Archive pour juillet, 2012

Dieu dit à Jacob : lève-toi, monte à Béthel et habite là, et fais un autel -Gen. 35 :1

9 juillet, 2012

http://www.bible-notes.org/article-39-Dieu-dit-a-Jacob-leve-toi-monte-a-Bethel-et-habite-la-et-fais-un-autel-Gen-35-1.html

Dieu dit à Jacob : lève-toi, monte à Béthel et habite là, et fais un autel -Gen. 35 :1

Jacob fugitif rencontre Dieu à Béthel
Jacob chez son oncle Laban
Le retour de Jacob vers son pays et la poursuite de Laban
Jacob à Peniel et sa rencontre avec Esaü
Sichem : la séduction et le déshonneur
L’appel de Dieu à Béthel
Dernières épreuves et fin de Jacob

Sans en réaliser les conséquences, nous faisons parfois des détours dans notre vie et il faut ensuite en payer le prix. Isaac, le père de Jacob était devenu presque aveugle et hélas, il l’était aussi devenu spirituellement. Un repas savoureux comptait davantage pour lui que l’état moral de ses enfants. Il s’apprête à bénir le fils qu’il préfère, Esaü, qui le fournissait en gibier, en dépit de la pensée de Dieu révélée à Rebecca (Gen. 27 : 1-4). Celle-ci qui préfère Jacob, s’est beaucoup éloignée de son mari au fil des années. Elle conseille à Jacob de tromper son père pour dépouiller son frère de la bénédiction.
Jacob va y parvenir, avec la complicité active de sa mère. Ainsi, «celui qui supplante » (telle est la signification de son nom) obtient par la tromperie une bénédiction à laquelle il attachait une grande valeur. Il n’a pas su attendre que la volonté divine s’accomplisse car il est bien vrai que Dieu avait choisi Jacob (Mal. 1 : 3). Il connaissait le coeur profane d’Esaü : n’avait-il pas déjà méprisé son droit d’aînesse ? (Héb.12 : 16-17).
Jacob se serait épargné beaucoup de peine et de temps perdu, s’il avait su s’en remettre avec foi à Celui qui voulait le bénir. Souvent notre intervention rend notre chemin plus compliqué. Demandons avec sincérité à Dieu : « Enseigne-moi ton chemin, et conduis-moi dans le sentier uni » (Ps. 27 : 11).
La haine de son frère oblige Jacob à quitter en hâte la maison paternelle, la douceur du foyer. Selon Rebecca, quelques jours seulement d’exil à Charan lui permettraient d’attendre que la fureur d’Esaü s’apaise. Mais en réalité son séjour en Mésopotamie va durer vingt et un ans ! D’ailleurs il ne reverra plus sa mère (Gen.27 : 43-45).

Jacob fugitif rencontre Dieu à Béthel
La suite du livre de la Genèse, à partir du chapitre 28, parle essentiellement de la vie de Jacob. C’est l’occasion d’admirer le long et patient travail de Dieu envers l’un des siens, cette discipline par laquelle Il va le faire passer. Mais d’abord il commence par lui donner un aperçu de sa propre maison. En effet, Béthel signifie maison de Dieu.
Jacob a tout perdu, le péché ne rapporte rien. Il est sorti de Béër-Shéba et il a pris le chemin de Charan. Le soleil se couche, alors Jacob se fait un chevet bien dur avec des pierres là où il se trouve et il s’endort (Gen. 28 :10-11). Il fait un rêve qui lui paraît étrange : il voit une échelle sur laquelle des anges montent et descendent. Cette scène rappelle Celui qui a établi pour l’homme ces relations avec le ciel (Jean 1 : 52) : Il est descendu d’abord ici-bas puis Il est remonté dans la gloire (Jean 3 :13, 31 ; Eph. 4 : 10).
Au pauvre pécheur fatigué, la grâce montre la porte du ciel, le chemin qui mène à Dieu (Gen. 28 : 17). Dieu fait ensuite à Jacob de précieuses promesses qui rappellent celles faites à Abraham. A ceci près tout de même qu’il n’est pas question ici d’une semence aussi nombreuse que les étoiles des cieux (Gen.15 : 5) ! L’Eternel lui dit : « La terre sur laquelle tu es couché, je te la donnerai, et à ta semence, et ta semence sera comme la poussière de la terre …je te ramènerai dans cette terre-ci, car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit » (Gen. 28 : 13-15).
Jacob se réveille et s’écrie : « Certainement l’Eternel est dans ce lieu, et moi je ne le savais pas ». Effrayé, il dit : Que ce lieu-ci est terrible ! ». Un inconverti n’aime pas se trouver dans la présence de Dieu, et même il la redoute. Le comportement de Jacob est bien celui d’un marchand, comme le dit l’Ecriture (Osée 12 : 8) : alors que Dieu vient dans sa grâce de lui faire des promesses formelles et sans conditions ! Mais Jacob offre de Le servir et de lui donner la dîme en retour de tout ce que Dieu lui aura donné d’abord ! (Gen. 28 : 20-22).

Jacob chez son oncle Laban
Les soins providentiels de l’Eternel conduisent ensuite Jacob jusqu’au pays des fils de l’orient, dans la famille de sa mère, chez son oncle Laban. L’école qu’il devra suivre dans cette compagnie sera certes pénible mais nécessaire. « Aucune discipline pour le présent ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ». Mais Dieu cherche toujours « notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12 : 10-11). Retenons cet avertissement : « Ne soyez pas séduits . . . ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6 :7). Jacob a trompé son père, il a maintenant affaire à un oncle qui le trompe effrontément, au point de faire passer auprès de son neveu, à la faveur de la nuit son aînée Léa, pour la plus jeune, Rachel, celle que Jacob aimait. Jacob qui avait travaillé sans relâche pour l’obtenir, supportant toutes les privations et les injustices de Laban, devra travailler sept ans encore (Gen. 29 : 20, 30). En supportant avec patience cette très longue épreuve, Jacob est un type, faible sans doute, du Seigneur qui a tout donné, même sa propre vie, pour acquérir son épouse bien-aimée (Matt. 13 : 44-46 ; Eph. 5 : 25).
Que de fois la méchanceté ou l’indélicatesse de nos actes ne nous apparaissent qu’au moment où, à notre tour, nous avons à souffrir de la façon de faire des autres (Jug. 1 : 7 ; Es. 33 : 1). Jacob s’agite, spécule, rivalise d’astuce et de fourberie avec Laban. Il est humiliant de voir un croyant entrer en lutte avec des gens du monde pour des biens terrestres (Phil. 4 : 5). Jacob est en mauvais état, il n’a pas d’autel, pas de relation consciente avec Dieu. Et finalement « l’homme s’accrut extrêmement », il s’enrichit aux dépens de Laban mais parallèlement leurs relations s’altèrent (Gen. 30 : 43 ; 31 : 1-2).
L’Eternel qui auparavant s’était servi d’un rêve, intervient maintenant directement pour s’adresser à Jacob. ll lui dit : « Retourne au pays de tes pères . . . et je serai avec toi ». Dans un songe, l’Ange de Dieu lui montre que c’est Lui qui l’a ainsi fait prospérer : « J’ai vu tout ce t’a fait Laban. Je suis le Dieu de Béthel, où tu bâtis une stèle, où tu me fis un voeu ».

Le retour de Jacob vers son pays et la poursuite de Laban
Jacob n’aura d’ailleurs aucun mal à convaincre Rachel et Léa de partir (Gen. 31 : 14-15) ! Mais toujours aussi rusé, il trompe encore Laban, occupé ailleurs à tondre son menu bétail. Jacob s’enfuit avec toute sa famille, seul Benjamin naîtra plus tard en chemin. Il emporte aussi ses troupeaux et tout son bien (Gen. 31 : 18). Son épouse Rachel vole les théraphim qui étaient à son père ! C’est la première mention dans l’Ecriture de ces dieux domestiques, par lesquels on prétendait deviner l’avenir (Gen. 31 : 19 ; Zach. 10 : 2). Notre comportement est-il vraiment différent de celui des personnes qui composent cette famille ? Le monde et ceux qui en font partie sont habituellement durs, mais le croyant devrait être animé d’un autre esprit (Matt.5 : 39-41 ; Luc 9 : 55).
Laban, l’Araméen, se lance à leur poursuite et les rejoint. Mais par le moyen d’un songe Dieu l’avait déjà mis en garde de parler à Jacob, « ni en bien, ni en mal » (Gen. 31 : 24, 29). Cet homme du monde rusé multiplie les paroles flatteuses et mensongères. Il feint une grande affection pour ses filles et ses petits enfants (onze fils et une fille semblent être déjà nés). Il s’applique à donner l’impression qu’il craint l’Eternel : il l’appelle le « Dieu de votre père » (Gen. 31 : 29, 53), tout en fouillant partout dans le caravansérail pour retrouver ses dieux. Quelle tristesse de voir Rachel mentir effrontément à son père, pour garder ces idoles, auxquelles elle s’était apparemment attachée. Son mari Jacob ne savait pas alors qu’elle les avait volées (Gen. 31 : 32). Il se met en colère contre Laban, dont les recherches sont restées vaines (Gen. 31 : 34-35).
Ces théraphim correspondent aux choses du monde que nous ne sommes pas décidés à abandonner, tout en cherchant parfois à les cacher aux yeux de notre entourage, parce que notre conscience n’est pas à l’aise. Elles sont enfouies dans nos coeurs, dissimulées dans nos maisons ! Croyons-nous pouvoir les emporter vers notre patrie céleste sans nuire à notre communion avec Dieu ?
Dieu voit tout (Héb. 4: 13) : Il en donne un exemple à son prophète Ezéchiel en lui révélant ce que faisaient secrètement les anciens d’Israël ! Il lui commande : « Perce le mur ». Le prophète exécute cet ordre, découvre une porte et entend l’Eternel lui dire : « Entre, et regarde les mauvaises abominations qu’ils commettent ici ». Plus loin, Dieu précise qu’ils sont dans leurs cabinets d’images ! Puis Il révèle leurs folles pensées : « L’Eternel ne nous voit pas » ! (Ezé. 8 : 5-13).
Dieu désire amener les siens à discerner et à rejeter les idoles, c’est-à-dire tout ce qui prend dans leurs affections la place du Seigneur. N’a t-on pas un exemple frappant de ce qu’est une idole aujourd’hui avec l’engouement pour les compétions sportives de haut niveau qui atteint des proportions extravagantes ? Les meilleurs sportifs sont célébrés à l’égal de nouveaux dieux. De plus, la cupidité, « le Mammon des richesses », joue dans ce culte un rôle très important (1 Jean 5 : 21 ; Matt. 6 : 24). On peut vraiment dire avec l’Ecriture : « Ils m’ont abandonné, Moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jér. 2 : 13). L’inanité de toutes les idoles ne tarde pas à se montrer : elles laissent des coeurs vides et déçus.
Jacob et Laban se séparent enfin. Il n’y a rien de commun entre le croyant et l’homme du monde. Comment peut-on si facilement négliger les avertissements répétés de la Parole (2 Cor. 6 : 14-16) ? Jacob réalise sa dignité et offre un sacrifice sur la montagne (Gen. 31 : 54) mais il lui faudra régler sa conduite devant Dieu !
Il poursuit son chemin vers Canaan et les anges de Dieu le rencontrent. Ils semblent lui souhaiter la bienvenue et l’assurer de leur aide, bien qu’ils restent silencieux (Héb. 1 : 14). Pourtant le coeur du patriarche n’est pas affranchi de la crainte de l’homme (Prov. 29 : 25). Il tremble à la perspective de rencontrer Esaü, qui avait autrefois affirmé son intention de le tuer. Sans doute, il a recours à la prière, une prière courte, adressée au Dieu d’Abraham et d’Isaac (Gen. 32 : 9-12) mais en même temps, il prend toutes les précautions imaginables pour qu’une partie au moins puisse échapper (Gen. 33 : 2) ! Dans quel esprit prions-nous ? Quelle est notre vraie relation avec Dieu et sommes-nous véritablement disposés à le laisser seul agir ?
Vingt années ont passé, mais Jacob doit encore apprendre qu’il est coupable avant tout devant Dieu (Ps. 51 : 4). Pour l’heure, il fait des calculs avant d’aborder Esaü : « je l’apaiserai par le présent qui va devant moi et après cela je verrai sa face ; peut-être qu’il m’accueillera favorablement » (Gen. 32 : 20). N’a-t-il pas habilement disposé l’ordre des troupeaux successifs qu’il lui destine ? (Gen. 32 : 16). Que de personnes troublées dans leur conscience pensent apaiser Dieu par des actions soi-disant méritoires ! Mais Dieu a aimé le pécheur et Il a envoyé son Fils donner sa précieuse vie sur la croix, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3 : 16 ; 1 Jean 4 : 9-10).
Jacob apprend alors que son frère a quitté sa forteresse imprenable de Séhir, et se porte à sa rencontre ! Mais il est suivi d’une troupe inattendue de 400 hommes ! Quelles sont ses intentions ? Jacob devrait se confier vraiment en Dieu, prendre courageusement la tête de sa famille et aller demander humblement pardon à son frère offensé. Sa situation paraît critique et pourtant cette nuit-là va marquer un tournant important dans sa vie.

Jacob à Peniel et sa rencontre avec Esaü
Jacob fait passer le gué de Jabbok à tous les siens et reste seul, seul avec Dieu : « Un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore » (Gen. 32 : 24). Il a toujours cherché à obtenir la bénédiction par ses propres efforts. Jacob résiste comme nous le faisons si souvent ! Il ne veut pas s’avouer vaincu : « Par sa force, il lutta avec Dieu » (Osée 12 : 4). Mais il lui faut constater que malgré toute son énergie, il ne peut prévaloir et vaincre. L’homme dans sa nature adamique est inimitié contre Dieu. La chair ne peut être améliorée ni assujettie, elle a été crucifiée (Rom. 8 : 7).
Un simple geste divin suffit à montrer la faiblesse du patriarche (Gen.32 : 25). L’emboîture de la hanche de Jacob est définitivement luxée et il ne peut plus se confier dans ses propres capacités. Il apprend une vérité de base dans la vie de tout croyant : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (1 Cor. 12 : 10). Il réalise sa faiblesse, il s’attend à Dieu et déclare avec foi : « Je ne te laisserai point aller sans que tu m’aies béni » (Gen. 32 : 26). Le prophète Osée qui parle d’Ephraïm, figure d’Israël, pour montrer que la voie de la repentance est encore ouverte, évoque cet instant dans la vie de Jacob : « Il lutta avec Dieu ; oui, il lutta avec l’Ange et prévalut : il pleura et il le supplia » (Osée 12 : 5).
C’est la première victoire réelle dans sa vie ! Elle est le fruit béni d’une fervente supplication (Jac. 5 : 16). Après avoir confessé qu’il s’appelle Jacob, celui qui supplante, (Gen. 32 : 27), il obtient la bénédiction et quelle bénédiction ! Son nom est changé en celui d’Israël « vainqueur ou prince de Dieu » si grand dans les conseils de Dieu. Dans l’Ecriture et dans l’histoire, ce nom porte les regards sur Christ, le vainqueur, le Prince, le vrai Israël de Dieu.
Dieu veut que nous soyons des vainqueurs. S’il nous arrête dans une marche de propre volonté et nous ôte notre énergie charnelle, c’est afin de nous donner Sa puissance !
Dieu le bénit là ; alors le soleil se lève sur lui quand il passe Peniel. Jacob s’en souviendra toujours : « J’ai vu Dieu face à face ». Son bâton sera là pour lui rappeler continuellement sa propre infirmité. Sa hanche est luxée mais son âme a été délivrée (Rom. 7 : 24-25) même si le vieux Jacob, le supplanteur, se manifeste encore dans bien des circonstances.
Pourquoi adopte-t-il cette attitude servile devant son frère ? Il est bientôt évident que Dieu a incliné le coeur d’Esaü (Gen. 33 : 3-4). Il n’a d’ailleurs pas apparemment saisi le but que Jacob poursuivait, en multipliant les cadeaux. En tout cas, l’un et l’autre tiennent à affirmer qu’ils ont de tout en abondance (Gen. 33 : 8-10).
Pourtant les craintes de Jacob sont toujours vivaces ! L’occasion lui était fournie de montrer à son frère qu’il se savait sous la protection de l’Eternel. Mais lorsque Esaü lui propose de faire route avec lui, il se dérobe par un mensonge. Il prétend qu’il a l’intention de se rendre à Séhir. Or en fait, il se dirige vers Succoth, où il bâtit une maison et des cabanes pour son bétail. Il semble prêt à abandonner le caractère que Dieu se plaisait à souligner chez les patriarches : « Par la foi Abraham demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes, avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse » (Héb. 11 : 9).

Sichem : la séduction et le déshonneur
Ensuite, peu de temps après, Jacob achète à Sichem le champ des fils d’Hamor, où il a dressé sa tente. C’était hélas, perdre de vue son caractère de forain et de voyageur (Gen. 33 : 17-20). Ce relâchement dans sa conduite aura bientôt de tristes conséquences. Dina, la fille de Léa, sort « pour voir les filles du pays ». Une simple visite de politesse, pense-t-on ! Pourquoi s’en émouvoir ? Les tentes ont été dressées tout près de la ville mais la sagesse imposait de garder ses distances. Les parents ont aussi souvent par leur attitude laxiste une responsabilité majeure dans les chutes de leurs pauvres enfants, inconscients des dangers encourus. Nos motifs au départ sont parfois difficiles à discerner ? Simple curiosité anodine estime-t-on. Souvent, on est incapable de discerner l’attirance secrète de notre coeur. Ne perdons pas de vue que notre chair est toujours disposée à céder à la convoitise (Gal. 5:19-21). Veillons à ne pas la nourrir ! « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises » (Gal. 5 : 24).
Le monde se présente souvent d’abord sous ses aspects riants, mais il ne tarde pas à se montrer corrompu et violent ! Le Liban était majestueux, il attirait la Sulamithe. Mais les tanières des lions et des léopards s’y trouvaient cachés. D’où l’appel répété du bien-aimé à s’en écarter : Viens ! (C.de C. 4 : 7-8).
Les fréquentations impures de Dina vont rapidement amener le déshonneur sur la fille de Jacob. Et loin de se taire comme le fait Jacob humilié (Gen. 34 : 5), ses fils Siméon et Lévi ourdissent une terrible vengeance à l’égard de Sichem. Ils feignent de s’accorder avec eux et, le moment venu, les massacrent sans pitié ! La fornication est chose habituelle dans ce monde et ceux qui « habitent sur la terre » trouvent étrange que nous ne courions pas dans le même bourbier qu’eux (1 Pier. 4 : 4).
Jacob est profondément troublé et découragé par les désordres survenus dans sa famille (Gen. 34 : 30). Alors, dans sa miséricorde, Dieu prend soin de lui. Il ne veut pas le laisser dans une condition si misérable. Il va l’aider à s’éloigner de ces villes corrompues, à faire avec les siens un pas d’une grande importance : ils vont devenir des adorateurs.

L’appel de Dieu à Béthel
Un grand changement a lieu. Dieu dit à Jacob : « Lève-toi, monte à Béthel et habite là, et fais un autel au Dieu qui t’apparu comme tu t’enfuyais devant la face d’Esaü, ton frère » (Gen. 35 : 1). La Parole rappelle ailleurs cette étape si importante : « A Béthel, Il le trouva ; et là, Il parla avec nous » (Osée 12:5). Il va se faire connaître à eux comme le Dieu Tout-Puissant, ce qui n’avait pas été le cas à Peniel (Gen. 32 : 29 ; 35 :11).
Il est utile pour Jacob de se souvenir de ses fautes, de sa fuite, de sa détresse mais à Béthel, dans la maison de Dieu, il apprend à mesurer un peu mieux sa grâce, ses soins constants et sa fidélité. La même voix divine invite le chrétien chaque premier jour de la semaine à laisser de côté « les affaires de la vie » pour se rendre au lieu où le Seigneur a promis sa présence au milieu des deux ou trois. Celui que le chrétien connaît comme Père cherche des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité, rappelant son oeuvre glorieuse et magnifique (Matt. 18 : 20 ; Héb. 13 : 15).
La simple évocation de Béthel va produire un effet puissant dans l’âme de Jacob. Mais avant d’obéir et de s’y rendre, il comprend qu’une chose est indispensable. Souvent, au lieu de rejeter le mal, on s’en accommode (Job 20 : 12). On ne peut se tenir dans la présence de Dieu sans que l’impureté et l’idolâtrie soient ôtées ! Ceux qui s’approchent de Lui doivent d’abord se purifier dans leur marche personnelle et veiller soigneusement sur leurs associations (Es. 52 : 11).
Or dans les tentes de Jacob étaient cachés des objets incompatibles avec la sainte présence de Dieu. A commencer par les théraphim : « mes dieux » comme Laban les appelait (Gen. 30 : 31). Ils se trouvaient toujours, selon toute probabilité, dans la tente de l’épouse bien-aimée de Jacob : Rachel ! Ces dieux étrangers doivent être absolument rejetés avant que Jacob et les siens puissent paraître devant l’Eternel à Béthel. Autrefois Jacob, repris dans sa conscience, avait estimé ce lieu terrible (Héb. 12 : 28-29).
Josué, à la fin de sa carrière, rappelle au peuple que Dieu est un Dieu saint mais aussi un Dieu jaloux. Israël affirme pourtant avec force qu’il veut Le servir ! Alors Josué leur dit : « Ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et inclinez vos coeurs vers l’Eternel, votre Dieu » (Jos. 24 :19-23). Quand les coeurs, sous l’effet sanctifiant de la Parole se repentent, toute résistance cesse promptement : « Les fils d’Israël ôtèrent les Baals et les Ashtoreths, et servirent l’Eternel seul » (1 Sam. 7 : 4). L’apôtre resté le dernier en vie adressait aux croyants cette ultime mise en garde : « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5 : 21). Prenons garde de fermer la porte de nos coeurs à tout ce qui voudrait y prendre la place du Seigneur. Que de compromissions risquons-nous d’accepter dans nos activités ou dans nos loisirs ! Que d’amitiés douteuses peuvent rapidement se former (Job 34 : 8) ! Combien d’habitudes coupables, souvent secrètes, peuvent s’emparer de nous !
Jacob se conduit ici en chef de famille responsable. Il fait preuve de fermeté à l’égard de sa propre maison et de ceux qui vivaient dans sa compagnie. Tous doivent ôter les dieux étrangers qui sont en leur possession, ils doivent se purifier et changer de vêtements ! Ils vont même donner « les anneaux qui étaient à leurs oreilles ». Habituellement en or, ces ornements se voyaient souvent attribués des pouvoirs surnaturels et ils étaient donc très convoités (Es. 3 : 16-23). Dès que Laban avait vu l’anneau et les bracelets aux mains de sa soeur Rebecca, il avait flairé une bonne affaire. Ses paroles à l’égard du serviteur d’Abraham étaient devenues lisses comme le beurre, et aussitôt il l’avait appelé le béni de l’Eternel ! (Gen. 24 : 29-30 ; Ps. 55 : 21).
Le patriarche cache ensuite toutes ces idoles sous un térébinthe qui était près de Sichem et ils montent à Béthel. Jacob avait eu des craintes justifiées après la folie meurtrière de ses fils (Gen.34 : 30 ; 49 : 5-7). Mais maintenant dans un chemin d’obéissance, « la frayeur de Dieu fut sur les villes qui les entouraient, et on ne poursuivit pas les fils de Jacob » (Gen. 35 : 5 ; Ex. 11 : 7 ; Rom. 8 : 31).
Jacob avait déjà dressé un autel à Sichem qu’il avait appelé El-Elohé-Israël, c’est à dire « Dieu, le Dieu d’Israël ». Cet autel tenait compte du nouveau nom que Dieu venait de lui donner à Peniel. Toutefois son association avec le monde et ses principes ne lui permet pas de dépasser un faible niveau dans son adoration. Il en sera de même pour nous, aussi longtemps que nous restons pratiquement liés au monde.
Mais maintenant, dès son arrivée à Luz (c’est Béthel), il tient compte du lieu où il se trouve et son culte change de caractère. Il rend grâces pour les soins qu’il a reçus et il « bâtit là un autel » (Gen. 35 : 7). C’est là que Dieu s’est révélé à lui comme il s’enfuyait de devant la face de son frère. Il peut appeler cet autel : « le Dieu de la maison de Dieu ». Ses pensées ne s’arrêtent plus tellement sur Jacob, le béni de l’Eternel, mais bien plutôt sur Dieu lui-même. Il réalise que la Personne est plus importante que le lieu. Il fait des progrès dans sa connaissance. Mais pourquoi ne reste-t-il pas habiter à Béthel ?
Les chrétiens ont le privilège d’adorer Dieu connu comme leur Père (Jean 20 : 17) selon sa révélation en Christ. Ils l’adorent, comme Jacob à Béthel, non seulement pour ce qu’Il est envers eux, mais pour ce qu’Il est en lui-même.

Dernières épreuves et fin de Jacob
Le chemin de la discipline se poursuivra pour Jacob : il en est ainsi pour chaque croyant. Dieu détache un à un ses fils qui le retardent dans ses progrès spirituels. « L’histoire de ma vie est celle de mon dépouillement », a pu dire à juste titre un croyant. Jacob connaît des deuils successifs. C’est d’abord la nourrice de Rebecca qui meurt à Béthel : elle ne pourra plus lui parler de sa mère disparue. Puis à la naissance de Benjamin sur le chemin d’Ephrath, qui est Bethléem, se lie la mort de Rachel. Il en résultera pour le patriarche un vide que rien ne pourra combler ! Parvenu à la fin de sa course, Jacob en parle encore comme si ce deuil avait été le terme de toutes ses espérances terrestres (Gen. 48 : 7).
Mais, pour que Jacob se soumette entièrement à la volonté de Dieu, il devra encore traverser de grandes épreuves, qui l’atteignent dans ses affections envers deux de ses fils, les enfants de Rachel, Joseph et Benjamin. Pour Joseph, il refuse d’être consolé (Gen. 37 : 35). Pour Benjamin, il déclare : « Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » (Gen. 43 : 14). Il se soumet à la volonté de Dieu qui désire que nous trouvions toutes nos ressources en Lui.
Jacob avait déclaré : « Toutes ces choses sont contre moi » (Gen. 42 : 36). Désormais quel changement heureux chez ce patriarche ! Alors que dans le passé sa volonté propre se manifestait si souvent, il craint maintenant de faire un pas sans Dieu ! Alors l’Eternel l’encourage, et lui promet de descendre avec lui en Egypte (Gen. 46 : 3). Chers lecteurs, le Seigneur peut-Il nous accompagner partout où nous allons ?
Jacob retrouve miraculeusement Joseph et Benjamin qu’il avait perdus. Son chagrin a été si grand qu’il a du mal, pour un moment, à supporter sa joie. Quelle rencontre émouvante avec Joseph (Gen 46 : 29-30) ! La coupe de Jacob est pleine : « Que je meure à présent, après que j’ai vu ton visage, puisque tu vis encore » (Gen. 46 : 30).
La discipline a produit son oeuvre bénie. Présenté au Pharaon, ce vieillard courbé sur son bâton bénit le puissant monarque (Héb.7 : 7). Jacob pense que le temps de son départ approche mais il mourra en bonne vieillesse, quelques dix-sept ans après. Les derniers moments de sa vie, les plus remarquables, sont retenus par l’Ecriture : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora appuyé sur le bout de son bâton » (Héb.11 : 21 ; Gen. 47 : 31). Il apparaît ici comme un témoin pour Dieu, ayant l’intelligence de ses desseins, exprimant des pensées saintes et élevées. Sa fin triomphante souligne et glorifie la grâce de Dieu envers cet homme. Jacob rappelle les étapes de sa vie, en particulier Luz, autrement dit Béthel, où Dieu s’est fait connaître à Lui (Gen. 48 : 3-4).
Que de leçons pour nous dans le chemin parcouru, accompagné par les soins de Celui que l’Ecriture appelle si fréquemment le Dieu de Jacob, autrement dit le Dieu de la grâce (Ps. 146 : 5) ! En relisant le récit de la vie de Jacob puissions-nous apprendre que Dieu est le seul vrai repos et la seule vraie ressource. Il voudrait nous amener à cette heureuse conclusion avant de toucher au but.

Ph.L. le 23.11.05

Fidèle discipline d’un Dieu de sainteté,
Où la grâce divine abonde en fruits portés.
Tu formes sur la terre tes bien-aimés enfants.
Sois loué, tendre Père, pour tes soins vigilants !

NOTRE-DAME DU LAUS : UN NOUVEAU SANCTUAIRE POUR 2014

9 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31358?l=french

NOTRE-DAME DU LAUS : UN NOUVEAU SANCTUAIRE POUR 2014

Par Philippe Madec

Propos recueillis par Anne Kurian
ROME, lundi 9 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le sanctuaire français de Notre-Dame du Laus, dans les Hautes-Alpes, va être réaménagé: une église de 2.500 places à l’architecture « mariale » devrait voir le jour en 2014.
Depuis la reconnaissance officielle du caractère surnaturel des apparitions de la Vierge Marie à Benoîte Rencurel (1647-1718) par Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun, le 4 mai 2008, la basilique actuelle de 350 sièges, se fait trop étroite pour les 170.000 visiteurs annuels.
C’est pourquoi un aménagement des lieux a été décidé : un jury a procédé à des auditions d’architectes, sous la direction de Mgr di Falco. C’est le projet de Philippe Madec, conçu avec Françoise-Hélène Jourda et Marc Barani, qui a été retenu.
Le projet en question s’intitule “Juste un pas de côté” et prévoit une église modulable. Le site sera également aménagé dans son ensemble, sur 30 ans, dans le respect de l’environnement. L’architecte Philippe Madec en dit davantage aux lecteurs de Zenit.
Zenit – Quelles sont vos impressions en travaillant au projet de Notre-Dame du Laus?
Philippe Madec – Quelles que soient les expériences antérieures, l’aménagement de Notre-Dame du Laus est une première. Dans ce sanctuaire naissant au XVIIe siècle, s’épanouissant à nouveau quatre siècles plus tard, le temps ralenti et fervent a fait vivre au Laus une évolution patiente, préservé son authenticité humble, rurale et pieuse, maintenu peu ou prou la force de sa géographie sacrée. Le projet ne pouvait que respecter voire restaurer les lieux, rendre hommage aux pratiques, échelles et mesures inscrites de si longue date, à « ce trésor caché ».
De quelle façon exprimez-vous le message du lieu ?
La réconciliation, message principal du Laus, œuvre au creux de ce projet. Pour que la réconciliation soit intégrale, il nous est apparu indispensable que, d’une part, les lieux eux-mêmes se rapprochent d’un état nourri de leur force et beauté originelles, et que d’autre part, le projet n’impose rien, afin de concilier ce qui est déjà là, la longue histoire de Benoîte jusqu’à nous, avec ce qui advient, l’avenir du sanctuaire. Ménager pour aménager, mettre ensemble. Si possible et nécessaire, rapprocher le sanctuaire de lui-même : à juste distance du monde agité, au cœur d’un monde rural et d’un territoire préalpin que le parcours de la bergère du Laus a marqué de repères, accueillir une ferveur populaire et puissante.
Dans notre projet, il n’y a pas de concurrence, pas de dramatisation ni de mise en scène, plutôt la recherche de la simplicité des lieux et des architectures, de l’ »à peine vu », de l’ »à découvrir », et le chemin qu’il faut parcourir pour y parvenir. La nouvelle église n’occupe pas le centre du sanctuaire, elle participe de la géographie sacrée, se met à part, au détour d’un chemin.
De quelle manière l’architecture va-t-elle aider l’assemblée à prier ?
L’architecture accueille, protège, console, installe un temps qui prend son temps, le temps de rester pour se (re)trouver face au sacré, à soi, aux autres, à la nature. Notre architecture est mariale. Dans un plan aux formes souples, elle offre son hospitalité dans des chapelles collatérales souterraines, et sous une haute charpente de petits bois qui réinterprète le manteau protecteur de Marie. Elle apaise dans ce lieu tout de nature, de terre, d’arbres, de soleil, où résonne le son des cloches de la basilique, brille le sifflement des oiseaux et remonte le chant du torrent. Elle s’installe « un pas de côté » pour prendre le temps de s’y rendre, d’entrer en paix dans la prière en assemblée.
A ce niveau de nos études tout juste issues du concours, le projet attend les échanges indispensables avec Mgr Jean-Michel di Falco Léandri et le P. Ludovic Frère notamment, pour parfaire sa conception. Notre proposition est ouverte, rend possible plusieurs approches y compris innovantes. Prochaine étape.
Comment le cadre naturel du Laus est-il pris en compte dans votre projet ?
L’homme est consubstantiel de la nature. Notre projet cherche à considérer avec la même bienveillance tout ce qui porte la vie. Il en provient, en découle. Il reconnaît une géographie sacrée, montagne, conque et torrent, constellée par le souvenir toujours vif des apparitions. Il s’inscrit dans un écosystème hyper local né de l’interdépendance de la foi, de la vie quotidienne rurale, du paysage, des torrents, des forêts et de pierres sombres, de lumière et d’ombre.
L’éco-responsabilité caractérise notre équipe qui en regroupe des figures reconnues. Toutes nos décisions sont frappées de son sceau. Imaginer le chantier d’une grande église dans un site fragile et difficile d’accès conforte les choix d’une démarche économe, montagnarde : construire une grande nef en petit bois et la couvrir de tavaillons – planchette de bois – répond aux conditions et aux savoir-faire locaux, comme reprendre le schiste – une roche – du site comme agrégats pour les bétons ; tirer profit de la température constante du sol pour tempérer économiquement l’église, etc.
Comment l’architecture peut-elle être au service du sacré ?
L’architecture sert tous les aspects de la vie humaine, ses valeurs et son quotidien, le sacré avec le même enthousiasme que le domestique. Il suffit de citer Le Corbusier, l’inépuisable, l’auteur agnostique de si belles architectures sacrées : « Dresser face à la nature du Bon Dieu, sous le ciel et face au soleil, une œuvre architecturale magistrale, faite de rigueur, de grandeur, de noblesse, de sourire et d’élégance » et chercher à le faire. Partout le même acte d’amour, le même acte de bienveillance pour l’autre dans tous les moments de son existence.

Saint-Paul avec Aquilas et Priscille

7 juillet, 2012

Saint-Paul avec Aquilas et Priscille dans images sacrée



http://www.istitutoaveta.it/Ss.Aquila%20e%20Priscilla.htm

catéchèse du Pape Benoît XVI sur Aquilas et Priscille, collaborateurs de Paul, post pour la mémoire optionelle

7 juillet, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070207_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 février 2007

Les époux Priscille et Aquilas

Chers frères et soeurs,

En faisant un nouveau pas dans cette sorte de galerie de portraits des premiers témoins de la foi chrétienne, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous prenons aujourd’hui en considération un couple d’époux. Il s’agit des conjoints Priscille et Aquilas, qui se trouvent dans le groupe des nombreux collaborateurs qui ont entouré l’apôtre Paul, que j’avais déjà brièvement mentionnés mercredi dernier. Sur la base des informations en notre possession, ce couple d’époux joua un rôle très actif au temps des origines post-pascales de l’Eglise.
Les noms d’Aquilas et de Priscille sont latins, mais l’homme et la femme qui les portent étaient d’origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l’Anatolie septentrionale, qui s’ouvre sur la Mer Noire – dans la Turquie actuelle -, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une juive provenant de Rome (cf. Ac 18, 2). C’est en tout cas de Rome qu’ils étaient parvenus à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50; c’est là qu’il s’associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage domestique, et il fut même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l’empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l’Urbs. L’historien Romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu’il avait expulsé les Juifs car « ils provoquaient des tumultes en raison d’un certain Crestus » (cf. « Les vies des douze Césars, Claude », 25). On voit qu’il ne connaissait pas bien le nom – au lieu du Christ, il écrit « Crestus » – et qu’il n’avait qu’une idée très confuse de ce qui s’était passé. Quoi qu’il en soit, des discordes régnaient à l’intérieur de la communauté juive autour de la question de savoir si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l’empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avait déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu’ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu’un non seulement qui partageait cette foi avec eux – que Jésus est le Christ – mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l’accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.
Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, « Priscille et Aquilas l’entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d’exactitude la Voie de Dieu » (Ac 18, 26). Quand, à Ephèse, l’Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d’ »Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l’Eglise qui se rassemble chez eux » (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l’Eglise primitive: accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l’Eucharistie. C’est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec « ekklesìa » – le mot latin est « ecclesia », le mot français « église » – qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d’Aquilas et de Priscille, se réunit donc l’Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l’Eglise dans les maisons des croyants. Les chrétiens, en effet, jusque vers le III siècle, ne possédaient pas leurs propres lieux de culte: dans un premier temps, ce furent les synagogues juives, jusqu’à ce que la symbiose originelle entre l’Ancien et le Nouveau Testament ne se défasse et que l’Eglise des Gentils ne soit obligée de trouver sa propre identité, toujours profondément enracinée dans l’Ancien Testament. Ensuite, après cette « rupture », les chrétiens se réunissent dans les maisons, qui deviennent ainsi « Eglise ». Et enfin, au III siècle, naissent de véritables édifices de culte chrétien. Mais ici, dans la première moitié du I et du II siècle, les maisons des chrétiens deviennent véritablement et à proprement parler des « églises ». Comme je l’ai dit, on y lit ensemble les Saintes Ecritures et l’on célèbre l’Eucharistie. C’est ce qui se passait, par exemple, à Corinthe, où Paul mentionne un certain « Gaïus vous salue, lui qui m’a ouvert sa maison, à moi et à toute l’Eglise » (Rm 16, 23), ou à Laodicée, où la communauté se rassemblait dans la maison d’une certaine Nympha (cf. Col 4, 15), ou à Colosse, où le rassemblement avait lieu dans la maison d’un certain Archippe (cf. Phm 1, 2).
De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l’Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut: « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude: c’est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l’Eglise qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5). Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles! Et c’est l’apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d’avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d’un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu’à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l’expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d’action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l’Evangile.

La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même s’il reste le problème de son identification avec une autre Priscille martyre. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l’Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d’une femme, qui a été certainement une personne active et d’une grande valeur dans l’histoire du christianisme romain. Une chose est certaine: à la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s’unir la nôtre, car c’est grâce à la foi et à l’engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d’époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l’annonçaient. Pour s’enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l’engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l’ »humus » à la croissance de la foi. Et c’est toujours et seulement ainsi que croît l’Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l’action des époux chrétiens est importante. Lors-qu’ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l’Eglise et dans l’Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s’élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu’une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.
Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple: chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d’altruisme et d’attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l’unique domination de Jésus Christ. Ce n’est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l’Eglise (cf. Eph 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l’Apôtre façonne indirectement la vie de l’Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l’Eglise est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d’une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l’Eglise, famille de Dieu pour tous les temps.

Ezechiel le prophète, la vision

6 juillet, 2012

Ezechiel le prophète, la vision dans images sacrée 15%20ANGELICO%20EZEKIEL%20S%20VISION

http://www.artbible.net/1T/Eze0101_Ezechiel/pages/15%20ANGELICO%20EZEKIEL%20S%20VISION.htm

Ezechiel 2,2-5 – commentaires de Marie Noëlle Thabut

6 juillet, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 8 juillet : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – EZECHIEL 2, 2 – 5

2 L’Esprit vint en moi,
il me fit mettre debout,
et j’entendis le Seigneur qui me parlait ainsi :
3 « Fils d’homme je t’envoie vers les fils d’Israël,
vers ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi.
Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères
se sont soulevés contre moi,
4 et les fils ont le visage dur,
et le coeur obstiné.
C’est à eux que je t’envoie, et tu leur diras :
Ainsi parle le Seigneur Dieu…
5 Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils refusent,
– car c’est une engeance de rebelles, –

ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »
Rassurez-vous, les paroles que Dieu a adressées à Ezéchiel ne se sont pas limitées à ce que nous venons d’entendre ! Ce texte n’est qu’une toute petite partie du long récit de la vocation d’Ezéchiel, dans les premiers chapitres de son livre. A ne s’en tenir qu’aux quelques versets proposés pour ce dimanche, l’appel de Dieu semblerait un peu court et sévère ; aurait-il suffi à galvaniser Ezéchiel pour des années ? Mais c’est oublier dans quel climat ont résonné ces paroles. Quand Dieu envoie en mission, il donne toujours la force nécessaire : pour Ezéchiel, ce fut une vision grandiose, inoubliable dont le souvenir désormais soutiendrait tous ses efforts.
Nous sommes à Babylone, au tout début de l’Exil, avec la première vague des déportés chassés de Jérusalem par Nabuchodonosor en 597. Très loin, là-bas, sur la colline de Sion, le Temple est encore debout et Dieu y réside toujours puisqu’il l’a promis. Mais alors que reste-t-il aux exilés ? Désormais loin de Dieu, il ne leur reste que leurs yeux pour pleurer apparemment, en attendant des jours meilleurs.
Mais voilà que Dieu s’adresse à Ezéchiel, ici, bien loin de la mère-patrie et du Temple : c’est la première très Bonne Nouvelle de ce livre : Dieu n’est pas assigné à résidence à Jérusalem, il est également présent à Babylone, au bord du fleuve Kebar, là où est déporté son peuple. Ezéchiel voit les cieux s’ouvrir et le voilà plongé dans un univers de beauté indicible : plus tard il tentera bien de raconter sa vision, mais pour tous ceux qui n’y ont pas assisté, c’est proprement inimaginable : dans un univers de flammes, de feu, de pierres précieuses, de torches vivantes à visages d’hommes, d’animaux ailés, se déplaçait en tournoyant le chariot qui portait le trône de Dieu. Indicible, inracontable, peut-être, mais le feu qui émane du trône de Dieu vient d’embraser l’âme d’Ezéchiel, il est armé pour sa mission.
Laquelle promet d’être difficile : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi. » On a peut-être un peu trop l’habitude de croire que le peuple en Exil à Babylone ne faisait qu’un autour de ses prêtres et de ses prophètes, dans la fidélité à la Loi et l’espérance du retour. En fait, si l’on en croit ce texte, les choses étaient moins simples. Il est probable que, là-bas, au contact de l’idolâtrie ambiante, les tentations d’abandonner la foi juive ont été très fortes. D’autant plus qu’en pareil cas, si l’on veut survivre loin du pays, il faut bien s’adapter. Certains pensent probablement que l’intransigeance n’est pas le bon plan.
Par ailleurs, à l’époque, une question se posait : si nous sommes le peuple vaincu, n’est-ce pas une preuve que notre Dieu est moins puissant que les autres ? Et, du coup, certains étaient tentés de changer de religion.
On devine à travers ces lignes que le prophète aura fort à faire, le mot « rebelles » revient plusieurs fois sous sa plume : « C’est une engeance de rebelles… Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi, et les fils ont le visage dur, et le coeur obstiné. » On pourrait diagnostiquer une « rébellion congénitale » en quelque sorte ! Thème connu bien avant Ezéchiel : déjà Moïse s’en plaignait : ce n’est pas un hasard s’il avait transformé le nom de l’étape de Rephidim dans le Sinaï en Massa et Meriba (épreuve et querelle) en souvenir des récriminations continuelles du peuple pendant l’Exode.
Des siècles plus tard, à l’orée de l’Exil, justement, méditant cette rude expérience de Moïse, le livre du Deutéronome lui faisait dire : « Souviens-toi, n’oublie pas que tu as irrité le SEIGNEUR ton Dieu dans le désert. Depuis le jour où tu es sorti d’Egypte, jusqu’à votre arrivée ici, vous avez été en révolte contre le SEIGNEUR… Et le SEIGNEUR m’a dit : Je vois ce peuple : eh bien ! C’est un peuple à la nuque raide ! » (Dt 9, 7. 13).
Dans le texte d’aujourd’hui, le reproche est particulièrement cinglant : car le peuple est comparé à Pharaon lui-même, le modèle de l’endurcissement du coeur ! (Au verset 4, quand le prophète dit : « les fils ont le coeur obstiné », il emploie exactement le même mot hébreu que celui qui avait caractérisé le roi d’Egypte dans le livre de l’Exode : « le coeur du Pharaon resta endurci » (Ex 7, 13). C’est donc la suprême injure. Voilà Ezéchiel bien prévenu ; et ce peuple est si rebelle que le prophète, à n’en pas douter, aura fort à faire pour se faire entendre et justifier son autorité ; c’est pourquoi il précise bien qu’il ne parle pas de lui-même : « L’Esprit vint en moi, il me fit mettre debout », et cette parole n’est pas la sienne ; il prend bien soin de préciser : Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu… Au verset suivant, Dieu invitera son porte-parole à garder courage : « Ecoute, fils d’homme, n’aie pas peur d’eux et n’aie pas peur de leurs paroles, tu es au milieu de contradicteurs et d’épines, tu es assis sur des scorpions ; n’aie pas peur de leurs paroles et ne t’effraie pas de leurs visages, car c’est une engeance de rebelles. Tu leur diras mes paroles, qu’ils t’écoutent ou qu’ils ne t’écoutent pas : ce sont des rebelles. » (Ez 2, 6).
Mais, précisément, à travers la gravité même des reproches adressés par Dieu à son peuple, on peut lire la deuxième très Bonne Nouvelle du texte de ce dimanche : ce peuple est dur et indocile, soit ; eh bien, même cela n’arrête pas la fidélité de Dieu à son Alliance : quelle que soit leur attitude, d’écoute ou de refus « ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. » Traduisez, ils sauront que Dieu continue de leur parler, de les appeler.

Homélie du 14e dimanche ordinaire B

6 juillet, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 14e dimanche ordinaire B

Ex 2, 2-5 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6

Nous avons tous bien entendu : « Les proches de Jésus (qui étaient des croyants et des pratiquants) étaient choqués à cause de lui ». Et nous avons tous bien entendu que Jésus « s’étonnait de leur manque de foi ». Face aux prophètes, nous sommes exactement aujourd’hui dans la même situation. Qu’il s’appelle Ezéchiel ou Paul de Tarse, Helder Camara, abbé Pierre, ou sœur Emmanuelle… , et a fortiori Jésus de Nazareth, tout prophète prend des risques. Son langage et son comportement tranchent avec l’habituelle « langue de bois » ou, dans l’Eglise, « la langue de buis », et la rigidité des pratiques stéréotypées.
Tout prophète est toujours confronté à des interlocuteurs très susceptibles, qui s’appellent, même en chacun de nous, autorité et pouvoir, tradition et idéologie, ordre et convenances, opposition à toute critique et à toute remise en cause. Face à des murs de pierre ou des rideaux de fer hermétiques, le prophète est souvent très seul et combat à mains nues. Mais il a toujours eu, dans l’histoire de l’Alliance entre Dieu et son peuple, une mission vitale à remplir. Irremplaçable ! Quand les voix prophétiques sont étouffées, la foi entre en agonie.
Le vrai prophète est l’homme ou la femme du souffle. Le souffle de l’Esprit. Cet Esprit qui nous fait passer de la crainte à la confiance, qui nous fait sortir des pièces barricadées ou verrouillées.
La parole du prophète se moule dans la Bonne Nouvelle. Elle est une parole libre, parfois rude, toujours exigeante, mais une parole d’invitation et de dialogue, et non pas un décret autoritaire. Une parole infiniment respectueuse des consciences, qui nourrit l’espoir au lieu de brandir des menaces et de cultiver la peur.
Depuis toujours, tout prophète, comme le Christ, va d’abord vers les plus pauvres, les plus marginalisés, les plus dispersés. Les intouchables. Il ose donc franchir les barrières culturelles, religieuses, politiques et sociales. Même quand elles sont protégées par les barbelés et les tabous des certitudes et des « vérités » définitives.
Comme au temps du Christ, il est des prophètes aujourd’hui qui fréquentent des Samaritains hérétiques, des Marie-Madeleine parfumées et de scandaleux Zachée… jusque sur les plateaux de télévision, qui constituent la plus grande place publique du monde. Intolérable ! crie d’une seule voix le chœur des super-vertueux et des orthodoxes purs et durs.
Aujourd’hui encore, il est des passionnés de l’Evangile, qui vont annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ en des lieux peu recommandables et dans des publications douteuses. Et l’on voit même des cardinaux et des évêques, qui refusent une pastorale de ghetto, sortir de leur sacristie, de leur palais épiscopal, pour fréquenter des infréquentables et leur offrir la Bonne Nouvelle. Cela fait partie de leur mission.
Les prophètes se montrent toujours moins préoccupés par les dogmes qu’ils respectent, que par les situations et les problèmes concrets que vivent les hommes et les femmes de leur temps.
Comme Jésus, ils pratiquent la loi de l’amour plutôt que l’amour de la loi. Ils choquent donc inévitablement tout ce qui, en nous et autour de nous, peut s’appeler pharisien, bien-pensant, spécialiste de la loi et grand-prêtre.
Voyons Paul de Tarse, l’homme de l’ouverture et des intuitions prophétiques. Un exemple éclatant ! C’est ainsi qu’il s’est refusé à imposer la circoncision traditionnelle et sacrée aux chrétiens convertis du paganisme et formés par une toute autre culture. Et il s’est opposé farouchement à tous ceux qui tentaient de leur imposer les mille et une prescriptions de la loi de Moïse. Son principe : Ce n’est pas la loi avec « ses commandements et décrets » qui sauve, mais bien la foi au Christ.
Nous vivons encore aujourd’hui ce genre de tensions entre le « pouvoir » central de l’Eglise et celui des Eglises locales, tensions entre Pierre et Paul, entre l’institution et les charismes, les traditions figées et la Tradition vivante. Mais il n’y a pas de quoi s’affoler. Il ne s’agit ni de guerre, ni d’opposition, ni de désunion. C’est un signe de santé. D’ailleurs, ces mêmes tensions et combats se manifestent aussi dans nos territoires intérieurs. Nous sommes tous et chacun interpellés et choqués par les prophètes. Il ne faut donc pas avoir peur d’un débat dans l’Eglise. Ni même d’une confrontation qui peut, et même doit, rester fraternelle. D’ailleurs le respect et l’obéissance « n’empêchent pas d’avoir un avis ». Et la foi n’est pas là pour « piétiner la raison ».
Un évêque français, Mgr Mondésert (1) constate publiquement, d’une manière critique mais toujours positive et sereine, que « le décalage entre l’Eglise et toute une partie de la société s’approfondit à cause du discours ecclésial en matière de morale privée… Un écart se creuse entre le discours officiel de l’Eglise et les pratiques du plus grand nombre… L’autorité romaine… donne le sentiment de ne pas assez prendre en compte ce qui fait la complexité, voire la difficulté, de la vie des personnes ». Puis, en parlant de l’ensemble des chrétiens, il ajoute : « Il me semble que nous sommes victimes, là encore, d’une vision pyramidale de l’Eglise universelle… Même si l’on parle beaucoup de communion ou de collégialité, l’on a encore trop souvent l’impression que l’Eglise fonctionne davantage comme une société qui se voudrait parfaite, sans conflits, ni taches. Ni erreurs, ni péchés… Avec à sa tête un pouvoir central ! » Or, « l’Eglise ne se définit pas d’abord ainsi sur une relation de supériorité et de pouvoir. Mais bien, avant tout, sur une relation d’amour et de service, sur ce rapport de proximité existant entre Dieu et les êtres humains… On choisit trop souvent la rigidité des préceptes au détriment de la sollicitude pastorale, le juridisme au lieu du sens des personnes… En interpellant ainsi mon Eglise au nom de l’Evangile, en rappelant avec force les droits de la conscience et de la liberté humaine, je ne me sens pas seul. Je renoue avec cette histoire, qui a su, au fil des siècles, donner à l’Eglise son visage original. »
Mais ce n’est pas de tout repos. Car les prophètes de tous les temps entendent toujours les mêmes refrains qui leur sont adressés : « Qu’ils se taisent ! Sinon qu’on les crucifie ! ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Mgr Mondésert, « Libres propos sur l’Eglise », DDB 1994.

la rencontre entre Abraham et de Melchisédech

5 juillet, 2012

la rencontre entre Abraham et de Melchisédech dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=92445&pic=92445B.JPG&dispsize=Original&start=0

Melchisédech figure du Christ

5 juillet, 2012

http://www.bible-service.net/site/692.html

Melchisédech figure du Christ

L’interprétation typologique de Melchisédech comme figure du Christ domine l’exégèse médiévale. Mais elle n’empêche pas les commentateurs de s’interroger sur le personnage historique qui apparaît en Gn 14. Les interrogations portent à la fois sur la personne de Melchisédech et sur la ville de Salem. Les recherches menées à cet égard par les auteurs patristiques sont abondamment utilisées, comme on le voit dans cet extrait d’un commentateur dominicain du début du XIVe siècle, le toulousain Dominique Grima († 1347), qui résume en fait des données prises chez Jérôme et Augustin, sur l’identification de Salem (on observe que sont exposées deux thèses contradictoires de Jérôme).

Dominique Grima,  » Commentaire de Gn 14,18 « 
Melchisédech roi de Salem. […] Dans la lettre qui commence par  » Tu m’as envoyé « , Jérôme affirme que Salem ne doit pas être comprise comme la cité de Jérusalem mais est une place-forte près de Nicopolis. Jérôme dit que l’on y voit encore le palais de Melchisédech parmi les ruines. Sur Salem, voir Gn 33 : Jacob vint à Sokot et se rendit à Salem, ville des Sichémites. Son nom apparaît sous la forme corrompue de Salim en Jn 3 : Jean baptisait à Ennon près de Salim. Selon Jérôme, dans le Livre des questions hébraïques <sur la Genèse>, Salem, dont Melchisédech était le roi, fut appelée par la suite Jérusalem, et Flavius Josèphe semble du même avis. Pour cela, il faut dire qu’il y a eu deux villes de Salem, l’une, la cité des Sichémites dont parle Augustin, l’autre des Cananéens ou plutôt des Jébuséens, qui étaient appelés Cananéens au sens large.

Malgré l’identification traditionnelle avec Sem, le personnage de Melchisédech lui-même fait l’objet d’interrogations ; ce qui est dit de lui en He 7,3 suscite des doutes. Rupert de Deutz, bénédictin du début du XIIe s. (1075 – v. 1130), dont le commentaire est d’une grande richesse, fait état d’hypothèses anciennes, qu’il juge absurdes.

Rupert de Deutz,  » Commentaire de Gn 14,18-20 « 
L’Apôtre, rappelant ce passage, dit : Ce Melchisédech, sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni début de ses jours ni fin de sa vie, assimilé au Fils de Dieu, reste prêtre à jamais. Ces paroles et d’autres qu’ajoute le même Apôtre ont fourni à ceux qui comprennent mal une occasion de soupçon : ils pensent que Melchisédech ne fut pas un homme mais un ange ou même (ce qui est encore plus dément) qu’il s’agit de l’Esprit saint lui-même, apparu sous les traits d’un homme. Mais les autres, extrêmement nombreux, ont été d’accord que c’était un homme cananéen, roi de la ville de Jérusalem, appelée d’abord Salem, puis Jébus et enfin Jérusalem. Il n’est pas étonnant, disent-ils, qu’il soit décrit comme un prêtre du Très-haut, bien que sans circoncision ni lois cérémonielles ni de la famille d’Aaron, puisqu’aussi bien Abel, Enoch et Noé ont plu à Dieu et ont offert des sacrifices [… ] Mais les Hébreux pensent autrement : ils rapportent que celui-ci est le fils aîné de Noé […].
Dominique Grima, dont nous avons lu un passage, donne davantage de précisions sur les auteurs de ces identifications ; il cite les noms d’Hippolyte, d’Irénée, d’Eusèbe de Césarée et d’Eustathe comme tenants de l’hypothèse selon laquelle Melchisédech serait un souverain cananéen ; d’après lui, Origène et Didyme le considèrent comme un ange, un texte anonyme comme l’Esprit saint. Mais ces identifications sont très rares au moyen âge et l’on voit généralement en lui soit Sem, soit un souverain païen. Le fait qu’il n’ait ni père ni mère ni généalogie permet de poser les fondements de l’interprétation spirituelle. Dans ses leçons sur l’Épître aux Hébreux, Thomas d’Aquin nous donne des explications d’une grande clarté.

Thomas d’Aquin,  » Commentaire de He 7,3 « 
Il faut savoir que dans l’Ancien Testament, toutes les fois qu’il est fait mention d’une personne importante, sont énoncés son père et sa mère, l’époque de sa naissance et de sa mort […]. Or ici c’est d’une manière subite qu’est introduit Melchisédech, sans que soit du tout fait mention de sa génération et de tout ce qui la concernerait. Et cela, certes, d’une manière tout à fait justifiée. En effet, quand il est dit sans père, est signifiée la naissance du Christ d’une vierge, donc sans père, comme il est dit en Matthieu : Ce qui est né en elle vient de l’Esprit saint. Or ce qui est propre à Dieu ne doit pas être attribué à une créature. Il appartient seulement à Dieu le Père d’être le père du Christ. Donc, dans la naissance de celui [Melchésédech] qui préfigurait le Christ, il ne devait pas y avoir de mention d’un père charnel.
De plus, le texte dit sans mère, pour ce qui est de la génération éternelle. Et ne comprends pas cela comme une génération matérielle, comme quand une mère donne la matière à l’enfant qu’elle engendre ; mais c’est une génération spirituelle, comme celle qui fait naître la splendeur du soleil […]. En outre, quand un engendrement est fait par un père et une mère, tout ne provient pas du père : la matière est fournie par la mère. C’est donc pour écarter toute imperfection du Christ et pour indiquer que tout ce qu’il a vient du Père, qu’il n’est pas fait mention de la mère : d’où le vers :  » Dieu est sans mère, sa chair est sans père « . Ainsi le Psaume : Dès le sein, avant l’aurore, je t’ai engendré, c’est-à-dire moi seul. Sans généalogie : sa généalogie n’est pas indiquée dans l’Écriture pour deux raisons : l’une, pour indiquer que sa génération est ineffable, Isaïe : Sa génération, qui la racontera ?; l’autre pour indiquer que le Christ, introduit comme prêtre, n’appartient pas à la famille des lévites ni à la généalogie de la vieille Loi.

Melchisédech, prêtre du très-haut
Supplément au Cahier Evangile n° 136 (pages 40-42).

Le Prêtre-Roi Melchisédech

5 juillet, 2012

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Besson/Articles/melchise.html

Le Prêtre-Roi Melchisédech

… Derrière Moise se tient le prêtre sans parents, le roi de justice, Melchisédech, fils du Soleil rouge
… Par Melchisédech et par Moïse parviennent aux créatures les bénédictions qui les guérissent.

Sédir : le Sermon sur la Montagne.
Depuis des temps immémoriaux, cette énigmatique figure, qui apparaît dans l’Ancien Testament pour disparaître aussitôt, a maintenu en éveil la sagacité des exégètes et alimenté la méditation des esprits religieux. Le but de cette notice est simplement d’exposer les quelques renseignements que l’Ecriture et la Tradition fournissent à son sujet.
Melchisédech est mentionné à trois reprises dans la Bible.
1 Au chapitre XIV de la Genèse, il est dit que Melchisédech, roi de Salem et sacrificateur de Dieu, bénit Abraham, victorieux de ses ennemis,
2 Au psaume CX, verset 4, il est écrit : Le Seigneur a juré et il ne s’en repentira pas: Tu es prêtre éternellement, à la manière de Melchisédech.
3 Dans l’épître aux Hébreux, il est déclaré que Melchisédech est la préfiguration du Christ Lui-même.
Extraordinaire assurément était cet être devant la bénédiction de qui s’inclina le Père des croyants , Celui qui avait été si souvent béni de Dieu et en qui toutes les nations de la terre devaient être bénies. Cornelius a Lapide pense qu’il est descendu du Ciel pour bénir Abraham et qu’il y est ensuite remonté puis, qu’après cette bénédiction, l’Ecriture ne fait plus mention de lui jusqu’au temps du roi David. Le nom qu’il portait et qui signifie roi de justice, doit être pris dans son acception plénière, absolue, car seul
un être parfaitement saint pouvait être appelé directement par Dieu à la vocation d’un sacerdoce ne relevant d’aucun pouvoir humain.
La Genèse nous apprend en effet qu’il était prêtre du Dieu souverain; mais il est significatif de constater que le livre saint, où l’on trouve indiquée avec tant de précision la succession des prêtres de la famille d’Aaron, ne parle pas de successeurs de Melchisédech. Au reste la déclaration du psaume: Tu es prêtre éternellement à la manière de Melchisédech montre bien que le roi de Salem est nommé ici non comme le chef mais comme le type d’un sacerdoce sans analogie dans l’Ancienne Alliance.(14)
Melchisédech est donc la préfiguration du Christ Lui-même, qui sera, Lui aussi, Roi et Sacrificateur. Et, pour ôter de notre esprit toute incertitude touchant cette manifestation mémorable, l’auteur du récit sacré prend soin de préciser le lieu où le pontife-roi donna à Abraham sa suréminente bénédiction. La rencontre eut lieu au nord de Jérusalem, exactement entre la ville et le tombeau des juges, qui en est distant d’à peine 3 kilomètres, près de l’endroit où passe actuellement la route de Jérusalem à Naplouse. C’est là que le prêtre de Salem, avant de bénir Abraham, offrit à Dieu le pain et le vin, préfiguration de la Cène que le Fils de Dieu devait célébrer plus tard dans cette même cité.
Et l’on comprend que l’apôtre, écrivant aux Hébreux, leur déclare qu’il aurait, touchant, ce Melchisédech, beaucoup à dire et des choses difficiles à expliquer. Et voici les seules qu’il consente à leur dévoiler, à cause de leur lenteur à comprendre : Outre la royauté de la justice et de la paix, Melchisédech est sans père ni mère , sans généalogie, il n’est d’ailleurs pas de même race qu’Abraham, ses jours n’ont pas de commencement ni sa vie de fin, il est semblable au Fils de Dieu, et il demeure prêtre éternellement.
Tel est cet être, préfiguration du Christ et même semblable au Fils de Dieu , né d’une façon surnaturelle puisqu’ appartenant à une autre race qu’Abraham , engendré avant les temps comme le Christ, sans descendance comme le Christ et, comme le Christ, vivant à jamais, prêtre d’un pontificat perdurable et parfait, puisqu’il a plu au Christ d’être prêtre selon cet ordre.
Et l’on comprend que la méditation revienne inlassablement sur cet être dont la grandeur nous domine et dont le mystère nous attire. Les uns ont pensé que Melchisédech était le Christ Lui-même apparu à Abraham sous forme humaine; les Hiéracites ont vu en lui l’incarnation du Saint-Esprit; Origène et Didyme ont cru qu’il était un ange. Les Samaritains, au dire d’Epiphane, déclaraient que Melchisédech était Sem, le fils de Noé. Il y eut de bonne heure une secte gnostique appelée Melchisédéciens, sur l’origine et la doctrine de laquelle nous ne savons pour ainsi dire rien; ils se rattachaient à Théodote le changeur qui niait la divinité de Jésus et enseignait qu’au moment du baptême le Christ était descendu en Jésus; et ces Melchisédéciens donnaient la prééminence à Melchisédech sur le Christ.
Pour Catherine Emmerich, Melchisédech était une sorte d’ange sacerdotal chargé de préparer le grand-oeuvre de la Rédemption. Saint Yves d’Alveydre le présente comme le survivant au temps d’Abraham de l’ancienne Eglise universelle du Bélier, de Ram, détrônée par l’Eglise du Taureau, d’Irschou. Les Rose-Croix du XVIIe siècle ont rangé Melchisédech avec Enoch, Moïse, Elie et d’autres parmi leurs ancêtres.
Une autre tradition, plus strictement chrétienne, voit en l’épisode de Melchisédech une de ces manifestations soudaines de l’être qui, sur la terre, tient la lieutenance du Christ. D’ordinaire il vit dans l’obscurité; mais il en sort quand il voit la nécessité d’une intervention publique. Avec Abraham commence en effet la sélection du peuple dans lequel devait prendre corps le Verbe, peuple profondément matériel et dur et strictement formaliste. Il fallait que, dès cette époque, fût signifié le caractère unique de liberté, de spiritualité pure, d’indépendance formelle qui est celui de la mission du Sauveur.

14. Cf. S. Thomas d’Aquin : Somme III quest. XXII. 6.

ARTICLE 6 : Le Christ doit-il être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech ?

Objections : 1. Le Christ, comme prêtre principal, est la source de tout sacerdoce. Or ce qui est principal ne peut suivre l’acte d’autrui, c’est aux autres de suivre le sien. Donc le Christ ne doit pas être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech.

2. Le sacerdoce de l’ancienne loi est plus proche de celui du Christ que le sacerdoce antérieur à la loi. Or les sacrements signifiaient d’autant plus expressément le Christ qu’ils étaient plus proches de lui, ainsi que nous l’avons montré dans la deuxième Partie. Donc le sacerdoce du Christ doit être nommé d’après le sacerdoce de la loi plutôt que d’après le sacerdoce de Melchisédech, antérieur à la loi.

3. Il est écrit (He 7, 2) : Melchisédech  » veut dire : « roi de la paix ». Sans père, sans mère, sans généalogie, dont les jours n’ont pas de commencement et dont la vie n’a pas de fin « . Tout cela convient uniquement au Fils de Dieu. Le Christ ne doit donc pas être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech, comme de quelqu’un d’autre, mais selon un ordre qui est propre à lui-même.

En sens contraire, il est écrit dans le Psaume (110, 4) :  » Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. « 

Réponse : Comme nous l’avons dit, le sacerdoce légal fut la préfiguration du sacerdoce du Christ, non certes en égalant la vérité, mais d’une manière très inférieure : et parce que le sacerdoce légal ne purifiait pas les péchés, et parce qu’il n’était pas éternel comme celui du Christ. Or, cette supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce Lévitique fut préfigurée dans le sacerdoce de Melchisédech, lequel perçut la dîme sur Abraham, et en celui-ci sur le sacerdoce Lévitique qui devait descendre de lui. Aussi dit-on que le sacerdoce du Christ est  » selon l’ordre de Melchisédech « , à cause de la supériorité du sacerdoce véritable sur le sacerdoce légal, qui n’était que préfiguratif.

Solutions : 1. Cette façon de parler ne comprend pas Melchisédech comme étant le prêtre principal, mais comme préfigurant la supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce Lévitique.

2. Dans le sacerdoce du Christ on peut distinguer son oblation et sa participation. Quant à l’oblation elle-même, le sacerdoce du Christ était préfiguré plus expressément par le sacerdoce légal, qui répandait le sang, que par le sacerdoce de Melchisédech, où le sang n’est pas répandu. Mais quant à la participation à ce sacrifice et à son effet, à quoi on mesure surtout la supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce légal, elle était plus expressément préfigurée par le sacerdoce de Melchisédech qui offrait du pain et du vin lesquels, pour S. Augustin symbolisent l’unité de l’Église, que constitue la participation au sacrifice du Christ. Et c’est pourquoi, dans la loi nouvelle, le véritable sacrifice du Christ est communiqué aux fidèles sous les espèces du pain et du vin.

3. Si l’on dit que Melchisédech est  » sans père, sans mère et sans génération « , que  » ses jours n’ont pas de commencement ni de fin « , ce n’est pas parce qu’il n’en avait pas, mais parce que la Sainte Écriture n’en parle pas. Et par cela même, comme l’Apôtre le dit au même endroit,  » il est assimilé au Fils de Dieu  » qui sur terre est sans père, et au ciel sans mère et sans généalogie, selon Isaïe (53,8) :  » Qui racontera sa génération ?  » Et selon sa divinité il n’a ni commencement ni fin de ses jours.

Éditions du Cerf

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