11 AOÛT: CLAIRE D’ASSISE – 1193-1253
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11 AOÛT: CLAIRE D’ASSISE – 1193-1253
François était de la bourgeoisie; Claire de la noblesse. Elle naît en 1193 (sans précision de date), d’un riche chevalier, Messire Favarone, et de Dame Ortalano. Une pieuse mère, qui, de retour de Terre Sainte, aurait perçu une voix intérieure: «De toi naîtra une lumière pour le monde.» Elle l’appellera Clara, la lumineuse. Elle lui apprend à prier et à secourir les miséreux, la fillette elle-même donnant en cachette les aliments dont elle se prive.
Cependant, Claire devient une belle adolescente à la blonde chevelure, une écuyère habile à monter l’alezan. Et les galants ne manquent pas… Mais elle rêve d’un autre époux. Elle a entendu parler, comme toute la ville d’Assise, de François, le fils du riche drapier Bernardone, qui, après de folles équipées, a jeté sa bourse tintante de ducats pour épouser Dame Pauvreté. Elle l’a rencontré par les chemins, vêtu d’une minable coule de paysan, charroyant de la chaux et des pierres, ne demandant pour nourriture que le pain de la charité et une gorgée de l’eau des fontaines. Claire est frappée par une telle conversion. Dieu ne l’appelle-t-il pas à un dépouillement semblable? Mais comment réaliser son offrande? Son père veut en faire l’épouse d’un chevalier; il ne permettra pas l’engagement de sa fille.
A l’insu de ses parents, Claire se rend auprès de François, qui l’encourage dans son projet. Il cite l’Evangile: «Quiconque aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi.» Au cours d’un dernier entretien, il met au point le départ secret de Claire: ce sera le jour des Rameaux. Le dimanche 18 mars 1211, en la cathédrale Saint-Rufin, elle se joint, comme d’habitude, aux autres jeunes filles de la noblesse pour recevoir les palmes que distribue l’évêque Guido. Arrive la nuit décisive. Dans le palais du seigneur Favarone, tout le monde dort, jusqu’aux hommes d’armes. Claire parvient à ouvrir une porte dérobée. Libre, elle dévale les ruelles coupées d’escaliers et, passé la poterne, court à travers les vignes et les oliveraies argentées par le clair de lune.
La voici enfin, au milieu des bois, dans la petite église de ses voeux: Sainte-Marie des Anges de la Portioncule. François et ses frères, qui l’attendaient, l’accueillent avec des torches allumées. Elle arrive parée de ses plus beaux atours: robe de satin réhaussée d’or et coupée d’hermine, brodequins de soie, perles dans les cheveux. Prosternée devant l’autel, elle se consacre au Seigneur JésusChrist.
Elle reparaît bientôt, enveloppée d’une bure grossière, les pieds nus dans des sandales de bois, un épais voile noir sur la tête, dont les ciseaux de François ont fait tomber toutes les nattes blondes. La noble fille des Favarone, à 18 ans, est devenue la petite Soeur Claire.
L’exemple est contagieux. Bientôt Claire est rejointe par sa propre soeur Agnès, puis par Benvenuta, Amata, Pacifica… Ainsi naît spontanément le groupe des Pauvres Dames. Son berceau? L’ermitage Saint-Damien, si paisible derrière sa garde de cyprès. On y voit encore le choeur où psalmodiaient les premières Clarisses, la cloche qui appelait à l’oraison, le coin de terrasse où Claire poursuivait ses silencieux colloques, rythmés par le chant des cigales.
A Saint-Damien, sainte pauvreté est à l’honneur. Claire a obtenu du pape Innocent III un singulier privilège, le «privilège de la pauvreté absolue»: ni fonds de terre, ni rentes. Ses filles tendent la main. Et quand elles rentrent, elle les déchausse elle-même, lave leurs pieds, les baise.
Après 42 ans passés en ce lieu, la maladie cloue la fondatrice sur le sac de paille qui lui sert de matelas. Ses filles pleurent. Elle sourit. Elle meurt, une dernière, louange aux lèvres: «Beni sois-tu, Seigneur, de m’avoir créée.» C’était le 11 août 1253.
Claire sans frontières
Depuis plus de sept siècles, près d’un millier de monastères de Clarisses ont fleuri à travers le monde, du Mexique au Japon, de Madagascar au Viêtnam. Les amis de Charles de Foucauld se souviennent qu’il fut le jardinier de la communauté de Nazareth. En nos jours troublés, on pense au monastère de l’Unité, près de Beyrouth, blessé par la guerre, et aux trois couvents qui subsistent sur cette terre déchirée, l’ex-Yougoslavie. La France, pour sa part, compte 870 Clarisses, qui prient en 54 monastères, en majorité situés dans le Midi. De nouvelles fondations se préparent en Suisse, au Togo, aux Philippines. Les échanges entre Clarisses des divers pays favorisent l’unité de la grande famille.
(D’après le père Jean Toulat – Chrétiens magazine n°72 – 15 juin 1994)
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