Archive pour le 20 août, 2012

Saint Bernard de Clervaux (abbé)

20 août, 2012

Saint Bernard de Clervaux (abbé) dans images sacrée gztizzly

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21 août : Saint Pie X, Pape

20 août, 2012

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21 août : Saint Pie X, Pape

Biographie
Lettre encyclique Ad diem illum laetissimum
Prière à la Vierge Marie
Première encyclique : E Supremi Apostolatus

Biographie
Joseph-Melchior Sarto, né à Riese (province de Trévise) le 2 juin 1835 et baptisé à la paroisse Saint-Matthieu le lendemain. Après deux ans dans la petite école de Riese, il poursuit ses études primaires à Castelfranco de Vénitie. Il reçoit sa première communion à Riese, aux Pâques 1847 (6 avril).
Il prend la soutane, le 19 septembre 1850, et entre au séminaire de Padoue, le 13 novembre 1850, où il reste neuf ans. Tonsuré à la cathédrale d’Asolo, le 20 septembre 1851, il reçoit les deux premiers ordres mineurs en novembre 1856 et les deux autres le 6 juin 1857 ; ordonné sous-diacre le 19 septembre 1857, diacre, le 27 février 1858, il reçoit l’ordination sacerdotale dans la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858, célèbre sa première messe, le lendemain, à Riese et, le 29 novembre 1858, prend son poste de vicaire à Tombolo. Nommé curé de Salzano le 21 mai 1867, il quitte sa paroisse le 16 septembre 1875 pour devenir chanoine de Trévise.
Directeur du séminaire et chancelier épiscopal (28 novembre 1875). Primicier de la cathédrale le 12 juin 1879, il est, à la mort de l’évêque, élu par le chapitre vicaire capitulaire (27 novembre 1879).
Nommé à l’évêché de Mantoue en septembre 1884, il est sacré à Rome, dans l’église Saint-Apollinaire, le 23 novembre 1884, et entre à Mantoue le 18 avril 1885. Créé cardinal du titre de Saint-Bernard des Thermes au Consistoire secret du 12 juin 1893, il est trois jours après promu patriarche de Venise où il ne peut entrer que le 24 novembre 1894 puisque le gouvernent italien n’a donné son exequatur que le 5 septembre 1894.
Elu pape le 4 août 1903, il prend le nom de Pie X, il est couronné le 9 août 1903 ; Pie X meurt au Vatican le 20 août 1914, sa dépouille est déposée dans les Grottes Vaticanes le 23 août 1914. L’héroïcité de ses vertus fut proclamée le 3 septembre 1950, Pie XII le béatifie le 3 juin 1951 et le canonise le 29 mai 1954.

Lettre encyclique Ad diem illum laetissimum
sur la dévotion à la Très Sainte Vierge
donnée par Pie X le 2 février 1904.
Certes, Nous traversons une époque funeste, et nous avons le droit de pousser cette plainte du Prophète : Il n’est plus de vérité, il n’est plus de miséricorde, il n’est plus de science sur la terre. La malédiction et le mensonge et l’homicide et le vol et l’adultère débordent de partout (Osée IV 1-2). Cependant, du milieu de ce qu’on peut appeler un déluge de maux, l’oeil contemple, semblable à un arc-en-ciel, la Vierge très clémente, arbitre de paix entre Dieu et les hommes. Je placerai un arc dans la nue et il sera un signe d’alliance entre moi et la terre (Genèse IX 13). Que la tempête se déchaîne donc, et qu’une nuit épaisse enveloppe le ciel : nul ne doit trembler, la vue de Marie apaisera Dieu et il pardonnera. L’arc-en-ciel sera dans la nue, et à le voir je me souviendrai du pacte éternel (Genèse IX 16). Et il n’y aura plus de déluge pour engloutir toute chair (Genèse IX 16). Nul doute que si Nous Nous confions, comme il convient, en Marie, surtout dans le temps que nous célébrons avec une plus ardente piété son Immaculée Conception, nul doute, disons-Nous, que Nous ne sentions qu’elle est toujours cette Vierge très puissante qui, de son pied virginal, a brisé la tête du serpent (Office de l’Immaculée Conception).

Prière à la Vierge Marie
Vierge très-sainte,
qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère,
Vierge immaculée dans votre corps, dans votre âme,
dans votre foi et dans votre amour,
de grâce, regardez avec bienveillance les malheureux
qui implorent votre puissante protection.
Le serpent infernal,
contre lequel fut jetée la première malédiction,
continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve.
Ah ! vous, ô notre Mère bénie, notre Reine et notre Avocate,
vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi
dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières,
et, – nous vous en conjurons unis à vous en un seul coeur -
présentez-les devant le trône de Dieu,
afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches
qui nous sont tendues,
mais que nous arrivions tous au port du salut,
et qu’au milieu de tant de périls,
l’Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois
l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix.
Saint Pie X

Début de la première encyclique de Pie X
E Supremi Apostolatus – 4 octobre 1903
Aux patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires en paix et en communion avec le siège apostolique
Au moment de vous adresser pour la première fois la parole du haut de cette chaire apostolique où Nous avons été élevé par un impénétrable conseil de Dieu, il est inutile de vous rappeler avec quelles larmes et quelles ardentes prières Nous Nous sommes efforcés de détourner de Nous la charge si lourde du Pontificat suprême. Il Nous semble pouvoir, malgré la disproportion des mérites, Nous approprier les plaintes de saint Anselme, quand en dépit de ses oppositions, et de ses répugnances, il se vit contraint d’accepter l’honneur de l’épiscopat. Les témoignages de tristesse qu’il donna alors, Nous pouvons les produire à Notre tour, pour montrer dans quelles dispositions d’âme et de volonté, Nous avons accepté la mission si redoutable de pasteur du troupeau de Jésus-Christ. « Les larmes de mes yeux m’en sont témoins, écrivait-il, ainsi que les cris, et pour ainsi dire que les rugissements que poussait mon cour dans son angoisse profonde. Ils furent tels que je ne me souviens pas d’en avoir laissé échapper de semblables en aucune douleur avant le jour où cette calamité de l’archevêché de Cantorbéry vint fondre sur moi. Il ne purent l’ignorer, ceux qui, ce jour-là, virent de près mon visage. Plus semblable à un mort qu’à un homme vivant, j’étais pâle de consternation et de douleur. A cette élection, ou plutôt à cette violence, j’ai résisté jusqu’ici, je le dois en vérité, autant qu’il m’a été possible. Mais maintenant, bon gré mal gré, me voici contraint de reconnaître que les desseins de Dieu sont contraires à mes efforts, de telle sorte que nul moyen ne me reste d’y échapper. Vaincu moins par la violence des hommes que par celle de Dieu, contre qui nulle prudence ne saurait prévaloir, après avoir fait tous les efforts en mon pouvoir pour que ce calice s’éloigne de moi sans que je le boive, je ne vois d’autre déterminaton à prendre que celle de renoncer à mon sens propre, à ma volonté, et de m’en remettre entièrement au jugement et à la volonté de Dieu. »
Certes, Nous non plus ne manquions pas de nombreux et sérieux motifs de Nous dérober au fardeau. Sans compter que, en raison de Notre petitesse, Nous ne pouvions à aucun titre Nous estimer digne des honneurs du Pontificat, comment ne pas Nous sentir profondément ému en Nous voyant choisi pour succéder à celui qui, pendant les vingt-six ans, où peu s’en faut, qu’il gouverna l’Eglise avec une sagesse consommée, fit paraître une telle vigueur d’esprit et de si insignes vertus, qu’il s’imposa à l’admiration des adversaires eux-mêmes et, par l’éclat de ses ouvres immortalisa sa mémoire ?
En outre, et pour passer sous silence bien d’autres raisons, Nous éprouvons une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l’humanité à l’heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaillle, en ce moment et bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s’aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu’aux molles, l’entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c’est à l’égard de Dieu, l’abandon et l’apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : « Voici que ceux qui s’éloignent de Vous périront. » A un si grand mal, Nous comprenions qu’il Nous appartenait, en vertu de la charge pontificale à Nous confiée, de porter remède. Nous estimions qu’à Nous s’adressait cet ordre de Dieu : « Voici qu’aujourd’hui, je t’établis sur les nations et les royaumes pour arracher et pour détruire, pour édifier et pour planter » ; mais pleinement conscient de Notre faiblesse, Nous redoutions d’assumer une ouvre hérissée de tant de difficultés, et qui pourtant n’admet pas de délais.
Cependant, puisqu’il a plu à Dieu d’élever Notre bassesse jusqu’à cette plénitude de puissance, Nous puisons courage en « Celui qui nous conforte » ; et mettant la main à l’ouvre, soutenu de la force divine, Nous déclarons que Notre but unique dans l’exercice de Notre pontificat est de « nous restaurer dans le Christ » afin que « le Christ soit tout et en tout. »
Il s’en trouvera sans doute qui, appliquant aux choses divines la courte mesure des choses humaines, chercheront à scruter Nos pensées intimes et à les tourner à leurs vues terrestres et à leurs intérêts de parti. Pour couper court à ces vaines tentaitives, Nous affirmons en toute vérité que Nous ne voulons être et que, avec le secours divin, Nous ne serions rien d’autre, au milieu des sociétés humaines, que le ministre de Dieu qui Nous a revêtu de son autorité. Ses intérêts sont Nos intérêts ; leur consacrer Nos forces et Notre vie, telle est Notre résolution inébranlable. C’est pourquoi, si l’on nous demande une devise traduisant le fond même de notre âme,Nous ne donnerons jamais que celle-ci : « Restaurer toutes choses dans le Christ. »
Voulant donc entreprendre et poursuivre cette grande ouvre, Vénérables Frères, ce qui redouble Notre ardeur, c’est la certitude que vous Nous y serez de vaillants auxiliaires. Si Nous en doutions, Nous semblerions vous tenir, et bien à tort, pour mal informés ou indifférents, en face de la guerre impie qui a été soulevée et qui va se poursuivant presque partout contre Dieu. De nos jours, il n’est que trop vrai, « les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés » contre leur Créateur ; et presque commun est devenu le cri de ses ennemis : « Retirez-vous de nous. » De là, en la plupart, un rejet total de tout respect de Dieu. De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n’est tenu de sa souveraineté. Bien plus, il n’est effort ni artifice que l’on ne mette en ouvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu’à sa notion.
Qui pèse ces choses a droit de craindre qu’une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement le fils de perdition dont parle l’Apôtre n’ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l’audace et si grande la rage avec les quelles on se rue partout à l’attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d’un effort obstiné à anéantir tout rapport de l’homme avec la Divinité ! En revanche, et c’est là au dire du même apôtre, le caractère propre de l’Antéchrist, l’homme, avec une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s’élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C’est à tel point que, impuissant à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend de recevoir les adorations de ses semblables. « Il siège dans le temple de Dieu, où il se montre comme s’il était Dieu lui-même. » Quelle sera l’issue de ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut mettre en doute. Il est loisible assurément, à l’homme qui veut assurer sa liberté, de violer les droits et l’autorité suprême du Créateur ; mais au Créateur reste toujours la victoire. Et ce n’est pas encore assez dire : la ruine plane de plus près sur l’homme justement quand il se dresse plus audacieux dans l’espoir du triomphe. C’est de quoi Dieu lui-même nous avertit dans les Saintes Ecritures : « Il ferme les yeux, disent-elles, sur les péchés des hommes », comme oublieux de sa puissance et de sa majesté ; mais bientôt, après ce semblant de recul, « se réveillant ainsi qu’un homme dont l’ivresse a grandi la force, il brise la tête de ses ennemis, afin que tous sachent que le roi de toute la terre, c’est Dieu, et que les peuples comprennent qu’ils ne sont que des hommes. »
Tout cela, Vénérables frères, nous le tenons d’une foi certaine et nous l’attendons. Mais cette confiance ne nous dispense pas, pour ce qui dépend de nous, de hâter l’ouvre divine, non seulement par une prière persévérante : « Levez-vous, Seigneur, et ne permettez pas que l’homme se prévale de sa force », mais encore, et c’est ce qui importe le plus, par la parole et par les ouvres, au grand jour, en affirmant et en revendiquant pour Dieu la plénitude de son domaine sur les hommes et sur toute créature, de sorte que ses droits et son pouvoir de commander, soient reconnus par tous avec vénération et pratiquement respectés.
Accomplir ces devoirs, n’est pas seulement obéir aux lois de la nature, c’est travailler à l’avantage du genre humain. Qui pourrait, en effet, Vénérables Frères, ne pas sentir son âme saisie de crainte et de tristesse à voir la plupart des hommes, tandis qu’on exalte par ailleurs et à juste titre les progrès de la civilisation, se déchaîner avec un tel acharnement les uns contre les autres, qu’on dirait un combat de tous contre tous ? Sans doute, le désir de la paix est dans tous les cours, et il n’est personne qui ne l’appelle de tous ses voux. Mais cette paix, insensé qui la cherche en dehors de Dieu ; car, chasser Dieu, c’est bannir la justice ; et, la justice écartée, toute espérance de paix devient une chimère. « La paix est l’ouvre de la justice. » Il en est, et en grand nombre, Nous ne l’ignorons pas, qui poussés par l’amour de la paix, c’est-à dire de la tranquilité de l’ordre, s’associent et se groupent pour former ce qu’ils appellent le parti de l’ordre. Hélas ! vaines espérances, peines perdues ! De partis d’ordre capables de rét

Pape Benoît: Saint Bernard (20 août)

20 août, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20091021_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 21 octobre 2009

Saint Bernard (20 août)

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui je voudrais parler de saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l’Eglise, car au XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son enfance; nous savons cependant qu’il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l’étude de ce que l’on appelle les arts libéraux – en particulier de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique – à l’école des chanoines de l’église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d’entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l’époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C’est là que le jeune abbé (il n’avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s’engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d’une vie sobre et mesurée, à table comme dans l’habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C’est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du xii siècle. A partir de 1130, il commença à s’occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l’Eglise. C’est pour cette raison qu’il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j’ai parlé mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était l’hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d’antisémitisme toujours plus diffuses. C’est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d’années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période, le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie – sa mort survint en 1153 – Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l’ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un ouvrage assez singulier, qu’il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d’Eugène III, mérite d’être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un enseignement en vue d’être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n’indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l’Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine: « On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n’est pas encore assez recherché », écrit le saint abbé: « mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu’avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche » (xiv, 32: PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.

Je voudrais à présent m’arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard: elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l’égard de la participation intime et vitale du chrétien à l’amour de Dieu en Jésus Christ n’apporte pas d’orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l’abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus – insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps – seul Jésus est « miel à la bouche, cantique à l’oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum) ». C’est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Doctor mellifluus: sa louange de Jésus Christ, en effet, « coule comme le miel ». Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes – deux courants philosophiques de l’époque – dans ces batailles, l’Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu’il n’y a qu’un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. « Aride est toute nourriture de l’âme », confesse-t-il, « si elle n’est pas baignée de cette huile; insipide, si elle n’est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n’a aucun goût pour moi, si je n’y ai pas lu Jésus ». Et il conclut: « Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n’a de saveur pour moi, si je n’ai pas entendu résonner le nom de Jésus » (Sermones in Cantica Canticorum xv, 6: PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l’expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien: la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n’est qu’ainsi que l’on apprend à le connaître toujours plus, à l’aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous!
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l’octave de l’Assomption, le saint Abbé décrit en termes passionnés l’intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. « O sainte Mère, – s’exclame-t-il – vraiment, une épée a transpercé ton âme!… La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t’appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l’intensité les souffrances physiques du martyre » (14: PL 183-437-438). Bernard n’a aucun doute: « per Mariam ad Iesum », à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l’obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du Sermon documente également la place privilégiée de la Vierge dans l’économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n’est pas par hasard qu’un siècle et demi après la mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du « Doctor mellifluus » la sublime prière à Marie: « Vierge Mère, fille de ton Fils, / umble et élevée plus qu’aucune autre créature / terme fixe d’un éternel conseil,… » (Paradis 33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques d’un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent aujourd’hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l’homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l’Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la « science des saints », à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l’Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l’homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu « avec la prière qu’avec la discussion ». A la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l’apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. « Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes – dit-il – pense à Marie, invoque Marie. Qu’elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu’elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses obtenir l’aide de sa prière, n’oublie jamais l’exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas; si elle te protège, tu n’as rien à craindre; si elle te guide, tu ne te fatigues pas; si elle t’est propice, tu arriveras à destination… » (Hom. II super « Missus est », 17: PL 183, 70-71).

20 août, 2012

http://www.zenit.org/article-31605?l=french

ORTHODOXES RUSSES ET CATHOLIQUES POLONAIS ENSEMBLE POUR LA RÉCONCILIATION

Signature historique d’un message commun

Mariusz Frukacz
Traduction d’Anne Kurian
ROME, vendredi 17 août 2012 (ZENIT.org) – L’Eglise orthodoxe de Russie et l’Eglise catholique de Polonaise ont signé ce jour, 17 août 2012, un message commun pour la réconciliation des deux nations.
Cet évènement sans précédent prend place à l’occasion de la visite historique du patriarche orthodoxe de Moscou et de toute la Russie, Kirill Ier, en Pologne, du 16 au 19 août 2012 (cf. Zenit du mercredi 18 juillet 2012).
Le patriarche et Mgr Józef Michalik, président de la Conférence épiscopale polonaise ont signé le message adressé aux peuples polonais et russe, aujourd’hui, à Varsovie.
Ce message ouvre une nouvelle phase dans les rapports entre l’Eglise catholique en Pologne et l’Eglise orthodoxe en Russie. Il s’agit d’un plaidoyer pour le dialogue réciproque, qui pourrait être la base d’un processus de pardon et de réconciliation des deux nations.
Le document pose également la nécessité d’un témoignage commun des deux Eglises face aux nouveaux défis de la sécularisation actuelle.
« Dans notre histoire il y a eu des moments difficiles, et il ne sera pas facile de pardonner tout de suite mais le document crée de nouveaux fondements pour une nouvelle relation », a déclaré Mgr Józef Michalik sur la chaîne de télévision polonaise TVP Info.
« Si Dieu le veut, nous parviendrons à voir le moment où un polonais pourra appeler un russe « frère » et vice-versa », a poursuivi l’archevêque, qui a précisé que « ce document est strictement religieux, il est expression de la foi et il est donc un acte pastoral, non pas un acte politique ».
Le patriarche Kirill Ier, interrogé par une radio polonaise, a confirmé que « l’Eglise orthodoxe russe et l’Eglise catholique en Pologne sont prêtes à pardonner les péchés du passé et à demander à leurs fidèles d’écrire de nouvelles pages de l’histoire ».
A son arrivée en Pologne, le patriarche Kirill Ier a d’abord rencontré les représentants de la Conférence épiscopale polonaise, échangeant avec eux sur les perspectives de dialogue entre les deux Eglises, à Varsovie, le 16 août 2012.
« Quelle joie de pouvoir aujourd’hui prier ensemble Jésus-Christ », s’est réjoui Mgr Jozef Michalik, lors de cette rencontre.
En effet, a-t-il ajouté, « si aujourd’hui l’Eglise orthodoxe russe et l’Eglise catholique polonaise, veulent adresser un message pastoral aux fidèles des deux Eglises et à toutes les personnes de bonne volonté, ce moment devient un grand témoignage de foi ».
Pour l’archevêque, le message n’est donc « pas seulement un geste, mais une préoccupation commune pour le monde dans lequel nous vivons ».
Durant la rencontre, le patriarche orthodoxe a offert l’icône de la Vierge de Smolensk, écrite, selon la légende, par saint Luc évangéliste. L’Eglise catholique polonaise lui a offert une copie de l’icône de Notre Dame de Czestochowa, destinée à l’église orthodoxe en construction à Katyn, lieu de massacre de milliers de polonais sous le régime stalinien, en 1941.
Etaient présents notamment le cardinal Kazimierz Nycz, le cardinal Stanislaw Dziwisz, le cardinal Józef Glemp, Mgr Jozef Kowalczyk, primat de Pologne, Mgr Stanislaw Gadecki et Mgr Wojciech Polak, secrétaire général de la Conférence épiscopale.
Le P. Igor Kowalewski, secrétaire général de la Conférence épiscopale de la Fédération russe représentait l’Eglise catholique de Russie.
Du côté de l’Eglise orthodoxe, Mgr Sawa, métropolite de Varsovie et de toute l’Eglise orthodoxe en Pologne, Mgr Geremia, évêque de Wroclaw – Szczecin et Mgr Jerzy Pankowski évêque de l’Ordinariat militaire de l’Eglise orthodoxe, ont participé à la rencontre.
Le patriarche se rendra également à Bialystok, Suprasl, Hajnówka et au monastère du Mont Grabarka.