Archive pour juillet, 2012

Homélie: Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné

21 juillet, 2012

http://vallee-aisne60.cef.fr/spip.php?article463

Le Dimanche 22 juillet 2012 de 00:00 à 23:30

semaine 11 à 20 : 16e dimanche du temps ordinaire, année B

Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné.

Jésus leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger. C’est la joie du retour des Apôtres après la première mission, la joie de rencontrer à nouveau Jésus. L’action commencée par Jésus se continue à travers eux, alors on raconte ce qui s’est fait ! Les Apôtres ont commencé à sentir le poids de la mission. Il fallait que tout près de Jésus, ils retrouvent « l’énergie » dont ils avaient besoin : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu leur dit Jésus. » Ils comprennent alors que Jésus prend sur lui à la fois sa mission et celle qu’ils ont à accomplir ! C’est en effet de Lui que la mission est accomplie. Le salut qui s’est opéré en eux, c’est Jésus qui l’a accompli. Ils ne sont pas la source de leur action, Jésus leur demande de demeurer en lui qui est la source. Il envoie ses disciples deux par deux, il leur assure que l’Esprit Saint sera avec eux, mais ils doivent demeurer dans le regard du Père. Sauvés, ils deviennent sauveurs avec Jésus !
Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. Arrivé à cet endroit, Jésus voit la foule, mu par l’Esprit Saint il va au devant de la foule en disant : « Ils étaient comme des brebis sans berger ». Jésus prend sur lui les séparations qui sont entre les hommes à l’intérieur des familles, des communautés, des civilisations, Il prend sur Lui toutes les ruptures. Saint Paul l’exprime ainsi : « D’Israël et des païens, il fait un seul peuple. Par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait : le mur de la haine ». Jésus, dans l’Esprit Saint unifie, il s’est engagé dans un corps à corps, dans un cœur à cœur avec l’humanité ! Il vient au secours des hommes dans leur misère. C’est le péché qui sépare, « Diabolos » est le séparateur, le diviseur. Ce combat se terminera sur le lieu du Calvaire. Grâce au corps que Marie lui a donné, grâce au cœur de chair qu’elle lui a tissé, Il nous sauve ! Grâce à ce sang versé qui manifeste véritablement sa vie donnée, Jésus prend tout sur lui. Il a ainsi réconcilié l’humanité. Il l’aura réunie en un seul corps comme lui-même,avec Marie, ne fait qu’un seul corps : Le nouvel Adam, la nouvelle Ève, unis sous le regard du Père. « En sa personne, il a tué la haine ». Jean, qui a reçu Marie, qui s’est mis à l’école de Marie, parlera de sa gloire. Ce mystère est déjà un mystère de gloire.
« En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. » C’est l’expérience des disciples, des douze apôtres. Dans le regard de Jésus, ils se sont retrouvés comme « unifiés ». La parole de Dieu nous fait entrer dans le mouvement de notre salut : Jésus est notre Sauveur ! Aujourd’hui Jésus nous sauve et nous participons à son salut. Les disciples savent que tout n’est pas accompli dans leur vie ! Ils ont encore entre eux des disputes, mais déjà, ils participent à cette paix que Jésus est venu apporter. « Il me mène auprès des eaux tranquilles ; Il me conduit par de bons sentiers ». Jésus donne une parole de vie : Heureux, vous les pauvres, faites du bien à ceux qui vous persécutent ; bénissez, ne maudissez jamais, dites du bien. « Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête ». Les Apôtres sont témoins que déjà la puissance du mal recule devant la présence de Jésus. C’est merveilleux la mission dont ils sont désormais porteurs.

Nous demandons la foi qui nous ouvre un chemin de salut, la grâce de continuer l’œuvre de Jésus.

Homélie du 16e dimanche ordinaire B

21 juillet, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 16e dimanche ordinaire B

Jr 23, 1-6 ; Ps 22, 1-6 ; Ep 2, 13-18 ; Mc 6, 30-34

Point n’est besoin d’être né dans une ferme, ni même d’avoir vu un pâtre, son chien et ses moutons, pour comprendre le style bucolique de l’enseignement biblique, qui évoque constamment le pasteur et son troupeau, le berger et ses brebis. Aujourd’hui aussi, les peuples ont leurs pasteurs, leaders ou autres grands timoniers, qu’ils soient religieux ou politiques.
Le livre de Jérémie fait allusion à de misérables bergers, à des autorités royales et religieuses qui ont trahi leur mission et trompé le peuple, qui se trouve maintenant plongé dans l’inquiétude et l’insécurité. C’est alors que le prophète confie à ses auditeurs l’espérance que Dieu les prendra lui-même en charge et leur accordera comme pasteur un nouveau David. Un pasteur selon le cœur de Dieu. Il en révèle le nom et le programme : « Le Seigneur est notre justice ».
Le psaume 22 reprend ce thème du Dieu-berger, qui mène son peuple au repos pour y refaire son âme, pour lui apprêter une table. Comme dans les livres de la Sagesse, où il est aussi souvent question de repos et de nourriture.
Nous le retrouvons dans l’épisode raconté par Marc. Jésus, LE vrai pasteur, manifeste une infinie sollicitude pour les foules, mais aussi pour ses premiers collaborateurs, les apôtres. Ici, nous ne sommes plus dans la prière ou dans la poésie, mais dans la vie concrète. Envoyés par Jésus, les apôtres ont enseigné, prêché la conversion, chassé les esprits mauvais, expérimenté la force de la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, et aussi toutes les résistances qu’on lui oppose… Ils ont connu la fatigue, l’enthousiasme, le découragement… Leur vie, en effet, n’est pas de tout repos, ni leur mission tâche aisée… Ne les voit-on pas accablés de fatigue et empêchés de se nourrir ?
Et Jésus les entraîne dans un endroit désert, là où ils seront en tête-à-tête avec lui et loin de la foule. Le repos, la détente, ce n’est pas seulement arrêter le travail, dormir et se distraire. C’est surtout le fait d’être avec lui, de vivre dans son intimité, de partager ses préoccupations, ses sentiments de pasteur et notamment sa sollicitude pour les brebis sans berger. Une sorte de week-end spirituel, des vacances qui non seulement brisent le rythme agité du quotidien, mais qui permettent de boire à la source, refaire ses forces, recharger les accus, surmonter les découragements, mieux saisir, grâce à Jésus, la générosité et l’exigence de cet amour avec lequel, d’une part, il accueille ceux qui le cherchent, et, d’autre part, qui lui permet d’échapper à leur curiosité, leur gourmandise ou leurs projets trop humains, pour les amener toujours plus loin. Et communier à son souci affectueux pour les foules, comme à son enseignement et son œuvre de libération.
Le repos des disciples, c’est d’habiter en quelque sorte la tendresse de Dieu pour son peuple. C’est ainsi que se fait l’apprentissage de l’apôtre. Un recyclage… Un exemple pour nos vacances.
Jésus leur donne d’ailleurs aussitôt un premier exemple de responsabilité pastorale, puisqu’il commence par enseigner et instruire longuement les gens qui le recherchent, ému jusqu’aux entrailles par leur famine spirituelle.
Paul, s’adressant aux Ephésiens, présente une autre caractéristique du pasteur parfait qu’est Jésus Christ… Un homme de paix, qui veut rassembler dans l’unité, réunis en un même corps, ceux-là mêmes qui sont séparés non seulement par la différence mais par la haine. Non pas la paix pour quelques privilégiés, mais comme bonne et grande nouvelle pour ceux et celles qui sont loin ou proches. Une mission toujours à reprendre, une unité toujours à refaire, pour que tombent les murs qui souvent séparent les êtres humains.
L’épisode évangélique n’est pas seulement du passé. Nous avons la chance de pouvoir être rassemblés par l’Eucharistie, pour nous reposer un peu, c’est-à-dire nous laisser instruire par celui qui nous invite à mieux le connaître et à pénétrer davantage dans son intimité. Nous sommes rassemblés comme les disciples pour lui présenter notre rapport, nous laisser nourrir et envoyer. L’Eucharistie est bien autre chose qu’une simple cérémonie.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925-2008

Saint-Apollinaire de Ravenne, évêque et martyr

20 juillet, 2012

Saint-Apollinaire de Ravenne, évêque et martyr dans images sacrée apollinare

http://www.ilpuntostampa.info/2011/07/sant-apollinare-di-ravenna-vescovo-e.html

20 JUILLET: SAINT APOLLINAIRE

20 juillet, 2012

http://magnificat.ca/cal/fran/07-23.htm

20 JUILLET: SAINT APOLLINAIRE

Évêque et Martyr

(+ 87)

Saint Apollinaire vint d’Antioche à Rome avec saint Pierre, fut ordonné évêque par le Prince des Apôtres et envoyé par lui à Ravenne pour y prêcher la foi. Sa première oeuvre, en arrivant dans cette ville, fut de rendre la vue au fils d’un soldat auquel il avait demandé l’hospitalité; quelques jours après, il guérit la femme d’un tribun, atteinte d’une maladie incurable. C’en fut assez pour provoquer la conversion d’un grand nombre de personnes, et bientôt il se forma dans la ville une chrétienté florissante. Traduit devant le gouverneur païen, il prêche Jésus-Christ, méprise l’idole de Jupiter et se voit chassé de la ville par la fureur du peuple, qui le laisse à demi mort.
Après quelques prédications dans les pays voisins, Apollinaire revient à Ravenne et se rend à la maison d’un noble patricien qui l’avait fait demander pour guérir sa fille près de mourir. Mais l’apôtre ne parut qu’au moment où la malade rendait le dernier soupir. Arrivé près du lit funèbre, le Saint adresse à Dieu une fervente prière: « Au nom du Christ, jeune fille, lève-toi, dit-il, et confesse qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Lui! » La jeune fille se lève aussitôt, pleine de vie, et s’écrie: « Oui, le Dieu d’Apollinaire est le vrai Dieu! » A la suite de ce nouveau prodige, trois cents païens se convertirent et reçurent le baptême, à l’exemple de la jeune fille et de son heureux père.
Mais les succès croissants du christianisme à Ravenne soulevèrent bientôt de nouvelles persécutions contre l’apôtre de Jésus-Christ. Il dut subir un nouvel interrogatoire, qui ne servit qu’à faire briller son courage et à lui donner occasion d’expliquer les mystères de notre foi. Apollinaire eut à subir les plus affreux supplices, la flagellation, le chevalet, l’huile bouillante, puis les horreurs de la faim, dans une infecte prison; mais Dieu Se chargea de le nourrir par Ses Anges. Ses bourreaux l’exilèrent en Illyrie. Cet exil lui donna le moyen de prêcher la foi à des peuples nouveaux et de répandre ainsi la lumière de l’Évangile. La persécution le ramena à Ravenne après trois ans d’absence.
Ce fut la dernière période de sa vie. Saisi presque aussitôt après son débarquement, il étonne ses persécuteurs en faisant crouler, d’un mot de prière, le temple d’Apollon. Il rend la vue au fils de son juge, en lui disant: « Au nom de Jésus-Christ, ouvre tes yeux et vois! » Une multitude de païens se convertit à la foi; mais la rage des endurcis ne fait que s’accroître, et bientôt Apollinaire couronne sa vie par un glorieux martyre.

20 JUILLET: PROPHETE ELIA

20 juillet, 2012

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie

20 JUILLET: PROPHETE ELIA

Élie (hébreu : ……eliyahu, « Mon Dieu est Ya » ; est un prophète majeur dans les religions abrahamiques.
Prophète d’Israël du ixe siècle avant JC, son ministère a lieu dans le royaume d’Israël après la mort de Salomon. Il est le héraut de YHWH, Dieu d’Israël, face au dieu des Cananéens, Baal, dont la reine d’Israël Jezabel s’est faite l’ardente missionnaire. Il réalise de nombreux prodiges avant de s’envoler aux cieux dans un tourbillon. Il est aussi, selon les prophètes bibliques, l’annonciateur du Messie à la fin des temps.
Il est fêté le 20 juillet par les catholiques et par les orthodoxes. Plusieurs montagnes portent son nom dont la plus connue est le mont Saint Elias en Alaska.

Origine du nom Élie
Élie est un nom théophore, comme bien des noms qui figurent dans l’Ancien Testament. En hébreu, le prénom ….. signifie « Mon Dieu est YHWH ». On a probablement choisi ce nom en raison de la mission particulière qui lui sera attribuée dans le récit biblique et qui vient en opposition avec les adorateurs du dieu Baal. Peut-être n’a-t-il pas choisi ce nom mais l’a-t-il reçu d’un père ou d’un maître. Il n’y a aucune trace dans la Bible sur l’origine de son nom.

Le prophète Élie dans l’Ancien Testament
Élie serait né en -927 et enlevé par un char céleste, il est vivant éternellement 1 L’histoire du prophète Élie est connue par ce que les exégètes ont appelé le « Cycle d’Élie ».
Selon l’Ancien Testament, Élie était un habitant du pays de Galaad et aussi un « Tishbite »2, c’est-à-dire originaire de la ville de Tishbé (en) (en arabe el istib), au nord de la rivière Yabboq dans le djebel adjloun (entre le Yarmouk et l’Arnon), un nom de même racine que le mot captivité en hébreu. La tradition l’a fait connaître comme ayant une grande foi en YHWH et lui a attribué de nombreux miracles, dont même ceux de ressusciter les morts et de faire descendre le feu du ciel.
Dans le Premier livre des Rois, Élie apparaît dans l’histoire pour avertir Achab, le roi d’Israël, de la survenue d’une sécheresse causée parce qu’il empêche la pluie de tomber. « Élie, le Thischbite, l’un des habitants de Galaad (ixe siècle av. J.-C.) dit à Achab : “L’Éternel est Vivant, le Dieu d’Israël, dont je suis le serviteur ! Il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole”2. »
Il part ensuite faire une retraite près d’un torrent affluent du Jourdain. Il boit l’eau du torrent et est ravitaillé en nourriture par des corbeaux. Au bout d’un certain temps le torrent se tarit3, puis Élie part vers Sidon où une veuve de la ville de Sarepta le reçoit et le nourrit. Un miracle a alors lieu, car les maigres provisions de la veuve ne s’épuisent pas jusqu’au retour de la pluie4. Le fils de la veuve tombe malade et meurt, puis ressuscite sur une prière d’Élie5.
La sécheresse annoncée par Élie devait durer plus de trois ans6. La troisième année de sécheresse, Dieu renvoie Élie auprès du roi Achab. Élie rencontre un serviteur du roi nommé Abdias et lui demande de l’annoncer. Abdias craint que cette annonce provoque son exécution si Élie disparaît à nouveau, et plaide en évoquant son passé, où il a protégé des prophètes de Dieu que la reine Jézabel voulait faire tuer. Élie lui assure qu’il se montrera à Achab et malgré ses craintes, Abdias prévient le roi qui vient à la rencontre d’Élie7.
Élie réprimande le roi pour avoir sacrifié au dieu Baal et laissé son épouse Jézabel dîner avec quatre cents prophètes d’Astarté. Le roi convoque le peuple et tous les prophètes sur le mont Carmel. Élie est seul face à quatre cent cinquante prophètes de Baal. Chaque camp choisit des taureaux pour en faire offrande à son dieu, mais sans y mettre le feu. Les prêtres de Baal s’agitent mais en vain, le feu ne vient pas consumer leurs offrandes. Élie fait un autel et place les offrandes qu’il fait arroser d’eau par trois fois. Il fait alors une prière et le feu s’abat sur l’autel. Alors Élie donne l’ordre de se saisir des prêtres de Baal et il les égorge. Élie dit à Achab de retourner en char à Jizreel avant que la pluie ne l’arrête, la pluie se met à tomber, tandis qu’Élie devance Achab en courant8.
Informée par Achab, Jézabel menace Élie de lui faire subir le même sort qu’il a fait subir aux prêtres de Baal. Élie s’enfuit vers Beer-Sheva dans le royaume de Juda pour s’y réfugier. Élie, complètement découragé par ce qui lui arrive et souhaitant mourir, s’endort au pied d’un genêt. Un ange le réveille et lui offre à manger, il mange et se rendort. L’ange revient et Élie peut marcher ainsi pendant quarante jours. Arrivé à la caverne du Mont Horeb, Élie s’y réfugie. Par la suite, l’auteur biblique décrit des phénomènes atmosphériques, mais Dieu ne se trouve que dans le dernier, « un doux murmure ». Dieu lui demande : « Que fais-tu ici Élie ? ». Dieu donne l’ordre à Élie d’aller à Damas pour oindre Hazaël comme roi sur Aram, oindre Jéhu comme roi d’Israël et oindre Élisée pour en faire son successeur9.
Environ six ans plus tard, il met en garde Achab et Jézabel d’un risque de mort violente après que Jézabel a manœuvré pour s’accaparer la vigne d’un certain Naboth dont elle provoqua la mort par lapidation en le livrant à la foule10. Achab, roi d’Israël, et Josaphat, roi de Juda, s’allient pour faire la guerre contre Aram. Au cours d’un combat, Achab est tué. Son fils Achazia lui succède et commet les mêmes fautes aux yeux d’Élie11.
En effet, Achazia, qui tombe du balcon de ses appartements, veut consulter l’oracle de Baal sur sa guérison. Élie va à la rencontre des messagers du roi pour leur annoncer la mort prochaine du roi parce qu’il a préféré Baal au Dieu d’Israël12. Par la volonté de Dieu, Élie brûle cent hommes d’Achazia venus le capturer, puis se laisse emmener pour réitèrer sa funeste prédiction devant le roi. Celui-ci meurt peu après, et son fils Joram lui succède.
Alors qu’il est en compagnie d’Élisée, Élie est enlevé au ciel dans un tourbillon. Après sa disparition, Élisée lui succède13.
Ce récit sur l’enlèvement d’Élie au ciel a inspiré la construction de certains scénarios eschatologiques sur son retour miraculeux sur Terre. D’après le Livre de Malachie, Élie reviendra avant le jugement dernier : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive14. » La tradition juive attend donc le retour d’Élie15. Il reste l’invité lors de la fête juive de la Pâque, où une porte ouverte et un siège inoccupé l’attendent toujours.
Le Siracide, un livre deutérocanonique, mentionne Élie parmi les grands personnages de l’histoire d’Israël et rappelle ses hauts faits16. Le texte suggère qu’il y a une vie après la mort pour les croyants : « heureux ceux qui te verront, heureux ceux qui se sont endormis dans l’amour du Seigneur, car nous aussi nous posséderons la vraie vie »17.

Autres mentions d’un « Élie » dans l’Ancien Testament
Dans d’autres livres du Premier Testament, il y a d’autres personnages nommés Élie. Il s’agit peut-être du même personnage, mais cela suscite quelques problèmes de chronologie.
Dans le Deuxième livre des Chroniques18, un certain « Élie » met en garde le roi de Juda, Joram. Si c’est le même personnage, cela signifie qu’il est passé d’un royaume à l’autre et qu’il est mort plus tard que ne le laisse entendre le Deuxième livre des Rois.
Ceci s’explique par le fait que le livre des chroniques est en quelque sorte une récapitulation de l’histoire, en particulier de l’alliance Davidique et sur le culte rendu au temple.
Le nom Élie est aussi porté par un sacrificateur du temps d’Esdras19.
Élie selon les Samaritains[modifier]
Les Samaritains sont une population vivant actuellement en Israël et en Cisjordanie. Pour eux, c’est le mont Garizim et non Jérusalem qui est le principal lieu saint de la religion hébraïque. Selon la deuxième de leurs sept chroniques, « c’est Élie qui causa le schisme en établissant à Silo un sanctuaire dans le but de remplacer le sanctuaire du mont Garizim20 ».

Mentions d’Élie dans le Nouveau Testament
Élie est le prophète le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament. Dans l’Évangile de Jean, on rapporte que les pharisiens demandent à Jean le Baptiste ceci : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ ni Élie, ni le prophète21 ? »
Ce passage est une incitation à la prière, montrant la force de celle-ci : « Élie était un homme de la même nature que nous ; il pria avec insistance pour qu’il ne plut point pendant trois ans. Puis il pria de nouveau et le ciel donna la pluie, et la terre produisit son fruit22. »
Élie est encore cité dans l’Évangile de Luc23. Jean-Baptiste et Élie sont comparés pour leur costume fait de peaux de bêtes24. L’ange Gabriel affirme, avant la naissance de Jean-Baptiste, qu’il aura l’esprit et la puissance d’Élie25. Dans les trois évangiles synoptiques26, on trouve une manifestation d’Élie en compagnie de Moïse et Jésus dans l’épisode dit de la « transfiguration » : « Et pendant qu’il (Jésus) priait l’aspect de son visage changea, et son vêtement, d’une éclatante blancheur. Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie qui, apparus en gloire, parlaient de son départ, qu’il allait accomplir à Jérusalem27. »
Dans les épîtres, Élie est également mentionné comme modèle inspiration pour la prière. L’apôtre Paul dit ceci d’Élie : « Ne savez-vous pas ce que l’écriture rapporte d’Élie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël28 ? » L’épître de Jacques fait aussi référence à Élie pour parler du pouvoir de la prière: « Élie était un homme de la même nature que nous, il pria avec instance pour qu’il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit29. »
Les évangiles soulèvent la difficile question de l’identité Jean le Baptiste Élie; affirmée par Jésus « Et lui, si vous voulez bien le comprendre, il est cet Elie qui doit venir30 », cette identité est déniée par Jean le Baptiste « Qu’es-tu donc? Lui demandèrent-ils. Es-tu Elie? Il dit: Je ne le suis pas31 ». Un auteur a traité de cette contradiction apparente32.

Jesus tempted by Satan

19 juillet, 2012

Jesus tempted by Satan dans images sacrée 1Qcancelletto1444a

http://beniculturali.diocesi.bergamo.it/home_page/approfondimenti_realizzati_da_persone_ed_enti_del_territorio/00000105_1__domenica_di_Quaresima___ciclo_B.html

PÈRE DU DESERT – ABBA SYLVAIN

19 juillet, 2012

http://www.missa.org/apophtegmes.php

PÈRE DU DESERT

Abba Sylvain

A Scété, Abba Sylvain avait un disciple appelé Marc qui obéissait à merveille. Il était calligraphe. Et l’ancien l’aimait à cause de son obéissance. Or il avait onze autres disciples, et ceux-ci étaient peinés de ce qu’Abba Sylvain aimait Marc plus qu’eux.
Les anciens l’ayant appris, s’en attristèrent. Ils vinrent donc un jour chez Abba Sylvain pour lui faire des reproches. Alors Sylvain prend les anciens avec lui. Puis il va frapper à la porte de chaque cellule en disant :  » Frère, viens ici. J’ai besoin de toi ». Mais aucun frère ne le suit tout de suite.
Abba Sylvain arrive à la cellule de Marc. Il frappe alors et dit : « Marc ! ». En entendant la voix de l’ancien, lui, il bondit aussitôt dehors. Et l’ancien lui fait faire une commission, puis il dit aux anciens :  » Pères, où sont les autres frères ?  » Il entre dans la cellule de Marc et il prend son cahier. Il remarque ceci : Marc a commencé à former la lettre oméga, mais en entendant la voix de son Abba, il n’avait pas fini de l’écrire. Alors les anciens disent : « Vraiment, Abba, celui que tu aimes, nous l’aimons aussi parce que Dieu l’aime ».

A propos de l’espérance au temps de l’Ancien Testament

19 juillet, 2012

http://bouquetphilosophique.pagesperso-orange.fr/esperancedesanciens.html

A propos de l’espérance au temps de l’Ancien Testament

Au regard de l’espérance lumineuse qui fait courir les chrétiens aujourd’hui, celle des hommes de l’Ancien Testament paraît bien terne ! On peut en effet être surpris que l’auteur du livre de l’Ecclésiaste – qui se présente comme un sage sous les traits du roi Salomon – reconnaisse avec lucidité et grande vénération que Dieu a « implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité » (Ecclésiaste 3.11, La Bible du Semeur)… avant de confesser finalement l’aspect décevant de la vie humaine qui s’achève par la vieillesse et la mort (Ecclésiaste 12.1-7, 3.19-20) !
Paradoxalement, tandis que depuis longtemps les adeptes de certaines religions polythéistes de l’ancien Orient croient fermement à la résurrection et à une vie future, les enfants d’Israël, eux, s’ouvrent en dernier à cette croyance… et semblent voués inexorablement à la désespérance quant à l’au-delà ! Ce n’est en fait que tardivement, vers la fin de l’Exil (soit entre 550 et 539 avant Jésus-Christ), qu’ils découvrent – ou redécouvrent (1) – progressivement l’idée d’éternité. Un comble pour le peuple qui deviendra celui de l’espérance ! Attardons-nous un instant sur ces questions.

Une vision d’éternité commune à tous les peuples anciens
La croyance en une « survie de l’individu » après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature.
« Ce qui est commun aux religions, [écrit le scientifique et ancien ministre Claude Allègre] depuis celles des Sumériens ou des Égyptiens en passant par celles des Perses, des Babyloniens, des Assyriens, des Indiens ou des Chinois jusqu’à celles qui inspirent les Sepik de Nouvelle-Guinée ou les Indiens d’Amazonie, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité (2). »
Plus de 2000 ans avant J.-C., l’Egypte pharaonique est certainement l’une des premières civilisations à s’édifier dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu dieu de l’au-delà, leur apporte l’assurance d’une survie éternelle.
Environ 13 siècles plus tard, sur la base d’une espérance similaire, le philosophe persan Zoroastre (fondateur du zoroastrisme, ancienne religion de la Perse) promet à ses disciples l’avènement d’un sauveur suprême, Saoshyant, qui présidera à la résurrection et à l’émergence d’une vie éternelle après la mort. Notons que le zoroastrisme, religion dualiste fondée sur la lutte permanente entre un Dieu bon (Ahura Mazdâ) et un démon (Ahriman) enseigne aussi le libre arbitre, le jugement final, l’enfer, le paradis et la victoire finale du bien sur le mal. Ce qui représente, soit dit en passant, une sorte de préfiguration du christianisme… en tout cas, une incontestable révolution religieuse au début du VIIe siècle avant J.-C. !
Curieusement donc, en ce qui concerne cette idée de survie post mortem, les Hébreux restent imperméables à toute influence, égyptienne notamment. Face à la vision d’éternité commune à beaucoup de religions antiques, ils ne se lassent pas de nourrir une vague espérance dont ils semblent se satisfaire, mais qui toutefois se précise graduellement au cours des siècles.

De l’espérance terrestre à l’espérance céleste
Ce n’est en effet qu’à l’époque de la rédaction du livre de Daniel que le peuple juif arrive enfin à croire peu à peu en la résurrection et en une vie après la mort. Durant de très nombreux siècles, étonnamment celui-ci se contente d’une espérance terrestre sans vision d’éternité, ou tout au plus d’une espérance en une survie nationale.
Tout d’abord, une espérance à courte vue
Ainsi, pendant longtemps, c’est le modèle de la rétribution – strictement terrestre – qui dicte la pensée des enfants d’Israël. Ceux-ci croient que Dieu « rétribue » ici-bas les hommes selon leurs actes, autrement dit que les justes sont récompensés par une longue vie tranquille et prospère tandis que les pécheurs sont condamnés à une vie malheureuse, courte et sans descendance… en attendant avec frayeur – justes comme pécheurs, d’ailleurs – le sort qui les attend, le sheol (3) où tous resteront abandonnés à jamais.
Mentionnons à cet égard quelques textes bibliques attestant cette espérance à courte vue : « Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et pour les plus robustes, à quatre-vingt ans. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, […] Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse. Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons vu le malheur » (Psaume 90.10-15) ; « Donne-nous encore des jours comme ceux d’autrefois ! » (Lamentations 5.21) ; « Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme » (Lamentations 3.21-22) ; « Soutiens-moi pour que je vive, tu l’as promis, ne déçois pas mon espérance » (Psaume 119.116, BFC) ; « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Eternel jusqu’à la fin de mes jours » (Psaume 23.6) ; « L’Eternel m’a châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort » (Psaume 118.18).
Comme il se dégage de nombreux passages de l’Ancien Testament, Dieu – dans un premier temps – répond à ses enfants sans leur proposer davantage : « Je te sauverai, et tu ne tomberas pas sous l’épée, ta vie sera ton butin, parce que tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel » (Jérémie 39.18) ; « Celui qui m’écoute […] vivra tranquille et sans craindre aucun mal » (Proverbes 1.33) ; « Il m’invoquera, et je lui répondrai. Je serai avec lui dans la détresse, je le délivrerai et je le glorifierai. Je le rassasierai de longs jours, et je lui ferai voir mon salut » (Psaume 91.15-16) ; « N’oublie pas mes enseignements, […] car ils prolongeront les jours et les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix » (Proverbes 3.1-2) ; « Ils [les justes] ne sont pas confondus au temps du malheur, et ils sont rassasiés aux jours de la famine » (Psaume 37.19) ; « Ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays » (Psaume 37.9) ; « Aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez-lui, restez-lui fidèlement attachés, c’est ainsi que vous pourrez vivre et passer de nombreuses années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob » (Deutéronome 30.20, BFC)… Pour ne citer que ces versets !

L’espérance collective, une perspective nouvelle pour Israël
Bien que la croyance en la rétribution soit historiquement ancrée dans la réalité quotidienne du peuple d’Israël, certains en voyant « le bonheur des méchants » (Psaume 73.3) – ou en quelque sorte, l’inversion de cette théorie de la rétribution – ont du mal à comprendre la justice de Dieu et se mettent à réfléchir. C’est le cas du roi David (Psaume 37) et du psalmiste Asaph (Psaume 73).
Job, héros des temps anciens, fait aussi partie de ceux qui osent remettre en cause la croyance classique (Job 12.13-25). « Contre cette corrélation rigoureuse [la liaison entre la souffrance et le péché personnel], Job s’élève avec toute la force de son innocence. Il ne nie pas les rétributions terrestres, il les attend, et Dieu les lui accordera finalement […] Mais c’est pour lui un scandale qu’elles lui soient refusées présentement et il cherche en vain le sens de son épreuve. Il lutte désespérément pour retrouver Dieu qui se dérobe et qu’il persiste à croire bon (4). »
Dans l’un de ses « grands textes », il arrive finalement à la conclusion que le bien et le mal ont leur sanction outre-tombe plutôt qu’ici-bas, une avancée théologique considérable ! C’est ainsi qu’au-delà de l’espoir d’être délivré de ses maux en ce monde, il ose affirmer – certes, de façon imprécise, la traduction de ce passage reste difficile – son espérance en la résurrection : « Pour ma part, je sais que celui qui me rachète est vivant et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau aura été détruite, en personne je contemplerai Dieu. C’est lui que je contemplerai, et il me sera favorable. Mes yeux le verront, et non ceux d’un autre » (Job 19.25-27).
Pour d’autres hommes de l’Ancien Testament également confrontés à l’injustice, l’espérance individuelle se mue alors en espérance collective. Si la réussite des méchants offre un spectacle révoltant, « le Seigneur s’intéresse à la vie de ceux qui sont irréprochables, le pays dont ils sont les héritiers leur est acquis pour toujours » (Psaume 37.18, BFC). Au VIIIe siècle av. J.-C., le prophète Esaïe à même l’intuition que son peuple « ressuscitera » : « Mon peuple, tes morts reprendront vie, alors les cadavres des miens ressusciteront ! Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie » (Esaïe 26.19). Vers la même époque, Osée, un autre porte-parole de Dieu, invite Israël à se repentir et évoque l’espérance d’une rénovation nationale : « Venez, retournons à l’Eternel ! Car il a déchiré, mais il nous guérira. Il a frappé, mais il bandera nos plaies. Il nous rendra la vie […] il nous relèvera, et nous vivrons devant lui » (Osée 6.1-2).
Mais c’est en réalité la grande épreuve de la déportation à Babylone qui amène les Juifs à s’interroger sur la « juste rétribution » de Dieu. En cette période particulièrement troublée, le prophète Jérémie, toujours soucieux du bien de ses compatriotes, se demande pourquoi ceux-ci lui manifestent tant de haine : « Seigneur, tu es trop juste pour que je m’en prenne à toi. Pourtant, j’aimerais discuter de justice avec toi. Pourquoi le chemin des méchants les mène-t-il au succès ? Et ceux qui te sont infidèles, pourquoi vivent-ils tranquilles ? » (Jérémie 12.1, BFC).
« Au-delà de la ruine qu’il voit approcher pour le peuple infidèle, il [Jérémie] entrevoit une sorte de résurrection dans le cadre d’une nouvelle alliance avec Dieu [le retour des survivants d’Israël et la reconstruction de Jérusalem, chapitre 31]. Il témoigne alors de sa confiance en la victoire de Dieu par un surprenant geste d’espoir [l’acquisition d’un champ, acte symbolique, chapitre 32] (5). »
Après le châtiment, il y aura donc un rétablissement, un avenir pour le peuple de Dieu… de quoi raviver l’espérance : « Je rétablirai le peuple de Juda et le peuple d’Israël, et je les rétablirai dans leur ancienne situation » (Jérémie 33.7, BFC). « Je multiplierai les descendants de mon serviteur David […] ils seront aussi nombreux que les étoiles qu’on ne peut compter dans le ciel » (Jérémie 33.22, BFC).
Quant à Ezéchiel – en dépit des circonstances dramatiques de l’époque –, il est l’un des rares prophètes de l’Ancien Testament à proclamer aussi explicitement qu’il y a une espérance pour Israël. Ainsi, dans sa célèbre vision des ossements desséchés (Ezéchiel 37.1-14), la renaissance de la nation d’Israël s’exprime pleinement. Bien qu’il s’agisse plutôt là d’une promesse de survie collective pour le peuple d’Israël, autrement dit d’une « résurrection nationale », on peut y voir en outre l’amorce de l’idée de résurrection individuelle. Citons quelques extraits de ce passage intéressant : « Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu’ils revivent ! […] Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple, et je vous ramènerai sur le territoire d’Israël » (Ezéchiel 37.9-12).

En route vers l’espérance céleste
En fait, le point de départ – discret – de ce lent cheminement vers le ciel peut être relevé dans le livre des Psaumes où certains versets portent en germe la notion de résurrection : « Non, Seigneur, tu ne m’abandonnes pas à la mort, tu ne permets pas que moi, ton fidèle, je m’approche de la tombe. Tu me fais savoir quel chemin mène à la vie. On trouve une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel près de toi » (Psaume 16.10-11, BFC) ; « Eternel, tu as fait remonter mon âme du séjour des morts, tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans la tombe » (Psaume 30.4) ; « Dieu sauvera mon âme du séjour des morts » (Psaume 49.16) ; « Ta bonté envers moi est grande, et tu délivres mon âme des profondeurs du séjour des morts » (Psaume 86.13) ; « C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui te couronne de bonté et de compassion » (Psaume 103.4).
Mais c’est surtout le livre de Daniel (6) qui nous éclaire un peu plus sur l’évolution de la conception de l’au-delà chez les Juifs. C’est bien d’une résurrection personnelle suivie d’une vie éternelle que les justes hériteront : « A cette époque-là [pouvons-nous lire dans Daniel 12.1-3] se dressera Michel, le grand chef, celui qui veille sur les enfants de ton peuple. Ce sera une période de détresse telle qu’il n’y en aura pas eu de pareille depuis qu’une nation existe jusqu’à cette époque-là. A ce moment-là, ceux de ton peuple qu’on trouvera inscrits dans le livre seront sauvés. Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle. Ceux qui auront été perspicaces brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à beaucoup brilleront comme les étoiles, pour toujours et à perpétuité. »
Cependant, ce n’est vraiment qu’à partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ que l’espérance en la résurrection devient une réalité pour le peuple juif. A la mort d’Alexandre le Grand, la Palestine « passe sous l’autorité des monarchies hellénistiques, des Lagides d’Egypte d’abord, puis des Séleucides de Syrie. La politique d’hellénisation radicale instaurée par Antiochus IV Epiphane (175-164 av. J.-C.), doublée d’une intolérance agressive vis-à-vis des Juifs, suscite un grand mouvement de révolte. Ce mouvement, à la fois national et religieux, est conduit par le prêtre Mattathias et son fils Judas, dit Maccabée. […] Antiochus IV s’efforce d’imposer aux Juifs les mœurs et la religion grecques. La pratique du judaïsme devient passible de mort (7) ».
Dans ce contexte de résistance et de répression féroce – où le dogme de la rétribution ici-bas est tragiquement mis en échec –, les nombreux martyrs, fidèles à la loi de Moïse, s’interrogent sérieusement sur la justice divine. Torturés et mis à mort pour leur foi, ils finissent par croire réellement que Dieu les ressuscitera et que leur rétribution sera d’outre-tombe.
Le deuxième livre des Maccabées, probablement écrit vers 120-100 avant J.-C., décrit justement l’héroïque résistance de sept frères « Maccabées » et de leur mère (modèles des premiers martyrs juifs) qui préfèrent être torturés à mort plutôt que de toucher à la viande de porc interdite par la loi. Citons ici quelques versets de ce livre deutérocanonique de l’Ancien Testament témoignant de cette foi naissante en la résurrection :
« Au moment de rendre le dernier soupir, il [le second supplicié] dit : Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 Maccabées 7.9, TOB).
« On soumit le quatrième aux mêmes tortures cruelles. Sur le point d’expirer, il dit : Mieux vaut mourir de la main des hommes en attendant, selon les promesses faites par Dieu, d’être ressuscité par lui » (2 Maccabées 7.13-14, TOB).
« Eminemment admirable et digne d’une excellente renommée fut la mère, qui voyait mourir ses sept fils en l’espace d’un seul jour et le supportait avec sérénité, parce qu’elle mettait son espérance dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d’eux dans la langue de ses pères. Remplie de nobles sentiments et animée d’un mâle courage, cette femme leur disait : Je ne sais pas comment vous avez apparu dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai gratifiés de l’esprit et de la vie, […] Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé l’homme à sa naissance et qui est à l’origine de toute chose, vous rendra-t-il dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que vous vous sacrifiez maintenant vous-mêmes pour l’amour de ses lois » (2 Maccabées 7.20-23, TOB).
Enfin, on peut mentionner le livre de la Sagesse, autre apocryphe rédigé vers la même époque (Ier siècle avant J.-C.) dans lequel on trouve, quoique de façon larvée, le thème de la résurrection : « Les âmes des justes, elles, sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra plus. Aux yeux des insensés, ils passèrent pour morts, et leur départ sembla un désastre, […] Pourtant, ils sont dans la paix. Même si, selon les hommes, ils ont été châtiés, leur espérance était pleine d’immortalité » (Sagesse 3.1-4).
Comme le remarque Jean Civelli, prêtre à Fribourg (Suisse), « cette idée d’une résurrection des morts ne devait plus s’oublier dans le judaïsme. Ce sont les Pharisiens qui la recueillirent, contrairement au parti des Sadducéens, parti des prêtres et de la noblesse du Temple de Jérusalem, qui, eux, n’acceptèrent pas ce qu’ils considéraient comme une doctrine fausse, car ils ne la trouvaient pas dans la Loi de Moïse (cf. Marc 12.18 et Actes 23.8). […] Le sceau définitif de cette foi en la résurrection sera donné par Jésus lui-même, dans sa propre résurrection (8) ».
« La croyance en la résurrection, qui va se développer dans le monde sémitique, [affirme de son côté, Marie Lucien, docteur en théologie de l'Université de Strasbourg] apparaît comme une nouveauté radicale et impressionnante […] La résurrection personnelle de chaque homme deviendra alors l’espérance commune aux trois religions monothéistes issues du monde sémitique, le judaïsme, le christianisme et l’islam (9). »

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Après avoir ainsi esquissé à grands traits l’histoire de l’espérance religieuse en Israël, une question demeure cependant : pourquoi cette dernière est restée si longtemps une piètre espérance… avant que finalement le Nouveau Testament ne la porte à son plus haut degré ? A défaut de pouvoir répondre ici avec certitude à cette question, nous voulons par contre dire toute notre admiration pour les hommes de l’Ancien Testament ayant fait le bon choix de faire confiance à Dieu et de marcher avec lui en se contentant de sa faveur et de l’assurance du pardon de leurs péchés… portés seulement par l’espérance d’une longue vie prospère – ici-bas – et en dépit du système simpliste des rétributions temporelles ne fonctionnant pas toujours.
Alors que nous, croyants du XXIe siècle, pouvons nous enorgueillir de notre belle espérance solidement ancrée dans la résurrection de Jésus-Christ – ce qui ne nous laisse plus aucune excuse pour notre incrédulité –, puissions-nous également faire nôtres les propres louanges de ces héros de la foi… pourtant adressées à un Dieu qu’ils n’imaginaient pas si généreux : « Je chanterai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. […] Je veux me réjouir en l’Eternel » (Psaume 104.33-34).

Claude Bouchot
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1. En effet, il est raisonnable de penser qu’Adam et les premiers patriarches bénéficièrent déjà d’une révélation divine particulière concernant l’au-delà qui leur était réservé. En tout cas, l’auteur de l’épître aux Hébreux en est convaincu lorsqu’il fait l’éloge de la foi des ancêtres illustres tels qu’Abel, Hénoc, Noé et Abraham : « C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie. […] En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste » (Hébreux 11.13-16, BFC). Hélas, les Hébreux semblent avoir vite oublié « l’espérance de la vie éternelle, promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment point » (Tite 1.2).
2. Allègre Claude, Dieu face à la science, Paris : Fayard, 1997, p. 223 (LP).
3. « Sheol est un terme hébraïque intraduisible, désignant le « séjour des morts », la « tombe commune de l’humanité », le puits, sans vraiment pouvoir statuer s’il s’agit ou non d’un au-delà. La Bible hébraïque le décrit comme une place sans confort, où tous, juste et criminel, roi et esclave, pieux et impies se retrouvent après leur mort pour y demeurer dans le silence et redevenir poussière » (L’encyclopédie libre Wikipédia, Sheol, [En ligne] http://www.wikipedia.org/, consulté en décembre 2010).
4. La Bible de Jérusalem, Introduction au livre de Job, Paris : Editions du Cerf, 1981, p. 650.
5. La Bible Expliquée, Introduction au livre de Jérémie, Villiers-le-Bel : Société biblique française, 2004, p. 897-AT.
6. A noter que, presque unanimement, les théologiens libéraux contemporains mettent en doute l’authenticité historique du livre de Daniel en datant celui-ci du IIe siècle av. J.-C. seulement et en l’attribuant à un auteur inconnu, alors que la tradition juive et chrétienne – reposant à cet égard sur un solide fondement – le situait au VIe siècle avant notre ère… c’est-à-dire à l’époque où vivait justement Daniel !
7. Simon Marcel, « 2000 ans de christianisme », Vol. 1, Le monde juif, berceau du christianisme, Paris : Aufadi – S.H.C. International, 1975, p. 14, 18.
8. Civelli Jean, La résurrection des morts : et si c’était vrai ?, Saint-Maurice : Editions Saint-Augustin, 2001, p. 24-25.
9. Lucien Marie, Le message de Jésus : une spiritualité universelle inusitée, Paris : Editions L’Harmattan, 2009, p. 135-136.

SAINTE MACRINE

18 juillet, 2012

SAINTE MACRINE dans images sacrée A1

http://uominiperglialtri.blogspot.it/2010/07/santi-del-giorno-19-luglio-2010.html

19 JUILLET: SAINTE MACRINE – par saint Grégoire de Nysse

18 juillet, 2012

http://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/sainte-macrine.htm

19 JUILLET: SAINTE MACRINE

par saint Grégoire de Nysse

Sainte Macrine naquit vers 327, l’aînée de dix enfants d’une vieille famille chrétienne de Cappadoce dont la foi fut mise à l’épreuve pendant la grande persécution de Dioclétien (284-305) – un de ses aïeux maternels avait gagné la palme du martyre – et également sous Maximin (306-310, dont la persécution obligea ses grands-parents maternels de se réfugier dans les montagnes du Pont pendant sept ans. Sa grand-mère paternelle fut sainte Macrine l’Ancienne, disciple de saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néo-Césarée dans le Pont, élève d’Origène à Césarée de Palestine. Ses parents, Basile l’Ancien et Émélie, bien que non mentionnées dans les synaxaires byzantins, sont célébrés en Occident le 30 mai. Parmi les frères de Macrine figurent quatre saints de l’Église : Basile le Grand et Grégoire de Nysse (deux des trois grands théologiens cappadociens) ; ainsi que Pierre, évêque de Sébaste (Synaxaire, 9 janvier), et saint Naucrace (8 juin). Moins connue que ses illustres frères, sainte Macrine est néanmoins considérée le « véritable chef spirituel de la famille » (Synaxaire, 1er janvier) : c’est elle qui, après le décès du père, convainquit sa mère de renoncer à la jouissance de la fortune familiale, de libérer leurs esclaves et servantes, et de transformer la maison familiale en monastère. Macrine dirigeait le monastère des femmes et son frère Pierre, celui des hommes.
En 379, après le décès de la mère, de Naucrace et de Basile (fin 378), et après de longues années de persécution et de division à l’intérieur de l’Église dues à l’hérésie arienne, Grégoire de Nysse, de retour d’un synode à Antioche, rend visite à sa sœur, malade et mourante. Après son décès, Grégoire écrit la Vie de sainte Macrine, qui passe en revue l’histoire de la famille et le rôle de Macrine ; il y décrit en particulier ses entretiens avec Macrine, son dernier jour et son ensevelissement. Les extraits de la Vie de sainte Macrine qui suivent portent sur la fondation du monastère, la vie de la communauté et les entretiens de Grégoire et Macrine.
Transformation de la maison familiale en monastère
7. Comme tout prétexte de vie trop matérielle leur avait déjà été enlevé, Macrine persuade sa mère de renoncer à son mode de vie accoutumé et à ses manières de grande dame, ainsi qu’aux services qu’elle avait jusqu’alors l’habitude de recevoir de ses servantes, pour prendre les sentiments du commun et partager le mode de vie des vierges qu’elle avait auprès d’elle, après en avoir fait, d’esclaves et de servantes qu’elles étaient, des sœurs et des égales. […]
11. Quand donc la mère eut été libérée du souci de l’éducation de ses enfants, ainsi que de la charge de leur instruction et de leur établissement, et qu’on eut procédé au partage entre les enfants de la plus grande part des ressources pour la vie matérielle, alors, comme on l’a déjà dit, la vie de cette vierge [Macrine] devient pour sa mère un guide vers ce genre de vie philosophique et immatériel [c’est-à-dire la vie spirituelle ou évangélique]. Elle, qui avait renoncé à toutes ses habitudes, amena sa mère à son propre degré d’humilité, l’ayant disposée à se mettre au même niveau que le groupe des vierges pour partager avec elles, comme une égale, même table, même couche et mêmes moyens d’existence, toute différence de rang étant supprimée de leur vie. Et telle était l’ordonnance de leur vie, telle l’élévation de leur philosophie et la noblesse de leur mode de vie, dans leur conduite de jour comme de nuit, qu’elles dépassent toute description. De même que les âmes délivrées de leur corps par la mort sont du même coup affranchies des préoccupations de cette vie, de même leur existence se tenait-elle à l’écart de celles-ci, loin de toute vanité mondaine, cependant qu’elle était réglée de manière à imiter le mode de vie angélique.
On ne voyait chez ces personnes ni colère, ni envie, ni haine, ni arrogance, ni rien de semblable ; tout désir de vanités – d’honneur ou de gloire, d’ambition ou d’orgueil et de tout ce qui leur ressemble – était banni. Leur plaisir, c’était la continence ; leur gloire, de n’être connues de personne ; leur fortune, de ne rien posséder, d’avoir secoué de leur corps, comme poussière, toute richesse matérielle. Leur travail, ce n’était aucune de ces tâches dont on se préoccupe dans cette vie, sinon accessoirement, mais seulement la méditation des réalités divines, la prière incessante, le chant ininterrompu des hymnes réparti également pendant tout le temps, de jour comme de nuit, si bien que ces occupations étaient à la fois leur travail et leur repos après le travail. Quelles paroles humaines pourraient mettre sous les yeux le tableau de ce mode de vie, chez ceux pour qui l’existence se trouvait aux confins de la nature humaine et de la nature incorporelle ? […]
Après de longues années de séparation, Grégoire rend visite à sa sœur malade
17. Lorsqu’elle [Macrine] me vit près de la porte, elle se souleva sur un coude, incapable d’accourir vers moi, car la fièvre avait déjà consumé ses forces. Cependant, prenant appui de ses mains sur le sol et se soulevant de son grabat autant qu’elle le pouvait, elle s’efforçait de me faire l’honneur de venir à ma rencontre. Pour moi, j’accourus auprès d’elle et, prenant dans mes mains son visage incliné à terre, je la redressai et lui fis reprendre la position allongée qu’elle avait auparavant. Et celle-ci de tendre la main vers Dieu et de dire :  » Tu m’as encore enrichie de cette grâce, ô Dieu, et tu ne m’as pas privée de ce que je désirais, puisque tu as poussé ton serviteur à faire une visite à ta servante.  » Et pour ne pas m’affliger davantage, elle essayait d’adoucir ses gémissements, elle s’efforçait comme elle le pouvait de cacher l’oppression de sa respiration, elle cherchait par tous les moyens à créer un climat plus joyeux, commençant à tenir elle-même de plaisants propos et nous en fournissant l’occasion par les questions qu’elle nous posait. Mais dans la suite de notre entretien fut évoqué le souvenir du grand Basile ; mon âme alors perdit courage et, dans ma tristesse, j’inclinai à terre mon visage, cependant que les larmes jaillissaient de mes yeux. Mais elle, loin de se laisser aller à partager notre douleur, fit de cette mention du saint le point de départ d’une plus haute philosophie, et elle se mit à développer de si grands sujets – dissertant sur la nature humaine, découvrant la divine providence cachée dans les épreuves et exposant ce qui a trait à la vie future comme si elle était inspirée par le Saint-Esprit – que mon âme se croyait dégagée, ou presque, de la nature humaine, soulevée qu’elle était par ses paroles et prenant place, sous la conduite de son discours, à l’intérieur des sanctuaires célestes.
18. Nous entendons raconter, dans l’histoire de Job que cet homme consumé en tout son corps par les abcès purulents des plaies qui le couvraient de toutes parts, ne permettait pas à sa sensibilité, grâce à ses réflexions, de tomber dans la douleur, mais, tout en souffrant dans son corps, il ne laissait pas faiblir son activité propre, ni n’interrompait son discours, qui touchait aux sujets les plus élevés. Je voyais un même comportement chez cette grande Macrine. La fièvre consumait toute sa force et l’entraînait vers la mort, mais elle, rafraîchissant son corps comme par une rosée, gardait, à l’exemple de Job, son esprit libre dans la contemplation des réalités d’en-haut, sans le laisser affecté par une telle faiblesse. Et si je ne craignais d’étendre mon récit à l’infini, je rapporterais en bon ordre toutes ses paroles, et comment elle s’était élevée par ses discours jusqu’à philosopher pour nous sur l’âme, jusqu’à nous exposer la cause de notre vie dans la chair, pourquoi l’homme existe, comment il se fait qu’il soit mortel et d’où vient la mort, quelle est enfin la libération qui nous fait passer de celle-ci à une vie nouvelle. Sur tous ces sujets, elle parlait comme si l’inspirait la puissance du Saint-Esprit, en exposant tous les points avec clarté et logique, mais aussi en toute facilité de parole, son discours s’écoulant comme l’eau d’une source lorsqu’elle ruisselle sans obstacle sur un terrain en pente [voir saint Grégoire de Nysse, Sur l’âme et la résurrection (Cerf, 1995), qui prend la forme d’un dialogue entre Grégoire et Macrine.]
Le repos de Grégoire
19. Lorsqu’elle eut achevé de parler :  » Il est temps pour toi, frère, dit-elle, de prendre un peu de repos, car le voyage doit t’avoir beaucoup fatigué.  » Pour moi, c’était une grande et véritable détente que de la voir et d’écouter ses nobles paroles, mais puisque ce lui était agréable, et pour montrer en toutes choses mon obéissance à celle dont je recevais l’enseignement, trouvant dans un des jardinets proches un lieu de repos agréable que l’on m’avait préparé, je pris un peu de repos à l’ombre des treilles. Mais il ne m’était pas possible d’en goûter l’agrément, car mon âme était bouleversée par la perspective de tristes événements. Ce que j’avais vu semblait en effet me révéler le sens de la vision de mon rêve : le spectacle que j’avais eu sous les yeux offrait bien en vérité les restes d’un saint martyr, restes  » morts au péché  » et resplendissants  » de la grâce de l’Esprit-Saint présente en eux « . J’expliquai cela à l’un de ceux qui m’avaient entendu auparavant raconter mon rêve. Mais alors que nous nous tenions, plus affligés encore – c’était bien naturel –, dans l’attente de tristes événements, elle devina, je ne sais comment, notre état d’esprit, et nous fit annoncer des nouvelles plus réconfortantes, nous encourageant à reprendre confiance et à concevoir à son endroit de meilleures espérances : elle avait en effet le sentiment d’une amélioration. Ce n’est pas pour nous abuser qu’elle nous faisait dire cela, et son affirmation était véridique, même si sur le moment nous n’en comprîmes pas le sens. De même en effet qu’un coureur, lorsqu’il a dépassé son adversaire et qu’il arrive près de la borne du stade, lorsqu’il est tout proche du prix de la course et voit la couronne du vainqueur, se réjouit en lui-même, comme s’il avait déjà obtenu le prix, et annonce sa victoire à ceux des spectateurs qui lui sont favorables, de même celle-ci, animée de pareils sentiments, nous donnait-elle à espérer à son sujet un sort plus favorable, elle qui déjà dirigeait son regard vers  » le prix de l’élection d’en haut  » et s’appliquait en quelque sorte la parole de l’Apôtre :  » Voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, que me donnera en retour le juste juge « , puisque  » j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi « . Pour nous donc, rassurés par ces bonnes nouvelles, nous commençâmes à goûter ce que l’on nous avait préparé : le menu en était varié et plein d’agrément, la grande Macrine ayant étendu jusque-là sa sollicitude.
Nouvelle rencontre
20. Lorsque nous fûmes à nouveau en sa présence – car elle ne nous laissa pas passer notre temps livré à nous-même –, elle entreprit de raconter ce qu’avait été sa vie depuis sa jeunesse, en exposant dans l’ordre tous les faits, comme dans un récit historique. Elle racontait aussi les événements de la vie de nos parents dont elle avait souvenance, tant ceux d’avant ma naissance que ceux des années qui suivirent. Le but de son récit, c’était l’action de grâces envers Dieu : c’est ainsi que, touchant la vie de nos parents, elle mettait en relief, non pas tant qu’elle ait été illustre et célèbre aux yeux de leurs contemporains de par leur richesse, mais plutôt qu’elle ait été mise à l’honneur grâce à la philanthropie divine. Les parents de notre père avaient été dépouillés de leurs biens pour avoir confessé le Christ ; l’aïeul du côté maternel avait été mis à mort pour avoir provoqué la colère de l’empereur, et toutes ses propriétés avaient été distribuées à d’autres maîtres. Malgré cela, les ressources de la famille avaient, grâce à leur foi, augmenté de telle manière que l’on ne pouvait citer personne, à cette époque, qui les dépassât. Par la suite, lorsque leur fortune fut partagée en neuf, selon le nombre des enfants, la part de chacun s’était, de par la bénédiction divine, à ce point accrue que la richesse de chacun des enfants surpassa la prospérité des parents. Macrine cependant ne garda à sa disposition aucun des biens qui lui avaient été attribués lors du partage entre frères et sœurs, mais, conformément au commandement divin, tout fut administré par les mains du prêtre. Par la grâce de Dieu, sa vie fut telle que jamais elle ne cessa d’exercer ses mains à la pratique des commandements, jamais elle ne compta sur un homme, jamais les ressources pour une vie honorable ne lui vinrent de quelque service ou don des hommes. Mais, tout en ne renvoyant pas les quémandeurs, elle ne se mit pas en quête de bienfaiteurs, car Dieu, par ses bénédictions, faisait croître secrètement, comme des semences, les maigres ressources qui lui venaient de ses travaux et les transformait en fruits abondants.
Macrine reprend son frère
21, Pour ma part, je lui racontai les difficultés dans lesquelles je m’étais trouvé, d’abord lorsque l’empereur Valens me fit exiler à cause de la foi, ensuite lorsque la confusion qui régnait dans les Églises m’entraîna dans des controverses et des luttes.  » Ne cesseras-tu pas, me dit-elle alors, de méconnaître les dons de Dieu ? Ne porteras-tu pas remède à l’ingratitude de ton âme ? Ne compareras-tu pas ton sort à celui de tes parents, bien qu’en vérité, aux yeux de ce monde, nous puissions tirer fierté d’apparaître comme bien nés et issus de bonne famille. Notre père, dit-elle, jouissait en son temps d’une grande considération pour sa culture, mais sa réputation ne s’étendait qu’aux tribunaux de la région ; par la suite, bien qu’il l’emportât sur les autres par sa maîtrise de la sophistique, sa renommée ne franchit pas les limites du Pont, mais il lui suffisait d’être connu dans sa patrie. Et toi, dit-elle, qui es célèbre par les villes, les peuples, les provinces, toi que des Églises délèguent et que d’autres appellent pour apporter de l’aide ou remettre de l’ordre, ne vois-tu pas la grâce qui t’est faite ? Ne comprends-tu pas d’où te viennent de si grands biens, et que ce sont les prières de tes parents qui te font accéder à cette élévation, alors que de toi-même tu n’as pas de dispositions pour cela, ou si peu ? « 
Dispositions de Macrine à son dernier jour
22. Pour moi, pendant qu’elle exposait cela, j’aurais voulu que s’allonge le jour, pour qu’elle ne cesse de nous faire entendre ces douces paroles. Mais le chant du chœur appelait à l’office du soir, et la grande Macrine, après m’avoir envoyé à l’église, se réfugiait à nouveau auprès de Dieu par la prière. La nuit survint sur ces entrefaites. Lorsque vint le jour, il m’apparut clairement, à la voir, que cette journée qui commençait serait la dernière de sa vie dans la chair, car la fièvre avait totalement consumé ses forces naturelles. Celle-ci, voyant la faiblesse de nos pensées, s’efforçait de nous distraire de cette désolante perspective, en dissipant à nouveau par ces belles paroles le chagrin de notre âme, mais maintenant avec un souffle court et oppressé. C’est alors surtout que ce que je voyais affectait mon âme de sentiments très partagés : d’une part la nature en moi était accablée de tristesse, comme on peut le comprendre, car je prévoyais que je n’entendrais plus désormais une telle voix, et je m’attendais à ce que la gloire commune de notre famille quitte bientôt la vie humaine ; mais d’autre part mon âme, comme transportée d’enthousiasme à ce spectacle, estimait qu’elle avait transcendé la nature commune. Ne ressentir, en ses derniers instants, aucun sentiment d’étrangeté à la perspective de la mort et ne pas craindre de quitter cette vie, mais méditer jusqu’à son dernier souffle, avec une sublime intelligence, sur ce qui dès le début avait fait l’objet de son choix touchant la vie d’ici-bas, cela me paraissait ne plus faire partie des réalités humaines. C’était plutôt comme si un ange avait pris providentiellement une forme humaine, un ange sans aucune attache avec la vie dans la chair, aucune affinité avec elle, dont il n’était pas surprenant que la pensée demeurât dans l’impassibilité, puisque la chair ne l’entraînait pas vers ses passions propres. Aussi elle me semblait manifester avec évidence, aux yeux de tous ceux qui étaient alors présents, ce divin et pur amour de l’époux invisible qu’elle nourrissait secrètement au plus intime de son âme et publier le désir qui animait son cœur de se hâter vers son bien-aimé, pour être au plus tôt avec lui, une fois libérée des liens de son corps. En vérité, c’est vers son amant que se dirigeait sa course, sans qu’aucun des plaisirs de la vie ne détourne à son profit son attention.
La dernière prière de Macrine
23. Du jour déjà s’était écoulée la plus grande part, et le soleil s’inclinait vers le couchant. Sa ferveur pourtant ne fléchissait pas, mais plus elle approchait du départ, plus violente était sa hâte d’aller vers son bien-aimé, comme si elle contemplait davantage la beauté de l’époux. Elle ne s’adressait plus à nous qui étions présents, mais à celui-là seul vers lequel elle tenait les yeux incessamment fixés. On avait en effet tourné sa couche vers l’Orient, et elle avait cessé de nous parler pour ne plus converser qu’avec Dieu dans la prière ; elle tendait vers lui ses mains suppliantes et murmurait d’une voix faible, en sorte que nous pouvions à peine entendre ses paroles. Je cite ici sa prière, pour que l’on ne puisse pas même douter qu’elle se trouvait auprès de Dieu et était entendue de lui. Elle disait :
24.  » C’est toi, Seigneur, qui as abrogé pour nous la crainte de la mort. C’est toi qui as fait pour nous, du terme de la vie d’ici-bas, le commencement de la vie véritable.
C’est toi qui pour un temps laisses se reposer nos corps par une dormition, et qui les réveilles à nouveau ‘au son de la dernière trompette’.
C’est toi qui à la terre donnes en dépôt notre terre, celle que tu as façonnée de tes mains, et qui fais revivre à nouveau ce que tu lui as donné, en transformant par l’immortalité et la beauté ce qui en nous est mortel et difforme.
C’est toi qui nous as arrachés à la malédiction et au péché, en devenant pour nous l’un et l’autre.
C’est toi qui as brisé les têtes du dragon, lui qui avait saisi l’homme dans sa gueule en l’entraînant au travers du gouffre de la désobéissance.
C’est toi qui nous as ouvert la route de la résurrection, après avoir brisé les portes de l’enfer, et, ‘réduit à l’impuissance celui qui régnait sur la mort’.
‘C’est toi qui à ceux qui te craignent as donné pour emblème’ le signe de la sainte Croix, pour anéantir l’Adversaire et donner la sécurité à nos vies.
Dieu éternel, ‘vers qui je me suis élancée dès le sein de ma mère’, ‘toi que mon âme a aimé’ de toute sa force, à qui j’ai consacré ma chair et mon âme depuis ma jeunesse et jusqu’en cet instant, mets auprès de moi un ange lumineux qui me conduise par la main au lieu du rafraîchissement, là où se trouve ‘l’eau du repos’, dans le sein des saints patriarches.
Toi qui as brisé la flamme de l’épée de feu et rendu au paradis l’homme crucifié avec toi et qui s’était confié à ta miséricorde, de moi aussi ‘souviens-toi dans ton royaume’ car moi aussi j’ai été crucifiée avec toi, moi ‘qui ai cloué ma chair par ta crainte et qui ai craint tes jugements’.
Que l’abîme effrayant ne me sépare pas de tes élus.
Que le Jaloux ne se dresse pas contre moi sur mon chemin, et que mon péché ne soit pas découvert devant tes yeux si, pour avoir été trompée par la faiblesse de notre nature, ai péché en parole, en acte ou en pensée.

Toi qui as sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, ‘fais m’en remise, afin que je reprenne haleine’, et ‘qu’une fois dépouillée de mon corps’, je sois trouvée devant ta face ‘sans tache et sans ride’ dans la figure de mon âme, mais que mon âme entre tes mains soit accueillie, irréprochable et immaculée, ‘comme un encens devant ta face’. « 

Sainte Grégoire de Nysse, Vie de sainte Macrine,
Cerf, 1995. Le texte complet est disponible
au site www.jesusmarie.com.

Tropaire de sainte Macrine (ton 8)
L’amour de la sagesse ayant donné des ailes à ton esprit, sagement tu t’élevas au-dessus des mondaines voluptés et tu fus la charmante demeure du savoir divin ; toi qui, par l’ascèse et la perfection des vertus, devins une illustre épouse du Sauveur, prie-le pour qui te chante : Réjouis-toi, Macrine, sainte porteuse du Seigneur notre Dieu.
Kondakion de sainte Macrine (ton 4)
Tu as aimé de tout ton cœur, vénérable Macrine, le Dieu de bonté et, prenant sur tes épaules sa croix, avec amour tu l’as suivi pour trouver la rémission des péchés.

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