Archive pour juin, 2012

Vierge et l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant

22 juin, 2012

Vierge et l'Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant dans images sacrée 925_di00925

http://www.lombardiabeniculturali.it/opere-arte/schede/D0090-00925/

Esaïe 49/1-6 : Le rouleau du prophète Esaïe. (première lecture)

22 juin, 2012

http://jbesset.blogspot.it/2011/01/normal-0-21-esaie-491-6-le-serviteur-de.html

Esaïe 49/1-6 :

Le rouleau du prophète Esaïe.

Les voies du Seigneur sont bien étranges ! Il se produit parfois dans la vie du croyant des moments où il ne trouve plus de cohérence entre sa foi en Dieu et les événements qu’il est en train de vivre. Des questions surgissent et restent sans réponse. Pire encore, les réponses qu’il trouve en Dieu sont tellement provocantes que c’est sa relation avec Dieu qui s’en trouve bousculée.
Sans doute certains d’entre nous se ont-ils rencontré de telles situations si bien qu’ils risquent de trouver un certain intérêt dans la suite de ce propos.
Ici, il s’agit du prophète lui-même qui ne trouve plus de cohérence entre le message qu’il est sensé délivrer et la foi en ce Dieu qui l’a mandaté. Il se sent mis en cause par le message dont il est chargé
« c’est pour rien que je me suis fatigué, c’est pour le chaos, la futilité que j’ai épuisé ma force. » Voilà la conclusion de sa réflexion.
L’homme qui parle ainsi est un prophète a succès. C’est un homme qui se sait choisi par Dieu dès le sein de sa mère. Ils ne sont pas nombreux dans l’Ecriture ceux qui peuvent revendiquer un tel privilège. Sa bouche a été formée pour prononcer la parole de Dieu tel un glaive acéré. Il se sait avoir été visité par l’esprit vivifiant du Seigneur. Il a porté à la face de son peuple des paroles qui ont suscité une vague d’espérance sans précédent et voici que le message dont il est chargé devient incohérent à ses propres oreilles. Il ne distingue plus où l’esprit du Seigneur le pousse.
Cet homme n’est pas désabusé par un long ministère infructueux, et sa morosité n’est pas l’expression de son échec intérieur. Tout son désarroi découle du texte que nous venons de lire. La bonne nouvelle qu’il est sensé porter semble avoir changée de nature. Il ne doit pas prêcher seulement la fin de l’exil et le retour à la prospérité. Il doit aussi parler de justice et d’équité. Le Dieu dont il doit porter le message est différent du Dieu en qui ses contemporains espèrent. Si Dieu libère son peuple, il prend également soin des pauvres et des égarés. Le prophète comprend qu’il ne doit pas être seulement un prédicateur à succès mais qu’il doit aussi donner un autre ton à son message. Une telle évolution dans sa manière de penser va mettre sa vie en cause, peut être pressent-il qu’il en mourra ? Nulle ne saurait le dire car l’Ecriture garde ses secrets.
Le prophète Esaïe dont il est question ici est l’autre Esaïe. Il s’agit de celui que les gens instruits en matière d’Ecritures appellent le Deutéro-Esaïe qui vivait 150 ans après celui dont le Livre du prophète porte le nom. Nous l’appelons « Deuxième Esaïe » parce que les chapitres qui lui sont consacrés font suite à ceux de l’autre prophète, ils ont été transmis sur le même rouleau, et c’est parce que nous ne connaissons pas son nom qu’on lui a donné celui du précédant tant il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches. On trouve ses récits à partir du chapitre 40 jusqu’au chapitre 55. La teneur de son message est de la même veine que le premier Esaïe c’est pourquoi on les a parfois confondus. Le premier vivait à l’époque royale et le second vivait pendant l’exil.
Nous avons lu ses propos désabusés sur lui-même. Il est conscient de sa vocation de prophète. Il a été choisi dès le ventre de sa mère pour apporter une bonne nouvelle au peuple. Il a exprimé cette bonne nouvelle en annonçant le retour des exilés dans leur terre d’origine. Il est le premier à discerner un changement dans le comportement des puissants. Il a pressenti le premier, que Dieu allait se servir d’un chef conquérant pour restaurer l’ancien royaume d’Israël. Il a vu dans celui dont l’étoile s’est levée en Perse le bras armé de Dieu pour favoriser le retour des exilés: Cyrus. Il vole de victoires en victoires, déjà il est aux portes de Babylone. On l’acclame comme sauveur, il est salué du titre de fils de Marduk, le grand Dieu. Sa générosité proverbiale alimente les chroniques. Il maintient en vie les princes vaincus qu’il astreint à résidence dans un palais où ils coulent des jours paisibles. Il respecte la religion des pays vaincus, il restaure les cultes abolis. Esaïe prédit le retour de ses contemporains chez eux grâce à Cyrus qu’il salue du titre de « messie » réservé jusque là aux rois d’Israël.
Telle était la mission qu’il avait reçue de Dieu telle est la mission qu’il a accomplie. Pourquoi rechigner ? Pourquoi maintenant ce ton désabusé ? Parce que, comme tous les penseurs, il doit mettre de l’ordre dans ses pensées. Il doit mettre en accord le message que Dieu lui inspire avec les événements du moment car Dieu ne parle pas d’une manière abstraite.. L’euphorie du retour ne suffit pas. Il lui faut parler de justice, de droits du plus faible.
Depuis la chute de Jérusalem ses contemporains se sont posés beaucoup de questions sur le sens des événements. Ils se sont interrogés sur le sens de la souffrance. Y a-t-il une relation de cause à effet entre les fautes et les souffrances. Celles-ci sont-elles l’effet du châtiment de Dieu sur les fautes commises jadis à l’époque de la prospérité ? Dieu les fait-il souffrir en exil pour payer les fautes de leurs dirigeants. Dieu peut-il infliger un châtiment aux innocents? Sont-ils tous coupables ? Est-il concevable que le Dieu de justice ait un rôle à jouer dans les souffrances ?
Maintenant que la promesse du retour se fait jour, Le prophète ne peut plus escamoter les vraies questions que tous se posent depuis si longtemps. Dieu joue-t-il un rôle dans la souffrance des hommes et en particulier dans la souffrance des innocents ? Les réponses du prophète seront mal perçues et on l’ accusera de tenir des propos inacceptables. On l’accusera de modifier le message de Dieu.
Sachant ce que les mots veulent dire, sachant ce que Dieu lui a donné de comprendre, le prophète sait quel accueil recevra son message ! Il sait que son confrère Ezechiel a été pris pour un fou quand il a essayé d’aborder de telles questions. Il sait que tout propos mettant en cause la nature de Dieu suffira à déclencher l’hostilité contre lui. De prophète de bonheur, il va devenir prophète provocateur et la violence se retournera contre lui.
Il tend le dos, il résiste à ceux qui lui arrachent la barbe, il se laisse malmener par ceux qui l’écoutent. Il est traîné comme une brebis que l’on tond, comme un agneau que l’ on égorge. C’est dans son propre martyr qu’il prend conscience de la vérité, et la vérité ne fait pas plaisir à entendre. Alors qu’il est victime de la colère des hommes pour avoir mal parlé de Dieu selon eux, alors qu’il subit leurs violences il découvre que son compagnon d’infortune c’est Dieu lui-même. Dieu quitte sa gloire pour venir souffrir des coups qu’on lui porte et quand on lui arrache la barbe c’est la barbe de Dieu que l’on arrache.
Il affirme donc que la souffrance n’est pas voulue par Dieu mais qu’elle est ressentie par lui comme autant de coups qu’on lui porte. Dieu vient prêter main forte à celui qui lutte contre les injustices que subissent les hommes en venant partager leurs combats. Le Messie tant attendu par Israël ne sera pas Cyrus. Cyrus ne sera que le souverain politique, le vrai Messie d’Israël c’est celui qui vient souffrir avec eux et partager les détresses des plus démunis. Mais quel est ce Dieu qui se révèle ainsi ? Quel sens peut prendre notre foi en un tel Dieu ?
Le prophète persécuté va alors écrire quatre poèmes où il développe le portrait du Messie qu’il décrit comme compatissant à la souffrance humaine( 1). Cinq siècles avant Jésus, un prophète anonyme lui avait donc déjà balisé le chemin sur la terre de Babylone. Désormais, il faudra que l’on s’habitue à cette nouvelle conception de Dieu.
Dieu choisit désormais de se manifester, non pas par des miracles spectaculaires mais en pénétrant l’humanité qu’il travaille de l ’intérieur pour surmonter avec chaque individus les épreuves qu’il traverse. Ainsi conforté par cette présence de Dieu à ses côtés l’homme ne sera plus démuni quand le destin l’accablera. Il trouvera le regard bien veillant de Dieu, il sentira sa main sur son épaule, il pourra puiser dans la force de son esprit l’énergie dont il aura besoin et il trouvera l’éternité au bout de son chemin.

(1) les chants du Serviteur Souffrant se trouvent Esaïe 42/1-9 ; Esaïe 49/1-7 ; Esaïe 50/ 4-11 et Esaïe 52/13-53/12

Homélie de la Nativité de Jean Baptiste

22 juin, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie de la Nativité de Jean Baptiste

(Prononcée le 24 juin 2001, les évènements cités sont de cette époque)

La veille : Jr 1, 4-10 ; 1 P 1, 8-12 ; Lc 1, 5-17 – Le jour : Is 49, 1-6 ; Ac 13, 22-26 ; Lc 1, 57-66, 80

Il y a quelques jours, sur la Une, le journaliste de service annonçait la mort de René Dumont, qu’il présentait comme un prophète de l’écologie politique, un visionnaire et un pionnier. Certains journaux y ont ajouté le qualificatif de précurseur. Celui qu’on avait surnommé l’ »agronome de la faim » le fut en effet dans le combat contre le gaspillage des ressources naturelles. Ceux que l’on considère d’abord comme des fous et même des fous dangereux, par la suite, après les critiques, les persécutions et le calvaire, sont souvent qualifiés de héros.
Quelques jours plus tôt, Paris recevait ce déjà célèbre Indien du Brésil, Araoni, chef de la tribu des Kayapoca, dont la bouche à plateau rouge est le signe distinctif des volontaires prêts à mourir pour leur terre. Ils combattent pour les pauvres et pour la sauvegarde de la planète, David contre Goliath. Or, nous savons que la défense des pauvres et des faibles, celle des droits de la personne humaine, ont leurs prophètes et leurs martyrs. A fortiori si, comme dans la Bible, la cause de l’humain et celle de la création sont inspirées par la cause de Dieu et font corps avec elle.
La fête de S. Jean Baptiste le rappelle aux chrétiens et aux musulmans qui, eux aussi, le vénèrent comme grand prophète et précurseur de l’Islam. Sa tombe est d’ailleurs conservée à Damas, dans une mosquée.
L’ensemble des textes liturgiques de la vigile et de la fête nous font découvrir la vocation prophétique à travers celles de Jérémie et d’Isaïe. Ce qui nous permet de mieux comprendre non seulement celle de Jean Baptiste, mais aussi la nôtre. Car il y a des vocations de prophètes parmi nous.
Prenons Isaïe. C’est un homme ardent, décidé, intrépide, concret. Non pas un révolutionnaire, mais un réformateur. Les discours théologiques ne sont pas sa tasse de thé. Ses grandes préoccupations sont sociales. Il manie la Parole comme un glaive à deux tranchants pour dénoncer le luxe, l’oisiveté et l’arrogance des puissants, l’orgueil de la nation et de ses responsables, la corruption des juges et toutes les injustices commises au détriment des plus faibles. Il ne cesse de harceler les classes dirigeantes pour qu’elle pratiquent enfin la justice. Il avait vu trop clair. Il deviendra gênant. Il finira de mort violente. Probablement scié en deux, sur l’ordre du roi de Judas (Osty, 2 R 21, 16). Il n’y a pas de quoi s’étonner : Jean Baptiste sera décapité, Jésus crucifié… Et cela continue.
Isaïe et Jérémie furent tous deux des semeurs et non pas des moissonneurs. Jean Baptiste aussi. Fils de prêtre, il conteste le rôle du Temple et du sacerdoce. Pas question donc pour lui de marcher sur les traces de son papa. De plus, il n’est pas le seul à critiquer les impuretés légales et le système des ablutions qu’il fallait régulièrement pratiquer, simplement parce qu’on avait parlé à un païen ou touché un mort. Comme d’autres jeunes des mouvements baptistes de l’époque, il trouvait hypocrites les sacrifices qu’il fallait offrir pour obtenir le pardon de ses péchés. Avec d’autres, il voulait une véritable conversion en profondeur et manifestée par une transformation du comportement.
C’est pourquoi on le verra réclamer le partage avec les démunis, l’honnêteté professionnelle, le respect d’autrui, la réduction des rites pour se contenter d’un seul baptême. Non pas magique ni purement rituel, mais conditionné par la confession de ses péchés pour commencer une vie nouvelle. Et plus question désormais d’exclure les collecteurs d’impôts, les prostituées, les immigrés, les militaires. Jean annonçait ainsi une voie religieuse originale par rapport au judaïsme officiel qui, lui, était centré sur le Temple de Jérusalem, la pratique des rites et des sacrifices. Mais Jean ne se prendra pas pour la « lumière » ni le Messie. Tout en restant ouvert à l’inattendu et sans être sûr de rien.
Jésus va se manifester dans les mêmes perspectives générales et cependant différentes. Jean annonce le châtiment, Jésus propose la miséricorde. Jean multiplie les austérités, Jésus partage sa table avec les pécheurs. Jean utilise l’image apocalyptique de la moisson toute proche, Jésus, lui, parle de semences. Et si Jean annonce le Messie, il n’arrive pas vraiment à le reconnaître : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». Mais, sans être sûr à cent pour cent, il a quand même été capable de reconnaître l’agneau de Dieu au milieu des hommes et des femmes de son temps, qui, eux, ne s’en étaient même pas aperçu. Jean Baptiste, dira S. Augustin, est « un personnage de l’Antiquité et le héraut de la nouveauté » (Bréviaire 24 juin 1116).
Mais les prophètes ne sont pas seulement des hommes et des femmes du passé. Par le baptême et la confirmation, nous sommes introduits dans « un peuple de prophètes », c’est-à-dire de témoins, chacun selon ses capacités, ses talents, la place qu’il occupe, les responsabilités qu’il doit assumer. Le prophétisme est l’un des services de communauté. Par sa foi, le prophète cherche à découvrir et à reconnaître la présence et l’action de Dieu ou de l’Esprit dans les évènements de la vie ordinaire, qu’ils soient politiques, économiques, culturels, religieux ou sociaux. Le prophète est attentif à tout ce qui se passe, c’est-à-dire aux signes du temps présent.
Il s’agit de les lire et de les interpréter dans la foi, pour que la Bonne Nouvelle de l’Evangile puisse s’incarner dans des situations nouvelles, dans un langage nouveau. Le prophète ne vit pas dans la nostalgie d’un passé qui est mort ou en train de mourir. Il est donc attentif à toutes les questions, à tous les défis de son temps et il est capable de chercher des réponses avec d’autres, y compris des non chrétiens. C’est un don de l’Esprit, un charisme. Une vocation à hauts risques.
Il y a donc des prophètes et des prophétesses parmi les baptisés confirmés. Ils ne doivent pas pour autant être prêtres ou théologiens, ni spécialisés dans quelque domaine que ce soit. « Oh ! Seigneur, disait Jérémie, je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant ». « Je mettrai dans ta bouche mes paroles, dit le Seigneur. » Il faut donc apprendre à entendre les prophètes et oser les écouter. Sachant, comme l’écrit Mgr Rouet, que l’ »intelligence de la foi, ce n’est pas simplement la répétition des réponses, mais aussi la recherche innovante des chemins de la foi ».

Saint Jean Baptiste, priez pour nous, aidez-nous.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Aujourd’hui Saint-Lazare, (oui! Est-ce de l’Evangile)

21 juin, 2012

Aujourd'hui Saint-Lazare, (oui! Est-ce de l'Evangile) dans images sacrée



http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=90469&pic=90469F.JPG&dispsize=Original&start=0

Prières de l’été

21 juin, 2012

http://arras.catholique.fr/page-19385.html

Prières de l’été

Ce temps pour reprendre souffle devient occasion de s’ouvrir à d’autres,de s’ouvrir au Dieu de Jésus-Christ. Un jour, quelque part, alors qu’il priait, ses disciples s’approchèrent de lui pour lui demander d’apprendre à prier. Puissent ces quelques prières partagées aider à nous tounrer vers Dieu, chacun avec sa sensibilité de fils et fille de Dieu.

Béni sois-tu, Seigneur!

Béni sois-tu, Seigneur, pour le matin triomphant
Qu’annonce le concert innombrable des oiseaux,
Pour la pluie qui claironne la joie d’un jour nouveau,
Pour l’odeur du foin fraîchement coupé
Et pour le bourdon qui fait écho à la cloche de l’église.

Béni sois-tu, pour le murmure de la source
Pour les montagnes, roses et bleues,
Et pour l’alouette dont le vol se perd dans le firmament,
Pour la chaude caresse du soleil, pour les genêts éclatants
Et pour la lavande mauve, pour la fourmi laborieuse
et pour l’abeille bourdonnante et affairée ( … )
Pour l’olivier qui scintille dans la gloire de midi…

Béni sois-tu, pour la lumière tamisée du soir
Qui pose comme un voile diaphane sur la montagne
Pour la brise fraîche et parfumée de la nuit,
Pour le rossignol émerveillé.
Béni sois-tu pour tous les sourires du monde
que tu nous as façonnés avec art et tendresse
Et que nous ne savons plus, bien souvent, contempler.

Pour l’allégresse du matin, bénis sois-tu…
Dans ce texte, Anne-Marie, lectrice de la revue Prier, livre ici une prière à la tonalité poétique, librement inspirée du Cantique des Créatures de saint François d’Assise. Comme le poverello, elle sait voir la main de Dieu derrière toues choses: les variations de la lumière, la caresse du soleil, les animaux dans leur merveilleuse diversité, le bruit exquis dune source jaillissante. Une hymne à la nature qui nous invite à profiter des proches vacances pour prendre le temps de louer Dieu dans sa création.

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI : AUDIENCE DU MERCREDI 20 JUIN 2012

21 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31195?l=french

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI : AUDIENCE DU MERCREDI 20 JUIN 2012

Le « mystère inconnu » de Dieu est révélé

ROME, mercredi 20 juin 2012 (ZENIT.org) – « Le ‘mystère inconnu’ de Dieu est révélé : Dieu nous aime, il nous aime depuis le début, depuis l’éternité » et « il n’exclut personne », déclare Benoît XVI. Dans la prière, on apprend à être avec Dieu et à voir les signes de son dessein d’amour, explique le pape en substance.
Benoît XVI a en effet poursuivi sa catéchèse hebdomadaire sur la prière dans les Lettres de saint Paul, au cours de l’audience qui a rassemblé quelque 8 000 visiteurs, ce mercredi 20 juin, en la salle Paul VI du Vatican.
Après la catéchèse, le pape a lancé un appel à ce que cessent les violences dirigées en particulier contre les chrétiens au Nigeria.


Catéchèse de Benoît XVI en italien :


Chers frères et sœurs,
Notre prière est très souvent une demande d’aide dans les nécessités. Et c’est normal pour l’homme, parce que nous avons besoin d’aide, nous avons besoin des autres, et nous avons besoin de Dieu. Il est donc normal pour nous de demander quelque chose à Dieu, de chercher de l’aide auprès de lui ; nous devons garder présent à l’esprit que la prière que le Seigneur nous a enseignée, le « Notre Père », est une prière de demande, et par cette elle le Seigneur nous enseigne quelles sont les priorités de notre prière ; il nettoie et purifie nos désirs et ainsi nettoie et purifie notre cœur. S’il est donc normal que, dans notre prière, nous demandions quelque chose, il ne devrait pas en être exclusivement ainsi. Il y a aussi des motifs de remerciements et, si nous sommes un peu attentifs, nous voyons que nous recevons beaucoup de bonnes choses de Dieu ; il est si bon avec nous qu’il convient, qu’il est nécessaire, de dire merci. Et cela doit aussi être une prière de louange : si notre cœur est ouvert, nous voyons aussi, malgré tous les problèmes, la beauté de la création, la bonté qui se manifeste dans sa création. Nous devons donc non seulement demander, mais aussi louer et remercier : c’est seulement comme cela que notre prière est complète.
Dans ses Lettres, non seulement saint Paul parle de la prière, mais il rapporte des prières de demande bien sûr, mais aussi de louange et de bénédiction pour tout ce que Dieu a fait et continue de réaliser dans l’histoire de l’humanité.
Je voudrais aujourd’hui m’arrêter au premier chapitre de la Lettre aux Ephésiens, qui commence justement par une prière, qui est un hymne de bénédiction, l’expression de remerciements, de la joie. Saint Paul bénit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu’en lui il nous a fait « connaître le mystère de sa volonté » (Ep 1, 9). Vraiment, nous avons un motif de rendre grâce si Dieu nous fait connaître ce qui est caché : sa volonté avec nous, pour nous : « le mystère de sa volonté ».
« Mysterion », « Mystère » : c’est un mot qui revient souvent dans l’Ecriture sainte et dans la liturgie. Je ne veux pas maintenant faire de la philologie mais, dans le langage commun, cela indique ce qui ne peut pas être connu, une réalité que nous ne pouvons pas saisir par notre intelligence. L’hymne qui ouvre la Lettre aux Ephésiens nous conduit par la main vers une signification plus profonde de ce terme et de la réalité qu’il recouvre. Pour les croyants, « mystère » n’est pas tant l’inconnu que la volonté miséricordieuse de Dieu, son dessein d’amour qui, en Jésus-Christ, s’est révélé pleinement et qui nous offre la possibilité de « comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur » et de connaître « l’amour du Christ » (Ep 3, 18-19). Le « mystère inconnu » de Dieu est révélé : Dieu nous aime, il nous aime depuis le début, depuis l’éternité.
Arrêtons-nous donc un peu à cette prière solennelle et profonde. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ » (Ep 1, 3). Saint Paul utilise le verbe « euloghein », qui traduit généralement le terme hébreu « barak » : il signifie louer, glorifier, remercier Dieu le Père, source des biens du salut, celui qui « nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ ».
L’apôtre remercie et loue, mais il réfléchit aussi sur les motifs qui poussent l’homme à cette louange, à ce remerciement, et il présente les éléments fondamentaux du plan divin et ses étapes. Avant tout, nous devons bénir Dieu le Père parce que, écrit saint Paul, il « nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (v 4). Ce qui nous rend saints et immaculés, c’est la charité. Dieu nous a appelés à l’existence, à la sainteté. Et ce choix précède même la création du monde. Depuis toujours, nous faisons partie de son plan, nous sommes dans sa pensée. Avec le prophète Jérémie, nous pouvons affirmer nous aussi qu’avant d’être formés dans le sein de notre mère, il nous connaissait (cf. Jr 1, 5) ; et, nous connaissant, il nous a aimés. La vocation à la sainteté, c’est-à-dire à la communion avec Dieu, appartient au dessein éternel de ce Dieu, un dessein qui s’étend dans l’histoire et qui comprend tous les hommes et toutes les femmes du monde, parce que c’est un appel universel. Dieu n’exclut personne, son projet n’est qu’amour. Saint Jean Chrysostome affirme : « Il nous a fait saints, mais il faut rester saints. Saint est celui qui a part à la foi » (Homélie sur la Lettre aux Ephésiens, 1, 1-4).
Et saint Paul continue : Dieu nous a prédestinés, il nous a élus pour être « fils adoptifs par Jésus-Christ », pour être incorporés dans son Fils unique. L’apôtre souligne la gratuité de ce merveilleux dessein de Dieu sur l’humanité. Dieu nous choisit, non pas parce que nous sommes bons, mais parce que Lui est bon. Dans l’antiquité, on disait de la bonté : bonum est diffusivum sui ; le bien se communique, cela fait partie de l’essence du bien de se communiquer, de se diffuser. Et parce que Dieu est bonté, il est communication de bonté, il veut communiquer ; il crée parce qu’il veut nous communiquer sa bonté et nous rendre bons et saints.
Au centre de la prière de bénédiction, l’apôtre illustre la manière dont se réalise le plan du salut de notre Père dans le Christ, dans son Fils bien-aimé. Il écrit : « En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce » (Ep 1, 7). Le sacrifice de la croix du Christ est l’événement unique et inégalable par lequel le Père a montré de façon lumineuse son amour pour nous, non seulement par des paroles, mais de manière concrète. Dieu est si concret et son amour est si concret qu’il entre dans l’histoire, il se fait homme pour sentir ce que c’est que de vivre dans ce monde créé, et il accepte de prendre le chemin de la souffrance de la passion et de subir la mort. L’amour de Dieu est si concret qu’il ne participe pas seulement à notre être mais à notre souffrance et à notre mort. Le sacrifice de la croix fait que nous devenons « propriété de Dieu », parce que le sang du Christ nous a rachetés de la faute, nous lave du mal, nous arrache à l’esclavage du péché et de la mort.
Saint Paul invite à considérer la profondeur de l’amour de Dieu qui transforme l’histoire, qui a transformé sa propre vie, faisant du persécuteur des chrétiens un apôtre infatigable de l’Evangile. Laissons résonner encore une fois les paroles rassurantes de la Lettre aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ?… Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances,ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 31-32.38-39). Cette assurance – Dieu est pour nous, et aucune créature ne peut nous séparer de lui, parce que son amour est plus fort – nous devons l’inscrire dans notre être, dans notre conscience de chrétiens.
Enfin, la bénédiction divine se termine par l’allusion à l’Esprit-Saint qui a été répandu dans nos cœurs ; le Paraclet que nous avons reçu comme le sceau de la promesse, lui « qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire » (Ep 1, 14). La rédemption n’est pas encore achevée, nous le sentons bien, mais elle aura son plein achèvement quand ceux que Dieu s’est acquis seront entièrement sauvés. Nous sommes encore sur le chemin de la rédemption, dont la réalité essentielle nous est donnée par la mort et la résurrection de Jésus. Nous sommes en chemin vers la rédemption définitive, vers la pleine libération des enfants de Dieu. Et l’Esprit-Saint est la certitude que Dieu portera à son achèvement son dessein de salut, quand il ramènera « toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres » (Ep 1, 10). Saint Jean Chrysostome fait ce commentaire : « Dieu nous a élus par la foi et il a imprimé en nous le sceau de l’héritage de la gloire à venir » (Homélie sur la Lettre aux Ephésiens 1, 11-14). Nous devons accepter que le chemin de la rédemption soit aussi notre chemin, parce que Dieu veut des créatures libres, qui disent « oui » librement ; mais c’est d’abord et surtout son chemin. Nous sommes dans ses mains et maintenant il appartient à notre liberté de marcher sur la route qu’il nous a ouverte. Nous marchons sur cette route de la rédemption, avec le Christ, et nous sentons que la rédemption se réalise.
La vision que saint Paul nous présente dans cette grande prière de bénédiction nous a amenés à contempler l’action des trois personnes de la Sainte Trinité : le Père, qui nous a choisis avant la création du monde, qui a pensé à nous et nous a créés ; le Fils qui nous a rachetés par son sang et le Saint-Esprit qui est le gage de notre rédemption et de notre gloire future. Dans une prière constante, dans un rapport quotidien avec Dieu, nous apprenons nous aussi, comme saint Paul, à entrevoir toujours plus clairement les signes de ce dessein et de cette action : dans la beauté du créateur, qui apparaît dans ses créatures (cf. Ep 3, 9), comme le chante saint François d’Assise : « Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures » (FF 263).
Il est important d’être attentifs, en particulier maintenant, et pendant la période des vacances, à la beauté de la création et de voir transparaître dans cette beauté le visage de Dieu. Dans leur vie, les saints montrent de manière lumineuse ce que peut faire la puissance de Dieu dans la faiblesse de l’homme. Et il peut aussi le faire pour nous. Dans toute l’histoire du salut, où Dieu s’est fait proche de nous et attend patiemment notre heure, il comprend nos infidélités, il encourage nos efforts et nous guide.
Dans la prière, nous apprenons à voir les signes de ce dessein miséricordieux dans le cheminement de l’Eglise. Nous grandissons ainsi dans l’amour de Dieu, ouvrant la porte afin que la Sainte Trinité vienne habiter en nous, éclaire, réchauffe et guide notre existence. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons chez lui notre demeure» (Jn 14, 23), dit Jésus, en promettant aux disciples le don de l’Esprit-Saint qui leur enseignera toute chose. Saint Irénée a dit une fois que, dans l’Incarnation, l’Esprit-Saint s’était habitué à être dans l’homme. Dans la prière, nous devons nous habituer à être avec Dieu. C’est très important, que nous apprenions à être avec Dieu car ainsi nous voyons combien il est beau d’être avec lui, et c’est cela la rédemption.
Chers amis, quand la prière nourrit notre vie spirituelle, nous devenons capables de conserver ce que saint Paul appelle « le mystère de la foi » avec une conscience pure (cf. Tm 3, 9). La prière, qui est une « habitude » d’être avec Dieu, engendre des hommes et des femmes animés non pas par l’égoïsme, le désir de posséder, la soif du pouvoir, mais par la gratuité, le désir d’aimer, la soif de servir, c’est-à-dire animés par Dieu ; et c’est seulement ainsi que l’on peut apporter la lumière dans l’obscurité de ce monde.
Je voudrais conclure cette catéchèse par l’épilogue de la Lettre aux Romains. Avec saint Paul, nous aussi nous rendons gloire parce qu’en Jésus-Christ il nous a donné tout ce qu’il est et il nous a donné le Consolateur, l’Esprit de vérité. Paul écrit, à la fin de la Lettre aux Romains « A Celui qui a le pouvoir de vous affermir conformément à l’Evangile que j’annonce en prêchant Jésus Christ, révélation d’un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels,mais aujourd’hui manifesté, et par des Ecritures qui le prédisent selon l’ordre du Dieu éternel porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi ;à Dieu qui seul est sage, par Jésus Christ, à lui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen » (16, 25-27). Merci.
Synthèse en français de la catéchèse :
Chers frères et sœurs,
Notre prière devrait être surtout louange, remerciement, action de grâce à Dieu qui est Père, et nous montre chaque jour son amour. En écrivant aux Éphésiens, saint Paul bénit Dieu de nous avoir fait connaître en Jésus-Christ le mystère de sa volonté (cf. 1, 9). Pour les croyants, ce mystère n’est pas l’inconnu, mais la volonté miséricordieuse de Dieu, son dessein d’amour qui permet de comprendre avec tous les saints, … et de connaître l’amour du Christ (cf. 3, 18). Les motifs de la bénédiction sont le choix gratuit de Dieu qui nous a appelés à l’existence, à la sainteté dans la vie chrétienne, et à le servir dans l’Église. Nous sommes depuis toujours dans le dessein de Dieu, qui n’exclut personne. Il nous a créés par amour. Cet amour nous rend bons, nous sanctifie et nous sauve. Le plan du Salut passe par la souffrance de la passion et le sacrifice du Christ sur la croix. Par lui nous sommes rachetés et devenons ‘propriété de Dieu’. Saint Paul nous entraîne à découvrir la profondeur de l’amour de Dieu qui transforme l’histoire, et qui a fait de lui, l’ancien persécuteur des chrétiens, un apôtre de l’Évangile. L’Esprit Saint nous a été donné pour que la Rédemption réalisée par le Christ se poursuive jusqu’à son plein accomplissement. Comme membres du Corps du Christ, nous marchons vers la pleine liberté des fils de Dieu, et le jour promis où Dieu sera tout en tous. Rendons-Lui grâce car son amour nous appelle tous à la communion avec Lui !

Salutations en français :
Je salue les pèlerins francophones, en particulier le groupe de l’École de la Croix de Paris. Que la prière nous aide à contempler le grand mystère d’amour de Dieu à l’œuvre dans l’histoire de l’humanité et dans notre vie personnelle. Bon pèlerinage à tous!

Appel de Benoît XVI pour la paix au Nigeria:
Je suis avec une grande préoccupation les nouvelles qui arrivent du Nigeria, où les attentats terroristes dirigés surtout contre les fidèles chrétiens continuent. Alors que j’élève ma prière pour les victimes et pour toutes les personnes qui souffrent, j’adresse un appel aux responsables des violences, afin que cesse immédiatement l’effusion de sang de tant d’innocents. Je souhaite, en outre, la pleine collaboration de tous les acteurs sociaux du Nigeria, pour qu’on renonce à la voix de la vengeance et que tous les citoyens coopèrent à l’édification d’une société pacifique et réconciliée, dans laquelle soit réellement protégé le droit de professer librement sa foi.

Traduction de Zenit, par Hélène Ginabat

St Louis de Gonzague, Jésuite (Ou Saint-Louis, patron de la jeunesse, fais de moi un ange comme toi)

20 juin, 2012

 St Louis de Gonzague, Jésuite (Ou Saint-Louis, patron de la jeunesse, fais de moi un ange comme toi) dans images sacrée

http://www.collezione-online.it/san_luigi_gonzaga_santino.htm

21 juin : St Louis de Gonzague, Jésuite († 1591) – Mémoire

20 juin, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20120621&id=11331&fd=0

21 juin : St Louis de Gonzague, Jésuite († 1591) – Mémoire

Saint Louis de Gonzague naquit en l’an 1568, d’une famille princière d’Italie. Avant sa naissance, sa mère, en danger de mort, avait fait vœu de consacrer son enfant à Notre-Dame de Lorette, si elle obtenait une heureuse délivrance. Encore au berceau, s’il se présentait un pauvre, Louis pleurait jusqu’à ce qu’on lui eût fait l’aumône ; son visage respirait un tel air de vertu, que ceux qui le portaient dans leurs bras croyaient tenir un Ange.
À l’âge de cinq ans, il avait retenu et répété quelques paroles grossières qu’il avait entendues sortir de la bouche des soldats de son père, sans les comprendre; il en fut repris et en montra tant d’horreur, qu’il pleura cette faute, la plus grande de sa vie, et qu’il en fit pénitence jusqu’à la mort. Le père de Louis, qui songeait à la fortune de son fils, l’envoya successivement chez plusieurs princes, en qualité de page ; mais Dieu, qui avait d’autres vues, voulait ainsi montrer ce jeune Saint aux cours d’Europe, pour leur faire voir que la piété est de toutes les conditions, et l’innocence de tous les âges. Dans ces milieux mondains où il vivait comme n’y vivant pas, ses progrès dans la sainteté furent surprenants.
À huit ou neuf ans, il fit le vœu de virginité perpétuelle ; sa délicatesse était si angélique, que jamais il ne regarda une femme en face, pas même sa mère ; jamais il ne permit à son valet de chambre de l’aider à s’habiller, et sa pudeur était si grande, qu’il n’osa même pas lui laisser voir le bout de ses pieds nus. Vers l’âge de onze ans, il fit sa Première Communion des mains de saint Charles Borromée.
À seize ans, il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Peu de vocations ont été aussi éprouvées que la sienne : son père fut pour lui, pendant quelques temps, d’une dureté sans pareille ; mais il dut enfin céder devant la volonté de Dieu, et Louis entra au noviciat des Jésuites, à Rome. Il y parut dès les premiers jours comme un modèle digne d’être proposé aux plus parfaits ; on vit en lui un prodige de mortification, un ange de pureté, une merveille d’amour de Dieu. La seule vue de Louis dissipait chez les autres les plus violentes tentations de la chair. Jamais il n’avait ressenti la concupiscence charnelle, et malgré cela il était cruel pour son propre corps à l’égal des Saints les plus austères.
Obligé par ses supérieurs, pour cause de santé, à ne pas se laisser absorber dans la pensée de Dieu, il devait s’écrier souvent, emporté par l’amour au-delà de l’obéissance :  » Éloignez-vous de moi, Seigneur !  » Louis reçut du Ciel l’annonce de sa mort et fut bientôt victime de sa charité pendant la peste de Rome, l’an 1591.
Son premier miracle après sa mort fut la guérison de sa mère, à laquelle il apparut souriant et resplendissant de gloire. Ce fut le signal d’une dévotion qui fut récompensée par de nombreux prodiges.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

PASTORALE DES « ROMS » : ÉDUQUER À L’AMOUR

20 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31181?l=french

PASTORALE DES « ROMS » : ÉDUQUER À L’AMOUR

Séminaire international sur l’intégration des Roms en Europe

Anne Kurian
ROME, mardi 19 juin 2012 (ZENIT.org) – La pastorale spécifique des Roms doit les « aimer et les éduquer à l’amour », pour qu’ils se sentent à la fois « pleinement insérés dans la société », et « reconnus et valorisés pour ce qui les caractérise », estime le P. Bentoglio.
Le P. Gabriele F. Bentoglio, sous-secrétaire du Conseil pontifical de la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, est intervenu lors du premier séminaire international sur les projets d’intégration des Roms en Europe centrale et orientale, ce matin, 19 juin.
La rencontre, intitulée “Ouvrir les portes” (Opening Doors), est organisée par la Commission pour la pastorale des migrants de la Conférence épiscopale hongroise et par “Renovabis”, organisation caritative catholique d’Allemagne. Elle a lieu en Hongrie, à Eger, du 19 au 21 juin 2012.
Eduquer à l’amour
Le P. Bentoglio a invité à réfléchir « sur une nouvelle forme de solidarité et d’accompagnement des Roms » fondée sur une « collaboration respectueuse plus explicite ».
La communauté Rom, a-t-il dénoncé, est la minorité la plus « désavantagée » en Europe : les Tziganes continuent à être « victimes de discrimination et même de « racisme ». Beaucoup vivent « en-dessous du seuil de pauvreté », dans des conditions misérables. Dans certains pays, leurs enfants leur sont soustraits, et les femmes soumises à des « stérilisations forcées ».
L’engagement de l’Eglise pour les Roms, a souligné le P. Bentoglio, est « différente de celle des Etats, qui est essentiellement de caractère politico-temporel » : les pouvoirs publics (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Conseil de l’Europe, Union européenne et autres ONG) promeuvent « de nombreuses mesures pour l’intégration des Roms ».
Mais l’Eglise, plus attentive à « l’être » qu’au « faire », rappelle que « pour les intégrer sans assimiler » il est nécessaire d’aimer et d’éduquer à l’amour, permettant ainsi aux Tziganes de se sentir à la fois « pleinement insérés dans la société », et « reconnus et valorisés pour ce qui les caractérise ».
Pour l’Eglise, a précisé le P. Bentoglio, les meilleures voies pour l’intégration sont donc « l’instruction scolaire et la formation professionnelle », dans le « respect de la légalité et des réglementations partagées ».
L’Eglise œuvre surtout en deux directions, a-t-il expliqué : d’une part en annonçant que « l’humanité est appelée à former une seule famille dans le respect des légitimes différences », et d’autre part en dénonçant « la violation des droits humains » là où elle existe.
Un pèlerinage mondial en 2015
En vue de l’avenir, le P. Bentoglio a détaillé les invitations de son dicastère pour cette pastorale des Roms.
Un pèlerinage mondial est prévu pour le 26 septembre 2015 – à l’occasion du 50e anniversaire de la visite de Paul VI au camp de Tziganes de Pomezia – : les Roms du monde entier sont invités à Rome, pour un pèlerinage qui culminera avec la messe présidée par le pape. Il s’agit de « donner une image positive » de leur peuple, précise-t-il.
Le dicastère encourage aussi le souci des « vocations d’origine Rom », en les préparant aux « devoirs pastoraux envers leur peuple », pour les aider à assumer le rôle de « pont » entre les diverses communautés.
Le P. Bentoglio a appelé à « valoriser la journée internationale des Roms », célébrée le 8 avril : elle est en effet une occasion de « célébrer leur culture, et de sensibiliser l’opinion publique sur leurs difficultés ». L’Eglise, a-t-il insisté, doit « participer aux initiatives promues par les organisations qui travaillent en faveur des Roms ».
La pastorale pour les Roms doit aussi « soutenir la formation de médiateurs », qui puissent « servir de canaux de communication entre les communautés Roms et la population majoritaire », et « favoriser une bonne préparation professionnelle, éradiquant la méfiance des Roms, et les préjugés persistants dans la société ».
Des activités « d’échange culturel entre les jeunes Tziganes » doivent être promues, a poursuivi le P. Bentoglio, notamment « favoriser des visites d’études, où ils peuvent rencontrer des jeunes de divers pays, pour les stimuler à acquérir une plus grande connaissance des autres cultures et à considérer leur identité à partir d’une nouvelle perspective ».
En outre, pour les jeunes, il est nécessaire de proposer des « activités de prévention » (volontariat, associations, groupes sportifs) pour « les arracher à l’inertie, au manque d’intérêt, à la drogue et à l’alcool », en créant davantage de centres de loisirs, d’études et de préparation professionnelle.
Enfin, les organisations humanitaires doivent penser à « organiser des initiatives de micro-crédit » pour les familles et communautés qui se montrent « le plus en mesure de les utiliser en faveur de leur ethnie », a précisé le P. Bentoglio.
L’Eglise, a-t-il fait observer, « n’a pas toutes les réponses aux attentes des Roms ». Pour lui, l’amélioration de leurs conditions de vie exige l’engagement de tous », avec « responsabilité » et « transparence », même si l’on a « peu de moyens ».
Porteurs de valeurs
Le P. Bentoglio a détaillé par ailleurs l’histoire de la pastorale des migrants, qui a commencé en France avec la première aumônerie pour les gens du voyage, fondée par P. Jean Fleury, en 1948.
Aujourd’hui, a-t-il ajouté, une « structure pastorale spécifique pour les migrants » existe dans presque tous les pays européens. En outre, le Conseil des cvonférences épiscopales d’Europe (CCEE), la Commission des épiscopats de la communauté européenne (COMECE), ainsi que les diocèses, paroisses, communautés et mouvement religieux, participent à cette pastorale spécifique.
Benoît XVI, a-t-il rappelé, a donné une orientation forte à cette pastorale : le 11 juin 2011, il a reçu au Vatican plus de 2.000 représentants de diverses ethnies tziganes de toute l’Europe, une première dans l’histoire des papes.
Son discours d’alors, qui reste « utile pour l’Eglise comme pour les autorités civiles », offre une « lecture positive » de la réalité tzigane : le pape demande de les regarder « sans généralisation et idées préconçues », pour leur permettre de « vivre selon leur identité ethnique et culturelle ». Les Roms ne doivent pas être seulement les « bénéficiaires d’œuvres d’assistance », car ils sont aussi « porteurs de valeurs et de ressources ».

LA COMPLEXITÉ DU RETOUR AUX SOURCES UN CAS TYPE : LES AUGUSTINES DE LA MISÉRICORDE DE JÉSUS

20 juin, 2012

http://www.scourmont.be/Armand/writings/augustines.htm

LA COMPLEXITÉ DU RETOUR AUX SOURCES UN CAS TYPE :

LES AUGUSTINES DE LA MISÉRICORDE DE JÉSUS

(notes sur le site)

Le retour aux sources ou au charisme du fondateur est l’un des principaux critères donnés par Vatican II pour le discernement à effectuer dans l’œuvre du renouveau des communautés religieuses. Ce critère s’applique de façon très différente selon qu’il s’agisse d’un groupement religieux fondé à une époque récente et pour une tâche apostolique précise et limitée, ou qu’il s’agisse d’un ordre ancien issu d’un grand courant spirituel plutôt que d’un fondateur clairement identifié, et ayant connu une évolution considérable au cours de son histoire.
Appelé par quelques religieuses hospitalières de l’Ordre des Augustines de la Miséricorde de Jésus à réfléchir avec elles sur l’histoire de leur Institut, j’ai vite été frappé de l’intérêt extrême que peut présenter cette histoire pour l’historien de la vie religieuse. L’évolution de ce groupement religieux au long des siècles exprime assez bien la situation où se trouvent plusieurs instituts qui doivent, lorsqu’il est question de retour aux sources ou de fidélité à la Tradition, établir une hiérarchie entre des fidélités diverses et d’importance inégale.
Après avoir rappelé en quelques mots les grandes étapes de l’histoire des Augustines, je tracerai également un rapide tableau d’ensemble de l’histoire de la vie religieuse en général, pour montrer comment s’y inscrivent les mutations qu’a connues l’Ordre des Augustines. Dans une troisième section je reprendrai d’une façon quelque peu plus détaillée l’histoire du monachisme augustinien et des divers groupements religieux qui, au cours des siècles, se sont rattachés à la Règle augustinienne. Enfin, dans une dernière section, j’analyserai comment se situe aujourd’hui l’Ordre des Augustines face aux divers courants de la Tradition auxquels elles ont été amenées à se rattacher successivement.

Quelques grandes dates dans l’histoire des Augustines [1]
L’origine des Augustines de la Miséricorde de Jésus se situe au milieu du XIe siècle à Dieppe. En cet endroit existait, depuis la fondation même de la ville, vers 800 ou même un peu auparavant, un Hôtel-Dieu desservi par des Frères Hospitaliers. À ceux-ci se joignirent, vers l’an 1055, des sueurs qui vaquaient au soin des pauvres et des malades aussi bien à travers toute la ville qu’à l’Hôtel-Dieu même.
À partir de la seconde moitié du XII le siècle, ces sueurs deviennent religieuses « régulières », vivant selon la Règle de saint Augustin, et faisant les trois voeux solennels de religion de même que celui d’hospitalité envers les pauvres malades. Elles se rattachent alors à l’Ordre des Ermites de saint Augustin, comme en fera foi encore un peu plus tard les Constitutions qu’elles rédigeront vers 1420.
Plus de soixante ans après le Concile de Trente, diverses pressions extérieures les amènent, au cours du XVIIe siècle, à se mouler dans les cadres juridiques établis par ce Concile et par le Pape Pie V pour les Religieuses cloîtrées. Cette «réforme» s’étant faite avec l’aide de. Chanoinesses régulières venues du prieuré de Pontoise, les sueurs de Dieppe se rattacheront désormais à l’Ordre canonial des Chanoinesses régulières de saint Augustin et non plus à l’Ordre mendiant des Ermites de saint Augustin.
Les Constitutions rédigées pour les Augustines par le Père Robert Lignier, s. j., au cours des années 1626-1628 furent définitivement approuvées en 1666 et elles restèrent en vigueur jusqu’à leur révision en 1923 à la suite de la promulgation du code de droit canon. Elles furent évidemment à nouveau modifiées après Vatican Il.
Voyons maintenant comment chaque tournant de cette histoire s’éclaire si on le replace à l’intérieur de l’évolution de la vie religieuse en général.

Survol de l’histoire de la vie religieuse [2]
L’histoire de la vie religieuse remonte aux premières générations chrétiennes. Dès ce moment on retrouve à travers toutes les « Églises » de la jeune chrétienté des ascètes et des vierges des deux sexes. Ils vivent au sein de la communauté ecclésiale, pratiquant non seulement le célibat mais aussi une ascèse rigoureuse et montrant une égale assiduité à la célébration du culte, à la visite aux pauvres et au soin des malades. On y trouve déjà, bien qu’encore non institutionnalisées, à peu près toutes les formes de vie religieuse que nous connaissons maintenant.
Un mouvement ascétique particulièrement vigoureux caractérisait les églises judéo-chrétiennes, et donna naissance au monachisme. À partir de la fin du troisième siècle et du début du quatrième, ce mouvement se développe avec une intensité et une rapidité surprenantes? à travers tous les pays de l’Orient d’abord, d’Occident ensuite. Non seulement ce mouvement canalisa une très grande partie des énergies spirituelles, mais devint l’objet de l’attention – et parfois des préoccupations – des autorités ecclésiastiques et civiles au point que les autres façons dé vivre les Conseils évangéliques furent graduellement reléguées dans l’ombre. La réforme de Charlemagne, au début du IXe siècle durcira ce rétrécissement de l’éventail des formes de vie religieuse. À partir de ce moment une seule forme de vie religieuse est reconnue en Occident: la vie monastique selon la Règle de saint Benoît. Cette situation restera inchangée jusqu’au moment de la grande réforme grégorienne du XIe et du XII, siècles.
En ces siècles (XI-XIIe) un souffle de vie nouvelle passe sur l’Église. L’étau dans lequel la réforme carolingienne avait coincé la vie religieuse se desserre et plusieurs formes nouvelles apparaissent. Ce sont d’abord de nouvelles formes de vie monastique qui se manifestent, caractérisées par un retour à la pauvreté et à la simplicité. Cîteaux, Camaldoli, Vallombreuse, Grandmont, etc. Parallèlement apparaissent aussi avec profusion les ordres canoniaux (chanoines réguliers, hospitaliers et chevaliers) de même que les ordres mendiants (Franciscains, Dominicains, Carmes, Servites et Ermites de saint Augustin). Les uns et les autres adoptent presque tous la Règle de saint Augustin.
Il est évident que toutes ces fondations nouvelles ne jaillirent pas comme des générations spontanées. Dès les siècles précédents de nombreux groupements s’étaient lentement constitués pour le service des pauvres, des malades et des captifs de même que pour de nombreuses tâches apostoliques. Ce sont durant longtemps des sortes de confréries ou de pieuses associations de laïcs. Ce fut évidemment le cas des soeurs de Dieppe, comme d’ailleurs des frères du même Hôtel-Dieu [3] , avant leur agrégation à l’Ordre des Ermites de saint Augustin (fondé en 1256).
À partir de la fin du XIII° siècle une grave crise s’annonce. Grave crise de civilisation, au cours de laquelle l’Europe allait se disloquer et la « chrétienté » s’écrouler. Au début du XVIe siècle, de toutes parts les mystiques et les prophètes crient le besoin de réforme, jusqu’à ce que, la réforme officielle ne venant pas, Luther entreprenne la sienne. Mais au sein même de l’Église, dès avant Trente, un mouvement de réforme s’était manifesté dans la vie religieuse, De nombreuses communautés religieuses qui joueront un rôle important dans l’Église jusqu’à nos jours naissent alors, même si elles ne sont pas reconnues officiellement comme « instituts religieux ». Quant au Concile de Trente, il ne traita, dans sa Session XXV, que de ceux qui étaient considérés comme religieux par le droit: de Regularibus et Monialibus, c’est-à-dire des religieux et religieuses à voeux solennels. Son but était avant tout de réformer des abus, et ses décisions furent particulièrement absolues par rapport aux femmes, qui furent sévèrement emmurées.
Si l’on comprend la sévérité du Concile de Trente face à bien des communautés de moniales relâchées, menant bal au monastère et recevant visiteur sur visiteur, on comprend tout aussi bien que les hospitalières de Dieppe, qui étaient de braves filles toutes dévouées à leur apostolat auprès des malades, ne se soient pas senties concernées par cette législation nouvelle. Ce fut sans doute la conclusion aussi du Cardinal de Joyeuse en 1615 et de Mgr François de Harlay en 1624, qui firent des projets de réforme mais n’y donnèrent pas suite. Ce fut le syndic de la ville de Dieppe qui, pour des raisons tout autres que religieuses, provoqua l’application des décisions de Trente à Dieppe. On fit venir des Chanoinesses de Pontoise pour réaliser cette « réforme » à Dieppe, et les sœurs de Dieppe devinrent dès lors elles aussi des Chanoinesses régulières. Cette mutation impliquait, surtout du fait de la « clôture », une modification profonde de ce qui avait été le charisme propre de ces religieuses depuis près de six siècles, et dont l’annaliste de l’Hôtel-Dieu de Québec donne la description suivante: « C’était une assemblée de filles pieuses et charitables qui s’occupaient à secourir les pauvres malades dans tous les quartiers de la ville. Elles en avaient aussi beaucoup chez elles, qu’elles servaient avec une grande ferveur. »
Il est un peu déconcertant de voir comment des pressions extérieures amenèrent les sueurs de Dieppe à abandonner leur style traditionnel de vie et d’apostolat afin de se conformer à des prescriptions canoniques générales, tout juste au moment où leur propre style de vie allait graduellement obtenir droit d’existence dans l’Église. En effet, lorsqu’au début du XVIIe siècle saint François de Sales eut l’idée d’une communauté de religieuses qui ne vivraient pas derrière les murs d’un cloître mais se dévoueraient au milieu du monde dans l’exercice de la charité, l’opposition à l’apostolat des religieuses hors clôture et sans vœux solennels était si vivace que ses Visitandines durent se muer en moniales cloîtrées, comme les hospitalières de Dieppe. Mais ce que n’avait pas réussi saint François de Sales, saint Vincent de Paul et Louise de Marillac le réussirent, avec la fondation des Filles de la Charité. Ils trouvèrent la véritable solution ; ignorant les distinctions des canonistes, acceptant facilement d’être privées du nom de « religieuses », elles ne firent que des vœux privés et ainsi, sous la forme d’une Société de pieuses femmes sans voeux publics, purent jouir de la liberté des enfants de Dieu et joindre une authentique pratique des conseils évangéliques au service des pauvres, à l’instar des premières sœurs de Dieppe. Le mouvement était donné et de nombreuses communautés semblables d’hommes et de femmes se multiplièrent, pour assurer l’enseignement et le soin des malades ou d’autres formes de dévouement évangélique. Peu à peu, le droit suivant la vie, l’Église les reconnaîtra officiellement comme religieux et religieuses.
En 1900, dans la Constitution Conditae a Christo Léon XIII consacrera cette évolution en reconnaissant comme authentiquement religieuses les communautés à voeux simples. Mais les Normae publiées l’année suivante par la Congrégation des Évêques et Réguliers allaient conduire à un nivellement des Instituts religieux. Systématisant à outrance le concept de vie religieuse, elles entraient dans le détail de l’organisation des Congrégations et des Ordres et donnaient un modèle précis de Constitutions. Dans les révisions des Constitutions qui furent exécutées à ce moment, de même qu’après la publication du code de droit canon en 1917, plusieurs Ordres et Congrégations perdirent presque totalement l’originalité de leur charisme et se donnèrent des Constitutions pratiquement interchangeables. Les Augustines de la Miséricorde de Jésus ne purent échapper à ce nivellement dans la révision de leurs Constitutions en 1923.

La vie religieuse augustinienne
Tout comme on parle d’Ordre monastique pour désigner non pas un Ordre religieux au sens canonique du mot, mais l’ensemble des Ordres et Communautés menant la vie monastique sous ses diverses formes, ainsi on appelle Ordre augustinien, au sens large du mot, l’ensemble des Ordres et Congrégations qui se rattachent d’une façon ou d’une autre à la Règle de saint Augustin. Les Augustines de la Miséricorde de Jésus appartenant à cet Ordre augustinien, il sera bon de dire quelques mots de l’origine et du développement de ce grand mouvement spirituel à travers les siècles.
Homme d’une grande sensibilité et d’un don inné pour l’amitié, enthousiasmé par surcroît par tout ce qu’il avait appris des Pères du désert, Augustin vécut pratiquement toute sa vie dans la fraternité avec des compagnons. Sa première expérience de vie commune, il la vécut à Cassisiacum en 386, dans une maison de campagne aux environs de Milan, avec sa mère, son fils et quelques amis intimes, entre sa conversion et son baptême. Rentré en Afrique en 388, il fait de sa maison familiale un monastère où il mène avec des frères, une vie de prière, d’étude et de travail manuel. C’est un monastère laïc de type traditionnel comme ceux qu’il avait connus en Italie, surtout à Rome. Devenu prêtre, puis évêque d’Hippone, il organise près de la cathédrale, toujours dans sa résidence, un monastère clérical qui devient une sorte de Séminaire d’où sortiront au moins une bonne dizaine d’évêques. En 396 il réunit aussi dans un Monastère dirigé par sa sueur un certain nombre de vierges d’Hippone.
Comme toutes les formes de vie cénobitique, le monachisme augustinien a pour idéal la reconstitution de la vie de la communauté primitive des chrétiens à Jérusalem. Sa caractéristique propre fut l’effort pour unir harmonieusement l’idéal monastique de solitude et de contemplation avec l’activité sacerdotale ou apostolique [4] .
Lorsque les invasions arabes de la fin du Vlle siècle firent disparaître à peu près toute vie chrétienne en Afrique, ce fut également la fin définitive du monachisme augustinien. Des diverses communautés qui, plus tard, se rattacheront à la Règle de saint Augustin, aucune ne sera « monastique » au sens propre du mot.
Il existe de la Règle de saint Augustin une version féminine (= la lettre 211 ou Objurgatio) et une version masculine (= Regula ad servos Dei). Durant très longtemps on a pensé que la version masculine était une adaptation de la version féminine. Les récentes études critiques de Luc Verheijen de même que celles de T. J. Van Bave) ont démontré le contraire [5] . La règle masculine comporte elle-même deux pièces qui nous sont parvenues tantôt jointes et tantôt séparées: ce sont, selon la nomenclature adoptée par Verheijen, l’Ordo Monasterii et le Praecep­tum. Vers 345 Alypius, ami d’Augustin, rend visite à saint Jérôme, à Bethléem, et en rapporte l’idée d’une Règle et quelques éléments pour la composition d’un office liturgique monastique. II rédige l’Ordo Monasterii, qui reçoit l’approbation de saint Augustin et, peut-être, un préambule qui met l’accent sur l’amour de Dieu et du prochain. Il fait adopter l’Ordo Monasterii à Thagaste. Quelque temps plus tard, Augustin suit l’exemple de son ami et met par écrit un enseignement oral qu’il avait commencé à donner depuis quelques années aux frères laïcs d’Hippone. C’est le Praeceptum, seul document qui puisse être dit réellement « règle d’Augustin », quoique lui-même ne l’ait jamais désigné par le vocable « règle », ce terme n’ayant pas, à l’époque, la signification de règle monastique. Tous les autres documents dits « règle de saint Augustin » (il y en a neuf en tout) dérivent de ces trois textes fondamentaux (la lettre 211, l’ Ordo Monasterii et le Praeceptum), soit par combinaisons diverses, soit par transposition du masculin au féminin.
Comme je l’ai dit plus haut, le monachisme augustinien s’éteignit pour toujours à la suite des invasions arabes en Afrique. La Règle augustinienne par ailleurs sera reprise par divers groupes religieux non monastiques es au Me et au XIII, siècles: les ordres canoniaux et la plupart des ordres mendiants. Parmi ces derniers se trouvent les Ermites de saint Augustin, Ordre constitué en 1256 de plusieurs groupements d’ermites installés dans les bourgs et les villes où leurs membres vivaient en commun tout en exerçant un apostolat [6] .
En 1215 le Concile de Latran, ému de la prolifération quelque peu anarchique des Ordres religieux, avait décidé qu’aucune congrégation nouvelle ne serait autorisée et que quiconque voudrait fonder une association religieuse devrait adopter une règle déjà approuvée. Cette législation était certes malheureuse, car elle allait figer pour longtemps l’évolution spontanée de la vie religieuse. Par ailleurs elle allait rendre très populaire la règle de saint Augustin. En effet, la règle de saint Benoît ne convenait nullement à tous ces groupements nouveaux de chanoines et de mendiants à orientation missionnaire. Par contre, la règle de saint Augustin pouvait s’accommoder facilement à n’importe quel genre de vie chrétienne vécue à l’intérieur d’un contexte de vie commune. Ne prévoyant aucune structure institutionnelle, elle s’accommodait de n’importe laquelle [7] .

Les Augustines et le retour aux sources
À leurs débuts et durant plusieurs siècles les hospitalières de Dieppe furent une confrérie de pieuses filles se dévouant au soin des pauvres et des malades de la ville. C’est là que s’exprime dans toute sa simplicité et toute sa clarté leur charisme propre, antérieur à toute institutionnalisation.
À l’époque de structuration que fut le XIIIe siècle elles s’adjoignirent à l’ordre des Ermites de saint Augustin, et il est probable qu’elles aient adopté dès auparavant la Règle de saint Augustin. Après le Concile de Trente elles furent projetées malgré elles dans une « réforme » qui en fit des Chanoinesses de saint Augustin. Enfin, à l’instar des autres Instituts elles subirent le nivellement canonique du début du XXe siècle. Lorsqu’elles s’interrogent aujourd’hui sur leur fidélité à leurs traditions, il apparaît déjà qu’elles ont à établir une hiérarchie entre leurs fidélités à divers courants spirituels auxquels elles ont été rattachées mais qui correspondent de façons inégales à leur charisme originel. Je voudrais qu’il soit clair que je n’entends pas, en ce qui suit, tracer des lignes de conduite aux Augustines de la Miséricorde de Jésus, mais simplement décrire ce qui, à l’historien de la vie religieuse, semble découler objectivement de l’analyse des faits.
a) Au-delà de la fidélité à des cadres juridiques hérités de Trente ou du code de droit canon, elles doivent avant tout fidélité aux diverses grandes traditions spirituelles dans lesquelles s’est moulée leur histoire.
b) Mais en premier lieu il me semble important de préciser qu’il ne peut aucunement être question pour elles de fidélité à une quelconque tradition monastique. À aucun moment de leur histoire elles n’ont vécu la vie monastique au sens propre du terme et à aucun moment elles ne furent un Ordre monastique. A fortiori elles ne peuvent se rattacher au monachisme augustinien qui cessa d’exister au début du VIII’ siècle. De plus, tout le Moyen-âge a été très soucieux de distinguer la vie canoniale et la vie des Mendiants de la vie monastique. L’utilisation dans leurs documents des mots moniale et monastère ne doit pas faire illusion. En latin le mot monialis (plus souvent sanctimonialis) est un terme générique pour désigner toute religieuse ou toute femme consacrée à Dieu. Saint Augustin lui-même l’emploie souvent dans ses écrits pour désigner des vierges habitant dans le monde [8] . Le féminin latin de moine (monachus) n’est pas rnonialis mais bien monacha. Quant au mot monastère il est lui aussi un terme générique désignant à peu près tout genre de maison religieuse. Dans la tradition proprement monastique, le mot monasteriurn désigne non pas, comme on le pense souvent, un édifice ayant une architecture déterminée, mais tout lieu où vivent un moine ou des moines. La grotte d’un ermite dans la montagne est appelée monastère, tout aussi bien que la cabane où vivent deux ou trois frères ou encore les grands bâtiments copiés sur l’architecture des châteaux médiévaux ou des édifices publics modernes que nous avons pris l’habitude d’appeler monastères de nos jours.
c) La fidélité des Augustines à la tradition augustinienne n’est pas la fidélité à Augustin comme â un « fondateur », mais la fidélité à un grand courant spirituel, celui des ordres mendiants et canoniaux, qui ont trouvé dans la spiritualité d’Augustin le meilleur de leur nourriture spirituelle.
d) Au-delà de toutes ces traditions et de tous ces courants, l’essentiel de la fidélité des Augustines réside évidemment dans la fidélité au modèle de vie des premières hospitalières de Dieppe, Le charisme propre d’un institut s’exprime toujours au meilleur de sa pureté dans la période qui précède toute institutionnalisation.

* * *
En cette période de mutations rapides où nous vivons, les Augustines sont comme prédisposées, de par leurs racines augustiniennes mêmes, à l’évolution et à l’adaptation. Nul homme n’a été aussi ouvert à l’évolution et au changement qu’Augustin. Il a vécu à une période de profonds bouleversements et a donné, dans ses lettres 36, 54 et 55 entre autres, des principes qui sont encore d’actualité. Selon lui il y a ce qui doit rester immuable: l’Écriture Sainte et la Tradition de l’Église universelle. Tout le reste peut varier à condition que l’on maintienne la paix et la charité dans le respect des personnes, surtout des « petits » dans la foi, et dans la liberté des observances [9] . L’amour fraternel, l’humilité et la pauvreté resteront toujours les grandes caractéristiques de sa spiritualité, de même qu’un lien étroit entre l’action et la contemplation. Il revient sans cesse dans sa prédication sur la complémentarité de Marthe et de Marie, se refusant sans cesse et absolument à opposer l’une à l’autre [10] .
D’ailleurs l’orientation nettement missionnaire et apostolique de la tradition canoniale devrait mettre en garde contre ce danger qu’Augustin a combattu de privilégier la contemplation aux dépens du service des pauvres. L’insertion efficace dans le monde – autre caractéristique de la tradition canoniale – et la grande mobilité des membres en fonction d’une implantation rapide là où naissent les besoins nouveaux – caractéristique principale des ordres mendiants – ouvrent aux Augustines d’aujourd’hui des possibilités illimitées à l’intérieur même de la fidélité à leurs traditions, pour la découverte de nouveaux modes de présence aux pauvres et aux malades dans un monde radicalement différent de celui du Moyen-âge.
Au surplus, le charisme originel des premières hospitalières de Dieppe ne répugne à aucune de ces possibilités nouvelles, tant il est grand et ouvert dans sa simplicité.
Demeuré durant des siècles un tout petit groupe et n’ayant jamais connu un grand développement numérique, l’Ordre des Augustines de la Miséricorde a été plus vulnérable que les « Grands Ordres » aux influences externes au cours de son évolution. Par ailleurs la période de jaillissement de son charisme propre, antérieure à toute institutionnalisation, a été exceptionnellement longue. Ce fait met les Augustines d’aujourd’hui, en regard des exigences de renouveau, dans une situation de liberté évangélique beaucoup plus grande que ne le sont les nombreuses communautés nées au cœur même de périodes de structuration canonique (réformes grégorienne ou post-tridentine) et pour qui il est souvent difficile de séparer le charisme de la structure dans laquelle il a été moulé dès le début. Cette situation privilégiée constitue sans doute pour les Augustines un défi à relever aussi bien qu’une responsabilité et une mission.

Armand Veilleux, o.c.s.o.

Abbaye cistercienne, Mistassini, Qué., Canada

12345...7