Archive pour le 28 juin, 2012
29 Juin: Saints Pierre et Paul, Omélie
28 juin, 2012http://www.homelies.fr/homelie,saints.pierre.et.paul,2463.html
HOMÉLIE
Saints Pierre et Paul
(29 juin 2009)
Famille de Saint Joseph
Le 29 juin, l’Église honore à la fois saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l’Eglise. Jamais la Tradition ne les a fêtés l’un sans l’autre : ils sont inséparables.
Fils de pêcheur et pêcheur lui-même, simple, sans éducation ni culture qui l’auraient préparé à jouer un rôle de premier plan, Simon-Pierre Pierre était de Capharnaüm en Galilée, ville située au bord du lac de Tibériade. Paul était un juif de la diaspora, de Tarse en Asie Mineure, pharisien disciple de Gamaliel, et qui plus est : citoyen romain. Tous deux verront leur vie bouleversée par la rencontre avec Jésus de Nazareth, dans des circonstances, certes, bien différentes.
Après une pêche miraculeuse, le Seigneur interpelle Simon : « Viens derrière moi. Je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mc 1, 17). Saul, « animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur » (Ac 9, 1), est enveloppé de lumière sur le chemin de Damas, tandis qu’une voix retentit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes ». Simon devenu Pierre laisse ses filets et son foyer pour suivre le rabbi ; Saul devenu Paul se met à la disposition des apôtres. Pierre reçoit de l’Esprit-Saint la révélation de l’identité de son Maître : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Paul entend « des paroles inexprimables, qu’on n’a pas le droit de redire » (2 Co 12, 4). Pierre reçoit la charge de paître le troupeau de l’Eglise : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Paul a reçu l’imposition des mains d’Ananie, qui était avant lui sous l’onction du Saint Esprit (Ac 9, 17) ; il a soumis son apostolat à l’approbation de l’Eglise réunie à Jérusalem (Ga 2, 2) ; mais il a toujours considéré, eu égard aux révélations extraordinaires dont il fut bénéficiaire, que sa mission était celle d’un authentique apôtre. Même s’il n’avait pas connu Jésus « selon la chair » (2 Co 5, 16), sa connaissance du Christ, toute spirituelle et reçue par grâce, n’en fût pas moindre que celle des « témoins oculaires devenus serviteurs de la Parole » (Lc 1, 2). Aussi ne voulut-il jamais sacrifier ses propres convictions aux vues du plus autorisé des apôtres ; il « s’opposa ouvertement à Pierre à Antioche » (Ga 2, 11) afin de préserver la liberté spirituelle acquise dans le Christ.
Paul se voit confier par Dieu « l’annonce de l’Evangile aux païens, comme il l’avait confié à Pierre pour les Juifs » (Ga 2, 7). Tous deux donneront le suprême témoignage du martyr : Pierre sera crucifié et Paul décapité. La Tradition raconte que touché par les larmes des fidèles, Pierre songea d’abord à fuir la persécution que venait de soulever l’empereur Néron ; mais, comme il sortait de Rome, il vit le Christ Se présenter à lui :
- Où allez-vous, Seigneur ? lui demanda-t-il.
- Je vais à Rome, répondit Jésus, pour y être à nouveau crucifié.
A ces mots, le Sauveur disparut, et Pierre comprit qu’il devait revenir à Rome pour y subir le sort de son Maître.
C’est ensemble qu’ils représentent, dans la complémentarité de leur mission et charisme respectifs, le ministère apostolique de l’Eglise toute entière. C’est pourquoi, après son intronisation solennelle en la Basilique Saint Pierre, Benoît XVI s’est immédiatement rendu en la Basilique Saint Paul pour signifier cette double allégeance. C’est également en la fête des Apôtres Pierre et Paul qu’étaient traditionnellement ordonnés les prêtres ; si de nos jours, la date précise n’est plus aussi scrupuleusement respectée, vous ne risquez pas de vous tromper en félicitant votre curé s’il est de la génération précédente !
La liturgie byzantine souligne le lien spirituel qui unit la solennité de ce jour et celle de la Pentecôte ; le témoignage des apôtres est en effet le fruit direct de la descente sur eux du Saint-Esprit. Un carême spécial – dit « carême des apôtres » – prépare même les fidèles à cette solennité : c’est en dire l’importance. La période de jeûne – en pratique assez adouci – commence le lundi qui suit le premier dimanche après la Pentecôte et prend fin avec la journée du 28 juin. Puissions-nous nous ouvrir à la grâce de cette solennité et nous laisser renouveler dans notre vocation missionnaire, fidèles à l’institution pétrinienne et au charisme paulinien.
« Réjouis-toi, ô Pierre l’Apôtre, toi le grand ami du Maître, Christ notre Dieu. Réjouis-toi bien aimé Paul, prédicateur de la foi et docteur de l’univers. A cause de cela, intercédez tous deux auprès du Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes » (Oraison de la liturgie byzantine).
Père Joseph-Marie
Saints Pierre et Paul: « Ce sont des hommes de miséricorde »! – Une homélie de saint Bernard de Clairvaux
28 juin, 2012http://www.inxl6.catholique.fr/article3028.php
Saints Pierre et Paul: « Ce sont des hommes de miséricorde »!
Une homélie de saint Bernard de Clairvaux, au 12e siècle, pour la fête des Apôtres Pierre et Paul.
Saint Bernard de Clairvaux
28/06/2006
C’est avec raison, mes frères, que l’Église, notre mère, applique aux saints apôtres ces paroles du Sage : « Ce sont des hommes de miséricorde, dont les justices ne tombent point dans l’oubli, les biens qu’ils ont laissés à leur postérité, y subsistent toujours (Eccli. XIV, 10 et 11). » Oui, on peut bien les appeler des hommes de miséricorde, tant parce qu’ils ont obtenu miséricorde pour eux-mêmes, que parce qu’ils sont pleins de miséricorde, ou que c’est dans sa miséricorde que Dieu nous les a donnés. Voyez, en effet, quelle miséricorde ils ont obtenue. Si vous interrogez saint Paul sur ce point, on même si seulement vous voulez l’écouter, il vous dira de lui-même : « J’ai commencé par être un blasphémateur, un persécuteur, un homme inique, mais j’ai obtenu miséricorde de Dieu (I Tim. I, 13). » Qui ne sait, en effet, tout le mal qu’il a fait aux chrétiens à Jérusalem ? Que dis-je, à Jérusalem? Sa rage insensée se déchaînait dans la Judée tout entière, où il voulait déchirer les membres de Jésus-Christ sur la terre. Dans ces sentiments de furie, il allait ne respirant que menaces et que carnage contre les disciples du Seigneur (Act. IX, 1), quand il devint disciple de ce même Seigneur qui lui fit connaître tout ce qu’il devait souffrir pour son nom. Il allait exhalant, par tout son être, l’odeur d’un cruel venin, lorsque, tout à coup, il se vit changé en envase d’élection, et sa bouche ne fit plus entendre que des paroles de bonté et de piété : « Seigneur, s’écrie-t-il, que voulez-vous que je fasse ? » Certes, on peut bien dire qu’un pareil changement est l’œuvre de la main de Dieu. II avait donc bien raison de s’écrier : « C’est une vérité certaine et digne d’être reçue avec une entière déférence, que Jésus-Christ est venu dans le monde sauver les pécheurs, au premier rang desquels je puis me placer (I Tim. I, 15). » Prenez donc confiance, mes frères, et consolez-vous à ce langage de saint Paul, et, si vous êtes convertis au Seigneur, que le souvenir de vos fautes passées ne tourmente pas vos consciences à l’excès, qu’il vous soit plutôt un motif de vous humilier, comme le fait saint Paul quand il s’écriait : « Je suis le moindre des apôtres, je ne mérite même point de porter ce nom, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu (I Cor. XV, 9). »
Pour ce qui est du bienheureux Pierre, j’ai une autre chose à vous dire; mais une chose d’autant plus sublime qu’elle est unique. En effet, si Paul a péché, il l’a fait sans le savoir, car il n’avait point la foi; Pierre, au contraire, avait les yeux tout grands ouverts au moment de sa chute. Eh bien, là où la faute a abondé, a surabondé la grâce, si on peut dire que la rédemption de ceux qui pèchent avant de connaître Dieu, avant d’avoir senti l’effet de ses miséricordes, avant d’avoir porté le joug si doux et si léger du Seigneur, enfin avant d’avoir reçu la grâce de la dévotion et les consolations du Saint-Esprit, est une rédemption abondante. Or c’est dans ses conditions que nous nous sommes tous trouvés, toutefois pour ceux qui, après s’être convertis, retombent dans les liens du péché et du vice, oublient la grâce qu’ils ont reçue, regardent en arrière après avoir mis la main à la charrue, redeviennent tièdes (…)
(…) Je ne demande qu’une chose à ceux qui tombent, c’est de ne point s’enfoncer davantage dans le mal, mais plutôt de se relever avec la ferme confiance que le pardon ne leur sera point refusé, pourvu qu’ils confessent leurs fautes de tout leur cœur. En effet, si saint Pierre, dont je vous parle en ce moment, a pu s’élever à un pareil degré de sainteté, après avoir fait une si lourde chute, qui pourra désormais se désespérer, pour peu qu’il veuille lui aussi sortir de ses péchés? (…)
(…) Vous avez entendu quelle miséricorde ont obtenue les apôtres, et nul de vous, désormais, ne sera accablé de ses fautes passées, plus qu’il ne faut. Eh quoi ! en effet ! Si vous avez péché dans le siècle, Paul n’a-t-il point péché davantage? Si vous avez fait une chute en religion même, Pierre n’en a-t-il pas fait une plus profonde que vous? Or, l’un et l’autre; en faisant pénitence, non-seulement ont fait leur salut, mais sont devenus de grands saints, que dis-je, sont devenus les ministres du salut, les maîtres de la sainteté. Faites donc de même; mon frère, car c’est pour vous que l’Écriture les appelle des hommes de miséricorde; sans doute à cause de la miséricorde qu’ils ont obtenue.
Mais on peut encore fort bien entendre ce mot, hommes de miséricorde, en-ce sens que les apôtres ont été pleins de miséricorde, ou encore qu’ils ont été miséricordieusement donnés de Dieu à l’Église entière. En effet, ce n’est pas pour eux que ces hommes ont vécu, ce n’est point pour eux non plus qu’ils sont morts; mais c’est pour celui qui est mort pour eux; disons mieux , c’est pour nous tous, à cause, de lui. En effet, de quel avantage ne sera point pour nous leur justice, quand nous voyons, je vous l’ai montré, de quels biens leurs péchés mêmes ont été pour nous la source ? Oui, leur vie est pour nous, leur doctrine est pour nous, leur mort même est pour nous, car dans leur conversion les bienheureux apôtres nous ont appris la continence; dans leurs prédications, la sagesse; dans leur passion, la patience. Il est même un quatrième bien que ces hommes de miséricorde ne cessent de nous valoir encore aujourd’hui, ce sont les fruits des saintes existences. Et même, dans leur vie, on pourrait encore trouver un bien à citer dans la confiance que nous donnent les miracles qu’ils ont opérés. Qui pourrait énumérer les biens innombrables que nous avons reçus par eux? C’est donc à bien juste titre que la sainte Écriture, après avoir dit, en parlant d’eux : « Ce sont des hommes de miséricorde, » ajoute aussitôt, « leurs justices ne tombent point dans l’oubli.»
28 juin – Saint Irénée, évêque de Lyon et martyr
28 juin, 2012http://missel.free.fr/Sanctoral/06/28.php
28 juin – Saint Irénée, évêque de Lyon et martyr
Biographie
Au 2 juin, nous fêtions les martyrs de Lyon, immolés en 177. Les survivants, émus du trouble que suscitait le mouvement prophétique montaniste[1], né en Asie Mineure, envoyèrent des lettres aux Eglises d’Asie et de Phrygie[2], et au pape Eleuthère[3]. Ils demandèrent à Irénée d’être leur ambassadeur auprès du Pape ; Irénée était muni de cette recommandation : « Nous avons chargé de te remettre cette lettre notre frère et compagnon, Irénée, et nous te prions de lui faire bon accueil, comme à un zélateur du testament du Christ. Si nous pensions que le rang crée la justice, nous le présenterions d’abord comme prêtre d’Eglise, car il est cela. » Le nom d’Irénée dérive du mot grec qui veut dire « paix. » Irénée recevait une mission de paix. Il serait toujours agent de liaison, d’union, de paix. A son retour, le vieil évêque Pothin était mort martyr[4], et Irénée fut élu pour lui succéder.
Irénée était né en Asie Mineure, peut-être à Smyrne, vers 130-135. Dans sa jeunesse, il avait connu le saint Evêque Polycarpe[5]. Au prêtre Florinus qui était tombé dans l’hérésie gnostique, Irénée écrivit : « Je t’ai vu, quand j’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, auprès de Polycarpe ; tu avais une situation brillante à la cour impériale et tu cherchais à te faire bien voir de lui. Car j’ai meilleur souvenir de ces jours d’autrefois que des événenents récents. Ce que l’on a appris dès l’enfance, en effet, se développe en même temps que l’âme, en ne faisant qu’un avec elle. Si bien que je puis dire le lieu où s’asseyait pour nous entretenir le bienheureux Polycarpe, ses allées et venues, le caractère de sa vie et l’aspect de son corps, les discours qu’il tenait à la foule, et comment il racontait ses relations avec Jean, et avec les autres qui avaient vu le Seigneur, et comment il rapportait leurs paroles, et ce qu’il tenait d’eux au sujet du Seigneur, de ses miracles, de son enseignement, en un mot comment Polycarpe avait reçu la tradition de ceux qui avaient vu de leurs yeux le Verbe de vie, il était dans tout ce qu’il rapportait d’accord avec les Ecritures. J’écoutais cela attentivement, par la faveur que Dieu a bien voulu me faire, et je le notais non sur du papier, mais en mon cœur, et, par la grâce de Dieu, je ne cesse de le ruminer fidèlement. Je puis témoigner devant Dieu que si le bienheureux vieillard, l’homme apostolique, avait entendu quelque chose de pareil (les doctrines gnostiques), il se serait récrié, il aurait bouché ses oreilles, il aurait dit comme à son ordinaire : O bon Dieu, pour quels temps m’as-tu réservé, faut-il que je supporte de telles choses ! et il aurait fui loin du lieu où, assis ou debout, il aurait entendu de pareils discours.[6] »
L’esprit d’Irénée, formé à l’admiration « des témoins du Verbe de vie », avait donc reçu à un haut degré le culte de la tradition. On comprend que les nouveautés gnostiques aient trouvé en lui un adversaire décidé. La gnose (ce mot grec signifie science, connaissance) prétendait offrir à une élite des connaissances supérieures sur Dieu et l’univers. Le passage difficile de l’infini au fini se faisait dans ce système grâce à des émanations d’êtres intermédiaires, les éons, dont les accouplements étranges faisaient revivre les théogonies mythologiques.
Saint Irénée écrivit contre la gnose[7] « La réfutation de la fausse science » qu’on appelle aussi « Adversus hœreses » (Contre les hérésies). Il s’excusait de son mauvais style grec : « Nous vivons chez les Celtes, et dans notre action auprès d’eux, usons souvent de la langue barbare. » Mais le contact avec ces barbares, qui portaient, gravé dans leur cœur par l’esprit, le message du salut, était salutaire. Pour vaincre les novateurs, il suffisait presque de révéler leurs doctrines. L’emploi de l’ironie, à propos de tous ces enfantements d’éons, eût été facile. Mais Irénée cherchait surtout à convertir les gnostiques : « De toute notre âme, nous leur tendons la main, et nous ne nous lasserons pas de le faire. » En face des rêveries morbides de ses adversaires, comme sa théologie apparaît simple, saine et optimiste : « Le Verbe de Dieu, poussé par l’immense amour qu’il vous portait, s’est fait ce que nous sommes afin de nous faire ce qu’il est lui-même. »
Sans négliger la théologie rationnelle, Irénée a exposé avec bonheur l’argument de la tradition : « La tradition des apôtres est manifeste dans le monde entier : il n’y a qu’à la contempler dans toute église, pour quiconque veut voir la vérité. Nous pouvons énumérer les évêques qui ont été institués par les apôtres, et leurs successeurs jusqu’à nous : ils n’ont rien enseigné, rien connu qui ressemblât à ces folies. Car si les apôtres avaient connu des mystères cachés dont ils auraient instruit les parfaits, en dehors et à l’insu du reste (des chrétiens), c’est surtout à ceux auxquels ils confiaient les Églises qu’ils les auraient communiqués. Ils exigeaient la perfection absolue, irréprochable, de ceux qui leur succédaient et auxquels ils confiaient, à leur place, la charge d’enseigner… Il serait trop long… d’énumérer les successeurs des apôtres dans toutes les Églises ; nous ne nous occuperons que de la plus grande et la plus ancienne, connue de tous, de l’Église fondée et constituée à Rome par les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul ; nous montrerons que la tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle a annoncée aux hommes sont parvenues jusqu’à nous, par des successions régulières d’évêques… C’est avec cette Église (romaine), en raison de l’autorité de son origine, que doit être d’accord toute Eglise, c’est-à-dire tous les fidèles venus de partout ; et c’est en elle que tous ces fidèles ont conservé la tradition apostolique.[8] »
Irénée a écrit aussi un petit livre, « Démonstration de la prédication apostolique. » Il était perdu. On l’a découvert en 1904, dans une traduction arménienne. Dans la controverse sur la date de Pâques, Irénée penchait pour l’usage de l’Asie, qui fêtait la résurrection du Christ le dimanche, et non un autre jour. Mais il tenait aussi à sauvegarder la charité, la tolérance. Il essayait de retenir le pape Victor sur le point d’excommunier les dissidents. Il avait écrit : « Il n’y a pas de Dieu sans bonté. »
Est-il mort martyr ? Il y a dans ce sens une indication du martyrologe hiéronymien, une autre de saint Jérôme et une autre de saint Grégoire de Tours. Les anciens bollandistes (Tillemont, Ruinart) opinaient dans ce sens. Mais on ne peut rien affirmer. Saint Irénée, d’après saint Grégoire de Tours, fut enterré dans la crypte de la basilique Saint-Jean, sous l’autel. A cette basilique, succéda une église Saint-Irénée, qui a donné son nom à un quartier de Lyon (rive droite de la Saône, sud-ouest de l’ancienne cité). En 1562, les calvinistes dispersèrent les reliques du saint. Un antique calendrier de marbre, retrouvé à Naples, marque la passion d’Irénée au 27 juin.
[1] Montan, prêtre païen converti, qui se mit à prophétiser la fin du monde et à prêcher la pénitence, vers 172, aux confins de la Mysie et de la Phrygie, et envoya des missionnaires dans toute l’Asie Mineure. Il en vint à prétendre être le Paraclet lui-même, venu compléter la révélation du Christ. Montan était mort avant 179. Le Montanisme est donc un mouvement de prophétisme et d’ascétisme. Il conservait à l’origine la foi commune, les Ecritures, l’attachement à l’Eglise, mais sa prétention à incarner la seule véritable Eglise de l’Esprit, comme son prophétisme incontrôlé, amenèrent une vive réaction de l’épiscopat, qui eut pour conséquence la séparation de Montan et de ses partisans d’avec l’Eglise. La propagande montaniste s’étendit dès le deuxième siècle jusqu’en Occident ; en Afrique au troisième siècle, elle entraîna Tertullien. La secte qui survécut plusieurs siècles, n’avait pas encore entièrement disparu au neuvième siècle.
[2] « Lettre des serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon, en Gaule, aux frères qui sont en Asie et en Phrygie, ayant la même foi et la même espérance de la rédemption. »
[3] Saint Eleuthère, grec, originaire de Nicopolis en Epire, est le douzième successeur de saint Pierre (174-189). Selon Hégésippe, qui était à Rome pendant les années 160, il était diacre du pape Anicet. Agbard, aussi appelé Lucius, roi d’Edesse, lui écrivit pour demander à devenir chrétien, ce qu’il fit ultérieurement. En 177, lorsque le pape Eleuthère reçut la visite d’Irénée de Lyon, la Nouvelle Prophétie, qui avait débuté peu avant en Phrygie et faisait l’objet de discussions assidues. L’attitude du pape Eleuthère au sujet du montanisme est incertaine, mais il n’y vit manifestement pas un danger et ne se prononça pas sur ses prétentions prophétiques. Son règne (quinze ans et trois mois) fut paisible. Il mourut dans la dixième année de l’empereur Commode (180-192), soit en 189. Mentionné pour la première fois comme martyr dans le martyrologe d’Adon de Vienne, il est fêté le 26 mai.
[4] Le vénérable évêque de Lyon, Pothin, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, avait dû être porté jusqu’au tribunal où, interrogé par le légat sur ce qu’était le Dieu des chrétiens, il répondait : « Tu le connaîtras, si tu en es digne. » Cette réponse lui valut d’être accablé d’injures, de coups de pieds et de coups de pierres, puis il fut de nouveau jeté en prison où il rendit l’âme quarante-huit heures plus tard.
[5] Saint Polycarpe appartient au groupe des Pères apostoliques qui sont disciples immédiats des apôtres. Il naquit sous Vespasien (vers 70), et fut converti au christianisme dès l’enfance. Attaché à l’Eglise de Smyrne, il fut un disciple de saint Jean. Son biographe, Pionius, dit qu’originaire du Levant, il fut amené à Smyrne par des marchands qui le vendirent à la noble Callisto. Cette généreuse chrétienne l’éleva dans la crainte du Seigneur, lui confia le soin de sa maison. Héritier des biens de Callisto, Polycarpe n’en aurait usé que pour se perfectionner dans la connaissance des Ecritures, s’avancer dans la pratique de la piété, et aurait reçu le diaconat des mains de l’évêque de Smyrne, Bucolus, qui l’attacha à son Eglise. Cependant, des autorités, comme celle de saint Irénée nous apprennent que Polycarpe suivit les leçons de Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus. Ce fut par les apôtres eux-mêmes que Polycarpe fut établi évêque de Smyrne. L’épiscopat de Polycarpe fut assez tranquille sous le règne de Trajan, alors que la persécution agitait l’église dans les autres provinces de l’empire. L’évêque de Smyrne alla à Rome et y séjourna ; il devait entretenir le Pape de divers sujets, défense des vérités de la foi, union et paix des fidèles, observances de discipline. L’accord n’existait pas entre Rome et les Eglises d’Asie pour la célébration de la Pâque. Anicet et Polycarpe estimèrent que le plus sage, sur ce dernier point, était de laisser jusqu’à nouvel ordre l’Orient et l’Occident suivre leur coutume respective. Le séjour de Polycarpe à Rome fut encore utile à beaucoup de personnes qui s’étaient laissé infecter du venin de l’hérésie ; l’évêque rendit un public témoignage à la vérité orthodoxe, fit rentrer dans le sein de l’Eglise des âmes séduites par les erreurs de Valentin et de Marcion. Rentré dans son Eglise de Smyrne, Polycarpe n’y jouit pas longtemps du calme et de la tranquillité. alors s’éleva une grande persécution contre les chrétiens où Polycarpe fut martyrisé (22 février 155).
[6] Eusèbe de Césarée : Histoire ecclésiastique, V 20.
[7] La gnose (d’un mot grec signifiant connaissance) est une doctrine ésotérique, proposant à ses initiés une voie vers le salut par la connaissance de certaines vérités cachées sur Dieu, le monde et l’homme. Dans ces théories, l’homme est un être divin, qui par suite d’un événement tragique, est tombé sur terre d’où il peut se relever pour retourner à son état premier par la Révélation. Dès les temps apostoliques, l’Eglise s’opposa à la gnose pour les raisons suivantes : bien que reconnaissant le Christ comme porteur de la Révélation, elle en niait la réalité historique (docétisme) ; elle niait la création comme œuvre de Dieu lui-même et refusait l’Ancien Testament ; elle évacuait l’attente chrétienne de l’accomplissement eschatologique..
[8] Saint Irénée : Adversus hœreses, III, III, 1-2.