Archive pour le 13 juin, 2012
Pape Benoît: Antoine de Padoue
13 juin, 2012BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 10 février 2010
Antoine de Padoue
Chers frères et sœurs,
Il y a deux semaines, j’ai présenté la figure de saint François d’Assise. Ce matin, je voudrais parler d’un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs: Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s’agit de l’un des saints les plus populaires de toute l’Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s’élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l’Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d’une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles.
Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d’intelligence, d’équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique.
Il naquit à Lisbonne dans une famille noble, aux alentours de 1195, et fut baptisé sous le nom de Fernando. Il entra chez les chanoines qui suivaient la Règle monastique de saint Augustin, d’abord dans le monastère Saint-Vincent à Lisbonne, et successivement dans celui de la Sainte-Croix à Coïmbra, centre culturel de grande renommée au Portugal. Il se consacra avec intérêt et sollicitude à l’étude de la Bible et des Pères de l’Eglise, acquérant une science théologique qu’il mit à profit dans son activité d’enseignement et de prédication. A Coïmbra eut lieu l’épisode qui marqua un tournant décisif dans sa vie: c’est là qu’en 1220, furent exposés les reliques des cinq premiers missionnaires franciscains, qui s’étaient rendus au Maroc, où ils avaient subi le martyre. Leur vie suscita chez le jeune Fernando le désir de les imiter et d’avancer sur le chemin de la perfection chrétienne: il demanda alors de quitter les chanoines augustins et de devenir Frère mineur. Sa requête fut acceptée et, ayant pris le nom d’Antoine, il partit lui aussi pour le Maroc, mais la Providence divine en décida autrement. A la suite d’une maladie, il fut contraint de rentrer en Italie et, en 1221, participa au célèbre « Chapitre des nattes » à Assise, où il rencontra également saint François. Par la suite, il vécut pendant quelques temps caché de la manière la plus totale dans un couvent près de Forlì, au nord de l’Italie, où le Seigneur l’appela à une autre mission. Invité, dans des conditions fortuites, à prêcher à l’occasion d’une ordination sacerdotale, il se révéla être doté d’une telle science et éloquence que ses supérieurs le destinèrent à la prédication. C’est ainsi que commença en Italie et en France une activité apostolique si intense et efficace qu’elle conduisit de nombreuses personnes qui s’étaient détachées de l’Eglise à revenir sur leurs pas. Antoine fut également parmi les premiers maîtres de théologie des Frères mineurs, sinon le premier. Il commença son enseignement à Bologne, avec la bénédiction de saint François, qui, reconnaissant les vertus d’Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles: « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères ». Antoine posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d’autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec saint Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot.
Devenu supérieur provincial des Frères mineurs du nord de l’Italie, il poursuivit son ministère de la prédication, l’alternant avec des charges de gouvernement. Ayant conclu la charge de provincial, il se retira près de Padoue, où il s’était déjà rendu trois fois. A peine un an après, il mourut aux portes de la Ville, le 13 juin 1231. Padoue, qui l’avait accueilli avec affection et vénération pendant sa vie, lui rendit pour toujours honneur et dévotion. Le Pape Grégoire IX lui-même, qui, après l’avoir écouté prêcher, l’avait défini « Arche du Testament », le canonisa un an seulement après sa mort, en 1232, notamment à la suite de miracles survenus par son intercession.
Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrivit deux cycles de « Sermons », intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints », destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l’Ordre franciscain. Dans ces Sermons, il commente les textes de l’Ecriture présentés par la Liturgie, en utilisant l’interprétation patristique et médiévale des quatre sens, le sens littéral ou historique, le sens allégorique ou christologique, le sens tropologique ou moral, et le sens anagogique, qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd’hui, on redécouvre que ces sens sont des dimensions de l’unique sens de l’Ecriture Sainte et qu’il est juste d’interpréter l’Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole. Ces Sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d’enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable Pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l’Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique », car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l’Evangile; aujourd’hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel.
Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d’une relation d’amour, qui pousse l’homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l’âme en prière. Antoine nous rappelle que la prière a besoin d’une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l’âme, en créant le silence dans l’âme elle-même. Selon l’enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s’articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d’Antoine, sont définies ainsi: obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu; tel est le premier pas de la prière: pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu; puis s’entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi; et – chose très naturelle – lui présenter nos besoins; enfin, le louer et lui rendre grâce.
Dans cet enseignement de saint Antoine sur la prière, nous saisissons l’un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l’initiateur, c’est-à-dire le rôle assigné à l’amour divin, qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d’où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons.
Antoine écrit encore: « La charité est l’âme de la foi, elle la rend vivante; sans l’amour, la foi meurt » (Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37).
Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle: tel est l’objet privilégié de la prédication de saint Antoine. Il connaît bien les défauts de la nature humaine, notre tendance à tomber dans le péché, c’est pourquoi il exhorte continuellement à combattre la tendance à l’avidité, à l’orgueil, à l’impureté, et à pratiquer au contraire les vertus de la pauvreté et de la générosité, de l’humilité et de l’obéissance, de la chasteté et de la pureté. Aux débuts du XIIIe siècle, dans le cadre de la renaissance des villes et du développement du commerce, le nombre de personnes insensibles aux besoins des pauvres augmentait. Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel. « O riches – telle est son exhortation – prenez pour amis… les pauvres, accueillez-les dans vos maisons: ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l’éternelle satiété » (ibid., n. 29).
N’est-ce pas là, chers amis, un enseignement très important aujourd’hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté? Dans mon encyclique Caritas in veritate, je rappelle: « Pour fonctionner correctement, l’économie a besoin de l’éthique; non pas d’une éthique quelconque, mais d’une éthique amie de la personne » (n. 45).
Antoine, à l’école de François, place toujours le Christ au centre de la vie et de la pensée, de l’action et de la prédication. Il s’agit d’un autre trait typique de la théologie franciscaine: le christocentrisme. Celle-ci contemple volontiers, et invite à contempler les mystères de l’humanité du Seigneur, l’homme Jésus, de manière particulière le mystère de la Nativité, Dieu qui s’est fait Enfant, qui s’est remis entre nos mains: un mystère qui suscite des sentiments d’amour et de gratitude envers la bonté divine.
D’une part la Nativité, un point central de l’amour du Christ pour l’humanité, mais également la vision du Crucifié inspire à Antoine des pensées de reconnaissance envers Dieu et d’estime pour la dignité de la personne humaine, de sorte que tous, croyants et non croyants, peuvent trouver dans le crucifié et dans son image une signification qui enrichit la vie. Saint Antoine écrit: « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n’aurait pu les guérir, si ce n’est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur… En aucun autre lieu l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214).
En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l’importance de l’image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C’est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l’homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l’homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d’être, pour Lui, dignes de sa souffrance; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine.
Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l’Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication; prions le Seigneur afin qu’il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d’unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive. En cette année sacerdotale, prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d’annonce et d’actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l’éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait: « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs; si tu l’invoques, il adoucit les tentations amères; si tu penses à lui, il illumine ton cœur; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59).
* * *
Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, en particulier les élèves et les professeurs de différents collèges de Montaigu, Séverac-le Château et Paris, ainsi que les paroissiens venus en pèlerinage à Rome. Puisse le Seigneur Jésus vous accompagner dans votre vie! Que Dieu vous bénisse!
L’EUCHARISTIE FAIT DU BAPTISÉ UN « TÉMOIN » (L’exemple de S. Antoine de Padoue…)
13 juin, 2012http://www.zenit.org/article-31118?l=french
L’EUCHARISTIE FAIT DU BAPTISÉ UN « TÉMOIN »
L’exemple de S. Antoine de Padoue, par le card. Maradiaga
Anne Kurian
DUBLIN, mercredi 13 juin 2012 (ZENIT.org) – L’eucharistie rend « témoin » car elle a une action « transformative » chez celui qui y participe, affirme le cardinal Maradiaga.
Le cardinal Oscar Andrés Rodríguez-Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, a en effet prononcé l’homélie de la messe internationale, ce mercredi 13 juin, en la fête de saint Antoine de Padoue, dans le cadre du Congrès eucharistique international de Dublin (10-17 juin 2012).
Le cardinal s’est appuyé sur l’exemple et l’enseignement de saint Antoine de Padoue, qui « a vécu une relation personnelle intime et passionnée avec l’eucharistie ».
L’eucharistie, a-t-il notamment rappelé, est « un don d’amour qui ne sera pleinement compris que dans l’éternité », c’est « un don du Seigneur », duquel le prêtre « n’est pas le propriétaire mais le servant ».
L’Eucharistie rend témoin
Le repas du Seigneur, a souligné le cardinal, n’est pas seulement une « réunion de communauté », c’est aussi un « mémorial du sacrifice rédempteur du Christ ».
Citant saint Paul, il a rappelé que « celui qui mange de ce pain et boit à cette coupe, proclame la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne », c’est-à-dire que celui qui y prend part, est « uni au mystère de la mort du Seigneur et devient son ‘missionnaire’. »
Il y a en effet, a-t-il expliqué, « une relation profonde entre célébrer l’Eucharistie et proclamer le Christ » : « Entrer dans la communion avec lui signifie, en même temps, être transformé en missionnaire de l’évènement que la célébration réalise. »
Parce que « l’eucharistie est le réel sacrement de la présence du Christ », a-t-il poursuivi, alors « il est inévitable que l’eucharistie ait une action transformative dans le cœur de celui qui la vit ». Ceux qui « participent à la table du Christ » deviennent des « instruments vivants de sa présence aimante, miséricordieuse, qui donne la paix ».
La participation à l’eucharistie, a précisé le cardinal, implique de rendre le mystère « contemporain à toute époque ». Les saints d’ailleurs, « révèlent ou manifestent le Christ » chacun « d’une façon unique dans leur contexte particulier ».
Redonner la place centrale
Pour saint Antoine, a poursuivi le cardinal, « annoncer le Christ c’est le comprendre et l’expliquer à travers le mystère de l’Eucharistie », en « vivant à chaque instant son union avec le Christ vivant et présent dans le Sacrement ».
La « dévotion personnelle » est « la façon la plus convaincante de prêcher ce que l’on croit »: que Jésus est présent dans le sacrement car « l’eucharistie, célébrée et adorée, est le commencement de la configuration au Christ », a affirmé le cardinal.
En ce sens, a-t-il rapporté, saint Antoine disait « il s‘épuise en vain à répandre la doctrine chrétienne, celui qui la contredit par son action ». Il passait d’ailleurs « de longues heures de contemplation et de profond silence amoureux en la présence de Jésus, devant le Tabernacle ».
Aujourd’hui, a constaté le cardinal, l’eucharistique est confrontée à « la pratique de l’indifférence ». Elle est « ignorée » et « n’occupe pas une importante place pour la grande majorité des gens », qui font penser aux Israélites au désert : « Nous sommes dégoûtés de ce pain misérable ». (Nb 21,5)
C’est pourquoi le cardinal a invité les chrétiens à donner à l’eucharistie « une place plus centrale dans leurs vies » afin de « porter du fruit en amour et solidarité ».
Saint Antoine et la mule
« La puissance et l’abondance des miracles » dans la vie de saint Antoine, ont leur source « dans sa vie eucharistique profonde », a estimé le cardinal par ailleurs, illustrant son propos par l’histoire miraculeuse de saint Antoine et la mule.
« Un jour à Rimini, a raconté le cardinal, saint Antoine fut pris à parti par un leader de l’hérésie des patarins – un mouvement réformiste né dans le nord de l’Italie qui réfutait la présence réelle – appelé Bonvillo : « Si tu veux que je croie à ce mystère, tu devras faire ce miracle: J’ai une mule. Je vais la priver de nourriture durant trois jours consécutifs. Nous nous retrouverons alors, je viendrai avec de l’orge et toi avec le sacrement. Si la mule reste indifférente au fourrage et va s’agenouiller et adorer ‘ton pain’, alors je l’adorerai moi aussi. » »
« Saint Antoine accepta le défi, a poursuivi le cardinal, et il s’en alla pour implorer l’aide de Dieu par la prière, le jeûne et les pénitences. Au bout de trois jours, il revint sur la place publique, portant en ses mains un ostensoir avec le Corps du Christ. Une grande foule était réunie, impatiente de connaître le résultat de ce défi extraordinaire ».
Saint Antoine fit face à l’animal affamé, et lui dit: “Au nom du Seigneur que, malgré mon indignité, je porte dans mes mains, je t’ordonne de venir et de montrer ta vénération à ton créateur, afin que la malveillance des hérétiques puisse être confondue et que tous comprennent la vérité de ce très Saint Sacrement que les prêtres donnent à l’autel et par lequel toutes les créatures sont sujettes à leur créateur”.
« Tandis que saint Antoine parlait, a précisé le cardinal, Bonvillo jetait de l’orge à la mule afin qu’elle le mange, mais la mule ne prêtait pas attention à la nourriture. Elle s’avança pas à pas et s’agenouilla respectueusement sur les deux genoux devant le saint qui avait élevé l’hostie et elle resta dans cette position jusqu’à ce que saint Antoine lui ait donné la permission de se lever. »
« Bonvillo tint sa promesse et se convertit de tout son cœur à la foi catholique », a conclu le cardinal, et « les hérétiques abjurèrent leurs erreurs » tandis que saint Antoine, « après avoir donné la bénédiction du Saint Sacrement au milieu des ovations, porta l’ostensoir en procession à l’Eglise où il rendit grâce à Dieu pour le miracle et la conversion de tant de frères ».
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LE RÔLE DES AUGUSTINS DANS LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
13 juin, 2012http://www.zenit.org/article-31111?l=french
LE RÔLE DES AUGUSTINS DANS LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
Par le Prieur général, le P. Robert F. Prevost
Traduction d’Océane Le Gall
ROME, mardi 12 juin 2012 (ZENIT.org) – Les Ordres mendiants, nés il y a plusieurs siècles, ont aujourd’hui une valeur très importante que nous pouvons partager et offrir à l’Eglise, a expliqué le P. Robert F. Prevost, Prieur général de l’ordre de Saint-Augustin lors de la réunion des Supérieurs généraux des ordres Mendiants.
Le P. Prévost participera, ainsi que le cardinal Prosper Grech, également de l’Ordre de Saint Augustin, à la XIIIème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne qui se tiendra à Rome du 7 au 28 octobre prochain.
Les Supérieurs généraux des Ordres mendiants se sont réunis pour réfléchir précisément à ce qu’ils peuvent apporter à l’Eglise dans le cadre de ce synode et de cette nouvelle évangélisation. A ce propos, le P. Prevost pense que « leurs charismes peuvent aujourd’hui être utiles » et méritent d’être soulignés.
Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation est intervenu à leur rencontre pour parler du rôle que les religieux peuvent avoir dans ce domaine et sur les défis qu’ils sont appelés à affronter.
Dix membres de l’Union des supérieurs généraux ont été élus pour participer au Synode, dont 5 appartiennent aux Ordres mendiants : les Ministres généraux des Frères mineurs, Frères conventuels et frères capucins, le Maitre Général des pères dominicains et le Prieur général de l’Ordre de Saint Augustin.
Les ordres mendiants ont fait leur apparition au XIIIe siècle à un moment de profond changement pour la société marquée par la renaissance des villes et la naissance des universités.
Les nouveaux Ordres religieux conservent la dimension spirituelle et contemplative propre aux Ordres monastiques, leur mode de vie et de prière, mais mettent leurs communautés au service de l’Eglise.
Le Prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin explique : « Dans le respect de nos charismes, nous pensons comme Ordres mendiants qu’il est important de nous rencontrer pour réfléchir à certains aspects de notre vie, en particulier à la pauvreté évangélique et la fraternité qui sont pour nous, Augustins, des éléments très importants. La vie commune est un élément fondamental de notre charisme auquel s’ajoute naturellement celui du service apostolique ».
Concernant le prochain synode sur la nouvelle évangélisation et la présence des Ordres mendiants aux travaux, le P. Prevost relève qu’ils y auront une « place importante » et se dit convaincu qu’encore aujourd’hui, de par leur expérience et leur histoire, leur identité et action, ces ordres ont « beaucoup à dire et à offrir » à la communauté chrétienne, « non pas individuellement en tant que frères, prêtres ou religieux, mais en tant que communauté et fraternité ».
Ainsi, durant leur réunion, pères et frères des Ordres mendiants ont beaucoup insisté sur cette dimension communautaire, se penchant sur la théologie de leur vie religieuse et sur les défis du monde actuel qui, selon eux, à encore aujourd’hui besoin du message qu’ils peuvent offrir.
Le P. Prevost a passé en revue les trois domaines d’action où les Augustins auraient leur part à jouer dans ce processus de la nouvelle évangélisation : le service pastoral selon le charisme de saint Augustin, le dialogue entre foi et raison, le témoignage de la fraternité, toujours et quoi qu’il arrive, partout où l’Eglise a besoin.
« Pour nous Augustins, a-t-il dit, il est important de fonctionner en termes de communauté. Nous sommes des frères consacrés et nous offrons au monde le témoignage que nous rendons sous les divers aspects de notre vie. Je parle de notre engagement de foi qui naît de notre vie spirituelle, de la dimension contemplative faite de silence, d’écoute, d’ouverture à la présence de Dieu, au mystère de la présence de Dieu. »
Face à toutes ces personnes qui, aujourd’hui, ne savent plus comment entreprendre une recherche de Dieu, thème de prédilection des Augustins, le P. Prevost pense que les religieux de l’Ordre de Saint-Augustin « ont des choses à dire ».
Mais dans cette optique, a-t-il ajouté, et « toujours ouverts à la mission de l’Eglise », il est important que les religieux se trouvent aussi « là où les besoins se font le plus sentir ».
« Notre ordre n’a jamais eu qu’une seule dimension dans son apostolat. Certes, la culture, l’étude, la recherche, et l’enquête théologique son bien présentes : encore aujourd’hui beaucoup d’Augustins travaillent dans ces domaines et ils peuvent contribuer à la mission de l’Eglise dans un monde qui change rapidement. »
« Répondre aux défis du monde d’aujourd’hui dans ce domaine », est très important estime le P. Prevost : « Le pape, citant aussi saint Augustin, parle de la nécessité d’un binôme foi et raison : je pense que nous, Augustiniens, nous avons un devoir qui nous attend dans cette nouvelle ».
Le prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin souligne un autre champ d’action : « Vivre un mode de vie communautaire qui peut être un modèle pour le monde, aujourd’hui en crise au niveau économique et au plan de la dignité des personnes ».
« En tant que communautés dites ‘internationales’, nous pouvons être une présence prophétique qui dit au monde qu’il est possible de vivre ensemble, qu’il est possible de surmonter les différences en reconnaissant la valeur des différentes cultures et indiquant la voie qu’il faut prendre pour marcher ensemble », a fait remarquer le P. Prevost, avant de conclure : « En tant qu’Ordre de Saint-Augustin, nous pouvons aussi être ‘témoignage’, et encourager d’autres à vivre en dialogue, compréhension, justice et acceptation de la dignité des personnes pour marcher ensemble vers le Royaume ».