Archive pour le 4 mai, 2012
Dimanche 6 mai, commenataire sur la première lecture: Actes des Apôtres 9, 26 – 31
4 mai, 2012http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
Dimanche 6 mai 2012 : commentaires de Marie Noëlle Thabut
PREMIERE LECTURE – Actes des Apôtres 9, 26 – 31
Après sa conversion,
26 Paul vint à Jérusalem.
Il cherchait à entrer dans le groupe des disciples,
mais tous avaient peur de lui,
car ils ne pouvaient pas croire
que lui aussi était un disciple du Christ.
27 Alors Barnabé le prit avec lui
et le présenta aux Apôtres ;
il leur raconta ce qui s’était passé :
sur la route, Paul avait vu le Seigneur,
qui lui avait parlé ;
à Damas, il avait prêché avec assurance
au nom de Jésus.
28 Dès lors, Paul allait et venait dans Jérusalem avec les apôtres,
prêchant avec assurance au nom du Seigneur.
29 Il parlait aux Juifs de langue grecque,
et discutait avec eux.
Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer.
30 Les frères l’apprirent ;
alors ils l’accompagnèrent jusqu’à Césarée,
et le firent partir pour Tarse.
31 L’Eglise était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie.
Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ;
elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint.
Nous entrons dans une nouvelle phase du livre des Actes des Apôtres : jusqu’ici, Luc nous racontait les débuts de l’Eglise naissante après la Pentecôte ; et Pierre et Jean étaient au centre du récit ; puis il y a eu le martyre d’Etienne et l’entrée en scène d’un tout jeune homme, Saül de Tarse. Pendant qu’on lapidait Etienne, c’est lui qui gardait les vêtements de tout le monde. C’est le même qui revient à Jérusalem, quelque temps plus tard, converti, baptisé ; évidemment, sa réputation de persécuteur le suit ; car il ne s’est pas contenté d’approuver l’exécution d’Etienne ; pendant tout un temps, qu’on n’est pas près d’oublier, il a été l’ennemi public numéro un des Chrétiens ; son activité débordait même Jérusalem, et il avait poussé le zèle jusqu’à demander au grand-prêtre un ordre de mission pour aller jusqu’à Damas, débusquer et arrêter tous les Chrétiens.
Et donc, quand on le voit revenir et chercher à s’introduire parmi les Chrétiens, on est très méfiants ! C’est compréhensible ! Qui nous dit qu’il ne cherche pas à s’introduire pour mieux dénoncer les Chrétiens ensuite ?
Curieusement, c’est quelqu’un dont nous avons presque oublié le nom, Barnabé, qui a joué alors le rôle indispensable de garantie de la bonne volonté de Saül et qui lui a mis le pied à l’étrier ; Barnabé, en fait, ce n’est pas son vrai nom : il s’appelle Joseph et il est Juif, lévite, originaire de Chypre ; il a visiblement bonne réputation parmi les Chrétiens puisqu’on lui a donné ce surnom de Barnabé qui veut dire « l’homme du réconfort »… ce qui est déjà quand même un beau compliment ! On sait aussi qu’il fait partie de ceux qui ont vendu leurs champs pour mettre l’argent à la disposition de la communauté. Il est certainement accueillant puisqu’il accepte rapidement de faire confiance à ce nouveau converti, Saül ; il n’était évidemment pas avec Saül sur le chemin de Damas quand celui-ci a été converti par Jésus ; mais quand Saül arrive à Jérusalem, quelques années plus tard, Barnabé le croit sur parole et accepte de plaider sa cause auprès des disciples. « Barnabé prit Saül avec lui et le présenta aux apôtres ; il leur raconta ce qui s’était passé : sur la route, Paul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. »
Deux fois de suite, Luc répète « Paul prêchait avec assurance au nom de Jésus ». Désormais il mettra au service de la foi chrétienne la même énergie et le même passion qu’il mettait jusqu’ici à la détruire. Parce que, tout d’un coup, ses yeux se sont ouverts, et tout est devenu clair pour lui.
Il n’a pas une seconde l’impression de renier la foi de ses pères en devenant Chrétien ; au contraire ! C’est parce qu’il est Juif qu’il devient Chrétien : l’attente du peuple juif, depuis tant de siècles, voici qu’elle est comblée par Jésus. Quelques années plus tard, au cours de son procès, Paul dira « Les prophètes et Moïse ont prédit ce qui devait arriver et je ne dis rien de plus. » (Ac 26, 22).
Mais ce qui lui paraît évident, désormais, ne l’est pas pour tout le monde ! Déjà, à Damas, après sa conversion, les ennuis ont commencé : les Juifs ont cherché à le tuer ; ils sont allés jusqu’à garder les portes de la ville, jour et nuit, pour qu’il ne puisse pas leur échapper. Pour finir, ses nouveaux disciples chrétiens l’ont fait descendre de nuit, le long de la muraille, dans une corbeille.[1]
A Jérusalem, c’est la même chose : on le voit bien dans le texte d’aujourd’hui ; c’est d’abord l’épreuve de se faire accepter par les Chrétiens de Jérusalem, qui se méfient de lui après son passé de persécuteur ; et dans un deuxième temps, Paul doit affronter ses frères de race, les Juifs non convertis au Christ : Luc nous dit « Il parlait aux Juifs de langue grecque et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. » Pour eux, il est un renégat, tombé dans cette secte des Chrétiens. Il faut donc recommencer à fuir. De nouveau, on voit se profiler ici les persécutions que Paul devra affronter pendant toute sa vie missionnaire : alors ses nouveaux amis chrétiens pensent plus prudent de lui faire prendre le premier bateau pour Tarse, sa ville natale, au sud de la Turquie actuelle. (C’est là que Barnabé ira le chercher quelques années plus tard, pour l’emmener à Antioche de Syrie).
Tout ceci n’entrave pas la croissance de l’Eglise ; la phrase de Luc respire la tranquillité : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. »[2] Nous retrouvons ce mot de « crainte », déjà familier de l’Ancien Testament ; encore une fois, il est clair que la « crainte », au sens biblique, n’est pas de l’ordre de la peur ; elle n’empêche pas d’avancer, elle ne paralyse pas ! Luc précise : « Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait »… Ce que la Bible appelle la crainte de Dieu, c’est tout simplement l’attitude de vérité de celui qui se reconnaît tout petit, mais aussi aimé et protégé par Dieu. C’est elle qui est la source de cette assurance des premiers Chrétiens qui étonnait tant leurs contemporains ; rappelez-vous, le récit de la guérison du boiteux de la Belle Porte ; quand Pierre et Jean avaient été amenés devant le tribunal qui avait bien l’intention de les intimider pour les faire taire, les juges avaient été stupéfaits : « Ils constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu’il s’agissait d’hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. » (Ac 4, 13).
Paul, lui, n’est pas sans instruction ; il est Pharisien, de stricte observance, formé à l’école de Gamaliel ; mais son assurance ne lui vient pas de là ; elle lui vient tout simplement depuis qu’il se laisse mener par l’Esprit Saint.
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Note
1 – L’épisode de la fuite de Damas dans une corbeille le long de la muraille est raconté un peu différemment par Luc dans les Actes et par Paul dans la lettre 2ème lettre aux Corinthiens (2 Co 11, 32-33), mais il s’agit probablement du même épisode.
2 – Ac 9, 31 : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. » Après Ac 2, 42-47 ; 4, 32-37 ; 5, 12-16, c’est le quatrième et dernier « sommaire » des Actes, ces résumés de la vie des premières communautés qui apparaissent comme des moments privilégiés de ce que les croyants sont rendus capables de vivre, dès lors qu’ils se laissent guider par l’Esprit Saint.
Cinquième dimanche de Pâques B – Homélie
4 mai, 2012http://www.stignace.net/homelies/5paquesB.htm
Cinquième dimanche de Pâques B
Père Yves de Kergaradec, jésuite
« Demeurez en moi, comme moi en vous… Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit… » Le moins que l’on puisse dire est que Jésus ne craint pas d’insister, à la mesure de ce qui est en jeu pour lui, pour son Père et pour nous, à la mesure du désir où il s’est engagé de tout lui-même, pour réveiller et soutenir le nôtre.
Le moment où Jésus a parlé nous donne une idée de l’enjeu. Saint Jean nous dit que « l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père »: l’heure de glorifier Celui qui l’a envoyé, en menant jusqu’au bout sa mission. Il attendait ce rendez-vous depuis les noces de Cana, quand il avait sauvé la fête en donnant le vin qui manquait, et au-delà. Mais son heure est aussi celle de son départ et de sa grande épreuve. Dans l’absence et la nuit qui suivront, sur le chemin de la Croix, que veut dire: « demeurer en lui »?
Dans le jardin de l’agonie, Jésus a demandé à ses disciples de veiller une heure avec lui, et aucun d’eux n’en a été capable. Personne ne peut l’accompagner dans son combat, ni faire en tout ce qui lui plaît, à moins d’être choisi et d’en recevoir la force d’en haut. Au cours de son dernier repas, juste avant d’exprimer ses dernières volontés, il s’est mis à genoux devant chacun de ses disciples et il leur a lavé les pieds. Ils seront bientôt « dispersés, chacun allant de son côté ». Judas va le livrer et Simon-Pierre le renier par trois fois. Par avance, il a signifié jusqu’où vont son amour et son pardon, jusqu’où il est déterminé à les servir.
« Il faisait nuit », mais la lumière qu’est Jésus est plus forte que les ténèbres. Les derniers mots qu’il dit aux siens sont pour les assurer qu’il leur sera présent bien plus intimement que jusque là. Ils ne le verront plus marcher à travers champs ou sur la mer; ils ne l’entendront plus enseigner dans leurs synagogues, mais il sera en eux, il est en nous, Fils d’homme et Fils de Dieu, uni parfaitement à son Père et à nous.
« Moi, je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron, … et vous, les sarments ». La communion que Jésus désire avec nous, comme avec Dieu, est une grâce et donc elle nous engage à une vie nouvelle. Jésus nous promet sa propre fécondité, mais à la condition que nous la demandions, que nous la recevions de lui, comme les sarments la reçoivent du cep, car « en dehors de lui, nous ne pouvons rien faire », rien de vraiment solide, rien d’éternel. C’est le secret des fruits. Il est très exigeant et l’on n’échappe pas à sa sanction.
Nous savons la passion du vigneron pour son plant préféré, tout le soin qu’il en prend, les grands espoirs qu’il met en lui, l’émondage de l’hiver et celui de l’été, la fête des vendanges… Nous avons en mémoire le chant du prophète Isaïe sur la vigne de son ami: comment son amour s’est changé en feu quand il a été méprisé, quand elle n’a produit que de mauvais fruits. Il l’a réduite à l’état de ronces et d’épines.
Jésus est né dans cette tradition. Il l’assume et la mène à son accomplissement. Quand son heure est venue, l’heure de la Gloire et de la Croix, il a concentré sur lui seul l’espérance de Dieu, sa colère et surtout sa fidélité. Pour que le bon vin ne manque à personne aux noces de son Fils, le Père a tout misé sur lui, et lui, Jésus, a tout misé sur nous. Par son obéissance entière et libre, il a laissé monter la sève en lui pour qu’elle irrigue les sarments. A nous de l’accueillir ou de la refuser. Ou nous acceptons d’être travaillés et purifiés par lui, ou nous deviendrons secs, prêts à être jetés au feu.
Aujourd’hui, Jésus nous redit son commandement unique: croire en lui et nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. En nous donnant sa parole et son corps à manger, il a fait sa demeure en nous. Il nous reste à souffrir en lui, prier en lui, agir en lui, aimer en lui. Les fruits que porte la vraie vigne ne demandent qu’à mûrir sous le soleil de Dieu.
Pape Benoît: La prière d’Etienne dans les Actes des Apôtres
4 mai, 2012http://www.zenit.org/article-30709?l=french
CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI, AUDIENCE DU 2 MAI 2012
La prière d’Etienne dans les Actes des Apôtres
Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, mercredi 2 mai 2012 (ZENIT.org) – « Notre prière doit être contemplation de Jésus qui est le Seigneur de notre existence, de mon existence quotidienne », rappelle Benoît XVI. En Jésus, affirme-t-il, « nous pouvons établir un contact réel avec Dieu dans la confiance et l’abandon des enfants qui s’adressent à un Père qui les aime infiniment ».
Lors de l’audience générale de ce mercredi 2 mai, place Saint-Pierre, au Vatican, le pape a en effet poursuivi sa catéchèse sur la prière dans les Actes des apôtres en commentant le témoignage de saint Etienne, premier martyr de l’Eglise. C’est dans son « rapport intime avec Dieu, à travers l’Ecriture sainte », qu’Etienne a trouvé la force de « donner sa vie pour le Christ », a dit en substance Benoît XVI.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :
Chers frères et sœurs,
Dans les dernières catéchèses, nous avons vu comment, dans la prière personnelle et communautaire, la lecture et la méditation de la Sainte Ecriture nous ouvrent à l’écoute de Dieu et infusent en nous la lumière pour comprendre le présent. Aujourd’hui, je voudrais parler du témoignage et de la prière du premier martyr de l’Eglise, saint Etienne, l’un des sept choisis pour le service de la charité envers ceux qui étaient dans le besoin. Au moment de son martyre, raconté dans les Actes des apôtres, se manifeste encore une fois le rapport fécond qui existe entre la parole de Dieu et la prière.
Etienne est amené au tribunal, devant le Sanhédrin, où il est accusé d’avoir déclaré que « Jésus… détruira ce lieu [le Temple] et changera les usages que Moïse nous a légués » (Ac 6, 14). Pendant sa vie publique, Jésus avait effectivement annoncé la destruction du Temple de Jérusalem : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19). Toutefois, comme le note l’évangéliste Jean, il « parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la parole qu’il avait dite » (Jn 2, 21-22).
Le discours d’Etienne devant le tribunal, le plus long des Actes des apôtres, se développe justement sur cette prophétie de Jésus, qui est le nouveau sanctuaire, qui inaugure le nouveau culte et se substitue, par l’offrande qu’il fait de lui-même sur la croix, aux sacrifices antiques. Etienne veut prouver combien est infondée l’accusation qui est faite à Jésus de renverser la loi de Moïse et illustre sa vision de l’histoire du salut, de l’alliance de Dieu avec l’homme. Il relit ainsi tout le récit biblique, itinéraire contenu dans l’Ecriture sainte, pour montrer qu’il conduit au « lieu » de la présence définitive de Dieu, qui est Jésus-Christ, en particulier sa passion, sa mort et sa résurrection. C’est dans cette perspective qu’Etienne interprète aussi son identité de disciple de Jésus, en le suivant jusqu’au martyre. La méditation sur l’Ecriture sainte lui permet ainsi de comprendre sa mission, sa vie, son présent. En cela, il est guidé par la lumière de l’Esprit-Saint, par son rapport intime avec le Seigneur, au point que les membres du Sanhédrin virent son visage « semblable à celui d’un ange » (Ac 6, 15). Un tel signe de l’assistance divine rappelle le visage rayonnant de Moïse quand il descendit du Mont Sinaï après avoir rencontré Dieu (cf. Ex 34, 29-35 ; 2 Co 3, 7-8).
Dans son discours, Etienne part de l’appel d’Abraham, pèlerin vers la terre indiquée par Dieu et qu’il ne possédait qu’à l’état de promesse ; il passe ensuite à Joseph, vendu par ses frères, mais assisté et libéré par Dieu, pour arriver à Moïse, qui devient l’instrument de Dieu pour libérer son peuple, mais qui se heurte aussi, et plus d’une fois, au refus de son peuple. Dans tous ces événements, racontés dans l’Ecriture sainte, dont Etienne se montre à l’écoute, se manifeste toujours Dieu qui ne se lasse pas d’aller à la rencontre de l’homme malgré l’opposition obstinée de celui-ci. Et ceci est vrai dans le passé, dans le présent et dans le futur. Etienne voit donc, dans tout l’Ancien Testament, la préfiguration du drame de Jésus, le Fils de Dieu fait chair qui, comme les Patriarches, rencontre des obstacles, le refus, la mort. Etienne se réfère donc à Josué, à David et à Salomon, mis en rapport avec la construction du Temple de Jérusalem et il conclut par les paroles du prophète Isaïe (66, 1-2) : « Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds ; quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos ? N’est-ce pas ma main qui a fait tout cela ? » (Ac 7, 49-50). En méditant l’action de Dieu dans l’histoire du salut, et en mettant en évidence la tentation constante du refus de Dieu et de son action, il affirme que Jésus est le Juste annoncé par les prophètes ; en lui, Dieu s’est rendu présent de manière unique et définitive : Jésus est le « lieu » du véritable culte. Etienne ne nie pas l’importance du Temple pendant un certain temps, mais il souligne que « Dieu n’habite pas dans des demeures faites de main d’homme » (Ac 7, 48). Le nouveau et véritable temple dans lequel habite Dieu est son Fils, qui a pris chair humaine, c’est l’humanité du Christ, le Ressuscité qui rassemble les peuples et les unit dans le sacrement de son corps et de son sang. L’expression au sujet du Temple « non fait de main d’homme » se trouve aussi dans la théologie de saint Paul et de la Lettre aux Hébreux : le corps de Jésus, qu’il a assumé afin de s’offrir comme victime sacrificielle pour expier les péchés, est le nouveau temple de Dieu, le lieu de la présence du Dieu vivant ; en lui, Dieu et l’homme, Dieu et le monde sont réellement en contact : Jésus prend sur lui tout le péché de l’humanité pour le porter dans l’amour de Dieu et pour « le brûler » dans cet amour. S’approcher de la Croix, entrer en communion avec le Christ, veut dire entrer dans cette transformation. Cela signifie entrer en contact avec Dieu, entrer dans le véritable temple.
La vie et le discours d’Etienne s’interrompent brusquement avec la lapidation mais son martyre est justement l’accomplissement de sa vie et de son message : il devient un avec le Christ. Ainsi, sa méditation sur l’action de Dieu dans l’histoire, sur la parole divine qui a trouvé en Jésus son accomplissement, devient une participation à la prière même de la Croix. Avant de mourir, en effet, il s’exclame : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Ac 7, 59), s’appropriant les paroles du psaume (31, 6) et reprenant l’ultime expression de Jésus sur le calvaire : « Père, en tes mains, je remets mon esprit » (Lc 23, 46) ; et enfin, comme Jésus, il dit dans un grand cri devant ceux qui le lapident « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7, 60). Notons que si, d’un côté la prière d’Etienne reprend celle de Jésus, le destinataire est différent, parce que l’invocation est adressée au Seigneur, c’est-à-dire à Jésus qu’il contemple, glorifié, à la droite du Père : « Ah ! dit-il, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 55).
Chers frères et sœurs, le témoignage de saint Etienne nous donne quelques indications pour notre prière et notre vie. Nous pouvons nous demander : d’où ce premier martyr chrétien a-t-il tiré la force d’affronter ses persécuteurs et d’arriver jusqu’au don de lui-même ? La réponse est simple : de son rapport avec Dieu, de sa communion avec le Christ, de la méditation sur l’histoire du salut, de voir l’action de Dieu qui a atteint son sommet en Jésus-Christ. Notre prière aussi doit être nourrie de l’écoute de la parole de Dieu, dans la communion avec Jésus et son Eglise.
Il y a un second élément : saint Etienne voit la figure et la mission de Jésus annoncées dans l’histoire du rapport d’amour entre Dieu et l’homme. Jésus, le Fils de Dieu, est le temple « non fait de main d’homme » dans lequel la présence de Dieu le Père s’est faite proche au point d’entrer dans notre chair humaine pour nous amener à Dieu, pour nous ouvrir les portes du ciel. Notre prière doit alors être contemplation de Jésus à la droite de Dieu, de Jésus qui est le Seigneur de notre existence, de mon existence quotidienne. En lui, sous la conduite de l’Esprit-Saint, nous pouvons, nous aussi, nous adresser à Dieu, établir un contact réel avec Dieu, dans la confiance et l’abandon des enfants qui s’adressent à un Père qui les aime infiniment. Merci.
Synthèse en français de la catéchèse :
Chers frères et soeurs, en parlant du témoignage de saint Etienne, premier martyr de l’Église, je voudrais souligner le rapport fécond entre la Parole de Dieu et la prière. Dans son discours devant le tribunal, Etienne explique que l’annonce de Jésus qu’il serait le nouveau temple s’est réalisée par son offrande sur la croix, qui remplace les sacrifices anciens. Pour Etienne, être disciple de Jésus, c’est donc le suivre jusqu’au martyre. Il comprend le présent en priant et en méditant l’Écriture à la lumière de l’Esprit Saint. À travers les évènements de l’Histoire sainte, émerge toujours Dieu qui va sans cesse à la rencontre de l’homme, même si celui-ci le refuse.
Jésus rencontrera lui-même l’opposition jusqu’à la mort. Et, depuis, le Corps du Christ est le seul lieu de la présence définitive de Dieu. En lui, Dieu et l’homme, Dieu et le monde sont en contact. Jésus a pris sur lui tout le péché de l’humanité, pour le porter dans l’amour de Dieu, et le brûler dans cet amour. Ainsi, s’approcher de la Croix, entrer en communion avec le Christ, c’est entrer dans cette transformation. Mais on peut se demander : où Etienne a-t-il puisé la force d’affronter ses persécuteurs et d’aller jusqu’au bout du don de lui-même ? Dans sa relation à Dieu, dans sa méditation de l’histoire du Salut. Comme lui, notre prière doit se nourrir de la Parole de Dieu.
Salutation de Benoît XVI en français :
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les groupes diocésains accompagnés de leur évêque ainsi que les prêtres et les séminaristes, les fidèles de différentes paroisses et les jeunes. Je vous invite à prier chaque jour afin que Jésus soit le Maître de votre existence. En lui et par lui, nous pouvons nous adresser en toute confiance à Dieu, notre Père ! Avec ma bénédiction !
Traduction de ZENIT