, 27) Jérusalem, malgré les tentatives de réforme, reste idolâtre, jusqu’à son Temple (Ez 8), infidèle à la Loi du Seigneur, et décide ainsi de sa destinée. « Comment est-elle devenue une prostituée, la cité fidèle ? Sion, pleine de droiture, où la justice habitait, et maintenant des assassins! » (Is 1, 21) Tous les prophètes annoncent châtiment et désolation pour la ville si elle ne se tourne pas vers le Seigneur une fois pour toutes. Dieu a décidé de l’abandonner (Ez 10, 18). Par Nabuchodonosor, instrument de la colère divine, la ville est détruite, son Temple pillé. Tous se lamentent sur le sort de la ville…
Vers la nouvelle Jérusalem :
Mais devant tous les drames qui s’étendent sur Jérusalem, les prophètes tournent leur regard vers une autre Jérusalem. Pour Isaïe, elle deviendra la ‘cité de la justice et la cité fidèle’ (Is 1, 26+) Jérémie perçoit le jour où le peuple renouvelé reviendra adorer Dieu en Sion (Jr 31, 6-12) ; Ezékiel décrit minutieusement la ville future reconstruite autour de son Temple (Ez 40-48), centre du paradis terrestre et portant le nom « Le Seigneur est ici » (Ez 48, 15) La restauration par l’édit de Cyrus et la reconstruction du temple semble réaliser toutes les oracles. Les prophètes contemporains annoncent la gloire du temple, centre religieux de l’univers, source de paix (Is 60, 62 ; Ag 2, 6-9). L’image du paradis restauré (Is 65, 18), de la joie insurpassable (Is 66, 6-14) contraste avec la situation concrète où les murs restent en ruines longtemps (Ps 51, 20) jusqu’à ce que Néhémie le reconstruise avec énergie (Ne). Mais la capitale n’a plus d’importance politique.
C’est sur le plan spirituel que Jérusalem accomplit sa mission essentielle. Les pèlerinages sont nombreux (Ps 122), la liturgie est renouvelée (Si 50, 1-21) Jérusalem est la mère des nations, la ville de la Paix. Les derniers textes prophétiques annoncent sa délivrance finale et sa transfiguration (Za 12-14). Toutes les nations viendront se prosterner devant le Roi Yahvé Sabaot d’où les eaux vives se répandront sur toute la terre. La vision de la Jérusalem céleste sera révélée par Dieu et descendra du ciel. La ville de David n’en est qu’une copie imparfaite.

Nouveau Testament :
Les auteurs du Nouveau Testament sont intimement convaincus que la « délivrance de Jérusalem » (Lc 2,38), « le temps où Jérusalem est visitée par la grâce » (Lc 19.44; cf. 1,68) est apparue avec Jésus de Nazareth. C’est à Jérusalem que l’oeuvre de la rédemption de l’humanité s’accomplira (Mt 16,21 ; 20,17; Lc 9,31 ; 13,33; 18,31). Bien qu’à un moment donné, la ville ait reconnu en Jésus son roi longtemps attendu (Mt 21,1-11), elle est cependant rebelle (Mt 22,1-14; 23,37; Lc 13,34; 19.41 s) et finit par le rejeter. Son châtiment est prédit (Mt 22,7; 23,38; Mc 13,2; Lc 13,35; 19.43 s; 21,6; Lc 23,29-31). D’où le problème de concilier les splendides promesses faites par Dieu à Jérusalem avec la sombre réalité. Le Nouveau Testament semble le faire de plusieurs manières.
a. Restauration de Jérusalem. Jérusalem était le point de départ de la christianisation du monde (Lc 24,47; Ac 1,8) ; c’est là, qu’au jour de la Pentecôte, l’Eglise fut fondée, conformément aux promesses de l’Ancien Testament (Ac 1.4 ; 2). Jérusalem avait rejeté le Christ, mais Dieu resta fidèle à ses promesses et le restera (Rm 11,29). Mt 23,39 prévoit un temps où Jérusalem reconnaîtra en Jésus l’envoyé de Dieu. Lc 21 ,20-24 suggère « qu’après le temps des païens », Jérusalem sera restaurée. C’est en fait aussi la conviction de Rm 11, 25-32. De même, Ap 11,8 fait penser que pendant le règne de mille ans, qui précède la plénitude du salut, la Jérusalem terrestre sera le centre de l’empire universel du Christ. On ne peut objecter les dures paroles d’Ap 11,8, qui concernent probablement Rome (c’est certain si la mention de la crucifixion est une gnose anti-juive).
b. Jésus, Jérusalem nouvelle. Jean, qui consacre la grande partie de son évangile au ministère de Jésus à Jérusalem et pour qui le Temple (2,1 g), la piscine de Siloé (9,7), l’illumination du Temple (8,12), sont les symboles du Christ, voit en celui-ci la Jérusalem nouvelle qui commence avec sa résurrection (2,19-21). Dans Jn 7,37, Jésus s’identifie peut-être aussi avec la Jérusalem eschatologique, « du sein de qui jailliront des fleuves d’eau vive » (Ez 47,1-11 ;Za 14,8) et où seront rassemblés les enfants de Dieu, qui étaient dispersés (Jn 11,52 ; cf. aussi Is 60, 4-9; etc.).
c. La Jérusalem céleste, l’Eglise dans sa perfection finale. Voyant en Jérusalem davantage le symbole d’une économie révolue, Ga 4,26 (cf. Phil 3,20) reprend l’idée de la Jérusalem céleste, que saint Paul voit réalisée dans la communauté, fondée par le Christ; tandis que la Jérusalem terrestre est condamnée à disparaître, la Jérusalem céleste est la porteuse de la promesse, la demeure éternelle des justes. Tel est en particulier le grand thème de l’épître aux Hébreux, où la structure de la Jérusalem céleste est entièrement calquée sur celle de la Jérusalem terrestre (cf. surtout 11.10.16; 12,22; 13,14). Philon (De somniis 2,250) préconise des idées semblables au sujet du judaïsme. Tandis que Paul emploie cette image pour montrer que dans le Christ, le salut eschatologique est déjà présent, Ap 21, 2-22 la réserve pour la gloire future et définitive du royaume de Dieu. L’Apocalypse la décrit comme l’Eglise dans sa perfection finale : l’épouse de l’Agneau (Ap 21, 1-22,5), une merveille resplendissante, la cité des rêves. La ville terrestre est perdue de vue. Seul son modèle céleste est décrit. Mais l’Eglise sur terre porte déjà une empreinte de ce mystère.

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