Archive pour le 26 mars, 2012
Marie, nouveau Sinaï où Dieu descend
26 mars, 2012http://www.mariedenazareth.com/526.0.html?&L=0
Marie, nouveau Sinaï où Dieu descend
La Tradition chrétienne possède une série importante de textes où la Vierge est comparée à un mont en général, et certains saluent en Marie le nouveau mont Sinaï.
Romanos le Mélode écrit († 560) :
« … moi, le doux, je suis enfin descendu des cieux, comme la manne, non plus sur le mont Sinaï, mais dans ton sein. » [1 ]
Jacques de Saroug († 521), lui, compare le sein de Marie à l’ombre de l’Esprit Saint au Sinaï recouvert de la nuée.[2 ]
« Quand Moïse annonça au peuple que le Sublime devait descendre, à peine furent-ils purifiés que le Père descendit alors sur la montagne ; ainsi le veilleur (Gabriel) apporta l’annonce à la fidèle (Marie) et, à peine l’eut-elle entendue qu’elle se prépara ; ainsi habita-t-il en elle. » [3 ]
En saint Ephrem († 373), on peut lire:
« Comme la montagne du Sinaï je t’ai reçu, pourtant je n’ai pas été brûlée par ton feu violent, car tu as dissimulé ce feu qui est le tien pour qu’il ne me nuise pas ; et ta flamme n’a pas brûlé, alors que les séraphins ne peuvent regarder. » [4 ]
Il faudrait encore citer André de Crête et d’autres auteurs…
Pourquoi ces auteurs ont-il salué en Marie le nouveau Sinaï ?
Les racines de ce parallèle se trouvent dans la Bible.
Au mont Sinaï, l’Ancienne Alliance fut ratifiée
Les auteurs de ce grand événement furent :
Dieu,
Moïse,
Le peuple.
Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, parla aux tribus d’Israël en manifestant son projet d’établir avec elles un lien très particulier fondé sur l’accueil de sa Loi.
Et le peuple instruit par Moïse répondit de façon unanime :
« Moïse alors monta vers Dieu.
YHWH l’appela de la montagne et lui dit:
« Tu parleras ainsi à la maison de Jacob, tu déclareras aux Israélites: Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait aux Egyptiens, et comment je vous ai emportés sur des ailes d’aigles et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi.Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux Israélites. »
Moïse alla et convoqua les anciens du peuple et leur exposa tout ce que YHWH lui avait ordonné, et le peuple entier, d’un commun accord, répondit: « Tout ce que YHWH a dit, nous le ferons. » Moïse rapporta à YHWH les paroles du peuple. »
(Exode 19,3-8)
« Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de YHWH et toutes les lois, et tout le peuple répondit d’une seule voix ; ils dirent: « Toutes les paroles que YHWH a prononcées, nous les mettrons en pratique. » »
(Exode 24,3)
A partir de ce jour, Dieu devint l’Epoux d’Israël, et Israël épouse de Dieu. (cf. Ez 16,8)
A Nazareth aussi, comme déjà au Sinaï…
Nous avons trois acteurs :
Dieu,
l’ange,
Marie.
Dieu, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, fait connaître à Marie la tâche qu’il allait lui assigner : devenir mère de son Fils divin, en lequel est scellée l’Alliance nouvelle et éternelle entre le ciel et la terre. ( Lc 1,26-38).
Et Marie, opportunément instruite par l’ange, accueille la proposition divine par ces paroles célèbres :
« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».
(Lc 1,38)
A la suite du Fiat de la Vierge, le Fils du Très- Haut s’incarna dans son sein et devint le fils de Marie.
Le Sinaï et Nazareth se rejoignent
La montagne majestueuse où commença l’antique alliance cède la place maintenant à l’humble bourgade de Galilée, où est inaugurée l’alliance nouvelle de Dieu, homme parmi les hommes dans le sein d’une femme.
Le Verbe vient demeurer en elle comme sur une montagne spirituelle ; Il descend de façon pacifique, douce, miséricordieuse.
A Nazareth, commença l’Alliance nouvelle.
Pour se rendre plus proche encore de nous, comme notre « allié », Dieu pris notre chair et notre sang, notre visage : en un mot, notre humanité.
La scène de l’Annonciation (Luc 1,26-38) révèle la façon avec laquelle Dieu demande son consentement pour donner cours à l’Alliance.
[1 ] Romanos le Mélode, Marie à la croix, strophe 6, Sources Chrétiennes n°128, p. 167
[2 ] A.Vona C., Omelie mariologiche di s. Giacomo di Sarug, Roma 1953, p. 144 et p. 147 (homelie sur l’Annonciation de la mère de Dieu), p. 212 (Homélie VI sur la nativité de notre Seigneur)
[3 ] Homélie VI sur la nativité de notre Seigneur traduit du syriaque par A.Vona C., Omelie mariologiche di s. Giacomo di Sarug, Introduzione, traduzione dal siriaco e commento, Roma 1953, p. 209
[4 ] Hymne à la Vierge n° 18, traduit par du Syriaque par G. Ricciotti, Turin, 1939, p. 92
A. SERRA
Cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento,
Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 26-28 et p. 64
(www.edizionimessaggero.it)
N.B. on pourra retrouver ces éléments, en langue française, dans :
F. Breynaert, A l’écoute de Marie (préface Mgr Rey),
Brive 2007 (diffusion Mediapaul), tome 1, p. 15s.
VÊPRES EN LA CATHÉDRALE DE LEÓN, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI
26 mars, 2012http://www.zenit.org/article-30466?l=french
VÊPRES EN LA CATHÉDRALE DE LEÓN, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI
L’Année de la foi, pour conduire au Christ qui libère
ROME, lundi 26 mars 2012 (ZENIT.org) – « Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable », a déclaré le pape Benoît XVI devant les évêques d’Amérique latine et des Caraïbes.
Benoît XVI s’est en effet rendu du collège Miraflores, où il réside pendant son séjour dans l’Etat mexicain de Guanajuato, à la cathédrale de León en voiture panoramique, à 18 h, heure locale, le dimanche 25 mars (2 h du matin, le 26 mars heure de Rome et de Paris), pour présider les secondes vêpres du 5e dimanche de carême: le pape a été ovationné tout au long du trajet de 5 km.
A l’entrée de la cathédrale – dédiée à Notre Dame de la Lumière -, le pape a embrassé le Crucifix et il a aspergé les fidèles avec l’eau bénite. Le chœur a entonné : « Tu es Petrus ». La célébration a eu lieu en présence des représentants des conférences épiscopales d’Amérique latine et des Caraïbes qui commémorent le bicentenaire de leur indépendance. Le pape s’est recueilli devant le Saint-Sacrement.
Il a ensuite été accueilli par Mgr Carlos Aguiar Retes, archevêque de Tlalnepantla, président de la Conférence épiscopale mexicaine et du CELAM:le pape a offert un calice à la cathédrale.
Voici l’homélie de Benoît XVI au cœur des vêpres, dans la traduction du Saint-Siège :
Messieurs les Cardinaux,?
Chers frères dans l’Épiscopat,
C’est une grande joie de prier avec vous tous dans cette basilique-cathédrale de León, dédiée à Notre-Dame de la Lumière (Nuestra Señora de la Luz). Sur la belle image que l’on vénère dans ce temple, la Très Sainte Vierge tient avec une grande tendresse son Fils dans une main, et tend l’autre pour secourir les pêcheurs. C’est ainsi que l’Eglise de tous les temps voit Marie, qu’elle la loue pour nous avoir donné le Rédempteur, qu’elle se confie à elle pour être la Mère que son divin Enfant nous a laissé depuis la croix. C’est pourquoi nous l’implorons fréquemment comme « notre espérance » parce qu’elle nous a montré Jésus et transmis les grandeurs que Dieu a réalisées et réalise avec l’humanité, sensiblement, comme en les expliquant aux petits de la maison.
La brève lecture que nous avons proclamée durant ces Vêpres nous offre un signe décisif de ces grandeurs. Les habitants de Jérusalem et ses chefs ne reconnurent pas le Christ mais, en le condamnant à mort, ils accomplirent en réalité les paroles des prophètes (cf. Ha 13, 27). Oui, la méchanceté et l’ignorance des hommes ne sont pas capables de freiner le plan divin de salut, la rédemption. Le mal ne peut pas en faire tant.
Une autre merveille de Dieu nous est rappelée par le second psaume que nous venons de réciter. Les « rochers » sont transformés « en étangs, le roc en source d’eau » (Ps 114, 8). Ce qui pourrait être une pierre d’achoppement et de scandale se transforme avec le triomphe de Jésus sur la mort en pierre angulaire : « C’est là l’œuvre du Seigneur ; ce fut merveille à nos yeux » (Ps 118, 23). Il n’y a donc pas de motif pour succomber au despotisme du mal. Et demandons au Seigneur Ressuscité qu’il manifeste sa force dans nos faiblesses et nos manques.
J’attendais avec grande joie cette rencontre avec vous, pasteurs de l’Eglise du Christ qui est en pèlerinage au Mexique et dans les autres pays de ce grand continent, comme une occasion pour regarder ensemble le Christ qui vous a confié cette belle tâche d’annoncer l’Evangile à ces peuples de forte tradition catholique. La situation actuelle de vos diocèses présente certainement des défis et des difficultés de nature très différente. Mais, en sachant que le Seigneur est ressuscité, nous pouvons continuer, confiants, avec la conviction que le mal n’a pas le dernier mot de l’histoire et que Dieu est capable d’ouvrir de nouveaux espaces à une espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5,5).
J’accueille avec gratitude le salut cordial que m’a adressé Mgr l’Archevêque de Tlalnepantla et Président de la Conférence de l’Épiscopat du Mexique et du Conseil épiscopal latino-américain, se faisant ainsi l’interprète et le porte-parole de tous. Et je vous prie tous, pasteurs des diverses Églises particulières, de transmettre à vos fidèles, après votre retour chez vous, l’affection profonde du Pape qui porte au fond de son cœur toutes leurs souffrances et leurs espoirs.
En voyant sur vos visages le reflet des préoccupations du troupeau dont vous avez la charge, me viennent à la pensée les assemblées du Synode des Évêques auxquelles les participants applaudissent quand interviennent ceux qui exercent leur ministère dans des situations particulièrement douloureuses pour la vie et la mission de l’Église. Ce geste jaillit de la foi dans le Seigneur et signifie la fraternité dans les travaux apostoliques, tout comme la gratitude et l’admiration pour ceux qui sèment l’Évangile dans les épines, certaines en forme de persécution, d’autres de marginalisation ou de mépris. Les préoccupations ne manquent pas également pour l’absence de moyens et de ressources humaines, ou les obstacles imposés à la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa mission.
Le Successeur de Pierre partage ces sentiments et est reconnaissant pour votre sollicitude pastorale patiente et humble. Vous n’êtes pas seuls face aux difficultés comme vous ne l’êtes pas dans les réussites de l’évangélisation. Nous sommes tous unis dans les souffrances et dans la consolation (cf. 2 Co 1, 5). Sachez que vous avez une place particulière dans la prière de celui qui a reçu du Christ la charge de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22,31), qui les encourage aussi dans la mission de faire que notre Seigneur Jésus Christ soit toujours plus connu, aimé et suivi sur ces terres, sans se laisser effrayer par les contrariétés.
La foi catholique a marqué significativement la vie, les coutumes et l’histoire de ce continent, où beaucoup de nations commémorent le bicentenaire de leur indépendance. C’est un moment historique où le nom du Christ continue de briller, arrivé ici grâce à des missionnaires éminents et dévoués qui le proclamèrent avec audace et sagesse. Ils donnèrent tout pour le Christ, montrant que l’homme rencontre en Lui sa consistance et la force nécessaire pour vivre en plénitude et édifier une société digne de l’être humain comme son Créateur l’a voulu. Cet idéal de ne rien faire passer avant le Seigneur et de faire pénétrer la Parole de Dieu en tous, en se servant de ses propres signes et de ses meilleures traditions, continue d’être une précieuse orientation pour les pasteurs d’aujourd’hui.
Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable. La Mission continentale promue à Aparecida aide également en cela; le renouveau ecclésial donne déjà de nombreux fruits dans les Églises particulières d’Amérique latine et des Caraïbes. Parmi eux, l’étude, la diffusion et la méditation des Écritures Saintes qui annoncent l’amour de Dieu et notre salut. En ce sens, je vous exhorte à continuer d’ouvrir les trésors de l’Évangile afin qu’ils deviennent une puissance d’espérance, de liberté et de salut pour tous les hommes (cf. Rom 1, 16). Et soyez toujours de fidèles témoins et interprètes de la parole du Fils incarné, qui vécut pour accomplir la volonté du Père et, étant homme avec les hommes, s’est dévoué pour eux jusqu’à la mort.
Chers frères dans l’Épiscopat, dans l’horizon pastoral et évangélisateur qui s’ouvre devant nous, il est particulièrement important de porter une grande attention aux séminaristes, les encourageant à « ne rien vouloir savoir d’autre, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1 Co 2,2). La proximité avec les prêtres n’en est pas moins fondamentale, eux qui ne doivent jamais manquer de la compréhension et de l’encouragement de leur Évêque, et si c’est nécessaire, également de sa réprobation paternelle pour des attitudes incorrectes. Ce sont ses premiers collaborateurs dans la communion sacramentelle du sacerdoce, auxquels il doit montrer une proximité constante et privilégiée. Il en va de même des différentes formes de vie consacrée dont les charismes doivent être estimés avec gratitude et accompagnés avec responsabilité et respect du don reçu. Une attention toute particulière doit être apportée aux laïcs les plus engagés dans la catéchèse, l’animation liturgique, l’action caritative et l’engagement social. Leur formation à la foi est essentielle pour rendre présent et fécond l’Évangile dans la société d’aujourd’hui. Et ce n’est pas juste qu’ils aient l’impression de ne pas compter dans l’Église malgré l’enthousiasme qu’ils mettent en y travaillant selon leur propre vocation et le grand sacrifice que parfois demande ce dévouement. A ce sujet, il est particulièrement important pour les pasteurs que règne un esprit de communion entre les prêtres, les religieux et les laïcs, évitant les divisions stériles, les critiques et les méfiances nocives.
C’est avec ces vœux fervents que je vous invite à être des sentinelles qui proclament jour et nuit la gloire de Dieu qui est la vie de l’homme. Soyez du côté de ceux qui sont marginalisés par la force, le pouvoir ou une richesse qui ignore ceux qui manquent de presque tout. L’Église ne peut pas séparer la louange de Dieu du service des hommes. L’unique Dieu Père et Créateur est celui qui nous a constitués frères : être homme c’est être frère et gardien du prochain. Sur ce chemin, aux côtés de l’humanité, l’Église doit revivre et actualiser ce que fut Jésus : le Bon Samaritain qui, venant de loin, s’est inséré dans l’histoire des hommes, nous a relevé et s’est préoccupé de notre guérison.
Chers frères dans l’Épiscopat, l’Église en Amérique latine, qui tant de fois s’est unie à Jésus Christ dans sa passion, doit continuer à être semence de l’espérance qui permet à tous de voir comment les fruits de la résurrection atteignent et enrichissent ces terres.
Que la Mère de Dieu, invoquée sous son nom de Très Sainte Marie de la Lumière, dissipe les ténèbres de notre monde et éclaire notre chemin, pour que nous puissions confirmer dans la foi le peuple latino-américain dans ses difficultés et ses aspirations, avec fermeté, courage et une foi ferme en celui qui peut tout et aime tout le monde à l’extrême. Amen.