Archive pour mai, 2012
Congrégation des Soeurs de Notre Dame du Mont Carmel
16 mai, 2012http://www.soeurs-notredamemontcarmel-50.cef.fr/archivesprieres/prieresaujourd’hui.htm
Congrégation des Soeurs de Notre Dame du Mont Carmel
PRIÈRE
A mour Incarné
B éni de Dieu
C haste Seigneur
D ouceur extrême
E poux mystique
F ils Unique
G râce éternelle
H ôte de mon âme
I ntercesseur des Pauvres
J oyeuse lumière
K arma de nos vies
L ouange de gloire
M aître de vie
N ouvel Adam
O ffrande Parfaite
P asteur éternel
Q uêteur d’amour
R édempteur de tous
S agesse du Père
T endresse de Dieu
U nique Fils
V érité suprême
W arrant de Dieu
X érès céleste
Y ole divin
Z èle de la Paix
« CONSTRUIRE SUR NOSTRA AETATE : 50 ANS DE DIALOGUE JUDÉO-CHRÉTIEN »
16 mai, 2012http://www.zenit.org/article-30780?l=french
« CONSTRUIRE SUR NOSTRA AETATE : 50 ANS DE DIALOGUE JUDÉO-CHRÉTIEN »
La Berrie Lecture du card. Koch
Océane Le Gall
ROME, mardi 15 mai 2012 (ZENIT.org) – « Construire sur Nostra Aetate : 50 ans de dialogue judéo-chrétien » – « Building on Nostra Aetate: 50 Years of Christian-Jewish Dialogue »- : c’est le titre d’une conférence que donnera le cardinal Koch demain, 16 mai à Rome, à l’Angelicum.
Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et – de ce fait – de la Commission du Saint-Siège pour les rapports religieux avec le judaïsme, donnera en effet la Berrie Lecture 2012 du Centre Jean Paul II pour le dialogue interreligieux.
La Lecture, qui en est à sa 5ème édition, aura lieu demain, à 16h, à l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin, le fameux « Angelicum ».
Aussitôt après, le cardinal Koch, ainsi que le rabbin Jack Bemporad, directeur du Centre Jean Paul II pour le dialogue interreligieux, tiendront une conférence de presse.
L’intervention du cardinal sera consacrée à l’histoire, au développement et à l’état des relations entre juifs et catholiques depuis la Déclaration du concile Vatican II sur les rapports de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes Nostra Aetate. Ce document a en effet posé les bases d’un dialogue suivi entre l’Eglise catholique et le judaïsme.
« Nous sommes extrêmement heureux d’avoir avec nous une personne avec un tel bagage œcuménique et une telle expérience de dialogue entre les religions que le cardinal Koch », a déclaré le rabbin Bemporad.
Evoquant les efforts constants du cardinal Koch à faire en sorte que juifs et catholiques « ne cessent d’améliorer leurs relations », le rabbin américain a dit « accueillir positivement ses capacités et sa volonté à influer profondément sur les rapports interreligieux ».
La Lecture annuelle est une des initiatives les plus importantes du Centre Jean-Paul II pour le dialogue interreligieux, qui est né d’un partenariat entre la Fondation américaine Russell Berrie et l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin.
Cette année, la Fondation et l’Université pontificale ont convenu de sponsoriser une prestigieuse Lecture consacrée à la compréhension mutuelle entre les religions, en l’honneur du travail effectué dans ce domaine par le pape Jean-Paul II, estimant que le dialogue interreligieux constitue la clef pour comprendre et affronter les défis religieux et éthiques de notre temps.
Le Centre se donne en effet pour objectif « de construire des ponts entre les catholiques, les juifs et les autres confessions, fournissant à la prochaine génération de leaders religieux les outils pour une vaste compréhension et pour une plus large attention aux thèmes interreligieux ».
Le cardinal Koch évoque un œcuménisme des martyrs
16 mai, 2012http://www.zenit.org/article-28930?l=french
Le cardinal Koch évoque un œcuménisme des martyrs
Sept 21, 2011
Intervention à la rencontre internationale de prière pour la paix de Munich
ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Alors que les chrétiens vivent encore dans ce monde dans une « communion encore imparfaite », les martyrs se trouvent eux, « dans la gloire céleste », dans une communion parfaite. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui « vivredans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ ».
C’est ce qu’affirme lecardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui est intervenule 12 septembre à la rencontre internationale de prière pour la paix organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ».
En prenant la parole lors d’une table-ronde intitulée « Unité des chrétiens, amour des pauvres », le prélat a rappelé que la foi chrétienne est aujourd’hui la plus persécutée. Selon l’Internationale Gesellschaft für Menschenrechte (Organisation internationale pour les droits humains), 80 % de ceux qui sont persécutés à cause de leur foi sont chrétiens.
« Ce bilan déconcertant » est « un grand défi pour l’œcuménisme chrétien, appelé à manifester une solidarité réelle », a affirmé le cardinal. « Puisqu’aujourd’hui toutes les Eglises et les communautés ecclésiales chrétiennes ont leurs martyrs, nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs qui recueille en soi une belle promesse : malgré le drame des divisions entre les Eglises, ces solides témoins de la foi ont montré que Dieu lui-même maintient entre les baptisés la communion de foi témoignée par le sacrifice suprême de la vie à un niveau plus profond ».
« Alors que nous, comme chrétiens et comme Eglises, vivons sur cette terre dans une communion encore imparfaite, les martyrs dans la gloire céleste se trouvent dès maintenant dans une communion pleine et parfaite », a-t-il expliqué.
Les martyrs, a-t-il affirmé en citant Jean-Paul II, sont donc « la preuve la plus significative que chaque élément de division peut être transcendé et dépassé dans le don total de soi à la cause de l’Evangile ».
L’œcuménisme des martyrs confirme ce que croyait Tertullien, docteur de l’Eglise : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
« Aujourd’hui encore, comme chrétiens, nous devons vivre dans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ », a-t-il affirmé. « Mais cette espérance, nous devons la témoigner de manière crédible dans l’aide efficace rendue aux chrétiens persécutés dans le monde, en dénonçant publiquement les situations de martyre et en s’engageant en faveur du respect de la liberté religieuse et de la dignité humaine ».
« L’œcuménisme des martyrs ne constitue pas seulement le noyau de la spiritualité œcuménique, aujourd’hui si nécessaire, mais il est aussi le meilleur exemple de ce que la promotion de l’unité des chrétiens et l’amour privilégié pour les pauvres sont absolument indissociables », a conclu le cardinal Koch.
Le livre du Cantique des cantiques
15 mai, 2012LE « GRAND MIRACLE » DU DIALOGUE ENTRE JUIFS ET CHRÉTIENS (jeudi 19 janvier 2012)
15 mai, 2012http://www.zenit.org/article-29931?l=french
LE « GRAND MIRACLE » DU DIALOGUE ENTRE JUIFS ET CHRÉTIENS
Et sa responsabilité particulière pour la paix
ROME, jeudi 19 janvier 2012 (ZENIT.org) – Le dialogue entre juifs et catholiques est « un grand miracle » : il engage la responsabilité particulière des deux partis, « depuis toujours dépendants l’un de l’autre », pour promouvoir la paix en ce monde, estime le P. Hofman.
A l’occasion de la « Journée du judaïsme », célébrée par l’Eglsie catholique en Italie le 17 janvier, le P. Norbert Hofmann, secrétaire de la Commission pontificale pour le dialogue religieux avec le judaïsme, publie un bilan plein d’espérance dans L’Osservatore Romano des 16-17 janvier 2012.
Pour le P. Hofmann, cette journée est l’occasion de se remémorer « les racines juives de la foi chrétienne », et de « considérer avec reconnaissance le dialogue en cours avec le judaïsme depuis le concile Vatican II » afin de « le promouvoir par des actions concrètes ».
Un grand miracle
Le dialogue entre juifs et catholiques a fêté ses 40 ans en 2011. Pour cet anniversaire, la 21e réunion du Comité international de liaison catholique-juif a donc été une session commémorative, à Paris, du 27 février au 2 mars 2011 (cf Zenit du 3 mars 2011).
Durant cette session, rappelle le P. Hofmann, le cardinal Kurt Koch, président de la Commission du Vatican, avait qualifié le dialogue entre juifs et chrétiens de « grand miracle »: « les relations ont changé de façon irréversible non seulement pour notre avantage réciproque mais également— ceci est important — pour le bien de tous ceux qui sont engagés dans la promotion du dialogue interreligieux. »
« J’ai l’impression qu’en quarante ans, avait ajouté le cardinal, beaucoup de vieux préjugés et d’inimitiés ont été dépassés, la réconciliation et la collaboration ont grandies et l’amitié personnelle s’est approfondie.»
C’est pourquoi, souligne le P. Hofmann, au cours de cette réunion, « la première expression de reconnaissance avait été adressée à Dieu, tout-puissant et éternel, qui lève sa main protectrice et pleine de bénédictions sur ce dialogue et l’accompagne avec son Esprit, le conduisant vers un futur riche d’espérance. »
Un engagement pour la paix particulier
Du point de vue théologique, poursuit le P. Hofmann, juifs et chrétiens doivent puiser dans leur « riche patrimoine commun », pour « promouvoir des valeurs communes dans la société, s’engager en faveur des droits de l’homme et collaborer dans le domaine social et humanitaire ».
Si le dialogue avec les autres religions a pour but de « maintenir et répandre la paix, promouvoir la justice et préserver la création dans un engagement commun », en revanche le dialogue entre judaïsme et christianisme est particulier : car tous deux ne recherchent « pas seulement la paix en ce monde » mais vivent aussi « dans l’espérance de la paix messianique ».
De ce point de vue, la paix est donc d’une part « promesse de la fin des temps ». Mais, ajoute le P. Hofmann, la paix est aussi un enjeu ici et maintenant : « Le judaïsme et le christianisme sont appelés de façon particulière à promouvoir la paix déjà en ce monde. Et ceci, ils doivent le faire ensemble, car ils sont depuis toujours dépendants l’un de l’autre. »
Le P. Hofmann cite à ce sujet le cardinal Joseph Ratzinger dans L’Osservatore Romano du 29 décembre 2000 : «Il est évident que notre dialogue de chrétiens avec les juifs se place sur un plan différent de celui des autres religions. La foi attestée dans la Bible des juifs, l’Ancien Testament des chrétiens, n’est pas une autre religion, pour nous, mais le fondement de notre foi».
Ce rapport particulier entre judaïsme et christianisme implique une « responsabilité particulière », insiste le P. Hofmann, qui est « l’engagement commun en faveur de la paix dans le monde, sans perdre de vue la promesse d’une paix qui nous sera donnée à la fin des temps. »
« Si juifs et chrétiens se font ensemble promoteurs de paix, conclut-il, alors ils deviendront une bénédiction pour le monde entier. »
Instituer des « Journées du judaïsme »
Le P. Hofmann revient par ailleurs sur le point de départ du dialogue entre juifs et chrétiens : la Déclaration conciliaire Nostra Aetate (promulguée le 28 octobre 1965), « document fondateur » de ce dialogue, qui « fournit encore une orientation indispensable pour chaque effort vers le rapprochement et la réconciliation entre juifs et chrétiens ».
A la suite de Nostra Aetate, en 1966, le pape Paul VI institua un bureau chargé de faire avancer le dialogue avec le judaïsme, au sein du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens. Du côté juif, de nombreuses entités entrèrent en contact avec l’Eglise. Puis, à la suggestion du Saint-Siège, pour faciliter le dialogue, ces entités s’organisèrent en un unique organisme en 1970 : le Comité juif international pour les consultations interreligieuses (Ijcic).
A son tour, le Saint-Siège créa la Commission pour le dialogue religieux avec le judaïsme, le 22 octobre 1974. La première conférence internationale entre juifs et catholiques s’est tenue en 1971 à Paris.
La «Journée du judaïsme» est à ce jour suivie par les Conférences épiscopales d’Autriche, de Pologne, des Pays-Bas et de la Suisse. Le président de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, le cardinal Kurt Koch a demandé à certains pays, dans lesquels juifs et catholiques vivent côte à côte, de prendre en considération l’introduction d’une telle journée commémorative.
Anne Kurian
Psaume 103
15 mai, 2012http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Psaumes-103.htm
LE LIVRE DE PSAUME
Chapitre 103
1 De David. Mon âme, bénis l’Éternel, Et que tout ce qui est en moi bénisse le nom de sa sainteté !
2 Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits !
3 C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, Qui guérit toutes tes infirmités,
4 Qui retire ta vie de la fosse, Qui te couronne de bonté et de compassion,
5 Qui rassasie ta bouche de biens ; Ta jeunesse se renouvelle comme l’aigle.
6 L’Eternel fait justice ; Il fait droit à tous ceux à qui l’on fait tort.
7 Il a fait connaître ses voies à Moise, Aux enfants d’Israël ses hauts faits.
8 L’Eternel est compatissant et miséricordieux, Lent à la colère et abondant en grâce.
9 Il ne conteste pas à perpétuité Et ne garde pas sa colère à toujours.
10 Il ne nous a pas fait selon nos péchés Et ne nous a pas rendu selon nos iniquités.
11 Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant est grande sa bonté sur ceux qui le craignent.
12 Autant, l’orient est éloigné de l’occident, Autant il a éloigné de nous nos transgressions.
13 Comme un père est ému de compassion envers ses enfants, L’Eternel est ému de compassion envers ceux qui le craignent ;
14 Car il sait de quoi nous sommes faits, Il se souvient que nous ne sommes que poudre.
15 L’homme mortel ! ses jours sont comme l’herbe ; Comme une fleur des champs, il fleurit…
16 Un souffle passe sur lui, il n’est plus, Et son lieu ne le reconnaît plus.
17 Mais la grâce de l’Éternel est d’éternité en éternité Sur ceux qui le craignent ; Et sa justice sur les enfants de leurs enfants,
18 Pour ceux qui gardent son alliance Et qui se souviennent de ses commandements Pour les accomplir.
19 L’Eternel a établi son trône dans les cieux, Et son règne domine sur toutes choses.
20 Bénissez l’Éternel, vous ses anges, puissants en force, Qui exécutez sa parole, En obéissant à la voix de sa parole !
21 Bénissez l’Éternel, vous toutes ses armées, Qui êtes ses ministres, et qui faites sa volonté !
22 Bénissez l’Éternel, vous toutes ses œuvres, Dans tous les lieux de son empire ! Mon âme, bénis l’Éternel !
Mon âme, bénis l’Éternel ! Le Dieu de la grâce.
Ce psaume, que l’on pourrait appeler un évangile anticipé, est une proclamation de la grâce divine dans toute sa richesse. Fait à remarquer, c’est dans le sol même de la loi mosaïque que ce message évangélique plonge ses racines. Il est tout entier contenu en germe dans le nom même de l’Éternel, tel qu’il fut déployé en quelque sorte aux yeux de Moïse, dans la vision qu’il eut en Horeb :
L’Eternel, l’Éternel, Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et abondant en grâce et en vérité, qui conserve sa grâce à mille générations, qui pardonne le crime, la défection et le péché (Exode 34.6-7).
Cette grâce divine, le psalmiste en a éprouvé les effets pour ce qui le concerne lui-même (versets 1 à 5) ; il la voit présider aux origines et à l’histoire de son peuple (versets 6 à 10) ; il la contemple en elle-même dans sa hauteur, sa profondeur, avec ses infinies compassions (versets 11 à 14) ; l’homme passe, mais elle subsiste à toujours (versets 15 à 18) ; l’univers entier ne vit que par elle ; aussi le psalmiste invite-t-il, en terminant, tous les êtres créés, dans tous les domaines de l’univers, à se joindre à lui, pour bénir l’Éternel (versets 19 à 22).
La tradition, ainsi que l’indique la suscription, attribue ce psaume à David. On y trouve certaines formes grammaticales de l’ancien chaldéen, mais qui n’ont pénétré dans l’hébreu qu’à l’époque, postérieure à l’exil, où l’araméen tendait à devenir la langue populaire des Juifs. Il faudrait donc admettre, dans le cas où le psaume serait de David, qu’il a subi, à travers les siècles, quelques modifications, tout extérieures du reste, et ne portant que sur la terminaison de certains mots, ce qui n’a rien d’improbable, pour un cantique devenu populaire et qu’une génération après l’autre aimait à réciter.
Verset 1
1 à 5
Les bienfaits accordés aux fidèles.
Mon âme… et tout ce qui est en moi : toutes les forces et toutes les capacités de mon être. Comparez Deutéronome 6.5 : Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force.
Le nom de sa sainteté : son nom saint, auquel ne peut se comparer aucun autre nom.
Verset 3
C’est lui qui pardonne… premier bienfait, qui ouvre la porte à tous les autres.
Qui guérit toutes tes infirmités : qui répare toutes les brèches résultant directement ou indirectement du péché, les faiblesses et les dispositions maladives de l’âme, comme celles du corps. Le prince de cette guérison est déjà là dans le pardon ; ses effets s’étendent à la vie entière et même au-delà.
Qui retire (hébreu : qui rachète) ta vie de la fosse. Le croyant de l’ancienne alliance pense ici à la délivrance d’une mort prématurée (Psaumes 102.25) ; pour le chrétien, cette parole, tout en s’appliquant aux nombreuses délivrances de l’existence actuelle, prend une portée plus lointaine et infiniment plus grande ; la vraie délivrance de la fosse, est la résurrection. Ce verset convient tout spécialement aux circonstances de la vie de David, qui, après avoir, en tant d’occasions, échappé à la mort, a reçu une couronne dans laquelle il pouvait voir un signe éclatant de la bonté et de la compassion de l’Éternel.
Verset 5
Ta bouche. Ce sens du mot hébreu adi est très contesté. Les uns, le rattachant à un verbe qui signifie tirer, revêtir, traduisent : ta parure ; d’après eux, ce mot désignerait d’une manière figurée ce que l’homme a de plus précieux, son âme, appelée ailleurs : ma gloire (Psaumes 67.9) ; d’autres, partant d’une étymologie différente, adoptent le sens d’âge, vieillesse ; notre, traduction, conforme à celle des Septante, remonte à un mot arabe signifiant joues. Comparez, pour le sens, Psaumes 81.11.
Comme l’aigle, cet oiseau royal, au vol élevé et soutenu, dont le plumage se renouvelle chaque année, et qui semble ainsi rajeunir constamment. Comparez Esaïe 40.31. L’Eternel est la force du fidèle, force qui, loin de s’épuiser, se renouvelle de jour en jour et le maintient jeune, dans la foi et l’espérance, jusque dans la blanche vieillesse (Psaumes 92.15).
Dans le présent, Dieu renouvelle ton cœur, en le régénérant ; dans l’avenir, il renouvelle ton corps, en le ressuscitant ; le déclin de ta force est la promesse de forces nouvelles, ta vieillesse, le précurseur de la jeunesse, éternelle ; tu t’élèves, radieux d’espérance, et, comme l’aigle tu montes vers les cieux (L. Meyer).
Verset 6
6 à 10
La grâce divine déployée envers Israël.
A tous ceux à qui l’on fait tort. La réalité, souvent si triste, semble démentir ce qui vient d’être dit. Mais l’histoire d ‘Israël est là pour montrer que pour le peuple de Dieu, il n’y a pas d’oppression qui n’aboutisse à une délivrance. Le psalmiste pense spécialement ici à la sortie d’Egypte (verset 7).
Verset 7
Il a fait connaître à Moïse, non seulement par révélation, mais en les lui faisant expérimenter, ses voies : la manière dont il agit, conformément à ce qu’il est : lent à la colère, etc. (verset 8). Moïse avait demandé : Fais-moi connaître tes voies. (Exode 33.13) Tout le récit d’Exode chapitres 33 et 34 est évidemment présent à l’esprit du psalmiste.
Verset 8
Comparez Exode 34.6 et suivants. La grande révélation par laquelle Dieu, pour manifester à Moïse sa gloire, fit passer devant lui toute sa bonté, est devenue en quelque sorte le symbole de la foi d’Israël. Les paroles divines citées ici le sont aussi Psaumes 86.15 ; 145.8 ; Joël 2.13 ; Néhémie 9.17 etc.
Verset 9
Il ne conteste pas à perpétuité. Quand enfin il doit reprendre et juger, sa colère ne dure qu’un moment (Psaumes 30.6 ; 78.38 ; Esaïe 57.16), et même ses jugements ne sont pas proportionnés à la grandeur de l’offense (verset 10).
Verset 11
11 à 14
L’infinie grandeur de la grâce divine. Les compassions divines.
Après avoir considéré les effets de la grâce divine dans sa propre expérience et dans celle d’Israël, le psalmiste en vient à la considérer en elle-même, et le contraste qu’il a constaté entre la gravité du péché de l’homme et la modération du châtiment divin (verset 10) semble lui dévoiler des perspectives infinies, où plonge son gard.
Autant les cieux sont élevés… Il en est de la grâce de Dieu comme de la hauteur des cieux, qui ne se peut mesurer ; comme les cieux également, elle couvre et embrasse la terre entière dans son immensité.
Autant est grande…, littéralement : autant est puissante sa gratuité. Toutefois elle ne manifeste sa puissance et son efficace qu’en ceux et pour ceux qui le craignent, pénétrés du sentiment de leur petitesse et de leur indignité.
Regarde le ciel ; partout, de tous côtés, il enveloppe la terre ; il n’existe pas une parcelle de terre qui n’en soit recouverte. Quand le ciel cessera de recouvrir la terre, alors Dieu cessera de protéger ceux qui le craignent (Saint Augustin).
Esaïe parle aussi de la distance entre le ciel et la terre, pour faire ressortir le contraste entre les pensées égoïstes de l’homme et les pensées miséricordieuses de l’Éternel (Esaïe 55.7-9).
Verset 12
Autant l’orient est… Peux-tu, quand tu marches vers l’orient, rencontrer l’occident, quand tu marches vers Jésus, rencontrer la condamnation ? (L. Meyer.)
Verset 13
Comme un père… Après avoir rappelé tout ce qu’il y a de plus grand dans la création, pour dépeindre l’amour de Dieu, le psalmiste parle de ce qu’il y a de plus intime dans notre cœur, de cette émotion profonde et puissante qui s’empare du cœur d’un père, à la vue de la faiblesse ou de la souffrance de son enfant. Celui qui a fait le cœur du père n’aimerait-il pas ? (Comparez Psaumes 94.9) En Jésus-Christ, ce qui, sous l’ancienne alliance, n’était encore qu’une image est devenu réalité. Dieu n’est plus pour nous comme un Père, il est devenu notre Père (Matthieu 5.48 ; 6.6).
Verset 14
De quoi nous sommes faits. L’amour de Dieu apparaît, ici dans ce qu’il a d’absolument, gratuit. Il n’y a rien qui provoque Dieu à nous supporter patiemment, sinon notre misère : ce qu’il nous faut noter avec soin, non seulement pour dompter l’orgueil de notre cœur, mais aussi afin que notre indignité n’empêche point notre confiance (Calvin).
Verset 15
15 à 18
La gloire de l’homme passe, mais là grâce de l’Éternel demeure à toujours.
Comme l’herbe. Comparez Psaumes 90.5 ; Esaïe 40.7.
Il fleurit. Il y a pour lui un moment de fraîcheur et d’éclat, où il peut s’imaginer être quelque chose.
Verset 16
Un souffle… Ce qu’il y a de plus léger suffit pour le faire disparaître.
Son lieu ne le reconnaît plus, tant il est promptement remplacé et quelle qu’ait été l’importance apparente de sa vie et de ses prétentions.
Verset 17
Mais la grâce… Elle est aussi durable que tout le reste est passager ; elle offre ainsi à l’homme le point d’appui inébranlable sur lequel il peut se reposer.
Sur ceux qui le craignent : mais ceux qui ne le craignent pas ne peuvent en être l’objet.
Et sa, justice… Sa fidélité à accomplir ses promesses s’étend jusqu’aux générations les plus reculées de ceux qui le craignent (Exode 20.6 ; 34.7).
Verset 18
Pour ceux qui gardent son alliance… L’amour ne serait plus qu’une force aveugle, inintelligente, dépourvue surtout de sainteté, s’il ne tenait pas compte de la position de foi ou d’incrédulité, d’obéissance ou de révolte que l’homme prend vis-à-vis de Dieu.
Verset 19
19 à 21
Appel à toutes les créatures.
Dans les cieux. La terre, si vaste qu’elle soit, n’est qu’une partie, et même la moindre, de l’empire immense du Dieu créateur.
Verset 20
Anges, puissants en force… : archanges, sous les ordres desquels sont les armées (verset 21) innombrables d’êtres spirituels et de forces matérielles, dont chacun a sa place et sa fonction dans l’univers.
En obéissant… On pourrait traduire aussi : en écoutant. Il suffit aux anges d’entendre un ordre divin, pour l’exécuter aussitôt.
Verset 21
Bénissez… Pas une créature qui ne soit invitée à prendre part à ce concert d’adoration. Le cercle de cette louange universelle s’élargit de plus en plus, mais pour se concentrer, en dernier lieu, avec une intensité nouvelle, dans l’âme du psalmiste, de laquelle était sorti le premier mot d’adoration : Mon âme, bénis l’Éternel !
Saint Matthias, apôtre
14 mai, 201214 mai -Saint Matthias, apôtre
14 mai, 2012http://missel.free.fr/Sanctoral/05/14.php
14 mai -Saint Matthias, apôtre
Fondée sur des textes apocryphes, la Tradition rapporte que Matthias, de trois plus jeune que Jésus, serait né à Bethléem d’une illustre et noble famille de la tribu de Juda ; il aurait reçu une savante éducation de Syméon qui fut grand prêtre[1]. Matthias est l’abréviation de Mattathias qui signifie don de Dieu. Invité aux noces de Cana, Matthias aurait été choisi par le Seigneur comme un des 72 disciples.
Quoi qu’il en fût, il apparaît dans les « Actes des Apôtres », entre l’Ascension et la Pentecôte, lorsqu’il s’agit de remplacer Judas (I 15-26).
Et en ces jours-là, Pierre[2], se levant au milieu des frères, dit (le nombre des personnes réunies était d’environ cent vingt[3]) : Frères[4], il fallait que s’accomplît l’Ecriture qu’a prédite l’Esprit Saint, par la bouche de David, au sujet de Judas, lequel s’est fait le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était, en effet, compté parmi nous et un lot de ce service lui était échu. Cet homme donc a acquis un domaine avec le salaire de son injustice et, tombant la tête en avant, a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues. Et la chose a été connue de tous les habitants de Jérusalem, en sorte que ce domaine a été appelé dans leur langue Hakeldamach, c’est-à-dire Domaine du Sang. Il est écrit en effet au livre des Psaumes : » Que son campement devienne désert et que personne n’y habite[5] » ; et : » Que sa charge, un autre la prenne[6] « . Il faut donc[7] que, parmi les hommes qui nous ont accompagnés pendant tout le temps que le Seigneur Jésus est allé et venu parmi nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé d’auprès de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection[8]. Et ils en présentèrent deux, Joseph appelé Barsabbas, qui avait été surnommé Justus[9], et Matthias. Et ils firent cette prière : Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel de ces deux-là tu as choisi pour prendre dans ce service apostolique la place dont Judas s’est retiré pour s’en aller à sa place à lui. Et on les fit tirer au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut compté parmi les onze Apôtres.
Les Saintes Ecritures ne disent rien de plus à propos de saint Matthias, mais Clément d’Alexandrie (150-215) qui l’identifie à Zachée[10], le présente comme un prédicateur de la pénitence qui combattait ferme contre la chair. Il lui attribue un « Livre des Traditions », et Origène (185-253) parle d’un « Evangile » écrit par Matthias. On a perdu ces textes que le pape Innocent I° (401-417) a tous condamnés comme apocryphes.
Lorsque les apôtres se dispersèrent pour aller prêcher l’Évangile, Matthias, selon les saints Sophrone, Nicéphore et Dorothée, passa en Egypte et alla jusqu’en Ethiopie où il resta près de trente-trois ans. De retour à Jérusalem, les juifs ameutèrent contre lui les populations qui l’assommèrent par lapidation avant de le décapiter devant le Temple, vers l’an 63. D’autres dirent qu’il resta en Palestine où, en 61, à Giscala, il fut dénoncé au Grand-Prêtre Ananias qui, après l’avoir interrogé, le fit lapider et achever à la hache. Enfin, on le situa en Macédoine et dans quelques autres pays au-delà du Pont-Euxin.
Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, rapporta son corps à Rome, déposa une partie de ses reliques dans la basilique Sainte-Marie Majeure, et donna une bonne part du reste au saint évêque Agrice de Trêves qui les mit dans l’’glise Saint-Eucher, hors les murs de la ville, depuis nommée Saint-Matthias. Padoue, Prague et Cologne disent posséder de ses reliques. Un morceau de sa tête, vénéré à Barbezieux (Saintonge) fut brûlé par les protestants. Jean Eck, le docte adversaire de Luther, affirmait qu’une part des reliques aurait été déposée à Augsbourg.
Patron de Trêves et de Goslar (Hanovre), il est aussi, à cause de la hache de son martyre, celui des charpentiers, des taillandiers et des bouchers ; on ne sait trop pourquoi, il est encore le patron des buveurs et des viveurs repentants en même temps que des personnes atteintes de la petite vérole et de la coqueluche.
Il est assez rarement représenté car, pour compléter le collège des apôtres après la trahison de Judas, les artistes ont souvent préféré introduire saint Paul. Son attribut est la hache à laquelle on substitue parfois une hallebarde, une lance ou une épée.
—————————-
[1] Le « Livre des Condamnés », traduit de l’hébreux par un moine de Trèves au XII° siècle
[2] Le rôle de saint Pierre est d’exprimer la situation, pour que tous en prennent conscience, et de faire place au rôle de la communauté qui aura à choisir celui qu’elle jugera digne de remplir les fonctions définies par Pierre d’après la volonté de Dieu ; on retrouvera le même procédé pour l’élection des premiers diacres (Actes des Apôtres VI, 3). La communauté était d’ailleurs « unanime, assidue à la prière » (Actes des Apôtres, I 14), donc prête à réussir ce choix selon Dieu. Pierre agit en chef, c’est lui qui prend l’initiative : « Le troupeau lui ayant été confié par le Christ et étant le premier du chœur, il est toujours le premier à parler » (saint Jean Chrysostome).
[3] Il ne faut pas chercher un symbole dans le mombre cent vingts, puisque le mot environ (à peu près) lui enlève tout absolu.
[4] L’appellation de « Frères », si belle en sa simplicité est, à l’époque, nouvelle de la part d’un supérieur parlant à ses inférieurs.
[5] Psaume LXVIII 26.
[6] Psaume CVIII 8.
[7] Le rôle des Ecritures est ici d’indiquer (ou de confirmer) que Dieu souhaite le remplacernent de Judas. Très clairement, on dit que c’est l’Esprit-Saint qui parle par les auteurs bibliques (pour les Psaumes on ne nommait que David). Un tel emploi théologique de l’Ecriture est légitime certes à propos de Jésus-Christ (but de l’ensemble de l’Ancien Testament) et des actions essentielles qu’il a accomplies pour L’Eglise, comme la création de la fonction d’Apôtre avec les dons spirituels préparés pour chacun d’eux. La mort de Judas a réalisé la première prophétie : « Que son campement devienne désert et que personne n’y habite » (Psaume LXVIII 26) ; il faut que la seconde s’accomplisse pareillement : « Que sa charge passe à un autre » (Psaume CVIII 8).
[8] Le rôle d’un apôtre est d’être témoin, ce qui suppose une très bonne connaissance de tout ce que Jésus a fait et a dit (I 1) durant sa vie publique, donc de son Baptéme à son Ascension. Et surtout qu’on ait alors fait partie du groupe accompagnant sans cesse Jésus, à la façon des disciples suivant leur maître. Les évangiles disent souvent les conditions requises pour « suivre » Jésus (évangile selon saint Luc, IX 23 et 57-62) et aussi les privilèges des disciples (évangile selon saint Luc, X 23 s ; XII 22-32 ; XVIII 23-30). Mais ne peuvent être apôtres que ceux qui ont été du petit nombre de ceux auxquels le Ressuscité s’est manifesté.
[9] Saint Jean Chrysostome loue l’humble douceur avec laquelle Joseph Barsabbas accepta le choix du Saint-Esprit. D’après Eusèbe de Césarée, Joseph Barsabbas aurait été un des soixante-douze disciples. Encore d’après Eusèbe de Césarée, Papias, renseigné par les filles de l’apôtre Philippe, affirmait que « Juste surnommé Barsabbas but un poison mortel et par la grâce du Seigneur n’en éprouva aucun mal » (Histoire Ecclésiastique, III 39). Adon (860) l’introduit dans les martyrologes latins au 20 juillet.
[10] Clément d’Alexandrie : « Stromates », IV 6, 35.
Sortir des ghetto ethno-culturel
14 mai, 2012http://www.jerusalem-religions.net/spip.php?article930
Sortir des ghetto ethno-culturel
par Catherine Dupeyron
Franchir les barrières culturelles, voire faire sauter les verrous ethno-historiques, tel est l’essence de deux initiatives chapeautées par les services culturels français et présentées à une semaine d’intervalle à Jérusalem et Tel Aviv. Dans les deux cas, il s’agit de la traduction permettant de diffuser un ouvrage au sein d’un public qui n’est pas sa cible naturelle voire qui est rétif au sujet du livre. D’un côté, « Marie » de Marek Halter traduit en hébreu pour les juifs israéliens. De l’autre, « Si c’est un homme » de Primo Levi traduit en arabe. Un chassé croisé intéressant qui relève d’une démarche commune : s’adresser à l’Autre, sortir des ghettos ethno-culturels si confortables mais si sclérosants.
« Comment un jeune juif né dans le ghetto de Varsovie a-t-il pu s’intéresser à Marie ? » s’interroge Marek Halter au début de la soirée consacrée à la publication en hébreu de son livre Marie qui s’est déroulée à l’Institut culturel français de Tel Aviv le 2 février. Question d’autant plus importante que Marie n’évoque guère de bons souvenirs pour l’enfant qu’il était. « En Pologne, dans mon enfance, Marie était la Sainte par excellence. Lorsqu’il y avait des processions en son honneur, les juifs fermaient vite leur boutique car ils savaient que cela annonçait un pogrom. »
Mais voilà, Marie fait partie de ces voix de femmes que la Torah, les Evangiles ou le Coran ont passé sous silence et que Marek Halter a décidé de faire entendre. « A l’exception de Shoulamit dans le Cantique des Cantiques, les rédacteurs de la Bible n’ont pas donné la parole aux femmes tellement ils avaient peur de leurs voix », remarque Halter. La salle comble, très largement francophone, savoure l’hébreu de Marek Halter, polyglotte surdoué et volontiers badin.
« Marie est le personnage le plus populaire du monde parmi les chrétiens mais aussi parmi les musulmans. Le Coran en parle plus que les Evangiles ! Les uns et les autres la présentent toujours comme une femme soumise qui réalise la volonté de Dieu, mais ce n’est pas vrai. C’est une révoltée, une patriote. Elle voulait que son fils devienne quelqu’un et elle a fait de Jésus ce qu’il est devenu », souligne Halter. En revanche, Marie est tout simplement ignorée par les juifs.
« Les juifs Israéliens ne savent rien du christianisme »
Une erreur que Rennie Carmel, éditrice, a décidé de réparer en publiant Marie en hébreu. « Marie est née ici à Nazareth et on ne sait rien d’elle. On a oublié qu’elle faisait partie de notre histoire », confie à Jérusalem & Religions la directrice de la maison d’éditions israélienne Yahel. Son associée, Rivka Cohem Tauman ajoute : « Les juifs Israéliens ne savent rien du christianisme, même pas sa part juive. On ne l’apprend pas à l’école. »
Rennie Carmel croit beaucoup à ce livre. Le tirage est de 2 000 exemplaires – ce qui ferait 20 000 à l’échelle de la France. Et les premières réactions de la presse israélienne, enthousiastes alors que Marek Halter est inconnu du grand public israélien, semblent lui donner raison. « En publiant ce livre je veux montrer que les trois religions monothéistes sont assez proches », précise l’éditrice.
Une idée que Marek Halter exprime, lui aussi. A sa manière. « Juifs et chrétiens sont un peu comme des matroschka, des poupées russes », confie l’auteur à Jérusalem & Religions. « Je suis heureux que ce soit publié en hébreu car il faut que les Juifs comprennent que c’est leur histoire. J’ai peur des groupes humains qui se referment sur eux-mêmes. C’est un danger qui guette tout le monde y compris les juifs. Or, Marie est la première mère juive de l’histoire ! Et Jésus n’était pas chrétien. D’ailleurs, David Ben Gourion ne disait-il pas que le personnage le plus passionnant de l’histoire juive c’est Jésus ! »
Primo Levi en arabe présenté à Jérusalem : un défi compliqué
Autre ville, autre salle, autre auteur, autre public, autre ambiance. Le 25 janvier, au Centre culturel français Chateaubriand situé rue Salah Eddin à Jérusalem-est, était présentée la traduction en arabe de Si c’est un homme de Primo Levi. Il s’agit d’une initiative de l’association Aladin patronnée par l’Unesco (www.projetaladin.org/fr/accu…) dont l’objectif est de faire connaître la Shoah dans le monde arabe et musulman (Turquie, Iran), dont certains intellectuels ou politiques sont tentés par le négationnisme. Le traducteur est un arabe israélien de Nazareth où le livre a été également été présenté le 26 janvier.
A Jérusalem, une petite vingtaine de personnes assiste à la soirée, essentiellement des expatriés et des juifs israéliens, ces derniers fréquentent habituellement le Centre culturel Romain Gary situé à Jérusalem-ouest. Le directeur du Centre, Patrick Girard, s’amuse de cette présence insolite mais à l’inverse n’est guère surpris de l’absence de son cœur de cible, les Palestiniens de Jérusalem-est – musulmans et chrétiens confondus. « L’absence est leur manière de dire leur désapprobation. A Ramallah où était initialement programmée la soirée, on risquait l’émeute », confie-t-il à Jérusalem & Religions.
La soirée organisée pour les Palestiniens se déroule donc devant un public qui ne l’est pas ou fort peu. Une situation prévisible mais cette initiative n’est que le début d’un long chemin dont la directrice d’Aladin, Anne-Marie Revcolevschi, savait qu’il « ne serait pas facile ». Et puis, après tout, le débat a tout de même lieu, sans complaisance mais avec respect.
En effet, une fois la présentation terminée, une conversation soutenue s’engage entre Mourad, étudiant palestinien, et Anne-Marie Revcolevschi qui ne cache pas le fait qu’elle est juive et issue d’une famille polonaise largement décimée par la Shoah. Elle cite Primo Levi : « Auschwitz n’a rien à voir avec la guerre, ce n’en est pas une étape. Dans la guerre, il y a une rationalité que nous comprenons. Dans la haine de Auschwitz, il n’y a aucune rationalité. » Primo Levi, survivant d’Auschwitz, souligne donc l’unicité de la Shoah ou tout au moins des génocides ; un message que les Palestiniens entendent, généralement, mal.
Des incompréhensions mais un dialogue
Mourad exprime son incompréhension. « Auschwitz est la part noire de l’histoire de l’humanité et je trouve votre projet intéressant mais je vois un certain parallèle entre ce qui s’est passé à Auschwitz et ce qui s’est passé à Gaza l’hiver dernier. Les juifs n’ont pas le monopole de la souffrance, ils ne sont pas les seules victimes. » Posément, il poursuit : « Le problème c’est que les juifs ne cessent d’utiliser l’histoire juive, la Shoah, dans l’histoire israélienne. J’ai rencontré un colon qui m’a expliqué qu’il avait le droit de s’installer sur les terres palestiniennes à cause de la Shoah. Et puis les Israéliens refusent de reconnaître la Nakba comme certains refusent l’existence de la Shoah. »
La Nakba – catastrophe en Arabe – désigne pour les Palestiniens la guerre de 1948 et la création de l’Etat d’Israël, événement que les juifs saluent annuellement par la Fête de l’indépendance. Or, au printemps dernier, un député israélien ultra-nationaliste (Israël Beïtenou) a tenté de faire voter une loi interdisant aux Arabes d’Israël de considérer la Fête de l’Indépendance comme une journée de deuil. Le texte a suscité une vive polémique au sein de la Knesseth et plusieurs ministres juifs se sont prononcés contre ce texte qui « porte atteinte à la liberté d’expression et au droit de manifester, droits basiques d’une démocratie » selon un communiqué publié alors.
La soirée autour du livre de Primo Levi est porteuse d’avenir en raison de la présence de Mohammed Dajani, professeur de sciences politiques à l’université Al Quods de Jérusalem-est. Favorable au projet Aladin, Dajani a invité sa directrice à revenir, rapidement, pour parler devant les étudiants de l’université Al Quds. Une proposition aussitôt acceptée car l’objectif d’Aladin est justement d’aller à la rencontre des musulmans, qui ignorent la réalité de la Shoah faute de disposer de ponts nécessaires. « Il est essentiel de mener ce projet avec les universitaires arabes et plus largement musulmans », souligne Revcolevschi en conclusion de son intervention.
Marek Halter, Rennie Carmel, Anne-Marie Revcolevschi, Mohammed Dajani et d’autres seront donc des passeurs, ceux qui aident à s’ouvrir à l’Autre, à sortir de ghettos ethno-culturels ; un repli humain banal renforcé au Moyen-Orient par le conflit entre juifs et arabes qui dure depuis plus de 100 ans.
Sur l’initiative d’Aladin, lire aussi : http://www.juif.org/go-news-120714.php
dimanche 7 février 2010