Archive pour le 3 avril, 2012

Mat-26,26_The last supper_La Cene » 2nd_15th_Siecle

3 avril, 2012

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Sainte Catherine de Sienne: « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »

3 avril, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120405

Le jeudi saint : Messe du soir du jeudi saint en mémoire de la Cène du Seigneur

Commentaire du jour
Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, copatronne de l’Europe
Lettre 52 (trad. Seuil 1953, p. 750 rev.)
« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »

      « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de mourir » (Lc 22,15). Me souvenant de ces paroles de notre Sauveur, si vous me demandiez quelle est la Pâque que moi je désire faire avec vous à mon tour, je vous répondrais : il n’est pas d’autre Pâque que celle de l’Agneau immolé, celle même qu’il a faite de lui-même quand il s’est donné à ses doux disciples. Ô doux agneau pascal, préparé par le feu de l’amour de Dieu sur la très sainte croix ! Nourriture divine, source de joie, d’allégresse et de consolation ! Rien ne manque, puisque pour tes serviteurs tu t’es fait toi-même table, nourriture et serviteur… Le Verbe, le Fils unique de Dieu, s’est donné à nous avec un si grand feu d’amour.
      Qui nous présente cette Pâque aujourd’hui ? L’Esprit Saint serviteur. A cause de l’amour sans mesure qu’il a pour nous, il ne s’est pas contenté de nous faire servir par d’autres, c’est lui-même qui veut être notre serviteur. C’est à cette table que mon âme désire être…pour manger la Pâque avant de mourir…
      Sachez qu’à cette table, il est bon que nous nous présentions à la fois dépouillés et vêtus : dépouillés nous aussi de tout amour propre, de tout attrait pour ce monde, de toute négligence et de toute tristesse… — car une mauvaise tristesse dessèche l’âme — et nous devons nous revêtir de cette charité ardente du Christ… Lorsque l’âme contemple son créateur et cette bonté infinie qu’elle trouve en lui, elle ne peut pas ne pas l’aimer… Aussitôt, elle aime ce que Dieu aime et déteste ce qui lui déplaît, parce que par amour il s’est dépouillé de lui-même… A cause de sa faim de notre salut et de l’honneur de son Père, le Christ s’est humilié et s’est donné lui-même à une mort ignominieuse sur la croix, fou d’amour, ivre et amoureux de nous. Voilà la Pâque que je désire célébrer à mon tour.

MESSE CHRISMALE EN LA BASILIQUE VATICANE – HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

3 avril, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/2003/documents/hf_jp-ii_hom_20030417_chrism-mass_fr.html

MESSE CHRISMALE EN LA BASILIQUE VATICANE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

Jeudi Saint, 17 avril 2003

1. « Par l’onction de l’Esprit Saint tu as constitué le Christ, ton Fils, Pontife de l’alliance nouvelle et éternelle ».

Ces paroles, que nous écouterons d’ici peu dans la Préface, constituent une catéchèse appropriée sur le Sacerdoce du Christ. C’est Lui le Suprême Pontife des biens à venir, qui a voulu perpétuer son sacerdoce dans l’Eglise à travers le service des ministres ordonnés, auxquels il a confié la tâche de prêcher l’Evangile et de célébrer les sacrements du salut.
Cette célébration suggestive qui, le matin du Jeudi Saint, voit les prêtres et leur évêque rassemblés autour de l’autel, constitue dans un certain sens une « introduction » au saint Triduum pascal. Au cours de cette célébration, sont bénis les Huiles et le Chrême, qui serviront à l’onction des catéchumènes, au réconfort des malades et à l’administration de la Confirmation et de l’Ordre sacré.
Les Huiles et le Chrême, intimement liés au Mystère pascal, contribuent de façon efficace au renouvellement de la vie de l’Eglise à travers les Sacrements. L’Esprit Saint, à travers ces signes sacramentels, ne cesse de sanctifier le peuple chrétien.
2. « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture » (Lc 4, 21). La page évangélique qui vient d’être proclamée dans notre assemblée nous ramène à la synagogue de Nazareth, où Jésus, ayant déroulé le livre d’Isaïe, commence à lire:  « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18). Il applique à sa propre personne l’oracle du Prophète, en concluant:  « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture » (v. 21).
Chaque fois que l’assemblée liturgique se rassemble pour célébrer l’Eucharistie, cet « aujourd’hui » devient actuel. Le mystère de l’unique Christ et Prêtre suprême de la nouvelle et éternelle Alliance devient présent et se concrétise.
Sous cette lumière, nous comprenons mieux quelle valeur possède notre ministère sacerdotal. L’Apôtre nous invite à raviver sans cesse le don de Dieu reçu par l’imposition des mains (cf. 2 Tm 1, 6), soutenus par la certitude réconfortante  que Celui qui a commencé cette oeuvre en nous la mènera à bien jusqu’au Jour du Christ Jésus (cf. Ph 1, 6).
Messieurs les Cardinaux, vénérés frères dans l’épiscopat, très chers prêtres, je vous salue avec affection. Aujourd’hui, au cours de la Messe chrismale, nous faisons mémoire de cette grande vérité qui nous concerne directement. Le Christ nous a appelés, à un titre particulier, à participer à son sacerdoce. Chaque vocation au ministère sacerdotal est un don extraordinaire de l’amour de Dieu et, dans le même temps, un mystère profond, qui concerne les insondables desseins divins et les abîmes de la conscience humaine.
3. « Je chanterai toujours l’amour du Seigneur » (Psaume responsorial). L’âme remplie de gratitude, nous renouvellerons dans quelques instants les promesses sacerdotales. Ce rite nous ramène par l’esprit et le coeur au jour inoubliable où nous avons pris l’engagement de nous unir intimement au Christ, modèle de notre sacerdoce, et d’être de fidèles dispensateurs des mystères de Dieu, en nous laissant conduire non par des intérêts humains, mais uniquement par l’amour pour Dieu et pour le prochain.
Chers frères dans le sacerdoce, sommes-nous restés fidèles à ces promesses? Que ne s’éteigne pas en nous l’enthousiasme spirituel de l’Ordination sacerdotale. Et vous, très chers fidèles, priez pour les prêtres afin qu’ils soient d’attentifs dispensateurs des dons de la grâce divine, en particulier de la miséricorde de Dieu dans le sacrement de la Confession et du Pain de vie dans l’Eucharistie, mémorial vivant de la mort et de la résurrection du Christ.
4. « De génération en génération j’annoncerai sa vérité » (Antienne de la communion). Chaque fois que l’on célèbre le Sacrifice eucharistique dans l’assemblée liturgique, se renouvelle la « vérité » de la mort et de la résurrection du Christ. C’est ce que nous ferons avec une émotion particulière ce soir, en revivant la Dernière Cène du Seigneur. Pour souligner l’actualité du grand mémorial de la rédemption, au cours de la Messe in Cena Domini, je signerai l’Encyclique intitulée:  Ecclesia de Eucharistia, que j’ai voulu vous adresser de manière particulière, chers prêtres, au lieu de la traditionnelle Lettre du Jeudi Saint. Accueillez-la comme un don particulier à l’occasion du 25 anniversaire de mon ministère pétrinien et faites-la connaître aux âmes confiées à vos soins pastoraux.
Que la Vierge Marie, femme « eucharistique », qui a porté dans son sein le Verbe incarné et qui a fait d’elle-même une offrande permanente au Seigneur, nous  conduise  tous  vers  une  compréhension toujours plus profonde de l’immense don et mystère que représente le Sacerdoce. Qu’Elle nous rende dignes de son Fils Jésus, Prêtre suprême et éternel. Amen!

MESSE IN CENA DOMINI – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (2009)

3 avril, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20090409_coena-domini_fr.html

MESSE IN CENA DOMINI

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (2009)

Basilique Saint-Jean-de-Latran

Jeudi Saint, 9 avril 2009

Chers frères et sœurs,

Qui, pridie quam pro nostra omniumque salute pateretur, hoc est hodie, accepit panem : ainsi dirons-nous aujourd’hui dans le Canon de la Messe. « Hoc est hodie » – la Liturgie du Jeudi Saint insère dans le texte de la prière la parole « aujourd’hui », soulignant ainsi la dignité particulière de cette journée. C’est aujourd’hui qu’Il l’a fait : pour toujours, il s’est donné lui-même à nous dans le Sacrement de son Corps et de son Sang. Cet « aujourd’hui » est avant toute chose le mémorial de la Pâques d’alors. Mais il est davantage encore. Avec le Canon, nous entrons dans cet « aujourd’hui ». Notre aujourd’hui rejoint son aujourd’hui. Il fait cela maintenant. Par la parole « aujourd’hui », la Liturgie de l’Église veut nous amener à porter une grande attention intérieure au mystère de ce jour, aux mots dans lesquels il est exprimé. Cherchons donc à écouter de façon neuve le récit de l’institution comme l’Église l’a formulé sur la base de l’Écriture, tout en contemplant le Seigneur.
En premier lieu, il est frappant que le récit de l’institution ne soit pas une phrase autonome, mais qu’il débute par un pronom relatif : qui pridie. Ce « qui » rattache le récit entier aux paroles précédentes de la prière, « … qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur ». De cette façon, le récit est lié à la prière précédente, à l’ensemble du Canon, et il devient lui-même une prière. Ce n’est pas simplement un récit qui est ici inséré, et il ne s’agit pas davantage de paroles d’autorité indépendantes, qui viendraient interrompre la prière. C’est une prière. C’est seulement dans la prière que s’accomplit l’acte sacerdotal de la consécration qui devient transformation, transsubstantiation de nos dons du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. En priant, en cet instant capital, l’Église est en accord total avec l’événement du Cénacle, puisque l’agir de Jésus est décrit par ces mots : « gratias agens benedixit – il rendit grâce par la prière de bénédiction ». Par cette expression, la Liturgie romaine a énoncé en deux mots ce qui dans l’hébreu berakha n’est qu’un seul mot et qui dans le grec apparaît en revanche à travers les deux termes eucharistie et eulogie. Le Seigneur rend grâce. En rendant grâce, nous reconnaissons que telle chose est un don que nous recevons d’un autre. Le Seigneur rend grâce et par là il rend à Dieu le pain, « fruit de la terre et du travail des hommes », pour le recevoir à nouveau de Lui. Rendre grâce devient bénir. Ce qui a été remis entre les mains de Dieu, nous est retourné par Lui béni et transformé. La Liturgie romaine a raison, donc, en interprétant notre prière en ce moment sacré par les paroles : « offrons », « supplions », « prions d’accepter », « de bénir ces offrandes ». Tout cela est contenu dans le terme « eucharistie ».
Il y a une autre particularité dans le récit de l’institution rapporté dans le Canon romain, que nous voulons méditer en ce moment. L’Église priante regarde les mains et les yeux du Seigneur. Elle veut comme l’observer, elle veut percevoir le geste de sa prière et de son agir en cette heure singulière, rencontrer la figure de Jésus, pour ainsi dire, même à travers ses sens. “Il prit le pain dans ses mains très saintes…”. Regardons ces mains avec lesquelles il a guéri les hommes; les mains avec lesquelles il a béni les enfants; les mains, qu’il a imposées aux hommes; les mains qui ont été clouées à la Croix et qui pour toujours porteront les stigmates comme signes de son amour prêt à mourir. Maintenant nous sommes chargés de faire ce qu’Il a fait: prendre entre les mains le pain pour que, par la prière eucharistique, il soit transformé. Dans l’Ordination sacerdotale, nos mains ont reçu l’onction, afin qu’elles deviennent des mains de bénédiction. En cette heure, prions le Seigneur pour que nos mains servent toujours plus à porter le salut, à porter la bénédiction, à rendre présente sa bonté!
De l’introduction à la prière sacerdotale de Jésus (cf. Jn 17, 1), le Canon prend ensuite les paroles suivantes: “Les yeux levés au ciel, vers toi, Dieu, son Père tout-puissant…” Le Seigneur nous enseigne à lever les yeux et surtout le cœur. À élever le regard, le détachant des choses du monde, à nous orienter vers Dieu dans la prière et ainsi à nous relever. Dans une hymne de la prière des heures nous demandons au Seigneur de garder nos yeux, afin qu’ils n’accueillent pas et ne laissent pas entrer en nous les “vanitates” – les vanités, les futilités, ce qui est seulement apparence. Nous prions pour qu’à travers nos yeux n’entre pas en nous le mal, falsifiant et salissant ainsi notre être. Mais nous voulons surtout prier pour avoir des yeux qui voient tout ce qui est vrai, lumineux et bon; afin que nous devenions capables de voir la présence de Dieu dans le monde. Nous prions afin que nous regardions le monde avec des yeux d’amour, avec les yeux de Jésus, reconnaissant ainsi les frères et les sœurs, qui ont besoin de nous, qui attendent notre parole et notre action.
En bénissant, le Seigneur rompit ensuite le pain et le distribua à ses disciples. Rompre le pain est le geste du père de famille qui se préoccupe des siens et leur donne ce dont ils ont besoin pour la vie. Mais c’est aussi le geste de l’hospitalité par lequel l’étranger, l’hôte est accueilli dans la famille et il lui est consenti de prendre part à sa vie. Partager – partager avec, c’est unir. Par le fait de partager une communion se crée. Dans le pain rompu, le Seigneur se distribue lui-même. Le geste de rompre fait aussi mystérieusement allusion à sa mort, à son amour jusqu’à la mort. Il se distribue lui-même, le vrai “pain pour la vie du monde” (cf. Jn 6, 51). La nourriture dont l’homme a besoin au plus profond de lui-même est la communion avec Dieu lui-même. Rendant grâce et bénissant, Jésus transforme le pain, il ne donne plus du pain terrestre, mais la communion avec lui-même. Cette transformation, cependant, veut être le commencement de la transformation du monde. Afin qu’il devienne un monde de résurrection, un monde de Dieu. Oui, il s’agit d’une transformation. De l’homme nouveau et du monde nouveau qui prennent leur commencement dans le pain consacré, transformé, transsubstantié.
Nous avons dit que le fait de rompre le pain est un geste de communion, d’union par le fait de partager. Ainsi, dans le geste même est déjà indiquée la nature profonde de l’Eucharistie: elle est agape, elle est amour rendu corporel. Dans le mot “agape” les significations d’Eucharistie et d’amour s’interpénètrent. Dans le geste de Jésus qui rompt le pain, l’amour auquel nous participons a atteint sa radicalité extrême: Jésus se laisse rompre comme pain vivant. Dans le pain distribué nous reconnaissons le mystère du grain de blé, qui meurt et qui ainsi porte du fruit. Nous reconnaissons la nouvelle multiplication des pains, qui vient de la mort du grain de blé et qui continuera jusqu’à la fin du monde. En même temps nous voyons que l’Eucharistie ne peut jamais être seulement une action liturgique. Elle est complète seulement si l’agape liturgique devient amour dans le quotidien. Dans le culte chrétien les deux choses deviennent une – le fait d’être comblés par le Seigneur dans l’acte cultuel et le culte de l’amour à l’égard du prochain. Demandons en ce moment au Seigneur la grâce d’apprendre à vivre toujours mieux le mystère de l’Eucharistie si bien que de cette façon la transformation du monde trouve son commencement.
Après le pain, Jésus prend la coupe remplie de vin. Le Canon romain qualifie la coupe que le Seigneur donne à ses disciples, de “praeclarus calix” (de coupe glorieuse), faisant allusion ainsi au Psaume 22 [23], ce Psaume qui parle de Dieu comme du Pasteur puissant et bon. On y lit: “Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis… ma coupe est débordante” – calix praeclarus. Le Canon romain interprète ces paroles du Psaume comme une prophétie qui se réalise dans l’Eucharistie: Oui, le Seigneur nous prépare la table au milieu des menaces de ce monde, et il nous donne la coupe glorieuse – la coupe de la grande joie, de la vraie fête, à laquelle tous nous aspirons ardemment – la coupe remplie du vin de son amour. La coupe signifie les noces : maintenant est arrivée l’ « heure », à laquelle les noces de Cana avaient fait allusion de façon mystérieuse. Oui, l’Eucharistie est plus qu’un banquet, c’est un festin de noces. Et ces noces se fondent dans l’auto-donation de Dieu jusqu’à la mort. Dans les paroles de la dernière Cène de Jésus et dans le Canon de l’Église, le mystère solennel des noces se cache sous l’expression « novum Testamentum ». Cette coupe est le nouveau Testament – « la nouvelle Alliance en mon sang », tel que Paul rapporte les paroles de Jésus sur la coupe dans la deuxième lecture d’aujourd’hui (1 Co 11, 25). Le Canon romain ajoute : « de l’alliance nouvelle et éternelle » pour exprimer l’indissolubilité du lien nuptial de Dieu avec l’humanité. Le motif pour lequel les anciennes traductions de la Bible ne parlent pas d’Alliance mais de Testament, se trouve dans le fait que ce ne sont pas deux contractants à égalité qui ici se rencontrent, mais entre en jeu l’infinie distance entre Dieu et l’homme. Ce que nous appelons nouvelle et ancienne Alliance n’est pas un acte d’entente entre deux parties égales, mais le simple don de Dieu qui nous laisse en héritage son amour – lui-même. Il est certain, par ce don de son amour, abolissant toute distance, qu’il nous rend finalement vraiment « partenaire » et le mystère nuptial de l’amour se réalise.
Pour pouvoir comprendre ce qui arrive là en profondeur, nous devons écouter encore plus attentivement les paroles de la Bible et leur signification originaire. Les savants nous disent que, dans les temps lointains dont nous parlent les histoires des Pères d’Israël, « ratifier une alliance » signifie « entrer avec d’autres dans un lien fondé sur le sang, ou plutôt accueillir l’autre dans sa propre fédération et entrer ainsi dans une communion de droits l’un avec l’autre. De cette façon se crée une consanguinité réelle bien que non matérielle. Les partenaires deviennent en quelque sorte « frères de la même chair et des mêmes os ». L’alliance réalise un ensemble qui signifie paix (cf. ThWNT II, 105-137). Pouvons-nous maintenant nous faire au moins une idée de ce qui arrive à l’heure de la dernière Cène et qui, depuis lors, se renouvelle chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie ? Dieu, le Dieu vivant établit avec nous une communion de paix, ou mieux, il crée une « consanguinité » entre lui et nous. Par l’incarnation de Jésus, par son sang versé, nous avons été introduits dans une consanguinité bien réelle avec Jésus et donc avec Dieu lui-même. Le sang de Jésus est son amour, dans lequel la vie divine et la vie humaine sont devenues une seule chose. Prions le Seigneur afin que nous comprenions toujours plus la grandeur de ce mystère ! Afin qu’il développe sa force transformante dans notre vie intime, de façon que nous devenions vraiment consanguins de Jésus, pénétrés de sa paix et également en communion les uns avec les autres.
Maintenant, cependant, une autre question se pose encore. Au Cénacle, le Christ a donné aux disciples son Corps et son Sang, c’est-à-dire lui-même dans la totalité de sa personne. Mais a-t-il pu le faire ? Il est encore physiquement présent au milieu d’eux, il se trouve devant eux ! La réponse est : en cette heure Jésus réalise ce qu’il avait annoncé précédemment dans le discours sur le Bon Pasteur : « Personne ne m’enlève ma vie : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre… » (Jn 10, 18). Personne ne peut lui enlever la vie : il la donne par sa libre décision. En cette heure il anticipe la crucifixion et la résurrection. Ce qui se réalisera là, pour ainsi dire, physiquement en lui, il l’accomplit déjà par avance dans la liberté de son amour. Il donne sa vie et la reprend dans la résurrection pour pouvoir la partager pour toujours.
Seigneur, aujourd’hui tu nous donnes ta vie, tu te donne toi-même à nous. Pénètre-nous de ton amour. Fais-nous vivre dans ton « aujourd’hui ». Fais de nous des instruments de ta paix ! Amen.