Archive pour le 13 juillet, 2012
DEUXIEME LECTURE – Ephésiens 1, 3 – 14 – commentaires de Marie Noëlle Thabut
13 juillet, 2012http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
Dimanche 15 juillet: commentaires de Marie Noëlle Thabut
DEUXIEME LECTURE – Ephésiens 1, 3 – 14
Voilà peut-être la plus belle prédication de l’histoire chrétienne ! On pourrait l’appeler « L’hymne de jubilation » de Paul : dans le texte grec, ces douze versets ne forment qu’une seule phrase d’action de grâce ; Paul y déploie la grande fresque du projet de Dieu, et il nous invite à nous associer à sa contemplation émerveillée. Ce projet que nous avons pris l’habitude (avec la traduction oecuménique TOB) d’appeler « le dessein bienveillant de Dieu » est de rassembler l’humanité au point de ne faire qu’un seul Homme en Jésus-Christ, à la tête de la création tout entière : « Dans sa bienveillance, Dieu projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. » (v. 9-10).
Première bonne nouvelle, Dieu a un projet sur nous et sur l’ensemble de la création ; l’histoire humaine a donc un sens, ce qui veut dire à la fois direction et signification ; pour les croyants, les années ne se succèdent pas toutes pareilles, notre histoire avance vers son accomplissement : nous allons, comme dit Paul, vers « le moment où les temps seront accomplis » (v. 9). Ce projet, nous ne l’aurions pas deviné tout seuls, c’est un « mystère » pour nous, car il nous dépasse infiniment, alors Dieu nous le révèle : « Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté ». Dans le vocabulaire de Paul, un mystère n’est pas un secret que Dieu garderait jalousement pour lui ; au contraire, c’est son intimité à laquelle il nous convie. Il nous fait découvrir une autre sagesse, une autre intelligence que les nôtres : comme dit Paul, « Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence » (v.8), sous-entendu sa sagesse à lui, son intelligence à lui.
Deuxième bonne nouvelle, cette volonté de Dieu n’est qu’amour : les mots « bénédiction, amour, grâce, bienveillance » parsèment le texte ; c’est également le sens de l’expression « à la louange de sa gloire » qui revient trois fois comme un refrain (v. 6, 12, 14). En réalité, la première fois, il faudrait traduire « à la louange de la gloire de sa grâce » : c’est-à-dire pour que Dieu soit reconnu comme le Dieu de la grâce, ce qui veut dire « le Dieu dont l’amour est gratuit ». Déjà, le prophète Jérémie savait dire que « les projets de Dieu ne sont que des projets de paix et non de malheur » (Jr 29, 11) ; depuis la venue du Christ, nous savons mieux encore ce qu’est la volonté de Dieu : le Dieu qui n’est qu’amour (la communion trinitaire structure le texte) veut nous faire entrer dans son intimité : ce qui veut dire que nous pouvons toujours, en toutes circonstances, souhaiter « que sa volonté soit faite » : parce qu’elle n’est que bonne!
Troisième insistance de ce texte : ce projet de Dieu s’accomplit à travers le Christ ; celui-ci est cité de nombreuses fois dans ces quelques lignes : tout advient « par lui, avec lui, et en lui », comme dit la liturgie : « Dieu nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ. » (v. 5). Au vrai sens du terme, le centre du monde, le centre de l’histoire humaine (l’alpha et l’oméga), c’est Jésus-Christ. Lui, le « Fils bien-aimé » en qui nous sommes « comblés de la grâce du Père » (v. 6), lui en qui nous serons tous réunis quand « les temps seront accomplis » (v. 9), lui en qui nous avons écouté cette Bonne Nouvelle (v. 13), lui par qui nous avons reçu « la marque de l’Esprit Saint » (v. 13). De toute évidence, ce rôle prééminent du Christ était prévu de toute éternité, dès « avant la création du monde » (v. 4). Le « mystère de sa volonté, ce que Dieu prévoyait dans le Christ pour le moment où les temps seraient accomplis… c’était de saisir l’univers entier… » Paul parle pourtant bien de « rédemption » au sens de libération (v. 7), mais le projet de la rédemption est second ; Dieu a de toute éternité projeté de faire de nous ses fils, et c’est seulement parce que nous manquons sans cesse le but que nous avons besoin d’être sauvés.
Providentiellement, la liturgie de ce dimanche nous fait chanter le psaume 84/85 qui est une variation sur le même thème ; et c’est peut-être bien le meilleur écho à la méditation de Paul : « J’écoute : que dira le SEIGNEUR Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le SEIGNEUR donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin. »
———————-
Compléments
– Une toute petite note pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des textes : Paul connaissait bien la communauté d’Ephèse où il a séjourné deux ou trois ans : or, curieusement, on ne trouve dans la Lettre aux Ephésiens aucune allusion à des relations personnelles de l’auteur avec les destinataires ; par ailleurs, les thèmes abordés et le style employé témoignent d’une nette évolution par rapport aux écrits antérieurs de l’apôtre ; tout cela pousse certains spécialistes à penser que la lettre aux Ephésiens serait l’oeuvre non de Paul mais d’un de ses très proches disciples qui aurait rassemblé la pensée de son maître peu après sa mort, donc dans les années 70.
– Sur l’emploi des pronoms « nous » et « vous » dans les versets 13 et 14, voir le commentaire de la lettre aux Ephésiens pour le seizième dimanche, infra page 000.
Homélie du 15e dimanche ordinaire B
13 juillet, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 15e dimanche ordinaire B
Am 7, 12-15 ;Ep 1, 3- 14 ; Mc 6, 7-13
Tout d’abord, une question : Pourquoi les chrétiens sont-ils appelés à se rassembler chaque dimanche ? Il ne faut surtout pas prendre nos églises comme des sortes de supermarchés pour denrées spirituelles, où chacun viendrait faire ses provisions pour la semaine. Cela serait consternant, disait un expert bibliste.
D’où, mon interrogation, à laquelle j’invite chacun à répondre à l’aise, en prolongement de la célébration eucharistique. Comme activité spirituelle personnelle, par exemple, ou sous forme de discussion familiale, très décontractée, « cool », comme disent les plus jeunes. Tout en sachant qu’il y a plusieurs réponses possibles, mais pas toutes égales en importance ou en exactitude.
Pourquoi cette question aujourd’hui ? Parce que l’évangile du jour nous dit que Jésus a rassemblé les Douze pour les envoyer en mission, et que le mot « envoyé » est le mot-clé de cette page de l’évangile de Marc. Mais il n’y a pas que les Douze. Luc parle aussi de Septante-deux, parmi lesquels des femmes. Or, Douze, dans la symbolique biblique, c’est le nombre des tribus d’Israël. Ce qui, dans l’évangile, représente ici l’embryon du peuple de Dieu, renouvelé par l’enseignement de Jésus. C’est l’avant-garde. Tandis que Septante-deux, c’est le nombre des autres nations de la terre (les nations non juives – les nations païennes).
Sans entrer dans plus de détails, on peut dire que Jésus convoque tous ses disciples le dimanche (le jour pascal – la Pâque hebdomadaire) pour un rassemblement (ekklesia), c’est-à-dire faire corps, faire Eglise. Et cela, notamment, pour les associer étroitement à sa mission et les envoyer pour accomplir les mêmes tâches que lui. Pas nécessairement au bout du monde, mais au moins dans nos milieux de vie : la famille, le quartier, le lieu de travail, le club sportif, les vacances.
Nous sommes envoyés comme les Douze ou les Septante-deux pour proclamer le message de Jésus, qui est un appel à la conversion, à un changement de mentalité, qui sera celle d’un royaume de justice et de paix. Le Royaume des Béatitudes. Il ne suffit pas pour autant de proclamer. Il s’agit de donner suite à la mission du Christ, assurer sa continuité, en sachant qu’il n’est pas venu pour juger mais pour délivrer, pour sauver.
Ici, les paroles attribuées à Jésus nous laissent un peu perplexes. Car il s’agit d’abord et surtout de chasser les démons, d’accomplir des gestes de délivrance et de guérison. En ce temps-là, c’est aux démons que l’on attribuait tous les malheurs, toutes les maladies incurables, celles du corps et celles de l’âme. Ces démons sont qualifiés d’esprits « impurs ». Ce qui, dans le langage biblique, signifie « incompatibles avec Dieu ».
Aujourd’hui, diables et démons ont changé de nom et de visage. Mais les esprits « incompatibles avec Dieu » sont toujours bien là, sous d’autres masques, plutôt séduisants. Ils symbolisent cependant toutes les forces d’asservissement. Tout ce qui enferme, qui enchaîne ou aveugle et trompe les humains.
Ces forces diaboliques, vêtues de respectabilité et toujours parfaitement à la mode, peuvent être culturelles, économiques, politiques et même religieuses. Autrement dit encore : tout ce qui est incompatible avec l’esprit du message évangélique… C’est donc un véritable défi, très concret, actuel, et même quotidien, que les disciples de Jésus que nous sommes, ont à relever. Dans tous les domaines. Sans utiliser pour autant des méthodes violentes.
Marc ajoute quelques directives précises, que l’on dirait sorties d’un petit manuel du parfait missionnaire de l’époque. Il ne s’agit pas de les prendre à la lettre, naïvement ou stupidement, au risque d’en tuer l’esprit, comme cela arrive malheureusement trop souvent.
Je m’arrête un instant à la première. Pourquoi aller deux par deux ? Parce que, dans la Loi de Moïse, qui était celle du ministère de la justice de l’époque, deux témoins étaient nécessaires pour qu’un témoignage soit crédible. Plus essentiellement, et donc qui vaut pour tous les temps, « deux », symbolise une responsabilité à partager. Les « envoyés » doivent œuvrer en collaboration, en équipe. La mission n’est pas un problème d’exploit individuel à accomplir, mais une entreprise menée en commun. Chacun a besoin du soutien des autres, de leurs expériences, de leurs lumières, leurs suggestions, leurs critiques positives. Tout envoyé re-présente une communauté, constituée par Jésus et les siens. Evangéliser n’est donc pas l’affaire de quelques spécialistes, mais bien de chacun et de tous les disciples de Jésus. Deux, c’est le symbole de la communauté.
C’est la raison pour laquelle on dit que les communautés chrétiennes sont le terreau qui permet ou favorise la naissance et l’éclosion de toutes les vocations de témoins et de messagers de l’Evangile. D’où, une responsabilité collective (Cf aussi la responsabilité matérielle – la collecte, budget et contribution paroissiale). Et sans oublier pour autant que le témoignage de chacun fait partie intégrante de la mission.
Ce qui nous rappelle l’existence des prophètes, hommes ou femmes. C’est-à-dire des personnes, inspirées, possédées par l’Esprit, et qui perçoivent le message évangélique avec d’autant plus d’acuité qu’il est déformé, oublié ou même méprisé. Donc, les prophètes dérangent. Ils apparaissent comme des casse-pieds. Voyez Amos. Il n’a cessé de dénoncer le formalisme d’une religion ritualiste toute extérieure et réclamé plus de justice sociale… (C’est l’occasion de faire plus ample connaissance : ce sont 10 pages, dans la Bible).
Un dernier point que je livre à votre réflexion : Savez-vous quand Marc situe l’épisode de l’envoi en mission ? Au lendemain de l’échec de Jésus à la synagogue de Nazareth, son village, où personne ne l’a cru. Il est venu parmi les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. Ses concitoyens les plus proches l’ont même foutu dehors… Or, le lendemain, il reprend le combat, il poursuit sa mission, il envoie des disciples. Matthieu ajoute même : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ».
Pourquoi dès lors s’étonner d’être un jour ou l’autre confronté à des oppositions ou à l’échec !
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2009
NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR
13 juillet, 2012http://www.zenit.org/article-31382?l=french
NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR
Massimo Introvigne tire le signal d’alarme
Anne Kurian et Océane le Gall
ROME, mercredi 11 juillet 2012 (ZENIT.org) – L’urgence manifestée par les tragédies répétées au Nigeria concerne tout le continent africain, affirme M. Introvigne, qui appelle l’Europe à « réagir ».
La violence vis-à-vis des chrétiens au Nigeria ne s’arrête pas : encore 50 personnes trouvées mortes dans une église du village de Matsai, et 90 autres après des attaques de groupes d’hommes armés qui ont fait irruption dans plusieurs villages de l’Etat du Plateau.
Responsabilité internationale
« Le temps des belles paroles, est terminé », déclare M. Introvigne : « Au contraire, en continuant à ne pas réagir, nous risquons tous de nous habituer à l’horreur et de voir ces nouvelles glisser dans les pages internes des journaux ».
Pour « réagir », poursuit-il, « il faut avant tout aider les forces de l’ordre nigérianes ». Une mission italienne a eu récemment lieu à ce titre au Nigeria, sous la direction de l’envoyée spéciale pour les urgences humanitaires, Margherita Boniver.
La mission a notamment proposé une collaboration bilatérale en matière de sécurité, que l’Observatoire italien est appelé à faire connaître et approfondir.
Mais l’Italie ne suffit pas, estime M. Introvigne, il faut que l’Europe réagisse. En outre, ajoute-t-il, « il faut se rendre compte que l’urgence n’est pas nigériane mais continentale ».
« L’Union Africaine et les autres organisations internationales doivent prendre acte que les massacres de chrétiens en Afrique est une des grandes urgences humanitaires du siècle, et travailler à une stratégie régionale qui isole et stoppe les foyers idéologiques et militaires du terrorisme anti-chrétien », insiste-t-il.
Pour M. Introvigne, la terreur et la haine partent des zones contrôlées par Al-Qaïda, au Mali et en Somalie, et s’étendent aux chrétiens de tout le continent.
Il donne des chiffres: «Depuis le début de l’année, chaque dimanche au Nigeria, se répète un rite obscène et macabre où les chrétiens qui se rendent à l’église sont massacrés par le mouvement ultra-fondamentaliste islamiste Boko Haram et ses complices. On compte plus de 600 morts en 2012, et plus de 10.000 ces douze dernières années ».
Des massacres « annoncés »
Il estime que les massacres du week end dernier, sont des « massacres annoncés », selon un rituel « macabre et obscène » du mouvement Ultra fondamentaliste islamique Boko Haram, qui, chaque dimanche, depuis le début de l’année, massacre des fidèles qui vont à la messe.
Sur place, Jonah Jang, le gouverneur de l’Etat du Plateau a proclamé le couvre-feu nocturne, avec effet immédiat dans quatre régions de l’Etat, déjà théâtre par le passé de très graves tensions de nature ethnique et religieuse. Pour sa part, le président du sénat nigérian, David Mark, ha condamné ce nouvel « assassinat » , affirmant : « Comme nation, nous devons nous élever contre ceux qui veulent revenir à l’état sauvage, où la vie n’a aucune valeur »
Les villages attaqués dans la nuit de samedi à dimanche dernier sont, selon la BBC, les villages de : Dogo, Kai, Kakuruk, Kuzen, Kogoduk, Kpapkpiduk, Kufang, Ngyo et Ruk.
Les autorités nigérianes accusent les bergers Fulani, une tribu de religion musulmane, d’être à l’origine de cette nouvelle vague de violence. Pour les représentants des Fulani, les responsables des attaques sont à rechercher parmi les militaires.
Aspect ethnique
Dans un entretien à l’agence Fides, l’archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale du Nigeria, Mgr Ignatius Ayau Kaigama, affirme que l’origine des tensions est de nature économique et qu’elle est à rechercher dans les heurts entre agriculteurs et bergers. « C’est un vieux problème qui n’a pas encore été résolu », a-t-il commenté, lors de son passage à Rome.
« Les bergers Fulani se sentent victimes d’une injustice parce que leur bétail a été tué ou volé et qu’ils ne reçoivent aucun dédommagement pour les pertes subies », explique Mgr Kaigama. « Je pense que la colère qui est à l’origine de cette situation les pousse à attaquer de cette manière horrible ».
Mais selon l’archevêque, la violence a aussi un aspect ethnique, fruit de heurts entre les Fulani, à majorité musulmane, et les Birom, essentiellement chrétiens.
« Les disputes entre ces deux groupes durent depuis très longtemps », a-t-il ajouté, sans exclure néanmoins la possibilité d’une origine politique à ces attaques, divers agresseurs ayant été trouvés habillés d’uniformes militaires.