Archive pour le 14 juin, 2012

Le sacre coeur de Jesus, (Fresque de la coupole de la Basilique de Montmartre)

14 juin, 2012

Le sacre coeur de Jesus, (Fresque de la coupole de la Basilique de Montmartre) dans images sacrée sacrecoeur

http://leblogdeliemarie.wordpress.com/2010/06/11/le-sacre-coeur-et-la-naissance-de-la-flotte-providentialiste/

LA DÉVOTION AU SACRÉ-COEUR (15 juin)

14 juin, 2012

http://spiritualite-chretienne.com/s_coeur/resume_a.html

LA DÉVOTION AU SACRÉ-COEUR (15 juin)

Résumé historique et théologique

Ere Patristique

Les auteurs dont les noms sont imprimés en caractères gras sont ceux qui figurent au chapitre chronologie, où l’on trouvera les citations correspondantes, ainsi qu’au chapitre biographies, pour le lecteur qui souhaiterait les mieux connaître.
- Les textes des citations retenues pour l’ensemble de ce chapitre ont été confirmés sur plusieurs ouvrages de référence, et en particulier : Le Sacré-Cœur de Jésus et la Tradition, par le R.P. Xavier de Franciosi (Tournai – Paris, Casterman, 2° édition 1908), Histoire de la dévotion au Sacré-Cœur (5 vol.), par A. Hamon (Paris, Beauchesne, 1923-1940), La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus – Doctrine – Histoire, par J.-V. Bainvel (Paris, Beauchesne, 1917), L’Origine du Culte du Sacré-Cœur de Jésus et son objet, par l’Abbé Levesque (Avignon, Maison Aubanel, 1930), Le Cœur du Sauveur, par Joseph Stierli (Mulhouse, Salvator, 1956), ainsi que Développement historique de la Réparation dans le culte du Cœur de Jésus, par Jésus Solano (Rome, C.D.C., 1982). Concernant l’Ordre Bénédictin, nous avons consulté plus particulièrement les deux ouvrages de la collection Pax (vol. X et XXVI) : La Dévotion au Sacré-Cœur dans l’Ordre de S. Benoît par D. Ursmer Berlière (Paris, Lethielleux et Desclée, De Brouwer & Cie, Abbaye de Maredsous, 1923) et L’Amour du Cœur de Jésus contemplé avec les saints et les mystiques de l’Ordre de Saint Benoît, textes recueillis et traduits par les moniales de Ste Croix de Poitiers (Paris-Bruges, Desclée de Brouwer et Cie, Abbaye de Maredsous, 1936). Concernant l’Ordre Dominicain, nous avons de même consulté plus spécialement La dévotion au Sacré Cœur de Jésus dans l’Ordre de Saint-Dominique par l’auteur de « Chez les Dominicaines du Grand Ordre », Paris, Librairie Dominicaine, et Bar-le-Duc, 1929. Il existe un travail similaire concernant l’Ordre Franciscain : Le Sacré-Cœur de Jésus par le P. Henri de Grèzes (Paris, Etudes franciscaines, 1890).

1. L’ère patristique : le Cœur du Christ, Source de Vie
Il est bien entendu impossible, dans les premiers temps de l’Eglise, de parler de culte du Sacré-Cœur. Cependant, dès les premiers siècles, les Pères de l’Eglise et les théologiens réfléchissent sur un certain nombre de versets bibliques qui, par la plaie au côté du Christ en croix, les amènent à appréhender le Cœur divin sous un jour nouveau.
Il se penchent ainsi tout d’abord sur les versets de l’Evangile de Jean 7,37 et 19,34.
Du rapprochement de ces textes est née l’image du Cœur du Christ blessé, dispensant l’Esprit à ceux qui veulent s’y abreuver. La plaie du côté d’où s’écoulent le sang et l’eau – signes de vitalité et de fécondité – s’ouvre sur la purification et la rédemption de l’homme. Nous sommes là au cœur, au point central de l’Evangile de Jean. Citons de cette période patristique :
· Saint Justin (v.100-v.165), l’apologiste romain, donne dans son Dialogue avec Tryphon (CIII, commentaire du Psaume 21) le texte extra-biblique le plus ancien que nous connaissions sur le Cœur du Christ : « L’expression « comme de l’eau se sont écoulés et ont été dispersés mes os, mon cœur est devenu comme une cire fondue au milieu de mes entrailles » (Ps 22,15) était aussi une prédiction, et c’est ce qui lui est arrivé cette nuit-là où ils s’en vinrent contre lui sur le Mont des Oliviers pour le saisir. Car dans les « Mémoires » que j’ai dit que ses apôtres et leurs disciples ont composés, il est écrit qu’une sueur comme faite de caillots de sang lui coulait tandis qu’il priait en disant : « Que s’éloigne si c’est possible ce calice ! ». C’est que son Cœur était évidemment tout tremblant ; de même ses os ; son Cœur était comme une cire fondante qui coulait dans ses entrailles, afin que nous sachions que le Père, à cause de nous, a voulu que son Fils souffre réellement de semblables douleurs et que nous ne disions pas que, fils de Dieu, il ne sentait pas ce qui lui arrivait et survenait. […] Nous autres chrétiens, nous sommes le véritable Israël, né du Christ ; car nous avons été taillés dans son cœur comme des pierres arrachées au Rocher ».
· Saint Irénée (v.130-v.202), l’évêque de Lyon, pour qui l’Eglise est la source de l’eau vive qui vient à nous du Cœur du Christ.
· Un membre anonyme de cette Eglise de Lyon, dont le récit du martyre du diacre Sanctus de Vienne nous a été transmis par Eusèbe (Histoire de l’Eglise, liv.5), qui nous dit que « de la source céleste comme une rosée bienfaisante et fortifiante descendait sur lui l’eau vive qui s’écoule du Cœur du Christ ».

Quelques auteurs inconnus des III° et IV° siècles, tels :
· L’auteur de l’ouvrage De montibus Sina et Sion (III° siècle), dans lequel on peut lire « La loi des chrétiens est la sainte croix du Christ, le Fils du Dieu vivant. Or le Prophète a dit : Ta Loi est au milieu de mon cœur (Ps.39,9). C’est pourquoi le Christ fut transpercé, et de son côté s’écoula le breuvage de sang et d’eau ».
· L’auteur de l’ouvrage Liber graduum (manuscrit syriaque du IV° siècle), qui écrit : « Son Cœur s’est rempli de tristesse à cause de nos iniquités, c’est-à-dire comme effet de son amour envers les créatures exposées à se perdre. […] Le Seigneur s’est attristé également en voyant ceux qui l’avaient trahi et crucifié, et il a prié pour eux avec des larmes, pour nous donner l’exemple : afin que nous priions nous aussi pour ceux qui nous font du mal, versant nos larmes pour implorer leur pardon, comme Lui-même l’a fait pour nous devant son Père ».

Mais aussi :
· Saint Hippolyte de Rome (v.170-235), mort martyr, qui voit dans ce fleuve d’eau vive la réalisation de la figure des quatre fleuves qui arrosaient le Paradis, fleuve qui renouvelle à son tour la terre en un nouveau Paradis.
· Origène (v.185-v.252), qui voit dans le Cœur transpercé du Christ la source à laquelle le chrétien doit s’abreuver.
· Saint Cyprien (v.200-258), évêque de Carthage, qui est avec Tertullien l’un des pionniers de la littérature chrétienne latine. Dans son Homélie 84 sur Jean 19 (in de Montib. Sinae et Sion), il écrit : « C’est par la vertu de la mort du Christ que la sentence de notre condamnation fut déchirée, que nos péchés furent effacés, et que nous avons recouvré notre liberté ; et, par un privilège spécial, la charte de notre pardon fut scellée du sceau de la plaie latérale ». Il ajoute, dans son Homélie sur la Passion du Christ : « O chrétien, voyez donc la profondeur de cette plaie et, par cela même, l’étendue de l’amour du Christ ; par elle, la vraie fontaine vous est ouverte, c’est-à-dire le Cœur de Jésus dans lequel vous pouvez entrer ; pénétrez-y donc, car il peut vous contenir tout entier ».
· Saint Athanase (v.296-373), patriarche d’Alexandrie et « père de l’orthodoxie », qui prolonge ce regard sur la plaie du côté, dans son Homélie sur la Passion : « De toutes les plaies du Sauveur, aucune n’est comparable à celle de son côté d’où s’écoule du sang et de l’eau. De même que par la femme, formée du côté du premier homme, vint la chute, de même aussi la Rédemption et la Réparation nous sont venues du côté ouvert du second Adam : la Rédemption par le sang et la Purification par l’eau ».
· Saint Ambroise (340-397), l’évêque de Milan, qui dans son Explication sur les Psaumes, invite les fidèles à s’abreuver au Christ lui-même (I,33) : « Abreuve-toi auprès du Christ, car il est le Rocher dont les eaux découlent, abreuve-toi auprès du Christ, car il est la source de vie, abreuve-toi auprès du Christ, car il est le fleuve dont le torrent réjouit la cité de Dieu, abreuve-toi auprès du Christ, car il est la paix, abreuve-toi auprès du Christ, car des fleuves d’eau vive jaillissent de son sein. ».
· Et également Jean Scot Erigène (IX° siècle), philosophe et mystique originaire d’Irlande, qui – méditant sur Jean 1,18 (« Nul n’a vu Dieu : le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître ») – voit ainsi le Verbe incarné « insinuer » (insinuare en latin) l’amour originel dans le monde, et y répandre la lumière. Son traité De la division de la nature sera condamné en 1225 par Honorius III.
Vient ensuite l’image de Jean, penché sur le Cœur du Christ au cours de la sainte Cène, rapportée en Jean 13,23. Cette proximité de l’apôtre alimente une piété particulière envers lui, que l’on retrouvera encore chez Marguerite-Marie.
· Saint Grégoire de Nysse (†395), nommé évêque de Nysse en 372 par son frère puîné saint Basile le Grand (v.330-379), écrit par exemple : « Celui qui, pendant la Cène, reposa sur la poitrine du Seigneur, aimait la doctrine du Verbe (Verbi amavit ubera). Comme une éponge, il trempe son cœur dans la source de vie, tout imprégné, par une ineffable vue des mystères du Christ, il nous révèle son âme remplie de la science du Verbe, et nous fait part des vérités qu’il a puisées à leur source ; il affirme de sa grande voie que le Verbe est éternel ».
· Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone, dit également que « saint Jean a reçu du Seigneur (sur la poitrine duquel il reposa à la Cène, afin de signifier par là qu’il lui fut donné de puiser des mystères plus profonds au plus profond de son cœur), saint Jean reçu du Seigneur la grâce tout à fait spéciale de pouvoir dire sur le Fils de Dieu des choses telles que l’esprit des petits peut bien en être aiguillonné… ». Et encore (De la Trinité, IX,10,15) : « Il voit plus haut que toute créature, car il boit à la poitrine du Seigneur. C’est lui, Jean, le saint évangéliste, celui que Jésus préférait tellement qu’il a reposé sur sa poitrine. Là était caché le secret où il devait boire ce qu’il nous restituerait dans son évangile ».
· Saint Paulin de Nole (353-431), disciple en Aquitaine du poète latin Ausone (v.310-v.395) avant sa conversion, puis évêque de Nola en Campanie, écrit à son tour que « Jean qui eut le bonheur de reposer sur la poitrine du Seigneur fut rempli de l’Esprit-Saint, car il puisa directement au Cœur de la Sagesse, qui créa toutes choses, une intelligence qui dépasse celle de toutes les créatures ».
Un autre élément capital de ces prémices à la dévotion au Cœur du Christ, est l’image de l’Eglise née du Cœur du Sauveur transpercé par la lance. Cette théologie de l’Eglise, nouvelle Eve née d’un nouvel Adam, trouve ses fondements en plusieurs passages du Nouveau Testament, et notamment en Romains 5,14, Actes 3,15 et Hébreux 2,11.
· Tertullien (v.155-220), apologiste d’Afrique du Nord et premier des écrivains de langue latine, qui aborde dans l’un de ses Traités (De Anima) cette blessure faite par la lance à la poitrine du Sauveur : « Le sommeil d’Adam figurait la mort du Christ qui devait s’endormir sur la croix, pour laisser sortir, de la plaie de son côté, l’Eglise, la véritable Mère des vivants ».
· L’auteur de l’ouvrage Adversus Marcionitas (III° siècle), qui fait naître l’Eglise du Cœur de Jésus, en la comparant aux fleuves du Paradis.
· L’auteur de l’ouvrage De rebaptismate (III° siècle), qui rappelle que « ces fleuves ne furent visibles que dans la Passion de Notre-Seigneur, dont le côté ouvert par la lance du soldat laissa s’écouler le sang et l’eau ».
· Saint Jean Chrysostome (v.344-407), l’un des quatre grands Docteurs de l’Eglise Orientale, moine, ermite, et nommé contre son gré en 398 évêque de Constantinople, il est l’auteur de Sermons qui l’ont rendu célèbre dans tout l’Orient et lui ont valu son surnom de « Bouche d’Or ». Il écrit par exemple : « La lance du soldat ouvrit le côté du Christ, et voici que, de la blessure de son côté, le Christ a formé l’Eglise, tout comme Eve, notre première Mère fut tirée de la côte d’Adam. C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes la chair de sa chair et les os de ses os ». Il veut parler de la blessure ouverte au côté de Jésus. Comme Dieu tira une côte de la poitrine d’Adam pour en former la femme, le Christ fit couler de la blessure de son côté l’eau et le sang, pour en tirer l’Eglise ».
· Saint Augustin, cité plus haut, qui reprend : « Adam dort afin que naisse Eve ; le Christ meurt afin que naisse l’Eglise », et dans le Traité CXX sur saint Jean : « C’est avec dessein que l’Evangéliste ne dit point : La lance frappa le côté de Jésus, ou : La lance le blessa, mais qu’il assure expressément qu’elle l’ouvrit. Car de ce côté ouvert, comme d’une porte de vie, sont sortis les Sacrements sans lesquels personne ne peut entrer dans la véritable vie. Cette eau salutaire tempère la soif ; elle nous purifie et nous sert de breuvage. La blessure du côté était figurée par l’ouverture que Noé reçut ordre de faire sur l’un des flancs de l’arche et par laquelle entrèrent les êtres animés qui ne devaient pas périr dans le déluge ; tout ceci était l’image de l’Eglise. Elle était encore figurée, cette blessure, par le côté d’Adam, d’où la première femme fut tirée. Eve fut appelée « la vie » ou « mère des vivants ». Là se trouvaient renfermé le grand mystère de l’avenir. Ainsi Jésus-Christ, le second Adam, vit la sainte Eglise, son auguste Epouse, sortir de son côté, lorsqu’il sommeillait sur la croix ».
· Saint Grégoire de Tours (540-594), né Georges Florentius, nommé évêque de Tours en 573 et très apprécié du pape saint Grégoire le Grand (v.540-604), qui écrit également : « Tout le monde sait que le premier homme, Adam, est, avant sa faute, la figure du Rédempteur ; notre Seigneur, de son côté ouvert, Jésus endormi du sommeil de sa Passion, laisse couler le sang et l’eau, et ainsi met au monde l’Eglise vierge, sans tache, baignée dans le sang, purifiée dans l’eau sanctificatrice, sans souillure et sans ride ».

Citons encore, sur ce thème, pour le haut Moyen Age :
· Saint Bède le Vénérable (673-735), Bénédictin anglais, Docteur de l’Eglise, dont l’œuvre sur l’histoire de l’Eglise en Angleterre l’a fait nommer « père de l’histoire anglaise ». Dans son commentaire du Cantique des Cantiques (IV,9), il contemple dans la plaie du côté l’amour du Sauveur pour son Eglise.
On retrouvera ces enseignements sur le Cœur du Christ présents dans les sermons de l’époque carolingienne comme dans nombre de productions des artistes de ce haut Moyen Age.

PAPE BENOÎT: CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE CHEZ SAINT PAUL : AUDIENCE DU 13 JUIN 2012

14 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31122?l=french

CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE CHEZ SAINT PAUL : AUDIENCE DU 13 JUIN 2012

La confiance en Dieu, seule garantie de ne pas travailler en vain.

ROME, mercredi 13 juin 2012 (ZENIT.org) – « La foi, la confiance dans l’action de Dieu, dans sa bonté qui ne nous abandonne pas, est la seule garantie de ne pas travailler en vain », déclare Benoît XVI. En effet, « dans la prière, le Seigneur vient habiter notre faiblesse et nous donne sa force pour vivre au cœur du monde et y annoncer l’Evangile », a-t-il dit en substance.
Au cours de l’audience de ce mercredi 13 juin, en la Salle Paul VI du Vatican, Benoît XVI a continué sa catéchèse sur la prière dans les Lettres de saint Paul, en commentant le chapitre 12 de la seconde Lettre aux Corinthiens.
A la fin de l’audience, le pape a salué l’Eglise d’Irlande, où se déroule actuellement le 50ème Congrès eucharistique international. Il a réaffirmé « le caractère central de l’Eucharistie dans la vie de l’Eglise ».

Catéchèse de Benoît XVI :

Chers frères et sœurs,
La rencontre quotidienne avec le Seigneur et la fréquentation des sacrements nous permettent d’ouvrir notre esprit et notre cœur à sa présence, à ses paroles et à son action. La prière n’est pas seulement la respiration de l’âme mais, pour utiliser une image, c’est aussi une oasis de paix où nous pouvons puiser l’eau qui nourrit notre vie spirituelle et transforme notre existence. Et Dieu nous attire à lui, nous fait monter la montagne de la sainteté pour que nous soyons toujours plus proches de lui, nous offrant lumières et consolations en chemin.
C’est l’expérience personnelle à laquelle saint Paul fait allusion au chapitre 12 de la seconde Lettre aux Corinthiens, sur laquelle je désire m’arrêter aujourd’hui. Face à ceux qui contestaient la légitimité de son apostolat, il ne fait pas tant la liste des communautés qu’il a fondées, ni des kilomètres qu’il a parcourus ; il ne se limite pas à rappeler les difficultés et les oppositions qu’il a dû affronter pour annoncer l’Evangile, mais il parle de sa relation au Seigneur, une relation si intense qu’elle est caractérisée par des moments d’extase, de contemplation profonde (cf. 2 Co 12, 1) ; il ne se vante donc pas de ce qu’il a fait, de sa propre force, de ses activités et de ses succès, mais il se vante de l’action de Dieu en lui et à travers lui. Il raconte, en effet, avec beaucoup de pudeur, le moment où il a vécu l’expérience particulière d’être ravi jusqu’au ciel de Dieu. Il rappelle que, quatorze ans avant l’envoi de la Lettre, « il fut ravi jusqu’au troisième ciel » (v. 2). Avec le langage et les modes de celui qui raconte ce qui ne peut pas être raconté, saint Paul parle même de cet événement à la troisième personne ; il affirme qu’un homme a été ravi dans le jardin de Dieu, au « paradis ». La contemplation est si profonde et intense que l’apôtre ne se souvient même pas du contenu de la révélation qu’il a reçue, mais il a gardé bien présentes à l’esprit la date et les circonstances dans lesquelles le Seigneur l’a saisi de manière quasiment totale et l’a attiré à lui, comme il l’avait fait sur la route de Damas au moment de sa conversion (cf. Ph 3, 12).
Saint Paul continue en disant que, justement pour ne pas s’enorgueillir des révélations qu’il a reçues, il porte en lui une « écharde » (2 Co 12, 7), une souffrance, et il supplie avec force le Ressuscité de le libérer de l’envoyé du Malin, de cette douloureuse écharde dans sa chair. Trois fois, raconte-t-il, j’ai prié instamment le Seigneur d’éloigner de moi cette épreuve. Et c’est dans cette situation, dans une contemplation profonde de Dieu, pendant laquelle il « entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire » (v. 4), qu’il reçoit une réponse à sa supplication. Le Ressuscité lui adresse une parole claire et rassurante : « Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse » (v. 9).
Le commentaire de ces paroles par saint Paul peut nous surprendre, mais il révèle comment il a compris ce que signifie être vraiment apôtre de l’Evangile. En effet, il s’exclame : « C’est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions et les angoisses endurées pour le Christ ; car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (vv. 9b-10) ; cela veut dire qu’il ne se vante pas de ses actions, mais de l’activité du Christ qui agit justement dans sa faiblesse. Arrêtons-nous encore un moment sur ce fait qui est survenu dans les années où saint Paul vivait dans le silence et la contemplation, avant de commencer à parcourir l’Occident pour annoncer le Christ, parce que cette attitude d’humilité profonde et de confiance devant la manifestation de Dieu est fondamentale pour notre prière et pour notre vie, pour notre relation à Dieu et à nos propres faiblesses.
Avant tout, de quelles faiblesses l’apôtre parle-t-il ? Qu’est-ce que cette « écharde » dans la chair ? Nous ne le savons pas et il ne le dit pas, mais son attitude fait comprendre que toute difficulté dans notre « sequela » du Christ et dans notre témoignage à son Evangile peut être surmontée si nous nous ouvrons avec confiance à l’action du Seigneur. Saint Paul est bien conscient d’être un « serviteur inutile » (Lc 17, 10) – ce n’est pas lui qui a fait de grandes choses, mais le Seigneur – ; il est conscient d’être un « vase d’argile » (2 Co 4, 7) dans lequel Dieu dépose la richesse et la puissance de sa grâce. Dans ce moment de prière contemplative intense, saint Paul comprend clairement comment affronter et vivre chaque événement, et surtout la souffrance, la difficulté, la persécution : au moment où il expérimente sa propre faiblesse, se manifeste la puissance de Dieu qui n’abandonne pas, qui ne laisse pas seul, mais qui devient un soutien et une force. Certes, Paul aurait préféré être libéré de cette « écharde », de cette souffrance ; mais Dieu dit : « Non, elle est nécessaire pour toi. Tu auras suffisamment de grâce pour résister et faire ce qui doit être fait. Cela vaut aussi pour nous. Le Seigneur ne nous libère pas des maux, mais il nous aide à mûrir dans les souffrances, les difficultés, les persécutions. La foi nous dit donc que « même si notre homme extérieur s’en va en ruine, s’il y a de nombreuses difficultés, notre homme intérieur se renouvelle, mûrit de jour en jour, justement dans les épreuves » (cf. v. 16). L’apôtre communique aux chrétiens de Corinthe, et à nous aussi, que « la légère tribulation d’un instant nous prépare, jusqu’à l’excès, une masse éternelle de gloire » (v. 17). En réalité, humainement parlant, le poids des difficultés n’était pas léger, il était extrêmement lourd ; mais en comparaison avec l’amour de Dieu, avec la grandeur du fait d’être aimé par Dieu, il semble léger, si l’on sait que l’abondance de gloire qu’il nous prépare sera démesurée. Et donc, dans la mesure où notre union avec le Seigneur grandit et où notre prière se fait plus intense, nous allons nous aussi à l’essentiel et nous comprenons que ce n’est pas la puissance de nos moyens, de nos vertus, de nos capacités qui réalisent le Royaume de Dieu, mais c’est Dieu qui opère des merveilles, justement à travers notre faiblesse, notre inadéquation à la tâche. Nous devons donc avoir l’humilité de ne pas nous appuyer uniquement sur nous-mêmes, mais de travailler, avec l’aide du Seigneur, dans la vigne du Seigneur, nous remettant à lui comme de fragiles « vases d’argile ».
Saint Paul fait allusion à deux révélations particulières qui ont changé radicalement sa vie. La première, nous le savons, est la question bouleversante sur le chemin de Damas : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4), question qui l’a amené à découvrir et à rencontrer le Christ vivant et présent, et à entendre son appel à être apôtre de son Evangile. La seconde, ce sont les paroles que le Seigneur lui a adressées dans l’expérience de prière contemplative sur laquelle nous réfléchissons maintenant : « Ma grâce te suffit ; ma force se manifeste pleinement dans la faiblesse ». La foi, la confiance dans l’action de Dieu, dans sa bonté qui ne nous abandonne pas, est la seule garantie de ne pas travailler en vain. Ainsi, la grâce du Seigneur a été la force qui a accompagné saint Paul dans ses efforts immenses pour diffuser l’Evangile, et son cœur est entré dans le cœur du Christ, le rendant ainsi capable de conduire les autres vers celui qui est mort et ressuscité pour nous.
Dans la prière, nous ouvrons donc notre esprit au Seigneur afin qu’il vienne habiter notre faiblesse et la transformer en force pour l’Evangile. Le verbe grec avec lequel Paul décrit cette présence du Seigneur dans sa fragile humanité est riche de signification : il utilise le mot episkenoo, que nous pourrions rendre par « poser sa tente ». Le Seigneur continue de poser sa tente en nous, au milieu de nous : c’est le mystère de l’Incarnation. Le Verbe divin lui-même, qui est venu demeurer dans notre humanité, veut habiter en nous, planter en nous sa tente, pour illuminer et transformer notre vie et le monde.
La contemplation intense de Dieu, vécue par saint Paul, rappelle celle des disciples sur le mont Thabor lorsque, voyant Jésus transfiguré et resplendissant de lumière, Pierre lui dit : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie » (Mc 9, 5). « C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur » ajoute saint Marc (v. 6). Contempler le Seigneur est à la foi fascinant et effrayant : fascinant, parce qu’il nous attire à lui et ravi notre cœur vers le haut, l’emportant jusqu’à sa hauteur où nous expérimentons la paix et la beauté de son amour ; effrayant, parce qu’il met à nu notre faiblesse humaine, notre inadéquation, notre difficulté à vaincre le Malin qui menace notre vie, cette écharde logée dans notre chair à nous aussi. Dans la prière, dans la contemplation quotidienne du Seigneur, nous recevons la force de l’amour de Dieu et nous sentons combien sont vraies les paroles de saint Paul aux chrétiens de Rome, lorsqu’il écrit : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).
Dans un monde où nous risquons de ne compter que sur l’efficacité et la puissance des moyens humains, dans ce monde-là, nous sommes appelés à redécouvrir et à témoigner de la puissance de Dieu qui se communique dans la prière par laquelle, jour après jour, nous conformons davantage notre vie à celle du Christ, qui, comme l’affirme Paul, « a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il est vivant par la puissance de Dieu. Et nous aussi, nous sommes faibles en lui, bien sûr, mais nous vivrons avec lui, par la puissance de Dieu à votre égard » (2 Co 13, 4).
Cher amis, le siècle dernier, Albert Schweitzer, théologien protestant et Prix Nobel de la paix, affirmait que « Paul est un mystique, et rien d’autre qu’un mystique », c’est-à-dire un homme vraiment amoureux du Christ et tellement uni à lui qu’il pouvait dire : « Le Christ vit en moi ». La mystique de saint Paul n’est pas fondée seulement sur les événements exceptionnels qu’il a vécus mais aussi sur sa relation quotidienne et intense avec le Seigneur qui l’a toujours soutenu par sa grâce. La mystique ne l’a pas éloigné de la réalité, au contraire elle lui a donné la force de vivre chaque jour pour le Christ et de construire l’Eglise jusqu’au bout de la terre de son temps. L’union à Dieu n’éloigne pas du monde, mais elle nous donne la force de rester réellement dans le monde, de faire ce que nous devons faire dans le monde. Même dans notre vie de prière, nous pouvons donc avoir des moments d’intensité particulière, dans lesquels nous sentons peut-être plus vivement la présence du Seigneur, mais ce qui est important, c’est la constance, la fidélité de notre relation à Dieu, surtout dans les situations d’aridité, de difficulté, de souffrance, d’absence apparente de Dieu. C’est seulement si nous sommes saisis par l’amour de Dieu que nous serons capables d’affronter toutes les adversités comme Paul, convaincus que nous pouvons tout en Celui qui nous donne la force (cf. Ph 4, 13). Plus nous donnons d’espace à la prière, plus nous verrons notre vie se transformer et être animée par la force concrète de l’amour de Dieu. C’est ce qui est arrivé, par exemple, pour la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta qui, dans la contemplation de Jésus et justement aussi dans ses longs temps d’aridité, a trouvé la raison ultime et la force incroyable pour le reconnaître dans les pauvres et dans les laissés-pour-compte, malgré son apparente fragilité. La contemplation du Christ dans notre vie ne nous laisse pas étranger, comme je l’ai dit, à la réalité, mais elle nous rend encore plus participants des expériences humaines, parce que le Seigneur, en nous attirant à lui dans la prière, nous permet de nous rendre présents et proches de chacun de nos frères, dans son amour. Merci.

Synthèse en français de la catéchèse :
Chers frères et sœurs,
La prière n’est pas seulement la respiration de l’âme, mais aussi l’oasis de paix où se nourrit notre vie spirituelle qui transforme notre existence. Ainsi Dieu nous attire à Lui, nous fait monter vers la sainteté. Quand l’apôtre Paul parle aux Corinthiens de son expérience d’avoir été saisi par Dieu jusqu’au troisième ciel, il ajoute que pour ne pas tirer orgueil des révélations reçues, il porte une « écharde » dans sa chair, une souffrance. À sa prière instante d’être libéré de cette épreuve et de Satan, le Ressuscité l’a rassuré : « Ma grâce te suffit ; car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). Ainsi, chaque difficulté éprouvée à suivre le Christ et à témoigner de son Évangile peut être surmontée en s’ouvrant à l’action du Seigneur avec confiance, en s’appuyant sur lui et par la prière. À ceux qui contestent la légitimité de son apostolat, Paul ne se vante pas de ce qu’il a fait, mais de l’action de Dieu en lui. Il a conscience d’être un serviteur inutile, en qui le Seigneur place la richesse et la puissance de sa grâce. Nous aussi, quand notre union à Dieu grandit par une prière plus intense, nous allons à l’essentiel et comprenons qu’il réalise des merveilles dans notre faiblesse même. La grâce du Seigneur est la force qui nous accompagne pour témoigner de l’Évangile. Comme Paul, ayons l’humilité de ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu seul.

Salutations en français :
Je salue les pèlerins francophones, en particulier les militaires venus de France, ainsi que les étudiants de l’Institut européen de Nice, les collégiens venus de Suisse, et les lycéens. Ouvrons notre cœur à l’amour du Seigneur pour qu’il transfigure notre vie et que nous puissions conduire les autres vers Lui. Bon séjour à tous !

Appel de Benoît XVI :
J’adresse maintenant une pensée affectueuse et bienveillante à l’Eglise en Irlande où, à Dublin, en présence du cardinal Marc Ouellet, mon Légat, se déroule le 50ème Congrès eucharistique international sur le thème : « L’Eucharistie : communion avec le Christ et entre nous ». De nombreux évêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs en provenance des différents continents prennent part à cet important événement ecclésial.
C’est une occasion très précieuse pour réaffirmer la place centrale de l’Eucharistie dans la vie de l’Eglise. Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel par son suprême sacrifice d’amour sur la Croix se donne à nous, se fait notre nourriture pour nous assimiler à lui, pour nous faire entrer en communion avec lui. Et à travers cette communion, nous sommes unis aussi entre nous, nous devenons un avec lui, membre les uns des autres.
Je voudrais vous inviter à vous unir spirituellement aux chrétiens d’Irlande et du monde, en priant pour les travaux de ce congrès, pour que l’Eucharistie soit toujours plus le cœur battant de la vie de toute l’Eglise

Traduction de ZENIT [Hélène Ginabat]