Archive pour mai, 2012

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À AREZZO, 13 MAI 2012

14 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-30798?l=french

HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À AREZZO, 13 MAI 2012

L’attention aux plus faibles, inséparable de la défense de la vie

Traduction d’Anne Kurian
ROME, lundi 14 mai 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a exhorté à « témoigner de l’amour de Dieu dans l’attention aux plus faibles », qui est inséparable de « la défense de la vie, de son commencement jusqu’à sa fin naturelle ».
Le pape était en visite pastorale en Toscane, hier, 13 mai 2012. Il a notamment célébré une messe le matin, à Arezzo, en présence de quelque 30.000 personnes.
Dans son homélie, Benoît XVI a invité les catholiques à se faire « concrètement solidaire de celui qui est dans le besoin », en « partageant ses ressources », en « promouvant des styles de vie plus simples », en « luttant contre la culture de l’éphémère, qui a illusionné de nombreuses personnes, provoquant une profonde crise spirituelle ».
Il faut aussi, a ajouté le pape, « éduquer au dépassement des logiques purement matérialistes, qui souvent marquent notre époque, et finissent par brouiller le sens de la solidarité et de la charité. »
Homélie de Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Ma joie est grande de pouvoir partager avec vous le pain de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Je vous salue tous cordialement et je vous remercie de votre accueil chaleureux ! Je salue votre pasteur, Mgr Riccardo Fontana, que je remercie pour ses aimables paroles de bienvenue, les autres évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les représentants des associations et des mouvements ecclésiaux. Je salue respectueusement le maire, Giuseppe Fanfani, que je remercie pour ses salutations, le sénateur Mario Monti, président du Conseil des Ministres, et les autres autorités civiles et militaires. J’adresse un remerciement spécial à ceux qui ont généreusement collaboré à cette visite pastorale.
Aujourd’hui, je suis accueilli par une Eglise ancienne, experte en relations et qui s’est distinguée au cours des siècles par son engagement pour construire la Cité de l’homme à l’image de la Cité de Dieu. Sur la terre de Toscane, la communauté d’Arezzo s’est en effet distinguée de nombreuses fois dans l’histoire pour son sens de la liberté, et sa capacité de dialogue avec les diverses composantes de la société. En venant pour la première fois parmi vous, je souhaite que la ville sache toujours faire fructifier cet héritage précieux.
Au cours des siècles passés, l’Eglise qui est à Arezzo a été enrichie et animée de multiples expressions de la foi chrétienne, parmi lesquelles celle des saints. Je pense en particulier à saint Donat, votre saint Patron, dont le témoignage de vie, qui a séduit le christianisme du moyen âge, est encore actuel. Il fut un évangélisateur intrépide, pour que tous soient libérés de leurs pratiques païennes et retrouvent dans la parole de Dieu la force pour affirmer la dignité de chaque personne et le vrai sens de la liberté. A travers sa prédication, il a ramené à l’unité, grâce à la prière et à l’eucharistie, les peuples pour lesquels il fut évêque. Le calice brisé et recomposé par saint Donat, dont parle saint Grégoire le Grand (cf. Dialogues I, 7, 3), est une image de l’œuvre pacificatrice accomplie par l’Eglise dans la société, pour le bien commun. C’est ce qu’atteste aussi saint Pierre Damien et avec lui la grande tradition Camaldule qui depuis mille ans, depuis le Casentino, offre sa richesse spirituelle à cette église diocésaine et à l’Eglise universelle.
Le bienheureux Grégoire X, pape, repose dans votre cathédrale, comme pour montrer, dans la diversité des époques et des cultures, la continuité du service que l’Eglise du Christ entend rendre au monde. Grégoire X, soutenu par la lumière qui venait de l’Ordre mendiant naissant, et par des théologiens et les saints, dont saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure de Bagnoregio, a affronté les grands problèmes de son temps: la réforme de l’Eglise; la réparation du schisme avec l’Orient chrétien, qu’il a tenté de réaliser avec le Concile de Lyon; l’attention pour la Terre sainte; la paix et la relation entre les peuples: il fut le premier en Occident à avoir un échange d’ambassadeurs avec l’empereur Kublai Khan de Chine.
Chers amis, la première lecture nous a présenté un moment important, où se manifeste vraiment l’universalité du message chrétien et de l’Eglise: saint Pierre, dans la maison de Corneille, baptise les premiers païens. Dans l’Ancien Testament, Dieu avait voulu que la bénédiction du peuple juif ne demeure pas exclusive, mais soit étendue à toutes les nations. Déjà lors de l’appel d’Abraham, il avait dit: «En toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Gn 12,3). Et ainsi Pierre, inspiré par le Ciel, a compris que «Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste» (Ac 10,34-35). Le geste accompli par Pierre devient image de l’Eglise ouverte à l’humanité entière. Suivant la grande tradition de votre Eglise et de vos communautés, vous êtes d’authentiques témoins de l’amour de Dieu envers tous!
Mais comment pouvons-nous, avec notre faiblesse, porter cet amour? Dans la seconde lecture, saint Jean nous a dit avec force que la libération du péché et de ses conséquences n’est pas de notre initiative, mais de Dieu. Ce n’est pas nous qui l’avons aimé, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a pris sur lui notre péché et l’a lavé par le sang du Christ. Dieu nous a aimés en premier et il veut que nous entrions dans sa communion d’amour, pour collaborer à son œuvre rédemptrice.
Dans le passage de l’Evangile, cet appel du Seigneur a résonné : «C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure» (Jn 15,16). C’est une parole adressée de façon particulière aux apôtres, mais, au sens large, elle concerne tous les disciples de Jésus. L’Eglise entière est envoyée dans le monde pour porter l’Evangile et le salut. Mais l’initiative est toujours de Dieu, qui appelle aux multiples ministères, pour que chacun participe personnellement au bien commun. Que l’on soit appelé au sacerdoce ministériel, à la vie consacrée, à la vie conjugale, à l’engagement dans le monde, à tous il est demandé de répondre avec générosité au Seigneur, soutenus par sa parole qui nous rassérène: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis» (ibidem).
Chers amis, je connais l’engagement de votre Eglise pour promouvoir la vie chrétienne. Soyez ferment dans la société, soyez des chrétiens présents, audacieux et cohérents. La ville d’Arezzo résume, dans son histoire plurimillénaire, des expressions significatives de culture et de valeurs. Parmi les trésors de votre tradition, il y a la fierté d’une identité chrétienne, témoignée par tant de signes et enracinée dans des dévotions comme celle envers Notre Dame de la Consolation. Cette terre, où sont nées de grandes personnalités de la Renaissance, de Pétrarque à Vasari, a eu une part active dans l’affirmation de cette conception de l’homme qui a influencé l’histoire d’Europe, tirant sa force des valeurs chrétiennes. Récemment encore, le patrimoine idéal de votre cité a été exprimé par quelques-uns de ses enfants les plus illustres, qui ont su élaborer le concept de civitas, dans leur recherche universitaire et dans d’autres institutions, en le définissant en termes d’idéal chrétien parmi les hommes de notre temps. Dans le contexte de l’Eglise en Italie, engagée actuellement sur le thème de l’éducation, nous devons nous demander, surtout dans la région qui est patrie de la Renaissance, quelle vision de l’homme nous sommes en mesure de proposer aux nouvelles générations. La Parole de Dieu que nous avons écoutée est une invitation puissante à vivre l’amour de Dieu envers tous. Parmi ses valeurs distinctives, la culture de cette terre de Toscane vit la solidarité, l’attention aux plus faibles, le respect de la dignité de chacun. L’accueil, qu’encore récemment vous avez su donner à ceux qui sont venus en quête de liberté et de travail, est bien connu. Etre solidaire avec les pauvres c’est reconnaître le projet de Dieu créateur, qui a fait de tous une seule famille.
Bien sûr, votre province est aussi fortement éprouvée par la crise économique. A cause de la complexité des problèmes, il est difficile de trouver des solutions plus rapides et efficaces pour sortir de la situation présente, qui affecte surtout les plus faibles et préoccupe beaucoup les jeunes. Depuis les temps anciens, l’attention aux autres a conduit l’Eglise à se faire concrètement solidaire de celui qui est dans le besoin, en partageant ses ressources, en promouvant des styles de vie plus simples, en luttant contre la culture de l’éphémère, qui a trompé de nombreuses personnes, provoquant une profonde crise spirituelle. Que cette Eglise diocésaine, enrichie par le témoignage lumineux du Poverello d’Assise, continue à être attentive et solidaire de celui qui est dans le besoin, mais sache aussi éduquer au dépassement des logiques purement matérialistes, qui souvent marquent notre époque, et finissent par brouiller le sens de la solidarité et de la charité.
Témoigner de l’amour de Dieu dans l’attention aux plus faibles se conjugue aussi avec la défense de la vie, de son commencement jusqu’à sa fin naturelle. Dans votre région, assurer à tous la dignité, la santé et les droits fondamentaux est considéré à juste titre comme un bien indispensable. La défense de la famille, à travers des lois justes et capables de protéger aussi les plus faibles, constitue toujours un point important pour maintenir un tissu social solide et offrir des perspectives d’espérance pour le futur. De la même façon que les statuts de votre ville ont été, au moyen âge, instruments pour assurer des droits inaliénables à beaucoup, puisse l’engagement pour promouvoir une Cité au visage toujours plus humain être aujourd’hui poursuivi. En ceci, l’Eglise offre sa contribution pour que l’amour de Dieu soit toujours accompagné de celui du prochain.
Chers frères et sœurs, continuez le service de Dieu et de l’homme selon l’enseignement de Jésus, l’exemple lumineux de vos saints et la tradition de votre peuple. Dans cette tâche, que la protection maternelle de Notre Dame de la Consolation, tant aimée et vénérée par vous, vous accompagne et vous soutienne toujours. Amen!

Traduction de ZENIT

à demain, bonne nuit

13 mai, 2012

 à demain, bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. Pictures_of_Spring_192

http://www.fabulousnature.com/img5756.htm

Icon of Holy Mother of God – Cathedral of St Gregory of Palamas, Tessaloniki

11 mai, 2012

Icon of Holy Mother of God - Cathedral of St Gregory of Palamas, Tessaloniki dans images sacrée holy-mother-of-god-from-the-cathedral-of-st-gregory-of-palamas

http://philotimo-leventia.blogspot.it/2011/11/icon-holy-mother-of-god-cathedral-of-st.html

L’Amour dans la Bible – Citations sur l’amour dans la Bible

11 mai, 2012

http://www.amour.ro/spiritualite/amour-bible.php

L’Amour dans la Bible

Citations sur l’amour dans la Bible

Jean 13
34. Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.
35. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

Jean 15
12. C’est ici mon commandement: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
13. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Romains 12
9. Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien.
10. Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.

Romains 13
8. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi.
9. En effet, les commandements: Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
10. L’amour ne fait point de mal au prochain: l’amour est donc l’accomplissement de la loi.

Corinthiens 13
1. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
2. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.
3. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
4. La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n’est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil,
5. elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne point le mal,
6. elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité;
7. elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8. La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra.
9. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie,
10. mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra.
11. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant.
12. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13. Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l’espérance, la charité; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité.

Colossiens 3
12. Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.
13. Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi.
14. Mais par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection.

Thessalonicien 4
9. Pour ce qui est de l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive; car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres,
10. et c’est aussi ce que vous faites envers tous les frères dans la Macédoine entière. Mais nous vous exhortons, frères, à abonder toujours plus dans cet amour,

1 Pierre 1
22. Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre coeur,

1 Jean 3
23. Et c’est ici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu’il nous a donné.

1 Jean 4
7. Bien-aimés, aimons nous les uns les autres; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu.
8. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
9. L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.
10. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés.
11. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
12. Personne n’a jamais vu Dieu; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous.
13. Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu’il demeure en nous, en ce qu’il nous a donné de son Esprit.
14. Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde.
15. Celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
16. Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
17. Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde: c’est en cela que l’amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement.
18. La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour.
19. Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier.
20. Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas?
21. Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.

Hébreux 13
1. Persévérez dans l’amour fraternel.

Sixième dimanche de Pâques B – Homélie

11 mai, 2012

http://www.stignace.net/homelies/6paquesB06.htm

HOMÉLIE

Sixième dimanche de Pâques B                                                              

(21 mai 2006)      

 Père Michel Farin,  jésuite

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
L’amour qui doit commander la vie de l’humanité selon la révélation que nous en donne le Christ est un grand mystère, caché aux sages et aux savants a dit Jésus, mais qui touche et bouleverse les petits, les tout petits, comme Jésus, ceux qui s’abandonnent et se confient à ce qui leur écharpe et les déborde complètement.
En effet, ce commandement de l’amour par Jésus, nous met devant un abîme, puisqu’il s’agit de nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés et que Jésus nous a aimés comme le Père l’a aimé. Nous sommes donc appelés à nous aimer les uns les autres comme le Père aime le Fils, c’est-à-dire dans la profondeur insondable de l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint, qui est tout autre chose que le sentiment d’aimer.
Cet Esprit d’amour qui s’est exprimé pour nous à travers toute la vie, la mort et la résurrection de Jésus, se donne par une initiative paternelle, originelle, sans retour, sans condition : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour ». Et Jésus dont la vie tout entière repose sur cette Parole du Père, nous dira : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait… Aimez vos ennemis. »
Nous voyons bien ici en quoi l’Esprit d’amour qui nous est donné pour commander notre vie transcende le seul sentiment d’aimer avec lequel nous le confondons sans cesse. Je peux aimer un ami, à l’égard duquel j’ai ce sentiment. Mais comment aimer un ennemi, à l’égard duquel j’ai justement le sentiment contraire, de la haine.
Jésus lui-même témoignera de cet amour sans retour au-delà de tout sentiment quand il attendra Judas dans le jardin des Oliviers. Il l’attend avec cet amour du Père qui ne peut se reprendre mais non sans avoir dit à son Père : « Pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Comment Jésus, à moins d’être malade, pouvait-il avoir un sentiment d’amour pour le traître, mais il a aimé l’homme Judas jusqu’au bout, comme le Père l’a aimé.
« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés, comme le Père m’a aimé ».
Cet amour peut donc nous commander ce que nous ne voulons pas. Mais c’est l’Esprit qui nous commande et non pas une loi extérieure vis-à-vis de laquelle il s’agirait d’être en règle. Et si Jésus obéit, dans le sang et les larmes, c’est à ce que lui commande son Père dans l’intimité inimaginable de l’Esprit.
L’amour ne peut nous commander que de l’intérieur, là où la présence d’un autre me touche, au-delà de toute image que je peux projeter sur lui, à l’extérieur. Si je crois aimer quelqu’un parce que j’aime son image, je suis dans ce que la Bible appelle l’idolâtrie et cet amour imaginaire va être mis à l’épreuve par la vie. Vais-je toujours aimer cet homme dont l’intelligence me bouleverse quand il va s’enfoncer dans l’inconnu avec une maladie Alzheimer ?
Car le propre de l’amour, de l’Esprit Saint, est de faire de la présence de l’autre en moi, une présence unique, comme celle du Fils unique pour le Père. Comme le Père m’a aimé… aimez-vous les uns les autres. L’unique, c’est ce qu’est l’un pour l’autre dans l’amour, dans l’Esprit, et c’est cette œuvre de l’amour qui fait, entre nous, l’humanité, la véritable humanité, à l’image de Dieu.
Nous avons entendu l’écho d’une telle rencontre entre l’un et l’autre où l’Esprit fonde l’humanité dans le Christ. C’est celle de Pierre et du Centurion Corneille, dans les Actes des Apôtres. Il n’y avait pas spécialement de sentiment amical entre un centurion romain et un pêcheur de Galilée. Et pourtant l’Esprit d’amour a commandé leur rencontre malgré le mouvement de retrait effrayé de Pierre à l’idée de partager l’intimité de l’Alliance divine qui fait le peuple élu avec un païen. Mais l’Esprit du Christ a commandé cette rencontre dans le cœur de l’un et de l’autre, afin que l’un et l’autre se reconnaissent comme Dieu les connaît, uniques pour le Père, unique l’un pour l’autre à travers le pardon de toute une histoire de haine. « Pierre alors s’écrie : En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différences entre les hommes… Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint s’empara de tous ceux qui écoutaient la Parole. Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l’Esprit Saint. »
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie.

LES DEUX POUMONS DE LA TERRE SAINTE

11 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-30758?l=french

LES DEUX POUMONS DE LA TERRE SAINTE

Homélie de Mgr William Shomali à la kehilla de Jérusalem

ROME, mardi 8 mai 2012 (ZENIT.org) – Les communautés arabophone et hébréophone sont « semblables aux deux poumons par lesquels respire l’église de Terre Sainte », a déclaré Mgr Shomali.
Mgr William Shomali, évêque auxiliaire du patriarche latin de Jérusalem, a célébré la messe à la kehilla – communauté hébréophone – de Jérusalem, dimanche 6 mai. Durant son homélie, il a encouragé la kehilla à « témoigner de Jésus-Christ au sein de la société juive israélienne », sans se décourager, rappelant à la communauté qu’elle est « la continuation de la première église, issue du judaïsme ».
Nous publions ci-dessous le texte intégral de son homélie.
Chers frères et sœurs,
Je suis plein de joie de pouvoir fêter avec vous la fête de Saint Jacques, patron de votre kehilla et de tout votre vicariat. Je voulais depuis longtemps être parmi vous et prier avec vous, et il semble que Dieu ait exaucé ma demande. Votre kehilla est importante pour l’église de Jérusalem. Importante, non par le nombre de ses fidèles, mais par la signification que revêt votre présence ici. Vous constituez la continuation de la première église, issue du judaïsme. De plus, nos communautés, arabophone et hébréophone, sont semblables aux deux poumons par lesquels respire l’église de Terre Sainte. Ou, selon la métaphore qui se trouve dans la lecture d’évangile de ce jour, nous constituons deux sarments recevant leur sève et leur force de la même vigne, laquelle est Jésus le Christ notre Sauveur. Je prie pour que vous continuiez à témoigner de Jésus Christ au sein de la société juive israélienne.
Ce n’est pas là une mission facile, pas plus qu’elle ne fut facile à l’apôtre Paul. C’est ce même Paul qui est au centre de la première lecture de ce jour. Après sa surprenante conversion, il se heurte à une résistance farouche de la part de ses frères juifs. Cependant celui qui se heurte à une résistance croît aussi en force avec l’aide du Saint Esprit. Nombreux furent parmi les Juifs et parmi les nations ceux qui découvrirent grâce à lui que Jésus est le Messie. Les difficultés et les défis qui se trouvent sur notre route, ne doivent pas nous décourager. Le fait que nous constituons une petite minorité, parmi les Musulmans comme parmi les Juifs, ne doit pas susciter en nous de complexe, ni nous porter au découragement.
La première communauté de Jérusalem était pleine de force malgré ses faiblesses et le petit nombre de ses fidèles. En cette période, elle prit de l’assurance sous l’action de l’Esprit Saint : « A cette époque, l’église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Elle se construisait et avançait dans la crainte du Seigneur, et croissait en nombre sous l’encouragement de l’Esprit Saint » (Actes 9 :31).
Si vous le permettez, j’aimerais maintenant m’arrêter un peu sur la métaphore de la vigne qui se trouve dans la lecture d’évangile de ce jour. Elle constitue pour nous une leçon merveilleuse.
Dans l’Ancien Testament, la vigne symbolise le peuple d’Israël. Lorsque Israël écoutait le Seigneur, la vigne portait du fruit. Dès l’instant où le peuple ne suivait plus la Torah du Seigneur, la vigne devenait stérile. Dans le contexte de la lecture de ce jour, la vigne est Jésus Christ, et nous avons l’honneur d’être ses sarments.
J’ai été impressionné par le nombre de fois où Jésus, selon l’évangéliste Jean, emploie le verbe « demeurer » (au sens de « rester ») pour décrire la relation de la vigne et du sarment. J’ai compté 11 occurrences. Dans la seconde lecture également ce verbe apparaît deux fois. Voilà qui indique assez l’importance de ce verbe :
Les disciples doivent demeurer dans le Christ comme lui-même demeure en eux. Le sarment doit demeurer dans la vigne. La parole de Jésus doit demeurer dans les disciples. Les disciples demeurent dans l’amour de Jésus s’ils gardent ses commandements. Le fruit des disciples doit demeurer.
Une autre expression revient avec insistance : porter du fruit. Nous la trouvons six fois dans les lectures de ce jour.
Ce n’est pas difficile à comprendre : le lien est étroit entre demeurer en Jésus et porter du fruit – c’est un lien de cause à effet. On pourrait définir ainsi le verbe « demeurer » : rester, rester uni avec, s’installer en un seul lieu et dans la situation qui est donnée, continuer d’exister, persister dans les difficultés. Ces synonymes nous aident à comprendre de quoi il s’agit. Cependant, l’évangile décrit un état surnaturel que l’on ne peut exprimer par ces mots, et la métaphore de la vigne est le meilleur chemin pour prendre conscience du lien vital merveilleux qui nous unit à Jésus.
On peut s’interroger : comment Jésus demeure-t-il en nous ? De trois manières :
1. Tout d’abord au moyen de sa parole : Jésus demeure en nous si nous demeurons dans sa parole : « Si vous demeurez en moi et que ma parole demeure en vous » (Jean 15 :7). Jésus et sa parole sont un. Lorsque nous l’entendons, nous nous unissons à lui. Ses paroles constituent la sève vitale qui jaillissent de la vigne et qui irriguent les sarments afin qu’ils portent du fruit. Demandons-nous : méditons-nous quotidiennement un passage des écritures afin que nous demeurions en lui et lui en nous ? Puisons-nous force et consolation dans la méditation quotidienne de l’évangile ? Le dernier Synode consacré au Moyen Orient demandait aux fidèles d’entretenir un lien quotidien avec la parole de Dieu. C’est cette parole qui doit être notre pain quotidien. De plus, la parole de Dieu et sa loi sont une seule chose, qu’exprime en hébreu le mot « davar ». La parole de Jésus demeure en nous lorsque nous accomplissons ses commandements. Selon la seconde lecture : « Celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 3 :24).
2. La seconde manière de demeurer en lui est l’amour. Qu’il nous suffise de citer à ce sujet Jésus lui-même : « De même que le Père m’a aimé, moi aussi je vous aime. Demeurer en mon amour. Si vous demeurez fidèles à mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure en son amour. Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. (Jean 15 : 9-10 ; 12). À nouveau, demandons-nous : aimons-nous nos voisins et nos collègues de travail ? Sommes-nous prêts à leur pardonner le mal qu’ils nous ont fait ? Sommes-nous prêts, comme l’apôtre Paul, à marcher à la suite de Jésus et à détruire le mur de la haine ? Aimons-nous du fait d’un intérêt humain, ou pour Dieu ? Demeurer en Jésus signifie : demeurer dans son amour et dans l’amour de nos frères et sœurs.
3. La troisième façon de demeurer en Jésus est l’Eucharistie. Le mystère de l’Eucharistie révèle notre unité avec lui, mieux encore que ne le fait la métaphore de la vigne. L’image de la nourriture est une image particulièrement forte. Quoi de plus fort que la manducation de ce pain qui, dans l’acte de le manger, devient partie intégrante de notre corps ? Quoi de plus fort que de boire ce vin qui s’incorpore à notre sang ? Combien forte est l’expression de Jésus: Mangez ma chair et buvez mon sang ! Cette expression marquante est destinée à nous délivrer le message de son unité avec nous. L’image ici dit plus que les mots. L’image produit ce qu’elle désigne, et éclaire à la fois ce qu’elle produit.
Pour conclure : j’aimerais discuter des fruits que portent les sarments : que sont ces fruits ? Ce sont ces mêmes fruits que mentionne l’épître aux Galates : « Voici les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Galates 5 :22). Tous, nous aspirons à porter de tels fruits dans nos vies. Quelles sont les conditions pour porter du fruit ? La condition est de demeurer dans la vigne et d’être purifié. Quelle est la condition de porter des fruits d’amour, de joie, de paix, de patience, de générosité, de bonté etc. ? La condition est de demeurer dans l’unité avec Jésus en écoutant sa parole, en demeurant fidèle à son amour, en gardant ses commandements, en accueillant les difficultés de la vie au moyen desquelles le Seigneur nous purifie.
Chers frères et sœurs,
Nous approchons du moment de la communion. Désirons ensemble ce moment où Jésus lui-même, vigne spirituelle, vient s’unir à nous, faibles sarments. C’est là le paradoxe qu’implique notre foi : dans la nature, le sarment est greffé sur la vigne, mais ici c’est la vigne qui vient faire vivre le sarment. La métaphore nous enseigne combien le Seigneur nous aime. C’est lui qui nous a aimés le premier, et lui le premier à demeurer à jamais fidèle à ses promesses. C’est pourquoi nous sommes invités à le louer dans le psaume : « Au sein de l’assemblée je te louerai » (Ps 22 :23). Je vous demande de redire avec moi ces mots : « Au sein de l’assemblée je te louerai ».

+ William Shomali

Concil at Jerusalem

10 mai, 2012

Concil at Jerusalem dans images sacrée 2nd_Crusade_council_at_Jerusalem
http://en.wikipedia.org/wiki/File:2nd_Crusade_council_at_Jerusalem.jpg

Le chemin qui nous change

10 mai, 2012

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=3040

Le chemin qui nous change

Cinquième dimanche de Pâques (meditation 2011)

P. Jacky Marsaux

Lectures : Actes 6,1-7 ; Psaume 32 ; 1 Pierre 2,4-9 ; Jean 14,1-12

Esprit & Vie n°235 – mai 2011, p. 35-38.

Une parole de Jésus se détache dans l’Évangile de ce dimanche : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » L’image du chemin est particulièrement importante dans la foi chrétienne au point de caractériser les disciples du Christ, désignés comme « les adeptes du chemin » (Ac 9,2). Le christianisme naissant s’est identifié à un chemin, ou plutôt comme le chemin (Ac 18,25-26 ; 19,9.23 ; 22,4 ; 24,14.22). Si nous scrutons les origines de cette image, nous pensons d’abord à la marche du peuple de Dieu à travers le désert. Mais il semble bien que la sortie d’Égypte soit une marche sans chemin tracé d’avance. Une traversée d’un territoire désertique, accompagnée par la colonne de nuée ou la colonne de feu, selon les moments, et surtout sous la conduite de Moïse.
Tel est le cadre de l’apprentissage pour le peuple de Dieu : une pérégrination guidée par la Parole de Dieu et non à vues humaines, puisqu’il n’y a pas de repères visibles. L’enjeu de ce parcours est d’apprendre à marcher selon les voies de Dieu, c’est-à-dire selon le comportement qu’il indique par sa Parole. Nous connaissons les aléas de l’apprentissage de la liberté au temps de l’Exode : le chemin de vie montré par le Seigneur (voir Dt 30,15) est sans cesse à choisir et à re-choisir.
Marcher selon les voies de Dieu
Jésus se présente sous les traits du berger (voir Jn 10) mais aussi comme le chemin lui-même, chemin vers le Père, chemin vers le monde nouveau. Un chemin, c’est une trace, un passage offert à tous pour mener d’un lieu à un autre. Depuis le temps de Moïse, le peuple de Dieu ne cesse de réaliser des passages et de franchir les obstacles qui se présentent sur la route.
Nous venons de célébrer à nouveau la Pâque du Christ qui contient notre propre Pâque, passage de la mort à la vie. Ce que la célébration nous offre en sacrement, nous avons désormais à le vivre jour après jour. Toute notre existence est dynamisée par ce grand sacrement de la Pâque, si l’on comprend bien ce mot de sacrement comme signe et moyen de notre salut. Un sacrement est signe à la manière du chemin dont la trace visible invite à un déplacement, à une progression. Mais il y a davantage : un sacrement est aussi réalisation de la présence de Dieu. Il est le chemin par où nous arrive celui qui est la Vérité et la Vie. L’image du chemin nous aide en ce Temps pascal à mieux réaliser comment le Christ lui-même, par ses sacrements, nous fait chrétiens.
Traditionnellement, le temps entre Pâques et Pentecôte est celui de la mystagogie pour les nouveaux baptisés. Pleinement intégrés au peuple de Dieu, membres du Corps du Christ, édifiés comme Temple de l’Esprit Saint, leur initiation se poursuit par une meilleure intelligence des sacrements qu’ils ont reçus. Ce mot de « mystagogie » désigne la participation plus consciente au mystère, c’est-à-dire au don de Dieu dans le sacrement. La rencontre de Dieu dans la liturgie précède l’explication. Saint Ambroise disait : « La lumière des mystères pénètre mieux chez ceux qui ne s’y attendent pas que si une explication quelconque les avait précédés » (Sur les mystères, § 2). En effet, nous ne pouvons pas tout comprendre, mais seulement recevoir peu à peu la lumière d’abord par l’événement de grâce que représente la célébration d’un sacrement. Ensuite, l’explication soutient et relance notre marche. Telle est la pédagogie que l’Église réalise en ce Temps pascal. Les Évangiles de l’année A correspondent au plus près à ce projet d’accompagnement des nouveaux baptisés, mais aussi de tous les autres. En effet, nous n’avons jamais fini de devenir chrétiens. D’où l’insistance sur l’image du chemin.
Celui qui se révèle en chemin
Le chemin n’est pas la possession immédiate, instantanée et définitive mais un moyen d’accès parfois laborieux, souvent plein de surprises. Plus le marcheur progresse, et plus le chemin transforme le marcheur lui-même. C’est la découverte émerveillée et contagieuse des pèlerins, par exemple, sur les chemins vers Compostelle. Beaucoup d’entre eux, avant même d’atteindre la destination finale, sont déjà changés intérieurement. Découverte de soi, découverte des autres, découverte plus saisissante de la présence de Dieu, car n’est-il pas lui-même le terme du pèlerinage ? Il est celui qui, depuis le temps de Moïse, se révèle en chemin. Tout en se révélant, il révèle l’homme à lui-même pour autant que celui-ci accepte d’entrer dans cette épreuve de la vérité. Dans le Christ, nous trouvons la Vérité sur laquelle construire notre existence et la Vie qui ne cesse de nous transformer.
De là vient l’admirable paradoxe : avant même d’atteindre le terme du parcours, nous sommes déjà comblés de la présence divine. En Jésus, c’est Dieu lui-même qui parle, qui guérit et attire à lui. Jésus est le chemin, la vérité et aussi la vie car l’Esprit vivifiant réside en plénitude en lui. Ce même Esprit répandu sur les baptisés les constitue en « Temple spirituel » afin d’exercer le « sacerdoce saint ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Tout simplement – mais la tâche est immense – offrir à Dieu tout ce qu’ils peuvent vivre et ainsi glorifier Dieu et sanctifier le monde (voir Lumen gentium, n° 34).
Saint Pierre nous encourage, dans la deuxième lecture, à présenter de telles « offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus » (1 P 2,5). En effet, le Christ est chemin dans les deux sens, en lui Dieu lui-même ne cesse de venir au milieu de nous, et par lui nous avons accès auprès du Père. Par lui, nous pouvons offrir à Dieu « nos activités, nos prières, nos initiatives apostoliques, notre vie familiale, notre travail, nos loisirs, nos divertissements et même nos épreuves », pour reprendre l’énumération donnée par le texte du concile Vatican II (voir LG, n° 34).
La deuxième lecture présentait une autre image du Christ qui semble contredire celle du chemin : le Christ est aussi la « pierre angulaire », et même un « rocher ». Cela paraît inconciliable. Saint Grégoire de Nysse (ive s.) répond à cette difficulté dans une méditation sur Moïse. Il explique comment la stabilité, celle du rocher, et la mobilité, celle du chemin, sont la même chose :
Plus quelqu’un demeure fixé et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. [… ] Sa course est d’autant plus rapide qu’[…]il est plus ferme et inébranlable dans le bien ; sa stabilité est pour lui comme une aile et, dans son voyage vers les hauteurs, son cœur est comme ailé par sa fixité dans le bien (Vie de Moïse, II, 243-244).
Ce paradoxe correspond au double sens du verbe « croire », selon son emploi dans la Bible hébraïque : à la fois prendre appui, tenir pour vrai et suivre, faire confiance.
Sur le chemin de l’initiation chrétienne l’étape de ce dimanche aborde la difficulté de croire en Jésus-Christ, plus précisément de reconnaître en lui l’union de l’humanité et de la divinité. Pour résumer : les disciples croient en Dieu mais pas en Jésus (voir Jn 14,1). Dans le même temps, ils voient Jésus mais ils ne voient pas le Père en lui (voir Jn 14,8-9). Autrement dit, ils restent dans un régime de séparation entre Dieu et l’homme. Or, tout le dialogue de l’Évangile lu aujourd’hui vise à reconnaître en Jésus le chemin mais aussi le but, puisque le Père vers qui mène le chemin est en lui : « Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi » (Jn 14,11). Jésus déclare qu’il « part vers le Père » (Jn 14,12) après avoir affirmé que le Père est en lui. Jésus est à la fois le chemin et le but car il est pleinement homme, homme en devenir, et pleinement Dieu dans sa perfection.

Pape Benoît: La prière de l’Eglise pour Pierre, dans les Actes des Apôtres

10 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-30768?l=french

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI, AUDIENCE DU 9 MAI 2012

La prière de l’Eglise pour Pierre, dans les Actes des Apôtres

Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, mercredi 9 mai 2012 (ZENIT.org) – « Dès le premier instant de mon élection comme Successeur de saint Pierre, je me suis toujours senti soutenu par votre prière, par la prière de l’Eglise », a dit Benoît XVI, remerciant « de tout cœur » ceux qui prient pour lui.
Ce mercredi 9 mai, au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre, au Vatican, le pape a donc continué sa catéchèse sur la prière dans les Actes des Apôtres. Il a médité sur le récit de la libération miraculeuse de saint Pierre (Ac 12, 1-7) grâce à la prière confiante et unanime de la communauté chrétienne et a encouragé les fidèles à prier avec constance dans l’épreuve.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur le dernier épisode de la vie de saint Pierre, raconté dans les Actes des apôtres : son emprisonnement sur la volonté d’Hérode Agrippa et sa libération par l’intervention prodigieuse de l’ange du Seigneur, à la veille de son procès à Jérusalem (cf. Ac 12, 1-17).
Une fois de plus, le récit est marqué par la prière de l’Eglise. En effet, saint Luc écrit : « Tandis que Pierre était ainsi gardé en prison, la prière de l’Eglise s’élevait pour lui vers Dieu sans relâche » (Ac 12, 5). Et après qu’il a miraculeusement quitté la prison, quand il se rend chez Marie, mère de Jean dit Marc, Luc affirme qu’ « une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait » (Ac 12, 12). Entre ces deux indications importantes, qui illustrent l’attitude de la communauté chrétienne face au danger et à la persécution, vient le récit de la détention et la de libération de Pierre, qui durent toute la nuit. La force de la prière incessante de l’Eglise monte jusqu’à Dieu et le Seigneur écoute et accomplit une libération impensable et inespérée en envoyant son ange.
Le récit rappelle les grands éléments de la libération d’Israël de l’esclavage d’Egypte, la Pâque juive. Comme cela s’est produit dans cet événement fondamental, ici aussi l’action principale est accomplie par l’ange du Seigneur qui libère Pierre. Et les actions de l’apôtre, à qui il est demandé de se lever en hâte, de mettre sa ceinture et de se ceindre les reins, reprennent celles du peuple élu, dans la nuit de sa libération par l’intervention de Dieu, lorsqu’il est invité à manger l’agneau en hâte, les reins ceints, les sandales aux pieds, le bâton à la main, prêt à sortir du pays (cf. Ex 12, 11). C’est ainsi que Pierre peut s’exclamer : « Maintenant je sais réellement que le Seigneur a envoyé son ange et m’a arraché aux mains d’Hérode » (Ac 12, 11). Mais l’ange rappelle non seulement celui de la libération d’Israël de l’Egypte, mais aussi celui de la résurrection du Christ. En effet, le récit des Actes des Apôtres nous dit : « Soudain, l’ange du Seigneur survint, et le cachot fut inondé de lumière. L’ange frappa Pierre au côté et le fit lever » (Ac 12, 7). La lumière qui remplit le cachot, l’action même de réveiller l’apôtre, renvoient à la lumière libératrice de la Pâque du Seigneur qui vainc les ténèbres de la nuit et du mal. Enfin, l’invitation : « Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi » (Ac 12, 8), fait résonner dans nos cœurs les paroles de l’appel initial de Jésus (cf. Mc 1, 17), répété après sa résurrection sur le lac de Tibériade, lorsque le Seigneur dit bien deux fois à Pierre « Suis-moi » (Jn 21, 19-22). C’est une invitation pressante à la « sequela » : c’est seulement en sortant de soi-même pour se mettre en chemin avec le Seigneur et faire sa volonté que l’on entre dans la vraie liberté.
J’aimerais souligner un autre aspect du comportement de Pierre dans la prison ; en effet, pendant que la communauté chrétienne prie pour lui avec insistance, Pierre « dormait » (Ac 12, 6). Dans une situation de danger imminent aussi critique, c’est une attitude qui peut sembler étrange, mais qui, en fait, dénote tranquillité et confiance ; il s’en remet à Dieu, il sait qu’il est entouré de la solidarité et de la prière des siens et il s’abandonne totalement entre les mains du Seigneur. C’est ainsi que doit être notre prière : assidue, solidaire des autres, pleinement confiante envers Dieu qui nous connaît jusqu’à l’intime et qui prend soin de nous au point que, dit Jésus, « vos cheveux même sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte » (Mt 10, 30-31). Pierre vit la nuit de la prison et la libération de celle-ci comme un moment de sa propre « sequela » du Seigneur, qui vainc les ténèbres de la nuit et libère de l’esclavage des chaînes et du danger de la mort. C’est une libération prodigieuse, racontée par différents passages décrits avec précision : guidé par l’ange, malgré la surveillance des gardes, il traverse le premier, puis le second poste de garde, jusqu’à la porte de fer qui donne sur la ville : et la porte s’ouvre d’elle-même devant eux (cf. Ac 12, 10). Pierre et l’ange du Seigneur font ensemble un morceau de route jusqu’à ce que, rentrant en lui-même, l’apôtre se rende compte que le Seigneur l’a réellement libéré ; et c’est après un temps de réflexion qu’il se rend à la maison de Marie, mère de Marc, où beaucoup des disciples sont réunis en prière ; une fois encore, la réponse de la communauté face à la difficulté et au danger est de se confier à Dieu, d’intensifier sa relation avec lui.
Il me semble utile ici de rappeler une autre situation pas facile qu’a vécue la communauté chrétienne des origines. Saint Jacques nous en parle dans sa Lettre. C’est une communauté en crise, en difficulté, pas tellement à cause des persécutions, mais parce qu’elle connaît, en son sein, des jalousies et des querelles (cf. Jc 3, 14-16). Et l’apôtre s’interroge sur le pourquoi de cette situation. Il trouve deux motifs principaux : le premier, c’est lorsqu’on se laisse dominer par les passions, par la dictature de sa volonté propre, par l’égoïsme (cf. Jc 4, 1-2a) ; le second est le manque de prière : « vous ne demandez pas » (Jc 4, 2b), ou la présence d’une prière qu’on ne peut pas définir comme telle : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 3). Cette situation changerait, selon Jacques, si la communauté tout ensemble parlait avec Dieu, priait réellement de manière assidue et unanime. En effet, même le discours sur Dieu risque de perdre sa force intérieure et le témoignage de devenir aride s’ils ne sont pas animés, soutenus et accompagnés par la prière, par la continuité d’un dialogue vivant avec le Seigneur. C’est un rappel important pour nous et pour nos communautés, qu’elles soient petites, comme la famille, ou plus grandes, comme la paroisse, le diocèse, l’Eglise entière. Cela me fait penser qu’ils ont prié, dans cette communauté de saint Jacques, mais ils ont mal prié, uniquement pour leurs passions. Il faut que nous réapprenions sans cesse à bien prier, à prier réellement, à nous orienter vers Dieu et non vers notre propre bien.
La communauté qui accompagne la captivité de Pierre, en revanche, est une communauté qui prie vraiment, toute la nuit, unie. Et une joie difficile à contenir emplit leur cœur à tous quand l’apôtre frappe à la porte de manière inattendue. C’est la joie et l’étonnement devant l’action de Dieu qui écoute. Ainsi, la prière pour Pierre monte de l’Eglise et c’est dans l’Eglise qu’il revient pour raconter « comment le Seigneur l’avait tiré de la prison » (Ac 12, 17). Dans cette Eglise où il a été placé comme le roc (cf. Mt 16, 18), Pierre raconte la « Pâque » de sa libération : il fait l’expérience que c’est en suivant Jésus que l’on trouve la vraie liberté, que l’on est enveloppé de la lumière fulgurante de la Résurrection et c’est pour cela qu’il peut témoigner jusqu’au martyre que le Seigneur est le Ressuscité et qu’il « a envoyé son ange et m’a arraché aux mains d’Hérode » (Ac 12, 11). Le martyre qu’il subira ensuite à Rome l’unira définitivement au Christ, qui lui avait dit : quand tu seras vieux, un autre t’amènera là où tu ne voudras pas aller, pour indiquer par quelle mort il glorifierait Dieu (cf. Jn 21, 18-19).
Chers frères et sœurs, l’épisode de la libération de Pierre, raconté par Luc, nous dit que l’Eglise, chacun de nous, traverse la nuit de l’épreuve, mais c’est la vigilance incessante de la prière qui nous soutient. Moi aussi, dès le premier instant de mon élection comme Successeur de saint Pierre, je me suis toujours senti soutenu par votre prière, par la prière de l’Eglise, surtout dans les moments plus difficiles. Je vous remercie de tout cœur. Par la prière constante et confiante, le Seigneur nous libère des chaines, nous guide pour traverser toutes les nuits d’enfermement qui peuvent oppresser notre cœur, nous donne la sérénité du cœur pour affronter les difficultés de la vie, y compris le rejet, l’opposition, la persécution. L’épisode de Pierre montre cette force de la prière. Et l’apôtre, même dans les chaines, se sent paisible, dans la certitude qu’il n’est jamais seul : la communauté prie pour lui, le Seigneur est à ses côtés ; ou plutôt il sait que « la puissance [du Christ] se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). La prière constante et unanime est un précieux instrument pour surmonter les épreuves qui peuvent surgir sur le chemin de notre vie, parce que c’est en étant profondément unis à Dieu que nous pouvons être aussi profondément unis aux autres. Merci.
Synthèse en français :
Chers frères et sœurs,
L’épisode de la vie de saint Pierre, mis en prison puis libéré miraculeusement, manifeste l’importance de la prière de l’Église. Cette nuit-là, l’Ange du Seigneur agit en tout, comme lors de la libération d’Israël de l’esclavage en Égypte. Il demande à Pierre de se lever et de se ceindre les reins, rappelant ainsi la Pâque des Hébreux. Environné d’une lumière fulgurante qui éclaire l’obscurité de la prison, il est aussi l’Ange de la résurrection du Christ ! Les paroles : « Suis-moi », résonnent pour Pierre en écho au premier appel de Jésus, l’invitant à sortir de lui-même pour marcher avec le Seigneur et faire sa volonté. Là est la vraie liberté ! Une attitude de Pierre est étonnante : alors que la communauté chrétienne prie intensément pour lui, il n’est pas inquiet, il dort même ! Il se sait entouré par la prière des siens et il s’abandonne totalement entre les mains du Seigneur. Chers amis, notre prière doit être assidue et solidaire avec les autres, confiante en Dieu qui nous connaît et prend soin de nous. Et dans les situations de crise, la prière commune est nécessaire pour ne pas se laisser dominer par les passions et pour garder la force intérieure et la sérénité pour témoigner. Prier aide à surmonter les épreuves de la vie car être uni à Dieu permet d’être aussi profondément uni aux autres.
Salutations en français :
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement le groupe de l’Ile de la Réunion, les paroissiens de Les Pennes Mirabeau, de Cholet, du Puy-en-Velay ainsi que les jeunes de Châteauneuf-de-Galaure et de Toulon. Je vous invite à prier souvent et à découvrir le soutien de la prière des autres. Ainsi peut grandir notre confiance en Dieu qui nous aime. Bon pèlerinage !

Traduction de ZENIT

Jesus appears to the disciples, by William Hole

9 mai, 2012

Jesus appears to the disciples, by William Hole dans images sacrée William_Hole_Jesus_appears_to_the_disciples_400
http://blog.adw.org/2012/04/when-did-the-resurrection-become-truly-the-faith-and-the-official-teaching-of-the-church/

1...45678