L’Évangile de la Résurrection. Méditations spirituelles

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L’Évangile de la Résurrection. Méditations spirituelles

P. Philippe Rouillard, o.s.b.

Esprit & Vie n°210 – avril 2009, p. 52-53.

Heureux ceux qui, pendant le carême 2008, ont écouté ces six conférences ou méditations données par le P. Moingt en l’église Saint-Ignace à Paris. Faut-il rappeler que le P. Moingt est jésuite, qu’il a enseigné la théologie à Lyon et à Paris et a publié de nombreux ouvrages, et notamment L’Homme qui venait de Dieu, ou Dieu qui vient à l’homme  ? Mais ce savant professeur est aussi un spirituel, et tout simplement un sage.
C’est de la sagesse que de parler de la Résurrection pendant le carême, sans attendre Pâques, ou plutôt en passant ces six semaines dans l’attente et la préparation de la célébration pascale, qui est au cœur de notre année liturgique tout comme le mystère de la Résurrection est au cœur du christianisme.
C’est de la sagesse que de procéder avec méthode. On commence par interroger saint Paul et les auteurs des Évangiles, qui affirment, chacun à sa manière, que Jésus est ressuscité. Puis on essaie de comprendre comment la mort et la résurrection de Jésus nous ont libérés de la mort, comment la Résurrection a fait surgir une création nouvelle, comment la venue de l’Esprit du Ressuscité nous révèle peu à peu la Trinité de Dieu. Enfin, on découvre avec bonheur que ces sacrements du carême que sont l’eucharistie et la réconciliation nous donnent la possibilité d’entrer dans ce mystère de renouveau et nous pressent de l’annoncer aujourd’hui là où nous vivons.
La lecture et le commentaire des récits évangéliques et du début des Actes des Apôtres nous ouvrent les yeux, nous font voir ce que peut-être nous n’avions jamais vu. Dès le moment de sa mort, le Christ n’habite plus notre temps, mais un temps éminemment symbolique : il est ressuscité « le troisième jour », même si trente-six heures à peine se sont écoulées entre sa mort et sa Résurrection, dont personne n’est témoin. Il est monté vers son Père le jour même de Pâques (Jn 20, 17), mais il se montre à ses disciples et les entretient du Royaume de Dieu pendant quarante jours (Ac 1, 3), durée symbolique à laquelle la Bible recourt à maintes reprises. Quarante jours de présence, et quarante jours de carême, c’est « le temps du doute, de l’incertitude, de la tentation, de la recherche tâtonnante, mais aussi de la purification de l’esprit, de la confiance retrouvée, de la lente montée vers la lumière » (p. 29).
Avec la résurrection de Jésus, se relevant de la terre dont l’homme a été tiré, un germe nouveau se lève. Une vigoureuse traduction de Paul (2 Co 5, 17) nous est proposée : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une créature nouvelle ; les temps anciens ont disparu, voici venus des temps nouveaux. » Il ne s’agit pas d’un second projet de Dieu qui viendrait se substituer au premier, voué à l’échec, mais de la refondation de l’histoire, qui se fait dans le Premier-né de la création devenu le Premier-né d’entre les morts (Col 1, 18). Nous sommes tous engagés dans cette nouvelle création, qui embrasse tous les temps.
Un autre aspect lumineux est ici développé, que l’on néglige trop souvent : la Résurrection est un lieu de révélation. Elle révèle d’abord Jésus lui-même tel qu’il ne pouvait pas être vu auparavant, tel qu’il l’avait laissé entrevoir avant d’appeler Lazare hors du tombeau : « Je suis la Résurrection et la Vie. » Elle révèle Dieu le Père, ce Père que personne n’a jamais vu, mais qui se manifeste dans ses actions éclatantes. Enfin, elle révèle l’Esprit, qui est à l’œuvre non seulement dans les premiers temps de l’Église, mais en toute œuvre de relèvement et de résurrection jusqu’à la fin des temps.
Le dernier chapitre réserve une surprise au lecteur : il lit que l’annonce de la Résurrection aujourd’hui se fait par le mémorial eucharistique et le ministère de la réconciliation, et il s’attend donc à être orienté vers un confessionnal. Erreur : on lui dit qu’avec les autres chrétiens ressuscités il est responsable du ministère de réconciliation dont toute la communauté a la charge : il doit donc, avec ses frères, s’efforcer de réconcilier l’Église avec le monde, veiller en particulier à ce que n’y soient pas tolérées des pratiques discriminatoires et inégalitaires, et collaborer aux mouvements qui luttent contre les multiples formes d’injustice et d’aliénation. En somme, il doit aider tout homme à entrer dans le mystère de la Résurrection et de la vie nouvelle.
Voilà un livre inépuisable, un livre de sagesse, à ne pas lire seulement en carême ou au Temps pascal, mais à garder toute l’année à portée de main.

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