Archive pour le 15 juin, 2012

Coeur Immaculé de Marie

15 juin, 2012

Coeur Immaculé de Marie dans images sacrée

http://www.spiritualite-chretienne.com/au_fil_des_jours/02-07-2011.

Coeur Immaculé de Marie Refuge des pécheurs

15 juin, 2012

http://www.serviteurs.org/Coeur-Immacule-de-Marie-Refuge-des.html

Coeur Immaculé de Marie Refuge des pécheurs

(est célébré le samedi de la troisième semaine après la Pentecôte, le lendemain de la solennité du Sacré coeur de Jésus)

par frère Raphaël, sjm

Cadeau de Dieu
Le mystère du cœur immaculé de Marie refuge des pécheurs est incomparablement au-dessus de ce qu’en peuvent dire les paroles humaines. Il reste un secret entre la Vierge et son Fils.
L’Ecriture, comme dépôt révélé, contient le peu qui en ait été divinement communiqué aux hommes. L’Eglise ose l’interpréter en le célébrant dans la liturgie et en le proposant à notre dévotion. Or, il n’est pas de vocable concernant Marie qui soit aussi difficile à saisir par notre raison. En effet, cette association de termes (« cœur immaculé » / « pécheurs ») recèle une tension apparemment insurmontable. Quel point commun, quel lien entre d’un côté ce qu’il y a de parfait, de saint et de l’autre ce qu’il y a de plus éloigné de Dieu ? La confiance dans l’enseignement de l’Eglise nous invite pourtant à tenir ces deux « extrêmes. » L’Eglise nous propose d’unir ce qu’il y a de premier dans le mystère de Marie (son cœur immaculé) et de dernier du point de vue de l’économie divine (le constituer refuge pour les pécheurs.)
Quelques lieux communs peuvent nous aider à entrer dans l’intelligence de ce mystère. On l’entend souvent : Marie immaculée ne comprend pas le pécheur. Pour comprendre quelqu’un il faut être dans la même situation que lui (principe d’égalité.) Ou encore, Marie parce qu’elle est immaculée ne peut pas comprendre le pécheur ; elle est trop pure, trop grande. Elle est donc trop loin de nous.
Considérons l’amour qui est entre Jésus et Marie. Du côté de Jésus, il ne peut grandir. Il a du premier coup sa pleine et excessive mesure, si haute que rien n’y saurait ajouter. Mais il peut grandir du côté de sa Mère. On le voit cependant admirable dès le premier instant. C’est un composé de ce que l’ordre de la nature (l’amour sensible de Marie pour Jésus) et celui de la grâce (l’amour d’un cœur surnaturellement pur) peuvent offrir de plus merveilleux.`
Il nous faut tenir cet amour de Marie pour Jésus parfait dès son commencement et en même temps un amour appelé à grandir. Sa perfection première est celle du germe, le cœur immaculé comme cadeau de Dieu. La croissance s’achève dans la perfection du fruit, le refuge des pécheurs comme cadeau de Dieu. Ainsi, il nous faut suivre ce chemin pour mieux comprendre ce mystère. Nous partons de l’œuvre gratuite, surabondante de Dieu, le cœur immaculé : c’est notre première partie. Au terme, nous contemplons le chef d’œuvre de Dieu en Marie, le cœur offert comme refuge des pécheurs : notre deuxième partie. Entre les deux, nous contemplerons cette suprême ascension de l’amour chez Marie.

Cœur immaculé de Marie Quelques considérations bibliques
Dans la Bible, le « cœur » ne dit pas « quelque chose » de l’homme mais il signifie l’homme intégral, le « dedans » de l’homme. Le cœur est la partie de l’homme la plus profonde, le siège de sa volonté, de sa pensée.
Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur « 
Matthieu 6, 21. Un texte biblique nous donne des éclairages précieux sur ce cœur de Marie. La prophétie de Siméon (Luc 2, 34-35) lui annonce que son Fils sera « un signe de contradiction » et que son âme, con cœur « sera transpercé d’un glaive. » Marie est sûre désormais d’être divinement associée à la souffrance de son Fils. Elle ignore encore tout de ce glaive, mais elle comprend cette communauté de destin entre Elle-même et son Fils.

Cadeau de la miséricorde du Père
L’Eglise a saisi à fond ces signes visibles que l’Ecriture nous a laissés. Comprenant cette communauté de destins dont nous avons parlée, elle est remontée en amont pour l’expliciter à la lumière de la miséricorde prévenante du Père. L’Eglise décrit le cœur de Marie comme très pur, intact, non atteint par le péché, bref un cœur vide de lui-même et plein de Dieu. Car il y a toujours une hâte dans la miséricorde. Elle devance, comme le Père du fils prodigue. Dans sa grande bonté, le Père a devancé le mystère de la croix pour envelopper le cœur de Marie de sa miséricorde.
Il a constitué son cœur immaculé pour pouvoir être la digne mère de Jésus. Grâce à ce cadeau, Marie peut être tournée vers Jésus d’un cœur sans partage, vivre le mystère de sa maternité dans la limpidité de la contemplation. Il fallait un cœur immaculé pour qu’elle soit la première à contempler ce mystère de Dieu fait homme, qu’il n’y ait rien d’elle-même et de la faute originelle qui fasse écran au dessein de Dieu. Le cœur de Marie est immaculé pour pouvoir pleinement vivre le mystère de la croix. Au pied de la croix, la douleur de Marie est vécue dans la contemplation. Ecrasée de douleur, elle est cependant retenue par le « fil » de la foi, confiance totale en Dieu qui tient ses promesses. Elle sait qu’elle est à sa place. Sa douleur n’est pas repli sur soi, elle est tout absorbée dans ce regard de foi. Elle lui est, pour ainsi dire, soumise. Par son cœur immaculé Marie est unie à ce point au sacrifice de son Fils.

Conséquences
Marie s’est employée à faire fructifier ce trésor que Dieu avait déposé en elle. Nous le voyons au calvaire, Dieu lui demande plus qu’à tous les autres. Et c’est ainsi qu’il fera grandir en elle l’amour. Cette ascension de l’amour est la réponse à la docilité totale de la Vierge. Cette docilité, voilà la part de Marie dans cette relation.
Saint Jean de la Croix a parlé de la ressemblance ultime du cœur, la transfixion, comme d’une grâce concédée aux âmes fidèles jusqu’au bout à l’amour. Le cœur est comme percé pour que les flots de la grâce s’en échappent et se répandent sur les autres. C’est en ce sens que les souffrances de Jésus sur la croix sont mêlées à celles de Marie et comptées avec les siennes pour compenser notre iniquité.
Pour nous, ce mystère nous fait découvrir quelque chose de nouveau de la miséricorde du Père. En effet, elle enveloppe tout, elle est capable de se servir de toutes les conséquences du péché pour réaliser une intimité plus profonde avec Lui. Nous avons contemplé Marie comme chef d’œuvre de la miséricorde du Père en tant qu’elle vit de cette miséricorde pour elle. Pouvons-nous dire de Marie qu’elle exerce cette miséricorde pour les hommes ?

Messe du 16 janvier
Refuge des pécheurs Quelques considérations bibliques
Nous l’avons vu, l’Ecriture ne présente qu’implicitement ce mystère du cœur immaculé de Marie refuge des pécheurs. L’Eglise en extrait le sens ; elle sait mieux que personne que les seules paroles inspirées, quand elles sont reçues par la foi vive nous font entrer de manière privilégiée jusqu’au cœur du mystère. Aussi, elle privilégie le recours aux termes même de l’Ecriture pour exprimer ce qu’elle célèbre dans la liturgie. Dans la Bible, le refuge est d’abord appliqué à Dieu (psaumes.) Pour notre sujet, une autre mention du refuge est éclairante : celle des « villes refuge ».

La ville Refuge dans la BIBLE :
Cette institution visait à rompre l’enchaînement automatique des vengeances après un crime. Tout meurtrier pouvait trouver dans ces villes (Sichem, Hébron…) un asile provisoire contre la vengeance de sang. Il passait en jugement devant la communauté qui devait estimer la gravité du fait. Ces villes de refuge étaient en même temps des villes lévitiques, ce qui assurait dans leur tribunal la présence d’hommes religieux, gage d’une meilleure justice.
Pour notre propos, il est intéressant de relever que le terme de refuge dans la Bible est un lieu où nous nous trouvons en sûreté à condition d’y demeurer.

La miséricorde de Marie
Une mauvaise compréhension de la prévenance de Dieu affirme que la part de l’homme dans cette relation est nulle puisque Dieu fait tout. Marie n’aurait donc aucun mérite ; pourquoi parler de sa miséricorde puisque tout revient à celle de Dieu ? La miséricorde du Père veut que nous apportions quelque chose de nous. Il nous faut laisser toute la place à Dieu, cela implique toute notre personne. Ainsi, la miséricorde de Dieu peut se déployer en nous après des luttes, des arrachements successifs. Il en est ainsi chez Marie. Dans l’Evangile, quand Jésus rencontre sa mère, c’est souvent pour briser quelque chose en elle. Il semble que Jésus la traite avec une dureté étonnante, inconcevable. Le secret des duretés surprenantes dont Jésus use envers elle paraît à découvert dans l’Evangile. L’épisode de la Cananéenne (Mt. 15, 22-28) est éclairant. « Elle criait en disant : Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » « Mais il ne lui répondit pas un mot. » Les disciples sont touchés et intercèdent pour elle. « Mais lui répondant, dit : »Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël« . Voilà donc Jésus plus dur que ses disciples ? »Mais elle, étant venue, se tenait prosternée devant Lui, en disant : Seigneur, viens à mon secours ! Répondant, il dit : il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens !« C’est un affront. Mais elle insiste : »Seigneur ! Les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leur maître.« Où donc ce cœur offensé, apparemment dédaigné puise-t-il tout l’amour qui inspire cette réplique ? N’est-ce pas Jésus qui fait grandir progressivement en la repoussant, l’amour de cette femme, à la manière dont on barre un fleuve pour en multiplier la puissance ? Oui, c’est Jésus qui opère en elle. Et c’est pourquoi la foi en elle est merveilleuse. A ce point que l’artiste admire ce qu’il a fait et devient captif en quelque sorte de la beauté de son œuvre :
O femme, ta foi est grande ! Qu’il te soit fait comme tu veux. »
C’est en ce sens que nous pouvons saisir le ressort de l’apparente dureté de Jésus envers sa mère, la part de Marie et finalement sa puissance d’intercession.

Conséquences
Marie ayant fait aussi loin cette expérience de la miséricorde, étant entrée aussi profondément dans cette pédagogie divine n’a plus qu’un seul désir : nous faire partager son bonheur, nous donner cette vie divine. A qui ? A ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire à nous tous les pécheurs. Et rien n’arrête Marie dans cette proximité à l’égard des pécheurs. C’est la proximité d’une mère. La mère est celle qui porte la vie, qui porte plus qu’elle ne devrait porter. Ce n’est pas au nom de la justice (comme les villes refuges) mais au nom de l’Amour que Marie exerce cette proximité. Et l’Amour va toujours plus loin. Refuge pour les pécheurs, Marie ne les protège pas seulement ; elle porte leurs misères car elle connaît leur malheur plus profondément qu’eux-mêmes ne le connaissent. Elle les accueille, les protège, leur donne la vie divine pour leur permettre de repartir.
Cœur immaculé de Marie refuge des pécheurs
Considérons le chemin parcouru. Nous sommes partis de la contemplation du cœur immaculé de Marie pour aboutir à sa compassion pour le pécheur. Nous avons vu que tout l’entre deux était celui d’une configuration progressive à son fils. Nous pouvons à présent unir ces deux extrêmes et dans une certaine mesure en balbutier l’intelligibilité.
Le cœur est immaculé pour être le refuge des pécheurs Il s’agit de saisir que plus on s’élève vers les principes, plus on est capable de comprendre ce qui en dépend. Plus nous nous élevons vers le mystère de Dieu, plus nous sommes capables de comprendre ce qui est loin de Dieu, le péché. Comprenons : c’est quand nous avons aimé que nous saisissons avec acuité ce que représente le manque d’amour et, alors, celui-ci nous blesse. Il faut donc être dans une profonde intimité avec Dieu pour pénétrer l’opacité du péché. N’est-ce pas là la mission de Marie ? Marie sans être affectée par le péché est donc liée à l’opacité du pêché. Si Marie est immaculée, c’est donc pour être le refuge des pécheurs. Dans la lumière de la sagesse de Dieu, il fallait un cœur absolument exempt de toute trace du péché pour pouvoir être proche du pécheur.

Entrer dans ce regard de Marie
Au terme de ce parcours, nous pouvons puiser de nombreux enseignements dans cette docilité de Marie. Marie n’est-elle pas la préfiguration de ce que chaque Chrétien est appelé à être ? Comme pour elle, notre miséricorde doit jaillir de la surabondance de notre amour pour Son Fils. Elle nous apprend à dépasser notre regard instinctif de justice. En effet, nous divisons facilement l’humanité entre les « bons » et les « méchants ». Avec Marie, nous sommes appelés à ne plus diviser. Dans notre cœur, tous doivent occuper la même place et être présentés pareillement à Jésus.
Marie nous enseigne aussi par son exemple à plaider la cause des pécheurs auprès de Jésus. Il n’y a pas là de pieuse condescendance ; c’est une attitude que nous devons recevoir d’elle. Elle nous apprend à envelopper d’amour les plus déshérités. Bien plus, elle nous apprend à leur pardonner. Un pardon divin qui consiste à se mettre à la place du pécheur et à porter en face de Dieu et des hommes la responsabilité du pécheur : à se servir des conséquences du péché pour donner davantage.

Homélie du 11e dimanche ordinaire B

15 juin, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 11e dimanche ordinaire B

Ez 17, 22-24 ; 2 Co 5, 6-10 ; Mc 4, 26-34

Bien joli le langage poétique d’Ezéchiel et de Marc. Même rassurant. Une tendre pousse et un grain de blé, un cèdre magnifique et un moutardier géant, des nids et une multitude d’oiseaux. Cela nous change de ce que nous voyons trop souvent sur nos écrans. Ainsi, les affamés, malades ou blessés, les destructions, guerres, litanies de souffrances et de désespoirs… Or, le prophète Ezéchiel a vécu ce même genre d’épreuve. Il a fait partie de ces lamentables cortèges jetés sur les routes de la déportation.
Il était parmi les hommes, les femmes et les enfants accablés, découragés, désespérés et sans avenir, la plupart sans doute tentés par la violence, l’esprit de vengeance ou révoltés contre Dieu.
C’est dans cet enfer que ce prêtre, arraché de force à son temple, a semé une petite graine d’espérance dans un océan d’amertume. Une simple et fragile bouture qui deviendra un conifère géant.
Marc n’a pas présenté ces ravissantes paraboles de Jésus dans le cercle feutré d’un salon de poésie, mais à des chrétiens, minorité incomprise et persécutée au cœur de la Rome païenne.
Eux aussi sont découragés et rongés par le doute. Comment pourraient-ils bâtir dès ici-bas ce royaume de Dieu, d’amour, de justice et de paix, que le Christ leur a promis et confié ? Marc leur offre à méditer les leçons de la nature et de ses incroyables forces de fécondité. On ne fait pas grandir une plante en tirant sur ses feuilles. Ce ne sont pas des arbres couverts de fruits et de nids d’oiseaux que l’on plante. Il faut de la patience et de la persévérance, de la continuité dans l’effort et une solide confiance en Dieu. Et la foi n’est-elle pas la plus mystérieuse et la plus forte des énergies de création et d’espérance ?
En 1944, la fragile et sanglante tête de pont en Normandie n’était certes pas encore la libération de l’Europe… Personne, à l’époque, n’aurait pu dire que, cinquante ans plus tard, des ennemis apparemment irréductibles seraient invités à voter ensemble, avec d’autres Européens, pour former un Parlement commun. C’est-à-dire une semence fragile, mais qui porte en elle la capacité vitale d’un grand arbre européen, capable de porter du fruit et où les oiseaux de tous ramages et plumages pourront y faire paisiblement leur nid ? Mais pas en quelques années, et pas sans l’effort de chacun et de tous.
C’est dans cette réalité temporelle que s’incarne le royaume de Dieu, dont nous sommes, par le Christ, des semences et des artisans.
L’Evangile n’a pas de programme politique et ce n’est pas la vocation de l’Eglise d’en proposer un. Mais les communautés chrétiennes et chaque chrétien en particulier sont les missionnaires et les témoins de valeurs évangéliques et humaines. Elles constituent d’ailleurs le fondement et la sève de notre civilisation. Chrétiens, nous n’avons rien à imposer, mais bien à nous plonger, à nous incarner dans la société pour y exister en tant que croyants. Et donc faire entendre notre voix dans le concert démocratique. Même si nous sommes minoritaires. Nous n’avons pas à nous cacher ni à nous taire.
Nous sommes, par exemple, aux premières loges pour apporter chacun notre petite graine pour une Europe spirituelle, une Europe œcuménique, une Europe ouverte et fraternelle. Les chrétiens ne sont-ils pas pressés par l’Evangile d’être des instruments inusables de pardon et de réconciliation ? Nous sommes appelés à guérir la haine par la connaissance et le respect de l’autre. Nous avons vocation, particulièrement dans un monde en crise, d’être des facteurs de solidarité, de tolérance et de paix. Et l’Evangile est la meilleure charte des droits fondamentaux de la personne humaine.
De même, l’Evangile est un rempart contre l’idolâtrie de l’Etat absolu, celle du peuple, de la nation ou de la race. Idolâtrie de l’ordre économique et social également. C’est l’Evangile aussi qui nous entraîne à lutter à tous les niveaux contre les nationalismes agressifs, la xénophobie, le racisme et l’individualisme. Et que dire du combat pour le respect de la vie, la promotion de la vie familiale, et j’en passe…
Ce qui veut dire que voter est bien une responsabilité de citoyen et de chrétien. Voter, c’est opter pour une échelle de priorités, et donc se référer à des valeurs. C’est soutenir un projet qui soit porteur de sens. Le grand arbre à fruits, digne de Dieu et de l’être humain, sera ce que nous aurons choisi d’en faire.
Timorés et parfois désabusés, nous risquons de dire : « Que pouvons-nous faire ? » Pas plus et pas moins qu’une graine que l’on enfouit en terre pour une future moisson. A chacun de nous de « distiller l’espérance » en pariant sur tous les côtés positifs du débat démocratique.
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus annonçait la Parole. « Heureux donc qui reçoit cette Parole de vie et la fait fructifier ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

PÈLERINAGE PÉNITENTIEL À LOUGH DERG: HOMÉLIE DU CARD. OUELLET

15 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31142?l=french

PÈLERINAGE PÉNITENTIEL À LOUGH DERG: HOMÉLIE DU CARD. OUELLET

Demande de pardon dans le cadre du congrès eucharistique

ROME, vendredi 15 juin 2012 (ZENIT.org) – « Je tiens à réaffirmer l’engagement de l’Eglise catholique pour créer un environnement sûr pour les enfants », déclare le cardinal Ouellet, qui exhorte aussi les chrétiens à la conversion : « Une vraie conversion ne peut se faire qu’à travers une relation personnelle profonde, restaurée, avec le Christ que nous invoquons pour toute l’Eglise ».
Le préfet de la Congrégation pour les évêques et légat du pape au Congrès eucharistique international de Dublin, a en effet effectué, au nom du pape, un pèlerinage pénitentiel au sanctuaire de saint Patrick à Lough Derg, comme c’est la tradition, dans le jeûne et la prière. On appelle ce centre de pèlerinage situé sur une île le« Purgatoire » de saint Patrick. Il a présidé la messe et a prononcé l’homélie, mardi, 12 juin, en la basilique Saint-Patrick (http://www.loughderg.org/). La célébration eucharistique a été suivie d’une prière d’intercession pour les victimes d’abus et pour l’Eglise dont nous proposons ci-dessous une traduction, après le texte de l’homélie.

Homélie du card. Ouellet :

Chers frères et sœurs,

Le pape Benoît XVI m’a demandé, en tant que Légat au 50ème Congrès eucharistique international de Dublin, de venir à Lough Derg demander pardon à Dieu pour les temps où des clercs ont agressé sexuellement des enfants non seulement en Irlande mais aussi ailleurs dans l’Eglise.
Lough Derg, en Irlande, est le symbole de la conversion, de la pénitence et du renouveau spirituel. Beaucoup de gens viennent ici pour prier, jeûner et demander pardon pour leurs péchés. Selon une longue tradition, ils suivent les pas de saint Patrick qui évangélisa le pays au cinquième siècle.
Je suis venu ici dans l’intention spécifique de chercher le pardon de Dieu et des victimes, pour la grave faute des abus sexuels sur des mineurs par des clercs. Nous avons appris au cours des dernières décennies tout le mal et le désespoir que de tels abus ont causés à des milliers de victimes. Nous avons appris aussi que la réponse de certaines autorités de l’Église à ces crimes a souvent été inadéquate et inefficace pour y mettre fin, malgré des indications claires dans le code de droit canonique.
Au nom de l’Eglise, je présente encore une fois mes excuses aux victimes, que j’ai rencontrées, pour certaines, ici même, à Lough Derg.
Je redis ici ce que le Saint-Père a dit aux victimes dans sa Lettre aux catholiques d’Irlande : « Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Eglise. En son nom, j’exprime ouvertement la honte et le remords que nous éprouvons. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre espoir. C’est dans la communion de l’Eglise que nous rencontrons la personne de Jésus-Christ, qui a lui-même été victime de l’injustice et du péché ».
Chers frères et sœurs, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent ».
La tragédie des abus sexuels de mineurs perpétrés par des chrétiens, surtout quand ce sont des membres du clergé, est une source de grande honte et un scandale énorme. C’est un péché contre lequel Jésus lui-même s’est indigné : « Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Lc 17, 2).
En tant que membres de l’Église, nous devons avoir le courage de demander humblement le pardon de Dieu, ainsi que le pardon de ceux qui ont été blessés : nous devons rester proches d’eux sur leur chemin de souffrance et chercher tous les moyens possibles pour guérir et panser les blessures en suivant l’exemple du Bon Samaritain.
Dans le contexte de ce Congrès eucharistique international, je tiens à réaffirmer l’engagement de l’Eglise catholique pour créer un environnement sûr pour les enfants et nous prions pour qu’une nouvelle culture de respect, d’intégrité et d’amour à la manière du Christ, l’emporte au milieu de nous et pénètre la société dans son ensemble .
Que l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints nous aide tous à éradiquer le fléau des abus sexuels et nous libère en vue d’un renouvellement profond et durable spirituelle de l’Eglise tout entière.
Nous sommes ici pour prier Dieu avec les paroles mêmes de saint Augustin dans les Confessions : « Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ; j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix » (Livre 10, 27).
Une vraie conversion ne peut se faire qu’à travers une relation personnelle profonde, restaurée, avec le Christ que nous invoquons pour toute l’Eglise, comme nous le rappelle la prière de Saint Patrick, l’apôtre de la foi dans ce pays :

Le Christ avec moi, le Christ en moi,
Le Christ derrière moi, le Christ devant moi,
Le Christ à côté de moi, le Christ me gagne,
Le Christ me réconforte et me redonne des forces. Amen.

Après l’homélie, l’assemblé prié aux intentions suivantes :
- Pour l’Église et ses dirigeants : que leur soient accordés sagesse et courage pour fortifier la foi des fidèles et leur donner la nourriture pour la route. Seigneur, écoute-nous.
- Pour nous tous ici présents : que nous puissions être sel de la terre pour ceux qui nous entourent et une lumière pour guider les gens sur leur chemin de pèlerin. Seigneur, écoute-nous.
- Pour les manquements à l’amour, au respect, au soutien et à l’éducation des jeunes, en particulier les plus vulnérables, nous te demandons pardon. Seigneur, écoute-nous.
- Pour les crimes et les péchés d’abus sexuels et physiques perpétrés contre des enfants et des jeunes par des prêtres ou par d’autres ministres de l’Église, en particulier dans les institutions gérées par celle-ci. Seigneur, écoute-nous.
- Pour la réponse inadéquate souvent donnée par des responsables de l’Église quand des personnes victimes de ces abus ont parlé de ce qui leur était arrivé, nous demandons pardon. Seigneur, écoute-nous.
- Que tous ceux dont la vie a été brisée par des abus de toute nature puissent recevoir un soutien et faire l’exoérience d’une guérison durable. Seigneur, écoute-nous.
- Pour des intentions personnelles, pour les intentions d’autres pèlerins et pour toutes les personnes malades. Seigneur, écoute-nous.
- Pour toutes les personnes en deuil, et pour nos morts, en particulier les membres de nos familles et tous ceux qui nous sont chers ; pour les personnes qui nous ont quittés récemment, toutes celles qui sont venues en pèlerinage à Lough Derg et pour les victimes de mort tragique ou violente. Seigneur, écoute-nous.
- Seigneur Dieu, par l’intercession de Patrick notre saint patron, entends les prières de ton peuple ici rassemblé dans la foi et l’espérance. De même que tu nous nourris par ta parole, donne-nous aussi le pain qui nous donne la vie, Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction d’Hélène Ginabat