Archive pour juillet, 2012

DEUXIEME LECTURE – Ephésiens 1, 3 – 14 – commentaires de Marie Noëlle Thabut

13 juillet, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 15 juillet: commentaires de Marie Noëlle Thabut

DEUXIEME LECTURE – Ephésiens 1, 3 – 14

Voilà peut-être la plus belle prédication de l’histoire chrétienne ! On pourrait l’appeler « L’hymne de jubilation » de Paul : dans le texte grec, ces douze versets ne forment qu’une seule phrase d’action de grâce ; Paul y déploie la grande fresque du projet de Dieu, et il nous invite à nous associer à sa contemplation émerveillée. Ce projet que nous avons pris l’habitude (avec la traduction oecuménique TOB) d’appeler « le dessein bienveillant de Dieu » est de rassembler l’humanité au point de ne faire qu’un seul Homme en Jésus-Christ, à la tête de la création tout entière : « Dans sa bienveillance, Dieu projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. » (v. 9-10).
Première bonne nouvelle, Dieu a un projet sur nous et sur l’ensemble de la création ; l’histoire humaine a donc un sens, ce qui veut dire à la fois direction et signification ; pour les croyants, les années ne se succèdent pas toutes pareilles, notre histoire avance vers son accomplissement : nous allons, comme dit Paul, vers « le moment où les temps seront accomplis » (v. 9). Ce projet, nous ne l’aurions pas deviné tout seuls, c’est un « mystère » pour nous, car il nous dépasse infiniment, alors Dieu nous le révèle : « Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté ». Dans le vocabulaire de Paul, un mystère n’est pas un secret que Dieu garderait jalousement pour lui ; au contraire, c’est son intimité à laquelle il nous convie. Il nous fait découvrir une autre sagesse, une autre intelligence que les nôtres : comme dit Paul, « Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence » (v.8), sous-entendu sa sagesse à lui, son intelligence à lui.
Deuxième bonne nouvelle, cette volonté de Dieu n’est qu’amour : les mots « bénédiction, amour, grâce, bienveillance » parsèment le texte ; c’est également le sens de l’expression « à la louange de sa gloire » qui revient trois fois comme un refrain (v. 6, 12, 14). En réalité, la première fois, il faudrait traduire « à la louange de la gloire de sa grâce » : c’est-à-dire pour que Dieu soit reconnu comme le Dieu de la grâce, ce qui veut dire « le Dieu dont l’amour est gratuit ». Déjà, le prophète Jérémie savait dire que « les projets de Dieu ne sont que des projets de paix et non de malheur » (Jr 29, 11) ; depuis la venue du Christ, nous savons mieux encore ce qu’est la volonté de Dieu : le Dieu qui n’est qu’amour (la communion trinitaire structure le texte) veut nous faire entrer dans son intimité : ce qui veut dire que nous pouvons toujours, en toutes circonstances, souhaiter « que sa volonté soit faite » : parce qu’elle n’est que bonne!
Troisième insistance de ce texte : ce projet de Dieu s’accomplit à travers le Christ ; celui-ci est cité de nombreuses fois dans ces quelques lignes : tout advient « par lui, avec lui, et en lui », comme dit la liturgie : « Dieu nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ. » (v. 5). Au vrai sens du terme, le centre du monde, le centre de l’histoire humaine (l’alpha et l’oméga), c’est Jésus-Christ. Lui, le « Fils bien-aimé » en qui nous sommes « comblés de la grâce du Père » (v. 6), lui en qui nous serons tous réunis quand « les temps seront accomplis » (v. 9), lui en qui nous avons écouté cette Bonne Nouvelle (v. 13), lui par qui nous avons reçu « la marque de l’Esprit Saint » (v. 13). De toute évidence, ce rôle prééminent du Christ était prévu de toute éternité, dès « avant la création du monde » (v. 4). Le « mystère de sa volonté, ce que Dieu prévoyait dans le Christ pour le moment où les temps seraient accomplis… c’était de saisir l’univers entier… » Paul parle pourtant bien de « rédemption » au sens de libération (v. 7), mais le projet de la rédemption est second ; Dieu a de toute éternité projeté de faire de nous ses fils, et c’est seulement parce que nous manquons sans cesse le but que nous avons besoin d’être sauvés.
Providentiellement, la liturgie de ce dimanche nous fait chanter le psaume 84/85 qui est une variation sur le même thème ; et c’est peut-être bien le meilleur écho à la méditation de Paul : « J’écoute : que dira le SEIGNEUR Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le SEIGNEUR donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin. »
———————-
Compléments

– Une toute petite note pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des textes : Paul connaissait bien la communauté d’Ephèse où il a séjourné deux ou trois ans : or, curieusement, on ne trouve dans la Lettre aux Ephésiens aucune allusion à des relations personnelles de l’auteur avec les destinataires ; par ailleurs, les thèmes abordés et le style employé témoignent d’une nette évolution par rapport aux écrits antérieurs de l’apôtre ; tout cela pousse certains spécialistes à penser que la lettre aux Ephésiens serait l’oeuvre non de Paul mais d’un de ses très proches disciples qui aurait rassemblé la pensée de son maître peu après sa mort, donc dans les années 70.
– Sur l’emploi des pronoms « nous » et « vous » dans les versets 13 et 14, voir le commentaire de la lettre aux Ephésiens pour le seizième dimanche, infra page 000.

Homélie du 15e dimanche ordinaire B

13 juillet, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 15e dimanche ordinaire B

Am 7, 12-15 ;Ep 1, 3- 14 ; Mc 6, 7-13

Tout d’abord, une question : Pourquoi les chrétiens sont-ils appelés à se rassembler chaque dimanche ? Il ne faut surtout pas prendre nos églises comme des sortes de supermarchés pour denrées spirituelles, où chacun viendrait faire ses provisions pour la semaine. Cela serait consternant, disait un expert bibliste.
D’où, mon interrogation, à laquelle j’invite chacun à répondre à l’aise, en prolongement de la célébration eucharistique. Comme activité spirituelle personnelle, par exemple, ou sous forme de discussion familiale, très décontractée, « cool », comme disent les plus jeunes. Tout en sachant qu’il y a plusieurs réponses possibles, mais pas toutes égales en importance ou en exactitude.
Pourquoi cette question aujourd’hui ? Parce que l’évangile du jour nous dit que Jésus a rassemblé les Douze pour les envoyer en mission, et que le mot « envoyé » est le mot-clé de cette page de l’évangile de Marc. Mais il n’y a pas que les Douze. Luc parle aussi de Septante-deux, parmi lesquels des femmes. Or, Douze, dans la symbolique biblique, c’est le nombre des tribus d’Israël. Ce qui, dans l’évangile, représente ici l’embryon du peuple de Dieu, renouvelé par l’enseignement de Jésus. C’est l’avant-garde. Tandis que Septante-deux, c’est le nombre des autres nations de la terre (les nations non juives – les nations païennes).
Sans entrer dans plus de détails, on peut dire que Jésus convoque tous ses disciples le dimanche (le jour pascal – la Pâque hebdomadaire) pour un rassemblement (ekklesia), c’est-à-dire faire corps, faire Eglise. Et cela, notamment, pour les associer étroitement à sa mission et les envoyer pour accomplir les mêmes tâches que lui. Pas nécessairement au bout du monde, mais au moins dans nos milieux de vie : la famille, le quartier, le lieu de travail, le club sportif, les vacances.
Nous sommes envoyés comme les Douze ou les Septante-deux pour proclamer le message de Jésus, qui est un appel à la conversion, à un changement de mentalité, qui sera celle d’un royaume de justice et de paix. Le Royaume des Béatitudes. Il ne suffit pas pour autant de proclamer. Il s’agit de donner suite à la mission du Christ, assurer sa continuité, en sachant qu’il n’est pas venu pour juger mais pour délivrer, pour sauver.
Ici, les paroles attribuées à Jésus nous laissent un peu perplexes. Car il s’agit d’abord et surtout de chasser les démons, d’accomplir des gestes de délivrance et de guérison. En ce temps-là, c’est aux démons que l’on attribuait tous les malheurs, toutes les maladies incurables, celles du corps et celles de l’âme. Ces démons sont qualifiés d’esprits « impurs ». Ce qui, dans le langage biblique, signifie « incompatibles avec Dieu ».
Aujourd’hui, diables et démons ont changé de nom et de visage. Mais les esprits « incompatibles avec Dieu » sont toujours bien là, sous d’autres masques, plutôt séduisants. Ils symbolisent cependant toutes les forces d’asservissement. Tout ce qui enferme, qui enchaîne ou aveugle et trompe les humains.
Ces forces diaboliques, vêtues de respectabilité et toujours parfaitement à la mode, peuvent être culturelles, économiques, politiques et même religieuses. Autrement dit encore : tout ce qui est incompatible avec l’esprit du message évangélique… C’est donc un véritable défi, très concret, actuel, et même quotidien, que les disciples de Jésus que nous sommes, ont à relever. Dans tous les domaines. Sans utiliser pour autant des méthodes violentes.
Marc ajoute quelques directives précises, que l’on dirait sorties d’un petit manuel du parfait missionnaire de l’époque. Il ne s’agit pas de les prendre à la lettre, naïvement ou stupidement, au risque d’en tuer l’esprit, comme cela arrive malheureusement trop souvent.
Je m’arrête un instant à la première. Pourquoi aller deux par deux ? Parce que, dans la Loi de Moïse, qui était celle du ministère de la justice de l’époque, deux témoins étaient nécessaires pour qu’un témoignage soit crédible. Plus essentiellement, et donc qui vaut pour tous les temps, « deux », symbolise une responsabilité à partager. Les « envoyés » doivent œuvrer en collaboration, en équipe. La mission n’est pas un problème d’exploit individuel à accomplir, mais une entreprise menée en commun. Chacun a besoin du soutien des autres, de leurs expériences, de leurs lumières, leurs suggestions, leurs critiques positives. Tout envoyé re-présente une communauté, constituée par Jésus et les siens. Evangéliser n’est donc pas l’affaire de quelques spécialistes, mais bien de chacun et de tous les disciples de Jésus. Deux, c’est le symbole de la communauté.
C’est la raison pour laquelle on dit que les communautés chrétiennes sont le terreau qui permet ou favorise la naissance et l’éclosion de toutes les vocations de témoins et de messagers de l’Evangile. D’où, une responsabilité collective (Cf aussi la responsabilité matérielle – la collecte, budget et contribution paroissiale). Et sans oublier pour autant que le témoignage de chacun fait partie intégrante de la mission.
Ce qui nous rappelle l’existence des prophètes, hommes ou femmes. C’est-à-dire des personnes, inspirées, possédées par l’Esprit, et qui perçoivent le message évangélique avec d’autant plus d’acuité qu’il est déformé, oublié ou même méprisé. Donc, les prophètes dérangent. Ils apparaissent comme des casse-pieds. Voyez Amos. Il n’a cessé de dénoncer le formalisme d’une religion ritualiste toute extérieure et réclamé plus de justice sociale… (C’est l’occasion de faire plus ample connaissance : ce sont 10 pages, dans la Bible).
Un dernier point que je livre à votre réflexion : Savez-vous quand Marc situe l’épisode de l’envoi en mission ? Au lendemain de l’échec de Jésus à la synagogue de Nazareth, son village, où personne ne l’a cru. Il est venu parmi les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. Ses concitoyens les plus proches l’ont même foutu dehors… Or, le lendemain, il reprend le combat, il poursuit sa mission, il envoie des disciples. Matthieu ajoute même : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ».
Pourquoi dès lors s’étonner d’être un jour ou l’autre confronté à des oppositions ou à l’échec !

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2009

NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR

13 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31382?l=french

NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR

Massimo Introvigne tire le signal d’alarme

Anne Kurian et Océane le Gall
ROME, mercredi 11 juillet 2012 (ZENIT.org) – L’urgence manifestée par les tragédies répétées au Nigeria concerne tout le continent africain, affirme M. Introvigne, qui appelle l’Europe à « réagir ».
La violence vis-à-vis des chrétiens au Nigeria ne s’arrête pas : encore 50 personnes trouvées mortes dans une église du village de Matsai, et 90 autres après des attaques de groupes d’hommes armés qui ont fait irruption dans plusieurs villages de l’Etat du Plateau.
Responsabilité internationale
« Le temps des belles paroles, est terminé », déclare M. Introvigne : « Au contraire, en continuant à ne pas réagir, nous risquons tous de nous habituer à l’horreur et de voir ces nouvelles glisser dans les pages internes des journaux ».
Pour « réagir », poursuit-il, « il faut avant tout aider les forces de l’ordre nigérianes ». Une mission italienne a eu récemment lieu à ce titre au Nigeria, sous la direction de l’envoyée spéciale pour les urgences humanitaires, Margherita Boniver.
La mission a notamment proposé une collaboration bilatérale en matière de sécurité, que l’Observatoire italien est appelé à faire connaître et approfondir.
Mais l’Italie ne suffit pas, estime M. Introvigne, il faut que l’Europe réagisse. En outre, ajoute-t-il, « il faut se rendre compte que l’urgence n’est pas nigériane mais continentale ».
« L’Union Africaine et les autres organisations internationales doivent prendre acte que les massacres de chrétiens en Afrique est une des grandes urgences humanitaires du siècle, et travailler à une stratégie régionale qui isole et stoppe les foyers idéologiques et militaires du terrorisme anti-chrétien », insiste-t-il.
Pour M. Introvigne, la terreur et la haine partent des zones contrôlées par Al-Qaïda, au Mali et en Somalie, et s’étendent aux chrétiens de tout le continent.
Il donne des chiffres: «Depuis le début de l’année, chaque dimanche au Nigeria, se répète un rite obscène et macabre où les chrétiens qui se rendent à l’église sont massacrés par le mouvement ultra-fondamentaliste islamiste Boko Haram et ses complices. On compte plus de 600 morts en 2012, et plus de 10.000 ces douze dernières années ».
Des massacres « annoncés »
Il estime que les massacres du week end dernier, sont des « massacres annoncés », selon un rituel « macabre et obscène » du mouvement Ultra fondamentaliste islamique Boko Haram, qui, chaque dimanche, depuis le début de l’année, massacre des fidèles qui vont à la messe.
Sur place, Jonah Jang, le gouverneur de l’Etat du Plateau a proclamé le couvre-feu nocturne, avec effet immédiat dans quatre régions de l’Etat, déjà théâtre par le passé de très graves tensions de nature ethnique et religieuse. Pour sa part, le président du sénat nigérian, David Mark, ha condamné ce nouvel « assassinat » , affirmant : « Comme nation, nous devons nous élever contre ceux qui veulent revenir à l’état sauvage, où la vie n’a aucune valeur »
Les villages attaqués dans la nuit de samedi à dimanche dernier sont, selon la BBC, les villages de : Dogo, Kai, Kakuruk, Kuzen, Kogoduk, Kpapkpiduk, Kufang, Ngyo et Ruk.
Les autorités nigérianes accusent les bergers Fulani, une tribu de religion musulmane, d’être à l’origine de cette nouvelle vague de violence. Pour les représentants des Fulani, les responsables des attaques sont à rechercher parmi les militaires.
Aspect ethnique
Dans un entretien à l’agence Fides, l’archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale du Nigeria, Mgr Ignatius Ayau Kaigama, affirme que l’origine des tensions est de nature économique et qu’elle est à rechercher dans les heurts entre agriculteurs et bergers. « C’est un vieux problème qui n’a pas encore été résolu », a-t-il commenté, lors de son passage à Rome.
« Les bergers Fulani se sentent victimes d’une injustice parce que leur bétail a été tué ou volé et qu’ils ne reçoivent aucun dédommagement pour les pertes subies », explique Mgr Kaigama. « Je pense que la colère qui est à l’origine de cette situation les pousse à attaquer de cette manière horrible ».
Mais selon l’archevêque, la violence a aussi un aspect ethnique, fruit de heurts entre les Fulani, à majorité musulmane, et les Birom, essentiellement chrétiens.
« Les disputes entre ces deux groupes durent depuis très longtemps », a-t-il ajouté, sans exclure néanmoins la possibilité d’une origine politique à ces attaques, divers agresseurs ayant été trouvés habillés d’uniformes militaires.

Jour 1 Du chaos à la lumière

11 juillet, 2012

Jour 1 Du chaos à la lumière dans images sacrée 20%20TENAILLE%20BUTEL%20AU%20COMMENCEMENT%20DIEU%20CREA

http://www.artbible.net/1T/Gen0101_1Chaos_light/pages/20%20TENAILLE%20BUTEL%20AU%20COMMENCEMENT%20DIEU%20CREA.htm

Grégoire de Nazianze : quelques éléments sur ses Oeuvres poétiques

11 juillet, 2012

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/oeuvrespoetiques1.htm

Grégoire de Nazianze : quelques éléments sur ses Oeuvres poétiques

Grégoire de Nazianze (v.330 – v.390), appelé aussi « le théologien », pour le distinguer de son père, est le fils d’un autre Grégoire (appelé généralement « l’Ancien »), qui était quant à lui évêque de Nazianze. Ce prénom de « Grégoire » était, comme on le voit, très fréquent à cette époque et il était volontiers donné à des chrétiens (il signifie « Veillez », en relation avec la phrase du Christ rapportée en Mt 26, 41 : « Veillez et priez »).
Grégoire, issu donc d’une famille très chrétienne, a été ordonné prêtre par son père ; il est un théologien fondamentalement bibliste : il cite la Bible par coeur et constamment. Nourri de l’Ecriture depuis sa plus tendre enfance, il raconte comment sa mère, très pieuse, lui avait fait commencer la lecture de la Bible alors qu’il avait à peu près 6 ans.
Ami de Basile de Césarée (le Grand Basile) qui lui-même est le frère de Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze forme avec eux ce groupe de Pères qu’on appelle les « Cappadociens »
L’oeuvre poétique de Grégoire est très importante : à la fois par le nombre de vers (environ 17 000) que par sa place (lien entre l’antiquité classique et le monde byzantin, entre la culture grecque traditionnelle et la mentalité chrétienne.
Quelques extraits ici serviront d’introduction à l’oeuvre et à la pensée de Grégoire de Nazianze : dans ses poèmes, très personnels, c’est de lui et de sa vie qu’il est souvent question : il nous livre ainsi beaucoup de sa vie spirituelle, de sa relation intime avec Dieu.

« Vers du même. Sur la route » :

« C’est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu,
quand nous restons chez nous : à toi nous attachons notre loisir.
Assis, nous sommes à toi ; à toi en nous levant et en nous arrêtant ;
à toi encore quand nous partons ; et maintenant, c’est sur tes indications
que nous marchons droit devant nous. Mais puisses-tu m’envoyer
l’un de tes anges pour me guider, un accompagnateur favorable
qui me conduirait au moyen d’une colonne de feu et de nuée,
qui d’un mot fendrait la mer et arrêterait les cours d’eau,
qui dispenserait avec largesse une nourriture venue d’en haut comme d’en bas.
La croix, tracée par mes mains, réfrénerait l’audace
des ennemis. Au milieu du jour, la canicule
ne me brûlerait pas, et la nuit ne m’apporterait pas la peur.
Le sentier ardu et escarpé,
tu le rendrais lisse et praticable pour moi qui suis ton serviteur,
commme souvent déjà auparavant, en m’abritant sous ta main
tu m’as sauvé des dangers de terre et de mer,
de terribles maladies et de situations pénibles.
Après avoir ainsi tout accompli heureusement et comme nous l’espérions,
après avoir trouvé une issue favorable à notre voyage,
vers nos amis et nos parents retournons
joyeux pour les retrouver en joie
quand nous paraîtrons chez nous au terme de nos peines.
Devant toi nous nous prosternons, en te demandant
de nous accorder un dernier voyage aisé et plein de facilité. »
(« Les Belles Lettres », 2004, p. 46)

« Hymne du soir »

« Nous te bénissons maintenant, mon Christ, Verbe de Dieu, lumière de la lumière sans principe et dispensateur de l’Esprit, troisième lumière unie en une seule et même gloire !
Tu as dissipé les ténèbres, tu as produit la lumière, afin de tout créer dans la lumière et de rendre stable l’instable matière, en lui donnant forme dans le monde et sa belle harmonie d’aujourd’hui.
Tu as illuminé la pensée de l’homme par la raison et la sagesse, en plaçant ici-bas l’image de la splendeur d’en haut, afin que par la lumière il voie la lumière et devienne tout entier lumière.
C’est toi qui as fait briller le ciel de mille feux, toi qui as fait céder doucement la nuit au jour et le jour à la nuit selon ton ordre, rendant honneur à la loi de la fraternité et de l’amour.
Grâce à la nuit, tu mets fin à la fatigue de la chair qui peine tant ; grâce au jour, tu l’éveilles pour son ouvrage et pour les oeuvres que tu aimes, afin qu’en fuyant les ténèbres, nous devancions le jour, ce jour que la triste nuit ne fera pas sombrer.
Que la pensée, loin du corps, converse avec toi, Dieu, qui es Père, Fils et Saint-Esprit, à qui soit l’honneur, la gloire, la puissance dans les siècles. Amen. »
(Grégoire de Nazianze : « Hymne du soir », Poèmes, 1, 1, 32, Traduit par G. Bady et paru dans Magnificat n° 200, juillet 2009, reproduit ici avec l’autorisation de l’auteur).

Ce site a été réalisé et est remis à jour par Marie-Christine Hazaël-Massieux.

Dieu a t-il créé à partir de rien ?

11 juillet, 2012

http://www.evangile-et-liberte.net/elements/archives/171.html

La création

par André Gounelle

Voici quelques indications sur la manière dont deux théologiens du Process, John Cobb et Lewis Ford, comprennent et expliquent la création.

Dieu a t-il créé à partir de rien ?

La théologie classique affirme la création « ex nihilo ». Selon elle, Dieu a fait surgir le monde du néant. Quand il décide de créer, il n’existe absolument rien dont il pourrait se servir; il ne dispose pas d’une « manière », de « quelque chose » qui serait là et avec quoi il lui serait possible de travailler. Là où il y avait le vide le plus complet, par la seule puissance de sa parole il fait surgir de l’être. Tout vient de lui, naît de lui, est son oeuvre.
Les théologiens du Process rejettent cette doctrine de la création « ex nihilo » pour deux raisons :
1 – Elle est contraire à ce que nous apprend la Science. Certes, l’origine de l’Univers reste très mystérieuse ; dans ce domaine, nous n’avons pas de connaissances certaines, mais seulement des hypothèses plus ou moins probables. Nous ne savons pas très bien comment est né et s.’est développé le monde. Est-il issu d’un nuage gazeux ? Est-il le résultat d’une explosion initiale (le fameux « big bang ») ? En tous cas, il semble bien qu’à l’origine,de notre monde, il y ait « quelque chose » dont il serait sorti. Il n’est pas né du vide, mais d’un état antérieur de la matière ou de l’énergie.
2 – Elle est en contradiction avec les récits bibliques. Si on lit attentivement le premier chapitre de la Génèse, on constate (v2) qu’au départ existent le « tohu-bohu » (nos versions traduisent « informe et vide »; il serait plus juste de transcrire: la terre était un « tohu-bohu » ou « un chaos »), les ténèbres, l’abîme (il s’agit en fait d’un océan), des eaux primordiales. Dieu n »est pas devant le vide ou devant le néant, mais devant un monde confus, inorganisé. C’est dans un livre deutéro-canonique, écrit vers 120 avant Jésus Christ, le second livre des Macchabées, que l’on trouve pour la première fois l’affirmation de la création « ex nihilo ». Une mère juive, dont le fils va être exécuté par des paiens, lui dit pour le consoler et le réconforter : « regarde le ciel et la terre, comptemple ce qui est en eux, et reconnais que Dieu les a créés de rien ». Par contre, aucun écrit canonique n’affirme directement et explicitement la création « ex nihilo ». Dans sa Théologie de l’ancien Testament, le savant professeur de Strasbourg, Edmond Jacob, écrit : « cetteidée est étrangère à l’Ancien Testament où Dieu se contente d’organiser la matière sans la créer » (p. 116).
Pour les Théologiens du Process la doctrine de la création « ex nihilo » doit être abandonnée. Elle n’a pour elle ni l’appui de la science, ni l’autorité de l’Ecriture. C’est une doctrine qui s’est imposée, pour des raisons philosophiques, à la chrétienté, et qui se maintient par le poids de la tradition et par la force de l’habitude sans être vraiment fondée.
Comment Dieu créé-t-il ?
Reprenons le récit de la création au début de la Genèse. Au départ existe le tohu-bohu ou le chaos. A cette réalité initiale, Dieu parle. Il lui adresse un appel, il lui propose un programme, il lui désigne un objectif : devenir lumière et ténèbre, terre et eau, végétal et animal, etc… Le chaos répond positivement à l’appel de Dieu. Petit à petit, il sort de sa confusion et de son désordre ; par étapes successives (correspondant aux « jours » du récit de la création), il s’organise et se différencie sous l’impulsion et suivant les suggestions de Dieu.
Nous constatons que dans la formation du monde trois facteurs entrent enjeu :
1 – d’abord, il y a un « donné », quelque chose qui est là, une matière initiale. La création ne se fait pas à partir de rien, mais à partir du chaos, elle utilise ce que lui apporte et transmet un passé.
2 – ensuite, une intervention de Dieu. Sans lui, sans son initiative, rien ne se passerait. Le Chaos resterait chaos. Pour que la création se fasse, il faut que Dieu se mette à parler. Sa parole fait surgir des perspectives nouvelles ; elle propose un avenir différent du passé ; elle suggère une transformation, elle pousse le chaos à devenir monde. Elle suscite une vision du futur qui aimante et mobilise le présent.
3 – enfin, la parole de Dieu doit trouver un écho, rencontrer un consentement. Il faut que ‘le présent réponde et réagisse à la parole de Dieu. L. Ford.écrit : « la parole divine réclame une écoute ; Elle demande un être, humain ou non humain, qui soit capable de répondre. Quand Dieu dit : « que la terre se couvre de verdure », nous devons comprendre que la végétation qui apparaît est la réponse de la terre à l’objectif indiqué par Dieu ». Dieu ne crée donc pas le monde tout seul. D’abord, il se sert d’une matière initiale ; ensuite, il a besoin d’une collaboration. Dieu rend possible la création du monde, mais cette création s’opère par le concours de plusieurs acteurs. Comme le dit l’apôtre Paul, « nous sommes ouvriers avec Dieu ».
Dieu crée aujourd’hui
Pour la Théologie du Process, la création n’a pas eu lieu autrefois, dans des temps reculés au commencement de l’histoire. Elle a lieu tous les jours.
En effet, les choses et les êtres ne s’arrêtent pas de bouger et d’évoluer. L’histoire amène constamment du nouveau. Rien n ‘ est stable, ni fixe ; tout se transforme. Le monde s’est formé hier, il se forme également aujourd’hui, et il continuera à se former demain. Toute réalité est en Process (d’où le nom donnée à cette théologie), c’est à dire en devenir et en mouvement
La création n’est pas achevée, elle se poursuit ; à chaque moment, Dieu nous pousse à aller de l’avant ; son dynamisme créateur nous entraîne toujours plus loin
Aussi le récit de la Genèse ne doit-il pas être compris comme une histoire qui raconterait l’origine ou les premières minutes de la, vie de l’Univers, il est plutôt une parabole qui nous montre comment, à chaque minute, Dieu agit en nous et autour de nous ; ce récit ne nous parle pas seulement d’hier, mais aussi d’aujourd’hui et de demain. A tout moment, à partir d’une situation donnée qui est l’héritage du passé, Dieu fait surgir des possibilités nouvelles, et nous suggère un avenir différent ; il nous demande dès à présent de répondre à son appel, et de nous orienter vers l’avenir qu’il nous ouvre. Dans la Bible, on trouve maints exemples de cette manière de faire. Dieu demande à Abraham de quitter la maison de son père (passé), de se mettre en route (présent) pour le pays qu’il lui montrera (avenir). Il envoie Moïse au peuple hébreu esclave en Egypte (passé) pour l’en faire sortir (présent) et le conduire vers la terre promise (futur). De même Jésus demande à ses disciples de quitter leur situation, de le suivre dans le présent, en leur annonçant,le Royaume à venir. Paul compare la vie chrétienne à une course où on oublie ce qui est en arrière, où on regarde ce qui est en avant afin d’atteindre le but.
Ce que Dieu a fait hier pour les hommes de la Bible, il le fait aujourd’hui pour nous. A chaque instant, il intervient dans notre monde et en nous même pour nous donner des impulsions novatrices et nous ouvrir des possibilités inédites. Constamment, il nous demande de dépasser l’état actuel des choses, de transformer les réalités existantes. Il nous invite à devenir de nouvelles créatures, et nous oriente vers une nouvelle création. Jamais il ne force ni ne contraint. Il ne conduit pas les événements et les êtres de manière autoritaire, comme un tyran. Mais il parle, il persuade, il attire, il encourage, il stimule. Il agit à travers les libres décisions de ceux qui se laissent convaincre et prendre par sa parole.
Création et progrès
Très souvent, dans l’histoire du christianisme, la doctrine de la création a servi à justifier le conservatisme et l’immobilisme. On disait, en effet, que puisque le monde a été créé et voulu tel qu’il est par Dieu, l’obéissance de la foi consistait à accepter ce qui est, à maintenir le statu quo. Toutes les tentatives de l’homme pour modifier l’ordre des choses apparaissent comme une révolte contre Dieu et la manifestation d’un orgueil démesuré. Il fallait être insensé pour vouloir modifier la création de Dieu, et changer quoi que ce soit dans ce monde qu’il avait voulu. La prédication chrétienne a souvent invité à la soumission, à la résignation et au conformisme au nom du Dieu créateur. Elle a favorisé une certaine passivité et même un fatalisme.
La doctrine de la création telle que la comprend la théologie du Process va dans un sens totalement opposé. Ici, en effet, ce que Dieu veut, c’est que le monde change. Il travaille à sa transformation. Il s’efforce de faire bouger les choses et de susciter du nouveau. Il ne veut pas maintenir ce qui est, mais installer ce qui n’est pas encore. L’obéissance de la foi consiste à répondre à son appel, à participer à son action, et donc à aller de l’avant, à lutter pour la nouveauté. Cobb écrit : «Dieu n’est pas celui qui sanctionne l’ordre établi… Répondre à Dieu signifie quitter la sécurité des habitudes, des coutumes, des conformismes, cela veut dire vivre pour un avenir radicalement nouveau».
Autrement dit, Dieu nous demande de nous engager pour que le monde progresse et s’améliore. La création ne parle pas de la stabilité du monde, mais de son mouvement.
Dieu dépendant
Le monde nous venons de le voir, dépend de Dieu. Sans l’action et la parole divine, il resterait à l’état de chaos : il ne se développerait pas, ni ne progresserait. Au contraire, il se dégraderait et finirait par périr. Les théologies du Process estiment que Dieu est nécessaire à la vie du monde. Selon eux, d’un point de vue rigoureusement scientifique, il est impossible d’expliquer de manière cohérente et satisfaisante l’univers sans faire intervenir Dieu. L’hypothèse «théiste» est très supérieure à l’hypothèse athée, et la science est logique appellée à postuler Dieu.
Inversement, Dieu dépend du monde. En effet, si Dieu agit, et s’il le fait avec dynamisme et puissance, il n’est cependant pas «tout-puissant». Il ne peut pas faire absolument tout ce qu’il veut ; il ne détermine pas avec une entière liberté les choses, les événements’et les êtres.
L’action de Dieu est limitée par deux sortes de facteurs
1- D’abord, par cette matière initiale que Dieu utilise au départ. Une situation donnée ne permet qu’un nombre restreint de possibilités. On ne peut pas passer directement du chaos à
l’homme ; une série d’intermédiaires est nécessaire avant que l’homme soit envisageable ; dans le récit de la Genèse la création ne se fait pas d’un coup, mais par étapes successives. De même, on ne peut pas passer de la Préhistoire au message de Jésus ; pour que l’Evangile ait quelque chance d’être entendu, il a fallu une longue préparation, celle de l’Ancien Testament. Dieu ne peut qu’agir progressivement lentement, avançant petit à petit vers son but.
2- L’action de Dieu est également liée à la réponse donnée à sa Parole. Quand on ne l’entend pas, quand on refuse ses suggestions et qu’on rejette son appel, Dieu ne peut pas imposer sa volonté par la contrainte. La seule force de Dieu est la persuasion, et sa seule arme la Parole. Il arrive que les êtres répondent négativement à ses propositions, et qu’ils ne suivent pas, ou suivent imparfaitement ses impulsions. C’est pourquoi, il y a du mal dans le monde ; il arrive contre volonté de Dieu. Cependant, malgré les refus et les pesanteurs qu’on lui oppose, Dieu ne se décourage pas, et il n’abandonne pas la partie. Il revient sans cesse, nous parle encore, tente à nouveau de nous convaincre. Il agit et agira ainsi jusqu’à ce qu’il soit entendu, jusqu’à ce que l’état du monde réponde à ses vœux. Et ainsi, avec une tendresse infinie, avec une patience à toute épreuve, non sans peines, sans difficultés et même sans échecs, Dieu nous conduit vers ce qui est son but : un univers où tous les êtres, les hommes, les animaux, les végétaux et même les minéraux connaissent le bonheur dans une totale harmonie.

André Gounelle

Saint Benoît de Nursie

10 juillet, 2012

 Saint Benoît de Nursie dans images sacrée benedetto2

http://www.parrocchiadighedi.it/sito/index.php?option=com_content&view=article&id=247:0&catid=18&Itemid=91

Pape Benoît: Saint Benoît de Nursie (11Juillet)

10 juillet, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080409_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 9 avril 2008

Saint Benoît de Nursie (11Juillet)

(Les communautés bénédictines d’autres me souviens de l’anniversaire de la mort de leur fondateur, le 21 Mars, tandis que l’Église catholique célèbre la fête officiellement le 11 Juillet, quand le Pape Paul VI a proclamé saint Benoît de Nursie, patron de l’Europe le 24 Octobre, 1964 l’honneur de la consécration de la basilique de Monte Cassino. L’Église orthodoxe célèbre sa fête le 14 Mars. de wikipedia)

Chers frères et sœurs,

Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et aussi Patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît: « L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine » (Dial. II, 36). Telles sont les paroles que ce grand Pape écrivit en l’an 592; le saint moine était mort à peine 50 ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans le florissant Ordre religieux qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. La source la plus importante à propos de la vie de ce saint est le deuxième livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand. Il ne s’agit pas d’une biographie au sens classique. Selon les idées de son temps, il voulut illustrer à travers l’exemple d’un homme concret – précisément saint Benoît – l’ascension au sommet de la contemplation, qui peut être réalisée par celui qui s’abandonne à Dieu. Il nous donne donc un modèle de la vie humaine comme ascension vers le sommet de la perfection. Saint Grégoire le Grand raconte également dans ce livre des Dialogues de nombreux miracles accomplis par le saint, et ici aussi il ne veut pas raconter simplement quelque chose d’étrange, mais démontrer comment Dieu, en admonestant, en aidant et aussi en punissant, intervient dans les situations concrètes de la vie de l’homme. Il veut démontrer que Dieu n’est pas une hypothèse lointaine placée à l’origine du monde, mais qu’il est présent dans la vie de l’homme, de tout homme.
Cette perspective du « biographe » s’explique également à la lumière du contexte général de son époque: entre le V et le VI siècle, le monde était bouleversé par une terrible crise des valeurs et des institutions, causée par la chute de l’Empire romain, par l’invasion des nouveaux peuples et par la décadence des mœurs. En présentant saint Benoît comme un « astre lumineux », Grégoire voulait indiquer dans cette situation terrible, précisément ici dans cette ville de Rome, l’issue de la « nuit obscure de l’histoire » (Jean-Paul II, Insegnamenti, II/1, 1979, p. 1158). De fait, l’œuvre du saint et, en particulier, sa Règle se révélèrent détentrices d’un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons « Europe ».
La naissance de saint Benoît se situe autour de l’an 480. Il provenait, comme le dit saint Grégoire, « ex provincia Nursiae » – de la région de la Nursie. Ses parents, qui étaient aisés, l’envoyèrent suivre des études à Rome pour sa formation. Il ne s’arrêta cependant pas longtemps dans la Ville éternelle. Comme explication, pleinement crédible, Grégoire mentionne le fait que le jeune Benoît était écoeuré par le style de vie d’un grand nombre de ses compagnons d’étude, qui vivaient de manière dissolue, et qu’il ne voulait pas tomber dans les mêmes erreurs. Il voulait ne plaire qu’à Dieu seul; « soli Deo placere desiderans » (II Dial. Prol. 1). Ainsi, avant même la conclusion de ses études, Benoît quitta Rome et se retira dans la solitude des montagnes à l’est de Rome. Après un premier séjour dans le village d’Effide (aujourd’hui Affile), où il s’associa pendant un certain temps à une « communauté religieuse » de moines, il devint ermite dans la proche Subiaco. Il vécut là pendant trois ans complètement seul dans une grotte qui, depuis le Haut Moyen-âge, constitue le « coeur » d’un monastère bénédictin appelé « Sacro Speco ». La période à Subiaco, une période de solitude avec Dieu, fut un temps de maturation pour Benoît. Il dut supporter et surmonter en ce lieu les trois tentations fondamentales de chaque être humain: la tentation de l’affirmation personnelle et du désir de se placer lui-même au centre, la tentation de la sensualité et, enfin, la tentation de la colère et de la vengeance. Benoît était en effet convaincu que ce n’était qu’après avoir vaincu ces tentations qu’il aurait pu adresser aux autres une parole pouvant être utile à leur situation de besoin. Et ainsi, son âme désormais pacifiée était en mesure de contrôler pleinement les pulsions du « moi » pour être un créateur de paix autour de lui. Ce n’est qu’alors qu’il décida de fonder ses premiers monastères dans la vallée de l’Anio, près de Subiaco.
En l’an 529, Benoît quitta Subiaco pour s’installer à Montecassino. Certains ont expliqué ce déplacement comme une fuite face aux intrigues d’un ecclésiastique local envieux. Mais cette tentative d’explication s’est révélée peu convaincante, car la mort soudaine de ce dernier n’incita pas Benoît à revenir (II Dial. 8). En réalité, cette décision s’imposa à lui car il était entré dans une nouvelle phase de sa maturation intérieure et de son expérience monastique. Selon Grégoire le Grand, l’exode de la lointaine vallée de l’Anio vers le Mont Cassio – une hauteur qui, dominant la vaste plaine environnante, est visible de loin – revêt un caractère symbolique: la vie monastique cachée a sa raison d’être, mais un monastère possède également une finalité publique dans la vie de l’Eglise et de la société, il doit donner de la visibilité à la foi comme force de vie. De fait, lorsque Benoît conclut sa vie terrestre le 21 mars 547, il laissa avec sa Règle et avec la famille bénédictine qu’il avait fondée un patrimoine qui a porté des fruits dans le monde entier jusqu’à aujourd’hui.
Dans tout le deuxième livre des Dialogues, Grégoire nous montre la façon dont la vie de saint Benoît était plongée dans une atmosphère de prière, fondement central de son existence. Sans prière l’expérience de Dieu n’existe pas. Mais la spiritualité de Benoît n’était pas une intériorité en dehors de la réalité. Dans la tourmente et la confusion de son temps, il vivait sous le regard de Dieu et ne perdit ainsi jamais de vue les devoirs de la vie quotidienne et l’homme avec ses besoins concrets. En voyant Dieu, il comprit la réalité de l’homme et sa mission. Dans sa Règle, il qualifie la vie monastique d’ »école du service du Seigneur » (Prol. 45) et il demande à ses moines de « ne rien placer avant l’Œuvre de Dieu [c'est-à-dire l'Office divin ou la Liturgie des Heures] » (43, 3). Il souligne cependant que la prière est en premier lieu un acte d’écoute (Prol. 9-11), qui doit ensuite se traduire par l’action concrète. « Le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par les faits à ses saints enseignements », affirme-t-il (Prol. 35). Ainsi, la vie du moine devient une symbiose féconde entre action et contemplation « afin que Dieu soit glorifié en tout » (57, 9). En opposition avec une réalisation personnelle facile et égocentrique, aujourd’hui souvent exaltée, l’engagement premier et incontournable du disciple de saint Benoît est la recherche sincère de Dieu (58, 7) sur la voie tracée par le Christ humble et obéissant (5, 13), ne devant rien placer avant l’amour pour celui-ci (4, 21; 72, 11) et c’est précisément ainsi, au service de l’autre, qu’il devient un homme du service et de la paix. Dans l’exercice de l’obéissance mise en acte avec une foi animée par l’amour (5, 2), le moine conquiert l’humilité (5, 1), à laquelle la Règle consacre un chapitre entier (7). De cette manière, l’homme devient toujours plus conforme au Christ et atteint la véritable réalisation personnelle comme créature à l’image et à la ressemblance de Dieu.
A l’obéissance du disciple doit correspondre la sagesse de l’Abbé, qui dans le monastère remplit « les fonctions du Christ » (2, 2; 63, 13). Sa figure, définie en particulier dans le deuxième chapitre de la Règle, avec ses qualités de beauté spirituelle et d’engagement exigeant, peut-être considérée comme un autoportrait de Benoît, car – comme l’écrit Grégoire le Grand – « le saint ne put en aucune manière enseigner différemment de la façon dont il vécut » (Dial. II, 36). L’Abbé doit être à la fois un père tendre et également un maître sévère (2, 24), un véritable éducateur. Inflexible contre les vices, il est cependant appelé à imiter en particulier la tendresse du Bon Pasteur (27, 8), à « aider plutôt qu’à dominer » (64, 8), à « accentuer davantage à travers les faits qu’à travers les paroles tout ce qui est bon et saint » et à « illustrer les commandements divins par son exemple » (2, 12). Pour être en mesure de décider de manière responsable, l’Abbé doit aussi être un personne qui écoute « le conseil de ses frères » (3, 2), car « souvent Dieu révèle au plus jeune la solution la meilleure » (3, 3). Cette disposition rend étonnamment moderne une Règle écrite il y a presque quinze siècles! Un homme de responsabilité publique, même à une petite échelle, doit toujours être également un homme qui sait écouter et qui sait apprendre de ce qu’il écoute.
Benoît qualifie la Règle de « Règle minimale tracée uniquement pour le début » (73, 8); en réalité, celle-ci offre cependant des indications utiles non seulement aux moines, mais également à tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En raison de sa mesure, de son humanité et de son sobre discernement entre ce qui est essentiel et secondaire dans la vie spirituelle, elle a pu conserver sa force illuminatrice jusqu’à aujourd’hui. Paul VI, en proclamant saint Benoît Patron de l’Europe le 24 octobre 1964, voulut reconnaître l’œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne. Aujourd’hui, l’Europe – à peine sortie d’un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l’effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies – est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l’Europe. Sans cette sève vitale, l’homme reste exposé au danger de succomber à l’antique tentation de vouloir se racheter tout seul – une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l’Europe du XX siècle, comme l’a remarqué le Pape Jean-Paul II, « un recul sans précédent dans l’histoire tourmentée de l’humanité » (Insegnamenti, XIII/1, 1990, p. 58). En recherchant le vrai progrès, nous écoutons encore aujourd’hui la Règle de saint Benoît comme une lumière pour notre chemin. Le grand moine demeure un véritable maître à l’école de qui nous pouvons apprendre l’art de vivre le véritable humanisme.

Le Credo de Paul VI. Qui l’a écrit et pourquoi (par Sandro Magister)

10 juillet, 2012

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/204969?fr=y

Le Credo de Paul VI. Qui l’a écrit et pourquoi

L’Eglise aussi a eu son 1968, avec par exemple le Catéchisme hollandais. Paul VI y a répondu par son « Credo du peuple de Dieu ». On sait aujourd’hui que c’est son ami le philosophe Jacques Maritain qui l’a écrit

par Sandro Magister

ROMA, le 6 juin 2008 – Fin juin, Benoît XVI va inaugurer une année jubilaire consacrée à l’apôtre Paul, à l’occasion des 2 000 ans de sa naissance. La célébration débutera le samedi 28, la veille de la fête du saint, pour s’achever un an plus tard.
Il y a quarante ans, entre 1967 et 1968, Paul VI avait agi de manière similaire en consacrant une année de célébrations aux apôtres Pierre et Paul, à l’occasion des 1 900 ans de leur martyre. Le pape avait clôturé ce qu’il nommait “l’Année de la Foi“ par une profession de foi solennelle, le “Credo du peuple de Dieu“, prononcée le 30 juin 1968 sur la place Saint-Pierre.
Le texte de ce Credo s’inspirait de celui du Concile de Nicée, récité lors de chaque messe. Mais avec des compléments et des développements importants.
Comment et pourquoi Paul VI a-t-il eu l’idée de couronner l’Année de la Foi par la proclamation du Credo du peuple de Dieu? Et comment ce texte a-t-il été rédigé?
La réponse à ces deux questions se trouve dans un volume qui sortira bientôt en France, le sixième tome de la « Correspondance » entre le théologien et cardinal suisse Charles Journet et le philosophe français Jacques Maritain, à savoir 303 lettres échangées entre 1965 et 1973.
C’est en effet Maritain lui-même qui a écrit l’ébauche du Credo du peuple de Dieu que Paul VI devait prononcer. Les deux textes seront publiés en regard dans le volume à paraître, afin de mettre en valeur leur ressemblance.
Entretemps, le cardinal Georges Cottier – disciple de Journet et théologien émérite de la maison pontificale – a déjà révélé les dessous de ce Credo dans le mensuel international “30 Jours“, qui y a consacré la une de son dernier numéro.

* * *

En 1967, Maritain a 85 ans. Il vit à Toulouse, chez les Petits Frères de Charles de Foucauld. Il vient de publier “Le paysan de la Garonne“, une critique impitoyable de l’Eglise postconciliaire “à genoux devant le monde“.
Le 12 janvier, le cardinal Journet écrit à Maritain qu’il rencontrera bientôt le pape à Rome. Les deux hommes ignorent que Paul VI a l’intention de lancer l’Année de la Foi. Mais Maritain confie à Journet que depuis quelques jours, “une idée [lui] est venue à l’esprit“. Il la décrit en ces mots:
“Que le Souverain Pontife rédige une profession de foi complète et détaillée, dans laquelle tout ce que contient réellement le Symbole de Nicée soit expliqué. Ce sera, pour l’histoire de l’Eglise, la profession de foi de Paul VI“.
Sans que Maritain le lui ait demandé, Journet photocopie la lettre du philosophe et la remet au pape lorsqu’il rencontre le 18 janvier. A cette occasion, Paul VI demande au théologien son jugement sur l’état de santé de l’Eglise: “Tragique“, lui répond Journet. Lui-même comme le pape sont anéantis par la publication en Hollande, l’année précédente, avec la bénédiction des évêques, d’un nouveau Catéchisme ayant vraiment « pour objectif de substituer, au sein de l’Eglise, une orthodoxie à une autre, une orthodoxie moderne à l’orthodoxie traditionnelle » (ainsi s’exprime la commission cardinalice instituée par Paul VI pour examiner ce Catéchisme, dont Journet fait partie).
Le 22 février 1967, Paul VI décrète l’Année de la Foi. Deux jours plus tard, Maritain note dans son journal:
“C’est peut-être la préparation pour une profession de foi qu’il proclamera lui-même“.
Cette même année le premier synode des évêques se réunit à Rome du 29 septembre au 29 octobre. Le rapport final de la commission doctrinale soumet au pape la proposition d’une déclaration sur les points essentiels de la foi.
Le 14 décembre, Paul VI reçoit à nouveau le cardinal Journet, qui lui rapporte l’idée de Maritain. Paul VI lui rappelle que d’autres avaient déjà suggéré, à la fin du Concile Vatican II, de promulguer un nouveau symbole de la foi. Lui-même avait demandé au célèbre théologien dominicain Yves Congar de préparer un texte mais, le jugeant insatisfaisant, l’avait laissé de côté.
Puis, à l’improviste, Paul VI dit à Journet: “Préparez-moi vous-même un plan de ce que vous jugez bon de faire“.
De retour en Suisse, Journet raconte la demande du pape à Maritain. Ce dernier, étant à Paris au début de la nouvelle année, écrit un projet de profession de foi. Il le termine le 11 janvier 1968 et l’envoie le 20 à Journet, qui le transmet à Paul VI le lendemain.
D’après la correspondance entre le théologien et le philosophe, Maritain ne voyait dans le texte qu’il avait élaboré qu’un projet destiné à aider Journet. C’est ce dernier qui, de sa propre initiative, a transmis le texte au pape sans aucun ajout. Selon Journet, le texte contenait déjà les réponses à toutes les interrogations soulevées par le Catéchisme hollandais et par d’autres théologiens renommés sur des dogmes tels que le péché originel, la messe comme sacrifice, la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, la création à partir du néant, le primat de Pierre, la virginité de Marie, l’immaculée conception, l’assomption.
Le 6 avril, une lettre du théologien dominicain Benoît Duroux, consultant de la congrégation pour la doctrine de la foi, arrive de Rome. Elle fait l’éloge du texte de Maritain et y ajoute quelques commentaires, que Journet interprète comme venant de Paul VI lui-même. A son tour, le pape envoie au cardinal un mot de remerciement.
Puis, plus rien. Le 30 juin 1968, place Saint-Pierre, Paul VI prononce solennellement le Credo du peuple de Dieu. Maritain ne l’apprend que le 2 juillet, en lisant le journal. Il déduit des citations que le Credo prononcé par le pape coïncide largement avec le projet qu’il avait écrit.
C’est effectivement le cas. L’une des rares différences concerne les juifs et les musulmans.
Dans un passage, Maritain avait rappelé explicitement que les juifs et les musulmans proclament, comme les chrétiens, que Dieu est unique. Dans son Credo, en revanche, Paul VI rend grâces à la bonté divine pour les “très nombreux croyants“ qui partagent avec les chrétiens la foi dans le Dieu unique, mais sans citer explicitement le judaïsme et l’islam.
Dans les années 50, Maritain avait failli être condamné par le Saint Office à cause de sa pensée philosophique, soupçonnée de “naturalisme intégral“. Il échappa à la condamnation notamment grâce à l’intervention de Giovanni Battista Montini, le futur Paul VI, alors substitut de la secrétairerie d’état, lié depuis longtemps avec le penseur français.
__________

Le texte intégral du Credo du peuple de Dieu, prononcé solennellement par Paul VI le 30 juin 1968, dans une traduction non officielle en français:

« Nous croyons en un seul Dieu… »

Nous croyons en un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur des choses visibles comme ce monde où s’écoule notre vie passagère, des choses invisibles comme les purs esprits qu’on nomme aussi les anges, et Créateur en chaque homme de son âme spirituelle et immortelle.
Nous croyons que ce Dieu unique est absolument un dans son essence infiniment sainte comme dans toutes ses perfections, dans sa toute-puissance, dans sa science infinie, dans sa providence, dans sa volonté et dans son amour. Il est Celui qui est, comme il l’a révélé à Moïse; et il est Amour, comme l’apôtre Jean nous l’enseigne: en sorte que ces deux noms, Être et Amour, expriment ineffablement la même divine réalité de Celui qui a voulu se faire connaître à nous, et qui, « habitant une lumière inaccessible », est en lui-même au-dessus de tout nom, de toutes choses et de toute intelligence créée. Dieu seul peut nous en donner la connaissance juste et plénière en se révélant comme Père, Fils et Esprit Saint, dont nous sommes par grâce appelés à partager, ici-bas dans l’obscurité de la foi et au-delà de la mort dans la lumière éternelle, l’éternelle vie. Les liens mutuels constituant éternellement les trois personnes, qui sont chacune le seul et même Être divin, sont la bienheureuse vie intime du Dieu trois fois saint, infiniment au-delà de ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine. Nous rendons grâce cependant à la bonté divine du fait que de très nombreux croyants puissent attester avec Nous devant les hommes l’unité de Dieu, bien qu’ils ne connaissent pas le mystère de la Très Sainte Trinité.
Nous croyons donc au Père qui engendre éternellement le Fils, au Fils, Verbe de Dieu, qui est éternellement engendré, au Saint-Esprit, personne incréée qui procède du Père et du Fils comme leur éternel amour. Ainsi en les trois personnes divines, « coaeternae sibi et coaequales », surabondent et se consomment, dans la surexcellence et la gloire propres à l’être incréé, la vie et la béatitude de Dieu parfaitement un, et toujours « doit être vénérée l’unité dans la trinité et la trinité dans l’unité ».
Nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est le Fils de Dieu. Il est le Verbe éternel, né du Père avant tous les siècles et consubstantiel au Père, « homoousios to Patri », et par lui tout a été fait. Il s’est incarné par l’œuvre du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie et s’est fait homme: égal donc au Père selon la divinité, et inférieur au Père selon l’humanité et un lui-même, non par quelque impossible confusion des natures mais par l’unité de la personne.
Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité. Il a annoncé et instauré le Royaume de Dieu et nous a fait en lui connaître le Père. Il nous a donné son commandement nouveau de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Il nous a enseigné la voie des béatitudes de l’Évangile: pauvreté en esprit, douleur supportée dans la patience, soif de la justice, miséricorde, pureté du cœur, volonté de paix, persécution endurée pour la justice. Il a souffert sous Ponce Pilate, Agneau de Dieu portant sur lui les péchés du monde, et il est mort pour nous sur la croix, nous sauvant par son sang rédempteur. Il a été enseveli et, de son propre pouvoir, il est ressuscité le troisième jour, nous élevant par sa résurrection à ce partage de la vie divine qu’est la vie de la grâce. Il est monté au ciel et il viendra de nouveau, en gloire cette fois, pour juger les vivants et les mort: chacun selon ses mérites – ceux qui ont répondu à l’amour et à la pitié de Dieu allant à la vie éternelle, ceux qui les ont refusés jusqu’au bout allant au feu qui ne s’éteint pas. Et son règne n’aura pas de fin.
Nous croyons en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils. Il nous a parlé par les Prophètes, il nous a été envoyé par le Christ après sa Résurrection et son Ascension auprès du Père; il illumine, vivifie, protège et conduit l’Église; il en purifie les membres s’ils ne se dérobent pas à la grâce. Son action qui pénètre au plus intime de l’âme, rend l’homme capable de répondre à l’appel de Jésus: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».
Nous croyons que Marie est la Mère demeurée toujours vierge du Verbe incarné, notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, et qu’en raison de cette élection singulière elle a été, en considération des mérites de son Fils, rachetée d’une manière plus éminente, préservée de toute souillure du péché originel et comblée du don de la grâce plus que toutes les autres créatures.
Associée par un lien étroit et indissoluble aux mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, la Très Sainte Vierge, l’Immaculée, a été, au terme de sa vie terrestre, élevée en corps et en âme à la gloire céleste et configurée à son Fils ressuscité en anticipation du sort futur de tous les justes; et Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Ève, mère de l’Église, continue au ciel son rôle maternel à l’égard des membres du Christ, en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans les âmes des rachetés.
Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle commise par lui a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. C’est la nature humaine ainsi tombée, dépouillée de la grâce qui la revêtait, blessée dans ses propres forces naturelles et soumise à l’empire de la mort, qui est transmise à tous les hommes et c’est en ce sens que chaque homme naît dans le péché. Nous tenons donc, avec le Concile de Trente, que le péché originel est transmis avec la nature humaine, « non par imitation, mais par propagation », et qu’il est ainsi « propre à chacun ».
Nous croyons que Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le sacrifice de la croix, nous a rachetés du péché originel et de tous les péchés personnels commis par chacun de nous, en sorte que, selon la parole de l’Apôtre, « là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé ».
Nous croyons à un seul baptême institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la rémission des péchés. Le baptême doit être administré même aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’aucun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils renaissent « de l’eau et de l’Esprit Saint » à la vie divine dans le Christ Jésus.
Nous croyons à l’Église une, sainte, catholique et apostolique, édifiée par Jésus-Christ sur cette pierre qui est Pierre. Elle est le corps mystique du Christ, à la fois société visible instituée avec des organes hiérarchiques et communauté spirituelle, l’Église terrestre; elle est le peuple de Dieu pérégrinant ici-bas et l’Église comblée des biens célestes; elle est le germe et les prémices du Royaume de Dieu, par lequel se continuent, au long de l’histoire humaine, l’œuvre et les douleurs de la Rédemption et qui aspire à son accomplissement parfait au-delà du temps dans la gloire. Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Église par les sacrements qui émanent de sa plénitude. C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action. Elle est donc sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce: c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ses fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint.
Héritière des divines promesses et fille d’Abraham selon l’Esprit, par cet Israël dont elle garde avec amour les Écritures et dont elle vénère les patriarches et les prophètes; fondée sur les apôtres et transmettant de siècle en siècle leur parole toujours vivante et leurs pouvoirs de pasteur dans le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui; perpétuellement assistée par le Saint-Esprit, elle a charge de garder, enseigner, expliquer et répandre la vérité que Dieu a révélée d’une manière encore voilée par les prophètes et pleinement par le Seigneur Jésus. Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel. Nous croyons à l’infaillibilité dont jouit le successeur de Pierre quand il enseigne ex cathedra comme pasteur et docteur de tous les fidèles, et dont est assuré aussi le corps des évêques lorsqu’il exerce avec lui le magistère suprême.
Nous croyons que l’Église, fondée par Jésus-Christ et pour laquelle il a prié, est indéfectiblement une dans la foi, le culte et le lien de la communion hiérarchique. Au sein de cette Église, la riche variété des rites liturgiques et la légitime diversité des patrimoines théologiques et spirituels et des disciplines particulières, loin de nuire à son unité, la manifestent davantage.
Reconnaissant aussi l’existence, en dehors de l’organisme de l’Église du Christ, de nombreux éléments de vérité et de sanctification qui lui appartiennent en propre et tendent à l’unité catholique, et croyant à l’action du Saint-Esprit qui suscite au cœur des disciples du Christ l’amour de cette unité, Nous avons l’espérance que les chrétiens qui ne sont pas encore dans la pleine communion de l’unique Église se réuniront un jour en un seul troupeau avec un seul pasteur.
Nous croyons que l’Église est nécessaire au salut, car le Christ qui est seul médiateur et voie de salut se rend présent pour nous dans son Corps qui est l’Église. Mais le dessein divin du salut embrasse tous les hommes; et ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église mais cherchent Dieu sincèrement et, sous l’influence de la grâce, s’efforcent d’accomplir sa volonté reconnue par les injonctions de leur conscience, ceux-là, en un nombre que Dieu seul connaît, peuvent obtenir le salut.
Nous croyons que la messe célébrée par le prêtre représentant la personne du Christ en vertu du pouvoir reçu par le sacrement de l’ordre, et offerte par lui au nom du Christ et des membres de son Corps mystique, est le sacrifice du calvaire rendu sacramentellement présent sur nos autels. Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle.
Le Christ ne peut être ainsi présent en ce sacrement autrement que par le changement en son corps de la réalité elle-même du pain et par le changement en son sang de la réalité elle-même du vin, seules demeurant inchangées les propriétés du pain et du vin que nos sens perçoivent. Ce changement mystérieux, l’Église l’appelle d’une manière très appropriée transsubstantiation. Toute explication théologique, cherchant quelque intelligence de ce mystère, doit pour être en accord avec la foi catholique, maintenir que, dans la réalité elle-même, indépendante de notre esprit, le pain et le vin ont cessé d’exister après la consécration, en sorte que c’est le corps et le sang adorables du Seigneur Jésus qui dès lors sont réellement devant nous sous les espèces sacramentelles du pain et du vin, comme le Seigneur l’a voulu, pour se donner à nous en nourriture et pour nous associer à l’unité de son Corps mystique.
L’unique et indivisible existence du Seigneur glorieux au ciel n’est pas multipliée, elle est rendue présente par le sacrement dans les multiples lieux de la terre où la messe est célébrée. Et elle demeure présente, après le sacrifice, dans le Saint Sacrement, qui est, au tabernacle, le cœur vivant de chacune de nos églises. Et c’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous.
Nous confessons que le royaume de Dieu commencé ici-bas en l’Église du Christ n’est pas de ce monde, dont la figure passe, et que sa croissance propre ne peut se confondre avec le progrès de la civilisation, de la science ou de la technique humaines, mais qu’elle consiste à connaître toujours plus profondément les insondables richesses du Christ, à espérer toujours plus fortement les biens éternels, à répondre toujours plus ardemment à l’amour de Dieu, à dispenser toujours plus largement la grâce et la sainteté parmi les hommes. Mais c’est ce même amour qui porte l’Église à se soucier constamment du vrai bien temporel des hommes. Ne cessant de rappeler à ses enfants qu’ils n’ont pas ici-bas de demeure permanente, elle les presse aussi de contribuer, chacun selon sa vocation et ses moyens, au bien de leur cité terrestre, de promouvoir la justice, la paix et la fraternité entre les hommes, de prodiguer leur aide à leurs frères, surtout aux plus pauvres et aux plus malheureux. L’intense sollicitude de l’Église, épouse du Christ, pour les nécessités des hommes, leurs joies et leurs espoirs, leurs peines et leurs efforts, n’est donc rien d’autre que son grand désir de leur être présente pour les illuminer de la lumière du Christ et les rassembler tous en lui, leur unique Sauveur. Elle ne peut signifier jamais que l’Église se conforme elle-même aux choses de ce monde, ni que diminue l’ardeur de l’attente de son Seigneur et du royaume éternel.
Nous croyons à la vie éternelle. Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce du Christ, soit qu’elles aient encore à être purifiées au purgatoire, soit que dès l’instant où elles quittent leur corps, Jésus les prenne au paradis comme il a fait pour le bon larron, sont le peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort, laquelle sera définitivement vaincue le jour de la résurrection où ces âmes seront réunies à leur corps.
Nous croyons que la multitude de celles qui sont rassemblées autour de Jésus et de Marie au paradis forme l’Église du ciel, où dans l’éternelle béatitude elles voient Dieu tel qu’il est et où elles sont aussi, à des degrés divers, associées avec les saints anges au gouvernement divin exercé par le Christ en gloire, en intercédant pour nous et en aidant notre faiblesse par leur sollicitude fraternelle.
Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église, et Nous croyons que dans cette communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l’écoute de nos prières, comme Jésus nous l’a dit: Demandez et vous recevrez. Aussi est-ce avec foi et dans l’espérance que Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Béni soit le Dieu trois fois saint. Amen.

Paul PP. VI
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Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

Chagall, Jacob rêve

9 juillet, 2012

Chagall, Jacob rêve dans images sacrée zjacob

http://www.piropiro.org/pagine/chagall/tor%C3%A0.htm

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