Archive pour mai, 2012

Jean Paul II: Hymne au Dieu créateur Ps 18, 2-7

9 mai, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/2002/documents/hf_jp-ii_aud_20020130_fr.html

JEAN PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE 

Mercredi 30 janvier 2002

Hymne au Dieu créateur 

Lecture:  Ps 18, 2-7

1. Le soleil, qui brille progressivement dans le ciel, la splendeur de sa lumière,  la chaleur bénéfique de ses rayons, ont conquis l’humanité dès ses origines. Les êtres humains ont manifesté de nombreuses façons leur gratitude pour cette source de vie et de bien-être, avec un enthousiasme qui s’élève souvent jusqu’aux sommets de la véritable poésie. Le splendide Psaume 18, dont la première partie a été proclamée, n’est pas seulement une prière sous forme d’hymne d’une extraordinaire intensité; mais il est également un chant poétique élevé au soleil et à son rayonnement sur la face de la terre. En cela, le Psalmiste rejoint la longue série de poètes de l’antique Proche Orient, qui exaltent l’astre du jour qui brille dans les cieux et qui, dans leurs régions, fait longuement sentir sa chaleur ardente. Il suffit de penser au célèbre hymne d’Aton, composé par le pharaon Akhénaton au XIVème siècle av. J.-C. et consacré au disque solaire considéré comme une divinité.
Mais pour l’homme de la Bible, il y a une différence radicale par rapport à ces hymnes solaires:  le soleil n’est pas un dieu, mais une créature au service de l’unique Dieu et créateur. Il suffit de repenser aux paroles de la Genèse:  « Dieu dit:  « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années… Dieu fit les deux luminaires majeurs:  le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit… et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 14.16.18).
2. Avant de parcourir les versets du Psaume choisis par la Liturgie, regardons-le dans son ensemble. Le Psaume 18 est semblable à un dyptique. Dans la première partie (vv. 2-7) – celle qui est à présent devenue notre prière – nous trouvons une hymne au Créateur, dont la grandeur mystérieuse se manifeste dans le soleil et dans la lune. Dans la deuxième partie du Psaume (vv. 8-15), nous rencontrons en revanche une hymne sapientielle à la Torah, c’est-à-dire à la Loi de Dieu.
Les deux parties sont traversées par un fil conducteur commun:  Dieu éclaire l’univers par la luminosité du soleil et il illumine l’humanité par la splendeur de sa Parole contenue dans la Révélation biblique. Il s’agit presque d’un double soleil:  le premier est une épiphanie cosmique du Créateur, le deuxième est une manifestation historique et gratuite de Dieu Sauveur. Ce n’est pas pour rien que la Torah, la Parole divine, est décrite avec des caractéristiques « solaires »:  « Le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux » (v. 9).
3. Mais tournons-nous à présent vers  la  première  partie du Psaume. Celle-ci s’ouvre par une admirable personnification des cieux, qui apparaissent à l’Auteur saint comme des témoins éloquents de l’oeuvre créatrice de Dieu (vv. 2-5). En effet, ils « racontent », « annoncent », les merveilles de l’oeuvre divine (cf. v. 2). Le jour et la nuit sont eux aussi représentés comme des messagers qui transmettent la grande nouvelle de la création. Il s’agit d’un témoignage silencieux, qui se fait toutefois entendre avec force, comme une voix qui parcourt tout le cosmos.
En utilisant le regard intérieur de l’âme, lorsque l’intuition religieuse n’est pas distraite par la superficialité, l’homme et la femme peuvent découvrir que le monde n’est pas muet, mais parle du Créateur. Comme le dit l’ancien sage, « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5). Saint Paul rappelle lui aussi aux Romains que « ce qu’il [Dieu] a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres » (Rm 1, 20).
4. L’hymne laisse ensuite la place au soleil. Le globe lumineux est dépeint par le poète inspiré comme un héros guerrier qui sort de la chambre nuptiale où il a passé la nuit, c’est-à-dire qu’il sort du sein des ténèbres et qu’il commence sa course inlassable dans le ciel (vv. 6-7). Il est semblable à un athlète qui ne s’arrête pas et qui ne connaît pas la fatigue, alors que toute notre planète est enveloppée par sa chaleur irrésistible.
Le soleil est donc comparé à un époux, à un héros, à un champion qui, par ordre divin, doit accomplir chaque jour un travail, une conquête et une course dans les espaces intersidéraux. Le Psalmiste indique à présent le soleil flamboyant en plein ciel, alors que toute la terre est enveloppée de sa chaleur, l’air est immobile, aucun lieu de l’horizon ne peut échapper à sa lumière.
5. L’image solaire du Psaume est reprise par la liturgie pascale chrétienne pour décrire l’exode triomphant du Christ des ténèbres du sépulcre et son entrée dans la plénitude de la vie nouvelle de la résurrection. La liturgie byzantine chante dans les Matines du Samedi saint:  « Comme le soleil se lève après la nuit tout radieux dans sa luminosité retrouvée, Toi aussi, ô Verbe, tu resplendiras d’une nouvelle clarté quand, après la mort, tu quitteras ton lit nuptial ». Une Ode (la première) des Matines de Pâques relie la révélation cosmique avec l’événement pascal du Christ:  « Que le Ciel se réjouisse et que la terre exulte aussi avec lui, car l’univers tout entier, visible et invisible, prend part à cette fête:  le Christ notre joie éternelle est ressuscité ». Une autre Ode (la troisième) ajoute:  « Aujourd’hui l’univers tout entier, ciel, terre et abîme, est comblé de lumière et toute la création chante désormais la résurrection du Christ notre force et notre allégresse ». Une autre (la quatrième), conclut enfin:  « Le Christ notre Pâques s’est levé de la tombe comme un soleil de justice en faisant rayonner sur nous tous la splendeur de sa charité ».
La liturgie romaine n’est pas explicite comme la liturgie orientale en comparant le Christ au soleil. Toutefois, elle décrit les répercussions cosmiques de sa résurrection, lorqu’elle ouvre son chant de Laudes au matin de Pâques avec son hymne célèbre:  « Aurora lucis rutilat, caelum resultat laudibus, mundus exultans iubilat, gemens infernus ululat » – « L’aurore éblouit de lumière, le ciel exulte de chants, le monde se réjouit en dansant, l’enfer gémit dans les hurlements ».
6. L’interprétation chrétienne du Psaume n’efface cependant pas son message de base, qui est une invitation à découvrir la parole divine présente dans la création. Certes, comme on le dira dans la deuxième partie du Psaume, il existe une autre Parole plus élevée, plus précieuse que la lumière elle-même, celle de la Révélation biblique.
Toutefois, pour ceux qui ont des oreilles attentives et dont les yeux ne sont pas voilés, la création constitue comme une première révélation, qui possède un langage éloquent:  elle est comme un autre livre sacré dont les lettres sont constituées par la multitude de créatures présentes dans l’univers. Saint Jean Chrysostome affirme:  « Le silence des cieux est une voix plus retentissante que celle d’une trompette:  cette voix crie à nos yeux et non à nos oreilles la grandeur de celui qui les a faits » (PG 49, 105). Et saint Athanase affirme:  « Le firmament, à travers sa magnificence, sa beauté, son ordre, est un prédicateur prestigieux de Celui qui l’a fait, et dont l’éloquence remplit l’univers » (PG 27, 124).

JEAN-PAUL II : HISTOIRE DU PROCÈS DE CANONISATION /1

9 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-30759?l=french

JEAN-PAUL II : HISTOIRE DU PROCÈS DE CANONISATION /1

Interview de Mgr Slawomir Oder, postulateur de la cause

Propos reccueillis par Wlodzimierz Redzioch

Traduit par Hélène Ginabat

ROME, mardi 8 mai 2012 (ZENIT.org) – « “Enquêter” sur Jean-Paul II m’a permis d’approcher un modèle de sacerdoce magnifique, qui m’a enthousiasmé, a renforcé ma vocation et m’a beaucoup stimulé à progresser personnellement », déclare le postulateur de la cause du bienheureux Jean-Paul II.
A l’occasion du septième anniversaire de la mort du pape polonais, et du premier anniversaire de sa béatification, Mgr Slawomir Oder raconte cette « aventure » qui se poursuit avec la seconde étape du procès, celle de la canonisation. Nous publions ici le premier volet de l’interview, qui sera suivie par un second volet demain, 9 mai.
Wlodzimierz Redzioch- Comment avez-vous vécu 2011, l’année de la béatification de Jean-Paul II ?
Mgr Slawomir Oder – 2011 a été pour moi une année très particulière avec la cérémonie de béatification de Jean-Paul II, le 1ermai, et la célébration de la première fête liturgique du nouveau Bienheureux, le 22 octobre. L’année dernière, après six ans d’un travail intense, j’ai atteint un objectif important : l’Eglise a enfin pu offrir au peuple de Dieu et au monde cette splendide figure du nouveau Bienheureux. Mais l’année 2011 n’a signé que la première étape parce que le procès ne s’est pas arrêté là. Du point de vue théologique, il n’y a pas de grande différence entre « saint » et « bienheureux ». Ce qui change, en revanche, c’est l’extension du culte : pour la personne bienheureuse, le culte est proposé localement ; dans le cas du saint, le culte est universel. Ce qui change aussi, c’est l’implication de l’autorité pontificale : lorsque la sainteté est prononcée, c’est-à-dire lors de la canonisation, c’est l’infaillibilité du pape qui est engagée.
Cela veut dire qu’on ne fait pas de nouveau procès pour canoniser un bienheureux ?
En ce qui regarde la canonisation, on ne refait pas de procès pour vérifier  l’héroïcité des vertus puisqu’une telle héroïcité a déjà été certifiée. Pour arriver à la canonisation, la pratique de l’Eglise demande un second miracle qui doit se réaliser après le jour de la béatification.
Revenons aux années du procès : quels sont les moments saillants du procès de béatification qui vous ont marqué l’esprit ?
Certainement le moment où le cardinal vicaire du diocèse de Rome m’a confié cette charge. C’était le jour de la visite de Benoît XVI dans la basilique de Saint Jean du Latran, sa première rencontre avec le clergé romain. Ce jour-là, le pape avait fait connaître sa décision de dispenser du temps d’attente pour l’ouverture du procès. C’était un grand signe de confiance du cardinal à mon égard. Je suis vicaire judiciaire et je travaillais déjà comme président du Tribunal d’appel du vicariat de Rome. Cette nouvelle réalité s’est ajoutée à mon travail quotidien. C’était un grand défi professionnel, mais aussi personnel parce que je devais complètement réorganiser ma vie.
Le second moment important a été l’ouverture du procès, le jour de la solennité des saints Pierre et Paul, avec la présence de représentants des Eglises locales, parmi lesquelles l’Eglise de Rome et l’Eglise polonaise, mais aussi des représentants des Eglises sœurs comme le patriarcat de Constantinople. Le caractère œcuménique de l’ouverture du procès correspondait à l’un des traits les plus significatifs du pontificat de Jean-Paul II, qui était sa dimension œcuménique.
Puis a commencé le travail d’investigation : le recueil de documents et les rencontres avec les témoins. Parmi les témoins, il y avait les personnes qui, avec le pape, ont contribué au changement de l’histoire contemporaine. Du point de vue humain, j’ai vécu la belle expérience de pouvoir rencontrer ces grands protagonistes de l’histoire.
Un moment bouleversant a été lorsque, peu après l’ouverture du procès, j’ai été appelé en France  pour prendre connaissance de l’événement, que l’Eglise a ensuite reconnu comme miraculeux : la guérison de sœur Simon-Pierre. J’ai vécu ce moment avec beaucoup d’émotion.
Je ne cache pas l’émotion avec laquelle j’ai vécu les différentes étapes du procès : la remise de la « Positio », la reconnaissance du miracle et la promulgation du décret sur l’héroïcité des vertus.
Mais le moment le plus gratifiant pour moi a été celui de l’échange du baiser de paix avec le pape au cours de la messe de la béatification. D’un côté, je voyais la grande joie du pape Benoît XVI qui, dès le début, avait voulu accompagner ce procès par sa bienveillance, sa prière discrète et à travers les diverses homélies et interventions qui ont été sa contribution indirecte à ce procès.
D’un autre côté, tout de suite après la messe, quand j’ai quitté la place Saint-Pierre, j’ai vu l’enthousiasme de la foule venue du monde entier, l’Eglise en fête, et j’ai alors éprouvé une immense gratitude envers Dieu et une grande satisfaction personnelle.
Que vous a apporté ce travail d’enquête sur la sainteté de Jean-Paul II ?
Le procès de béatification est devenu pour moi une aventure qui m’a amené à regarder de près une histoire sacerdotale, parce que Jean-Paul II a été pape, cardinal et évêque, mais il est toujours resté prêtre, il a vécu toute sa vie dans un esprit sacerdotal. « Enquêter » sur Jean-Paul II m’a permis d’approcher un modèle de sacerdoce magnifique, qui m’a enthousiasmé, a renforcé ma vocation et m’a beaucoup stimulé à progresser personnellement.

Notre Dame de Pompei

8 mai, 2012

Notre Dame de Pompei dans images sacrée rosary

http://brotherjuniper.wordpress.com/2009/12/09/i-ask-our-lady-of-pompeii/

8 mai: Notre Dame de Pompei – Padre Pio avait une grande dévotion à Notre-Dame de Pompei

8 mai, 2012

http://saint.padre.pio.free.fr/lieux-ndpompei.htm 

8 MAI – NOTRE DAME DE POMPEI    

Pompei

Sanctuaire de Notre-Dame du Très Saint Rosaire

- Padre Pio avait une grande dévotion à Notre-Dame de Pompei. Il y alla en pèlerinage avec son école en 1902. Il y célébra la messe en novembre 1911 ; et il y retourna au moins une fois au début de 1917, en revenant du service militaire, avant de regagner San Giovanni Rotondo.
- Il demanda souvent à ses fils et filles spirituels d’accomplir des neuvaines à Notre-Dame de Pompei à ses intentions.

BARTOLO LONGO, LE FONDATEUR
Bartolo Longo naît à Latiano (Brindisi), le 10 février 1841. C’est un esprit vif et joyeux. Après l’école, il obtient une licence en Droit en 1864.
Un instant attiré par le spiritisme et l’occultisme, il se convertit, changeant radicalment de vie : il abandonne son métier d’avocat et se consacre aux pauvres. Il renonçe aussi au mariage.
En 1872, il se rendit à Pompéi s’occuper de l’administration des propriétés que la Comtesse De Fusco lui avait confiée.    
Aussitôt, il fut touché par la misère humaine et religieuse des paysans. A la suite d’une inspiration divine, il décida de se dédier à l’enseignement du catéchisme et à la diffusion du Rosaire.
En 1876, sur les conseils de l’évéque de Nola, Mgr Formisano, il commença à quéter « un sou par mois » pour construire un sanctuaire à Pompéi.
Il se mit aussi à écrire : « Les 15 Samedis », livre qui alimente la piété de nombreuses générations de dévots, ainsi que la « Supplique », composée en 1883, ont franchi depuis longtemps, par millions de copies et en de nombreuses langues, les frontières de l’Italie et de l’Europe.
Cinquante ans de travail intelligent, infatigable, ardent, produisirent le « miracle Pompéi ». La Comtesse Marianna De Fusco fut une collaboratrice généreuse et forte. Elle épousa Bartolo en 1885 et resta auprès de lui jusqu’au 9 février 1924, quand elle mourut à 88 ans passés.
Bartolo Longo vécut encore deux ans, aux prises avec des déceptions morales et des souffrances physiques. Il s’éteignit le 5 octobre 1926.

Son corps repose dans la chapelle qui, depuis 1983, lui est dédiée sous le trône de la Vierge Marie, ainsi qu’il l’avait désiré. Il a été béatifié le 26 octobre 1980 par Jean-Paul II. A cette occasion le Pape dit de lui qu’il avait «le laïc qui a totalement vécu son engagement ecclésial».

LE SANCTUAIRE
- Le sanctuaire actuel est le résultat de l’agrandissement en 1939, autour de l’église d’origine, qui est de nos jours la nef centrale jusqu’à la Coupole. La façade, en revanche, fut inaugurée, en 1901, après 8 ans de travail sous la direction de l’architecte Giovanni Rispoli. Selon le projet de B. Longo, elle est le monument à la Paix Universelle, construit grâce aux offrandes de millions de personnes du monde entier.
- A l’intérieur de cet écrin, il y a le bijou le plus précieux : l’Image de la Madone du Rosaire, peinture du XVII° siècle, de l’école de Luca Giordano.
Après avoir été restaurée, elle a été couronnée en 1965, au Vatican, par Paul VI. Quel changement par rapport à son arrivée à Pompei, sur une charrette de fumier, le 13 novembre 1875 !

Fin de la Supplique à Notre-Dame de Pompei :

« Ô Rosaire béni de Marie,
douce Chaîne qui nous relie à Dieu,
lien d’amour qui nous unit aux Anges,
tour de salut contre les assauts de l’enfer,
port sûr dans un naufrage général,
nous ne vous lâcherons jamais plus.
Vous serez notre réconfort au moment de l’agonie,
à vous le dernier baiser de la vie qui s’éteint.
Et le dernier mot sur nos lèvres sera votre nom très doux,
ô Reine du Rosaire de Pompei,
ô Mère très chère,
ô Refuge des pécheurs,
ô Souveraine Consolatrice des affligés. »

Le shabbat sous l’oeil du Talmud1

8 mai, 2012

http://ghansel.free.fr/shabbat.html

Le shabbat sous l’oeil du Talmud1

Au sein de la loi juive, tant par l’importance qui leur est attribuée que par leur multiplicité, les lois du shabbat ont une place de choix. Selon une expression du Talmud, les lois du shabbat sont comme une montagne suspendue à un cheveu : peu de versets et de nombreuses lois. 2 Même si l’on s’en tient aux textes de base, c’est-à-dire aux textes talmudiques et à ceux des décisionnaires les plus importants, on se trouve déjà en présence de plusieurs centaines de pages à étudier. Quant aux problèmes nouveaux posés par les développements récents des sciences et des techniques, c’est une littérature considérable qui leur est consacrée.
Dans cette étude, je ne chercherai pas à dresser un tableau des lois du shabbat mais seulement à dégager le cadre conceptuel de la législation talmudique, le rappel de lois particulières ne venant qu’à titre d’illustration des principes mis en évidence. De plus, je ne traiterai pas des lois proprement rituelles telles que celles concernant le kiddouch ou les formes spécifiques de la liturgie du septième jour. Je me limiterai essentiellement aux lois relatives au travail.
Deux distinctions classiques doivent être posées d’emblée et vont commander la structure de cette étude. D’une part, il faut distinguer entre obligation (mitsvat assé , commandement de faire) et interdiction (mitsvat lo taassé , commandement de ne pas faire). D’autre part, deuxième distinction, essentiellement relative aux interdits, certaines lois sont dites min hatorah , sont considérées comme découlant directement de la Torah, d’autres sont dites miderabanan , lois rabbiniques. Cependant il convient de remarquer que cette différence n’est pas le plus souvent de nature historique. Il ne s’agit pas de distinguer entre un noyau de lois qui serait très ancien de celles qui se seraient surajoutées au cours des âges. On s’en convainc aisément en observant qu’un même acte, suivant les modalités ou l’intention dans lesquelles il est réalisé, peut relever, soit de l’interdit min hatorah , soit de l’interdit miderabanan . On introduit par là une différenciation a priori entre ce que l’on estime essentiel et ce que l’on considère comme relativement secondaire, différenciation de type logique et non historique. Dès lors, l’analyse des différences entre interdit min hatorah et interdit miderabanan nous permettra de mieux cerner quel est le noyau central, l’essence de l’interdiction shabbatique.
La distinction entre les aspects interdiction et obligation des lois du shabbat est signalée par Maïmonide dès le début du traité qu’il leur consacre. Il y indique qu’il ne faut pas confondre deux versets à première vue semblables :

Exode, XX, 10 : Le septième jour est un shabbat pour l’Eternel ton Dieu, tu n’y feras aucun travail (lo taasse kol melakha)…
Exode, XXXIV, 21 : Six jours tu travailleras et le septième jour tu cesseras (tichbot).

En dépit de leur similitude, ces deux versets doivent être distingués. Le premier est exprimé sous forme négative et énonce un interdit, celui d’effectuer un travail le shabbat. Le second, au contraire, est exprimé sous forme positive et introduit une obligation dont le contenu reste à définir. Je vais successivement développer quelles sont la définition et les caractéristiques de l’interdit, puis celles de l’obligation.
La gravité de l’interdit est soulignée dans un autre passage de l’Exode3:
Moïse convoqua toute la communauté des enfants d’Israël et leur dit : voici les choses que l’Eternel a ordonné d’observer. Pendant six jours on effectuera des travaux, mais au septième vous aurez une solennité sainte, un chômage absolu en l’honneur de l’Eternel. Quiconque effectuera un travail en ce jour sera mis à mort. Vous ne ferez point de feu dans aucune de vos demeures en ce jour de repos.
Ce passage est immédiatement suivi d’un long texte relatif au Tabernacle et indiquant les différents travaux nécessaires à sa construction et au fonctionnement du culte qui s’y rend. En voici les derniers versets4:
Moïse dit aux enfants d’Israël : voyez, l’Eternel a désigné nommément Betsalel, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda. Il l’a rempli d’un souffle divin, d’habileté, de jugement, de science, d’aptitude pour tous les travaux, lui a appris à mettre en oeuvre l’or, l’argent et le cuivre, à travailler la pierre pour la sertir, à travailler le bois et à exécuter toute oeuvre d’artiste.
Deux remarques formelles relatives à ces textes. La première concerne précisément leur voisinage : l’interdiction shabbatique est immédiatement suivie de la description des travaux de construction du Tabernacle et le Talmud va mettre en valeur cette proximité. Seconde remarque : dans le deuxième texte cité, le travail de construction du Tabernacle est appelé melekhet mahachevet , ce que j’ai traduit provisoirement par oeuvre d’artiste . Le Talmud fait jouer à cette expression melekhet mahachevet un rôle fondamental dans le développement de sa conception de l’interdiction shabbatique.
Voyons maintenant quelle est cette conception. Premier principe associé à la proximité qui vient d’être signalée : un travail n’est interdit le shabbat que s’il se rattache directement ou indirectement à l’un des travaux de la construction du Tabernacle. En particulier, point relativement peu connu, ce n’est jamais en fonction de sa difficulté, ou de la fatigue qu’il peut occasionner, qu’un travail se trouve interdit, du moins min hatorah . Seules les transformations matérielles que le Talmud estime assez significatives pour être rattachées à la construction du Tabernacle entrent dans le domaine de l’interdiction shabbatique. Cette doctrine implique également qu’à proprement parler, l’interdit ne porte pas sur l’effectuation même de l’acte de travailler mais sur son résultat ; ce n’est qu’indirectement que l’effectuation se trouve prohibée. La Michna énumère ainsi trente-neuf types de travaux5:
Il y a 39 principes de travaux : semer, labourer, moissonner, mettre en gerbe, battre (le blé), vanner, trier, moudre, tamiser, pétrir, cuire, tondre la laine, la blanchir, la carder, la teindre, filer, ourdir, tisser deux fils, couper deux fils, nouer, dénouer, coudre deux coutures, déchirer en vue de recoudre, capturer un cerf, l’abattre, le dépecer, le saler, tanner sa peau, la frotter, la découper, écrire deux lettres, effacer [un parchemin] de quoi y écrire deux lettres, construire, détruire [pour reconstruire], éteindre, allumer, frapper avec un marteau, transférer d’un domaine à un autre.
On se gardera de prendre cette énumération au pied de la lettre. Outre le fait que le Talmud y apporte de nombreuses précisions, extensions et limitations, il faut ici noter un point essentiel : par-delà les désignations concrètes ou techniques des différents travaux, le Talmud a toujours en vue une définition abstraite. Ainsi, par exemple, le battage du blé (dicha ) est l’un des 39 travaux énumérés dans la Michna. Mais il est facile de voir que pour le Talmud, ce terme concret recouvre une définition beaucoup plus générale : toute séparation d’une nourriture ou d’une graine de son enveloppe ou de son écorce, lorsqu’elle lui est attachée, relève de ce travail . Par exemple, arracher une graine de lin de sa capsule est rattaché directement au travail de dicha . Plus généralement, parmi les travaux dérivés 6 de dicha , nous rencontrons, entre autres, traire une vache ou presser un jus de fruit. Ainsi le Talmud n’hésite pas à rattacher à un même principe des travaux qui, tant par leur technique que par l’objet auquel ils s’appliquent, diffèrent profondément entre eux. L’important est qu’à chaque fois, il s’agit d’extraire un produit de son enveloppe ou de son écorce. Autrement dit, l’interdit ne porte pas sur tel ou tel acte concret, décrit par sa technique visible, mais sur un ensemble de transformations significatives du monde ayant chacune une définition abstraite. A cet égard, rien ne serait plus faux que de considérer les lois du shabbat comme les éléments d’un catalogue de recettes pour vivre shabbat . Ces lois forment un ensemble structuré découlant d’un nombre limité de principes généraux dont résulte la multiplicité des lois particulières.
J’en viens au deuxième point annoncé plus haut. Il ne suffit pas qu’un acte relève de l’un des 39 travaux pour qu’il soit interdit le shabbat, du moins min hatorah . Encore faut-il qu’il puisse se définir comme melekhet mahachevet , ce que l’on traduit généralement oeuvre d’artiste . Cette traduction est satisfaisante pour la compréhension littérale du texte biblique, mais elle ne rend pas compte de la manière dont ce concept est employé dans le Talmud. Je vais donc procéder à une brève analyse des conditions que doit remplir un acte pour mériter en quelque sorte de s’appeler melekhet mahachevet , ce qui conduira à en donner la « traduction talmudique ».
Pour qu’une action qui est déjà un travail (melakha ) soit dénommée melekhet mahachevet , elle doit satisfaire au moins à quatre conditions. La première est qu’elle soit effectuée avec intention (kavana ). D’une manière plus formelle, supposons qu’un acte A risque d’entraîner un effet B qui est un travail mais que A en lui-même soit permis par la Torah ; alors, bien que A risque d’entraîner B, A reste permis. Pourquoi ? Parce que même si B se produit, ce sera sans intention, et par suite, B n’entre pas dans le cadre du concept melekhet mahachevet . Un exemple souvent donné par le Talmud est le suivant : il est permis de traîner un banc (A) pendant shabbat dans la mesure où l’on n’a pas l’intention de former un sillon (B), ce qui est un travail de labourage (une certaine modification de l’état de la terre).7
Sans entrer dans le détail de la notion de travail intentionnel, il faut signaler cependant qu’elle est fort complexe, au point que l’Encyclopédie Talmudique consacre une bonne dizaine de pages à son analyse.
Une deuxième condition nécessaire pour qu’un travail s’appelle melekhet mahachevet est qu’il soit effectué de manière normale. Au contraire, tout travail effectué de façon bizarre, inhabituelle, anormale (bechinouï ), n’est pas melekhet mahachevet , et par conséquent n’est pas interdit, du moins selon la Torah8; il peut être, suivant les cas, interdit par loi rabbinique ( miderabanan ), ou être tout simplement permis. Par exemple, écrire est l’un des 39 travaux interdits. Cependant un droitier qui écrit de la main gauche, c’est-à-dire d’une manière qui pour lui est anormale, ne tombe pas sous le coup de l’interdiction min hatorah . Ecrire de la main gauche reste néanmoins interdit miderabanan .
Troisième condition qui raffine la précédente : lorsqu’existe pour un travail donné deux manières de l’accomplir, l’une technique ou professionnelle, l’autre rudimentaire, seule la première est qualifiée melekhet mahachevet , dans la mesure où c’est elle qui est normalement employée. Un exemple donné par le Talmud concerne le travail de tri ( berira ). Le tri est défini comme séparation d’une nourriture, ou, plus généralement, d’un produit quelconque, du déchet auquel il est mélangé9. La technique habituelle pour accomplir un tri est d’utiliser un tamis. Si en revanche on effectue un tri de façon rudimentaire avec un entonnoir, le travail ainsi effectué n’est pas interdit min hatorah . Il reste néanmoins interdit miderabanan .10
Quatrième caractéristique. Un travail n’est interdit min hatorah que s’il est constructif ; au contraire, tout acte destructeur ( kilkoul ) est permis par la Torah le shabbat, même s’il est difficile et fatigant à accomplir. Par exemple, casser un meuble, déchirer un vêtement, sont des gestes permis selon la Torah. Notamment si un tel acte est nécessaire pour se procurer un aliment, il ne tombe sous le coup d’aucune interdiction, même miderabanan .11
Récapitulons : pour qu’un acte soit interdit min hatorah , il doit se rattacher à l’un des 39 travaux fondamentaux identifiés par la Michna ou à l’un de leur dérivés et de plus il doit être qualifié melekhet mahachevet , « travail d’artiste ». Cela suppose au moins quatre conditions12: il doit être effectué intentionnellement, normalement, selon la technique habituelle, et ce ne doit pas être un acte destructeur.
De cette brève analyse, il résulte clairement que le but principal de l’interdiction shabbatique n’est pas de constituer le shabbat en repos hebdomadaire. Imaginons quelqu’un qui se serait amusé à déplacer toute la journée des meubles très lourds en restant dans un même appartement  ; cette personne serait certainement épuisée mais n’aurait pas transgressé l’interdit de travailler shabbat, la transformation accomplie n’étant pas considérée comme significative13. En revanche, la même personne qui aurait transféré (intentionnellement et en toute connaissance de cause) d’un domaine privé à un domaine public un aliment de volume supérieur ou égal à celui d’une figue, se trouverait avoir transgressé cet interdit, et à ce titre, théoriquement, serait susceptible de lapidation.14
Il apparaît donc que l’interdiction shabbatique vise une interruption totale du travail de l’homme, mais de l’homme en tant qu’être volontaire et pensant, animé constamment par des projets de transformation matérielle et les mettant à exécution avec les moyens techniques que sa pensée met à sa disposition. Le terme melekhet mahachevet doit se traduire à mon sens par « travail réfléchi », en mettant dans le qualificatif « réfléchi » les différentes nuances qu’il a en français, projeté, raisonnable, pensé. Le contenu essentiel de l’interdiction shabbatique est l’arrêt du « travail réfléchi » et non l’institution d’un repos hebdomadaire pour le travailleur de force. Il n’est donc pas étonnant que le Talmud ait pris le travail de construction du Tabernacle comme prototype du travail interdit le shabbat. Il n’y a pas de meilleur exemple d’un travail raffiné, tout le contraire d’une mise en oeuvre de force brute.
J’en viens maintenant à la partie « positive » du shabbat, à l’obligation indiquée par le verset15: Six jours tu travailleras et le septième tu cesseras . Ici nous rencontrons une sorte de paradoxe. Habituellement l’accomplissement d’une obligation se traduit par la réalisation d’un acte ou d’un ensemble d’actes. Ainsi des commandements tels que mettre des tephillin , habiter dans une soucca , manger de la matza , se concrétisent par des actions précises. Or en ce qui concerne le shabbat, il existe une obligation, un commandement « positif », tu cesseras , qui se trouve n’exiger l’accomplissement d’aucun acte.
Quel est donc le contenu légal de cette obligation ? Bien qu’il y ait à ce sujet certaines controverses entre les décisionnaires qui demanderaient à être expliquées pour elles-mêmes, pour la majorité d’entre eux, « tu cesseras » étend l’interdiction shabbatique à certains actes qui ne relèvent pas du concept de melekhet mahachevet . Plus précisément, tout acte inutile, ou exécuté le samedi en vue du dimanche ou d’un jour de la semaine, se trouve prohibé à partir de ce nouveau commandement, même si pour une raison ou une autre, cet acte ne tombe pas sous le coup de l’interdit de travail précédemment considéré. Ainsi cette personne fort active qui déplace des meubles toute la journée de shabbat dans son appartement n’a certes transgressé aucune interdiction, n’a effectué aucun « travail », mais on dira d’elle qu’elle n’a pas réalisé l’obligation « tu cesseras ».
Mais si l’effet du commandement « tu cesseras » est d’étendre encore le champ des interdictions, pourquoi le considère-t-on comme un commandement positif, une mitsvat assé  ? C’est qu’en fait l’extension des interdictions par lesquelles il se traduit n’est que le moyen de l’accomplir, mais n’en constitue pas véritablement l’essence.
Maïmonide et Nahmanide montrent que le contenu essentiel de ce commandement est la constitution du shabbat en yom menouha , ce que l’on traduit souvent par « jour de repos », ce qui est impropre16. Le sens véritable du terme menouha s’exprime à travers les idées de calme, de stabilité, ou de tranquillité. Six jours tu travailleras et le septième tu cesseras implique non pas une idée de repos après le travail, de récupération des fatigues de la semaine, mais un retour ou un accès au calme après l’activité et éventuellement l’agitation qui a pu régner pendant six jours. Cette constitution du shabbat en yom menouha , en « jour de calme », est considérée comme un commandement positif. L’extension des interdictions par lesquelles il se traduit légalement n’est que le moyen de la réalisation de ce commandement, mais n’en constitue pas l’essence propre. Dans notre mentalité, les notions de stabilité et de calme sont essentiellement négatives. Le calme s’interprète comme absence d’activité, la stabilité est absence de mouvement. Au contraire, il apparaît ici que pour le Talmud, il y a une positivité de la menouha , l’affairement matériel s’interprétant comme perte de l’état de menouha et non pas celui-ci comme absence d’activité.
Il existe donc, en tant que lois de la Torah , deux commandements concernant shabbat : un commandement négatif, une interdiction, celle de tout travail réfléchi (melekhet mahachevet ), et un commandement positif, une obligation, la constitution du shabbat en jour de calme (yom menouha ).
Ces deux commandements sont prolongés par de multiples interdictions et obligations miderabanan . Le plus souvent, la loi rabbinique complète la loi de la Torah en prohibant une action insuffisamment significative pour être melekhet mahachevet mais s’y rattachant par extension naturelle ou pouvant y conduire par effet d’entraînement.
Deux cas méritent toutefois une mention spéciale. Ce sont deux obligations fondées par le Talmud sur un verset d’Isaïe17:
Tu appelleras le shabbat agrément (oneg) et le jour consacré à l’Eternel tu l’appelleras honoré (mekhoubad).
Le Talmud s’appuie sur ce verset pour ajouter à la définition du shabbat selon la Torah les caractéristiques de oneg (plaisir, jouissance, agrément) et de kavod (honneur ou respect). Les détails matériels qui concrétisent ces deux notions sont multiples. Je n’en évoquerai que les plus connus et ferai quelques remarques à ce sujet. Conséquence de l’obligation de oneg  : faire trois repas le shabbat au lieu de deux en semaine, et agrémenter ces repas par des mets délicats. Voilà, bien sûr, une considération fort matérialiste. Conséquence de l’obligation de kavod  : le changement vestimentaire, le vêtement de shabbat devant être distinct du vêtement de la semaine. Enfin, loi que le Talmud considère comme relativement importante et relevant à la fois des notions de oneg et de kavod , l’allumage des lumières de shabbat. Je dis intentionnellement l’allumage des « lumières » du shabbat et non l’allumage des « bougies ». En effet cet allumage n’est pas, comme on pourrait le croire, une opération de nature symbolique18. La lumière du shabbat est avant tout destinée à bien éclairer la demeure, condition de « paix », dit le Talmud. La coutume de l’allumage des bougies a sans doute ses justifications propres, mais en ce qui concerne la réalisation du oneg et du kavod , une bonne lumière électrique est supérieure.
Encore une remarque sur ces notions. Il apparaît que dans certains milieux se soit produite une interversion dans les priorités. Tout se passe comme si les éléments fondamentaux du shabbat étaient devenus le oneg et le kavod , les interdictions relatives au travail étant considérées comme secondaires. Cela conduit à une fracture entre le shabbat tel qu’il est vécu et le shabbat du Talmud et de la loi. Pour illustrer ce point, je citerai une phrase talmudique assez frappante19:
Fais de ton shabbat un jour de semaine et ne vis pas aux dépens des créatures.
Cet adage est employé dans la halakha pour dispenser des obligations de oneg et de kavod quelqu’un qui n’en aurait pas les moyens financiers. En revanche, les décisionnaires sont unanimes pour dire qu’en aucun cas cette phrase ne peut être utilisée pour négliger les interdictions relatives au travail. Ces interdictions sont, au moins dans leur noyau central, issues de la Torah ; les obligations de oneg et de kavod sont considérées comme miderabanan et donc d’importance relativement secondaire.
Les linéaments de la loi du shabbat apparaissent ainsi clairement : son fondement essentiel est l’interdit du « travail réfléchi » dans les multiples dimensions que le Talmud dégage ; à cela s’ajoute l’obligation de constituer le shabbat en « jour de calme » ; enfin ces deux éléments sont complétés par de nombreuses interdictions et obligations rabbiniques parmi lesquelles notamment celles de oneg et de kavod . L’analyse de l’interdit relatif au travail a permis d’établir que la finalité de la loi shabbatique n’est nullement le « repos hebdomadaire » au sens courant du terme. Il nous faut donc préciser quelle est sa finalité principale. Pourquoi l’interdit relatif au travail revêt-il une telle importance ?
Dans son texte littéral, la Torah indique que le respect du shabbat est signe de la création du monde. Mais comme l’a montré Samson Raphaël Hirsch20 ce signe ne joue pas seulement sur le mode du renvoi. Il ne s’agit pas de rappeler à la conscience un principe théologique abstrait par un ensemble d’actions symboliques. Le shabbat est un mode de comportement, une façon d’être où est prise en compte la situation d’être créé, ce qui concrètement signifie ne pas tenir de soi-même son existence, ses capacités et ses pouvoirs. Le shabbat est le temps où l’homme renonce à son pouvoir de transformation du monde. Par la mise en oeuvre de sa pensée, l’homme sait créer, fabriquer, transformer, et cette activité est un élément de sa vocation, presque une obligation. Mais la Torah fixe à l’homme une limite à sa puissance. Le shabbat se définit comme le moment où il est prescrit de renoncer à un pouvoir. Il est d’abord une ascèse : « Tu n’y feras aucun travail ». L’homme est le maître du monde d’en bas, il le modifie à sa guise et le soumet à sa domination. La Torah assigne une limite temporelle à cette souveraineté.
On peut ainsi comprendre également un attribut inséparable du shabbat déjà évoqué précédemment21: sa sainteté, son caractère sacré (sa kedoucha ). La définition la plus couramment donnée de la sainteté est la « séparation ». Si l’on s’en tient à cette signification, le shabbat est saint car distingué des jours de la semaine qualifiés a contrario de « profanes » (hol ). Toutefois une telle définition reste formelle. La « séparation » est une catégorie logique et n’affecte aucun contenu réel à la sainteté du shabbat. la limite, n’importe quel signe distinctif pourrait différencier le shabbat des autres jours et, à l’évidence, cela ne suffirait pas à lui donner une sainteté. Si effectivement le shabbat est un jour séparé, encore faut-il préciser ce qui définit le « profane » dont il est séparé.
Le temps « profane » est celui du déploiement de l’être. Persévérance dans l’être, extension, conquête, domination de la nature (et malheureusement aussi des hommes), impératif d’action et de réalisation croissante, accroissement infini de la richesse et de la puissance en sont les catégories. Remplissez la terre et conquérez la , dit la Genèse, phrase qui peut se comprendre tout à la fois comme un ordre et une bénédiction. Armé de sa pensée, l’homme façonne le monde à sa convenance, convertit la pierre en résidence, la graine brute en nourriture raffinée et étoffe chatoyante, l’arbre du champ en meuble précieux.
Arrive le shabbat avec sa « sainteté », coup d’arrêt périodique à cet impérialisme, littéralement « cessez-le-feu ! » ou « halte-là ! ». Sainteté qui se produit non pas dans une quelconque extase mystique mais primordialement comme renonciation au pouvoir sur le monde. A nouveau, on peut observer combien est déficiente la caractérisation du shabbat comme « repos hebdomadaire ». D’une certaine façon, il y a même là un contresens. En effet si l’on adopte une telle optique, le shabbat se trouve intégré comme moment de pause nécessaire pour une conquête toujours plus étendue. Non plus limitation apportée à un pouvoir mais reprise de force, arrêt provisoire dans la marche en avant. Au lieu de constituer un moment où le jeu de l’être est surmonté, le shabbat en devient l’accessoire obligé.
Il est sans doute vain de se demander « pourquoi » la Torah prescrit cette abstention hebdomadaire, cette auto-limitation cyclique. On peut certainement lui trouver de multiples justifications, mais en définitive le plus simple est de répondre : le judaïsme a décidé que tel est le modèle à réaliser, un homme puissant et créateur, mais aussi capable de mettre un frein à sa puissance et à ses créations. La sainteté du shabbat signifie bien « séparation », si l’on précise aussi « de quoi » elle est séparation : du jeu de l’être et de ses déploiements.

Notes:
1Extrait de Explorations talmudiques . Une première version de cette étude a fait l’objet d’une communication au XIVe Colloque des intellectuels juifs de langue francaise publiée dans le Shabbat dans la conscience juive , P.U.F., 1975.
2Traité Haguiga , 10a.
3Exode, XXXV, 1.
4Versets 30-33.
5Traité Shabbat , 73a.
6La distinction entre type de base (av) et type dérivé (tolda) est elle-même conceptuelle ; un travail est réputé dérivé d’un autre lorsqu’il partage certaines caractéristiques avec le type de base et s’en distingue par d’autres. Exemple : « moudre du café » se rattache directement au travail originel « moudre du blé » car, dans les deux cas, il s’agit de réduire un produit uni en fines particules ; en revanche, sectionner un légume en petits morceaux en est un dérivé car l’aspect du produit initial est conservé. On veillera à ne pas confondre la distinction entre type de base et type dérivé avec celle introduite précédemment entre interdits min hatorah et miderabanan  : aussi bien un travail de base qu’un travail dérivé tombent sous le coup de l’interdit min hatorah . D’ailleurs, c’est une caractéristique usuelle des lois talmudiques qu’une dérivation conceptuelle qui conserve le noyau d’une notion de base n’en affaiblit pas la force légale.
7Cf. par exemple, Traité Shabbat , 29b.
8Cf. par exemple Traité Shabbat , chapitre 10, michna 3.
9Le tri diffère du battage considéré précédemment en ce que la nourriture et le déchet sont supposés seulement mélangés et non attachés.
10Cf. Traité Shabbat , 74a.
11Cf. par exemple Traité Shabbat , chapitre 22, michna 3.
12En fait il y en a encore d’autres.
13Nous verrons plus loin qu’une telle conduite est quand même prohibée, mais non en vertu de l’interdiction de travailler.
14Précisons, pour éviter toute équivoque, que la peine de lapidation prévue par la Torah est purement académique et n’a jamais été appliquée ; elle ne vient là que pour montrer l’importance attribuée à l’interdiction shabbatique.
15Exode, XXXIV, 21.
16Si cette traduction était exacte, parmi les obligations du shabbat figurerait celle de dormir, ou pour le moins de se reposer ; or une telle obligation n’existe pas, en tout cas min hatorah .
17Isaï e, LVIII, 13.
18A la différence des lumières de Hanoucca qui ne sont pas allumées pour être utilisées mais pour être vues.
19Traité Shabbat , 118a.
20Horev, Pirke haedout .
21Supra , p.

Holy Mary of Egypt. 18th century icon, Kuopio Orthodox Church Museum

7 mai, 2012

Holy Mary of Egypt. 18th century icon, Kuopio Orthodox Church Museum dans images sacrée mary.egypt

http://www.ocf.org/OrthodoxPage/icons/misc_in.html

Syméon le Nouveau Théologien : « Le Père et moi, nous sommes UN »

7 mai, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120507

Le mardi de la 4e semaine de Pâques

Commentaire du jour

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec, saint des Églises orthodoxes
Hymne 21, 468s ; SC 174 (trad. SC rev.)

« Le Père et moi, nous sommes UN »

Envoyé et sorti du Père, le Verbe est descendu
et il a habité tout entier dans les entrailles de la Vierge.
Tout entier il était dans le Père,
et tout entier il était dans ce sein virginal,
et tout entier dans le tout, lui que rien ne peut contenir…
Demeurant inchangé, il a pris la forme d’esclave (Ph 2,7)
et après avoir été mis au monde, il est devenu un homme en tout…
Comment affirmer ce qui est impossible à expliquer
à tous les anges, aux archanges et à tout être créé ?
On le pense d’une manière véritable,
mais on ne peut pas du tout l’exprimer,
et notre esprit ne peut pas le comprendre vraiment parfaitement.

Comment donc Dieu et homme, et homme-Dieu
est-il aussi le Fils du Père, tout entier,
d’une manière qui ne l’en sépare pas ;
comment est-il devenu fils de la Vierge et est-il sorti dans le monde ;
et comment est-il resté impossible à contenir pour tous ?…
Tu resteras silencieux maintenant
car même si tu voulais parler, ton esprit ne trouvera pas de parole,
et ta langue bavarde demeure réduite au silence…

Gloire à toi, Père et Fils et Esprit Saint,
divinité que l’on ne peut pas saisir, indivisible dans sa nature.
Nous t’adorons dans l’Esprit Saint,
nous qui possédons ton Esprit, car nous l’avons reçu de toi.
Et, voyant ta gloire, nous ne recherchons pas indiscrètement,
mais c’est en lui, ton Esprit, que nous te voyons,
Père inengendré, et ton Verbe engendré qui sort de toi.
Et nous adorons la Trinité indivisible et sans mélange
dans son unique divinité et souveraineté et puissance.

LE VISAGE AFRICAIN DU CHRISTIANISME

7 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-30730?l=french

LE VISAGE AFRICAIN DU CHRISTIANISME

Séminaire à l’Université pontificale du Latran

Anne Kurian
ROME, vendredi 4 mai 2012 (ZENIT.org) – Une aire de recherche pour le développement de la culture africaine dans l’Eglise est en train de se mettre en place, au sein de l’Université pontificale du Latran, afin de promouvoir « un visage africain du christianisme ».
Les premiers travaux de l’aire ont commencé avec un Séminaire interdisciplinaire de recherche intitulé « De l’Eglise en Afrique de Jean-Paul II à l’Africae munus de Benoît XVI », à l’Université du Latran, à Rome, le 2 mai 2012. Parmi les participants, étaient présents le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor unum et Jean Léonard Touadi, député italien d’origine congolaise.
Lors de son introduction, Martin Nkafu Nkemnkia, directeur du Département des Sciences Humaines et Sociales – Etudes africaines de l’Université du Latran, est revenu sur l’« évènement unique et historique » de la naissance de « l’Aire internationale de recherche- études interdisciplinaires pour le développement de la culture africaine », le 25 Novembre 2011.
Deux départements – les sciences humaines et sociales et les études juridiques – doivent coordonner les projets de recherches scientifiques de l’aire, « au service de l’Eglise et de toute la société africaine ». Ces recherches ont pour but de « visiter et introduire » de façon « systématique », la culture africaine « dans le curriculum studiorum des Universités pontificales et Instituts supérieurs romains ainsi que dans les Université catholiques, Séminaires majeurs et maisons de formation à la vie consacrée en Afrique » et ce « à la lumière de la Parole de Dieu ».
Développer la culture africaine
Il s’agit tout d’abord, explique Martin Nkafu Nkemnkia, d’une « structure opérative » de l’Université du Latran, pour la « recherche et l’approfondissement », amenant à des « résultats », afin de « promouvoir, favoriser et soutenir le développement de l’Afrique ».
Il sera également mis en œuvre un « programme de promotion culturelle, de formation et de recherche » pour encourager « un grand nombre d’étudiants à s’intéresser à la cause africaine ».
L’aire doit aussi répondre aux « besoins de l’Eglise de l’Afrique » en « préparant le personnel qualifié et responsable », notamment en formant humainement et chrétiennement les professeurs, les académiciens, et les professionnels responsables dans les domaines « opératifs et applicatifs ».
Le visage africain du christianisme
Le projet a été présenté aux Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM), le 21 février 2012, à l’invitation du cardinal Polycarp Pengo, archevêque de Dar Es Salam (Tanzanie) et président du SECAM.
Pour Martin Nkafu Nkemnkia, « c’est toute l’Eglise africaine qui progresse et s’interroge sur son identité chrétienne à l’intérieur de la famille de Dieu qui est sur la terre : l’Eglise ».
Il appelle les experts de toutes les universités catholiques africaines à participer « ensemble » à cette initiative, « afin d’offrir au monde académique et à l’Eglise, une lecture africaine de la Parole de Dieu, un visage africain du christianisme », et pour que le Christ « se manifeste en Afrique avec le visage africain ».
Il faut, « donner à l’Afrique la dignité qu’elle mérite, et de cette façon, partager ses valeurs humaines et spirituelles avec l’Eglise universelle et l’humanité toute entière », insiste-t-il.
Nouvelles technologies, au service de la recherche
Deux universités catholiques africaines ont pu suivre le séminaire « en liaison directe » via internet : l’Université de Bamenda au Cameroun et celle du Congo Kinshasa- Limete.
Martin Nkafu Nkemnkia a assuré que grâce aux « nouvelles technologies », de nombreuses universités catholiques en Afrique pourront intervenir dans les congrès à venir, participant ainsi aux discussions.
En outre, un forum a été ouvert entre les universités pontificales et les universités africaines, ainsi qu’avec les partenaires académiques des universités européennes « pour les études et les échanges réciproques pour le développement de la culture africaine ».
Le but de ce forum, précise Martin Nkafu Nkemnkia, est de « développer un parcours des études africaines relatives aux diverses disciplines telles que : la spiritualité, la religion, la théologie, la philosophie, l’anthropologie, la sociologie, le droit, l’histoire, l’économie et la politique ».

7 Mai, Flavia Domitilla

7 mai, 2012

http://fr.wikipedia.org/wiki/Flavia_Domitilla

7 Mai, Flavia Domitilla

Cet article est une ébauche concernant la culture juive ou le judaïsme et un saint catholique.

Flavia Domitilla ou sainte Domitille, est une membre de la famille impériale romaine des Flaviens, morte après 95, considérée comme une héroïne du judaïsme et vue comme une sainte par les Églises catholique et orthodoxe qui la fêtent le 7 mai. (7 mai catholique, 12 mai Orthodoxe)

Flavia Domitilla, fille de Domitilla la Jeune et de Quintus Petillius Cerialis et donc petite fille de Vespasien et nièce de Titus et Domitien épouse son cousin Titus Flavius Clemens, un neveu de Vespasien. Ils ont deux fils, tous deux appelés Titus Flavius, nés vers 88 et 90, qui sont éduqués par Quintilien1 et selon Suétone dans la vie des douze Césars, Domitien les a ouvertement reconnus, alors qu’ils étaient très jeunes, comme ses successeurs, changeant leur nom, l’un en Vespasien et l’autre en Domitien. Titus Flavius Clemens est consul en 95, avec Domitien mais ce dernier le fait exécuter pour une raison futile dès la fin de son consulat2. L’historien romain Dion Cassius est plus explicite : si Flavius Clemens a été exécuté et sa femme exilée dans l’île de Pandateria, c’est parce qu’ils étaient « athées, une accusation pour laquelle beaucoup de ceux qui tendaient vers le judaïsme étaient condamnés3 ».

Selon la tradition juive
Pour la tradition juive, Flavia Domitilla et son mari peuvent être considérés comme des convertis au judaïsme.

Selon la tradition chrétienne
Elle aurait été convertie au christianisme par saint Achille et saint Nérée puis condamnée avec d’autres, par l’empereur Domitien, à être déportée dans l’île de Pontia ou de Pandateria, où elle vécut un long martyre.
Elle fut considérée comme une sainte par l’Église catholique de 1595 à 1969, année où il fut décidé que cet honneur n’était pas fondé5. Elle semble l’être à nouveau[réf. nécessaire] et elle est fêtée localement le 7 mai6.
Eusèbe de Césarée7, et Jérôme de Stridon8 affirment que Flavie Domitille était la nièce du consul Flavius Clemens et qu’elle fut exilée à Pontia, une île de la mer Tyrrhénienne, ce qui peut laisser penser qu’il y a eu en fait deux Flavia Domitilla.

Myosotis: Ne m’oubliez pas

5 mai, 2012

 Myosotis: Ne m'oubliez pas dans images nontiscord00

http://www.lemiepiante.it/dbimg/nontiscord00.jpg

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