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14 mai -Saint Matthias, apôtre
14 mai, 2012http://missel.free.fr/Sanctoral/05/14.php
14 mai -Saint Matthias, apôtre
Fondée sur des textes apocryphes, la Tradition rapporte que Matthias, de trois plus jeune que Jésus, serait né à Bethléem d’une illustre et noble famille de la tribu de Juda ; il aurait reçu une savante éducation de Syméon qui fut grand prêtre[1]. Matthias est l’abréviation de Mattathias qui signifie don de Dieu. Invité aux noces de Cana, Matthias aurait été choisi par le Seigneur comme un des 72 disciples.
Quoi qu’il en fût, il apparaît dans les « Actes des Apôtres », entre l’Ascension et la Pentecôte, lorsqu’il s’agit de remplacer Judas (I 15-26).
Et en ces jours-là, Pierre[2], se levant au milieu des frères, dit (le nombre des personnes réunies était d’environ cent vingt[3]) : Frères[4], il fallait que s’accomplît l’Ecriture qu’a prédite l’Esprit Saint, par la bouche de David, au sujet de Judas, lequel s’est fait le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était, en effet, compté parmi nous et un lot de ce service lui était échu. Cet homme donc a acquis un domaine avec le salaire de son injustice et, tombant la tête en avant, a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues. Et la chose a été connue de tous les habitants de Jérusalem, en sorte que ce domaine a été appelé dans leur langue Hakeldamach, c’est-à-dire Domaine du Sang. Il est écrit en effet au livre des Psaumes : » Que son campement devienne désert et que personne n’y habite[5] » ; et : » Que sa charge, un autre la prenne[6] « . Il faut donc[7] que, parmi les hommes qui nous ont accompagnés pendant tout le temps que le Seigneur Jésus est allé et venu parmi nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé d’auprès de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection[8]. Et ils en présentèrent deux, Joseph appelé Barsabbas, qui avait été surnommé Justus[9], et Matthias. Et ils firent cette prière : Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel de ces deux-là tu as choisi pour prendre dans ce service apostolique la place dont Judas s’est retiré pour s’en aller à sa place à lui. Et on les fit tirer au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut compté parmi les onze Apôtres.
Les Saintes Ecritures ne disent rien de plus à propos de saint Matthias, mais Clément d’Alexandrie (150-215) qui l’identifie à Zachée[10], le présente comme un prédicateur de la pénitence qui combattait ferme contre la chair. Il lui attribue un « Livre des Traditions », et Origène (185-253) parle d’un « Evangile » écrit par Matthias. On a perdu ces textes que le pape Innocent I° (401-417) a tous condamnés comme apocryphes.
Lorsque les apôtres se dispersèrent pour aller prêcher l’Évangile, Matthias, selon les saints Sophrone, Nicéphore et Dorothée, passa en Egypte et alla jusqu’en Ethiopie où il resta près de trente-trois ans. De retour à Jérusalem, les juifs ameutèrent contre lui les populations qui l’assommèrent par lapidation avant de le décapiter devant le Temple, vers l’an 63. D’autres dirent qu’il resta en Palestine où, en 61, à Giscala, il fut dénoncé au Grand-Prêtre Ananias qui, après l’avoir interrogé, le fit lapider et achever à la hache. Enfin, on le situa en Macédoine et dans quelques autres pays au-delà du Pont-Euxin.
Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, rapporta son corps à Rome, déposa une partie de ses reliques dans la basilique Sainte-Marie Majeure, et donna une bonne part du reste au saint évêque Agrice de Trêves qui les mit dans l’’glise Saint-Eucher, hors les murs de la ville, depuis nommée Saint-Matthias. Padoue, Prague et Cologne disent posséder de ses reliques. Un morceau de sa tête, vénéré à Barbezieux (Saintonge) fut brûlé par les protestants. Jean Eck, le docte adversaire de Luther, affirmait qu’une part des reliques aurait été déposée à Augsbourg.
Patron de Trêves et de Goslar (Hanovre), il est aussi, à cause de la hache de son martyre, celui des charpentiers, des taillandiers et des bouchers ; on ne sait trop pourquoi, il est encore le patron des buveurs et des viveurs repentants en même temps que des personnes atteintes de la petite vérole et de la coqueluche.
Il est assez rarement représenté car, pour compléter le collège des apôtres après la trahison de Judas, les artistes ont souvent préféré introduire saint Paul. Son attribut est la hache à laquelle on substitue parfois une hallebarde, une lance ou une épée.
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[1] Le « Livre des Condamnés », traduit de l’hébreux par un moine de Trèves au XII° siècle
[2] Le rôle de saint Pierre est d’exprimer la situation, pour que tous en prennent conscience, et de faire place au rôle de la communauté qui aura à choisir celui qu’elle jugera digne de remplir les fonctions définies par Pierre d’après la volonté de Dieu ; on retrouvera le même procédé pour l’élection des premiers diacres (Actes des Apôtres VI, 3). La communauté était d’ailleurs « unanime, assidue à la prière » (Actes des Apôtres, I 14), donc prête à réussir ce choix selon Dieu. Pierre agit en chef, c’est lui qui prend l’initiative : « Le troupeau lui ayant été confié par le Christ et étant le premier du chœur, il est toujours le premier à parler » (saint Jean Chrysostome).
[3] Il ne faut pas chercher un symbole dans le mombre cent vingts, puisque le mot environ (à peu près) lui enlève tout absolu.
[4] L’appellation de « Frères », si belle en sa simplicité est, à l’époque, nouvelle de la part d’un supérieur parlant à ses inférieurs.
[5] Psaume LXVIII 26.
[6] Psaume CVIII 8.
[7] Le rôle des Ecritures est ici d’indiquer (ou de confirmer) que Dieu souhaite le remplacernent de Judas. Très clairement, on dit que c’est l’Esprit-Saint qui parle par les auteurs bibliques (pour les Psaumes on ne nommait que David). Un tel emploi théologique de l’Ecriture est légitime certes à propos de Jésus-Christ (but de l’ensemble de l’Ancien Testament) et des actions essentielles qu’il a accomplies pour L’Eglise, comme la création de la fonction d’Apôtre avec les dons spirituels préparés pour chacun d’eux. La mort de Judas a réalisé la première prophétie : « Que son campement devienne désert et que personne n’y habite » (Psaume LXVIII 26) ; il faut que la seconde s’accomplisse pareillement : « Que sa charge passe à un autre » (Psaume CVIII 8).
[8] Le rôle d’un apôtre est d’être témoin, ce qui suppose une très bonne connaissance de tout ce que Jésus a fait et a dit (I 1) durant sa vie publique, donc de son Baptéme à son Ascension. Et surtout qu’on ait alors fait partie du groupe accompagnant sans cesse Jésus, à la façon des disciples suivant leur maître. Les évangiles disent souvent les conditions requises pour « suivre » Jésus (évangile selon saint Luc, IX 23 et 57-62) et aussi les privilèges des disciples (évangile selon saint Luc, X 23 s ; XII 22-32 ; XVIII 23-30). Mais ne peuvent être apôtres que ceux qui ont été du petit nombre de ceux auxquels le Ressuscité s’est manifesté.
[9] Saint Jean Chrysostome loue l’humble douceur avec laquelle Joseph Barsabbas accepta le choix du Saint-Esprit. D’après Eusèbe de Césarée, Joseph Barsabbas aurait été un des soixante-douze disciples. Encore d’après Eusèbe de Césarée, Papias, renseigné par les filles de l’apôtre Philippe, affirmait que « Juste surnommé Barsabbas but un poison mortel et par la grâce du Seigneur n’en éprouva aucun mal » (Histoire Ecclésiastique, III 39). Adon (860) l’introduit dans les martyrologes latins au 20 juillet.
[10] Clément d’Alexandrie : « Stromates », IV 6, 35.
Sortir des ghetto ethno-culturel
14 mai, 2012http://www.jerusalem-religions.net/spip.php?article930
Sortir des ghetto ethno-culturel
par Catherine Dupeyron
Franchir les barrières culturelles, voire faire sauter les verrous ethno-historiques, tel est l’essence de deux initiatives chapeautées par les services culturels français et présentées à une semaine d’intervalle à Jérusalem et Tel Aviv. Dans les deux cas, il s’agit de la traduction permettant de diffuser un ouvrage au sein d’un public qui n’est pas sa cible naturelle voire qui est rétif au sujet du livre. D’un côté, « Marie » de Marek Halter traduit en hébreu pour les juifs israéliens. De l’autre, « Si c’est un homme » de Primo Levi traduit en arabe. Un chassé croisé intéressant qui relève d’une démarche commune : s’adresser à l’Autre, sortir des ghettos ethno-culturels si confortables mais si sclérosants.
« Comment un jeune juif né dans le ghetto de Varsovie a-t-il pu s’intéresser à Marie ? » s’interroge Marek Halter au début de la soirée consacrée à la publication en hébreu de son livre Marie qui s’est déroulée à l’Institut culturel français de Tel Aviv le 2 février. Question d’autant plus importante que Marie n’évoque guère de bons souvenirs pour l’enfant qu’il était. « En Pologne, dans mon enfance, Marie était la Sainte par excellence. Lorsqu’il y avait des processions en son honneur, les juifs fermaient vite leur boutique car ils savaient que cela annonçait un pogrom. »
Mais voilà, Marie fait partie de ces voix de femmes que la Torah, les Evangiles ou le Coran ont passé sous silence et que Marek Halter a décidé de faire entendre. « A l’exception de Shoulamit dans le Cantique des Cantiques, les rédacteurs de la Bible n’ont pas donné la parole aux femmes tellement ils avaient peur de leurs voix », remarque Halter. La salle comble, très largement francophone, savoure l’hébreu de Marek Halter, polyglotte surdoué et volontiers badin.
« Marie est le personnage le plus populaire du monde parmi les chrétiens mais aussi parmi les musulmans. Le Coran en parle plus que les Evangiles ! Les uns et les autres la présentent toujours comme une femme soumise qui réalise la volonté de Dieu, mais ce n’est pas vrai. C’est une révoltée, une patriote. Elle voulait que son fils devienne quelqu’un et elle a fait de Jésus ce qu’il est devenu », souligne Halter. En revanche, Marie est tout simplement ignorée par les juifs.
« Les juifs Israéliens ne savent rien du christianisme »
Une erreur que Rennie Carmel, éditrice, a décidé de réparer en publiant Marie en hébreu. « Marie est née ici à Nazareth et on ne sait rien d’elle. On a oublié qu’elle faisait partie de notre histoire », confie à Jérusalem & Religions la directrice de la maison d’éditions israélienne Yahel. Son associée, Rivka Cohem Tauman ajoute : « Les juifs Israéliens ne savent rien du christianisme, même pas sa part juive. On ne l’apprend pas à l’école. »
Rennie Carmel croit beaucoup à ce livre. Le tirage est de 2 000 exemplaires – ce qui ferait 20 000 à l’échelle de la France. Et les premières réactions de la presse israélienne, enthousiastes alors que Marek Halter est inconnu du grand public israélien, semblent lui donner raison. « En publiant ce livre je veux montrer que les trois religions monothéistes sont assez proches », précise l’éditrice.
Une idée que Marek Halter exprime, lui aussi. A sa manière. « Juifs et chrétiens sont un peu comme des matroschka, des poupées russes », confie l’auteur à Jérusalem & Religions. « Je suis heureux que ce soit publié en hébreu car il faut que les Juifs comprennent que c’est leur histoire. J’ai peur des groupes humains qui se referment sur eux-mêmes. C’est un danger qui guette tout le monde y compris les juifs. Or, Marie est la première mère juive de l’histoire ! Et Jésus n’était pas chrétien. D’ailleurs, David Ben Gourion ne disait-il pas que le personnage le plus passionnant de l’histoire juive c’est Jésus ! »
Primo Levi en arabe présenté à Jérusalem : un défi compliqué
Autre ville, autre salle, autre auteur, autre public, autre ambiance. Le 25 janvier, au Centre culturel français Chateaubriand situé rue Salah Eddin à Jérusalem-est, était présentée la traduction en arabe de Si c’est un homme de Primo Levi. Il s’agit d’une initiative de l’association Aladin patronnée par l’Unesco (www.projetaladin.org/fr/accu…) dont l’objectif est de faire connaître la Shoah dans le monde arabe et musulman (Turquie, Iran), dont certains intellectuels ou politiques sont tentés par le négationnisme. Le traducteur est un arabe israélien de Nazareth où le livre a été également été présenté le 26 janvier.
A Jérusalem, une petite vingtaine de personnes assiste à la soirée, essentiellement des expatriés et des juifs israéliens, ces derniers fréquentent habituellement le Centre culturel Romain Gary situé à Jérusalem-ouest. Le directeur du Centre, Patrick Girard, s’amuse de cette présence insolite mais à l’inverse n’est guère surpris de l’absence de son cœur de cible, les Palestiniens de Jérusalem-est – musulmans et chrétiens confondus. « L’absence est leur manière de dire leur désapprobation. A Ramallah où était initialement programmée la soirée, on risquait l’émeute », confie-t-il à Jérusalem & Religions.
La soirée organisée pour les Palestiniens se déroule donc devant un public qui ne l’est pas ou fort peu. Une situation prévisible mais cette initiative n’est que le début d’un long chemin dont la directrice d’Aladin, Anne-Marie Revcolevschi, savait qu’il « ne serait pas facile ». Et puis, après tout, le débat a tout de même lieu, sans complaisance mais avec respect.
En effet, une fois la présentation terminée, une conversation soutenue s’engage entre Mourad, étudiant palestinien, et Anne-Marie Revcolevschi qui ne cache pas le fait qu’elle est juive et issue d’une famille polonaise largement décimée par la Shoah. Elle cite Primo Levi : « Auschwitz n’a rien à voir avec la guerre, ce n’en est pas une étape. Dans la guerre, il y a une rationalité que nous comprenons. Dans la haine de Auschwitz, il n’y a aucune rationalité. » Primo Levi, survivant d’Auschwitz, souligne donc l’unicité de la Shoah ou tout au moins des génocides ; un message que les Palestiniens entendent, généralement, mal.
Des incompréhensions mais un dialogue
Mourad exprime son incompréhension. « Auschwitz est la part noire de l’histoire de l’humanité et je trouve votre projet intéressant mais je vois un certain parallèle entre ce qui s’est passé à Auschwitz et ce qui s’est passé à Gaza l’hiver dernier. Les juifs n’ont pas le monopole de la souffrance, ils ne sont pas les seules victimes. » Posément, il poursuit : « Le problème c’est que les juifs ne cessent d’utiliser l’histoire juive, la Shoah, dans l’histoire israélienne. J’ai rencontré un colon qui m’a expliqué qu’il avait le droit de s’installer sur les terres palestiniennes à cause de la Shoah. Et puis les Israéliens refusent de reconnaître la Nakba comme certains refusent l’existence de la Shoah. »
La Nakba – catastrophe en Arabe – désigne pour les Palestiniens la guerre de 1948 et la création de l’Etat d’Israël, événement que les juifs saluent annuellement par la Fête de l’indépendance. Or, au printemps dernier, un député israélien ultra-nationaliste (Israël Beïtenou) a tenté de faire voter une loi interdisant aux Arabes d’Israël de considérer la Fête de l’Indépendance comme une journée de deuil. Le texte a suscité une vive polémique au sein de la Knesseth et plusieurs ministres juifs se sont prononcés contre ce texte qui « porte atteinte à la liberté d’expression et au droit de manifester, droits basiques d’une démocratie » selon un communiqué publié alors.
La soirée autour du livre de Primo Levi est porteuse d’avenir en raison de la présence de Mohammed Dajani, professeur de sciences politiques à l’université Al Quods de Jérusalem-est. Favorable au projet Aladin, Dajani a invité sa directrice à revenir, rapidement, pour parler devant les étudiants de l’université Al Quds. Une proposition aussitôt acceptée car l’objectif d’Aladin est justement d’aller à la rencontre des musulmans, qui ignorent la réalité de la Shoah faute de disposer de ponts nécessaires. « Il est essentiel de mener ce projet avec les universitaires arabes et plus largement musulmans », souligne Revcolevschi en conclusion de son intervention.
Marek Halter, Rennie Carmel, Anne-Marie Revcolevschi, Mohammed Dajani et d’autres seront donc des passeurs, ceux qui aident à s’ouvrir à l’Autre, à sortir de ghettos ethno-culturels ; un repli humain banal renforcé au Moyen-Orient par le conflit entre juifs et arabes qui dure depuis plus de 100 ans.
Sur l’initiative d’Aladin, lire aussi : http://www.juif.org/go-news-120714.php
dimanche 7 février 2010
HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À AREZZO, 13 MAI 2012
14 mai, 2012http://www.zenit.org/article-30798?l=french
HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À AREZZO, 13 MAI 2012
L’attention aux plus faibles, inséparable de la défense de la vie
Traduction d’Anne Kurian
ROME, lundi 14 mai 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a exhorté à « témoigner de l’amour de Dieu dans l’attention aux plus faibles », qui est inséparable de « la défense de la vie, de son commencement jusqu’à sa fin naturelle ».
Le pape était en visite pastorale en Toscane, hier, 13 mai 2012. Il a notamment célébré une messe le matin, à Arezzo, en présence de quelque 30.000 personnes.
Dans son homélie, Benoît XVI a invité les catholiques à se faire « concrètement solidaire de celui qui est dans le besoin », en « partageant ses ressources », en « promouvant des styles de vie plus simples », en « luttant contre la culture de l’éphémère, qui a illusionné de nombreuses personnes, provoquant une profonde crise spirituelle ».
Il faut aussi, a ajouté le pape, « éduquer au dépassement des logiques purement matérialistes, qui souvent marquent notre époque, et finissent par brouiller le sens de la solidarité et de la charité. »
Homélie de Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Ma joie est grande de pouvoir partager avec vous le pain de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Je vous salue tous cordialement et je vous remercie de votre accueil chaleureux ! Je salue votre pasteur, Mgr Riccardo Fontana, que je remercie pour ses aimables paroles de bienvenue, les autres évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les représentants des associations et des mouvements ecclésiaux. Je salue respectueusement le maire, Giuseppe Fanfani, que je remercie pour ses salutations, le sénateur Mario Monti, président du Conseil des Ministres, et les autres autorités civiles et militaires. J’adresse un remerciement spécial à ceux qui ont généreusement collaboré à cette visite pastorale.
Aujourd’hui, je suis accueilli par une Eglise ancienne, experte en relations et qui s’est distinguée au cours des siècles par son engagement pour construire la Cité de l’homme à l’image de la Cité de Dieu. Sur la terre de Toscane, la communauté d’Arezzo s’est en effet distinguée de nombreuses fois dans l’histoire pour son sens de la liberté, et sa capacité de dialogue avec les diverses composantes de la société. En venant pour la première fois parmi vous, je souhaite que la ville sache toujours faire fructifier cet héritage précieux.
Au cours des siècles passés, l’Eglise qui est à Arezzo a été enrichie et animée de multiples expressions de la foi chrétienne, parmi lesquelles celle des saints. Je pense en particulier à saint Donat, votre saint Patron, dont le témoignage de vie, qui a séduit le christianisme du moyen âge, est encore actuel. Il fut un évangélisateur intrépide, pour que tous soient libérés de leurs pratiques païennes et retrouvent dans la parole de Dieu la force pour affirmer la dignité de chaque personne et le vrai sens de la liberté. A travers sa prédication, il a ramené à l’unité, grâce à la prière et à l’eucharistie, les peuples pour lesquels il fut évêque. Le calice brisé et recomposé par saint Donat, dont parle saint Grégoire le Grand (cf. Dialogues I, 7, 3), est une image de l’œuvre pacificatrice accomplie par l’Eglise dans la société, pour le bien commun. C’est ce qu’atteste aussi saint Pierre Damien et avec lui la grande tradition Camaldule qui depuis mille ans, depuis le Casentino, offre sa richesse spirituelle à cette église diocésaine et à l’Eglise universelle.
Le bienheureux Grégoire X, pape, repose dans votre cathédrale, comme pour montrer, dans la diversité des époques et des cultures, la continuité du service que l’Eglise du Christ entend rendre au monde. Grégoire X, soutenu par la lumière qui venait de l’Ordre mendiant naissant, et par des théologiens et les saints, dont saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure de Bagnoregio, a affronté les grands problèmes de son temps: la réforme de l’Eglise; la réparation du schisme avec l’Orient chrétien, qu’il a tenté de réaliser avec le Concile de Lyon; l’attention pour la Terre sainte; la paix et la relation entre les peuples: il fut le premier en Occident à avoir un échange d’ambassadeurs avec l’empereur Kublai Khan de Chine.
Chers amis, la première lecture nous a présenté un moment important, où se manifeste vraiment l’universalité du message chrétien et de l’Eglise: saint Pierre, dans la maison de Corneille, baptise les premiers païens. Dans l’Ancien Testament, Dieu avait voulu que la bénédiction du peuple juif ne demeure pas exclusive, mais soit étendue à toutes les nations. Déjà lors de l’appel d’Abraham, il avait dit: «En toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Gn 12,3). Et ainsi Pierre, inspiré par le Ciel, a compris que «Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste» (Ac 10,34-35). Le geste accompli par Pierre devient image de l’Eglise ouverte à l’humanité entière. Suivant la grande tradition de votre Eglise et de vos communautés, vous êtes d’authentiques témoins de l’amour de Dieu envers tous!
Mais comment pouvons-nous, avec notre faiblesse, porter cet amour? Dans la seconde lecture, saint Jean nous a dit avec force que la libération du péché et de ses conséquences n’est pas de notre initiative, mais de Dieu. Ce n’est pas nous qui l’avons aimé, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a pris sur lui notre péché et l’a lavé par le sang du Christ. Dieu nous a aimés en premier et il veut que nous entrions dans sa communion d’amour, pour collaborer à son œuvre rédemptrice.
Dans le passage de l’Evangile, cet appel du Seigneur a résonné : «C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure» (Jn 15,16). C’est une parole adressée de façon particulière aux apôtres, mais, au sens large, elle concerne tous les disciples de Jésus. L’Eglise entière est envoyée dans le monde pour porter l’Evangile et le salut. Mais l’initiative est toujours de Dieu, qui appelle aux multiples ministères, pour que chacun participe personnellement au bien commun. Que l’on soit appelé au sacerdoce ministériel, à la vie consacrée, à la vie conjugale, à l’engagement dans le monde, à tous il est demandé de répondre avec générosité au Seigneur, soutenus par sa parole qui nous rassérène: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis» (ibidem).
Chers amis, je connais l’engagement de votre Eglise pour promouvoir la vie chrétienne. Soyez ferment dans la société, soyez des chrétiens présents, audacieux et cohérents. La ville d’Arezzo résume, dans son histoire plurimillénaire, des expressions significatives de culture et de valeurs. Parmi les trésors de votre tradition, il y a la fierté d’une identité chrétienne, témoignée par tant de signes et enracinée dans des dévotions comme celle envers Notre Dame de la Consolation. Cette terre, où sont nées de grandes personnalités de la Renaissance, de Pétrarque à Vasari, a eu une part active dans l’affirmation de cette conception de l’homme qui a influencé l’histoire d’Europe, tirant sa force des valeurs chrétiennes. Récemment encore, le patrimoine idéal de votre cité a été exprimé par quelques-uns de ses enfants les plus illustres, qui ont su élaborer le concept de civitas, dans leur recherche universitaire et dans d’autres institutions, en le définissant en termes d’idéal chrétien parmi les hommes de notre temps. Dans le contexte de l’Eglise en Italie, engagée actuellement sur le thème de l’éducation, nous devons nous demander, surtout dans la région qui est patrie de la Renaissance, quelle vision de l’homme nous sommes en mesure de proposer aux nouvelles générations. La Parole de Dieu que nous avons écoutée est une invitation puissante à vivre l’amour de Dieu envers tous. Parmi ses valeurs distinctives, la culture de cette terre de Toscane vit la solidarité, l’attention aux plus faibles, le respect de la dignité de chacun. L’accueil, qu’encore récemment vous avez su donner à ceux qui sont venus en quête de liberté et de travail, est bien connu. Etre solidaire avec les pauvres c’est reconnaître le projet de Dieu créateur, qui a fait de tous une seule famille.
Bien sûr, votre province est aussi fortement éprouvée par la crise économique. A cause de la complexité des problèmes, il est difficile de trouver des solutions plus rapides et efficaces pour sortir de la situation présente, qui affecte surtout les plus faibles et préoccupe beaucoup les jeunes. Depuis les temps anciens, l’attention aux autres a conduit l’Eglise à se faire concrètement solidaire de celui qui est dans le besoin, en partageant ses ressources, en promouvant des styles de vie plus simples, en luttant contre la culture de l’éphémère, qui a trompé de nombreuses personnes, provoquant une profonde crise spirituelle. Que cette Eglise diocésaine, enrichie par le témoignage lumineux du Poverello d’Assise, continue à être attentive et solidaire de celui qui est dans le besoin, mais sache aussi éduquer au dépassement des logiques purement matérialistes, qui souvent marquent notre époque, et finissent par brouiller le sens de la solidarité et de la charité.
Témoigner de l’amour de Dieu dans l’attention aux plus faibles se conjugue aussi avec la défense de la vie, de son commencement jusqu’à sa fin naturelle. Dans votre région, assurer à tous la dignité, la santé et les droits fondamentaux est considéré à juste titre comme un bien indispensable. La défense de la famille, à travers des lois justes et capables de protéger aussi les plus faibles, constitue toujours un point important pour maintenir un tissu social solide et offrir des perspectives d’espérance pour le futur. De la même façon que les statuts de votre ville ont été, au moyen âge, instruments pour assurer des droits inaliénables à beaucoup, puisse l’engagement pour promouvoir une Cité au visage toujours plus humain être aujourd’hui poursuivi. En ceci, l’Eglise offre sa contribution pour que l’amour de Dieu soit toujours accompagné de celui du prochain.
Chers frères et sœurs, continuez le service de Dieu et de l’homme selon l’enseignement de Jésus, l’exemple lumineux de vos saints et la tradition de votre peuple. Dans cette tâche, que la protection maternelle de Notre Dame de la Consolation, tant aimée et vénérée par vous, vous accompagne et vous soutienne toujours. Amen!
Traduction de ZENIT