Archive pour juillet, 2012

ACTUALITÉ DE LA RÉFORME DU CARMEL POUR L’EGLISE AUJOURD’HUI

18 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31435?l=french

ACTUALITÉ DE LA RÉFORME DU CARMEL POUR L’EGLISE AUJOURD’HUI

Message de Benoît XVI au Carmel et aux jeunes

Anita Bourdin

ROME, lundi 16 juillet 2012 (ZENIT.org) – « La prière confiante » doit être « l’âme de l’apostolat », déclare Benoît XVI à l’occasion de la fête de Notre Dame du Carmel. Pour le pape, la sainteté n’est possible qu’à condition d’une « prière intense ». Il lance un appel spécialement aux jeunes : « Aspirez à être totalement à Jésus, à Jésus seul, et toujours à Jésus ».
Un message particulièrement actuel dans la perspective de renouveau ecclésial voulu par Benoît XVI à travers l’Année de la foi, et dans le sillage de ses catéchèses sur la prière.
Le pape a en effet adressé un message à l’évêque d’Avila, Mgr Jesus Garcia Burillo, en la fête de Notre Dame du Mont Carmel, ce 16 juillet, et à l’occasion du 450e anniversaire de la fondation du monastère de Saint-Joseph à Avila et du début de la réforme du Carmel menée par sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Eglise.
“Aujourd’hui encore, comme au XVIe s., au milieu de rapides transformations, il est nécessaire que la prière confiante soit l’âme de l’apostolat, afin que résonne, avec une grande clarté, et avec un dynamisme vigoureux, le message rédempteur de Jésus-Christ. Il est urgent que la Parole de vie vibre dans les âmes de façon harmonieuse, avec des notes sonores et attrayantes”.
Le pape rappelle que c’est le Christ lui-même qui a inspiré à Thérèse d’Avila de fonder le monastère Saint-Joseph, et il dit s’unir à tous ceux qui “ont trouvé dans la spiritualité thérésienne une lumière sûre pour découvrir qu’à travers le Christ un vrai renouveau de la vie est offert à l’homme”.
Il explique en quoi consiste la sainteté : “Amoureuse du Seigneur, cette illustre femme ne désirait rien d’autre que de lui plaire en toute chose. En effet, un saint n’est pas celui qui accomplit de grandes entreprises en se fondant sur l’excellence de ses qualités humaines, mais celui qui, avec humilité, permet au Christ de pénétrer dans son âme, d’agir à travers sa personne, d’être Lui le vrai protagoniste de toutes ses actions, et de ses désirs, Lui qui inspire toute initiative et soutient tout silence ».
“Se laisser ainsi guider par le Christ n’est possible que pour qui a une vie de prière intense. Celle-ci consiste, selon les paroles de la sainte d’Avila, dans le fait de “parler de l’amitié, se retrouver fréquemment en tête à tête avec celui dont on sait qu’il nous aime” (Livre de sa vie, 8 et 5).
“La réforme de l’ordre du Carmel, dont l’anniversaire nous comble de joie intérieure, naît de la prière et tend à la prière”, insiste le pape.
“Sainte Thérèse de Jésus voulait favoriser la vie qui privilégie la rencontre personnelle avec le Seigneur (…). Le monastère de saint Joseph naît justement afin que ses filles aient les conditions les meilleures pour trouver Dieu et établir une relation profonde et intime avec lui”.
Le pape lui-même souligne les similitudes avec l’époque actuelle: la réflexion de la sainte “mystique” d’Avila “nous éclaire tellement et nous interpelle”.
Voilà aussi une référence pour la nouvelle évangélisation: “Nous pouvons affirmer qu’en son temps, la sainte a évangélisé (…), avec une ardeur inlassable, avec des méthodes loin de l’inertie, avec des expressions auréolées de lumière. Cela conserve toute sa fraîcheur au carrefour actuel, où l’on ressent l’urgence que les baptisés renouvellent leur coeur par la prière personnelle, centrée aussi (…) sur la contemplation de la Très sainte humanité du Christ, comme seul chemin pour trouver la gloire de Dieu (Livre de sa Vie, 22, 1; Château intérieur, 6, 7).
Le pape décrit les effets de la prière: “Ainsi on pourra former des familles authentiques, qui découvrent dans l’Evangile le feu du noyau familial; des communautés chrétiennes vivantes et unies, cimentées par le Christ comme leur pierre angulaire, qui ont soif d’une vie de service fraternel et généreux”.
Pour Benoît XVI de la prière dépendent aussi les vocations: “Il est aussi souhaitable que l’incessante prière promeuve l’attention prioritaire pour la pastorale des vocations en soulignant en particulier la beauté de la vie consacrée, qu’il faut accompagner dument comme le trésor propre à l’Eglise, comme un torrent de grâces, dans sa dimension active et contemplative”.
“La force du Christ conduira aussi, ajoute le pape comme en confidence, à multiplier les initiatives afin que le Peuple de Dieu acquière de nouveau sa vigueur dans l’unique forme possible: en donnant de l’espace, en nous, aux sentiments du Seigneur Jésus (cf. Ph 2, 5) et en recherchant en toute circonstance une expérience radicale de son Evangile. C’est ce que signifie, avant tout, permettre à l’Esprit Saint de faire de nous des amis du Maître et de nous configurer à Lui. Cela signifie aussi d’accepter en tout ses commandements, et d’adopter des critères comme l’humilité dans la conduite, le renoncement au superflu, de ne pas offenser les autres ou d’avancer avec un cœur simple et humble. Ainsi, ceux qui nous entourent percevront la joie qui naît de notre adhésion au Seigneur et que nous ne plaçons rien avant son amour, en étant toujours disposés à rendre raison de notre espérance (Cf. 1 P 3, 15) et en vivant comme Thérèse de Jésus, dans une obéissance filiale à notre sainte Mère l’Eglise ».
Le pape s’adresse spécialement aux jeunes en disant : « C’est à cette radicalité et à cette fidélité que nous invite aujourd’hui cette fille si illustre du diocèse d’Avila. En accueillant son bel héritage, en ce moment de l’historie, le pape invite tous les membres de cette Eglise particulière les jeunes, à prendre au sérieux la vocation commune à la sainteté. En suivant les pas de Thérèse de Jésus, permettez-moi de dire à ceux qui ont leur avenir devant eux : aspirez vous aussi à être totalement à Jésus, à Jésus seul, et toujours à Jésus. Ne craignez pas de dire à Notre Seigneur, comme elle l’a fait : « Je suis vôtre, c’est pour vous que je suis née, que voulez-vous faire de moi ? » (Poésie, 2). Je lui demande que vous sachiez aussi répondre à ses appels, illuminés par la grâce divien avec « une ferme détermination », pour offrir « ce peu » qu’il y a en vous, en confiant dans le fait que Dieu n’abandonne pas ceux qui quittent tout pour sa gloire » (Chemin de la perfection, 21, 2 ; 1, 2).
Enfin, le pape rappelle la dévotion de Thérèse d’Avila à la Vierge Marie, sous le vocable du carmel et sa dévotion à saint Joseph.

Jesus spent the majority of his earthly life in the region around the Sea of Galilee.

17 juillet, 2012

 Jesus spent the majority of his earthly life in the region around the Sea of Galilee.  dans images sacrée Jesus_sea_of_Galilee

http://www.jesusboatmuseum.com/blog/?p=1417

L’hiver est passé, la pluie a cessé et elle s’est éloignée (Cantique 2, 11) – Des chrétiens redevenus priants

17 juillet, 2012

http://geraldchaput.homily-service.net/retraites.html

QU’ONT-ILS VRAIMENT BESOIN ? Des chrétiens redevenus priants

L’hiver est passé, la pluie a cessé et elle s’est éloignée (Cantique 2, 11)

Chantez ! Parlez ! Personne ne vous écoute

Nous vivons pour quelque chose qui va plus loin que la morale :
si nous pouvions le nommer, quel silence!
Albert Camus

EN GUISE D’INTRODUCTION
Je commence par une histoire qui vient de la lointaine littérature monastique. Un professeur se rendit un jour dans un monastère parce qu’il y avait là un vieux moine dont la réputation était de poser la vraie question à tous les chercheurs de Dieu qui le consultaient. Saint homme, dit le professeur, donnez-moi une question qui va renouveler ma vie ? Le vieux moine lui dit : qu’est-ce qu’ils ont besoin ?
La question a résonné longtemps dans la tête du professeur. Ne pouvant y répondre, ne pouvant surtout surmonter son étonnement devant une telle question (il s’attendait à autre chose), il retourne vers le moine et lui dit: saint homme, je suis venu ici parce que je suis fatigué de chercher. Je ne suis pas ici pour parler de mon enseignement. Je suis ici pour parler de ma vie spirituelle. S’il vous plaît, donnez-moi une autre question. Je vois, dit le moine. Dans ce cas, la bonne question pour vous n’est pas qu’est-ce qu’ils ont besoin, mais qu’est-ce qu’ils ont vraiment besoin ? Le professeur allait demander une question pour lui-même. Il percevait faussement dans la réponse du vieux moine qu’il lui en donnait une pour les autres.
À l’heure où un théologien d’ici, Normand Provencher, donnait comme titre à son avant-dernier livre Est-il trop tard? À l’heure où nous ne parlons que des difficultés de surface de notre Église: son problème de crédibilité, échecs de prêtres à vivre leur sacerdoce, échecs de croyants à vivre dans une fidélité durable, restructuration des paroisses ; à l’heure où les sectes qui handicapées de l’essentiel de la foi qu’est la Croix, ne cessent de fasciner, de séduire; à l’heure où nous sommes devenus des «chrétiens à la carte» qui choisissent ce qui les intéressent dans l’Évangile; à l’heure où le message de la foi ne passe plus très bien parce que quelque chose «bloque» et que la «bonne nouvelle» n’a plus de mordant sur nos vies; à l’heure où nous vivons un grand vide spirituel et que la télévision devient une distraction (Maurice Bellet), qu’est-ce qu’ils ont vraiment besoin?
Ma réponse (elle mériterait beaucoup plus d’approfondissement) est celle-ci : nous avons besoin de vrais chrétiens capables de libérer l’Évangile. Nous avons besoin de vrais croyants et non de croyants tristes, rabougris. Si le sel [de la foi] s’affadit. Nous avons besoin de priants et non de chrétiens qui ont l’impression de prier. Quelqu’un écrivait que la foi chrétienne est devenue comme une monnaie qui ne vaut plus rien en dehors de ses adeptes. Nous sommes des baptisés mais pas suffisamment évangélisés (Verbum Domini, # 96) par la prière.
…..des chrétiens « bonne nouvelle »
Nous avons besoin de chrétiens rayonnants et non de chrétiens aux yeux de morts, radieux et non complexés, marqués par la vivante espérance (1 P 1, 3) et non par la désespérance, et qui parce saisis, tendus par tout leur être par le Christ (Ph 3, 12), rendent Dieu désirable (Fossion, A., Dieu désirable, Bruxelles, 2010, 294 pp.), refusentde vivre dans une complainte sans fin. C’est une grande imperfection que de se plaindre, écrivait à des novices Thérèse d’Avila dans les premiers chapitres de son Chemin de perfection, qui est un chemin pour apprendre à prier.
Ce sont nous, chrétiens, qui ont conduit l’Église au seuil d’une crise (une autre de plus dans sa longue histoire de crises) parce que nous manquons d’enthousiasme, de mysticisme, parce que nous ne sommes plus assidus à la prière (Ac 2, 42). En 1997, Le Père Henri Madelin, s.j. écrivait dans le journal LA CROIX (8 janvier) : Chantez! Parlez! Personne ne vous écoute. Nous ne savons plus rendre séduisante notre foi qui est devenue une Parole à des années lumière de celle de notre monde. Notre parole sur Dieu ne fait plus sens (Burdelot, Yves, Devenir humain, Cerf, 2007, pp. 33-54). Nous avons trop souvent Dieu sur les lèvres et le monde dans nos cœurs (Ignace d’Antioche).Nous ne savons plus parler avec un langage «parlant», «nouveau». Notre langage sur Dieu vient d’un autre continent. J’ai l’impression de vivre en permanence de secousses sismiques tant ma foi semble venir d’un autre monde.
Le vrai besoin, c’est de voir des hommes et des femmes qui ne se contentent pas d’avoir des idées sur Dieu mais qui font signe, qui sont signes. Nous avons besoin de voir des chrétiens qui sont dans leur personne de bonnes nouvelles, de «belles nouvelles». Qui parlent, agissent et voient comme des paroles de Dieu (1 P 4, 11).
La priorité de l’éducation que nous avons reçue fut de nous inculquer comment être un bon chrétien avec son insistance unique sur une manière morale de vivre : aller à la messe, faire pénitence, faire l’aumône, faire ses Pâques. On nous enseignait un ensemble immense de choses à apprendre, à faire pour être «bons chrétiens». Pour citer Paul VI (Evangilii nuntiandi, #20), on nous a présentés de la foi qu’un vernis superficiel.
Aujourd’hui, la priorité de l’évangélisation n’est pas d’enseigner une morale, d’insister sur quoi faire ou ne pas faire, mais de dépoussiérer notre manière de parler de Dieu, notre foi. Il nous faut prioriser de faire voir autre chose que des idées apprises toutes faites sur Dieu. Il faut donner du sens à nos actes et paroles. Ne pas porter à faux. Ne pas sonner faux. Ensuite viendra un comportement nouveau.
N’y a-t-il pas aujourd’hui un certain nombre de chrétiens qui aimeraient donner à d’autres la bonne nouvelle dans la quelle ils puisent le sens de leur vie et qui ne le peuvent pas parce que, quand ils veulent exprimer leur foi, ils la trouvent empaquetée dans un tel assemblage d’idées toutes faites et d’institutions étranges qu’ils restent muets ? (Burdelot, p.11)
Il nous faut devenir contagieux de la beauté de la Parole de Dieu, cette beauté qui sauvera le monde (Simone Weil). Nous sommes nés de cette beauté. Nous avons vocation première d’être des artistes peignant dans nos vies la beauté de Dieu. Nous avons besoin, dans un monde déprimant, d’être des épiphanies de beauté. Rien n’est plus triste que des chrétiens qui s’empressent de donner des leçons aux autres. Nous avons besoin de chrétiens pour qui c’est beau, c’est grand d’être appelés, par grâce, à une vie de relation amoureuse avec le Christ, à une vie d’oraison, une vie branchée sur le Dieu de Jésus.
…… des chrétiens «croyants» en acte
Que demandes-tu à l’Église de Dieu? C’est la question inaugurale de la liturgie baptismale. Nous sommes toujours des demandeurs de foi. En s’adressant aux catéchumènes le premier dimanche du Carême, l’évêque leur dit : Entrez dans la foi. Faites connaissance du Dieu vivant qui a vraiment parlé aux hommes; confiez vous à sa sagesse, croyez de tout votre cœur. Ce chemin jaillit en vie éternelle (Jn 4, 14).
La liturgie des Cendres débutait par une invitation à redonner de la ferveur, du lustre à notre peu de foi, à notre connaissance de Dieu : Dieu vous adresse un appel : laissez-vous réconcilier (2 Co 5, 20).Depuis toujours, cela a été entendu comme un renoncement aux choses d’en bas. C’est plutôt un bondissement, une élévation de nos regards vers les réalités d’en haut (Col 3, 1-3). Impossible de vouloir Dieu et le monde en même temps, d’avoir soif de Dieu et du monde en même temps. Ce qui en nous est mort peut renaître si nous entrons dans la Parole de Dieu, si nous redevenons croyants, priants.
Le plus dangereux, le plus mortel pour la foi, et nous vivons cela très profondément dans notre Église, c’est de rencontrer des chrétiens souffrant de cette maladie qu’on appelle l’acédie, mieux connue sous l’expression du démon du midi et qui a affecté la petite Thérèse dans les derniers mois de sa vie. Elle ne savait plus si elle avait encore la foi.
C’est un état de manque d’ardeur, de relâchement, de tiédeur, de routine, de fatigue, une forme de dépression, dit le catéchisme de l’Église, dans notre vie spirituelle. C’est une sorte de mélancolie, de tristesse, d’ennui dans notre relation à Dieu. Dieu ne nous nourrit plus. Il ne nous dit plus rien. C’est l’ennemi numéro un des chrétiens.
Trois tentations nous guettent présentement: celle d’éteindre Dieu en nous, celle de la médiocrité (l’acédie) et celle, plus grande que les autres, des contrefaçons de l’amour. Ce n’est pas nouveau.
En ouvrant son chemin de perfection, Thérèse d’Avila (XVIe siècle) se pose la question plus que jamais actuelle, que sont devenus les chrétiens ? Elle faisait allusion à la pauvreté spirituelle des gens de son temps. Le temps des tièdes, que le Christ vomira de sa bouche (Ap 3, 16), est révolu. Benoît XVI citait récemment, dans une catéchèse, saint Pierre Canisius qui disait, et cela m’a beaucoup fait réfléchir : voyez, Pierre dort, Judas veille (traduction: le bien dort, le mal veille). Cela devrait nous faire réfléchir. Le grand problème de notre temps, déclarait le pape Pie XI, ce ne sont pas les puissances néfastes mais la somnolence des bons.
Le poète Charles Péguy a écrit: Philippe a vu Jésus, nous ne voyons que le curés…. ce n’est tout de même pas pareil.
Nous ne pouvons pas nous mériter le titre de chrétiens, de «bons» chrétiens, si nous ne sommes pas attentifs à notre vie de prière. Lire, prier, méditer, contempler la Parole de Dieu n’est pas du temps perdu, mais ce dont ils ont vraiment besoin.
…..des chrétiens priants
Élevons nos cœurs. Ce n’est pas une simple parole qui inaugure la liturgie eucharistique. C’est une manière de vivre. C’est donner une nouvelle direction à nos vies. C’est changer de vision. Faute d’élever nos cœurs, nous ne verrons que la «réalité» des choses que nous pouvons toucher, de nos préoccupations matérielles, de notre solitude, de ce que nous voyons chaque jour au journal télévisé. En élevant nos cœurs, nous changeons l’impression que la gentillesse et le bon caractère suffisent pour être bons chrétiens. Nous ne prions plus «pour que Dieu nous aime», mais «parce qu’ il nous aime». Nous percevons mieux que la réalité n’est pas seulement ce que nous voyons. Nous nous ouvrons sur une autre réalité, plus invisible mais non moins réelle, celle de Dieu.
Élevons nos cœurs. Dieu est la réalité première, le Christ est la réalité. En élevant nos cœurs, nous nous laissons transformer, nous laissons tout notre vie être saisie par la Parole de Dieu, par la pensée nouvelle qui vient du Seigneur et qui nous montre que la véritable réalité, ce sont les choses d’en-haut. En élevant nos cœurs, en gravissant la haute montagne de la prière, nous voyons avec les yeux de Dieu, avec le regard de Dieu. Sans élévation de nos cœurs, il est facile de perdre notre enthousiasme lorsque nous voyons toutes ces scènes tellement contraires à l’humanisation de l’humanité appelée par Jésus. En élevant nos cœurs, nous pouvons vivre comme Jésus nos jardins des oliviers.
Comme Pierre, Jacques et Jean, il nous est nécessaire de passer par ce lieu redoutable de la montagne du Thabor qui nous permet, sans peur, d’affronter celle du Calvaire. En élevant nos cœurs, nous voyons sa gloire, cette gloire qui nous prépare au scandale de la Passion qui se vit tous les jours autour de nous.
Élevons nos coeurs pour garder nos yeux fixés sur Jésus et sur le Parole de Dieu mentionnait Mgr Lacroix définissant au terme de son homélie d’accueil (25 mars 2011) son programme pastoral. C’est ajoute-t-il le chemin de la nouvelle évangélisation.
Notre monde a besoin d’être interpellé par de vrais croyants, par de vrais priants capables de parler, d’agir et de voir comme des paroles de Dieu (1 Pi 4, 11). Mais nous n’avons pas été éduqués à la prière. Un grand priant disait: voudriez-vous passer une journée sans manger? Pensez-vous vivre sans nourriture? Combattre sans armes? Voler sans ailes?
Marcel Légault, ce professeur devenu fermier, écrivait il y a quelques années :
Le malheur, c’est que la plupart des vies sont en porte-à-faux. On dit ce qu’on ne fait pas. On affirme quand on ne sait pas croire… Dieu a été travesti par ceux qui l’affirment.
Dès le IIe siècle, Grégoire le Grand disait : notre langue est paralysée par nos comportements. En ouvrant ce millénaire, Jean-Paul II écrivait: Les hommes de notre époque demandent parfois inconsciemment aux croyants non seulement de parler du Christ mais en un sens de leur faire voir. (Lettre du nouveau millénaire, no 16). Deviens ce que tu es (Augustin).
Rien ne détourne plus de Dieu que des chrétiens qui vivent leur foi dans la nonchalance, avec routine en se reposant sur leurs lauriers. Notre monde a besoin de ruminants de la Parole de Dieu et non de discours sur Dieu, de priants et non de chrétiens qui ont l’impression de prier. Il ne faut pas confondre prier avec impression de prier. Quand on a l’impression de prier, c’est que nous voulons prier mais que nous ne prions pas.Notre spécificité de chrétiens est d’être des lettres écrites (2 Co 3, 2) par Dieu pour notre monde; être des «écoutants» (1er dimanche), des «transfigurés» (2e dimanche), des «assoiffés» (3e dimanche), des «voyants» du Je suis (4e dimanche), des «annonceurs» (5e dimanche) de vie nouvelle, des humains capables de laisser resplendir au dehors la beauté de notre relation, de notre union à Dieu que nous vivons en dedans. Tu es chargé de crier l’Évangile sur les toits non par tes paroles mais par ta vie (Charles de Foucauld).
À quoi nous sert de prier si cela ne transforme en rien nous vie? À quoi sert-il de croire en la résurrection, si cela n’engendre pas en nous une nouvelle possibilité d’être homme, une possibilité qui intéresse tout le monde et ouvre un avenir, un nouveau type d’avenir pour l’humanité (Benoît XVI, Jésus de Nazareth)? À quoi nous sert-il d’être chrétiens si nous n’embrassons pas la manière de vivre de Jésus. Il passait en faisant le bien. Le mot revient 360 fois, dit le Talmud, pour que nous fassions le bien chaque jour. Il s’invitait à la table de ses ennemis. Il donnait à boire une eau vive à une femme samaritaine.
…. capables de vivre d’adoration du Père ( 1er dimanche du carême).
Le 1er dimanche du Carême, nous avons entendu un appel, pour éviter les tentations, d’être des adorateurs du Père, des priants. Pour affronter l’épreuve de la faim, de la séduction, de la gloire, Jésus : qui n’était pas un surhomme, n’avait qu’une seule arme : celle me mettre sa foi dans le Seigneur (Ps 40, 5). Il était habité par la parole de Dieu. Chacune de ses réponses étaient des paroles bibliques. Il était tellement en adoration devant son Père, tellement en consultation avec le Père, selon une belle expression africaine, en état d’union permanente, en état de prière qu’il a repoussé sa faim, son désir de prestige et les vaines gloires. Tu adoreras le Seigneur ton Dieu (Mt 4, 10). Ma question est simple: et nous comment adorons-nous?
Il vivait en permanence, comme l’exprimait l’oraison du premier dimanche du Carême, dans la connaissance de son Père. Question : comment s’opère cette connaissance de son Père en nous ? Réponse: en prenant l’échelle à quatre barreaux: lecture, méditation, prière, contemplation. (J’y reviendrai plus bas.)
La Parole de Dieu est l’un des lieux privilégiés pour entrer profondément dans la connaissance de Jésus. Déjà, Vatican II, dans sa constitution Dei Verbum et plus récemment, Benoît XVI dans sa lettre apostolique post-synodale Verbum Domini, disait que pour acquérir cette connaissance éminente et intime de Jésus (Ph 3, 8), il faut devenir toujours plus familiers des Écritures saintes. Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ. Un grand maître spirituel disait : Applique-toi avec constance et assiduité à la lecture sacrée jusqu’à ce que l’Écriture te transforme à sa ressemblance. (Cassien, Conférence 14,11)
Pour devenir priants, il nous faut acquérir une grande familiarité avec la Parole de Dieu (#80). C’est seulement en demeurant dans la Parole que nous devenons parfaits disciples. La fréquentation assidue de la Parole de Dieu, en particulier les Évangiles, demande plus encore que l’étude, elle conduit à une grande intimité avec le Christ.
Dans son testament spirituel Shahbaz Bhatti, 42 ans, le ministre des minorités assassiné le 2 mars dernier au Pakistan, écrivait :
Je veux vous dire que je tire beaucoup de force, d’inspiration dans la Bible et dans la vie de Jésus. Plus je lis le Nouveau et l’Ancien Testaments, les versets de la Bible et les paroles du Seigneur, et plus ma force et ma détermination sont renforcées.
Non je ne veux pas le pouvoir. Je veux seulement une place aux pieds de Jésus. Je veux que ma vie, mes actions parlent pour moi, et disent que je suis en train de suivre Jésus. Je veux vivre pour le Christ et pour lui je veux mourir. Moi je dis que tant que je vivrai, jusqu’à mon dernier soupir, je continuerai à servir Jésus et cette humanité souffrante, les chrétiens, les nécessiteux, les pauvres.( http://www.zenit.org/article-27194?l=french)
……. capables de se tenir sur la montagne du Thabor (2e dimanche du Carême)
Dans le 2e dimanche du Carême, la liturgie nous invitait à gravir la montagne de la prière, à nous tenir à l’écart de toutes nos préoccupations, de nos solitudes, à les quitter pour un temps, si nous voulons être en mesure – et c’est paradoxal – de les affronter en descendant de la montagne. Sur la montagne de la Transfiguration, Pierre a dit: il nous est bon d’être ici. Il aurait été plus précis de dire, dit saint François de Sales, il nous est bon de passer par ici pour aller à la montagne du Calvaire, celle de notre quotidien. Nous avons besoin de monter sur le Thabor, de nous approcher comme Moïse de la gloire du Seigneur, de voir cette lumière sur notre route qui nous permet ensuite de descendre le visage transfiguré (Ex 33, 8-23) dans la plaine enténébrée.
Au commencement du monde, Dieu nous attirait par la beauté. Mais la non beauté fascina davantage. Au commencement du nouveau monde, la voix du Père reconnaissant en Jésus son Fils bien-aimé, nous introduit, si nous savons nous brûler à sa Voix, douce comme un murmure d’une brise légère (1 R 19, 12),dans un paradis de beauté. Dieu nous a voulu beaux, nous a créés beaux. Dieu nous refait beaux si nous laissons la Parole de Dieu nous «contaminer». Je paraphrase un grand priant, saint Climaque et je nous dis que Dieu donne de la beauté à celui qui prie. Plus nous prions, plus nous voudrions prier, dit Newman, parce que sa beauté nous séduit.
Au Ve siècle, Léon le Grand disait que ces choses [le Christ glorieux et la Voix du Père] ne furent pas dites seulement pour l’utilité de ceux qui les entendirent de leurs oreilles.
………assoiffés d’une parole «eau vive» (3e dimanche du Carême)
Dans le 3e dimanche du Carême, la liturgie nous pousse encore plus loin dans notre recherche de qu’ont-ils vraiment besoin ? Quelqu’un demande de l’eau pour pouvoir en donner davantage. Une demande qui suscite une autre demande. C’est l’épisode de Jésus venu épouser au puits de Jacob son épouse blessée. L’humanité blessée. L’eau demandée par Jésus montre que Dieu est riche en miséricorde (Ep 2, 4). L’eau laisse voir une autre eau, purificatrice. Cette demande bien ordinaire d’eau engage cette femme, samaritaine, dans une longue conversation (une longue prière) avec quelqu’un qu’elle ne connait pas mais sur un sujet de première importance dans sa vie, l’eau.
Lentement, à partir d’une simple demande de Jésus (donne-moi à boire), sa curiosité l’emporte sur son inconvenance de parler à un juif, elle samaritaine, et elle demande à son tour : donne-moi de cet eau. Elle s’ouvre à Jésus qui s’ouvre à elle. Elle lui dit sans gêne ce qu’elle est et Jésus lui révèle son identité: Je lui suis, moi qui te parle. Merveilleux échange ! Merveilleuse conversation de deux cœurs qui se cherchaient mutuellement! De deux cœurs en adoration mutuelle! Elle est venue au puits avec une cruche, sa préoccupation quotidienne, elle est repartie portant Dieu, emportant Dieu.
Dans la démarche de cette femme, il y a l’élévation dont je parlais tantôt. Elle s’est élevée au dessus de sa réputation pour non plus se regarder, mais le regarder. Mais en le regardant, paradoxe, elle s’est retrouvée dépoussiérée de son péché, transformée. Il y a aussi tout le chemin qu’empruntent les priants: chemin de conversation, conversation amoureuse (Thérèse d’Avila), chemin élan du cœur (Petite Thérèse), chemin de renaissance, chemin de confiance, d’affection mutuelle, de découverte mutuelle, d’attention mutuelle, de communion, chemin d’enfantement à la prière. Bref, ce chemin nous arrache, nous fait dépasser la part d’inhumanité qui est en nous, pour tendre à devenir pleinement humain, parfait humain.
Qu’est-ce qu’ils ont vraiment besoin ? Réponse: de devenir parfait humain.C’est ce que Maurice Zundel, ce mystique du siècle dernier dont Paul VI a dit qu’il en était le plus grand, n’a cessé de montrer. Pour lui, croire en l’homme, c’est croire en Dieu.

Notre Dame du Carmel

16 juillet, 2012

Notre Dame du Carmel dans images sacrée L%25E2%2580%2599ordre+Du+Carmel%252C+Et+Notre-Dame+du+Mont+Carmel

http://oraney.blogspot.it/2011/07/lordre-du-carmel-et-notre-dame-du-mont.html

16 juillet – Notre Dame du Mont Carmel

16 juillet, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/07/16.php

16 juillet – Notre Dame du Mont Carmel

Sommaire :

Historique
Ave Maris Stella

Historique

Les religieux du Carmel, appelés à leur origine les Ermites de Sainte Marie du Mont-Carmel[1] (premier ordre à porter officiellement dans les bulles pontificales le nom de Marie) ne séparaient pas le service du Seigneur de celui de la Vierge Marie sa Mère. En Marie, les Carmes voyaient leur Sœur, à cause de sa virginité, et leur Mère qui avait donné vie à leur Ordre ; ainsi professaient-ils le culte de Marie, l’imitation de Marie et la consécration totale à Marie.
Le chapitre général que les Carmes tinrent à Messine, en 1259, promulgua des constitutions pour « l’ampliation de l’office divin » à partir de quoi Sibert de Beka (provincial d’Allemagne) composa un nouvel ordinal qui fut approuvé par le chapitre général de Londres, en 1312. Les Carmes célébraient déjà solennellement, comme toute l’Eglise latine, les quatre principales fêtes de la Vierge (Nativité, Purification, Annonciation, Assomption) mais, outre qu’ils accordaient plus de solennité que d’autres à l’Annonciation, ils célébraient solennellement la messe en commémoration de la Vierge Marie chaque samedi libre (usage que l’Eglise romaine connaît dès le X siècle) ou, à défaut, un autre jour libre de la semaine ; aussi, de même que les Cisterciens, ils célébraient chaque jour une messe en l’honneur de Notre-Dame. Les Carmes qui prétendront, au XIV° siècle, avoir été fondés par le prophète Elie, n’imaginaient pas avoir une autre fête patronale qu’une fête de la Vierge et, comme le Mont-Carmel est assez proche de Nazareth, ils semblent avoir d’abord choisi l’Annonciation à quoi d’ailleurs sont consacrés la plupart des couvents qu’ils fondèrent en Europe ; ils firent aussi, plus tard, le choix de l’Immaculée Conception (1340) ou de l’Assomption (1367).
A la fin du XIV° siècle, les Carmes firent une fête olennelle (16 juillet) pour commémorer les faveurs qu’ils avaient reçues par l’intercession de Notre-Dame[2], dont les premières traces se rencontrent en Angleterre[3]. En 1585, Sixte Quint accorde un office entièrement propre dont l’hymne est l’Ave Maris Stella. La messe actuelle du missel romain, dite « Gaudeamus », est celle du missel imprimé à Rome en 1587 ; en 1726, Benoît XIII étend la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel à l’Eglise universelle.
[1] En 1247, ils reçoivent officiellement le nom de Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel.
[2] Le Bienheureux Simon, cassé de vieillesse, affaibli par l’austérité de sa vie pénitente, passait très-souvent les nuits en prières, gémissant dans son cœur des maux dont ses frères étaient affligés. Il arriva qu’un jour étant en prières, il fut comblé d’une consolation céleste, dont il nous fit part, en communauté, comme il suit : « Mes très-chers frères, béni soit Dieu, qui n’a pas abandonné ceux qui mettent en lui leur confiance et qui n’a pas méprisé les prières de ses serviteurs. Bénie soit la très-sainte Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, se ressouvenant des anciens jours et des tribulations dont le poids a paru trop lourd et trop accablant à quelques-uns d’entre vous (ne faisant pas assez d’attention que ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ, doivent s’attendre à souffrir la persécution), vous adresse aujourd’hui, par mon ministère, des paroles de consolation, que vous devez recevoir dans la joie du Saint-Esprit. Je prie cet Esprit de vérité qu’il dirige ma langue, afin que je parle convenablement, et que je manifeste avec la plus exacte fidélité l’œuvre de Dieu, et la faveur que nous avons reçue du Ciel. Lorsque j’épanchais mon âme en la présence du Seigneur, moi qui ne suis que cendre et poussière, et que je priais avec toute confiance la Vierge sainte, ma Souveraine, que puisqu’elle avait daigné nous honorer du titre spécial de Frères de la bienlieureuse Vierge Marie elle voulut aussi se montrer notre mère, notre protectrice, en nous délivrant de nos calamités, et en nous procurant de la considération et de l’estime, par quelque marque sensible de sa bienveillance, auprès de ceux qui nous persécutaient, lorsque je lui disais avec de tendres soupirs : ‘ FIeur du Carmel, Vigne fleurie, splendeur du Ciel, ô Mère-Vierge incomparable ! ô Mère aimable et toujours Vierge, donnez aux Carmes des privilèges de protection, Astre des mers ! ’ la bienheureuse Vierge m’apparut en grand cortège, et tenant en main l’habit de l’Ordre, elle me dit : ‘ Reçois, mon cher fils, ce scapulaire de ton Ordre, comme le signe distinctif et la marque du privilège que j’ai obtenu pour toi et les enfants du Carmel ; c’est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls et le gage d’une paix et d’une protection spéciale jusqu’à la fin des siècles. Ecce signum salutis, salum in periculis. Celui qui mourra revêtu de cet habit sera préservé des feux éternels.’ Et comme la glorieuse présence de la Vierge sainte me réjouissait au-delà de tout ce qu’on peut se figurer, et que je ne pouvais, misérable que je suis, soutenir la vue de sa majesté, elle me dit, en disparaissant, que je n’avais qu’à envoyer une députation au pape Innocent, le vicaire de son Fils, et qu’il ne manquerait pas d’apporter des remèdes à nos maux » (16 juillet 1251 : témoignage du R.P. Pierre Swayngton, compagnon, secrétaire et confesseur de saint Simon Stock, troisième prieur général latin de l’Ordre des Carmes).
[3] « Calendrier Astronomique » de Nicolas de Lynn, en 1386 ; « Bréviaire » de Zimmerman, en 1399 ; « Missel » des Carmes de Londres, en 1393 ; « Missel » de Kilcornic, en 1458.

Ave Maris Stella
Par Honorat de Bueil, marquis de Racan (1589-1670)

O la plus claire des étoiles,
Qui parut au travers des voiles
Dont la nuit du péché nous offusquait les yeux,
Reçois nos vœux et nos suffrages
Et nous sauve de ces orages
Au port que tes bontés nous préparent aux cieux.
Si la créance trop légère
Qu’eut Eve à la voix mensongère
Nous avait tous rendus esclaves des enfers,
Ta foi, par un contraire échange, Croyant aux paroles de l’ange, Brisa de nos aïeux les prisons et les fers.
O bel astre, fais que ta flamme
Puisse encore éclairer mon âme
Dans l’asile où Jésus nous conduit au trépas ;
Chasse l’ennemi qui nous menace
Et fais que le fruit de sa grâce
Nous donne au ciel la gloire et la paix ici-bas.
Si jadis tes chastes entrailles
Contenaient ce Dieu des batailles
Dont le pouvoir s’étend du nord jusques au sud,
Usant de ton pouvoir de mère,
Apaise la juste colère
Du fils que dans tes flancs ta seule foi conçut.
Vierge chaste, Vierge féconde,
Fais que nous puissions en ce monde
Conserver la blancheur de notre pureté,
Et qu’en suivant ta sainte vie,
Notre âme, dans le ciel ravie,
Te puisse encore suivre en l’immortalité.
Gloire au Père dont la puissance
Est le support de l’innocence !
Gloire au Fils dont le sang fut répandu pour nous !
Gloire à l’Esprit qui nous inspire
L’amour dont notre âme soupire
Jusqu’à ce qu’elle soit unie à son époux.

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À FRASCATI, 15 JUILLET 2012

16 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31416?l=french

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À FRASCATI, 15 JUILLET 2012

Dieu appelle chacun

ROME, dimanche 15 juillet 2012 (ZENIT.org) – « Le Seigneur appelle tout le monde, dispensant des dons différents selon les tâches à remplir dans l’Eglise », déclare Benoît XVI. C’est pourquoi, prêtres, consacrés ou laïcs, « nous sommes tous responsables, tous co-responsables » de la vie de l’Eglise, insiste-t-il.
Le pape s’est en effet rendu à Frascati ce dimanche 15 juillet pour y célébrer l’Eucharistie en présence de nombreuses personnalités de cette région des Castelli Romani. Il était de retour dans sa résidence d’été à Castel Gandolfo pour l’angélus de midi.
Homélie de Benoît XVI à Frascati :
Chers frères et sœurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour célébrer cette Eucharistie et pour partager les joies et les espérances, les fatigues et les efforts, les idéaux et les aspirations de votre communauté diocésaine. Je salue Monsieur le cardinal Tarcisio Bertone, mon Secrétaire d’Etat, qui est aussi titulaire de ce diocèse. Je salue votre pasteur, Mgr Raffaello Martinelli, ainsi que Monsieur le maire de Frascati, les remerciant pour les aimables paroles de bienvenue avec lesquelles ils m’ont accueilli en votre nom à tous. Je suis heureux aussi de saluer Monsieur le ministre, les présidents de la région et de la province, Monsieur le maire de Rome, les autres maires présents et toutes les autorités distinguées.
Et je suis très heureux de célébrer aujourd’hui cette messe avec votre évêque. Comme il l’a dit, il a été pendant us de vingt ans pour moi un très fidèle et très compétent collaborateur à la Congrégation pour la doctrine de la foi, où il a travaillé surtout dans le secteur du catéchisme et de la catéchèse en grand silence et en toute discrétion. Il a contribué au Catéchisme de l’Eglise catholique et au Compendium du catéchisme. Sa voix aussi est présente dans cette grande symphonie de la foi.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus prend l’initiative d’envoyer les douze apôtres en mission (cf. Mc 6, 7-13). De fait, le terme d’« apôtres » signifie justement « envoyés, mandatés ». Leur vocation se réalisera pleinement après la résurrection du Christ, avec le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Cependant, il est très important que, dès le début, Jésus veuille impliquer les Douze dans son action : c’est une sorte d’« apprentissage » en vue de la grande responsabilité qui les attend. Le fait que Jésus appelle certains disciples à collaborer directement à sa mission manifeste un aspect de son amour : c’est-à-dire qu’il ne dédaigne pas l’aide que d’autres hommes peuvent apporter à son œuvre ; il connaît leurs limites, leurs faiblesses, mais il ne les méprise pas, au contraire, il leur confère la dignité d’être ses envoyés. Jésus les envoie deux par deux et leur donne des instructions, que l’évangéliste résume en quelques phrases. La première concerne l’esprit de détachement : les apôtres ne doivent pas être attachés à l’argent et au confort. Jésus avertit ensuite les disciples qu’ils ne recevront pas toujours un accueil favorable : ils seront parfois rejetés ; et ils pourront même être aussi persécutés. Mais cela ne doit pas les impressionner : ils doivent parler au nom de Jésus et prêcher le Royaume de Dieu, sans se préoccuper du succès. Le succès, ils le laissent à Dieu.
La première Lecture qui a été proclamée nous place dans la même perspective, nous montrant que, souvent, les envoyés de Dieu ne sont pas bien accueillis. C’est le cas du prophète Amos, envoyé par Dieu prophétiser au sanctuaire de Béthel, un sanctuaire du royaume d’Israël (cf. Am 7, 12-15). Amos prêche avec beaucoup d’énergie contre les injustices, dénonçant surtout les abus du roi et des notables, abus qui offensent le Seigneur et rendent vains les actes de culte. C’est pour cela qu’Amasia, prêtre de Béthel, ordonne à Amos de s’en aller. Celui-ci répond que ce n’est pas lui qui a choisi cette mission, mais que le Seigneur a fait de lui un prophète et l’a envoyé justement là, dans le royaume d’Israël. Par conséquent, qu’il soit accepté ou qu’il soit rejeté, il continuera à prophétiser, prêchant ce que dit Dieu et non ce que les hommes voudraient s’entendre dire.
De la même façon, dans l’Evangile, Jésus avertit les Douze qu’il pourrait arriver qu’ils soient rejetés dans certains lieux. Dans ce cas, il devront partir ailleurs, après avoir fait le geste de secouer devant ces gens la poussière de leurs pieds, en signe de détachement dans les deux sens du terme : un détachement moral, comme pour dire : l’annonce vous a été faite, c’est vous qui la refusez ; et un détachement matériel : nous n’avons rien voulu, ni ne voulons rien pour nous-mêmes (cf. Mc 6, 11). L’autre indication très importante de ce passage évangélique est que les Douze ne peuvent pas se contenter de prêcher la conversion : la prédication doit être accompagnée, selon les instructions et l’exemple donnés par Jésus, par le soin des malades. Soin des malades, à la fois corporel et spirituel. Il parle des guérisons concrètes des maladies, il parle de chasser les démons, c’est-à-dire de purifier l’esprit humain, nettoyer, nettoyer les yeux de l’âme qui sont obscurcis par les idéologies et c’est pourquoi ils ne peuvent pas voir Dieu, ils ne peuvent pas voir la vérité ni la justice. Cette double guérison corporelle et spirituelle est toujours le mandat des disciples du Christ. Donc la mission apostolique doit aussi comporter les deux aspects de prédication de la parole de Dieu et de manifestation de sa bonté par des gestes de charité, de service et de dévouement.
Chers frères et sœurs, je rends grâce à Dieu qui m’a envoyé aujourd’hui vous ré-annoncer cette parole de salut ! Une parole qui est au fondement de la vie et de l’action de l’Eglise, et de cette Eglise qui est à Frascati. Votre évêque m’a informé de l’engagement pastoral qui lui tient le plus à cœur, qui est un engagement de formation, en particulier en direction des formateurs : former les formateurs. C’est justement ce qu’a fait Jésus avec ses disciples : il les a instruits, il les a préparés, il les a formés à travers cet « apprentissage » missionnaire, pour qu’ils soient en mesure d’assumer leur responsabilité apostolique dans l’Eglise. Dans la communauté chrétienne, c’est toujours le premier service qu’offrent les responsables, à commencer par les parents qui assument leur mission éducative envers leurs enfants ; nous pensons aux curés qui sont responsables de la formation dans la communauté, à tous les prêtres dans les différents domaines de leur travail : ils vivent tous une dimension éducative prioritaire ; et les fidèles laïcs, outre leur rôle déjà mentionné de parents, ils sont impliqués dans les services de former les jeunes ou les adultes, comme responsables de l’Action catholique et dans d’autres mouvements ecclésiaux, ou engagés dans des domaines de la vie civile ou sociale, avec toujours une grande attention à la formation des personnes.
Le Seigneur appelle chacun, dispensant les différents dons pour les différentes tâches dans l’Eglise. Il appelle au sacerdoce et à la vie consacrée, il appelle au mariage et à l’engagement en tant que laïc dans l’Eglise et dans la société. L’important c’est que la richesse des dons soit pleinement accueillie, spécialement par les jeunes ; qu’ils éprouvent la joie de répondre à Dieu de tout leur être, en la donnant sur la voie du sacerdoce et de la vie consacrée ou sur la voie du mariage, deux voies complémentaires qui s’éclairent mutuellement, qui s’enrichissent réciproquement et qui enrichissent ensemble la communauté. La virginité pour le Royaume de Dieu et le mariage sont toutes deux des vocations, des appels de Dieu auxquels répondre par et pour toute sa vie. Dieu appelle : il faut écouter, accueillir, répondre. Comme Marie : « Me voici, qu’il me soit fait selon ta parole » (cf. Lc 1, 38).
Ici aussi, dans cette communauté diocésaine de Frascati, le Seigneur sème généreusement ses dons, il appelle à le suivre et à prolonger sa mission dans l’aujourd’hui. Ici aussi, une nouvelle évangélisation est nécessaire et je vous propose, pour cela, de vivre intensément l’Année de la foi qui commencera en octobre, cinquante ans après l’ouverture du Concile Vatican II. Les documents du Concile représentent une richesse énorme pour la formation des nouvelles générations chrétiennes, pour la formation de notre conscience. Donc, lisez-les, lisez le catéchisme de l’Eglise catholique et ainsi redécouvrez la beauté d’être chrétiens, d’être l’Eglise, de vivre le grand « nous » que Jésus a formé autour de lui, pour évangéliser le monde : le « nous » de l’Eglise, jamais fermé, jamais replié sur lui-même mais toujours ouvert et tendu vers l’annonce de l’Evangile.
Chers frères et sœurs de Frascati, soyez unis entre vous et en même temps ouverts, missionnaires. Restez fermes dans la foi, enracinés dans le Christ par la Parole et l’Eucharistie ; soyez des personnes qui prient, pour rester toujours attachés au Christ, comme les sarments à la vigne, et en même temps, allez apporter son message à tous, spécialement aux petits, aux pauvres, à ceux qui souffrent. Dans chacune de vos communautés, aimez-vous, ne soyez pas divisés mais vivez en frères, afin que le monde croie que Jésus est vivant dans son Eglise et que le Royaume de Dieu est proche. Les saints patrons du diocèse de Frascati sont deux apôtres : Philippe et Jacques, deux des Douze. Je confie à leur intercession le chemin de votre communauté, afin qu’elle soit renouvelée dans la foi et qu’elle en rende témoignage par ses œuvres de charité. Amen.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Saint Bonaventure

14 juillet, 2012

Saint Bonaventure dans images sacrée B-Quadro

http://www.ilfoglio.it/soloqui/3258

Pape Benoît: Saint Bonaventure (14 juillet)

14 juillet, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100303_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 3 mars 2010

Saint Bonaventure

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais parler de saint Bonaventure de Bagnoregio. Je vous avoue qu’en vous proposant ce thème, je ressens une certaine nostalgie, car je repense aux recherches que, jeune chercheur, j’ai conduites précisément sur cet auteur, qui m’est particulièrement cher. Sa connaissance a beaucoup influencé ma formation. C’est avec une grande joie que je me suis rendu en pèlerinage, il y a quelques mois, sur son lieu de naissance, Bagnoregio, petite ville italienne dans le Latium, qui conserve avec vénération sa mémoire.
Né probablement aux alentours de 1217 et mort en 1274, il vécut au XIIIe siècle, à une époque où la foi chrétienne, profondément imprégnée dans la culture et dans la société de l’Europe, inspira des œuvres durables dans le domaine de la littérature, des arts visuels, de la philosophie et de la théologie. Parmi les grandes figures chrétiennes qui contribuèrent à la composition de cette harmonie entre foi et culture se distingue précisément Bonaventure, homme d’action et de contemplation, de profonde piété et de prudence dans le gouvernement.
Il s’appelait Jean de Fidanza. Comme il le raconte lui-même, un épisode qui eut lieu alors qu’il était encore jeune garçon, marqua profondément sa vie. Il avait été frappé d’une grave maladie, et pas même son père, qui était médecin, espérait désormais pouvoir le sauver de la mort. Alors, sa mère eut recours à l’intercession de saint François d’Assise, canonisé depuis peu. Et Jean guérit.
La figure du Poverello d’Assise lui devint encore plus familière quelques années plus tard, alors qu’il se trouvait à Paris, où il s’était rendu pour ses études. Il avait obtenu le diplôme de Maître d’art, que nous pourrions comparer à celui d’un prestigieux lycée de notre époque. A ce moment, comme tant de jeunes du passé et également d’aujourd’hui, Jean se posa une question cruciale: « Que dois-je faire de ma vie? ». Fasciné par le témoignage de ferveur et de radicalité évangélique des frères mineurs, qui étaient arrivés à Paris en 1219, Jean frappa aux portes du couvent franciscain de la ville et demanda à être accueilli dans la grande famille des disciples de saint François. De nombreuses années plus tard, il expliqua les raisons de son choix: chez saint François et dans le mouvement auquel il avait donné naissance, il reconnaissait l’action du Christ. Il écrivait ceci dans une lettre adressée à un autre frère: « Je confesse devant Dieu que la raison qui m’a fait aimer le plus la vie du bienheureux François est qu’elle ressemble aux débuts et à la croissance de l’Eglise. L’Eglise commença avec de simples pêcheurs, et s’enrichit par la suite de docteurs très illustres et sages; la religion du bienheureux François n’a pas été établie par la prudence des hommes mais par le Christ » (Epistula de tribus quaestionibus ad magistrum innominatum, in Œuvres de saint Bonaventure. Introduction générale, Rome 1990, p. 29).
C’est pourquoi, autour de l’an 1243, Jean revêtit l’habit franciscain et prit le nom de Bonaventure. Il fut immédiatement dirigé vers les études, et fréquenta la Faculté de théologie de l’université de Paris, suivant un ensemble de cours de très haut niveau. Il obtint les divers titres requis pour la carrière académique, ceux de « bachelier biblique » et de « bachelier sentencier ». Ainsi, Bonaventure étudia-t-il en profondeur l’Ecriture Sainte, les Sentences de Pierre Lombard, le manuel de théologie de l’époque, ainsi que les plus importants auteurs de théologie, et, au contact des maîtres et des étudiants qui affluaient à Paris de toute l’Europe, il mûrit sa propre réflexion personnelle et une sensibilité spirituelle de grande valeur qu’au cours des années suivantes, il sut transcrire dans ses œuvres et dans ses sermons, devenant ainsi l’un des théologiens les plus importants de l’histoire de l’Eglise. Il est significatif de rappeler le titre de la thèse qu’il défendit pour être habilité à l’enseignement de la théologie, la licentia ubique docendi, comme l’on disait alors. Sa dissertation avait pour titre Questions sur la connaissance du Christ. Cet argument montre le rôle central que le Christ joua toujours dans la vie et dans l’enseignement de Bonaventure. Nous pouvons dire sans aucun doute que toute sa pensée fut profondément christocentrique.
Dans ces années-là, à Paris, la ville d’adoption de Bonaventure, se répandait une violente polémique contre les frères mineurs de saint François d’Assise et les frères prédicateurs de saint Dominique de Guzman. On leur contestait le droit d’enseigner à l’Université, et l’on allait jusqu’à mettre en doute l’authenticité de leur vie consacrée. Assurément, les changements introduits par les ordres mendiants dans la manière d’envisager la vie religieuse, dont j’ai parlé dans les catéchèses précédentes, étaient tellement innovateurs que tous ne parvenaient pas à les comprendre. S’ajoutaient ensuite, comme cela arrive parfois même entre des personnes sincèrement religieuses, des motifs de faiblesse humaine, comme l’envie et la jalousie. Bonaventure, même s’il était encerclé par l’opposition des autres maîtres universitaires, avait déjà commencé à enseigner à la chaire de théologie des franciscains et, pour répondre à qui contestait les ordres mendiants, il composa un écrit intitulé La perfection évangélique. Dans cet écrit, il démontre comment les ordres mendiants, spécialement les frères mineurs, en pratiquant les vœux de chasteté et d’obéissance, suivaient les conseils de l’Evangile lui-même. Au-delà de ces circonstances historiques, l’enseignement fourni par Bonaventure dans son œuvre et dans sa vie demeure toujours actuel: l’Eglise est rendue plus lumineuse et belle par la fidélité à la vocation de ses fils et de ses filles qui non seulement mettent en pratique les préceptes évangéliques mais, par la grâce de Dieu, sont appelés à en observer les conseils et témoignent ainsi, à travers leur style de vie pauvre, chaste et obéissant, que l’Evangile est une source de joie et de perfection.
Le conflit retomba, au moins un certain temps, et, grâce à l’intervention personnelle du Pape Alexandre IV, en 1257, Bonaventure fut reconnu officiellement comme docteur et maître de l’université parisienne. Il dut toutefois renoncer à cette charge prestigieuse, parce que la même année, le Chapitre général de l’ordre l’élut ministre général.
Il exerça cette fonction pendant dix-sept ans avec sagesse et dévouement, visitant les provinces, écrivant aux frères, intervenant parfois avec une certaine sévérité pour éliminer les abus. Quand Bonaventure commença ce service, l’Ordre des frères mineurs s’était développé de manière prodigieuse: il y avait plus de 30.000 frères dispersés dans tout l’Occident avec des présences missionnaires en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et également à Pékin. Il fallait consolider cette expansion et surtout lui conférer, en pleine fidélité au charisme de François, une unité d’action et d’esprit. En effet, parmi les disciples du saint d’Assise, on enregistrait différentes façons d’interpréter le message et il existait réellement le risque d’une fracture interne. Pour éviter ce danger, le chapitre général de l’Ordre, qui eut lieu à Narbonne en 1260, accepta et ratifia un texte proposé par Bonaventure, dans lequel on recueillait et on unifiait les normes qui réglementaient la vie quotidienne des frères mineurs. Bonaventure avait toutefois l’intuition que les dispositions législatives, bien qu’elles fussent inspirées par la sagesse et la modération, n’étaient pas suffisantes à assurer la communion de l’esprit et des cœurs. Il fallait partager les mêmes idéaux et les mêmes motivations. C’est pour cette raison que Bonaventure voulut présenter le charisme authentique de François, sa vie et son enseignement. Il rassembla donc avec un grand zèle des documents concernant le Poverello et il écouta avec attention les souvenirs de ceux qui avaient directement connu François. Il en naquit une biographie, historiquement bien fondée, du saint d’Assise, intitulée Legenda Maior, rédigée également sous forme plus brève, et donc appelée Legenda Minor. Le mot latin, à la différence du mot italien, n’indique pas un fruit de l’imagination, mais, au contraire, « Legenda » signifie un texte faisant autorité, « à lire » de manière officielle. En effet, le chapitre des frères mineurs de 1263, qui s’était réuni à Pise, reconnut dans la biographie de saint Bonaventure le portrait le plus fidèle du fondateur et celle-ci devint, ainsi, la biographie officielle du saint.
Quelle est l’image de François qui ressort du cœur et de la plume de son pieux fils et successeur, saint Bonaventure? Le point essentiel: François est un alter Christus, un homme qui a cherché passionnément le Christ. Dans l’amour qui pousse à l’imitation, il s’est conformé entièrement à Lui. Bonaventure indiquait cet idéal vivant à tous les disciples de François. Cet idéal, valable pour chaque chrétien, hier, aujourd’hui et à jamais, a été indiqué comme programme également pour l’Eglise du Troisième millénaire par mon prédécesseur, le vénérable Jean-Paul II. Ce programme, écrivait-il dans la Lettre Novo millennio ineunte, est centré « sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste » (n. 29).
En 1273, la vie de saint Bonaventure connut un autre changement. Le Pape Grégoire X voulut le consacrer évêque et le nommer cardinal. Il lui demanda également de préparer un événement ecclésial très important: le IIe concile œcuménique de Lyon, qui avait pour but le rétablissement de la communion entre l’Eglise latine et l’Eglise grecque. Il se consacra à cette tâche avec diligence, mais il ne réussit pas à voir la conclusion de cette assise œcuménique, car il mourut pendant son déroulement. Un notaire pontifical anonyme composa un éloge de Bonaventure, qui nous offre un portrait conclusif de ce grand saint et excellent théologien: « Un homme bon, affable, pieux et miséricordieux, plein de vertus, aimé de Dieu et des hommes… En effet, Dieu lui avait donné une telle grâce, que tous ceux qui le voyaient étaient envahis par un amour que le cœur ne pouvait pas cacher » (cf. J.G. Bougerol, Bonaventura, in. A. Vauchez (sous la direction de), Storia dei santi e della santità cristiana. Vol. VI L’epoca del rinnovamento evangelico, Milan 1991, p. 91).
Recueillons l’héritage de ce grand Docteur de l’Eglise, qui nous rappelle le sens de notre vie avec les paroles suivantes: « Sur la terre… nous pouvons contempler l’immensité divine à travers le raisonnement et l’admiration; dans la patrie céleste, en revanche, à travers la vision, lorsque nous serons faits semblables à Dieu, et à travers l’extase… nous entrerons dans la joie de Dieu » (La conoscenza di Cristo, q. 6, conclusione, in Opere di San Bonaventura. Opuscoli Teologici/1, Roma 1993, p. 187).

ALLEMAGNE : L’ANNÉE DE LA FOI, PERSPECTIVES (I)

14 juillet, 2012

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ALLEMAGNE : L’ANNÉE DE LA FOI, PERSPECTIVES (I)

Par Mgr Zollitsch, président de la Conférence épiscopale

Propos recueillis par Jan Bentz
Traduction d’Océane Le Gall
ROME, vendredi 13 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le président de la conférence allemande, Mgr Robert Zollitsch, évêque de Fribourg-en-Brisgau, analyse la situation de foi dans son pays, A l’approche de l’ouverture, en octobre prochain, de l’Année de la Foi, proclamée par Benoît XVI.
Zenit – Pourquoi 50 ans après le Concile Vatican II, qui visait à promouvoir une nouvelle évangélisation, avons-nous besoin aujourd’hui d’une initiative comme l’Année de la foi ?
Mgr Zollitsch – Jésus a envoyé ses apôtres en disant: « Allez dans le monde entier ». A chaque moment et en tout lieu l’Eglise a donc l’obligation de proclamer avec persévérance l’évangile de Jésus-Christ. Les Pères du Concile Vatican II avaient eux-mêmes cette conviction et, c’est précisément pour cela qu’est partie poussée évangélisatrice du Conseil. Aujourd’hui, après 50 ans, beaucoup de choses ont naturellement changé et il est bon de donner une nouvelle dynamique à cette poussée. L’Année de la Foi qui, comme l’affirme le pape, se fonde sur le concile, veut servir cette exigence. C’est à cela que sert l’appel à une nouvelle évangélisation.
Les nombreux changements de ces dernières décennies et leur impact sur la société font que nous vivons, d’un côté une sécularisation et une aliénation religieuse de l’Eglise, de l’autre une recherche plutôt inédite d’auto-transcendance, pour placer sa propre vie dans une sphère plus grande que celle que l’on connaît, un désir d’expérience de Dieu. Beaucoup de pays, où la religion – et en particulier la vie chrétienne – arrivait autrefois à nouer des liens communautaires actifs et croyants, sont aujourd’hui caractérisés par l’indifférence ou par une nouvelle multi optionalité religieuse.
Mais cela ne signifie pas encore que la disponibilité à une spiritualité chrétienne ou l’ouverture à une interprétation du sens spécifiquement chrétien soit perdue. Il s’agit de proclamer et de témoigner de manière crédible et authentique l’Evangile de la proximité de Dieu en Jésus-Christ à une époque qui a changé. En ce sens qu’une nouvelle évangélisation devrait promouvoir l’ouverture et l’approfondissement d’une foi pure et solide et être une force qui conduit à la vraie libération.
Vous êtes membre au Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle évangélisation. Quel est votre rôle spécifique?
Pour nous membres de ce Conseil pontifical, encore très jeune, il n’y a pas de domaines spécifiques d’intervention. Pour moi il est très important, au début, de saisir les opportunités particulières de ce travail et d’apprendre des autres pays comment est la situation de la nouvelle évangélisation chez eux. Puis je voudrais naturellement transmettre au Conseil l’expérience de la nouvelle évangélisation en Allemagne. Nous avons déjà des initiatives enthousiasmantes et à long terme.
Il y a douze ans, déjà, les évêques ont posé les bases pour les réflexions du Saint-Père dans leur document intitulé « Saison des semailles – être une Eglise missionnaire » (« Zeit der Aussaat – missionarisch Kirche sein »).
Quel est le cœur de la nouvelle évangélisation dont parle le pape?
Le cœur de la nouvelle évangélisation c’est « transmettre » la foi aux hommes d’aujourd’hui. Une foi qui soutienne et renforce. Celui qui croit n’est jamais seul, a déclaré le pape. Cela implique aussi qu’on mette les gens sur la voie qui leur permettra de faire l’expérience de Dieu comme le Christ l’a proclamée. Il s’agit de leur transmettre des valeurs fortes et fondées pour une vie de foi chrétienne.
Il faut des personnes qui convainquent et qui portent l’évangélisation en témoignant elles-mêmes de leur foi. Ceci est impossible sans une communauté vivante et fiable en famille, dans des rapports affectueux et des communautés fortes. Ici l’individu est inséré dans quelque chose de communautaire et dans une union qui peut soutenir la foi des autres. Le Christ a fait des siens des hommes qui participent à sa foi, ou mieux : Dieu nous a fait participer à sa vie par l’intermédiaire de Jésus-Christ, et il le fait encore aujourd’hui. De cette participation nait l’acte individuel, mais aussi son propre témoignage de foi.
Nous devons faire en sorte que les personnes cherchent et trouvent Dieu en toutes choses, hommes et évènements. Mais l’évolution spirituelle de ces dernières décennies ne peut facilement se renverser. L’annonce de l’évangile est un processus long. Cela demande de bien soigner les détails, même ceux qui paraissent insignifiants, de personne à personne, de famille à famille.
En Allemagne, comment caractériser les rapports avec l’Eglise universelle? Et la communion avec le pape ?
L’Eglise locale entretient de bons rapports avec l’Eglise universelle. On part d’échanges intenses entre les conférences épiscopales, en particulier au niveau européen. On le remarque aussi dans nos organisations humanitaires, très engagées au niveau de l’Eglise mondiale. Et naturellement la conférence épiscopale allemande est en contact étroit avec notre Saint-Père à Rome. Je le rencontre moi-même régulièrement.
Grace précisément à ma nomination au Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, je vis tout cela comme un renforcement. En Allemagne nous avons eu tant d’expériences positives de nouvelle évangélisation, c’est-à-dire des applications concrètes de ce qu’attend le Saint-Père. Cette expérience nous la portons dans le débat et nous sommes reconnaissants pour ce que nous pouvons apprendre d’autres églises locales. J’ai par exemple été frappé par mon expérience au Nigéria : j’ai pu me rendre compte de l’énorme service rendu par les catéchistes, surtout dans les zones rurales. Je suis convaincu que chaque église a quelque chose à partager et que nous pouvons marcher ensemble dur le chemin d’une foi adulte.
(La seconde partie de l’entretien avec Mgr Zollitsch sera publiée lundi 16 juillet)
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Alors il appela les douze et commença à les envoyer deux par deux

13 juillet, 2012

Alors il appela les douze et commença à les envoyer deux par deux dans images sacrée 08-Gesu_e_apostoli

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