Archive pour le 14 avril, 2012
Le dimanche in albis – Les temps liturgiques
14 avril, 2012http://www.salve-regina.com/salve/Le_dimanche_in_albis
Le dimanche in albis
Les temps liturgiques
Quand nous entendons ce mot: dimanche blanc, nous nous représentons quelque chose de clair et de blanc. Nous pensons aux premiers communiants, vêtus de blancs. Mais d’om vient ce nom de dimanche in albis ?
Comme on le sait, les catéchumènes, après leur baptême recevaient un vêtement blanc et un cierge allumé. Ils sortaient ensuite de la chapelle baptismale et entraient dans l’église pour assister, la première fois, à la messe. L’habit blanc était le symbole de l’innocence et de la grâce baptismales.
La messe : Quasimodo
On désigne souvent ce dimanche par ces premiers mots de l’Introït.
L’Eglise unit aujourd’hui la force et la douceur. On entend dans les chants l’accent dominateur de la foi qui caractérisait l’ère du martyre et, en même temps, le tendre amour de l’Eglise pour ses enfants nouveaux nés. On trouve ici l’expression de la grande pensée liturgique: du baptême à l’Eucharistie. Ce sera le moyen permanent qu’emploiera l’Eglise pour éduquer les baptisés. L’oraison nous enseigne que Pâques est passée mais que nous devons en « conserver l’esprit dans notre conscience ». Il y a là tout un programme. Nous devons mener une vie de résurrection spirituelle. L’Epître nous parle de la foi qui triomphe du monde. Les baptisés sont nés de Dieu; la foi au Christ a vaincu le monde. Cette foi est attestée par le Dieu un en trois personnes: par le Père au baptême dans le Jourdain, par le Fils mourant sur la croix; par le Saint Esprit dans son Eglise. La liturgie donne cependant une autre interprétation de ces paroles. Elle y voit l’indication des trois sacrements de la nuit pascale: le baptême (l’eau), l’Eucharistie (le sang) et la confirmation (l’Esprit). Dans cette phrase: « Le Christ n’est pas venu avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang », l’Eglise veut exprimer sont thème de prédilection: ce n’est pas le baptême qui fait le Chrétien complet, mais le baptême et l’Eucharistie.
Dans l’Evangile avec l’apparition à Saint Thomas l’Eglise aborde avec cette apparition qui est à la fois la plus intime et la plus dramatique le thème de la foi qui ne voit pas, qui n’aperçoit pas et qui croit cependant. La liturgie voit de plus une légère allusion à l’Eucharistie : S’il vous est difficile de croire, mettez sans cesse vos doigts dans la plaie de Jésus Christ, c’est à dire recevez l’Eucharistie; alors vous verrez avec le christ et direz avec saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu.
Dans le mystère sacré de la liturgie, nous sommes aujourd’hui saint Thomas, c’est ce que nous enseigne l’antienne de la communion. Si nous recevons la sainte Hostie, le Christ nous dit : » Avance la main et reconnais la place des clous… » L’allégresse pascale éclate dans la secrète : nous offrons à Dieu les dons de l’Eglise joyeuse et nous demandons la joie éternelle.
Pape Benoît: Saint Thomas
14 avril, 2012BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 27 septembre 2006
Thomas
Chers frères et soeurs,
Poursuivant nos rencontres avec les douze Apôtres choisis directement par Jésus, nous consacrons aujourd’hui notre attention à Thomas. Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Ac 1, 13). Son nom dérive d’une racine juive, ta’am, qui signifie « apparié, jumeau ». En effet, l’Evangile de Jean l’appelle plusieurs fois par le surnom de « Didyme » (cf. Jn 11, 16; 20, 24; 21, 2), qui, en grec, signifie précisément « jumeau ». La raison de cette dénomination n’est pas laire.
Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité. La première concerne l’exhortation qu’il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus, à un moment critique de sa vie, décida de se rendre à Béthanie pour ressusciter Lazare, s’approchant ainsi dangereusement de Jérusalem (cf. Mc 10, 32). A cette occasion, Thomas dit à ses condisciples: « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui! » (Jn 11, 16). Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement: elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu’à identifier son propre destin avec le sien et à vouloir partager avec Lui l’épreuve suprême de la mort. En effet, le plus important est de ne jamais se détacher de Jésus. D’ailleurs, lorsque les Evangiles utilisent le verbe « suivre » c’est pour signifier que là où Il se dirige, son disciple doit également se rendre. De cette manière, la vie chrétienne est définie comme une vie avec Jésus Christ, une vie à passer avec Lui. Saint Paul écrit quelque chose de semblable, lorsqu’il rassure les chrétiens de Corinthe de la façon suivante: « Vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort » (2 Co 7, 3). Ce qui a lieu entre l’Apôtre et ses chrétiens doit, bien sûr, valoir tout d’abord pour la relation entre les chrétiens et Jésus lui-même: mourir ensemble, vivre ensemble, être dans son coeur comme Il est dans le nôtre.
Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la Dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant son départ imminent, annonce qu’il va préparer une place à ses disciples pour qu’ils aillent eux aussi là où il se trouve; et il leur précise: « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14, 4). C’est alors que Thomas intervient en disant: « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin? » (Jn 14, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas; mais ses paroles fournissent à Jésus l’occasion de prononcer la célèbre définition: « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). C’est donc tout d’abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. Chaque fois que nous entendons ou que nous lisons ces mots, nous pouvons nous placer en pensée aux côtés de Thomas et imaginer que le Seigneur nous parle à nous aussi, comme Il lui parla. Dans le même temps, sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne le comprenons pas. Ayons le courage de dire: je ne te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre. De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l’attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de celui qui est en mesure de les donner.
Très célèbre et même proverbiale est ensuite la scène de Thomas incrédule, qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, il n’avait pas cru à l’apparition de Jésus en son absence et il avait dit: « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté; non, je ne croirai pas! » (Jn 20, 25). Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par son visage que par ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’Apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après, Jésus réapparaît parmi ses disciples, et cette fois, Thomas est présent. Jésus l’interpelle: « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20, 27). Thomas réagit avec la plus splendide profession de foi de tout le Nouveau Testament: « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn 20, 28). A ce propos, saint Augustin commente: Thomas « voyait et touchait l’homme, mais il confessait sa foi en Dieu, qu’il ne voyait ni ne touchait. Mais ce qu’il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu’alors, il avait douté » (In Iohann. 121, 5). L’évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas: « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette phrase peut également être mise au présent: « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Quoi qu’il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d’observer qu’un autre Thomas, le grand théologien médiéval d’Aquin, rapproche de cette formule de béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc: « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10, 23). Mais saint Thomas d’Aquin commente: « Celui qui croit sans voir mérite bien davantage que ceux qui croient en voyant » (In Johann. XX lectio VI 2566). En effet, la Lettre aux Hébreux, rappelant toute la série des anciens Patriarches bibliques, qui crurent en Dieu sans voir l’accomplissement de ses promesses, définit la foi comme « le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (11, 1). Le cas de l’Apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons: la première, parce qu’il nous réconforte dans nos incertitudes; la deuxième, parce qu’il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude; et, enfin, parce que les paroles qu’il adresse à Jésus nous rappellent le sens véritable de la foi mûre et nous encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d’adhésion à sa personne.
Une dernière annotation sur Thomas est conservée dans le Quatrième Evangile, qui le présente comme le témoin du Ressuscité lors du moment qui suit la pêche miraculeuse sur le Lac de Tibériade (cf. Jn 21, 2). En cette occasion, il est même mentionné immédiatement après Simon-Pierre: signe évident de la grande importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. En effet, c’est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l’Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l’étude des origines chrétiennes. Rappelons enfin que, selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d’abord la Syrie et la Perse (c’est ce que réfère déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. 3, 1), se rendit ensuite jusqu’en Inde occidentale (cf. Actes de Thomas 1-2 et 17sqq), d’où il atteignit également l’Inde méridionale. Nous terminons notre réflexion dans cette perspective missionnaire, en formant le voeu que l’exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre foi en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu.
Homélie du 2e dimanche de Pâques B
14 avril, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 2e dimanche de Pâques B
Ac 4, 32-35 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31
(Prononcée en 1997 en la cathédrale des SS. Michel et Gudule (Bruxelles), les événements cités sont de cette époque)
Thème : La foi n’est pas une évidence. Elle se nourrit de l’écoute de la Parole et des « actions parlantes »
Il était une fois, au seuil du 21e siècle, quelques dizaines de jeunes gens et jeunes filles qui voulaient bâtir leur existence sur le roc des Ecritures. Leur communauté fut baptisée « Source Supérieure ». Vivant comme des moines et des moniales, ils s’appelaient entre eux frères et sœurs et mettaient tout en commun. Ils s’étaient exilés du monde du péché, pour aspirer davantage à une autre vie, purifiée, joyeuse et définitive. A l’abri d’un refuge discret mais luxueux, ils vivaient dans l’impatience du grand jour. Celui du retour à la Source. Le grand passage, la pâque ultime. C’est au cours de leur « semaine sainte » 1997 qu’ils ont choisi de se débarrasser joyeusement et ensemble de leur enveloppe terrestre. Un suicide collectif pour rejoindre le paradis de leurs fantasmes.
C’est sur fond de cette actualité d’une liturgie morbide, née d’une dérive « religieuse » que nous avons vécu en Eglise le Saint jour de Pâques. La fête des fêtes. La fête de la foi. Dans l’allégresse, les prières et les chants, nous avons proclamé d’un même cœur et d’une seule voix : Je crois en Jésus le Christ, ressuscité des morts. Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. Avant cela, le Verbe, qui est l’ »exégète de Dieu », avait ouvert nos esprits à l’intelligence des Ecritures, depuis la Genèse jusqu’au sépulcre vide, en passant par les prophètes et les psaumes, qui parlent du Christ en clair obscur.
Foi reçue. Foi proclamée. Foi célébrée. Mais l’adhésion au Christ ne peut se contenter des expressions doctrinales, liturgiques et rituelles. Il lui reste encore à descendre au plus profond de notre conscience et à se concrétiser dans le pas à pas quotidien pour y devenir foi vécue. C’est-à-dire rayonner en amour sans frontière, en impérieuse réconciliation et en victoire de la paix. Croire et aimer, c’est tout un. Même si nous sommes des témoins fragiles, souvent hésitants ou peureux, troublés et fragilisés par le doute. C’était il y a huit jours.
Aujourd’hui, comme tous les premiers jours de la semaine, nous faisons corps dans la foi. Nous faisons Eglise. Lourds de nos inquiétudes, de nos faiblesses, du poids de nos souffrances, peut-être aussi de nos angoisses. Comme Thomas et ses compagnons, un certain premier jour de la semaine.
Ce matin, les portes de la cathédrale ne sont pas fermées, mais celles de nos cœurs sont peut-être encore verrouillées. Il n’empêche ! Jésus est là au milieu de nous puisque nous sommes rassemblés en son nom. Il est là aussi « présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures » (Constitution sur la liturgie, 7a).
Encore faut-il y croire. Et y croire vraiment. Mais croire n’est pas facile. Pour personne. Voyez les réactions de Thomas, lui qui était placé aux premières loges. Lisez le récit de Luc, là, ce sont tous les disciples sans exception qui sont « frappés de stupeur et de crainte ». Et lorsqu’ils auront pris conscience de l’authenticité de leur expérience spirituelle, et malgré leur joie, « ils n’osaient pas encore y croire et restaient saisis d’étonnement ».
Même après la résurrection, la foi des apôtres est restée difficile et elle était tout autre chose qu’une assurance donnée par une vision sensible de Jésus ressuscité. Or, nous sommes appelés à croire sans preuves. Si ce n’est la preuve des témoignages et des signes.
La foi chrétienne n’est pas une évidence. Elle est affaire d’amour, et donc de confiance et de liberté. Elle n’est pas non plus soumission aveugle à des formules pétrifiées dans la lettre des dogmes. Pas plus qu’elle ne se prouve par tous les faits, évoqués par les Evangiles. Comme s’ils étaient le résultat d’une enquête historique et scientifique ou le résumé d’évènements scrupuleusement filmés par des professionnels de la pellicule et du reportage. Les évangiles sont le témoignage d’une communauté chrétienne qui vit, dans la foi, l’expérience du Christ ressuscité.
Bien des croyants qui ont suivi les cinq émissions « Corpus Christi » programmées sur ARTE durant la Semaine Sainte, auront peut-être vécu « un douloureux décapage de leur foi ». C’est une purification bénéfique. Car la foi est toujours une libre décision prise par quelqu’un qui a été séduit par la personne de Jésus, sa Parole, son message et sa vie. La foi est un attachement vivant au Christ, dont la Parole est nourriture. Elle suppose un contact intime, admiratif et radicalement confiant avec Jésus, le Christ, le Vivant. Et vivant, parce que ressuscité, c’est-à-dire qu’il a « accès à la vie définitive ». « En Dieu, il continue d’exister » (1).
Pour les apôtres d’hier, Pierre en tête, comme pour ceux d’aujourd’hui, toute vie chrétienne est « faite de foi et d’incertitudes, de chutes et de re-départs ». Nous avons tous des étapes de questions et de doutes, voire même d’anxiété, confesse le cardinal Martini. Il n’y a qu’une solution, ajoute-t-il, tant pour les savants que pour les simples : donner foi aux paroles du Christ, comme paroles provenant de Dieu.
Pour devenir croyants et nourrir notre foi, nous avons davantage besoin des oreilles pour écouter que des yeux pour voir. Et cependant, la Parole n’est rien tant qu’elle n’est pas traduite en capacité d’aimer, tant qu’elle n’a pas pris corps. Et elle prend corps dans des comportements et des actions qui deviennent autant de signes de la résurrection. Des « actions parlantes ». On en découvre des traces chaque fois que des hommes et des femmes, à la suite du Christ, deviennent à leur tour des « créatures nouvelles » qui osent s’engager à « renouveler la face de la terre » ou du moins la petite parcelle de leur territoire. Nous sommes conviés, écrivait récemment l’évêque de Tournai, « à découvrir et à ouvrir des chemins de résurrection, à repérer (aussi) les premiers signes de la victoire pascale, comme le don de soi et l’amour désintéressé, le pardon des offenses, la volonté de réconciliation ».
C’est d’ailleurs ainsi que « les apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus », nous disent les Actes. Partage de la Parole et du Pain eucharistique. Partage des services et partage des biens, « pour que personne ne soit dans la misère ». C’est alors que les yeux s’ouvrent et que, sans voir Jésus, on reconnaît qu’il est vivant. Ce n’est pas pour rien que la liturgie fait précéder aujourd’hui l’Evangile d’un flash sur la vie des premières communautés chrétiennes. Un récit certes idéalisé, mais qui indique le chemin à poursuivre et le signe à donner.
« La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi, avaient un seul cœur et une seule âme ». Autrement dit, des hommes et des femmes ordinaires, « quelle que soit leur origine ethnique, religieuse ou sociale, leur culture ou leur fortune », se comportaient en frères et sœurs pour le meilleur et pour le pire. Ils vivaient « en ressuscités ». Avec évidemment des conséquences directes sur la façon de comprendre et d’exercer l’autorité et le pouvoir, par exemple. Une véritable conversion également dans tout ce qui touche à l’usage des biens matériels, à la possession gourmande, à l’idolâtrie de la propriété et des droits acquis.
Il en va de même aujourd’hui. Le Christ ressuscité et sa Bonne Nouvelle seront reconnus à des signes qui ne trompent pas : ceux de chrétiens et de communautés chrétiennes qui « vivent en ressuscités », ici, aujourd’hui, d’une manière crédible et convaincante, par une solidarité effective, une manière de partager et de mettre en commun adaptée aux situations, aux problèmes et aux aspirations d’aujourd’hui. C’est ainsi que la foi se nourrit et se prouve par l’écoute de la Parole et le témoignage des actions « parlantes » de l’agir quotidien.
« Donne-nous envie de croire ! » Tel est le cri qui résume les 1.200 lettres adressées aux évêques de France par des jeunes de 15 à 30 ans. Ils nous disent que, pour eux, la foi est « avant tout une expérience authentique qui ouvre des horizons insoupçonnés. Elle conduit à une transformation intérieure qui change le regard sur les autres, sur le monde… C’est le bonheur à portée de main, dans la trame des relations quotidiennes ».
N’est-ce pas le signe et l’espérance de la naissance d’une société et d’un monde nouveaux ?
« Seigneur, donne-nous envie de croire ! ».
P. Fabien Deleclos, franciscain (T) – 1925 – 2008