Archive pour mars, 2012

« LA CHARITÉ, VIE DE L’EGLISE » (Le carême avec le P. Wresinski)

24 mars, 2012

http://www.zenit.org/article-30429?l=french

« LA CHARITÉ, VIE DE L’EGLISE »

Le carême avec le P. Wresinski

ROME, jeudi 22 mars 2012 (ZENIT.org) – « La Charité, vie de l’Eglise » : c’est le titre de la conférence de carême donnée à Saint-Louis des Français, hier, mercredi 21 mars 2012, par Monique et Jean Tonglet, représentants d’ATD Quart Monde à Rome. En voici le texte intégral.
Les textes en italique, ce sont des extraits des deux livres cités, « Les pauvres rencontre du vrai Dieu » (Le Cerf, 2005, pour la nouvelle édition) du P. Joseph Wresinski, fondateur du mouvement, et « Neuf mois place Saint Pierre » de Monique Tonglet (DDB, 2008).
***
1° Remerciements. Merci de nous avoir invités.
Heureux de faire cela en cette année du 50ème anniversaire du début di Concile Vatican II. Le titre du livre principal du père Joseph Wresinski, « Les pauvres sont l’Église » n’a pas été choisi par hasard. Son auteur voulait y voir une référence explicite à ce qu’il appelait la prophétie de Jean XXIII, lequel déclarait dans son message radiophonique à un mois de l’ouverture du Concile, le 11 septembre 1962 : « L’Église se présente telle qu’elle est et telle qu’elle veut être, l’Église de tous et particulièrement l’Église des pauvres ».
2° Dans le cadre de ce cycle de conférences, nous avons pensé que ce n’était pas le cadre approprié pour vous expliquer en détails l’histoire du Mouvement, son action, son fonctionnement, etc… Nous pourrons si vous le souhaitez y revenir dans le cadre du débat et aussi vous indiquer livres, publications, sites internet, …
Ce soir, c’est de la charité que nous voudrions parler en nous basant sur ce que nous avons appris au fil des années de ceux dont nous cherchons à faire nos maîtres : le père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement d’une part, les femmes et les hommes vivant dans la grande pauvreté d’autre part . Nous le  ferons principalement à travers la lecture d’extraits d’une méditation du père Joseph sur la charité, d’une part, et à travers la lecture de quelques portraits de femmes très pauvres dont Monique est l’auteur.
4° Deux mots sur le père Joseph Wresinski, très brièvement, car il ne s’agit pas ici d’en faire une biographie. Deux mots pour vous donner en quelque sorte une clé de lecture pour comprendre d’où parle cet homme à qui nous allons laisser la parole. La longue histoire de la charité dans l’Église est jalonnée de figures venues d’un monde inclus, parfois très aisé, et qui suite à une rencontre décisive ont fait le choix de rejoindre le monde des pauvres. François d’Assise, Vincent de Paul, Frédéric Ozanam et bien d’autres, comme plus récemment l’Abbé Pierre, sœur Emmanuelle ou Mère Teresa. Plus rare est la figure du père Joseph – qu’on peut rapprocher d’un autre Joseph, l’abbé Cardijn, fondateur de la JOC – né lui-même dans le monde de la pauvreté et de l’exclusion, s’y étant forgé dans le sang et les larmes, et qui à l’âge de la maturité choisit ou rechoisit de lier définitivement son destin à celui du peuple des pauvres dont lui-même était issu. Gardons cela en tête en l’écoutant car par sa voix, c’est celle de son peuple qui cherche à se faire entendre.
Mais avant même d’entrer dans cette méditation, écoutons une première fois, par la médiation écrite de Monique, la voix d’une de ces femmes qui nous disent quelque chose d’essentiel sur l’homme, sur le monde, sur Dieu et sur la Charité.

6° Sonia ( texte de Monique Tonglet)
Telle une nécessité qu’aurait engendré le silence,
des mots,
enfouis depuis des années au fond de moi,
avaient soudain repris place en ma mémoire.
Et je les récitais :
« Les pauvres sont les créateurs
la source même de tous les idéaux de l’humanité
car c’est à travers l’injustice
que l’humanité a découvert la justice
à travers la haine
l’amour
à travers la tyrannie
l’égalité de tous les hommes . »
Je les récitais en parcourant le souterrain
qui mène à la place Saint-Pierre
et à la Communauté des Missionnaires de la Charité
où je travaillais comme volontaire.
Si souvent
dans ce souterrain et les rues alentour
j’ai croisé ces personnes qui nous tendent la main
nous apostrophant parfois
ou bien baissant la tête.
Un mercredi du mois de mai
je m’étais accroupie près d’une dame
toujours postée devant la même église.
Assise sur son vieux sac de voyage
elle tenait sur les genoux son panier d’images pieuses
répétant d’une voix forte :
“ Signore ! Signora ! ”
Elle m’a dit que le soleil lui faisait mal à la tête.
C’est pourquoi elle s’était assise à l’ombre sous le porche.
J’ai remarqué qu’elle avait un dizainier au pouce.
« Vous priez ? » lui ai-je demandé.
« Oui » a-t-elle répondu simplement.
Après un silence,
je lui ai dit que mon mari et moi
nous ne pouvions rester à Rome plus d’une année
que nous étions tristes de partir
et je confiais cela à sa prière.
Sur le chemin du retour
d’un coup j’ai pris conscience
de l’énormité de ce que je venais de lui demander :
prier pour nous qui retournons dans notre pays
alors qu’elle est
elle
loin des siens
loin de sa Bosnie natale
depuis des années.
Je suis entrée dans une église.
Il fallait que je m’arrête un moment.
Puis j’ai décidé de retourner la voir.
Elle était toujours là.
Je lui ai demandé pardon.
Dans  un long et doux regard
elle m’a dit qu’il ne fallait pas !
Et elle a ajouté :
“ Je prie pour la paix dans mon pays
et aussi pour la paix dans le monde. ”
Dans son panier, elle a choisi une image
sur laquelle le Christ est dessiné.
Le montrant
elle m’a dit :
“ Ici je souffre comme Lui.”
Puis elle a pointé son doigt sur le cœur de Jésus
en disant :
“ C’est par là que nous sommes unis. ”

7° Le père Joseph a développé cette méditation dans un cycle de conférences données pendant le Carême à Paris, dans le Quartier Latin. Lors des deux rencontres précédentes il avait successivement abordé la Foi en Quart Monde, et l’Espérance en Quart Monde. Voici comment il introduit cette troisième conférence.
         « Foi, espérance et charité en Quart Monde- il semble bien que notre méditation nous entraîne au plus profond de ce que peut être le désert humain, en même temps qu’elle nous  dévoile ce que l’humanité peut révéler de plus merveilleux sur la présence de Dieu dans le monde.
         Notre méditation nous  fait entrevoir des abîmes que nous  avons créés en laissant durer la misère. Et elle nous  révèle la réponse de Dieu qui est de les combler, de vouloir que là, précisément soient posés les fondements du Royaume. Elle nous  révèle l’appel de Dieu à descendre avec lui dans l’abîme pour participer à l’ouvrage. Mais nous  ne sommes pas au bout de notre démarche. Il nous  reste à chercher, en Quart Monde, ce que saint Paul a appelé la plus grande des trois vertus : la charité ».
         Le père Joseph va alors le faire comme dans les chapitres précédents sur la Foi et l’Espérance, à sa manière, qui est devenue aussi la manière du Mouvement qu’il a créé, en méditant l’histoire d’une famille, la famille Armand dont il dit, en préambule, qu’elle « est de celles qui ne se racontent pas : Parmi les malheurs qui forment la trame de la vie sous-prolétarienne, les Armand semblent accumuler ceux qui risquent  le plus de faire sensation .Et il n’est pas bon de raconter des histoires à sensation sur la misère. Elles nous  touchent l’épiderme et, paraissant pas trop exceptionnelles, elles ne nous  incitent pas à intérioriser plus profondément la condition de ceux qui en sont frappés ».
         Il va donc comme il le dit se rendre avec nous au foyer des Armand. Avec un objectif, se demander ce que le foyer Armand a à lui et à nous dire sur la charité.
         Il nous invite d’abord à écouter tout ce qu’on dit de Mme Armand, dans son voisinage, dans son entourage, dans les services sociaux : « qu’elle tyrannise son mari invalide, qu’elle ne le soigne pas quand les crises d’asthme l’étouffent et qu’il ne mange plus. On dit encore qu’elle vit en égoïste, sans jamais se préoccuper des malheurs des voisins ; qu’elle est gourmande à l’excès, alors que les ressources familiales sont bien trop maigres, pour permettre la moindre extravagance. Et on dit enfin que, ma foi, il faut lui pardonner, parce qu’elle est infantile, peut-être même débile ».
         Difficile, conclut-il, de découvrir les signes de la charité. A ce qu’on dit, le père Joseph ajoute ce qu’il sait, ce qu’il a appris de la vie de Mme Armand. Il nous révèle qu’elle a grandi auprès de sa grand-mère en Charente. Son père, ouvrier agricole, puis manœuvre instable en usine, n’avait pas de quoi nourrir ses huit enfants. Il laissa la petite Renée auprès de sa propre mère, qui accepta de l’élever en retour de services rendus. Ainsi, dès ses six ans, la fillette a droit à l’existence pour des services rendus en retour.
         Il parcourt ensuite longuement l’existence de Renée, son premier mariage, le placement des enfants, la violence d’un mari alcoolique, sa mort accidentelle qui survient comme une délivrance, la création d’un nouveau ménage avec un homme bon, Etienne, qui lui aussi a été placé en nourrice dans des fermes dès sa naissance, qui accepte de prendre en charge la seule enfant du premier mariage restée à la garde de la maman sans jamais lui faire sentir qu’il n’est pas son père, la naissance d’autres enfants, la mort de l’un d’entre eux, qui leur est reprochée et entraine la placement des autres et la déchéance de la puissance parentale, l’expulsion de leur logement, l’errance, la rue,…
         Au bout de cette longue descente aux enfers, un étrange silence descend sur le foyer, Renée et Etienne,  ne se parlent plus. Chacun est comme emmuré dans sa propre souffrance, coupé de l’autre, coupé aussi du monde extérieur. Monsieur Armand ne reçoit plus personne, part des journées entières seul, sur son vélo, faire un peu de récupération de ferraille pour survivre.
         A les voir vivre, rien ne demeure de ce qui jadis avait pu naître de compréhension et d’amour entre ces deux êtres. La solitude a tout envahi. Mais alors, à nous  qui voulions méditer sur la charité en Quart Monde, ce foyer rétréci, apparemment sans vie et sans amour, qu’a-t-il à nous  apprendre ? Faut-il simplement conclure que la misère tue l’amour humain ? Et que l’amour transfiguré que nous  appelons la charité ne peut pas exister en Quart Monde ?
La misère, c’est l’anti-charité…
         Ce long récit fait dire au père Joseph que « nous  ne le crierons jamais assez, que la misère, c’est l’anti-charité. Faire l’éloge de la solidarité, de l’amitié, du partage que pratiquent les pauvres risque de nous  induire en erreur. Si l’existence de la misère est notre plus grave péché, celui qui résume tous les autres, c’est bien parce qu’en dépouillant l’homme de sa juste part, en l’enfonçant dans l’angoisse, la peur, l’inutilité et la honte, nous  défigurons cet homme qui était fait à « l’image de Dieu », car nous  étouffons en lui ses capacités et nous  le privons des possibilités de vivre la charité. Nous l’empêchons d’aimer ».
         « La charité, c’est d’abord aimer Dieu ». Et comme pour la foi et l’espérance cela semble hors de la portée de celui qui naît et vit en Quart Monde. « Pourtant, à lui aussi, il est dit : « Tu aimeras Dieu de toute ton âme, de tout ton cœur et de toutes tes forces » » .
         « Puis, la charité, c’est aimer les autres, tous les autres, même ceux qui n’ont aucun intérêt temporel pour nous  ou dont les intérêts temporels paraissent contraires aux nôtres. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».    
         Aimer Dieu, aimer son prochain, deux commandements qui n’en font qu’un et qui résument toute la charité. Ils nous  disent que Dieu doit être pour nous, le commencement et la fin de tout, et que tous les hommes doivent être traités par nous  en égaux. Ainsi, la charité représente une vaste entreprise, à réaliser dans le temps, à travers les contingences changeantes de l’existence et à travers ce que nous  portons, les uns et les autres, de forces et de faiblesses dans notre personnalité.
         Et cette entreprise qu’est l’amour au sens chrétien suppose bien des choses et d’abord la liberté du choix. L’amour qui a confiance et qui espère ne se force pas. Il est un acte libre.
         L’amour au sens chrétien suppose la durée, un projet de vie avec Dieu et avec les autres. Le choix doit être renouvelé tous les jours, puisque nous  nous  situons dans le temps. Les circonstances et les êtres évoluent et, chaque jour, nous  avons à réajuster notre esprit et notre cœur aux autres. Notre libre choix doit se muer en effort durable.
         Notre recul, notre conscience de nous-mêmes et notre reconnaissance des autres, eux aussi, vont se bâtir dans le temps. Chaque jour de nouveau nous  allons nous  demander : suis-je au diapason avec Dieu, avec son prochain ? Chaque jour nous  allons nous  effacer, laisser la place aux autres, penser à leurs progrès, nous  efforcer de toujours mieux les connaître et les reconnaître. Nous  allons sans cesse les voir avec des yeux nouveaux ».
Regardons maintenant avec ces yeux nouveaux une de ces femmes accueillies dans un dortoir de Rome, Vittoria.
Vittoria parle peu.

Juste quelques mots de sa grande vie
qu’elle m’a partagés un jour
alors que je m’étais assise près d’elle,
après avoir fini le ménage du dortoir.
« J’ai été élevée par des religieuses.
J’ai travaillé chez les autres toute ma vie.
J’ai 70 ans.
Je n’ai pas de famille. »
Vêtue souvent de couleurs pastels et douces,
toute menue, ses cheveux courts et gris sont lissés autour d’un visage si rond que l’on ne devine pas l’absence de ses dents.
Chaque matin,
longtemps avant le repas de onze heures,
elle se tient assise devant la table déjà dressée,
le regard droit, fixé au mur blanc du dortoir.
Chaque matin, sur la table en formica,
je mettais les assiettes et les couverts
certains avec des fleurs, d’autres sans dessin,
tous différents.
Ce n’est qu’au bout d’un long temps
que je me suis rendu compte que Vittoria,
très souvent, se lève, change les couverts
et place devant elle une cuillère à soupe
dont le dessin est le plus semblable
à celui de sa fourchette.
Plus tard,
bien plus tard,
je m’aperçus que Vittoria
ne se sert jamais de sa cuillère à soupe.
Dans un ultime geste de résistance au vide quotidien
Vittoria harmonise ainsi,
chaque jour,
son bout de table.
Le regard droit, le couvert bien dressé,
elle attend la soupe
qu’elle ne prendra pas.
La charité en Quart Monde .

         « Mais alors, reprend le père Joseph, chercher l’amour en Quart Monde, quelle dérision ! Les plus pauvres sont privés des conditions nécessaires à la croissance de l’amour : l’intégrité personnelle, le sentiment de sécurité, d’utilité, de dignité, de liberté :  en Quart Monde, l’amour se construit dans l’inutilité, l’angoisse et la honte. L’homme s’y bâtit dans l’impossibilité de croire à l’autre, d’espérer avec l’autre. En dehors de tout projet, en dehors de Dieu surtout, dans la mesure où personne ne vient traduire ses pauvres expériences en termes de foi, d’espérance et d’amour de Dieu ».
Comprendre la charité des plus pauvres
         « Mais, poursuit-il, les gestes de la charité existent en Quart Monde dans la mesure où, à tout homme, il est laissé une part de liberté. Si petite soit-elle, l’homme du Quart Monde sait faire un projet d’amour de cette part de liberté. C’est sans doute la plus grande des merveilles. Mais il est vrai aussi que sa liberté se situe tellement au ras du sol qu’il faut se mettre à genoux pour la découvrir. Il nous  faut savoir reconnaître l’infiniment grand dans l’infiniment petit, pour nous en émerveiller. Il faut avoir introduit la misère dans notre esprit et dans notre cœur pour comprendre ces gestes maladroits, aussitôt tournés en échecs et qui ne vont jamais jusqu’au bout. Pour comprendre et apercevoir ce qu’ils nous  disent de la charité de Dieu et de l’amour des pauvres.
         De gestes maladroits et qui tournent court, la vie des Armand en est parsemée. Mais il ne faut pas confondre. Partager son propre repas, donner sur ses quelques sous de quoi payer le lait des enfants de la voisine, accueillir sous son toit la mère pourchassée par son mari ivrogne, cela ne relève pas nécessairement de l’amour du prochain. Ces actes de tous les jours son rarement des gestes libres et désintéressés Ce sont des gestes de pitié, certes, mais aussi ceux que l’on fait parce qu’il le faut bien, ou pour avoir la paix, ou encore parce que tôt ou tard ils « rapporteront » quelque chose.
         Dans les cités sous-prolétariennes, les hommes et les femmes sont trop angoissés, trop humiliés pour agir librement et uniquement en fonction du bien de l’autre. Ils donnent parce qu’ils sont assaillis en permanence par les autres. Pour se sentir assaillie, ils n’ont pas besoin, comme nous, d’être sollicités. Il leur suffit de sentir l’autre à côté d’eux… D’un seul coup d’œil ils savent les besoins terribles des autres, ils les comprennent, puisque eux-mêmes sont constamment harassés. En Quart Monde, on donne beaucoup par lassitude et aussi avec la conscience confuse que demain on aura besoin de demander à son tour et qu’il ne faut pas risquer, alors, de trouver les portes fermées.
         La charité existe pourtant, mais elle est ailleurs. Dans la vie des Armand elle est peut-être d’abord et avant tout dans ce mariage qui dure. Puisque ces deux êtres sont demeurés ensemble, quand rien ne les y obligeait plus, quand les derniers enfants leur furent retirés et que l’un et l’autre n’avaient apparemment plus rien à se donner, plus rien à se dire. Ils se rechoisissent l’un l’autre, dans un acte muet et désespéré.
         La charité est peut-être dans ce pardon de tous les jours : après les cris et les pleurs, après les insultes et les coups, on reprend la vie quotidienne ensemble. Il y a peu de jours où ce pardon ne soit pas nécessaire et même indispensable. C’est grâce à ce pardon que les Armand ne se sont pas détruits. Grâce à une incommensurable mansuétude mutuelle, sur les ruines d’un foyer brisé, ils ont pu en rebâtir un autre
         Et la charité est, assurément dans cette femme corpulente de plus de cinquante ans, qui ne semblait avoir plus rien à offrir à son mari et qui, lorsqu’il est hospitalisé, fait quatorze kilomètres à pied pour lui rendre visite. La bourse familiale est vide, il n’y aura pas de quoi manger le soir. Mais Mme Armand a trouvé une pomme. En arrivant au chevet de son mari, elle reste muette. Mais elle dépose la pomme sur la couverture, dans un geste d’affection ineffable, comme si elle déposait sur ce lit d’hôpital le cadeau le plus prestigieux.
         Elle fera le chemin plusieurs jours de suite, comme le font toutes les femmes de la cité. Nous  les avons vues prendre la route de l’hôpital, inlassablement, pour voir le mari, pour voir l’enfant, pour déposer sur le lit du malade quelques friandises qui expriment ce qu’on ne sait plus dire : « Quand tu es loin de moi, je sais que je t’aime ».
         Car ce sont souvent la maladie ou la prison qui permettent enfin le recul. C’est aussi, parfois, le travail. Quand les êtres sont éloignés, on peut enfin prendre un peu de distance aussi mentalement. Et c’est peut-être alors seulement que l’on peut reprendre conscience de son amour, le revivre.
         Ce qui fait notre émerveillement, c’est surtout cette manière qu’à l’amour des pauvres de renaître apparemment de rien, sur des ruines, dès la moindre accalmie, dès la moindre occasion.
          Pour les Armand comme pour toutes les familles de nos cités de misère, la question se repose : irons-nous  partager leur vie pour pouvoir leur révéler que ce qu’ils vivent c’est l’amour ? Leur dirons-nous  que Dieu les attend en premier, parce que mieux que quiconque ils peuvent comprendre ce que signifie bâtir son Royaume ? »
Emerveillons-nous maintenant des gestes posés par Anna, une autre de ces femmes qui nous enseignent la charité.

J’ai su que vous êtes retournée dans votre pays,
la Pologne, après plusieurs années passées dans le dortoir des personnes âgées.
Agée, Anna, vous ne l’étiez pas.
Et de vous, je connais peu de choses, si ce n’est que vous avez longtemps vécu dans la rue.
Souvent, le regard abattu, lointain, vous passiez à table
dès onze heures, gardant sur vous votre bonnet de laine et votre anorak.
Une fois seulement vous avez accepté que je vous aide à l’enlever
avant de vous asseoir.
Vos gestes étaient incertains, votre démarche difficile ;
pourtant, un matin, vous avez pris le balai pour nettoyer le dortoir avec moi.
Des mots, entre nous, il n’y en eut pas beaucoup.
Je ne parle pas polonais, vous connaissiez quelques mots d’italien.
Le visage défait, souvent, vous répétiez :
« Roma per lavoro.. Per lavoro. »
Vous étiez venue à Rome pour trouver du travail.
Une seule fois, en arrivant, j’ai vu votre visage rayonnant.
Dans vos mains, une petite bible ouverte qu’un prêtre polonais de passage vous avait offerte la veille au soir.
Comme vous ne sortiez jamais,
Les sœurs m’ont demandé de vous emmener un matin place Saint Pierre.
Nous y avons croisé une mariée, que l’on prenait en photo.
Alors vous m’avez fait signe de regarder en me serrant plus fort le bras.
L’année suivante, quand je suis revenue,
longtemps je me suis demandé ce que j’allais pouvoir vous apporter
pour signifier les retrouvailles.
Je ne voyais pas.
Une plante ?
Non, on ne laisse pas une plante dans un dortoir.
Alors m’étais je dit,
peut-être que le plus beau cadeau que je pourrais vous offrir serait de m’attabler là ,
avec vous, les huit dames du dortoir du bas,
avec qui personne, jamais, ne partage un  repas.
Comme souvent le lundi,
il fut composé de choses reçues.
Dons ?
Superflu ?
Assistance ?
Assistance, si souvent humiliante…
Partage ?
Partage à l’exemple de la veuve qui « mis de son indigence » (Marc, 2, 44)
Qui sait ce que la main donne ?
Ce jour là il y avait un peu de tout, légumes, viandes…
Je n’ai pas osé m’asseoir.
Comme je l’avais toujours fait lorsque j’avais fini le ménage,
je suis restée debout.
Et là, dans le silence du dortoir,
vous vous êtes levée, Anna.
Lentement, d’un pas fragile
vous vous êtes dirigée vers l’armoire de la salle de bain.
Vous en êtes revenue avec une assiette, des couverts,
et sans rien dire, vous les avez posés devant moi.
Alors je me suis assise à table avec vous toutes,
et dans le silence
vous avez partagé votre repas avec moi.
Instant de communion,
ce qui reste à l’humain
quand il ne reste rien….

Pour conclure : une politique de la magnificence       
         « Le Quart Monde, monde de l’échec perpétuel ou de l’éternel recommencement ? Il est vrai que l’amour ne peut y bâtir un homme et un avenir. Mais pourquoi ? Parce que les nantis, les possédants font durer un rapport de forces inégal ? Ou parce que les croyants ne se pressent pas assez d’aller révéler leurs forces aux plus pauvres ?
         Nous, les croyants, les privilégiés, savons que tout amour humain trouve son achèvement en Dieu. Que Dieu peut tout et qu’à cause de Jésus-Christ, notre amour, notre foi, notre espérance peuvent tout. Et nous  savons aussi que Jésus s’est identifié d’abord à la foi des humbles, à l’espérance des plus petits, à la charité des plus pauvres. Et qui oserait contester aux familles sous-prolétariennes de notre temps cette qualification des humbles, des plus petits, des plus pauvres ? Qui oserait prétendre qu’ils ne sont pas ces hommes et ces femmes qui ont faim, qui sont nus, qui sont en prison, qui souffrent de l’injustice et dont le Christ a dit : « Ce que vous leur aurez fait, c’est à moi que vous l’aurez fait ? »
         Nous, les croyants savons ces choses, mais les familles du Quart Monde n’en sont pas instruites. Elles peinent et font des merveilles, puis échouent dans une souffrance aveugle. L’homme  du Quart Monde veut bien croire que Jésus-Christ est mort pour les hommes, mais il ne peut pas croire qu’il est mort pour lui. Il croit toujours que c’est pour les autres, pour tous les autres, sûrement mais pas pour lui. Il ne sait pas que Dieu l’a aimé en premier et que par ses amours c’est Dieu qui aime. Il ne sait rien de tout cela et tout ce qu’il vit dans le monde lui dit le contraire. Pourtant, tant qu’il ne le saura pas, l’œuvre du Christ sera inachevée et nous-mêmes nous ne verrons pas le Royaume.
         Nos méditations de carême, nourries de la vie des familles dans la misère, ouvrent la voie au seul projet digne de notre foi et de notre Eglise : celui d’aller en Quart Monde, de déléguer auprès de ce peuple des émissaires qui vivent cette réalité : « Je vous ai choisis, je vous ai aimés en premier. Aimez-vous en mon nom ».          Aller en Quart Monde pour signifier aux familles qu’elles sont déjà partie prenante du dessein de l’engagement et de la fidélité immuable de Dieu : dans cette perspective et avec la volonté que les plus pauvres aillent devant, les chrétiens peuvent s’engager dans les combats politiques sociaux, syndicaux de leur choix. La justice de Dieu n’est pas seulement pour un au-delà que nous  ne pouvons qu’espérer. Il veut que nous  bâtissions la justice et la paix, l’unité entre les hommes dans notre monde et dans notre temps. Jésus-Christ n’est pas un -politique. Il s’est fait le plus pauvre, frère des plus humiliés, et il nous a enjoint de le suivre dans la foule des misérables : « Allez dans les ruelles, allez dans les chemins creux au-delà de la ville… Allez annoncer aux plus pauvres la Bonne Nouvelle qu’ils sont bienheureux ». C’est un projet social, politique, culturel et spirituel complet que nous  propose le Seigneur. Une politique et un programme non pas de l’aide, de l’assistance ou de la  bienfaisance, mais de la magnificence pratiquée envers les plus démunis.
         C’est au nom d’une justice qu’ils sont les premiers à instaurer dans le monde, que Jésus nous  propose de donner notre vie. Non pas de la donner un peu ou à moitié, mais de l’offrir jusqu’au bout. Le Fils de Dieu a donné sa vie pour tous les hommes mais en s’engageant d’abord  pour les plus exclus : les lépreux, les possédés réfugiés dans les grottes, les paralytiques, les plus faibles parmi les estropiés, l’aveugle mendiant aux portes du Temple. C’était cela la magnificence de Dieu qui renversait et renversera encore la justice du monde.

eloi eloi lama sabachthani

22 mars, 2012

eloi eloi lama sabachthani  dans images sacrée mygod%2Brouault-crucifixion

http://friartucksfleetingthoughts.blogspot.it/2011_03_01_archive.html

Une date pour la crucifixion ?

22 mars, 2012

http://bible.archeologie.free.fr/datecrucifixion.html

Une date pour la crucifixion ? 

(image : http://www.britannica.com)

Le jour du dernier repas

       Bien que le récit de la Passion de Jésus de Nazareth soit rapporté avec force détails, il donne assez peu d’informations permettant de connaître la date exacte de l’évènement. Les historiens qui ont essayé de la calculer se sont plongés dans de difficiles reconstitutions du calendrier. L’un des problèmes soulevés concerne le déroulement de la semaine sainte qui précède la condamnation, car le calendrier recèle une contradiction : alors que les trois premiers évangiles font de la Cène un repas pascal (Mt. 26,17 ; Mc. 14,12 ; Lc. 22,7), l’évangile selon saint Jean place le dernier repas un ou plusieurs jours avant la fête de la Pâque (Jn. 13,1 ; Jn. 18,28).
        D’autres incohérences ont été relevées dans le récit. Habituellement, la liturgie chrétienne célèbre le dernier repas pascal de Jésus le jeudi saint, et sa mort le lendemain vendredi saint. Le problème est le laps de temps écoulé entre son arrestation et son exécution, délai qui peut paraître bien court pour un déroulement complet du procès. En l’espace d’une nuit, Jésus aurait été transféré chez l’ancien grand-prêtre, puis chez le nouveau, puis deux fois au prétoire où siégeait Pilate, et entretemps chez Hérode … Il faut aussi tenir compte de certaines lois et pratiques juives qui figurent dans le Talmud, un livre sacré complémentaire de la Bible hébraïque : interdiction pour un tribunal de siéger la nuit, interdiction de condamner à mort un prisonnier en moins de vingt-quatre heures, et interdiction de condamner à mort une veille de sabbat.

Une page extraite du Talmud. Exemplaire
 provenant du Caire, IXème s..
(image : http://www.moreeuw.com)

        Une solution a été proposée en 1959 par une spécialiste de l’exégèse biblique et chercheur au CNRS, Annie Jaubert. Elle a publié une étude remarquable qui permet de lever la contradiction tout en étalant davantage dans le temps le récit du procès. Son travail se fonde sur une information déterminante fournie par les manuscrits de la mer Morte.
        En effet les rouleaux de parchemin découverts à Qumran nous apprennent l’existence d’un deuxième calendrier hébreu utilisé au temps de Jésus. Les incohérences tombent si l’on suppose que les quatre évangélistes n’ont pas utilisé le même calendrier. Cette hypothèse met les quatre textes d’accord en proposant que la Cène se soit déroulée non pas le jeudi, mais le mardi. De ce fait, les contradictions disparaissent, les délais sont respectés et le déroulement devient plausible.
        Cette hypothèse est en outre appuyée par plusieurs témoignages chrétiens très anciens (IIème-IIIème siècles), comme la Didachè des apôtres, un texte de catéchèse du IIème siècle, qui semblent indiquer qu’au temps de l’Eglise naissante la Cène était célébrée le mardi soir. Si Jésus prit réellement son dernier repas pascal un mardi, il aurait donc passé deux jours en captivité.
Le résultat de ce travail a emporté de nombreux suffrages chez les exégètes, et semble également avoir convaincu le Vatican. Toutefois, cette conclusion ne risque-t-elle pas de remettre en question le calendrier liturgique actuel des chrétiens ? Pas nécessairement : celui-ci a une vocation de célébration plutôt que de reproduction rigoureuse des faits.

Le jour de l’exécution
        Pour tenter de calculer la date exacte de la mort de Jésus, la recherche historique se sert du matériel biblique et historique, ainsi que de nos connaissances sur le calendrier. Il ressort des évangiles que la crucifixion de Jésus a eu lieu un vendredi, veille du sabbat et de la Pâque juive. Or d’après l’Ancien Testament (Ex. 12,18), la Pâque juive se place le 14 ou le 15 du mois de Nisan (mars-avril). Par ailleurs, nous savons  par l’historien romain Tacite que le gouverneur Ponce Pilate qui condamna Jésus fut préfet de Judée de 26 à 36. Durant cette décennie, il se trouve seulement cinq années pour lesquelles le 14 ou le 15 de Nisan tombe un vendredi. Par recoupements, les historiens retiennent fréquemment les deux dates les plus plausibles, celles du vendredi 26 mars 30 et du 3 avril 33.
        Un moyen de départager ces deux dates se trouve peut-être dans le récit de la Passion, où les évangélistes relèvent des phénomènes surnaturels se produisant à l’instant du décès de Jésus.
        « C’était environ la sixième heure quand, le Soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Le voile du Temple se déchira par le milieu, et Jésus dit en un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et, ce disant, il expira » (Lc. 23, 44-45).

Représentation schématique du calendrier hébreu
 (cliquer pour agrandir).
(image : http://www.johnpratt.com)

La Lune prend parfois une couleur rougeâtre
pendant une éclipse de Lune.
(image : http://zenit-photo.com)

La survenue de l’obscurité peut faire penser à un processus naturel tel qu’une éclipse. C’est ce qu’ont fait de nombreux chercheurs qui ont exploré cette possibilité. Une éclipse de Soleil (le Soleil masqué par la Lune) n’est pas envisageable, car la Pâque juive a lieu en période de pleine Lune et les éclipses de Soleil sont alors impossibles. En revanche, une éclipse de Lune (la Lune dans l’ombre de la Terre) a pu avoir lieu pendant cette période.
        En 1983, deux astrophysiciens de l’université d’Oxford, C.J. Humphreys et W.G. Waddington, publièrent dans la revue scientifique Nature les conclusions d’une recherche de date effectuée à partir de calculs astronomiques. Ils envisageaient l’hypothèse que la Lune ait pris une couleur rougeâtre, en s’appuyant sur un extrait du livre des Actes des apôtres qui cite le prophète Joël : « Le Soleil se changera en ténèbres – et la Lune en sang – avant que ne vienne le jour du Seigneur, grand et glorieux » (Ac. 2, 14-21).
L’étude cite d’autres textes anciens signalant également une obscurité anormale au moment de la mort de Jésus. L’un d’eux est un rapport apocryphe attribué à Ponce Pilate, la « Lettre de Ponce Pilate à Tibère », qui fait état d’un phénomène semblable, l’obscurité recouvrant la Terre tandis que la Lune prenait la couleur du sang.
Selon Humphreys et Waddington, l’éclipse de Lune se serait produite au moment où la Lune apparaissait à l’horizon. La couleur rouge s’expliquerait par la lumière rasante traversant l’atmosphère, qui absorbe les nuances de bleu. Et entre 26 et 36, une seule éclipse de Lune visible à Jérusalem en période de Pâques a eu lieu : celle du 3 avril de l’an 33. Quant à la survenue de l’obscurité, elle est attribuée à un phénomène de vent des sables qui aurait diminué l’éclairement.
Cette théorie moyennement convaincante, on en conviendra, est la seule à proposer un scénario scientifique qui tente de faire intervenir des phénomènes naturels.

Références :

[1] – Jean-Jacques Nolait, communication personnelle.
[2] – A.A. Valdés : « Le Jeudi saint : quand a eu lieu la dernière Cène de Jésus ? » Franciscan Cyberspot, march 24, 2005.
[3] – C. J. Humphreys et W.G. Waddington : « Dating for the crucifixion ». Nature, volume 306, 22-29 décembre 1983.

LE PSAUME 23

22 mars, 2012

http://www.hebrascriptur.com/Ps/23c.html

LE PSAUME 23

Lire ce qui est écrit

Le Psaume 23 est sans doute l’un des plus beaux témoignages de la vie mystique, qui s’épanouit quand elle s’appuie sur une totale confiance en Dieu. Le roi David y exprime toute la joie, la sécurité, la liberté, le bonheur qu’il éprouve, en se laissant entièrement guider
La lecture du texte ne présente aucune difficulté, à l’exception d’un seul mot, dans le dernier verset, le mot hébreu weshaveti, que la quasi-totalité des témoins traduisent par « je demeurerai » ou « j’habite », lecture qui prête pour le moins à discussion. En effet, pour justifier cette lecture, il faut ajouter la lettre yod en seconde position du mot qui devient weyashaveti, ou encore changer la vocalisation weshaveti indiquée par les massorètes en weshiveti, afin de rattacher le mot, dans un cas comme dans l’autre, à la racine yashab (demeurer) au lieu de la racine shoub (retourner).
On trouve ces lectures altérées chez des témoins 
aussi anciens que les textes grecs des Septante (3ème siècle avant notre ère), ou les versions Syriaques, contemporaines des massorètes. Mais ces interprétations ne s’appuient sur aucun manuscrit hébreu connu.
Pourquoi ces témoins, suivis en cela par la quasi-totalité des traducteurs modernes, ont-ils refusé de lire ce que la Tradition, ou au moins une Tradition — les massorètes — a transmis, weshaveti, « je reviens » ? pourquoi ont-ils retenu cette lecture injustifiée : « je demeure » ?
La critique textuelle et l’exégèse traditionnelle ont coutume de retenir pour hypothèse principale — explicite ou inconsciente — que les textes nous rapportent la pensée de leurs auteurs, et qu’ils véhiculent avec eux toutes les déformations d’une transmission multi-séculaire. Il résulte de cette position que le sens logique le plus probable prend toujours le pas sur la littéralité transmise : si le texte n’offre pas un sens immédiat assez clair, alors on rectifie le texte, pour atteindre la leçon compréhensible la plus facile, et retrouver ainsi — croit-on — la pensée originelle des rédacteurs, que les aléas de la transmission avaient corrompue. C’est bien le cas ici. À suivre la lettre, on ne voit pas du tout de quel endroit David « reviendrait » (lecture littérale), puisque rien, mais vraiment rien ne l’évoque dans les versets qui précèdent ; en revanche, à rectifier la lecture en « je demeure », on comprend mieux que David se réjouisse à la perspective des beaux jours qu’il a devant lui, guidé par Yhwh.
Le principe de telles corrections n’est pas acceptable.
Tout d’abord, en raison des traditions orales. Car ces traditions orales sont à l’origine des versions vocalisées que les massorètes ont fixées par l’écriture, sans modifier l’Écriture, conformément à leur mission. La mission première d’Israël, en effet, n’est-elle pas de transmettre ? — et non d’interpréter. N’oublions pas que des générations de scribes se sont vu refuser des rouleaux entiers pour un iota en trop ou en moins, ce qui montre à quel point la transmission de la lettre prime sur le sens — et d’ailleurs, quel sens ? combien de lectures en Israël pour un même verset ?
Certes, des erreurs ont traversé le crible, et il existe des versions différentes sur beaucoup de textes. Mais la majorité des manuscrits concordants permet en général de reconnaître la lettre, et d’écarter la plus grande partie des erreurs. C’est le cas ici. Il faut suivre la lettre transmise, même si elle nous paraît obscure.
Plus radicalement, quand on cherche à comprendre, comme ici, le sens d’une pièce qui fait partie d’un ensemble, on doit l’observer dans son contexte. Il est indispensable de prendre du recul, de s’élever pour apercevoir depuis le ciel les structures enveloppantes, et découvrir ainsi quelle place logique occupe la pièce étudiée dans cet ensemble qui la contient.
C’est ainsi que nous allons trouver en dehors du Psaume 23, ce que nous n’avons pas trouvé dans les cinq premiers versets, pour expliquer le sixième ; c’est ainsi que nous allons comprendre à quel « retour » David fait allusion. Le Psautier n’est pas une collection de textes alignés par le hasard et indépendants les uns des autres. David vient de vivre les psaumes précédents, et de manière plus immédiate : le Psaume 22. C’est dans ce psaume qu’il retrouve, dans une vision mystique survenant après un long processus de purification, l’intimité divine qu’il avait perdue en recherchant son bonheur ailleurs qu’en Yhwh. À la fin du Psaume 22 David est revenu à la maison de Yhwh, comme Jacob était revenu sain et sauf à la maison de son père, après de longues épreuves (Gen 28, 21).
Il est donc capital, dans cette conclusion du Psaume 23, de ne pas s’éloigner du texte écrit en conservant la racine shoub, retourner, car cette racine est celle du mot teshouvah, la conversion, le retournement, c’est-à-dire le retour à Dieu, que David vient de vivre au Psaume 22 et qui est à la base de toute vie spirituelle.
Il sera nécessaire d’approfondir l’exégèse du Psaume 22 pour comprendre comment on aboutit à un tel bonheur au Psaume 23. Le lecteur est invité, s’il nous a suivis jusque là, à cette découverte dans une étude consacrée à ce sujet .

Note
sur la racine shoub
Un certain nombre de témoins signalent cependant le rattachement à la racine shoub, « retourner », en indiquant (dans leurs notes) la forme du futur « je retournerai » ou « je reviendrai ». Or la forme écrite ici n’est pas la forme inaccomplie de l’hébreu, celle que l’on traduit presque toujours par un futur, mais la forme accomplie précédée d’un waw conversif à laquelle correspond en général beaucoup mieux le présent ou le conditionnel d’une subordonnée. Cette facilité consistant à traduire systématiquement par un futur la forme de l’accompli avec waw conversif, a pour résultat, sur le mot qui nous intéresse ici, de rendre la situation encore plus difficile à comprendre. David se trouve dans une situation neuve, survenue à la fin du psaume précédent, et dont il découvre le caractère universel d’une loi divine : tout est merveilleux « quand je reviens » à la maison de Yhwh. Au contraire, le futur « je reviendrai » renvoie à l’on ne sait quoi, ce qui conduit à chercher des explications. Ainsi, un témoin en vient-il à s’interroger : peut-être le psalmiste est-il un prêtre ou un lévite en exil à Babylone ?…  L’éloignement du texte écrit a rendu l’interprétation très aléatoire.

Les massorètes
sont les rabbins qui transmirent la Bible hébraïque à partir du VIème siècle de notre ère. Afin de préserver la lettre du texte dans les copies successives, ils annotèrent celui-ci. À côté du texte uniquement composé de consonnes, ils ajoutèrent des signes de vocalisation (voyelles à lire) et de prosodie (cantilation, ponctuation), ainsi que des remarques marginales, véritables statistiques destinées à vérifier la bonne transcription des textes (massorah).
Avec les massorètes, est née ce qu’on appelle aujourd’hui la critique textuelle, dont l’objet est de publier, à partir de toutes les sources connues (les manuscrits), une édition critique de la Bible hébraïque. Aujourd’hui, l’édition critique la plus complète, reconnue par la majorité des biblistes, est la Biblia Hebraica Stuttgartensia. C’est à cette édition que nous faisons généralement référence, sans pour autant négliger d’autres sources, notamment en cas de désaccord.Les Septante
Traduction de la Bible hébraïque en langue grecque, réalisée au IIIème siècle avant J.C. à Alexandrie, par soixante-dix (ou soixante-douze) sages de la diaspora d’Israël, d’où son nom de Septante. Cette traduction de la Bible est indifféremment appelée “ la Septante ” ou “ les Septante ”, et souvent notée LXX.
par Yhwh.

Jacob’s Ladder

21 mars, 2012

Jacob's Ladder dans images sacrée Blake_Jacobs_Ladder

http://www.artknowledgenews.com/William_Blake_One_Man_Exhibition.html

LE VATICAN CONDAMNE L’ATTENTAT CONTRE UNE ÉCOLE JUIVE

21 mars, 2012

http://www.zenit.org/article-30407?l=french

LE VATICAN CONDAMNE L’ATTENTAT CONTRE UNE ÉCOLE JUIVE

Violence meurtrière à Toulouse

Anita Bourdin
ROME, lundi 19 mars 2012 (ZENIT.org) – L’attentat de Toulouse contre une école juive est fermement condamné par le directeur de la salle de presse du Saint-Siège du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi.
Un professeur de religion de 30 ans, ses enfants de 3 et 6 ans, et un autre enfant de 10 ans, ont été tués ce lundi matin à Toulouse, par un tireur arrivé en deux roues qui est parvenu à prendre la fuite. Un jeune de 17 ans est dans un état grave.
 Répondant à une question de Zenit sur l’attentat de Toulouse, le P. Lombardi a déclaré : « L’attentat de Toulouse contre un enseignant et trois enfants juifs est un acte horrible et ignominieux, qui s’ajoute à d’autre actes récents de violence absurde qui ont blessé la France ».
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège condamne fermement cet attentat en disant : « Il suscite une profonde indignation et désarroi et la plus ferme condamnation et exécration notamment pour l’âge et l’innocence des jeunes victimes et parce que cela s’est produit dans une institution juive pacifique d’éducation. »
 Le P. Lombardi conclut par ces paroles de solidarité : « Comme l’archevêque de Toulouse l’a déjà affirmé, nous exprimons aux familles des victimes et à la communauté juive notre plus vive participation, notre préoccupation pour ce fait horrible et notre solidarité spirituelle la plus profonde. »
Solidarité des évêques catholiques de France
En effet, Mgr Robert Le Gall,?archevêque de Toulouse a immédiatement réagi, depuis New York où justement, il participe à une rencontre avec des responsables juifs, en disant : « Après l’assassinat des parachutistes ces jours derniers à Toulouse et Montauban qui a profondément ému notre région, un pas de plus a été franchi dans l’horreur ce matin avec le meurtre de quatre personnes dont 3 enfants devant le collège juif Ozar-Hatorah dans le quartier de La Roseraie, à Toulouse. »
« Actuellement à New York pour trois jours de rencontre auprès de nos frères juifs avec une délégation d’une dizaine d’évêques conduite par le Cardinal  Vingt-Trois, notre émotion est très grande. Nous exprimons aux familles touchées par cette horreur nos sentiments de profonde compassion et notre prière », ajoute Mgr Le Gall.
Les évêques de France ont également exprimé leur indignation et celle des catholiques de France : « Suite à la tuerie odieusement perpétrée ce Lundi contre un professeur et des enfants devant un collège juif de Toulouse, les catholiques de France expriment leur vive indignation devant cette violence aveugle qui vise des personnes sans défense. Dans l’attente de toutes précisions concernant le déroulement de l’enquête, partageant l’émotion des familles et des communautés concernées, l’Eglise catholique organise un temps de prière », indique le porte-parole  de la CEF, Mgr Bernard Podvin.
Il précise qu’une prière a eu lieu en la cathédrale Notre-Dame de Paris dès ce lundi 19 mars 2012 à 17h45, pour les victimes et en solidarité avec les familles et la communauté juive, mais aussi pour les parachutistes « lâchement assassinés il y a quelques jours à Montauban et à Toulouse ».
« Réunis à New York pour une rencontre avec des rabbins, les Cardinaux
Vingt-Trois et Barbarin, ainsi que Mgr Le Gall, Archevêque de Toulouse, font
savoir leur tristesse et leur prière », ajoute-t-il.
Solidarité des chrétiens de France

Le Conseil d’Eglises chrétiennes en France (CECEF), co-présidé par le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, par le métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France, et par le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des Evêques de France, « partage la douleur de la communauté juive après la fusillade meurtrière devant un collège juif, à Toulouse, ce 19 mars ».
Le CECEF exprime « toute sa solidarité aux familles des victimes, aux élèves et aux enseignants de l’établissement scolaire ».
« L’horreur de cet acte, comme l’abjection des assassinats des parachutistes à Montauban et à Toulouse ces derniers jours, incite les chrétiens à s’unir aux familles et aux différentes communautés touchées par ces événements, dans la prière », écrivent les représentants des chrétiens de France.
Ils expriment ce vœu que « la concorde ne soit pas ébranlée par ces actes d’une extrême violence » : « Gardons-la fermement enracinée dans les valeurs de respect et de fraternité, fondements de la société française ».

Solidarité de l’enseignement catholique
La communauté juive a reçu de nombreux témoignages de solidarité de la part de l’Eglise catholique et en particulier des « communautés éducatives des établissements de L’Enseignement Catholique » qui ont exprimé « leur profonde émotion suite à la tragédie qui vient de frapper l’école Ozar-Hatorah de Toulouse » et « leur sympathie envers tous ceux qui sont tragiquement touchés par ce drame ».
« Elles apportent leur soutien à la communauté juive et dénoncent avec la plus grande fermeté cet acte criminel », ajoute le même communiqué.
Les établissements d’enseignement catholique français ont été invités à se joindre à l’appel lancé par le Président de la République en observant une minute de silence demain, mardi 20 mars 2012, à 11h00.
« Cette manifestation de recueillement pourra aussi être accompagnée d’un temps d’échange avec les jeunes », conclut le communiqué de l’enseignement catholique en France.

FRANCE : QUELQUE 3000 BAPTÊMES D’ADULTES À PÂQUES

21 mars, 2012

http://www.zenit.org/article-30415?l=french

FRANCE : QUELQUE 3000 BAPTÊMES D’ADULTES À PÂQUES

Les deux tiers ont entre 18 et 35 ans

ROME, mardi 20 mars 2012 (ZENIT.org) – En France, près de 3 000 adultes (2 958) recevront le baptême, ainsi que les deux autres « sacrements de l’initiation » chrétienne, l’Eucharistie et la Confirmation, au cours des fêtes pascales des 7 et 8 avril prochains, annonce la conférence des évêques de France qui analyse, dans ce communiqué, ce qui pousse les adultes aujourd’hui à demander le baptême..
Qui sont ces femmes et ces hommes qui frappent aujourd’hui à la porte de l’Eglise ?
Majoritairement des jeunes âgés de 18 à 35 ans (les deux-tiers), ayant côtoyé le christianisme dans leur enfance et adolescence (moins de la moitié), exerçant des professions d’employés de service, de techniciens ou d’ouvrier. Par rapport à l’an dernier, il faut noter une progression importante de la tranche d’âge des 18-20 ans (+35%) et, sur le plan professionnel, des cadres et travailleurs indépendants (+27%).
Les fêtes pascales permettront à ces adultes, ainsi qu’à d’autres baptisés dans leur enfance, de participer également à l’Eucharistie et de recevoir le sacrement de Confirmation.
Actuellement 10 728 personnes vivent une démarche catéchuménale sur plusieurs années : 6 229 catéchumènes et pré-catéchumènes et 4 499 baptisés demandent l’eucharistie et la confirmation.
Des catéchumènes accompagnés par les communautés chrétiennes.
Ces femmes et ces hommes, jeunes pour la plupart d’entre eux, sollicitent les communautés chrétiennes locales. Celles-ci, renouvelées par leur présence, ont conscience de leur nécessaire engagement. Accueillir, certes ! mais aussi permettre aux catéchumènes de trouver leur place au sein des paroisses. Une enquête en cours faite auprès des baptisés de l’an dernier révèle que les communautés sont conscientes de cet enjeu et diversifie les propositions pour une réelle incorporation.
Devenir chrétien n’est pas une bizarrerie pour notre époque.
Des femmes et des hommes font ce choix et disent qu’il est bon d’être initié à vivre en frères, par une communauté chrétienne. L’Eglise est heureuse de les accueillir

La prédication de la Croix, clef de la victoire.

21 mars, 2012

http://www.la-moisson.net/index.php/enseignements/77-la-croix-/156-la-predication-de-la-croix-clef-de-la-victoire

La prédication de la Croix, clef de la victoire.

« Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine. Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Cor. 1 :17-25).
La seule méthode divine pour obtenir une victoire définitive sur le péché, celle qui représente le fondement inébranlable de l’apprentissage de la marche par l’esprit, c’est la prédication de la Croix ! Pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu !
N’est-il pas étrange d’entendre Paul que « la prédication de la Croix est une puissance de Dieu pour nous qui somme sauvés » ? On aurait pu comprendre plutôt qu’elle était une puissance de Dieu pour ceux qui ne sont pas sauvés, car elle leur permet d’entrer dans le salut ! Non ! La prédication de la Croix est absolument nécessaire pour les Chrétiens, pour ceux qui sont sauvés. Car c’est elle qui va leur permettre de marcher par l’esprit !
Toutes les méthodes vaines dont nous venons de parler (il y en a d’autres !) ne sont que des tentatives infructueuses pour maîtriser ou éliminer la chair. Or, la chair résiste à toutes les tentatives humaines ! La chair est toute-puissante devant tout ce qui est humain. Seule la Croix peut parvenir définitivement à bout de la puissance de la chair et du péché qui habite en elle !
Considérez ces versets :
« J’ai été crucifié avec Christ » (Galates 2 :20) : C’est la crucifixion de mon ancien « moi », de ma vieille nature tout entière. Un autre passage le confirme magnifiquement :
« En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché ; car celui qui est mort est libre du péché » (Romains 6 :5-7)
« Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs » (Galates 5 :24) : C’est la crucifixion de ma chair, c’est-à-dire de la partie de ma vieille nature qui continue d’être présente en moi après ma conversion à Jésus-Christ. C’est Jésus qui a crucifié tout mon ancien « moi ». Mais c’est moi (mon nouveau « moi »), qui dois crucifier ma chair, en appliquant à la chair ce que Jésus a accompli pour moi.
« Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! » (Galates 6 :14). C’est la crucifixion du monde, avec tout ce qu’il contient ! Par la Croix, je suis mort pour le monde, et le monde est mort pour moi.
« Il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix » (Colossiens 2 :14). C’est la libération de la Loi, qui pesait sur moi par la condamnation qui me revenait. A présent, par ma nouvelle naissance, la Loi est inscrite dans mon esprit et dans mon cœur, et le Saint-Esprit, en m’apprenant à marcher par l’esprit, me permet de la pratiquer naturellement, pour tout ce qui concerne le Chrétien né de nouveau.
« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Colossiens 2 :15). C’est la libération de la puissance de Satan et des démons. Toute leur puissance a été anéantie vis-à-vis du Chrétien né de nouveau, pourvu qu’il marche par l’esprit !
Il y aurait bien d’autres versets à citer. Mais ceux-ci suffisent pour nous montrer l’extraordinaire puissance de la Croix, dans tous ses aspects ! Nous devrions sans cesse étudier tous les aspects de l’œuvre de Christ accomplie à la Croix. C’est un sujet de méditation et de prédication d’une richesse inépuisable !
Mais il faut que nous puissions puiser librement dans cette richesse. Elle ne doit pas rester « de l’autre côté de la vitrine », ou « suspendue dans les cieux » ! Il faut que nous puissions marcher en permanence dans la victoire absolue, éternelle, et définitive de la Croix !
Dans ses aspects qui concernent la marche par l’esprit, on peut résumer ainsi l’œuvre de la Croix :
?  Jésus-Christ est mort pour moi. Il est mort pour mes péchés. Il les a expiés pour moi. Son sang a fait l’expiation, et m’a pleinement racheté de la puissance du malin.
?  Puisque Jésus-Christ est mort pour moi, je suis donc pleinement mort en Lui et avec Lui. Tous les aspects de mon ancienne nature pécheresse ont été cloués à la Croix, et sont passés par la mort en Christ. Dieu le Père nous a placés d’avance en Christ, il y a près de 2000 ans, pour nous faire complètement mourir en Lui.
?  Puisque Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts, je suis ressuscité en Lui et avec Lui.
Fort de ces réalités déjà accomplies, le Chrétien né de nouveau en Christ possède désormais tout ce qu’il lui faut pour commencer à apprendre à marcher par son esprit régénéré, lui-même entièrement dirigé par le Saint-Esprit.
Avant d’étudier pratiquement en quoi consiste cet apprentissage pratique, il est nécessaire de passer encore du temps sur l’œuvre bénie que notre Seigneur a accomplie à la Croix, car une meilleure compréhension spirituelle de cette œuvre ne peut que fortifier notre foi.

La traversée de la mer rouge et le cantique de Myriam

19 mars, 2012

 La traversée de la mer rouge et le cantique de Myriam dans images sacrée 15%20FRESQUE%20LE%20CHAR%20DU%20PHARAON%20ST%20SAVIN%20SUR%20GA

http://www.artbible.net/1T/Exo1401_Redsea_myriampsong/index_4.htm

Les sommets de l’abîme: L’aventure de votre âme – par Gary Chalom Cohen

19 mars, 2012

http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/714712/jewish/Les-sommets-de-labme.htm

Les sommets de l’abîme

L’aventure de votre âme

par Gary Chalom Cohen

L’âme, affirme le Tanya1, est une « véritable partie du Divin supérieur  ».

A ce titre, son approche du divin est sans voile : elle le voit, l’entend, le perçoit de tous les sens de l’âme dont nos sens ne sont qu’une expression physique et, de toute évidence, une telle perception est source d’un plaisir de dimension divine.
Que l’âme descende en ce bas monde pour y animer un corps semble alors relever de l’absurde. Elle doit quitter son état de grâce pour s’investir dans la matière dont la grossièreté couvre toute notion de divinité. Et même si, à force d’étude et de prière, elle parvient à ressentir la grandeur de D.ieu dans les limites du corps qu’elle habite, ce sentiment restera insignifiant devant sa perception antérieure. Mais hélas, dans de nombreux cas, son ascension vers D.ieu est entravée par les péchés de l’homme qui la coupent de sa source.
Il est vrai que la mission qui lui est assignée est de la plus haute importance : il lui faut faire du monde une demeure pour D.ieu. Car seul l’homme, dont le corps est tourné vers la matière et dont l’âme procède de l’essence divine peut, par ses actions, révéler le caractère divin de notre univers. Mais pour important que soit le but de sa descente, que peut apporter celle-ci à la béatitude de l’âme dans son état premier ?
Au contraire, une telle mission peut être très dangereuse. En effet, dans son action, l’âme est confrontée au mal, qui s’exprime dans le mauvais penchant de l’homme et qui, dans son effort pour le détourner de D.ieu, peut impliquer l’âme et la souiller.
En fait, c’est précisément dans cette confrontation que l’âme trouvera la finalité de sa descente.
S’il est vrai que, dans son état premier, l’âme est proche de D.ieu et qu’elle peut contempler Sa splendeur, cette contemplation n’est jamais remise en question. Là où elle se trouve, aucune existence, aucun être ne peut voiler la présence divine. Et même si la perception et l’amour de l’âme pour le Créateur vont en grandissant, leur évolution reste limitée parce que jamais sujette à caution.
Plongée dans l’environnement hostile qu’est pour elle le monde physique, l’âme doit convaincre le corps de la grandeur du service divin. Elle ne peut plus se contenter d’une attitude contemplative, il lui faut agir, se dépasser, puiser dans les profondeurs de ses ressources pour apporter au corps des lueurs de divinité qui le transformeront peu à peu. Car le corps est le siège du mauvais penchant qu’elle devra tenir à distance pour qu’il ne l’éclabousse pas des fautes vers lesquelles il pousse inlassablement l’homme.
C’est dans cette lutte avec le mal que l’âme trouve la raison de sa descente dans le monde physique. Par elle, elle devra révéler des trésors de forces latentes, dissimulées au plus profond de son être grâce auxquelles, une fois sa mission terminée, elle éprouvera un ardent désir de revenir vers D.ieu, dotée de facultés de perception grandies par les épreuves.
La tradition hassidique compare ce processus à un animal sauvage poursuivant un homme qui, lors de cette poursuite, pourra courir à une vitesse bien supérieure à celle qu’il pourrait atteindre dans des conditions normales. Cette amplification de ses forces est due à la révélation d’un potentiel habituellement inexploité.
L’âme est aussi semblable à l’homme qui a fauté et qui, dans son repentir, éprouve un ardent désir de s’attacher à son Créateur, bien plus fort que celui qui n’a jamais péché. A son paroxysme, nous dit le Talmud2, la prise de conscience de ses fautes le place à un niveau qu’un juste, dans sa perfection, ne pourra jamais atteindre.
Un point reste cependant à éclaircir. Nous avons affirmé que l’âme avait du divin une révélation sans voile. Quelle est donc la signification d’une perception grandie lorsque l’âme retourne vers le Créateur ?
La réponse réside dans le caractère illimité de D.ieu. Etant l’Indéfini par essence, source de toute définition, nulle existence ne peut appréhender D.ieu Lui-même. Toute perception ne portera que sur un certain niveau de Sa révélation, toujours insignifiante devant l’illimité divin. De ce fait, quel que soit le niveau de révélation que l’âme peut avoir dans son état premier, celui-ci sera toujours surplombé d’un niveau supérieur du divin.
A la lumière de ces explications, nous pouvons maintenant mieux comprendre le sens des paroles de nos Sages3 : « Tu vis contre ton gré et tu meurs contre ton gré.  » On conçoit que l’homme meure contre son gré puisque son instinct naturel le pousse à vivre, mais en quoi vivrait-il contre son gré ?
Nos Sages veulent décrire ici deux attitudes de l’âme.
Lorsque celle-ci doit descendre animer un corps physique, elle montre une certaine réticence. Pourquoi quitter son univers paradisiaque pour s’investir dans un monde dans lequel tous les chemins sont a priori dangereux ? On la force alors à le faire contre son gré. Une fois dans le corps, elle prend conscience de la grandeur de sa mission et des bienfaits qu’elle peut lui procurer et veut rester dans un monde qu’on lui fait alors quitter contre son gré.
Ces deux attitudes sont en fait deux mouvements de l’âme fondateurs d’un comportement. De par son âme, l’homme peut ressentir à chaque instant un appel de son Créateur qui lui fait prendre conscience des limites de son être face à l’illimité divin. Cette aspiration vers le haut le pousserait à transcender la matérialité de son corps pour se fondre en l’absolu divin, si elle n’était pas accompagnée d’un profond désir d’accomplir son rôle d’intermédiaire entre l’univers et son Créateur.
De fait, ces deux mouvements de l’âme sont complémentaires car comment pourrions-nous mieux prouver notre attachement à D.ieu que par l’accomplissement enthousiaste de la mission qu’Il nous a confiée ?

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